Cette vie est le moment

 

 

Spencer W. Kimball

 

Membre du collège des Douze de 1943 à 1970

Président suppléant du collège des Douze de 1970 à 1972

Président du collège des Douze de 1972 à 1973

Président de l’Église de 1973 à 1985

 

 

 

 

      La destinée de l'esprit de l'homme est de venir sur cette terre et de faire un voyage d'une durée indéterminée. Il voyage tantôt dangereusement, tantôt en sécurité, tantôt avec tristesse, tantôt avec joie. En tout temps, le chemin est marqué par la volonté divine.

 

      Le voyage traverse la tendre enfance avec ses activités insouciantes mais son apprentissage rapide ; l'enfance avec ses petites déceptions et ses petits bobos, ses sentiments froissés, ses excitations vives ; la jeunesse avec son exubérance, ses sympathies et ses antipathies, ses craintes, ses espoirs et ses intensités ; les débuts du mariage avec ses responsabilités, ses compétitions, ses ambitions, avec l'éducation des enfants et tout ce qui en découle ; et l'âge avancé avec ses réalisations, ses aboutissements, les buts atteints, la détente et la retraite.

 

      Pendant tout ce voyage, il y a des occasions d'apprendre, de progresser et de se développer en vue du but final. Nous voyons des gens qui se contentent de voyager, n'ayant aucun but, aucune direction, aucune destination, aucun objectif. Sans carte routière pour les guider, ils se contentent de suivre le chemin et ramassent à des degrés divers tout ce qui plaît à l’œil, flatte la vanité, satisfait la faim, étanche la soif, assouvit les passions. Et quand la fin de la vie approche, ils ont voyagé mais ne sont guère plus proches de la destination qu'ils auraient dû atteindre, qu'au début. Chose regrettable, certains ont totalement perdu leur chemin.

 

Le dessein divin de la vie

 

      D'autres préparent leur itinéraire, prennent des décisions sages et correctes et atteignent dans une grande mesure leurs objectifs et leur joyeuse destination. En agissant ainsi, ils coopèrent avec le Créateur dans son dessein vis-à-vis de la vie, qu'il a défini ainsi :

 

      « Car voici mon oeuvre et ma gloire : réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39).

 

      L'immortalité et la vie éternelle constituant le seul but de la vie, tous les autres intérêts et toutes les autres activités n'en sont que des annexes. Et étant donné que ces objectifs sont l’œuvre et la gloire de Dieu, ils sont aussi l’œuvre à laquelle doit s'employer l'homme et la raison principale pour laquelle il est venu sur la terre. L'un de ces deux éléments, la grande bénédiction qu'est l'immortalité, est donnée à l'homme comme un cadeau du Tout-Puissant sans qu'il fasse le moindre effort. L'autre, la vie éternelle, est un programme coopératif devant être réalisé par le Seigneur et ses enfants sur la terre. L'homme reçoit donc la responsabilité générale de collaborer pleinement avec le Dieu éternel pour réaliser cet objectif. Dans ce but, Dieu a créé l'homme pour qu'il vive dans l'état mortel, et l'a doté de la capacité de perpétuer le genre humain, de soumettre la terre, de se perfectionner et de devenir comme Dieu, omniscient et omnipotent.

 

      Notre Père envoya alors sur la terre une lignée de prophètes pour rappeler à l'homme ses devoirs et sa destinée, pour l'avertir des dangers et lui montrer le chemin conduisant à sa victoire totale. Il semble que les perceptions spirituelles de beaucoup de peuples n'ont pas été suffisantes pour leur faire comprendre pleinement les desseins de Dieu et il les a fait instruire à des niveaux inférieurs. C'est là apparemment ce que voulait dire AIma quand il dit :

 

      « Car voici, le Seigneur accorde à toutes les nations des hommes de la même nation et de la même langue pour enseigner sa parole, oui, en sagesse, tout ce qu'il estime convenable qu'elles aient... » (Alma 29:8).

 

      Malheureusement, le peuple de Dieu n'a que trop souvent rejeté sa voie, ceci pour sa propre destruction. Mais le Seigneur n'a jamais permis que ces gens soient détruits et n'atteignent pas leur but sans les avoir instruits et avertis. Par exemple, il est écrit à propos des Juifs

 

      « ... et aucune d'elles n'a jamais été détruite, que cela ne lui ait été annoncé par les prophètes du Seigneur » (2 Néphi 25:9).

 

      Les Écritures montrent clairement le but élevé de l'existence de l'homme. Abraham et Moïse furent particulièrement explicites à ce sujet, comme le révèlent les documents mis à notre disposition grâce au prophète moderne, Joseph Smith. Ce prophète, ayant appris l'histoire et la raison d'être de tout cela dans les documents anciens aussi bien que par des visites d'êtres célestes, a continué à recevoir par la révélation directe d'autres lumières et d'autres vérités concernant le grand potentiel de l'homme. Par son entremise, Dieu a abondamment confirmé que l'homme est la création suprême faite à l'image et à la ressemblance de Dieu et de son Fils Jésus-Christ ; que l'homme est enfant de Dieu, que c'est pour l'homme, et l'homme seul, que la terre a été créée, organisée, plantée et préparée pour servir d'habitation à l'humanité ; et que, ayant en lui le germe de la divinité et étant donc un dieu en embryon, l'homme a la capacité illimitée de progression et d'accomplissement.

 

Importance de la croyance en Dieu

 

      Sans Dieu, le repentir n'aurait guère de signification et le pardon serait à la fois inutile et irréel. S'il n'y avait pas de Dieu, la vie elle-même n'aurait pas de sens et, comme ce fut le cas des antédiluviens, des Babyloniens, des Israélites et de nombreux autres peuples et civilisations, nous pourrions nous sentir justifiés dans notre envie de ne vivre que pour aujourd'hui, de « manger, boire et nous réjouir », de nous dissiper, et de satisfaire tous les désirs profanes. S'il n'y avait pas de Dieu, il n'y aurait pas de rédemption, pas de résurrection, pas d'éternités à attendre et, par conséquent, pas d'espérance.

 

      Mais il y a un Dieu, et il est aimant, bon, juste et miséricordieux. Il y a une existence sans fin. L'homme souffrira ou se réjouira dans son avenir selon les oeuvres qu'il aura accomplies dans la mortalité. En conséquence, puisque la vie mortelle n'est qu'un point en comparaison de la durée infinie de l'éternité, l'homme doit prendre grand soin que son présent lui assure la joie, le développement et le bonheur pour son avenir éternel.

 

Notre connaissance prémortelle

 

      En rapportant une remarquable vision, Abraham nous a exposé les desseins en vue desquels Dieu a créé le monde et nous y a mis.

 

      « Or, le Seigneur m’avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui furent organisées avant que le monde fût ; et parmi toutes celles-là, il y en avait beaucoup de nobles et de grandes » (Abraham 3:22).

 

      Dans le conseil des cieux, le Seigneur exposa clairement le plan, ses conditions et ses avantages. La terre devait être non seulement un lieu de résidence pour l'homme, mais aussi une école et un lieu de mise à l'épreuve, une occasion pour l'homme de faire ses preuves. L'homme recevrait le libre arbitre de manière à pouvoir choisir par lui-même.

 

      La vie devait comprendre trois sections ou états : prémortel, mortel et immortel. Le troisième stade comprendrait l'exaltation - la vie éternelle avec la divinisation - pour ceux qui développeraient toutes les possibilités de leur période mortelle. Les réalisations accomplies dans un des états affecteraient d'une manière capitale l'état ou les états suivants. Si une personne gardait son premier état, il lui serait permis de connaître le deuxième, soit la vie ici-bas, qui serait une nouvelle période d'épreuve et d'expériences. S'il tirait profit de son deuxième état, son expérience terrestre, c'était la vie éternelle qui l'attendrait. C'est pour cela que les hommes traversent les nombreuses expériences de la vie terrestre « pour voir s'ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abraham 3:25).

 

      Nous, les mortels, qui vivons maintenant sur cette terre, sommes dans notre deuxième état. Notre présence même ici dans un corps mortel atteste du fait que nous avons « conservé » notre premier état. Notre matière d'esprit était éternelle et coexistante avec Dieu, mais notre Père céleste l'a organisée en corps d'esprit. Notre corps d'esprit a traversé une longue période de progression, de développement et de formation et, ayant réussi l'épreuve, a finalement été admis sur cette terre et dans l'état mortel.

 

      Un des buts précis dans lesquels notre esprit est venu sur cette terre et a revêtu l'état mortel était l'obtention d'un corps physique. Ce corps devait être assujetti à toutes les faiblesses, tentations, fragilités et limitations de la condition mortelle et devait surmonter son ego.

 

      Nous ne nous souvenons pas de notre vie pré-mortelle mais, avant de venir sur cette terre, nous comprenions tous exactement la raison pour laquelle nous devions être ici. Il serait attendu de nous que nous obtenions la connaissance, que nous nous instruisions et que nous nous formions. Nous devions dominer nos impulsions et nos désirs, maîtriser nos passions et vaincre nos faiblesses grandes et petites. Nous devions éliminer les péchés d'omission et de commission et suivre les lois et les commandements donnés par notre Père. Les grands penseurs du monde ont reconnu que l'effort que cela implique donne de la dignité et de la noblesse à l'homme. Dante, par exemple, l'a exprimé de cette façon : « Pensez à vos origines ; vous n'avez pas été formés pour vivre comme des brutes, mais pour suivre la vertu et la connaissance. » (Dante, La Divine Comédie)

 

      Nous avons compris aussi qu'après une période allant de quelques secondes à des dizaines d'années de vie mortelle, nous mourrions, que notre corps retournerait à notre mère la terre d'où il avait été tiré et que notre esprit irait dans le monde des esprits où nous pourrions continuer à nous former à notre destinée éternelle. Au bout d'un certain temps, il y aurait une résurrection, ou réunion du corps et de l'esprit, qui nous rendrait immortels et nous permettrait de continuer à progresser vers la perfection et la divinisation. Cette résurrection nous a été accordée grâce au sacrifice du Seigneur Jésus-Christ, Créateur de cette terre, qui nous a rendu ce service incomparable, un miracle que nous ne pouvions faire pour nous-mêmes. C'est ainsi que nous a été ouvert le chemin de l'immortalité et - si nous nous en montrons dignes - de l'exaltation finale dans le royaume de Dieu.

 

L’Évangile, notre carte

 

      Pour situer un lieu de destination que nous n'avons pas encore visité, nous consultons d’ordinaire une carte. Le Seigneur Jésus-Christ, notre Rédempteur et Sauveur, nous a donné comme deuxième grande bénédiction, notre carte : un code de lois et de commandements grâce auquel nous pourrions atteindre la perfection et finalement la divinisation. Cet ensemble de lois et d'ordonnances s'appelle l'Évangile de Jésus-Christ, et c'est le seul plan qui exaltera l'humanité. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est le seul dépositaire de la plénitude de ce programme sans prix, qui est mis à la disposition de ceux qui l'acceptent.

 

      Pour atteindre le but (la vie éternelle, l'exaltation et la divinisation), on doit être introduit dans le royaume par le baptême correctement accompli ; on doit recevoir le Saint-Esprit par l'imposition des mains de ceux ayant reçu l’autorité ; l'homme doit être ordonné à la prêtrise par les détenteurs autorisés de la prêtrise ; on doit être doté et scellé dans la maison de Dieu par le prophète qui détient les clefs ou par l'un de ceux à qui les clefs ont été déléguées ; on doit mener une vie de justice, de pureté et de service. Nul ne peut accéder à la vie éternelle autrement que par la bonne porte : Jésus-Christ et ses commandements.

 

      Jésus l'a très clairement dit en ces termes :

 

      « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand » (Jean 10:1).     

 

      « Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages » (Jean 10:9).

 

      Et Jacob, le théologien prophète, a lancé cet avertissement :

 

      « Venez donc, mes frères bien-aimés, venez au Seigneur, le Très-Saint. Souvenez-vous que ses sentiers sont justes. Voici, la voie est étroite pour l'homme, mais elle va en ligne droite devant lui, et le gardien de la porte est le Très-Saint d'Israël, et il n'y place aucun serviteur ; et il n’y a pas d'autres voies que la porte ; car il ne peut être trompé, car Seigneur Dieu est son nom » (2 Néphi 9:41).

 

Le droit chemin

 

      Nous ne devons pas être surpris que les exigences de Dieu pour obtenir les récompenses éternelles soient précises et invariables, puisque même la société et le gouvernement de l'homme fonctionnent sur une telle base. Par exemple, quand nous rentrons de l'étranger dans notre patrie, nous devons répondre à certaines conditions et fournir des preuves sous forme de passeport, de visa, de certificats médicaux quant à notre santé, aux vaccinations, d'extraits d'acte de naissance et d'autres documents. On ne peut recevoir de salaire sans avoir répondu d'une manière satisfaisante aux conditions de l'emploi. On ne peut monter en bus, en train ou en avion sans avoir payé sa place et on doit en fournir la preuve à la gare ou à l'aéroport. On ne peut devenir citoyen d'un pays sans avoir satisfait aux conditions imposées par les lois du dit pays. On ne peut s'attendre à recevoir un diplôme d'une université sans avoir payé les frais d'inscription, étudié et prouvé qu'on a satisfait aux conditions requises. Les récompenses éternelles de Dieu dépendront de même de l'obéissance de l'homme aux conditions requises.

 

La tendance à la temporisation

 

      Un des défauts humains les plus graves de toutes les époques est la temporisation, le refus d'accepter dès maintenant les responsabilités personnelles. Les hommes sont venus volontairement sur la terre pour faire leur éducation, se former, se développer et se perfectionner, mais beaucoup se laissent détourner et se contentent de « couper le bois et puiser l'eau », esclaves de l'indolence mentale et spirituelle et de la recherche des plaisirs profanes.

 

      Il y a même beaucoup de membres de l'Église qui sont mous et insouciants et qui remettent constamment à plus tard. Ils vivent leur religion négligemment, pas pieusement. Ils obéissent à certaines règles, mais ne sont pas vaillants. Ils ne commettent aucun grand délit, mais ne font tout simplement pas les choses requises d'eux : par exemple payer la dîme, respecter la Parole de Sagesse, prier en famille, jeûner, assister aux réunions, servir. Ils ne considèrent peut-être pas de telles omissions comme des péchés, et pourtant c'était là le genre de choses dont étaient probablement coupables les cinq vierges folles de la parabole de Jésus. Les dix vierges appartenaient au royaume et avaient tous les droits aux bénédictions, mais cinq n'étaient pas vaillantes et n'étaient pas prêtes quand vint le grand jour. Elles n'étaient pas prêtes parce qu'elles ne respectaient pas tous les commandements. Elles furent cruellement déçues de se voir exclues du mariage, comme le seront aussi leurs imitateurs modernes.

 

      Je connais une sœur de l'Église qui disait en buvant son café : « Le Seigneur sait que mon cœur est droit, que j'ai de bonnes intentions et que je trouverai un jour la force d'arrêter. » Mais recevra-t-on la vie éternelle sur la base de ces bonnes intentions ? Peut-on entrer dans un pays, recevoir un diplôme et ainsi de suite sur le témoignage de bonnes intentions que ne confirment pas des actes appropriés ? Samuel Johnson a fait la réflexion que « l'enfer est pavé de bonnes intentions ». Le Seigneur ne traduira pas en oeuvres les espérances, les désirs et les intentions des hommes. Chacun doit faire cela lui-même.

 

Seuls les vaillants seront exaltés

 

      On peut être sauvé dans l'un ou l’autre des trois royaumes de gloire - téleste, terrestre ou céleste - mais on ne peut atteindre l'exaltation que dans le plus haut des trois cieux ou degrés de la gloire céleste. Paul a dit aux Corinthiens :

 

      « Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est l'éclat des corps célestes, autre celui des corps terrestres. Autre est l'éclat du soleil, autre est l'éclat de la lune, et autre est l'éclat des étoiles ; même une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts... » (1 Corinthiens 15:40-42).

 

      Et par Joseph Smith le prophète, nous avons reçu des précisions sur la déclaration de Paul :

 

      « Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise (à savoir la nouvelle alliance éternelle du mariage). Sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4).

 

      Seuls ceux qui sont vaillants seront exaltés et recevront le plus haut degré de gloire, par conséquent « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (D&A 121:40). Comme l'a dit le Sauveur :

 

      « ... étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. » Et inversement, « ... large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là » (Matt. 7:13,14).

 

      Il est vrai que beaucoup de saints des derniers jours ayant été baptisés et confirmés membres de l'Église - certains ayant même reçu leur dotation et ayant été mariés et scellés dans le saint temple  - ont estimé que les bénédictions de l'exaltation et de la vie éternelle leur étaient assurées. Mais il n'en est pas ainsi. Il y a deux conditions fondamentales que toute âme doit remplir, sans quoi elle ne peut atteindre les grandes bénédictions offertes : elle doit recevoir les ordonnances et elle doit être fidèle, surmontant ses faiblesses. En conséquence, ne seront pas exaltés tous ceux qui prétendent être des saints des derniers jours.

 

      Mais pour les saints des derniers jours qui sont vaillants, qui remplissent fidèlement et pleinement les conditions, les promesses sont glorieuses et défient toute description :

 

      « Alors, ils seront dieux, parce qu’ils n’auront pas de fin  ; c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent. Alors, ils seront au-dessus de tout, car tout leur sera soumis. Alors ils seront dieux, parce qu'ils auront tout pouvoir et que les anges leur seront soumis » (D&A 132:20).

 

Les dangers des retards

 

      Parce que les hommes ont tendance à repousser le moment d'agir et à négliger les directives, le Seigneur a donné à plusieurs reprises des injonctions formelles et lancé des avertissements solennels. Maintes et maintes fois, en des termes différents et tout au long des siècles, le Seigneur a lancé des rappels aux hommes pour qu'ils n'aient absolument aucune excuse. Et la teneur de l'avertissement prophétique a été que le moment d'agir c'est maintenant dans cette vie mortelle. On ne peut retarder impunément l'obéissance aux commandements de Dieu.

 

      Notez les paroles d'Amulek, spécialement ces passages importants relatifs au temps, imprimés en gras :

 

      « Oui, je voudrais que vous vous avanciez et ne vous endurcissiez pas davantage le cœur ; car voici, le moment et le jour de votre salut, c'est maintenant, et c’est pourquoi, si vous voulez vous repentir et ne point vous endurcir le cœur, le grand plan de la rédemption sera immédiatement accompli pour vous. Car voici, cette vie est le moment ou les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu  ; oui, voici, le jour de cette vie est le jour où les hommes doivent accomplir leurs oeuvres. Et maintenant, comme je vous l'ai déjà dit, étant donné que vous avez eu tant de témoignages, pour cette raison, je vous supplie de ne pas différer le jour de votre repentance jusqu'à la fin ; car, après ce jour de vie, qui nous est donné pour nous préparer a l'éternité, voici, si nous ne nous améliorons pas tandis que nous sommes dans cette vie, alors vient la nuit de ténèbres pendant laquelle nul travail ne peut être fait. Vous ne pourrez dire, quand vous en arriverez à cette crise terrible je veux me repentir, je veux retourner à mon Dieu. Non, vous ne pourrez pas le dire ; car ce même esprit qui possède votre corps au moment ou vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel  » (Alma 34:31-34).

 

      Même si nous laissons de côté les nombreuses Écritures qui rendent un témoignage semblable, en lisant, en priant et en méditant sur celle-ci nous recevons la conviction frappante de la nécessité de nous repentir maintenant !

 

      Melvin J. Ballard, apôtre moderne, souligne pour nous les paroles d'Amulek en ces termes :

 

      « ... Mais cette vie est le moment où les hommes doivent se repentir. Qu'aucun de nous ne s'imagine que nous pouvons descendre au tombeau sans avoir vaincu les corruptions de la chair et puis perdre au tombeau tous nos péchés et toutes nos tendances mauvaises. Ils seront avec nous. Ils seront avec l'esprit quand il est séparé du corps.

 

      « J'estime que tout homme et toute femme peuvent faire davantage pour se conformer aux lois de Dieu en une seule année dans cette vie qu'ils ne pourraient le faire en dix ans quand ils seront morts. L'esprit ne peut que se repentir et changer, et ensuite la bataille devra continuer plus tard avec la chair. Il est beaucoup plus facile de vaincre et de servir le Seigneur quand la chair et l'esprit sont combinés. C'est le moment ou les hommes sont le plus souple et le plus influençable. Nous nous apercevrons quand nous serons morts que tous les désirs et tous les sentiments seront considérablement intensifiés. Quand l'argile est malléable elle est beaucoup plus facile à changer que quand elle a durci et pris.

 

      « Cette vie est le moment de nous repentir. C'est pour cela que je pense qu'il nous faudra mille ans après la première résurrection pour que le dernier groupe soit prêt à ressusciter. Il lui faudra mille ans pour faire ce qu'il aurait pu accomplir dans cette vie en soixante-dix ans. » (Melvin J. Ballard, Three Degrees of Glory)

 

      La révélation de 1918 donnée à Joseph F. Smith contient ces propos : « ... les morts avaient considéré la longue séparation de leur esprit et de leur corps comme une servitude. » (Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, SaIt Lake City, Deseret Book Company, 1966, p.475)

 

      Une autre citation de frère Ballard détaille la pensée du président Smith :

 

      « Quand nous quitterons cette vie, que nous laisserons ce corps, nous désirerons faire beaucoup de choses que nous ne pouvons absolument pas faire sans le corps. Nous serons gravement handicapés, nous aspirerons à retrouver le corps et nous prierons pour retrouver bientôt notre corps. Nous saurons alors quel avantage c'est d'avoir un corps.

 

      « Alors tous ceux qui remettent à plus tard, jusqu'à la vie suivante, la tâche de corriger et de surmonter les faiblesses de la chair, se condamnent à des années d'esclavage, car personne ne se lèvera dans la résurrection avant d'avoir terminé son oeuvre, avant d'avoir vaincu, avant d'avoir fait tout ce qu'il peut faire. » (Melvin J. Ballard, Three Degrees of Glory)

 

Le mariage éternel maintenant pour les saints des derniers jours

 

      Il n'est aucun endroit où l'élément de temps soit plus complètement souligné que dans la question du mariage éternel. Il est vrai que notre Père, dans sa miséricorde, prend des dispositions post mortelles spéciales pour ceux qui n'entendent pas l'Évangile dans cette vie ; mais pour les saints des derniers jours, le moment c'est maintenant. Lisez la parole du Seigneur concernant l'alliance du mariage :

 

      « ... Je te révèle une nouvelle alliance éternelle ; et si tu ne respectes pas cette alliance, tu seras damné ; car nul ne peut rejeter cette alliance et recevoir la permission d'entrer dans ma gloire » (D&A 132:4).

 

      Cette alliance, c'est le mariage céleste. À ce sujet, dans notre nouvelle dispensation, le Seigneur s'étend un peu sur une déclaration qu'il a faite aux habitants de la Palestine :

 

      « Car étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à l'exaltation et à la continuation des vies, et il y en a peu qui les trouvent, parce que vous ne me recevez point dans le monde et que vous ne me connaissez point. Et si vous me recevez dans le monde, alors vous me connaîtrez et vous recevrez votre exaltation, afin que là où je suis, vous soyez aussi. Et ce sont là les vies éternelles - connaître le seul Dieu sage et vrai, et Jésus-Christ, qu'il a envoyé. C'est moi. C'est pourquoi, recevez ma loi. Large est la porte et spacieux le chemin qui mènent aux morts, et il y en a beaucoup qui entrent par là, parce qu'ils ne me reçoivent pas et qu'ils ne demeurent pas dans ma loi » (D&A 132:22-25).

 

      Comme le Seigneur rend impressionnant l'élément de temps ! Pourquoi insiste-t-il constamment sur ce fait, si cela n'a pas d'importance ? Ces expressions dans le monde et hors du monde, voudraient-elles dire que l'on peut traverser au petit bonheur les années de la vie mortelle, à « boire, manger et se réjouir » ignorant tous les commandements et ne menant pas une vie pure et recevoir quand même les bénédictions ?

 

Le jugement selon la connaissance

 

      La connaissance de l'Évangile ainsi qu'une occasion suffisante de le vivre ont été données à beaucoup d'hommes et de femmes dans cette vie. Ceux-là seront jugés par la loi de l'Évangile. Si quelqu'un n'a pas eu l'occasion d'entendre et de comprendre l'Évangile dans cette vie mortelle, cette possibilité lui sera donnée dans l'au-delà. Le jugement est basé sur la connaissance et sur l'obéissance.

 

      Les saints des derniers jours se trouvent dans la première catégorie. Ayant été bénis en recevant les bienfaits de l'Évangile, ils sont et seront jugés d'après les critères de celui-ci. Là où la loi existe, c'est une erreur grave que de ne pas s'y soumettre, comme le soulignent les Écritures suivantes :

 

      « Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons. C'est pour cela que votre péché subsiste » (Jean 9:41).

 

      « Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse point parlé, ils n'auraient pas de péché ; mais maintenant ils n'ont aucune excuse de leur péché » (Jean 15:22).

 

      « Le serviteur qui, ayant connu la volonté de son maître, n'a rien préparé et n'a pas agi selon sa volonté, sera battu d'un grand nombre de coups. Mais celui qui, ne l'ayant pas connu, a fait des choses dignes de châtiment, sera battu de peu de coups. On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné et on exigera davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié... » (Luc 12:47-48).

 

      Les paroles que Jacob adressa à son peuple auraient aussi bien pu l'être directement à nous :

 

      « Mais malheur à celui à qui la loi est donnée, oui, qui a tous les commandements de Dieu, comme nous, et qui les transgresse, et qui prodigue les jours de son épreuve, car son état est terrible ! » (2 Néphi 9:27).

 

Certaines possibilités finissent à la mort

 

      Ainsi, pour nous qui connaissons, mais n'obéissons pas, les possibilités d'obtenir certaines bénédictions sans limites prennent fin quand la mort nous ferme les yeux.

 

      « Et si, après avoir reçu ceci, vous ne gardez pas mes commandements, vous ne pourrez pas être sauvés dans le royaume de mon Père » (D&A 18:46).

 

      La déclaration frappante du roi Benjamin est vraiment de nature à nous faire réfléchir :

 

      « C'est pourquoi, si cet homme ne se repent pas, s'il reste et meurt ennemi de Dieu, les exigences de la justice éveillent son âme immortelle à la conscience vive de son crime, qui le fait reculer hors de la présence du Seigneur et lui remplit l'âme de culpabilité, de peine et d'angoisse, ce qui est semblable à un feu inextinguible dont la flamme monte pour toujours » (Mosiah 2:38).

 

      Tel est l'état de ceux qui négligent sciemment de vivre selon les commandements dans cette vie. Ils s'attireront leur propre enfer.

 

Bénédictions du repentir et du pardon

 

      Notre Père aimant nous a donné le merveilleux principe du repentir comme accès au pardon. Tous les péchés, sauf ceux que le Seigneur a exceptés, fondamentalement le péché contre le Saint-Esprit et le meurtre, seront pardonnés à ceux qui se repentent totalement, d'une manière suivie et continue pour produire une transformation sincère et globale de leur vie. Le pardon existe même pour le pécheur qui commet des transgressions graves, car l'Église pardonnera et le Seigneur pardonnera ces choses quand le repentir sera parvenu à maturité.

 

      Le repentir et le pardon font partie de la merveilleuse ascension vers la divinisation. Dans le plan de Dieu, l'homme doit volontairement faire cette ascension, car l'élément du libre arbitre est fondamental. L'homme choisit par lui-même, mais il ne peut décider des châtiments. Ils sont immuables. Les petits enfants et les arriérés mentaux ne sont pas tenus pour responsables, mais tous les autres recevront soit des bénédictions, des avancements et des récompenses, soit des châtiments et des privations selon leur réaction au plan de Dieu quand il leur est présenté et selon leur fidélité à ce plan. Le Seigneur, dans sa sagesse, a pris des dispositions pour cette situation et a permis qu'il y ait du bien et du mal, du réconfort et de la douleur. L'alternative nous donne un choix et, par là, de la progression et du développement.

 

L’aide du Saint-Esprit

 

      Il y a dans la vie de tout le monde un conflit entre le bien et le mal, entre Satan et le Seigneur. Quiconque est arrivé à l'âge de responsabilité, qui est huit ans, ou l'a dépassé et est baptisé convenablement avec un cœur tout à fait repentant, recevra le Saint-Esprit de façon sûre. Si on l'écoute, ce membre de la Divinité guidera, inspirera, avertira et neutralisera les incitations du Malin. Le Seigneur l'a dit très clairement :

 

      « C'est pourquoi, ce que j'ai dit à mes apôtres, je vous le dis de nouveau : toute âme qui croira à vos paroles et sera baptisée d'eau pour la rémission des péchés, recevra le Saint-Esprit » (D&A 84:64).

 

      Nous avons aussi à ce sujet les paroles classiques de Moroni :

 

      « Et par le pouvoir du Saint-Esprit vous pouvez connaître la vérité de toutes choses » (Moroni 10:5).

 

Suivez le chemin non battu

 

      En résumé, le chemin de la vie éternelle est clair. Il est bien jalonné. Il est difficile. Les influences mauvaises et bonnes seront toujours présentes. Il faut choisir. Généralement le chemin mauvais est le plus facile et, étant donné que l'homme est charnel, ce chemin triomphera, à moins qu'il y ait un effort conscient, constant et vigoureux pour rejeter le mal et suivre le bien.

 

      « Mais souvenez-vous que celui qui persiste dans sa nature charnelle et qui continue dans les voies du péché et de la révolte contre Dieu, reste dans son état de déchéance, et le diable a tout pouvoir sur lui » (Mosiah 16:5).

 

      Cette vie terrestre est le moment de se repentir. Nous ne pouvons nous permettre de prendre le risque de mourir ennemis de Dieu.

 

      En conséquence il est important que tous les fils et toutes les filles de Dieu sur cette terre « voient de leurs yeux, entendent de leurs oreilles et comprennent avec leur cœur » le but de la vie et la responsabilité qu'ils ont vis-à-vis d'eux-mêmes et de leur postérité, et qu'ils décident de suivre le chemin non battu qui est étroit et resserré. C'est avant de se mettre en route qu'ils doivent abandonner les voies mauvaises. Le secret d'une vie réussie c'est la protection et la prévention. Ceux qui cèdent au mal sont ordinairement ceux qui se sont mis dans une position vulnérable.

 

      Oui, bénis et heureux sont ceux qui peuvent résister au mal et vivre tous les jours de leur vie sans céder à la tentation. Mais pour ceux qui sont tombés, la repentance est le chemin du retour. La repentance est toujours possible, même à la onzième heure, car cette action tardive vaut encore mieux que rien du tout. Le larron sur la croix qui dit :

 

      « Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne » était en meilleure voie que celui qui lança au visage du Seigneur : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous ! » (Luc 23:39,42).

 

      Comme nous l'avons vu, on peut attendre trop longtemps pour se repentir. C’est ce que firent beaucoup de Néphites. Samuel le Lamanite dit à leur sujet :

 

      « Mais voici, vos jours d'épreuve sont passés ; vous avez différé le jour de votre salut jusqu’a ce qu’il soit éternellement trop tard, et votre destruction est assurée ; oui, car vous avez recherché, tous les jours de votre vie, ce que vous ne pouviez obtenir ; et vous avez recherché le bonheur en commettant l'iniquité, chose qui est contraire à la nature de cette justice qui est en notre grand Chef Éternel » (Hélaman 13:38).

 

      Ne croyons pas qu'en appelant les gens à la repentance, les prophètes ne se soucient que des péchés les plus graves comme le meurtre, l'adultère, le vol et ainsi de suite, pas plus que des seules personnes qui n'ont pas accepté les ordonnances de l'Évangile. On doit s’être purifié de toutes les transgressions, avoir surmonté toutes les faiblesses pour pouvoir atteindre la perfection et la divinisation. En conséquence, le but de ce livre est de souligner qu'il est d'importance capitale que chacun de nous transforme sa vie par le repentir et le pardon. Les chapitres suivants traiteront plus en détail des divers aspects de ce sujet.

 

      Oliver Wendell Holmes a dit : « De nombreuses personnes meurent, leur musique étant encore en eux. Pourquoi en est-il ainsi ? Trop souvent parce qu'elles sont toujours occupées à se préparer à vivre. Avant qu'elles ne le sachent, leur temps est écoulé. » Tagore a exprimé une pensée semblable en ces termes : « J'ai passé mes jours à accorder et à désaccorder mon instrument et le chant que je venais chanter reste inexprimé. »

 

      Mon plaidoyer est donc le suivant : Tendons les cordes de notre instrument et faisons en sorte que notre mélodie soit joliment chantée. Ne mourons pas tandis que notre musique est encore en nous. Utilisons plutôt cette précieuse épreuve mortelle pour monter avec assurance et gloire vers la vie éternelle que Dieu notre Père donne à ceux qui gardent ses commandements.

 

(Source : Spencer W. Kimball, Le Miracle du pardon, Salt Lake City, 1969)