Doctrine
et Alliances
Contexte
de la section 17
Larry
E. Morris
Plus
de cinquante ans après cet événement, David
Whitmer raconta comment il avait entendu parler du Livre de Mormon :
« J’ai fait un voyage d’affaires à Palmyra,
État de New York [en 1828], et pendant que je m’y
trouvais j’ai rencontré un dénommé Oliver
Cowdery. Un grand nombre de personnes du voisinage parlaient de la
découverte de plaques d’or par un certain Joseph Smith,
fils, jeune homme de cet endroit. Oliver Cowdery et moi-même,
ainsi que d’autres, avons parlé de ce sujet. » Les
détails précis de la rencontre de David Whitmer, âgé
de vingt-trois ans, et d’Oliver Cowdery, âgé de
vingt-deux ans, ne sont pas connus, mais ces derniers se sont
rapidement liés d’amitié.
«
Oliver Cowdery a dit qu’il connaissait la famille Smith,
poursuit David Whitmer, et qu’il croyait qu’il devait y
avoir quelque chose de vrai dans l’histoire des plaques et
qu’il avait l’intention d’étudier la
question. » David Whitmer, qui laisse entendre qu’il a
fait plus d’un voyage à Palmyra, mena sa propre enquête.
Il raconte : « J’ai eu des conversations avec plusieurs
jeunes hommes qui ont dit qu'il était certain que Joseph Smith
avait des plaques d’or […] Ces personnes étaient
si affirmatives dans leurs déclarations que j’ai
commencé à croire qu’il devait y avoir un
fondement aux histoires qui circulaient alors. » [1]
David
Whitmer, fermier du canton de Fayette (État de New York), à
environ quarante-huit kilomètres au sud-est de Palmyra, et
Oliver Cowdery, natif du Vermont qui avait récemment été
embauché par Hyrum Smith et d’autres administrateurs de
l’école pour enseigner dans le district de Manchester,
décidèrent de se tenir informés de leurs
découvertes respectives. À cette époque, aucun
d’eux n’avait rencontré Joseph Smith, qui vivait
alors à Harmony (Pennsylvanie) avec sa femme, Emma.
Oliver
Cowdery, qui avait, parmi ses élèves, des enfants de
Joseph, père, et Lucy Mack Smith, prit par la suite pension
chez cette famille. Lucy écrit : « [Oliver] a bientôt
commencé à importuner M. Smith au sujet [des plaques],
mais pendant un temps considérable n’a réussi à
obtenir aucun renseignement. Il a toutefois fini par gagner la
confiance de mon mari, au point d’obtenir un aperçu des
faits relatifs aux plaques. »
La
conversation avec Joseph, père, eut un très grand effet
sur Oliver. « Le sujet […] semble travailler dans mes os
mêmes, dit-il aux Smith. J’ai prié à ce
sujet et j’ai la conviction que c’est la volonté
du Seigneur que j’aille [à Harmony pour aider Joseph à
la traduction]. » [2]
Oliver
Cowdery a aussi annoncé cette nouvelle (apparemment dans une
lettre) à David Whitmer. Ce dernier écrit : «
Oliver m’a dit qu’il allait à Harmony, en
Pennsylvanie […] voir [Joseph Smith] à ce sujet. Il est
parti et s’est arrêté en chemin chez mon père,
et m’a dit que dès qu’il aurait trouvé quoi
que ce soit, vérité ou mensonge, il me le ferait
savoir. »
Joseph
Smith et Oliver Cowdery commencèrent leur projet de traduction
le 7 avril 1829 et travaillèrent intensément pendant
les huit semaines suivantes. Au cours de cette période, Oliver
Cowdery écrivit trois lettres à David Whitmer,
expliquant le processus de traduction et donnant des informations
détaillées sur le contenu du Livre de Mormon. «
Quand Oliver m’a écrit ces choses et m’a dit qu’il
avait connaissance de leur véracité par révélation,
j’ai montré ces lettres à mes parents et frères
et sœurs », raconte David Whitmer. [3]
Dans
sa dernière lettre, Oliver demanda à David de venir à
Harmony et d’aider les deux hommes à déménager
chez les Whitmer. « J’avais quelque huit hectares à
labourer, écrit David ; j’ai donc décidé
de finir de labourer et d’y aller ensuite ». Mais quand
il se leva le lendemain matin, il trouva qu’entre deux et trois
hectares de sa terre avaient été labourés
pendant la nuit. Quand on lui demanda qui avait labouré les
champs, David répondit : « Je ne sais pas, je ne peux
pas vous dire, tout ce que je sais c'est qu’ils étaient
labourés […] Cela a été un témoignage
pour moi que je ne devais pas retarder mon départ pour me
rendre auprès de Joseph. J’ai préparé mon
attelage et […] me suis mis en route pour la Pennsylvanie. »
[4]
Le
déménagement dans l’État de New York eut
lieu dans la première partie de juin et, en un mois, Joseph et
ses secrétaires avaient terminé la traduction du Livre
de Mormon. Vers cette même époque, les parents de Joseph
ainsi que Martin Harris, qui avaient été informés
que la traduction touchait à sa fin, arrivèrent de
Palmyra. [5]
Lucy
Mack Smith écrit que Martin Harris « se réjouit
grandement » quand il entendit parler de l’avancement de
la traduction [6]. Dès lors, bien que ce fût
vraisemblablement la première fois que Martin Harris
rencontrait Oliver Cowdery et David Whitmer, les trois hommes furent
liés par leur dévotion commune à aider à
la parution du Livre de Mormon. Ils étaient particulièrement
intéressés par certains passages du Livre de Mormon.
«
Au cours du travail de traduction », explique l’histoire
de Joseph Smith, « nous apprîmes que trois témoins
spéciaux devaient être fournis par le Seigneur, à
qui il accorderait de voir les plaques d’où cet ouvrage
(le Livre de Mormon) devait être traduit ».
Presque
immédiatement après cette découverte, Joseph
écrivit : « Il est venu à l’idée
d’Oliver Cowdery, de David Whitmer et […] de Martin
Harris […] de me demander de consulter le Seigneur, pour
savoir s’ils ne pouvaient pas obtenir de lui d’être
ces trois témoins spéciaux ; et finalement ils se sont
faits tellement pressants et ont tant insisté que j’ai
fini par accepter, et, par l’intermédiaire de l’urim
et thummim, j’ai obtenu [une révélation] du
Seigneur pour eux. » [7]
Appelés
à témoigner
La
révélation, aujourd’hui connue comme Doctrine et
Alliances 17, faisait cette promesse à Oliver Cowdery, David
Whitmer et Martin Harris : « Vous devez avoir confiance en ma
parole, et si vous le faites d’un cœur pleinement résolu,
vous verrez les plaques et également le pectoral, l’épée
de Laban, l’urim et le thummim […] Et lorsque vous
aurez obtenu la foi et que vous les aurez vus de vos yeux, vous en
témoignerez par la puissance de Dieu. » [8]
Quelques
jours plus tard, la prophétie s’est accomplie de manière
spectaculaire. « C’était à la fin de juin
1829, écrit David Whitmer. Joseph, Oliver Cowdery et moi-même
étions ensemble, et l’ange nous a montré [les
plaques] […] [Nous étions] assis sur un rondin quand
nous avons été baignés par une lumière
plus glorieuse que celle du soleil. Au milieu de cette lumière,
mais à environ un mètre de nous, est apparue une table
sur laquelle se trouvaient beaucoup de plaques d’or, ainsi que
l’épée de Laban et les directeurs. Je les ai vus
aussi clairement que je vous vois maintenant et j’ai
distinctement entendu la voix du Seigneur déclamant que les
annales des plaques du Livre de Mormon avaient été
traduites par le don et le pouvoir de Dieu. » [9]
Joseph
Smith et Martin Harris eurent une expérience similaire, et
comme le manuscrit était préparé pour
l’impression, Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris
signèrent une déclaration commune qui a été
incluse dans chacun des plus de 120 millions d’exemplaires du
Livre de Mormon imprimés depuis cette époque. Elle dit
entre autres :
«
Et nous déclarons, en toute sincérité, qu’un
ange de Dieu est venu du ciel et qu’il a apporté et
placé les plaques sous nos yeux, que nous avons contemplé
et vu les plaques, ainsi que les caractères qui y étaient
gravés ; et nous savons que c’est par la grâce de
Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ que nous
avons vu ces choses et que nous témoignons que ces choses sont
vraies. » [10]
Pour
en savoir plus sur les sections mentionnées dans cet article,
voir le volume à paraître, sous la direction de Michael
Hubbard MacKay, Gerrit Dirkmaat J., Grant Underwood, Robert J.
Woodford et William G. Hartley : Documents: July 1828-June 1831.
Premier volume de la série Documents de The Joseph Smith
Papers, publiée sous la direction de Dean C. Jessee, Ronald K.
Esplin et Richard Lyman Bushman. Salt Lake City : Church Historian’s
Press, 2013.
NOTES
[1]
David Whitmer, entretien avec le Kansas City Journal, 1er juin 1881,
cité dans David Whitmer Interviews: A Restoration Witness,
publié sous la direction de Lyndon Cook (Orem, Utah : Grandin
Book, 1991), p. 60.
[2]
Lucy Mack Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet
and His Progenitors for Many Generations (Liverpool, Angleterre : S.
W. Richards, 1853), p. 129.
[3]
David Whitmer, entretien avec le Kansas City Journal, 1er juin 1881,
cité dans David Whitmer Interviews: A Restoration Witness,
publié sous la direction de Lyndon Cook (Orem, Utah : Grandin
Book, 1991), p. 61.
[4]
David Whitmer, entretiens avec Orson Pratt et Joseph F. Smith,
septembre 1878, cité dans David Whitmer Interviews: A
Restoration Witness, publié sous la direction de Lyndon Cook
(Orem, Utah : Grandin Book, 1991), p. 41, 51.
[5]
Comme cela est décrit dans « Les contributions de Martin
Harris » [Les contributions de Martin Harris], Martin a eu une
implication longue et compliquée avec le Livre de Mormon.
Quand la persécution de voisins força Joseph et Emma à
quitter la maison de Joseph, père, et de Lucy pour Harmony
(fin 1827), Martin donna cinquante dollars à Joseph pour
participer aux frais du déménagement. Au printemps
suivant, Martin confia sa ferme aux soins d’autres personnes et
servit de secrétaire à Joseph pendant deux mois. Mais
alors même que la traduction progressait si merveilleusement,
Martin emprunta puis perdit la totalité des cent seize pages
que Joseph et lui avaient produites, plongeant Joseph et sa famille
dans le désespoir et amenant Joseph à se demander s’il
avait perdu toute possibilité de traduire. Cependant, dans
l’année suivant la perte du manuscrit, Martin s’était
repenti de ses erreurs et avait montré une détermination
renouvelée à aider Joseph par tous les moyens
possibles.
[6]
Lucy Mack Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet
and His Progenitors for Many Generations (Liverpool, Angleterre : S.
W. Richards, 1853), p. 138.
[7]
Joseph Smith, histoire, 1838-1856, volume A-1, p. 23, Joseph Smith
Papers. Voir le Livre de Mormon, édition de 1830, p. 110-111,
548 [2 Néphi 27:12-14 et Éther 5:2-4] pour les passages
mentionnant les trois témoins.
[8]
Revelation, June 1829-E, JSP.
[9]
David Whitmer, entretien avec le Kansas City Journal, 1er juin 1881,
cité dans David Whitmer Interviews: A Restoration Witness,
publié sous la direction de Lyndon Cook (Orem, Utah : Grandin
Book, 1991), p. 63.
[10]
« Le témoignage de trois témoins », le
Livre de Mormon.