La voie tracée par l'Église pour l'éducation



J. Reuben Clark, fils (1871-1961)


Membre de la Première Présidence de 1933 à 1961



Extraits du discours adressé le 8 août 1938 à Aspen Grove (Utah, États-Unis)

aux dirigeants des séminaires et des instituts de religion de l'université Brigham Young

 

 


L'Église est la prêtrise organisée de Dieu. La prêtrise peut exister sans l'Église, mais l'Église ne peut exister sans la prêtrise. La mission de l'Église est premièrement d'instruire, d'encourager, d'aider et de protéger chacun de ses membres dans ses efforts pour mener, matériellement et spirituellement, une vie parfaite, conformément à ce que le Maître a énoncé dans l'Évangile : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5:48). Deuxièmement, l'Église doit soutenir, instruire, encourager et protéger, matériellement et spirituellement, l'ensemble de ses membres dans leur application de l'Évangile. Troisièmement, l'Église doit proclamer la vérité de manière militante, en appelant tous les hommes à se repentir et à obéir à l'Évangile car tout genou doit fléchir et toute langue doit confesser (voir Mosiah 27:31).


En tout cela, il y a, pour l'Église et pour chacun de ses membres, deux choses primordiales à ne pas négliger, oublier, masquer ou abandonner :


Premièrement : que Jésus est le Fils de Dieu, le Fils unique du Père dans la chair, le créateur du monde, l'Agneau de Dieu, le sacrifice pour les péchés du monde, celui qui a expié la transgression d'Adam, qui a été crucifié, dont l'esprit a quitté le corps, qui est mort, qui a été déposé dans la tombe, dont l'esprit a été, au troisième jour, réuni au corps, qui est devenu à nouveau un être vivant, qui s'est levé de la tombe en être ressuscité et parfait, prémices de la résurrection, qui est ensuite monté au Père et qui, grâce à sa mort et par sa résurrection, donne à tout homme né ici-bas depuis le commencement de ressusciter également littéralement. Cette doctrine est aussi ancienne que le monde. Job a déclaré :



« Quand je n'aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai... mes yeux le verront, et non ceux d'un autre » (Job 19:26-27).



Le corps ressuscité est un corps de chair, d'os et d'esprit et Job a exprimé là une grande vérité éternelle. Tous les membres de l'Église doivent croire honnêtement, de toute leur foi, ces faits catégoriques, et tous les autres faits qu'ils impliquent nécessairement.


Le deuxième des deux principes auxquels nous devons tous croire pleinement est que le Père et le Fils sont véritablement apparus au prophète Joseph dans une vision dans les bois, que d'autres visions célestes ont suivi pour Joseph et d'autres, que l'Évangile et la sainte prêtrise selon l'ordre du Fils de Dieu ont bel et bien été rétablis sur la terre où ils avaient été perdus du fait de l'apostasie de l'Église primitive, que le Seigneur a de nouveau édifié son Église par l'intermédiaire de Joseph Smith, que le Livre de Mormon est exactement ce qu'il professe être, que le prophète a reçu de nombreuses révélations pour guider, édifier, organiser et encourager l'Église et ses membres, que ses successeurs, appelés également de Dieu, ont reçu des révélations selon les besoins de l'Église et qu'ils continueront d'en recevoir selon les besoins supplémentaires de l'Église et de, ses membres appliquant, la vérité qu'ils connaissent déjà, que cette Église est véritablement l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et que ses croyances fondamentales sont les lois et les principes énoncés dans les Articles de foi. De même, chacun de ces faits, ainsi que tout ce qu'ils impliquent nécessairement ou tout ce qui en découle doivent rester inchangés, immuables, sans édulcoration, excuse, ni subterfuge ; on ne doit pas non plus les faire disparaître par quelque explication ou les noyer. Sans ces deux grandes croyances, l'Église cesserait d'être l'Église.


Quiconque n'accepte pas la plénitude de ces dogmes concernant Jésus de Nazareth ou le rétablissement de l'Évangile et de la sainte prêtrise n'est pas un saint des derniers jours ; les centaines de milliers d'hommes et de femmes fidèles et craignant Dieu qui constituent la nombreuse population de l'Église croient pleinement en ces choses et soutiennent l'Église et ses institutions en raison de cette foi. rai posé ces principes car ils constituent la position exacte actuelle de l'Église, dans ce monde comme dans l'éternité. Connaissant notre vraie position, nous pouvons changer de cap si nécessaire, nous pouvons redéfinir notre bon cap. C'est l'occasion de nous rappeler avec sagesse ces paroles de Paul :



« Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème ! » (Galates 1:8).



Comme je l'ai déjà dit, je vais parler de l'instruction religieuse des jeunes de l'Église. Je réunirai ce que j'ai à dire sous deux titres généraux : l'élève et l'instructeur. Je parlerai très franchement, car il est dorénavant impossible de parler sagement avec des paroles ambiguës et des phrases voilées. Nous devons dire clairement ce que nous voulons dire parce que l'avenir de nos jeunes tant ici-bas que dans l'au-delà, ainsi que le bien-être de l'Église entière, sont en jeu.



Les jeunes de l'Église, vos élèves, jouissent en grande majorité d'un jugement et d'un esprit sains. Le problème est, avant tout, de les garder sains et non de les changer. Les jeunes de l'Église aspirent aux choses de l'Esprit ; ils sont désireux d'apprendre l'Evangile et ils le veulent pur et non édulcoré. Ils veulent apprendre les principes fondamentaux que je viens d'exposer, sur nos croyances ; ils veulent acquérir le témoignage de leur vérité. Ils ne sont pas sceptiques, mais en quête de la vérité. Il ne faut pas introduire le doute en leur coeur. Grands sont le fardeau et la condamnation de l'instructeur qui sème le doute dans une âme confiante.



Ces élèves ont terriblement besoin de la foi de leur père et de leur mère ; ils la veulent dans sa simplicité et sa pureté. Il en est peu, en fait, qui n'ont pas vu de manifestation de son pouvoir divin. Ils veulent non seulement bénéficier de cette foi mais ils veulent aussi être capables de la mettre en oeuvre.


Ils veulent croire aux ordonnances de l'Évangile ; ils souhaitent les comprendre autant qu'il le peuvent. ps sont prêts à comprendre la vérité qui est aussi ancienne que l'Évangile et qui a été exprimée ainsi par Paul (spécialiste de la logique et de la métaphysique inégalé par les critiques modernes qui dénigrent toute religion) :



« Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce » (1 Corinthiens 2:11-12).



« Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'esprit s'affectionnent aux choses de l'esprit » (Romains 8:5).



« Je dis donc : Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair... ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. Si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes point sous la loi » (Galates 5:16-18).



Nos jeunes comprennent également le principe énoncé dans la révélation moderne :



« Pour le moment, vous ne pouvez pas voir de vos yeux naturels le dessein de votre Dieu concernant ces choses qui viendront plus tard et la gloire qui suivra beaucoup de tribulations » (D&A 58:3).



« Par la puissance de l'Esprit, nos yeux furent ouverts et notre intelligence fut éclairée de manière à voir et à comprendre les choses de Dieu : Et tandis que nous méditions sur ces choses, le Seigneur toucha les yeux de notre entendement, et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur resplendit alentour.



« Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père, et reçûmes de sa plénitude ; Nous vîmes les saints anges et ceux qui sont sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et l'Agneau, lui qu'ils adorent pour toujours et à jamais. Et maintenant, après les nombreux témoignages qui ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que nous rendons de lui : qu'il vit ! Car nous le vîmes, et ce, à la droite de Dieu; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père ; Que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont et furent créés, et que les habitants en sont des fils et des filles engendrés pour Dieu.



« Et tandis que nous étions encore en Esprit, le Seigneur nous commanda d'écrire la vision » (D&A 76:12, 19-24, 28).


Ces élèves sont également prêts à comprendre ce que Moïse voulait dire quand il a déclaré :


« Mais mes propres yeux ont vu Dieu ; mais pas mes yeux naturels, mais mes yeux spirituels car mes yeux naturels n'auraient pu voir, car je me ne serais desséché et serais mort en sa présence ; mais sa gloire était sur moi, et j'ai vu sa face, car j'étais transfiguré devant lui » (Moïse 1:11).



Ces élèves sont prêts à croire et à comprendre que toutes ces choses sont une question de foi, et qu'elles ne peuvent être expliquées ni comprises de quelque manière par la raison humaine ni probablement par aucune expérience de la science physique connue.



Ces élèves (pour abréger) sont prêts à comprendre et à croire qu'il existe un monde naturel et un monde spirituel, que les choses du monde naturel n'expliqueront pas celles du monde spirituel, que celles du monde spirituel ne peuvent se comprendre par celles du monde naturel, que l'on ne peut raisonner sur les choses de l'Esprit parce que, premièrement, elles ne sont ni suffisamment connues ni comprises, et deuxièmement, parce que l'esprit et la raison, limités, ne peuvent ni comprendre ni expliquer la sagesse infinie et la vérité suprême.



Ces élèves savent déjà qu'ils doivent être « honnêtes, fidèles, chastes, bienveillants et vertueux » et « faire du bien à tous les hommes » et ils recherchent « tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation ou est digne de louange » (13e article de foi). Ces choses leur ont été enseignées depuis leur naissance. Ils doivent être encouragés de toutes les manières appropriées à faire ce qu'ils savent être vrai, mais ils n'ont pas besoin d'une année de cours pour y croire et le savoir.



Ces élèves ressentent pleinement la vacuité d'enseignements qui réduiraient le plan de l'Évangile à un ensemble de règles morales. Ils savent que les enseignements du Christ sont moraux au plus haut degré, mais ils savent également qu'ils sont plus que cela. Ils constatent que la morale se rapporte en premier lieu aux actes de cette vie et que réduire l'Évangile à un simple ensemble de règles morales c'est avouer un manque de foi, voire une absence totale de foi en l'au-delà. Ils savent que les enseignements de l'Évangile affectent non seulement cette vie, mais aussi la vie à venir, avec son salut et son exaltation pour but ultime.



Ces élèves recherchent avidement, comme leurs pères avant eux, le témoignage des choses de l'Esprit et de l'au-delà et, sachant qu'il est impossible de concevoir l'éternité par la raison, ils recherchent la foi et la connaissance qui la suit. Par l'Esprit qu'ils ont, ils sentent que le témoignage qu'ils recherchent est engendré et produit par celui des autres, et que l'acquisition de ce témoignage qu'ils recherchent, témoignage fervent et honnête d'un homme craignant Dieu, que Jésus est le Christ et que Joseph a été un prophète de Dieu, vaut largement tous les livres et tous les sermons visant à ramener l'Évangile à un système moral ou cherchant à justifier l'infini par des moyens rationnels.



Il y a deux mille ans, le Maître a déclaré :



« Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain ? Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? » (Matthieu 7:9-10)



Ces élèves, qui sont nés dans l'alliance, peuvent comprendre que l'âge, la maturité et la formation intellectuelle ne sont en aucun cas ni à aucun degré nécessaires à la communion avec le Seigneur et son Esprit. Ils connaissent l'histoire du jeune Samuel dans le temple, de Jésus qui, à douze ans, a confondu les docteurs de la loi au temple, de Joseph qui, à quatorze ans, a vu Dieu le Père et le Fils dans l'une des visions les plus glorieuses jamais contemplées par l'homme. Ils ne sont pas comme les Corinthiens d'autrefois, dont Paul a dit :



« Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent » (1 Corinthiens 3:2).



Ils sont plutôt comme était Paul quand il a déclaré à ces mêmes Corinthiens :



« Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant » (1 Corinthiens 13:11).



Quand ils viennent à vous, ces élèves s'efforcent d'atteindre une maturité spirituelle qu'ils ne tarderont pas à avoir si vous leur apportez la bonne nourriture. Ils viennent à vous avec des connaissances et une expérience spirituelles inconnues du monde.



Je n'en dirai pas plus sur vos élèves, leur personnalité, leurs espérances et leurs capacités. Je vous dis ce que certains d'entre vous, enseignants, m'avez dit et que beaucoup de vos jeunes m'ont dit.


Je vais maintenant m'adresser à vous, les enseignants. En premier lieu, nos établissements de formation et d'enseignement religieux n'ont d'autre raison d'être et d'autre justification que d'enseigner et d'inculquer aux jeunes les principes de l'Évangile, qui comprennent les deux grands éléments suivants, à savoir que Jésus est le Christ et que Joseph est un prophète de Dieu. L'enseignement d'un ensemble de règles morales ne suffit pas à justifier le fonctionnement de nos séminaires et instituts. Le grand système de l'enseignement public enseigne la morale. Les élèves des séminaires et des instituts doivent bien sûr apprendre les règles ordinaires régissant une vie de bien et de droiture car cela constitue une partie, une partie essentielle, de l'Évangile. Mais il y a de grands principes tels la prêtrise, la résurrection et bon nombre d'autres principes, relatifs à la vie éternelle, qui dépassent de beaucoup ces règles qui président à une vie juste. Ces grands principes fondamentaux doivent aussi être enseignés aux jeunes ; ce sont ces choses que les jeunes désirent savoir en premier.



Ce que l'on attend en priorité d'un instructeur de ces principes c'est qu'il ait le témoignage personnel de leur véracité. Aucune instruction, aucune étude, ni aucun diplôme universitaire ne peut remplacer ce témoignage qui est la condition sine qua non de l'appel d'un instructeur dans notre département d'Éducation de l'Église. L'instructeur qui n'a pas ni le témoignage réel de la véracité de l'Évangile révélé aux saints des derniers jours et cru par eux, ni le témoignage que Jésus est le Fils de Dieu et le Messie, ni celui de la mission divine de Joseph Smith, notamment, dans toute sa réalité, de la Première Vision, cet instructeur n'a pas sa place dans le département d'Éducation de l'Église. S'il y en a, et j'espère que non et prie pour cela, ils doivent immédiatement donner leur démission ; si le Commissaire à l'Éducation en connaît qui ne démissionnent pas, il doit leur demander de démissionner. La Première Présidence attend que l'arbre soit élagué de la sorte.



Cela ne signifie pas que nous devions rejeter ces instructeurs hors de l'Église, pas du tout. Avec toute la patience et la longanimité requises, nous entreprendrons auprès d'eux une oeuvre d'amour pour les amener à la connaissance à laquelle ils ont droit en qualité d'hommes et de femmes craignant Dieu. Mais cela signifie que nos écoles de l'Église ne peuvent pas employer des instructeurs non convertis ou sans témoignage.



Toutefois, pour vous, les instructeurs, il ne suffit pas que vous ayez un témoignage. En plus de cela, vous devez avoir l'une des caractéristiques les plus rares et les plus précieuses de la nature humaine : le courage moral. Car sans lui, votre témoignage ne touchera les élèves qu'après avoir été dilué de telle sorte qu'il leur sera difficile, voire impossible de le détecter, et l'effet spirituel et psychologique d'un témoignage faible et vacillant peut s'avérer plus nuisible qu'utile.


Le bon instructeur de séminaire ou d'institut doit également posséder une autre qualité rare et précieuse qui va de pair avec le courage moral et que l'on confond souvent avec lui. Je parle du courage intellectuel : celui qui consiste à affirmer des principes, des croyances et une foi qui peuvent ne pas toujours être considérés comme étant en harmonie avec la connaissance, scientifique ou autre, dont l'instructeur ou ses collègues dans l'enseignement se croient nantis.


On connaît bien des cas d'hommes censés être dotés de foi, détenant des postes de responsabilités, qui pensaient qu'en déclarant leur foi complète ils risquaient de s'attirer la moquerie de leurs collègues incroyants, et qu'ils devaient modifier leur foi, s'en excuser, l'édulcorer, ce qui est destructeur, ou faire semblant de la renier. Ces personnes sont hypocrites vis-à-vis de leurs collègues et de leurs coreligionnaires.



Il est pitoyable (et non digne de mépris, comme certains le voudraient) qu'un homme ou une femme qui, ayant la vérité et le sachant, jugent nécessaire soit de rejeter cette vérité ou d'accepter des compromis avec l'erreur afin de pouvoir vivre avec ou parmi les incroyants sans être l'objet de leur disgrâce ou de leur dérision. Ils sont réellement dans une position tragique car en réalité, tous ces désaveux et ces subterfuges finissent par entraîner les punitions que ces gens sans volonté cherchaient à éviter. Car il n'est rien d'aussi précieux ni d'aussi respectable aux yeux du monde que l'homme aux convictions justes qui les défend en toutes circonstances ; il n'est rien de plus méprisable aux yeux du monde que l'homme aux convictions justes qui n'y reste pas fidèle, les abandonne ou les renie. Le saint des derniers jours psychologue, chimiste, physicien, géologue, archéologue ou d'une autre discipline scientifique, qui se justifie de tous les grands principes fondamentaux de l'Église auxquels il professe croire, qui les interprète en les déformant, qui les élude ou, pire que tout, qui les renie ou les rejette, entache son intellect d'un mensonge, perd le respect de soi, chagrine ses amis, brise le coeur de ses parents et leur fait honte, souille l'Église et ses membres et perd le respect et l'estime des personnes dont il recherchait l'aide et l'amitié par ces actions.



Mon espoir et ma prière sont qu'il n'y ait pas de ces personnes parmi les instructeurs du Département d'Éducation de l'Église, mais, s'il y en a, à un niveau ou à un autre, ils doivent suivre le même chemin que les instructeurs dépourvus de témoignage. Les faux-semblants, les prétextes, les échappatoires et l'hypocrisie n'ont pas leur place, et ne peuvent pas l'avoir, dans le Département d'Éducation de l'Église ni dans le développement de la personnalité et la croissance spirituelle de nos jeunes.



Il faut aussi veiller à autre chose dans nos établissements de l'Église. Il ne doit pas être possible que des hommes restent en poste de confiance spirituelle si, n'étant pas personnellement convertis, étant de vrais incroyants, ils cherchent à détourner les dogmes, l'éducation et les activités de nos jeunes et aussi de nos moins jeunes, des voies qu'ils devraient suivre vers d'autres modes d'éducation, d'autres croyances et d'autres activités qui (en menant là où l'incroyant veut aller) ne nous conduisent pas là où l'Évangile doit nous conduire. Peu importe si l'incroyant qui dirige a bonne conscience, c'est trahir la confiance des gens de la manière la plus grossière ; et l'on a trop de raisons de croire que cela s'est déjà produit.


Je vais mentionner un autre point, qui s'est produit dans d'autres domaines, pour, mettre en garde contre son apparition au sein du Département d'éducation de l'Église. Plus d'une fois, les membres de l'Église sont allés chercher ailleurs une formation dans un domaine spécifique. Ils reçoivent une formation qui est censée être la plus récente, la plus actuelle, le nec plus ultra du modernisme, puis ils la rapportent et ils nous la distillent sans se demander si nous en avons besoin ou non. Je m'abstiens d'en citer des exemples bien connus et que l'on reconnaît, je crois. Mon intention n'est pas de froisser qui que ce soit.



Mais avant d'essayer des idées de la dernière nouveauté en vogue, dans quelque domaine de pensée, d'éducation, d'activité, etc., les experts devraient d'abord prendre le temps de penser que, quel que soit leur avis sur notre retard dans certains domaines, nous sommes loin devant dans d'autres domaines, et que, par conséquent, ces nouvelles méthodes risquent pour nous d'être anciennes, voire éculées.



Pour tout ce qui touche à la vie et l'activité sociale en général, aux divertissements sociaux de groupe, au culte et aux activités religieuses bien coordonnés et dirigés avec soin, à la spiritualité positive, nette et qui soutient la foi, à une religion vraie, pratique et quotidienne, au désir ferme et au besoin de foi en Dieu intensément ressenti, nous sommes loin devant l'humanité en marche. Avant de s'efforcer de nous inculquer des idées nouvelles, ces experts devraient avoir la gentillesse de se demander si les méthodes employées pour éveiller l'esprit communautaire ou pour susciter des activités religieuses au sein de groupes décadents ou peut-être insensibles à ces choses, nous sont vraiment applicables et si leur effort pour nous les imposer n'est pas brutal, voire grossièrement anachronique.



Par exemple, l'application à nos jeunes, enclins à la spiritualité et éveillés à la religion, d'un plan élaboré pour enseigner la religion à des jeunes dépourvus d'intérêt pour les choses de l'Esprit, non seulement ne parviendrait pas à répondre à nos besoins spirituels réels, mais aurait aussi tendance à détruire les qualités supérieures actuelles de nos jeunes.



J'ai déjà dit que nos jeunes ne sont pas spirituellement des enfants ; ils sont bien avancés par rapport à la maturité spirituelle du monde. Les traiter spirituellement comme des enfants, comme le monde traite peut-être le groupe du même âge, est par conséquent également anachronique. Je répète qu'il est rare qu'un jeune qui vient à votre séminaire ou à votre institut ne jouisse pas consciemment de bénédictions spirituelles, n'ait pas constaté l'efficacité de la prière, n'ait pas été témoin du pouvoir de la foi dans la guérison des malades ou n'ait pas contemplé des déversements de l'Esprit que le monde, dans son ensemble, ignore de nos jours. Vous n'avez pas à aborder furtivement ces jeunes expérimentés spirituellement et à leur parler de religion en chuchotant ; vous pouvez le faire franchement. Vous n'avez pas besoin de déguiser les vérités religieuses en choses profanes ; vous pouvez leur présenter ouvertement ces vérités sous leur forme réelle. Les jeunes montreront peut-être qu'ils en ont moins peur que vous. Il n'est pas nécessaire d'avoir recours à des approches progressives, à des histoires racontées pour endormir les enfants, à des cajoleries, à de la condescendance ou à tout autre truc pour enfant servant à toucher les personnes dépourvues d'expérience spirituelle et celles qui sont mortes spirituellement.


Vous, instructeurs, avez une grande mission. Vous êtes à la pointe de l'éducation, car quel enseignement peut se comparer par sa valeur et sa portée à ce qui traite de l'homme tel qu'il était dans l'éternité passée, tel qu'il est dans la condition mortelle actuelle et tel qu'il sera dans l'éternité à venir. Votre domaine, c'est non seulement le temps, mais aussi l'éternité. La bénédiction que vous recherchez et que vous recevrez en faisant votre devoir est non seulement votre salut personnel, mais celui des personnes qui se trouvent aux alentours de votre temple. Comme votre couronne de gloire sera étincelante, sertie, comme de pierres précieuses, de toutes les âmes que vous aurez sauvées !


Mais pour obtenir cette bénédiction et recevoir cette couronne, vous devez, je le répète, vous devez enseigner l'Évangile. Vous n'avez pas d'autre fonction ni d'autre raison d'être dans le Département d'Éducation de l'Église.



Bien sûr, vous vous intéressez aux choses purement culturelles et aux connaissances purement séculières mais, je le répète avec insistance, votre principal centre d'intérêt, votre devoir essentiel et presque unique est d'enseigner l'Évangile du Seigneur Jésus-Christ tel qu'il a été révélé dans ces derniers jours. Vous devez enseigner cet Évangile en utilisant, comme sources et comme faisant autorité les ouvrages canoniques de l'Église et la parole des personnes que Dieu a appelées à diriger son peuple en ces derniers jours.



Vous ne devez pas laisser le moins du monde s'immiscer dans votre travail votre philosophie personnelle, quelle qu'en soit la source et aussi agréable ou rationnelle qu'elle vous paraisse. Le faire serait avoir autant d'Églises différentes que nous avons de séminaires : ce serait le chaos.



Vous ne devez pas le moins du monde changer la doctrine de l'Église énoncée dans et par les ouvrages canoniques de l'Église et par leshommes qui ont l'autorité de déclarer la volonté du Seigneur à l'Église. Le Seigneur a déclaré qu'il est « le même, hier, aujourd'hui et à jamais » (2 Néphi 27:23).



Je vous exhorte à ne pas commettre l'erreur infantile, si répandue actuellement, de croire que simplement parce que l'homme a tant réussi à maîtriser jusqu'à maintenant les forces de la nature et à les mettre à son service, les vérités de l'Esprit ont été changées ou transformées. Il est extrêmement important de reconnaître que la conquête des choses de l'Esprit par l'homme ne s'est pas faite au même rythme que sa conquête des choses matérielles. Parfois, le contraire semble vrai. La capacité de raisonner de l'homme n'a pas atteint celle d'imaginer. Rappelez-vous et chérissez toujours la grande vérité contenue dans la prière sacerdotale :



« La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17:3).



C'est une vérité suprême, comme le sont toutes les vérités spirituelles. Elles ne changent pas en fonction de la découverte d'un nouvel élément, d'une nouvelle idée impalpable, ni de la diminution de quelques secondes, minutes ou heures d'un record de vitesse.



Vous ne devez pas enseigner les philosophies du monde, anciennes ou modernes, païennes ou chrétiennes car c'est l'affaire de l'enseignement public. Votre seul domaine, c'est l'Évangile et il est illimité dans sa sphère.



Nous payons des impôts pour financer les établissements d'État dont la fonction et le travail sont d'enseigner l'art, la science, la littérature, l'histoire, les langues et tout ce qui fait partie du programme profane. C'est le rôle de ces établissements. Mais nous utilisons la dîme de l'Église pour faire avancer le Département d'Éducation de I'Église, et la dîme est un dépôt sacré. Les séminaires et instituts de l'Église doivent enseigner l'Évangile.



Tout ce qui a été dit concernant la nature de l'enseignement religieux et les résultats qui, tout naturellement, découlent du fait de ne pas enseigner correctement l'Évangile de Jésus-Christ, s'applique pleinement et également aux séminaires, aux instituts et à toute autre établissement d'enseignement du Département d'éducation de l'Église.


La Première Présidence vous demande sincèrement votre aide et votre coopération entières, à vous, hommes et femmes qui, par votre travail en première ligne, connaissez si bien l'importance du problème que nous avons à résoudre et qui touche de manière si importante et si profonde la santé spirituelle et le salut de nos jeunes, ainsi que le bien-être à venir de l'Église entière. Nous avons besoin de vous ; l'Église a besoin de vous ; le Seigneur a besoin de vous. Donnez de vous-mêmes et ne retenez pas votre main serviable.



Pour conclure, je veux rendre humblement mais sincèrement hommage aux instructeurs. Je vous rends hommage pour votre travail, votre loyauté, vos sacrifices, votre ardeur à servir dans la cause de la vérité, votre foi en Dieu et en son oeuvre, et votre désir sincère de faire ce que veut notre dirigeant ordonné et prophète. Et je vous supplie de ne pas commettre l'erreur de rejeter les conseils de votre dirigeant, de ne pas réaliser son souhait ou de refuser de suivre ses instructions. Jadis, David, coupant en secret uniquement un pan du manteau de Saül a poussé le cri suivant d'un coeur meurtri :



« Que l'Éternel me garde de commettre contre mon seigneur, l'oint de l'Éternel, une action telle que de porter ma main sur lui ! car il est l'oint de l'Éternel » (1 Samuel 24:6).



Que Dieu vous bénisse toujours dans toutes vos justes entreprises. Puisse-t-il vivifier votre intelligence, accroître votre sagesse, vous éclairer par l'expérience, vous octroyer la patience, la charité et, parmi vos dons les plus précieux, vous accorder le discernement des esprits afin que vous reconnaissiez avec certitude l'esprit de justice et son opposé quand ils se présenteront à vous. Puisse-t-il vous donner accès au coeur des gens que vous instruisez et vous faire savoir ensuite qu'y ayant pénétré, vous vous trouvez en un lieu saint qui ne doit être ni profané ni pollué par des doctrines fausses ou corruptrices ni par des agissements pécheurs. Puisse-t-il enrichir votre connaissance en vous donnant l'art et le pouvoir d'enseigner la justice. Puissent votre foi et votre témoignage grandir, et votre faculté de les susciter chez autrui s'accroître chaque jour, tout cela afin que les jeunes de Sion soient instruits, édifiés, encouragés et soutenus, afin qu'ils ne s'égarent pas, mais qu'ils continuent jusqu'à la vie éternelle, afin que vous soyez vous aussi bénis par leur intermédiaire s'ils reçoivent ces bénédictions. Et je prie pour tout cela, au nom de celui qui est mort pour que nous puissions vivre, le Fils de Dieu, le rédempteur du monde, Jésus-Christ. Amen.