Catholicisme et mormonisme


 

Alfred Benney et Roger R. Keller

 


 

Les catholicismes romain et orthodoxe sont basés sur la même tradition théologique. Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et ont des enseignements qui diffèrent du mormonisme.


DIEU. Les Églises catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de l'univers et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit existent simultanément en une seule nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des derniers jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le Fils est subordonné au Père et le Saint-Esprit « est envoyé par la volonté du Père par l’intermédiaire de Jésus-Christ, son Fils ». Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère qui se révèle lui-même et dont la manifestation parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité séparée du Père, et que de même que Jésus-Christ était et est visible, incarné et glorifié, de même en est-il du Père.

 

LE CHRIST. Selon la croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est « le Fils incarné de Dieu ». À la fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ». Pour des saints des derniers jours, le Christ n'était pas, n'est pas maintenant et ne sera jamais uni ni en nature ni en substance au Père. Son unité avec le Père est spirituelle en objectif et en volonté. Jésus, dans la croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair. Il est entré dans la condition mortelle, sujet à progression, et a accompli la volonté du Père comme modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la plénitude de la gloire du Père.

 

L’EXPIATION. Dans les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet d'accéder à la grâce salvatrice. La mort-résurrection du Christ est l'événement sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ a été une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever au-dessus de tout. Il a souffert « selon la chair » parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon connaître l'angoisse du péché et de l’état du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur et réconcilier la justice et la miséricorde. L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification et la résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du Père, l’homme peut le recevoir du Père par le Christ. Cette transformation est apparentée à la conception que l’Église orthodoxe a de la théose. Le but de l’appartenance à l’Église est de devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu.

 

AUTORITÉ. Les catholiques croient que Jésus a accordé son autorité pastorale à Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire du Christ » et chef de l'Église et que cette autorité d’enseigner et de sanctifier a été transmise dans une succession ininterrompue dans l'institution de la Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre était le premier d’entre des égaux, par conséquent les patriarches ont une autorité égale. Ils attribuent également une autorité spéciale aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de l'autorité apostolique, qui avaient également été conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la prêtrise ne sont pas indélébiles mais inséparablement liés à la justice. La perte des clefs complètes de la prêtrise fut due à l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui s’est faite sous les mains de Pierre, Jacques et Jean. Tout homme digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la prêtrise avec l'autorité d’accomplir des ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme patriarche de sa famille.

 

ÉCRITURE. Pour les catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont « la source inépuisable de la foi chrétienne ». Le canon est fermé. Pour les saints des derniers jours, le canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des paroles des prophètes prononcées sous l'inspiration. Il n'y a pas de révélation finale. La révélation est permanente. Ni les Écritures ni la théologie naturelle ne remplacent « les oracles vivants ».

 

ÉGLISE. Le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église une « communion des saints ». Le Saint-Esprit anime l'Église par la grâce, en lui donnant le pouvoir de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une communauté de salut où l’on prêche l'Évangile et où l’on reçoit les sacrements. Les saints des derniers jours croient que le rétablissement de la prêtrise supérieure s’est accompagné de trois éléments perdus par l'Église du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les offices qui s’y rapportent, dont un collège de douze apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les dons spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ; Organisation ; Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée sur le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme. Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les moyens nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des processus de nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les ordonnances sont essentielles au salut, depuis le baptême jusqu’aux ordonnances supérieures du temple. Leur efficacité exige les formes appropriées, l'autorité de personnes ordonnées dans la prêtrise et la foi et le repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des ordonnances.

 

EUCHARISTIE. Pour les deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans lequel le corps et le sang réels de Jésus sont physiquement présents, c'est-à-dire, la réalité salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est un vrai sacrifice dans lequel, par transsubstantiation, les éléments du pain et du vin deviennent le corps et le sang du Christ. Les orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à la vénération pour les icônes, qui représentent leur prototype, qui est le Christ. Les saints des derniers jours voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les bénéficiaires qui se présentent le cœur brisé et l’esprit contrit.

 

MARIAGE ET FAMILLE. Bien que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe considèrent le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un sacrement accompagné de grâce qui symbolise le lien entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle de la famille et de la communauté des familles dans l'Église est la possibilité spirituelle la plus élevée qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans le temple autrefois était marié et que les apôtres étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage est une ordonnance supérieure que les autres préparent. Le renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin de compte la famille de Dieu, est l’œuvre et la gloire propres à une vie de sainteté. Une fois scellées et sanctifiées par l'autorité de la prêtrise, les alliances, les relations et les devoirs de la condition de parents continuent dans l’autre monde.

 

Tout en honorant Marie, les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la doctrine de l’immaculée conception, de la virginité perpétuelle ni de l'assomption de Marie, ni de la vénération orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique traditionnel : une modification de la compréhension classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu, l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité, l'affirmation que l'esprit est une matière raffinée, la Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et d’essentiel à la progression de l'âme au milieu des contrastes et de l'opposition, la dénégation du péché originel et le refus du baptême des petits enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des degrés de gloire dans la résurrection.


 

Bibliographie


Florovsky, Georges. Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont, Mass., 1972.


McBrien, Richard P. Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.


McManners, John, dir. de publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York, 1990.


Patrinacos, Rev. Nicon D. A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.


Rahner, Karl, et Herbert Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.


Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation