Le rôle d'interprète
dans les réunions publiques de l'Église
L'interprète
est un intermédiaire privilégié entre l'orateur et l'assemblée. À ce
titre, il est responsable de la compréhension du message de l'auteur
par l'auditeur. Les instructions de l'Église à destination des interprètes
mentionnent : « En contrôlant votre voix, vous devez refléter le style
de l'orateur, en reflétant les émotions et les sentiments que l'orateur
utilise ». Cependant, l'expérience a démontré qu'en voulant bien faire,
l'interprète peut aller « au-delà de la marque » (Jacob 4:14) en
imitant à l'excès le ton de l'orateur
ou même en se substituant à lui pour mettre gratuitement de l'emphase
et de
l'émotion dans sa voix, au point de gêner la compréhension de
l'auditeur, ce qui n'est pas conforme aux mêmes instructions adressées
aux interprètes, qui mentionnent : « Parlez clairement ».
Les propos de l'orateur sont suffisamment puissants,
notamment en conférence générale, pour que le lecteur, même longtemps
après, soit touché par le message écrit, ce qui montre l'inutilité
d'imiter vocalement l'orateur. Cette imitation ou émotion inutile fait
écran à la compréhension de l'auditeur et peut même polluer le message
de l'auteur, voire le trahir. Si au cinéma un acteur fait de la
doublure, ce n'est pas le rôle de la personne qui prête sa voix pour
lire la traduction d'un discours.
Le bon interprète ne dirige pas son esprit vers la personne de l'orateur mais vers son message pour la compréhension des auditeurs.
Cela demande du recul par rapport aux propos tenus par l'orateur.
L'interprète doit savoir se situer dans une zone neutre entre l'orateur
et l'auditeur. Bien sûr, il ne s'agit pas de parler avec la voix
virtuelle d'un logiciel informatique. Il s'agit d'avoir une élocution
claire, distincte et intelligible, sans surjouer ou créer
artificiellement une ambiance.
Le bon interprète ne met en avant
ni son talent d'acteur ni ses émotions mais sait rester en retrait pour
restituer la clarté du texte qu'il lit ou de l'idée qu'il transmet.
L'émotion passe très bien visuellement. Il est dommageable de
se l'approprier pour la transmettre. Quand l'orateur autorise la
traduction de son texte, il n'autorise pas pour autant l'imitation de
son émotion. Cette émotion appartient à
l'orateur et à lui seul.
L'auditeur doit pouvoir recevoir le
texte du discours comme s'il le lisait : un texte exempt
d'interférences perturbatrices. Si quelqu'un doit être ému par les
mots, c'est l'auditeur, pas l'interprète. Lorsque cette émotion émane
de l'interprète, elle empêche la compréhension même des propos à
l'origine de l'émotion. Or, le rôle de l'interprète n'est pas de gêner
la compréhension de l'auditeur, mais de la faciliter. C'est alors que
l'auditeur peut être ému par les propos qu'il a compris. Sinon, cette
émotion lui est confisquée par l'interprète.
Ajoutons que dans notre culture latine, une voix
chargée d'émotion devient très vite insupportable à l'écoute. Ce sujet
est aussi abordé dans les instructions adressées aux interprètes,
lorsqu'elles mentionnent : « N'oubliez pas d'être sensible à la culture
et d'utiliser une voix en résonance avec les auditeurs. » Le rôle de
l'interprète n'est pas d'attirer l'attention sur son talent
d'imitateur, mais
sur l'orateur, en rendant son message clair aux oreilles de tous.
Mise en ligne :
29/09/2020
Mise à jour : 22/11/2020