L'oeuvre vicariale des vivants pour les morts

  

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933

 

 

  

Le baptême requis de tous

 

      Nous nous sommes déjà étendus sur le caractère universel de la loi du baptême (voir James E. Talmage, Articles de foi, chapitres 6 et 7). Nous avons déjà montré que l’obéissance à cette loi est essentielle au salut, et que cette condition s’applique à toute l’humanité. Nulle part, dans les Écritures, nous ne trouvons qu’une distinction ait été établie à cet égard entre les vivants et les morts. Les morts sont ceux qui ont vécu dans la mortalité sur la terre ; les vivants sont les mortels qui ne sont pas encore passés par ce changement fixé que nous appelons la mort. Tous sont les enfants du même Père ; tous seront jugés et récompensés ou punis par la même justice infaillible, tempérée par la même miséricorde bienveillante. Le sacrifice expiatoire du Christ fut offert non seulement pour les quelques hommes qui vivaient sur la terre tandis qu’il était dans la chair, ni pour ceux qui viendraient au monde après sa mort, mais pour tous les habitants de la terre qui étaient à ce moment-là passés, présents et futurs. Il fut choisi par le Père pour être le juge des vivants et des morts (voir Actes 10:42 ; 2 Timothée 4:1 ; 1 Pierre 4:5) ; il est aussi bien le Seigneur des vivants que des morts (voir Romains 14:9) selon que les hommes parlent des vivants et des morts, bien qu’en réalité ils ne forment qu’une seule catégorie, car tous vivent en lui (voir Luc 20:36, 38).

      L’Évangile est encore inconnu de beaucoup de gens. Des multitudes d’êtres humains qui ont déjà vécu et sont morts, peu ont entendu les lois de l’Évangile et moins encore y ont obéi. Au cours de l’histoire du monde il y a eu de longues périodes de ténèbres spirituelles, au cours desquelles l’Évangile ne fut pas prêché parmi les hommes, où il n’y eut aucun représentant autorisé du Seigneur pour administrer les ordonnances salvatrices du royaume. De telles conditions n’ont jamais existé qu’à la suite de l’incroyance et de l’iniquité. Lorsque les hommes ont persisté à fouler aux pieds les perles de la vérité dans la fange et à tuer et à déchirer ceux qui portaient ces joyaux, autant par miséricorde que par justice, ces trésors des cieux ont été repris et retenus jusqu’à ce qu’une génération qui les apprécierait mieux soit suscitée. On peut demander avec raison : Qu’y a-t-il de prévu, dans l’économie de Dieu, pour le salut final de ceux qui ont ainsi négligé les exigences de l’Évangile et pour ceux qui ne l’ont jamais entendu ?

      Selon certains dogmes populaires parmi de nombreuses confessions au cours de
l’obscurité de la nuit spirituelle, et qui sont aujourd’hui encore promulgués avec zèle, le châtiment sans fin ou une béatitude interminable inchangeables en nature ou en degré, seront le lot de chaque âme, la rétribution étant prononcée selon la condition de l’esprit au moment de la mort corporelle. C’est ainsi qu’une vie de péché peut être effacée entièrement par la repentance sur le lit de mort, et qu’une carrière honorable peut être suivie par les tortures de l’enfer sans espoir de soulagement, si elle ne se termine pas par les cérémonies des confessions établies. Une telle conception doit être mise au rang de cette affreuse hérésie qui proclame la damnation des petits enfants innocents qui n’ont pas été aspergés par l’autorité supposée de l’homme.

      C’est blasphémer que d’attribuer un tel caprice et une telle cruauté à la nature divine. Selon la justice de Dieu, aucune âme ne sera condamnée selon une loi qui n’aura pas été portée à sa connaissance. Il est vrai que le châtiment éternel a été décrété comme lot des méchants ; mais la signification de cette expression a été donnée par le Seigneur lui-même (D&A 19:10-12) ; le châtiment éternel est le châtiment de Dieu ; le châtiment infini est le châtiment de Dieu, car « Éternel » et « Infini » sont parmi ses noms, et décrivent ses attributs. Aucune âme ne restera en prison ou ne subira les tourments plus longtemps qu’il ne faudra pour accomplir la réforme nécessaire et pour satisfaire les exigences de la justice, ce qui est le seul but dans lequel le châtiment est infligé. Et personne n’aura la permission d’entrer dans quelque royaume de gloire que ce soit qu’il n’aura pas mérité par l’obéissance à la loi.



L’Évangile prêché aux morts

 

      Il est donc évident que l’Évangile doit être proclamé dans le monde des esprits ; et les Écritures prouvent abondamment qu’une telle oeuvre a été prévue. Pierre, décrivant la mission du Rédempteur, proclame ainsi cette vérité : « Car l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit » (1 Pierre 4:6). L’inauguration de cette oeuvre parmi les morts fut effectuée par le Christ dans l’intervalle entre sa mort et sa résurrection. Tandis que son corps se trouvait dans le tombeau, son esprit alla prêcher aux esprits des décédés : « Dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau » (1 Pierre 3:18-20).

      D’autres Écritures soutiennent le point de vue que le Christ désincarné se rendit à un tout autre endroit que celui appelé communément ciel - la demeure de son Père - et qu’il travailla parmi les morts qui avaient grand besoin de son ministère. Un des malfaiteurs, qui fut crucifié à ses côtés, obtint par son humilité cette promesse du Sauveur mourant : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23:39-43). Et trois jours plus tard, le Seigneur alors ressuscité déclara à Marie-Madeleine : « Je ne suis pas encore monté vers mon Père » (Jean 20:17).

      S’il fut estimé convenable et juste de porter l’Évangile aux esprits qui s’étaient montrés désobéissants aux jours de Noé, il est raisonnable de conclure que la même occasion est mise à la portée de ceux qui ont rejeté la parole à différentes époques. Car le même esprit de négligence, de désobéissance et d’opposition à la loi qui caractérisa l’époque de Noé s’est manifesté depuis (voir Luc 17:26). De plus si, dans le plan de Dieu, quelque chose a été prévu pour la rédemption de ceux qui désobéissent volontairement, de ceux qui méprisent vraiment la vérité, pouvons-nous croire que les multitudes plus nombreuses
encore d’esprits qui n’ont jamais entendu l’Évangile doivent rester éternellement punies ? Non ; Dieu a décrété que même les nations païennes et ceux qui n’ont pas connu de loi seront rachetés (voir D&A 45:54). Les dons de Dieu ne sont pas limités à cette sphère d’action, mais seront accordés, en toute justice, pendant toute l’éternité. Les peines prévues seront infligées à tous ceux qui rejettent la parole de Dieu dans cette vie ; mais après le paiement de la dette les portes de la prison seront ouvertes, et les esprits autrefois confinés au châtiment, maintenant châtiés et purs, en sortiront pour jouir de la gloire réservée à leur classe.



L’œuvre du Christ parmi les morts fut prédite

 

      Des siècles avant que le Christ ne vint dans la chair, les prophètes se réjouirent sachant que par lui le salut serait porté aux morts aussi bien qu’aux vivants. Parlant de la rétribution des orgueilleux et des hautains de la terre, Ésaïe déclare : « Et ils seront réunis captifs dans l’abîme, et ils seront emprisonnés dans la prison ; et après un grand nombre de jours ils seront visités » (Ésaïe 24:22, version Crampon et version anglaise du roi Jacques). Le même prophète témoigne en ces termes au sujet de l’œuvre du futur Rédempteur : il vient « pour ouvrir les yeux des aveugles ; pour faire sortir de prison le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres » (Ésaïe 42:6,7). David, chantant sur la musique de l’inspiration concernant la rédemption des hommes du tombeau, s’exclame : « Aussi mon cœur est dans la joie, mon esprit dans l’allégresse, et mon corps repose en sécurité. Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption. Tu me feras connaître le sentier de la vie ; il y a d’abondantes joies devant ta face, des délices éternelles à ta droite » (Psaumes 16:9-11).



L’œuvre des vivants en faveur des morts

 

      La rédemption des morts s’effectuera conformément à la loi de Dieu, qui est écrite avec justice et établie avec miséricorde. Il est également impossible à un esprit, dans la chair ou désincarné, d’obtenir une promesse de gloire éternelle, si ce n’est par l’obéissance aux lois et aux ordonnances de l’Évangile. Et, de même que le baptême est essentiel au salut des vivants, il est indispensable également au salut des morts. Cela était connu des saints d’autrefois, aussi la doctrine du baptême pour les morts fut-elle enseignée parmi eux. Dans une épître adressée à l’Église de Corinthe, Paul exposa les principes de la résurrection, par laquelle les corps des morts sortiront du tombeau - le Christ comme prémices et ensuite tous ceux qui lui appartiennent - et comme preuve que cette doctrine de la résurrection était incluse dans l’Évangile tel qu’ils l’avaient reçu, l’apôtre demande : « Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? » (1 Corinthiens 15:29). Ces mots sont dépourvus de toute ambiguïté et le fait qu’ils sont présentés sans explication ou commentaire prouve que le principe du baptême pour les morts était compris par les personnes auxquelles l’épître était adressée.

      Nous voyons ici la nécessité de l’œuvre vicariale - les vivants administrant les ordonnances en faveur des morts, les enfants faisant pour leurs pères ce qu’il est impossible à ceux-ci de faire pour eux-mêmes. Nombreuses et variées sont les interprétations présentées par la sagesse humaine faillible concernant cette simple question de Paul. Cependant l’étudiant simple et sincère éprouvera peu de difficulté à en comprendre la signification. Dans les dernières phrases de l’Ancien Testament, le
prophète Malachie prédit la grande oeuvre qui serait accomplie en faveur des morts dans les derniers jours : « Voici, je vous enverrai Élie le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit » (Malachie 4:5,6). La croyance est courante, parmi beaucoup de spécialistes de la Bible, que cette prophétie se rapportait à la naissance et au ministère de Jean-Baptiste (voir Matthieu 11:14 ; 17:11 Marc 9:11 Luc 1:17), sur lequel l’esprit et le pouvoir d’Élias demeurèrent en effet, comme l’ange l’avait prédit (voir Luc 1:17 D&A 27:7) ; mais il n’est rapporté nulle part qu’Élie visita Jean ; et, de plus, les résultats du ministère de ce dernier ne permettent absolument pas de conclure que la prophétie trouva sa réalisation complète en lui.

      Nous devons donc chercher une date ultérieure dans l’histoire du monde pour trouver l’accomplissement de la prophétie de Malachie. Le 21 septembre 1823, Joseph Smith reçut la visite d’un être ressuscité, qui se présenta sous le nom de Moroni, envoyé de la présence de Dieu. Au cours des instructions qu’il donna au jeune homme, Moroni cita la prophétie de Malachie que nous avons mentionnée ci-dessus, mais dans un langage quelque peu différent de celui de la Bible et certainement plus expressif. La version de l’ange est la suivante : « Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants brûleront comme du chaume ; car ceux qui viennent les brûleront, dit l’Éternel des armées, et ils ne leur laisseront ni racine ni rameau... Voici, je vous révélerai la prêtrise de la main d’Élie le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des enfants les promesses faites aux pères et le cœur des enfants se tournera vers leurs pères. S’il n’en était pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée à sa venue » (Joseph Smith, Histoire 2:37-39).

      Au cours d’une manifestation glorieuse à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, dans le temple de Kirtland, le 3 avril 1836, Élie le prophète, le même qui avait été enlevé au ciel sans passer par la mort, leur apparut et leur dit : « Voici, le temps est pleinement arrivé, ce temps dont il a été parlé par Malachie, lorsqu’il témoigna qu’il [Élie] serait renvoyé avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable, pour tourner le cœur des pères vers les enfants, et le cœur des enfants vers les pères, de peur que la terre tout entière ne soit frappée de malédiction. C’est pourquoi les clefs de cette dispensation sont remises entre vos mains ; et vous saurez par là que le jour de l’Éternel, ce jour grand et redoutable est proche, même à la porte » (D&A 110:13-16).



Dépendance mutuelle des pères et des enfants

 

      L’un des grands principes qui se trouvent à la base de la doctrine du salut pour les morts est celui de la dépendance mutuelle des pères et des enfants, des ancêtres et de leur postérité. Comme le prophète Joseph Smith l’enseigna aux saints (voir D&A 128:18), s’il n’y avait pas l’établissement d’un lien unissant les pères décédés aux enfants vivants, la terre serait frappée de malédiction. Le plan divin prévoit que ni les enfants ni les pères ne peuvent devenir parfaits tout seuls ; et l’union nécessaire est effectuée par le baptême et les autres ordonnances qui lui sont associées, administrées par les vivants en faveur des morts. La façon dans laquelle les cœurs des enfants et les cœurs des pères sont tournés les uns vers les autres est expliquée clairement par ces Écritures. Lorsque les enfants apprennent que sans leurs pères ils ne peuvent atteindre la perfection, leurs cœurs s’ouvrent, leur foi est renforcée, et ils essayent de faire de bonnes oeuvres pour la rédemption de leurs morts. Et ceux-ci, apprenant par les ministres de l’Évangile qui travaillent parmi eux, qu’ils dépendent de leurs enfants, leurs sauveurs par procuration, chercheront à soutenir leurs représentants mortels par leur foi et leurs prières pour le perfectionnement de cette oeuvre d’amour.

      L’amour, qui est une puissance en lui-même, est ainsi intensifié. À part les émotions provoquées à l’intérieur de l’âme par la présence du divin, il est peu de sentiments plus forts et plus purs que l’amour que nous éprouvons pour notre parenté. Le ciel ne pourrait pas être tout ce que nous souhaitons qu’il soit si l’amour familial y était inconnu. L’affection là-bas différera de sa contrepartie terrestre en ce qu’elle sera plus profonde, plus forte et plus pure. C’est ainsi que, dans la miséricorde de Dieu, ses enfants mortels et pécheurs, qui ont pris sur eux le nom de Jésus-Christ sur terre, peuvent devenir, chacun dans une sphère limitée, des sauveurs dans la maison de leurs pères, grâce à une oeuvre et un sacrifice vicariaux accomplis avec humilité et, comme le représente l’ordonnance du baptême, typique de la mort, de l’ensevelissement et de la résurrection du Rédempteur.



L’œuvre pour les morts est double

 

      Ce qui est accompli sur terre serait incomplet s’il n’y avait pas son supplément et sa contrepartie au-delà du voile. L’œuvre missionnaire y est en progrès, et la bonne nouvelle est apportée aux esprits décédés, qui apprennent ainsi l’œuvre faite en leur faveur sur cette terre. Dans la mesure où la loi divine a été révélée, elle requiert qu’un représentant dans la chair, qualifié, agissant comme mandataire pour le mort, se charge des ordonnances extérieures, telles que le baptême d’eau l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, et les investitures supérieures qui suivent. Les résultats de telles œuvres doivent être laissés à la discrétion du Seigneur. Il ne doit pas être supposé que les décédés sont de quelque façon que ce soit forcés par ces ordonnances d’accepter cette obligation, ni qu’ils sont entravés si peu que ce soit dans l’exercice de leur libre arbitre. Ils accepteront ou rejetteront selon l’humilité ou l’hostilité dont ils font preuve vis-à-vis de l’Évangile ; mais l’œuvre faite ainsi pour eux, sur terre, servira lorsqu’un enseignement sain et la vraie pénitence leur auront montré la véritable situation dans laquelle ils se trouvent.


 

Les temples dans l'Antiquité

 

      Des temples ou d’autres lieux sacrés sont requis pour l’administration des ordonnances relatives au salut pour les morts, et de certaines ordonnances pour les vivants. Il n’est que juste que de tels édifices soient le meilleur produit de l’industrie du peuple. À chaque âge du monde, le peuple de l’alliance a été un peuple bâtisseur de temples. Peu de temps après qu’Israël eût été délivré de l’esclavage d’Égypte, le Seigneur lui donna l’ordre d’édifier un sanctuaire à son nom, sanctuaire dont il spécifie minutieusement le plan. Bien qu’il ne fût qu’une tente, il fut décoré et meublé somptueusement, les objets les plus précieux du peuple étant employés dans sa construction (voir Exode 25 ; 35:22). Le Seigneur accepta cette offrande en y manifestant sa gloire et en s’y révélant (voir Exode 40:34-38). Lorsque le peuple se fut établi dans la terre promise, le tabernacle, ou tente d’assignation, reçut un emplacement plus permanent (voir Josué 18:1) ; cependant il fut toujours honoré en raison de sa destination sacrée jusqu’à ce qu’il fût remplacé par le temple de Salomon comme sanctuaire du Seigneur (voir 1 Rois, chapitres 6 à 8).

      Ce temple, l’un des bâtiments les plus imposants jamais érigés par l’homme pour le service sacré, fut dédié au milieu de cérémonies solennelles. Cependant, sa splendeur fut
de courte durée, car, moins de quarante ans après son achèvement, sa gloire déclina, et il devint finalement la proie des flammes. Une restauration partielle du temple eut lieu lorsque les Juifs revinrent de leur captivité et grâce à l’influence amicale de Cyrus et de Darius, le temple de Zorobabel fut dédié. Le fait que le Seigneur accepta cet effort fait par son peuple pour maintenir un sanctuaire à son nom est amplement démontré par l’esprit qui anima les officiers de ce temple, parmi lesquels nous trouvons Zacharie, Aggée et Malachie. Ce temple demeura debout pendant près de cinq siècles ; et ce n’est que quelques années avant la naissance du Sauveur que la reconstruction de l’édifice fut entreprise par Hérode le Grand, et que le temple d’Hérode fit son apparition dans l’histoire (Esdras, chapitres 1, 3, 6). Le voile de ce temple se déchira à l’époque de la crucifixion (voir Matthieu 27:50, 51), et vers l’an 70 ap. J-C., comme prédit, le temple fut rasé sur l’ordre de Titus.



Les temples à notre époque

 

      Depuis ce moment jusqu’à la dispensation actuelle (ndlr : une dispensation de l'Évangile est une époque au cours de laquelle le Seigneur a sur la terre au moins un serviteur autorisé détenant les clefs de la Sainte Prêtrise), aucun autre temple n’a été élevé sur l’ancien continent. Il est vrai que des édifices imposants ont été érigés dans des buts de culte ; mais un bâtiment colossal ne constitue pas nécessairement un temple. Un temple est plus qu’une église, une chapelle, un tabernacle ou une synagogue ; c’est un lieu spécialement préparé par consécration au Seigneur, et marqué de son approbation, pour l’exécution d’ordonnances appartenant à la Sainte Prêtrise. Les saints des derniers jours, fidèles aux traits caractéristiques du peuple de l’alliance (D&A 124:39), ont été, dès le début, une organisation de bâtisseurs de temples. Quelques mois seulement après l’établissement de l’Église dans la dispensation actuelle, le Seigneur fit allusion à la construction d’un temple (voir D&A 36:8). En juillet 1831, le Seigneur désigna un terrain à Independence, dans le Missouri, comme emplacement d’un temple futur (voir D&A 57:3) ; mais l’œuvre de construction n’y a pas encore été entreprise, comme c’est aussi le cas de l’emplacement du temple à Far-West, où les pierres angulaires ont été posées le 4 juillet 1838, et posées une deuxième fois le 26 avril 1839.

      L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a construit des temples, dont chacun est un édifice imposant et coûteux, [sur les cinq continents]. Les temples de Kirtland, en Ohio, et de Nauvoo, en Illinois, furent abandonnés lorsque les membres de l’Église, qui les avaient bâtis au prix de sacrifices indicibles, furent chassés vers l’ouest par la furie des persécutions. L’ampleur et la grandeur des oeuvres sacrées accomplies dans les temples de la dispensation actuelle pour le salut des vivants et des morts, donnent l’assurance que le Seigneur les approuve et les accepte.
 

 

Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890