La condition mortelle


Joseph Fielding Smith




Deux buts de la condition mortelle

Nous sommes venus dans ce monde pour mourir. Cela était bien compris avant que nous ne venions ici. Cela fait partie du plan, tout ayant été discuté et arrangé longtemps avant que les hommes ne fussent placés sur la terre. Lorsque Adam fut envoyé dans ce monde, il était bien entendu qu'il violerait une loi, transgresserait une loi, afin de réaliser cet état mortel dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui. La vie a deux buts : l'un, obtenir une expérience que l'on ne pouvait obtenir en aucune autre manière et l'autre, obtenir ce corps de chair et d'os. Ces buts sont tous les deux d'importance capitale dans l'existence de l'homme.

Dans le monde des esprits, nous voyions notre Père. Nous demeurions en sa présence. Il nous dit dans une de ses révélations que nous le voyions, et si nous sommes fidèles, nous aurons la bénédiction de le revoir ; mais nous constations qu'il y avait une vaste différence entre lui et nous. Nous étions des esprits. Il était un esprit revêtu d'un corps glorieux, d'un corps immortel. Il était devenu une âme, selon la définition qu'il a lui-même donnée, c'est-à-dire qu'une âme, c'est l'esprit et le corps unis (voir D&A 88:15). Nous remarquions la différence et naturellement voulions devenir comme lui.

On nous apprit que serait préparée la terre où nous aurions le bonheur d'aller séjourner un certain temps pour y obtenir un corps, un corps tangible de chair et d'os, mais qu'en obtenant ce corps, nous devrions passer par toutes les vicissitudes de la condition mortelle. Nous devrions entrer en contact avec la douleur, avec le chagrin, avec la souffrance, avec le péché ainsi qu'avec le plaisir que nous trouvons dans l'état mortel. Le plan tout entier nous fut exposé, et nous poussâmes des cris de joie parce que cette possibilité, cette grande possibilité de recevoir un corps, allait nous être offerte.

La condition mortelle, un état de corruption

Le corps que nous allions recevoir devait être un corps corruptible. Ne vous méprenez pas sur l'usage que je fais de ce mot, car j'entends par là un corps changeant, sujet aux changements, comme nous le voyons dans l'état mortel. Notre corps change constamment, rejetant les déchets et absorbant ce qui est nouveau pour remplacer les déchets. C'est ainsi que dans les Écritures on dit que c'est un corps corruptible.

Malgré cela nous nous sommes réjouis de la possibilité de recevoir pendant un certain temps un corps de ce genre, étant bien entendu que finalement nous passerions par la mort et ensuite par la résurrection et qu'alors nous reprendrions ce corps incorruptible. Dans cette résurrection, l'esprit et le corps seraient réunis inséparablement pour ne plus jamais mourir, pour ne plus jamais recevoir la corruption dans le sens dans lequel j'utilise ce terme, mais pour exister éternellement (voir 1 Corinthiens 15:42-54 ; Alma 11:45 ; 12:18). Est-il étonnant que les fils de Dieu aient poussé des cris de joie (voir Job 38:7) ?

Un corps glorieux pour les fidèles

Et notre Père nous a enseigné que si nous étions fidèles à garder les commandements qui nous seraient donnés, nous serions comme lui et aurions un corps glorieux, brillant comme le soleil, tout comme son corps glorieux brille, et nous serions appelés ses fils et ses filles et serions revêtus de la plénitude de toutes les bénédictions de son royaume (voir 1 Jean 3:1-3 ; D&A 93:20 ; 3 Néphi 28:10).

Nous étions donc prêts et disposés à faire ce voyage qui nous éloignerait de la présence de Dieu dans le monde des esprits vers le monde mortel, pour y connaître tout ce qui a trait à cette vie, ses plaisirs et ses chagrins, et pour mourir ; et la mort est tout aussi essentielle que la naissance.

Qui voudrait vivre éternellement dans ce monde, dans cet état mortel, avec la douleur, les souffrances et l'angoisse de l'âme que cela entraîne? Personne parmi nous ne le souhaiterait, particulièrement si nous comprenions que ce n'est qu'une épreuve temporaire et qu'en la quittant nous entrerons dans un état glorieux de vie éternelle. Nous ne voudrions pas rester ici. Et c'est ainsi que nous avons devant nous le plan de salut.

But de la richesse du monde

Nous sommes ici dans un grand but. Ce but n'est pas de vivre cent ans ou moins et d'ensemencer nos champs, récolter notre grain, cueillir des fruits, vivre dans des maisons et nous entourer des choses nécessaires à la vie dans la condition mortelle. Ce n'est pas le but de la vie. Ces choses-là sont nécessaires à notre existence ici, et c'est la raison pour laquelle nous devons être industrieux. Mais combien d'hommes passent leur temps à penser que tout ce qu'il y a dans la vie, c'est accumuler les choses du monde, vivre dans le confort et s'entourer de tout le luxe, des avantages et des plaisirs qu'il est possible à l'état mortel de donner, sans jamais accorder la moindre pensée à ce qui peut se trouver au-delà ?

Or toutes ces choses-là ne sont que des bénédictions temporaires. Nous mangeons pour vivre. Nous nous habillons pour nous tenir au chaud et être couverts. Nous vivons dans des maisons pour notre confort et notre facilité, mais nous devrions considérer toutes ces bénédictions comme des bénédictions temporaires nécessaires pendant que nous traversons cette vie. Et c'est là tout le bien qu'elles nous font. Nous ne pourrons en emmener aucune lorsque nous partirons. L'or, l'argent et les pierres précieuses, que l'on appelle la richesse, sont inutiles à l'homme si ce n'est dans la mesure où ils lui permettent de prendre soin de lui-même et de satisfaire ses besoins ici-bas (voir D&A 6:7 ; 117:4-8 ; Apocalypse 3:17-18).

Importance de notre épreuve mortelle

Notre épreuve mortelle devait être une période brève, rien qu'une courte étendue liant l'éternité passée à l'éternité future. Et cependant ce devait être une période d'une importance capitale. Ou bien elle donnerait à ceux qui la recevraient la bénédiction de la vie éternelle, qui est le plus grand don de Dieu, et les qualifierait ainsi pour la divinité en tant que fils et filles de notre Père éternel, ou bien, s'ils se rebellaient et refusaient de se conformer aux lois et aux ordonnances qui étaient prévues pour leur salut, cela les priverait du grand don et ils se verraient affectés, après la résurrection, à une sphère inférieure, selon leurs oeuvres.

Cette vie est la période la plus vitale de notre existence éternelle. Elle est remplie de responsabilités et de dangers impressionnants. Nous y sommes aux prises avec des tentations innombrables. Lucifer, anciennement Fils du Matin, maintenant Satan, le séducteur, est ici avec ses armées rebelles pour nous tenter et nous égarer.

Nous devons passer par la souffrance et la douleur et avons constamment besoin d'être protégés contre le péché et l'erreur. Cela nous est donné par l'Esprit de Dieu si nous y faisons attention. Tout cela nous a été révélé dans la vie prémortelle, et cependant nous étions heureux de prendre ce risque.

Le chemin est étroit

La condition mortelle est le terrain d'essai ou d'épreuve pour l'exaltation pour voir quels sont ceux des enfants de Dieu qui sont dignes de devenir des Dieux eux-mêmes, et le Seigneur nous a appris qu'il y en a peu qui le trouvent (voir D&A 132:20-25). Le chemin est étroit et resserré, mais la grande difficulté pour la plupart d'entre nous c'est que nous pensons qu'il est large et non limité. Quand on nous apprend qu'il y a des commandements restrictifs et des alliances exigeantes auxquels il faut obéir dans cette vie, nous devenons rebelles et commençons immédiatement à discuter de la justice de Dieu et de sa grande miséricorde, perdant ainsi notre vision correcte et notre intelligence.

Le libre arbitre essentiel au salut

Le Seigneur a donné à l'homme son libre arbitre. C'est un principe divin, inné. Nous l'avons parce que le Seigneur nous l'a donné dans le monde des esprits. C'est le seul principe en vertu duquel l'exaltation puisse venir. C'est le seul principe en vertu duquel on puisse obtenir des récompenses en justice. Le plan de Satan au commencement était de forcer. Il disait qu'il sauverait tous les hommes et qu'aucune âme se serait perdue. Il le ferait si le Père lui donnait l'honneur et la gloire (voir Moïse 4:1-4 ; Abraham 3:26-28 ; D&A 29:36-40).

Mais qui veut le salut lorsqu'il vient par la force, si nous n'avons pas en nous-mêmes la possibilité de choisir et d'agir conformément aux aspirations de notre conscience ? Que signifierait pour vous le salut si vous y étiez obligés ? Et ainsi, ce grand don du libre arbitre nous a été accordé. Grâce à lui nous pouvons monter jusqu'au sommet, nous pouvons entrer dans le royaume de Dieu pour nous asseoir sur le trône et être exaltés comme fils et filles de Dieu, mais nous devons être obéissants.

(Source : Joseph Fielding Smith, Doctrine du salut, vol. 1, chap. 4)