Le
baptême pour les morts dans le monde religieux
La
Rédaction
Saint
Paul, auteur des Épîtres :
« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour
les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas,
pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » (Nouveau
Testament, 1 Corinthiens 15:29)
Ambrosiaster,
auteur
latin qui vivait sous le pontificat de Damase 1er
(366-384),
à propos de la déclaration de Paul dans son premier
épître au Corinthiens (15:29) : « Paul
souhaite montrer combien la résurrection des morts est sûre
et ferme en donnant l'exemple de ceux qui étaient si certains
de la future résurrection qu'ils étaient baptisés
pour ceux qui étaient morts avant d'avoir pu être
baptisés. Craignant que quiconque qui n'avait pas été
baptisé ne ressusciterait pas du tout, ou ressusciterait pour
être damné, une personne vivante était baptisée
au nom du défunt. » (Patrologia
Latina
17:280)
La
position d'Ambrosiaster sera adoptée par de nombreux auteurs,
dont le théologien et philosophe Saint
Thomas d'Aquin
(1224/25-1274) (Christian Euvrard, L'économie
du salut et l'oeuvre pour les morts dans le mormonisme,
Institut catholique de Paris, 1997, p. 52)
Saint
Jean Chrysostome (344/349-407)
explique que chez les Marcionites, « quand un catéchumène
mourait, une personne vivante s'étant cachée sous le
lit du défunt, ils s'approchaient du mort et lui parlaient lui
demandant s'il voulait recevoir le baptême. Comme il ne répond
pas, celui qui est caché en-dessous répond pour lui
disant qu'il veut être baptisé. Ainsi, ils le baptisent
à la place de celui qui est mort, comme s'ils jouaient sur une
scène... Si, indépendamment des morts, nous pouvons
décider ou changer leur destinée éternelle,
alors le fait qu'ils soient damnés ou sauvés ne peut
plus être attribué à leurs fautes ou à
leurs mérites, mais aux nôtres. Ce serait notre
responsabilité ! » (Saint Jean Chrysostome,
dans Epistolam 1 ad
Corinthios Homilia, p.
40, 71 ; Patrologia
Graeca 61:347)
Épiphane
de Salamine,
évêque et théologien du quatrième siècle,
disait à propos des marcionites, une Église chrétienne
à laquelle il était opposé : « Dans
ce pays – je veux dire l'Asie – et même
en Galatie, leur école était très florissante ;
et une tradition nous est parvenue à leur sujet : Quand
un des leurs mourait sans baptême, ils avaient coutume d'en
baptiser d'autres en son nom, de peur qu'à la résurrection
il ne fût puni pour n'avoir pas été baptisé. »
(Hérésies 28:7)
Saint Philastre de Brescia (IVe
siècle) dit des Cathafrigiens : « Ces gens
baptisent les morts » (Saint Philastrius, Haeres, 49 ;
Patrologia
Latina 12, 1665)
Saint Grégoire de Nazianze
(329-390),
théologien et
docteur
de l'Église,
reproche
à un vieil homme de remettre à plus tard son baptême
lui demandant avec ironie : « Attends-tu toi aussi
d'être baptisé après que tu sois mort ?
(Oratio 40 : In Sanctum baptisma, n° 17 ;
Patrologia
Graeca 36:379).
Le Concile de Carthage,
tenu en 397, condamne toute administration du baptême pour les
morts. Le 6e canon du concile déclare : « Prenez
garde que l'ignorance des frères ne les conduise à
croire que les morts peuvent être baptisés. »
(voir Ph.
Labbens, Cossartius,
Sacrorum
Conciliorum nova et amplissima collectio,
Venetiis, 1767, vol. 3, p. 383)
Saint
Bruno de Segni, théologien
du douzième siècle, écrivait que certains
chrétiens du Nouveau Testament « se baptisaient à
la place d'un parent mort qui n'avait jamais entendu l'évangile,
assurant ainsi le salut d'un père ou d'une mère dans la
résurrection » (cité
dans Hugh Nibley, Baptism
for the Dead in Ancient Times,
The Improvement Era, vol. 52, 1949, p. 91)
D'autres
références sont à noter chez Saint
Irénée,
évêque de Lyon au 2e siècle (Contra Haereses,
1:1, 21 ; Patrologia Graeca 7:666), Saint
Épiphane,
évêque
et théologien du IVe siècle
(Haeres
XXVI, n° 2 ; Patrologia Graeca 41:634), et Théodoret
de Cyr (393-460),
évêque, théologien et historiographe de langue
grecque
(Haereticarum
fablarum compendium 1:1, 11 ; Patrologia Graeca 83:362).
Bernard Mary Foschini,
auteur d'une série d'articles parus en 1950 et 1951 dans la
revue Catholic Biblical
Quaterly, écrit à
propos de l'affirmation de Paul : « Nous concédons
volontiers que le mot baptizesthai
doive être accepté dans un sens sacramentel... De plus,
la façon de procéder de Paul indique clairement que
dans 1 Corinthiens 15:29 il parle de quelque chose qui est bien
connu et qui peut être le plus convenablement rendu par le
sacrement du baptême. » Il reconnaît aussi que
la préposition hyper
(« à la place de, au nom de ») est
correcte même s'il existe la préposition anti
souvent utilisée dans ce sens. Il rappelle aussi que
l'argument qui revient à dire que Paul cite la pratique sans
l'approuver se heurte d'après les défenseurs du baptême
vicarial à deux problèmes : « a) un tel
argument serait sans valeur, et b) il ressort du contexte que non
seulement Paul ne réprouve pas mais au contraire soutient la
pratique mentionnée dans 15:29. Nous considérons cette
opinion comme la plus simple et la plus probable car elle semble plus
conforme à la paléographie, au style paulinien, à
la nature du baptême, à la signification de la
préposition hyper,
et aux mots ton nekron. »
(Those who are baptized
for the dead, 1 Cor. 15:29,
dans Catholic Biblical Quartely 12-13, 1950-51)
Jérôme
Murphy-O'Connor (1935),
prêtre
dominicain,
sommité en matière de Saint-Paul
et depuis 1967 professeur de Nouveau Testament à l'École
biblique de Jérusalem :
« Les commentaires les plus récents de
1 Corinthiens 15:29 s'accordent tous à penser que ce
verset parle d'une coutume à Corinthe par laquelle des membres
de la communauté étaient baptisés en faveur de
parents et d'amis chers qui n'avaient pas reçu le sacrement.
Une telle unanimité reflète un consensus dont la base,
déclare-t-on, est le texte lui-même. On nous dit qu'une
lecture impartiale du verset suggère immédiatement et
naturellement une telle pratique. Les autres opinions n'auraient été
proposées qu'à cause du fait que les érudits
(pour des raisons dogmatiques ou autres) n'auraient pu se résoudre
à admettre l'existence d'une coutume si bizarre. »
("Baptized
for the dead", a Corinthian Slogan ?, Revue
Biblique 88, 1981)
Sergeï
Antonenko,
spécialiste russe de la religion : « Ceux qui
sont avancés dans l’étude de la religion peuvent
conclure que le baptême par procuration a existé dans
l'histoire de l'Église chrétienne. » À
propos de l'affirmation de Paul dans la première épître
aux Corinthiens (15:29) il écrit : « La
signification directe [littérale] du verset implique que le
baptême pour les morts était, pour les anciens
chrétiens, la confirmation de leur foi – de leur
croyance – en la résurrection. »
Monseigneur
Krister Stendahl
(1921-2008), théologien suédois spécialiste du
Nouveau Testament, directeur de l'institut Shalom Hartman à
Jérusalem, évêque luthérien de Stockholm et doyen de la
faculté de théologie de l'université de
Harvard :
« Dans
1 Corinthiens, au chapitre 15, l'apôtre Paul parle de ceux
qui se font baptiser pour les morts, et pour lui, il est évident
qu'il s'agissait d'une pratique courante qu'il ne conteste pas.
Maintenant, avec les mormons, nous avons de nouveau cette pratique.
C'est quelque chose de magnifique. Je peux très bien
m'imaginer accomplir de tels baptêmes qui apportent les
bénédictions que j'ai reçues dans et par le
Christ. C'est une façon magnifique de relier l'éternel
et le temporel. Et d'une certaine façon, c'est la substance
même du christianisme. » (Film Entre ciel et terre)
Au
sein du christianisme l'Église
apostolique,
l'Église apostolique réformée
et l'Église néo-apostolique
pratiquent le baptême pour les morts.
En
dehors du christianisme,
les baptêmes par procuration sont pratiqués par
les mandéens de
l'Irak et
l'Iran
(voir
http://mandaeanunion.org/history-english/item/496-a-brief-note-on-the-mandaeans),
et par certaines religions des Indiens
d'Amérique.