L'existence
prémortelle
Joseph
Fielding Smith
Il
n'y a pas longtemps, un caricaturiste représentait un homme
dans la vie mortelle comme un vagabond solitaire qui avançait
en tâtonnant, tout égaré, le long d'un sentier
étroit entre deux immenses rideaux noirs. Le rideau qui était
derrière lui portait cette inscription pleine de doute : «
AVANT LA NAISSANCE, QU'Y A-T-IL ? » Celui qui se trouvait
devant lui : « APRÈS LA MORT, QU'Y A-T-IL ? »
Ce
dessin était accompagné d'un article qui déclarait
que l'homme ne connaît rien de l'existence qui a précédé
la naissance, et que lorsque la vie mortelle prendra fin il
entrera
fatalement dans le royaume du mystère, dont nul ne sait rien.
Le
Dr James R. Nichols a dit : « Les êtres humains
découvrent qu'ils existent sur un petit corps planétaire
qui tourbillonne à travers l'espace, mais leur origine est un
mystère déroutant. À part les chroniques
hébraïques, aucun livre, quelque ancien qu'il soit, ne
donne le moindre récit digne de considération sur la
genèse de l'homme ; et aucune
trace
sur la pierre ou le métal, aucune inscription ou
représentation dans une partie quelconque du monde ne fournit
un indice à la solution du problème obscur de l'origine
du
genre
humain. Ces visiteurs étranges des espaces célestes,
les météorites, qui sont projetés, chauffés
à blanc, sur la croûte de la terre, peuvent donner à
nos questions des réponses aussi claires que les philosophes
les plus savants. » (Whence, What, Where, p. 1)
Le
poète l'a formulé ainsi :
Une
brève saison d'amour et de rire,
De
lumière, de vie, de plaisir, de misère,
Et
l'horreur des ténèbres du dehors pour finir,
Et
la poussière retourne à la poussière.
Alors
le meilleur sera comme le pire,
Qu'on
ait aimé la vie, qu'on n'ait su que la haïr,
Tôt
ou tard, c'est ainsi que l'on doit partir.
Et
nul ne sait s'il gagne ou perd là-derrière.
(A.L.
Gordon)
Nous
pourrions ainsi continuer à exprimer nos vues sur l'homme dans
ses méditations relatives à la vie et à la mort
et ce qui était avant et ce qui peut suivre.
Une
perspective plus encourageante S'il est vrai que nous devons tous
finalement passer par le mystère du tombeau, « d'où
nul voyageur ne peut revenir », comme le dit Léhi,
néanmoins, grâce aux miséricordes du Seigneur,
nous avons une perspective plus rassurante et plus joyeuse que celle
qu'expriment ici ceux qui ne sont pas guidés par l'Esprit de
l'Évangile.
Nous
connaissons beaucoup de choses sur la vie qui a précédé
notre naissance mortelle ici-bas. Nous comprenons beaucoup de choses
sur la vie qui suivra la dissolution du corps. « Si c'est dans
cette vie seulement que nous espérons en Christ, a dit Paul,
nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. » Tous les
hommes aiment la vie ; c'est le grand don que Dieu a fait à
toute créature.
Même
les insectes se battent pour la vie et se protègent de leurs
ennemis mortels. Le désir de vivre est un don inhérent
qui nous vient de Dieu ; il est vrai qu'il en est qui espèrent
qu'il n'y a pas de vie après la mort ; mais, nous pouvons le
dire sans risquer de nous tromper, seuls les corrompus qui craignent
de devoir affronter le châtiment de leurs pratiques perverses.
Ceux
qui vivent dans la justice comprendront pleinement les paroles de
Ruskin : « Il n'est pas d'autre richesse que la Vie — la
Vie avec toutes ses capacités
d'amour,
de joie et d'admiration. »
Montgomery
exprime en ces termes le désir d'obtenir la vie immortelle :
Et
quel est celui qui, ayant une fois existé,
Pourrait
supporter l'idée de ne plus être ?
Et
pourtant, qui pourrait la scène retrouver,
Que
dans une vie antérieure il put connaître ?
Nous
avons vécu autrefois en la présence de Dieu
Lorsqu'Adam
fut placé sur cette terre toutes ses connaissances antérieures
lui furent enlevées. Cependant le Seigeur nous a révélé
qu'Adam avait vécu auparavant et avait
eu
des expériences lorsqu'il était Michel, le grand prince
qui fut choisi pour se tenir à la tête de la famille
humaine sur cette terre, en qualité d'Ancien des Jours.
Nous
aussi, nous avons eu des expériences et nous avons vécu
dans la présence de Dieu, où nous marchions par la vue.
Lorsque nous sommes venus en ce monde, nous avons, d'une manière
semblable, tout oublié et avons dû recommencer à
zéro. Dans cette vie nous devons marcher par la foi, et non
par la vue, et les bénédictions de la présence
directe du Père nous sont refusées.
Cest
maintenant qu'est le jour de notre épreuve En dépit de
cela, et du fait que le voile est jeté de part et d'autre, le
Seigneur, dans sa tendre miséricorde pour nous et dans sa
providence a envoyé d'auprès de sa présence ses
messagers pour nous donner les instructions nécessaires afin
que, si nous sommes fidèles, nous soyons finalement à
même de rentrer dans sa présence. Si nous ne sommes pas
fidèles et ne sommes pas disposés à écouter
la voix de ses messagers ou de demander les directives de l'Esprit,
qu'il a promis de donner à tous ceux qui le cherchent
diligemment, alors nous sommes sans excuse. Comme l'or qui se trouve
dans le creuset nous devons être mis à l'épreuve,
mais les rebuts seront rejetés.
«
Mais voici, je vous dis que moi, le Seigneur Dieu, je donnai à
Adam et à sa postérité de ne pas mourir quant à
la mort temporelle, avant que moi, le Seigneur Dieu, j'eusse envoyé
des anges pour leur déclarer la repentance et la rédemption
par la foi au nom de mon Fils unique.
«
Et c'est ainsi que moi, le Seigneur Dieu, j'ai fixé à
l'homme les jours de son épreuve — afin que par sa mort
naturelle, il soit ressuscité dans l'immortalité pour
la vie éternelle, à savoir tous ceux qui croiront.
«
Et ceux qui ne croient pas, pour la damnation éternelle ; car
ils ne peuvent pas être rachetés de leur chute
spirituelle, parce qu'ils ne se repentent pas. » (D&A
29:42-44)
Nous
ne sommes pas abandonnés, contrairement à ce que dit le
caricaturiste, pour tâtonner dans la confusion sans aucune
donnée sur ce qui s'est passé auparavant, ou sur ce qui
viendra plus tard. La connaissance que nous avons de ce qui s'est
passé et de ce qui viendra plus tard constituera, en partie,
les thèmes de leçons futures.
Intelligences
organisées
Lord
Kelvin — Sir William Thompson — éminent
mathématicien et physicien anglais, a dit : « Nous
croyons tous avec assurance qu'il y a actuellement, et qu'il y a
depuis des temps immémoriaux de nombreux univers de vie en
plus du nôtre. »
Il
semble impossible que l'on puisse jamais mettre cette vérité
en doute lorsque l'on regarde l'univers par une nuit sans nuages et
que l'on voit les soleils innombrables, que nous appelons étoiles,
envoyer leurs rayons de lumière dans les espaces lointains.
Lorsque
l'on contemple l'immensité de l'univers et les millions
d'étoiles que l'on connaît et que l'on a enregistrées
maintenant, la pensée surgit tout naturellement dans l'esprit
de la plupart d'entre nous que tout ceci est bien l'oeuvre de Dieu,
et a été créé dans un but qui lui est
propre.
Comment
l'homme peut-il, lorsqu'il contemple les gloires des cieux, tirer la
conclusion qu'il n'y a pas de main directrice, pas d'Autorité
Suprême, qui contrôle et gouverne ? En outre, comment
peut-il croire que toute cette multitude vaste et ordonnée de
mondes a pu être créée sans un dessein bien
déterminé ?
C'est
à bon droit que le Psalmiste a dit :
Les
cieux racontent la gloire de Dieu,
Et
l'étendue manifeste l'oeuvre de ses mains.
Le
jour en instruit un autre jour,
La
nuit en donne connaissance à une autre nuit.
Ce
n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles
Dont
le son ne soit point entendu. (Psaumes 19:1-3)
Il
est évident qu'il n'est pas de lieu sur la terre où la
manifestation de la gloire et de la grandeur du Père Suprême
et Éternel n'est pas révélée aux
habitants grâce au ciel ordonné et magnifique.
Pourquoi
les mondes sont créés
Ces
vastes mondes, dont beaucoup sont des milliers de fois plus grands en
circonférence que notre soleil, n'ont certainement pas été
créés uniquement pour montrer aux habitants de ce monde
la gloire de Dieu, mais, et c'est ce que nous sommes amenés à
croire avec certitude, chacun est lui-même le centre et le
corps qui gouverne de nombreux mondes où la vie abonde.
Dans
son Essay on Man, Alexander Pope a dit la vérité en
cette langue poétique :
Celui
qui du ciel peut sonder l'immensité,
Voir
monde après monde un univers composé,
Et
des systèmes l'enchaînement sans pareil,
Les
planètes dans leurs courses autour des soleils,
Les
êtres divers qui peuplent chaque étoile,
Peut
de notre origine lever le voile.
Lorsque
Pope écrivit ces lignes il ne savait pas qu'il y en avait eu
parmi les hommes qui avaient sondé l'immensité du ciel
pour voir « monde après monde » et apprendre ce
qui en concernait les habitants. Grâce à la miséricorde
du Seigneur, tel a été le cas.
Lorsque
l'homme débile commence à faire, sur l'univers et ses
habitants, des déductions basées uniquement sur les
expériences auxquelles notre vie mortelle est sujette, il est
certain de commettre des erreurs.
Si
la baleine au milieu de l'océan pouvait raisonner, on pourrait
l'entendre dire qu'il ne peut exister de vie en dehors de l'abîme
liquide. On pourrait entendre le lézard du désert dire
qu'aucune créature ne pourrait vivre en dehors des sables
brûlants. Si nous devions conclure que toutes les créatures
de l'immense univers sont soumises aux lois de notre monde, nous
serions aussi ridicules que la baleine ou le lézard.
Le
Seigneur montra à Abraham les grands corps célestes. Il
les vit tourbillonner dans l'espace dans leur majesté et dans
un ordre parfait. Certains furent placés pour gouverner,
d'autres
pour obéir, mais il y avait des rapports entre eux. Le Maître
Divin lui enseigna à comprendre leurs termes et leurs saisons
et le but de leur création.
À
une époque ultérieure, le Seigneur donna des
instructions semblables à Moïse et lui dit :
Et
j'ai créé des mondes sans nombre ; et je les ai
également créés dans un dessein qui m'est
propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon
Fils unique... Ils sont nombreux et l'homme ne peut les compter ;
mais ils me sont comptés, car ils sont miens. Et lorsqu'une
terre et ses deux passeront [c.-ù-d. vers la gloire qui leur
est destinée], une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à
mes oeuvres ni à mes paroles. Car voici mon oeuvre et ma
gloire : réaliser l'immortalité et la vie éternelle
de l'homme. » (Moïse 1:3. 37-39)
Cette
Écriture nous laisse donc entendre que le Seigneur a crée
ces mondes innombrables pour y placer des enfants afin que ceux-ci y
obtiennent finalement l'immortalité et la vie éternelle,
ceci étant sa grande oeuvre et sa gloire. Ainsi, il est erroné
de la part de l'homme de dire que seule une partie infinitésimale
de l'univers convient pour être la demeure de l'homme. Il n'est
pas vrai non plus que la vie n'est qu'un sous-produit de l'univers
comme certains savants l'ont dit. Le passage de la section 76 que
nous avons déjà cité nous apprend d'une manière
concluante que les habitants de ces mondes innombrables sont fils et
filles de Dieu.
Les
intelligences furent organisées avant que le monde ne fût
formé
Voilà
ce que nous savons des habitants de l'univers ; mais le Seigneur,
dans sa sagesse, a limité notre connaissance surtout à
notre minuscule planète. « Mais je ne te donne que
l'histoire
de cette terre et de ses habitants », dit le Seigneur à
Moïse. Les connaissances que nous avons de cette terre et de ses
habitants ne se limitent pas à l'existence mortelle
actuelle.
Le Seigneur apprit à ses anciens prophètes qu'il y
avait beaucoup d'intelligences (esprits d'hommes) et qu'elles avaient
été organisées avant que ne fût formé
le monde dans lequel nous vivons maintenant.
Parmi
ces intelligences « il y en avait beaucoup de grandes et de
nobles ». En outre, de
même
que l'on peut trouver parmi les « mondes innombrables »
une obéissance et un ordre parfaits, chacun accomplissant sa
mission selon la loi, de même parmi ces intelligences d'esprits
régnaient l'ordre et l'obéissance.
Dans
le monde prémortel nous fûmes instruits de toutes les
choses qui ont trait à la vie qui pouvaient nous être
données dans la préexistence. Les hommes furent
organisés d'une manière semblable à notre
organisation ici dans le royaume de Dieu. Parmi les esprits
des
hommes il y avait des intelligences supérieures choisies pour
remplir des postes d'autorité. L'homme reçut le libre
arbitre afin d'agir par lui-même, et cependant nous marchions
par la vue dans la présence de notre Père éternel.
C'est lui et son Fils Jésus-Christ qui nous enseignèrent
et nous donnèrent de la connaissance.
Le
privilège de la mortalité
Dans
cet état précédent on nous présenta le
grand plan du salut, et nous attendîmes pleins d'espoir le
temps encore futur où nous pourrions venir dans la mortalité,
sachant que la perfection ne pouvait venir en aucune autre manière.
Mais la recherche du chemin de la perfection s'accompagnait de
dangers. Il fut révélé, dans la vie
pré-mortelle, que l'homme serait mis à l'épreuve
tandis qu'il était sur la terre. Il serait placé au
milieu de la justice et du péché. Il devrait affronter
les tentations avec toutes leurs ruses séduisantes. Beaucoup
céderaient aux charmes de l'ennemi de la vérité
et n'atteindraient donc pas la vie parfaite, mais ceux qui gardaient
ce deuxième état seraient bénis de la gloire de
la vie éternelle et trouveraient le chemin de la perfection.
Une
doctrine scripturaire rétablie
Les
Écritures révèlent que nous avons eu une
existence prémortelle et avons demeuré dans la présence
de notre Père éternel et de son Fils Jésus-Christ.
Cette doctrine se trouve dans la Bible, mais dans la forme mutilée
actuelle dans laquelle cette doctrine nous est parvenue dans ce
volume, il est difficile à ceux qui n'ont pas été
éclairés par d'autres révélations de la
comprendre.
Les
membres de l'Église ont de la chance à ce point de vue,
car le Seigneur a expliqué très clairement le principe
de la préexistence dans les révélations qui ont
été données par le ministère du prophète
Joseph Smith. C'est une doctrine raisonnable, comme le sont tous les
principes de l'Évangile. Cela doit certainement frapper tous
les hommes du sentiment qu'elle est vraie ; et cependant il en est
très peu dans le monde qui l'acceptent.
Beaucoup
croient que l'esprit est créé au moment ou vers le
moment de la naissance ici-bas. On croit très généralement
en la doctrine de l'existence d'un esprit éternel habitant le
tabernacle mortel, et l'on croit également que l'esprit
continue à vivre après la mort du
corps.
Il est étrange qu'étant donné cette doctrine
généralement acceptée un si petit nombre de
personnes croient que l'homme ait existé avant que ce monde ne
soit formé.
Les
esprits étaient innocents au commencement
Le
poète Wordsworth entrevoyait cette doctrine éternelle
lorsqu'il écrivit ce qui suit :
Notre
naissance n'est qu'un sommeil et un oubli ;
L'âme
qui s'élève avec nous, étoile de notre vie,
A
pris ailleurs son départ
Et
vient de bien loin ;
Nous
n'avons pas complètement oublié
Et
nous ne sommes pas entièrement nus,
C'est
en traînant des nuées de gloire que nous venons
De
Dieu, qui est notre foyer.
(Ôde
on the Intimations of immortality, traduction littérale)
Comme
le dit le poète, il peut y avoir des moments où des
éclairs de souvenir de ces temps anciens nous reviennent, mais
le Seigneur, pour une bonne raison, nous a ôté la
mémoire
de ce monde d'esprit. Dans la présence du Père nous
marchions par la vue. Nous nous reposions sur lui, acceptions ses
avis et nous réjouissions de sa présence et de celle de
son Fils bien-aimé.
«
Et maintenant, en vérité, je vous le dis », dit
notre Rédempteur, « j'étais au commencement avec
le Père et je suis le Premier-Né. Et tous ceux qui sont
engendrés
par
mon intermédiaire [c'est-à-dire qui acceptent
l'Évangile] participent à la même gloire et sont
l'Eglise du Premier-Né. Vous étiez aussi au
commencement avec le Père ; ce qui est
Esprit,
à savoir l'Esprit de vérité... l'esprit de
chaque homme était innocent au commencement et Dieu ayant
racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur
première enfance, innocents devant Dieu. » (D&A
93:21-23, 38)
Nous
avons aspiré à une plénitude de joie
Cette
révélation nous permet de découvrir qu'au
commencement les esprits de tous les hommes étaient innocents.
Quel état heureux cela a dû être ! Mais il ne
devait pas continuer éternellement. En fait, nous ne pouvions
jouir d'un bonheur plein, ou d'une joie pleine, parce que notre
esprit n'avait pas reçu son tabernacle de chair lequel lui
permet de devenir parfait. Le Seigneur dit : « Car l'homme est
esprit. Les éléments sont éternels, et l'esprit
et l'élément [ou corps], inséparablement liés,
reçoivent une plénitude de joie ; et lorsqu'ils sont
séparés, l'homme ne peut recevoir la plénitude
de joie. » (D&A 93:33-34)
Il
est donc impossible aux esprits préexistants de recevoir une
plénitude de joie. Il nous est également impossible
dans cette vie mortelle de recevoir une plénitude de joie,
parce
que
l'esprit et le corps ne sont pas inséparablement liés.
Présentation
du plan de la vie éternelle
Il
fallait donc qu'un changement se produisît. Des préparatifs
furent faits pour que nous traversions cette épreuve mortelle,
recevant le tabernacle de chair afin de continuer notre chemin vers
la perfection. Pour produire ce changement et nous donner les
bénédictions supplémentaires, il fallait que
nous entrions également en contact avec la douleur, la
tentation et le péché.
Dans
le monde des esprits nous ne pouvions subir la douleur physique et
comprendre les états divers qui sont à la vie mortelle.
Pour que nous connaissions tout cela, il fallait que nous en fassions
l'expérience. Par conséquent, le Père, par
l'intermédiaire de son Fils, nous révéla le plan
de salut. L'objectif de l'existence nous fut expliqué en un
grand conseil qui se tint dans les cieux.
On
nous apprit que lorsque nous viendrions dans le monde actuel nous
devrions souffrir
les
maux de la mortalité. Entre autres maux nous aurions les
épreuves et les tentations, et seuls ceux qui étaient
disposés à respecter l'alliance du Seigneur — qui
nous serait donnée ici — auraient le privilège de
rentrer en sa présence.
Il
nous fut dit que beaucoup échoueraient parce qu'ils céderaient
au péché et rejetteraient les avis du Père, car
l'exaltation ne pouvait être conférée qu'au
mérite. Nous aurions la liberté d'action, et par
conséquent chacun aurait le privilège de choisir par
lui-même s'il garderait les commandements du Seigneur ou s'il
se révolterait et suivrait le péché. Cependant,
tous seraient récompensés selon leurs oeuvres et
seraient échelonnés en conséquence.
Nous
apprenons que dans ce grand conseil, lorsque le plan fut présenté,
nous nous réjouîmes, « tous les fils de Dieu
poussèrent des cris de joie » (Job 38:7).
En
présentant le plan, le Sauveur dit « à ceux qui
étaient avec lui : Nous descendrons, car il y a de l'espace
là-bas, nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons
une terre sur laquelle ceux-ci pourront habiter ; nous les mettrons
ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils feront tout ce que
le Seigneur, leur Dieu, leur commandera ; ceux qui gardent leur
premier état recevront davantage ; ceux qui ne gardent pas
leur premier état n'auront point de gloire dans le même
royaume que ceux qui gardent leur premier état ; et ceux qui
garderont leur second état recevront plus de gloire sur leur
tête pour toujours et à jamais. » (Abraham
3:24-26)
Révolte
dans les cieux
Ainsi
donc, le plan fut présenté, mais, chose triste à
dire, il ne fut pas approuvé par tous les esprits. Lucifer,
fils du Matin, qui remplissait un poste de confiance et d'une très
grande
responsabilité,
refusa d'accepter le plan. Ésaïe dit de lui : « Te
voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore !
Tu es abattu à terre, toi le vainqueur des nations ! Tu disais
en
ton
coeur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône
au-dessus des étoiles de Dieu ; je m'assiérai sur la
montagne de l'assemblée, à l'extrémité du
septentrion ; je monterai sur
le
sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. »
(Ésaïe 14:12-14)
Le
Seigneur donna à Moïse un récit plus détaillé
de cette révolte. Lorsqu'il fut révélé
que l'homme tomberait et que par conséquent il faudrait un
Rédempteur, et que certains des
esprits
seraient perdus du royaume de Dieu, on envisagea la nomination de ce
Rédempteur. Et le Seigneur dit à Moïse :
«
Ce satan que tu as commandé au nom de mon Fils unique, est
celui-là même qui était dès le
commencement, et il vint devant moi disant — Me voici,
envoie-moi, je serai ton Fils et je rachèterai toute
l'humanité, de sorte que pas une âme ne sera perdue, et
je le ferai certainement ; c'est pourquoi donne-moi ton honheur.
«
Mais, voici mon Fils Bien-Aimé, qui était mon Bien-Aimé
et mon Élu depuis le commencement, me dit : Père, que
ta volonté soit faite, et que la gloire t'appartienne à
jamais.
«
C'est pourquoi, parce que Satan s'était révolté
contre moi, qu'il avait cherché à détruire le
libre arbitre de l'homme, que moi, le Seigneur Dieu, je lui avais
donné, et aussi parce qu'il voulait que je lui donne mon
pouvoir, par le pouvoir de mon Fils unique, je le fis
précipiter
du ciel ; et il devint Satan, oui, à savoir le diable, le père
de tous les mensonges, pour tromper et aveugler les hommes, et mener
captifs à sa volonté tous ceux qui ne voudraient pas
écouter ma voix. (Moïse 4:1-4)
Ce
même Lucifer vit également que le tiers des armées
du ciel le suivirent, et il devint Perdition, et ceux qui le
suivirent sont appelés fils de Perdition parce qu'ils sont en
révolte
contre
le Père et que le privilège de recevoir un corps leur
est refusé parce qu'ils n'ont pas conservé leur premier
état. Jude a écrit à leur sujet : « Il les
a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés
éternellement dans les ténèbres, les anges qui
n'ont pas gardé leur dignité [leur premier état],
mais qui ont abandonné leur propre demeure. (Jude 1:6)
Ils
cherchent à détourner les hommes du bon chemin
Entre-temps
leur mission se situe ici-bas, et elle est de tenter et d'éprouver
l'humanité, et dans la violence de leur méchanceté
ils s'efforcent de détruire l'oeuvre du Seigneur et de mener
les âmes des hommes à la destruction et à la
misère avec eux-mêmes. Mais ils ont peu de temps.
Bientôt Satan sera lié et il n'aura pas le pouvoir de
tenter aucun homme
(D&A
101:28). Mais les justes demeureront dans la présence de
l'Agneau et participeront à la plénitude de sa gloire.
La
préparation prémortelle
Il
semble régner dans une grande partie de ce qu'on appelle le
monde chrétien cette idée étrange que les plans
du Père furent déjoués par Satan lors de la
tentation d'Adam qui provoqua la chute de l'homme. Les
ecclésiastiques ont beaucoup écrit et parlé du
terrible péché que fut la chute, et ont expliqué
que ce monde aurait continué à exister, peuplé
de myriades d'habitants vivant dans une paix et un bonheur constants,
si Adam n'avait pas transgressé.
Selon
le plan divin
Pareille
croyance semble très étrange à tous les membres
de l'Église, car les Écritures déclarent que le
Père connaissait la fin dès le commencement.
Souvenez-vous
de ce qui s'est passé dès les temps anciens. Car je
suis Dieu, et il n'y en a point d'autre. Je suis Dieu, et nul n'est
semblable à moi. J'annonce dès le commencement ce qui
doit arriver, et longtemps d'avance ce qui n'est pas encore accompli.
Je dis : mes arrêts subsisteront et j'exécuterai toute
ma volonté. » (Ésaïe 46:9-10)
Non
seulement cette terre fut préparée comme un architecte
prépare son bâtiment mais sa destinée tout
entière et la destinée de ses habitants furent étudiées
et étaient connues
du
grand Architecte, avant que ses pierres de fondation ne fussent
posées. Notre Père éternel ne faisait pas une
expérience lorsque ce monde se mit à exister. Il ne
vint pas par hasard.
Ce
n'est pas la première de ses créations. Des millions et
des millions de mondes semblables au nôtre étaient déjà
nés avant notre terre. Chaque étape faite le fut selon
un plan divin, et ce plan était un plan éternel qui
avait été suivi dans la construction d'autres mondes
innombrables pour l'homme.
Le
plan du salut avait été donné dans d'autres
mondes. Nous interprétons ici-bas des scènes bien
connues ; des scènes qui sont neuves pour tous les mortels,
mais qui sont bien connues du Père et du Fils (voir Moïse
1:33, 37-38).
Divers
degrés de progression
Nous
avons appris, grâce à ce que le Seigneur a dit à
Abraham, que les esprits de la préexistence étaient
parvenus à divers degrés de progrssion. C'est-à-dire
que certains étaient plus intelligents que d'autres, certains
plus fidèles, tandis que d'autres allèrent
jusqu'à
se révolter et perdirent leur situation et le privilège
de recevoir le deuxième état.
Voici
ce que dit le Seigneur : « S'il y a deux esprits, et que l'un
soit plus intelligent, cependant ces deux esprits, bien que l'un soit
plus intelligent que l'autre, n'ont pas de commencement ; ils ont
existé avant, ils n'auront pas de fin, ils existeront après,
car ils sont gnolaum, ou éternels. Le Seigneur me dit : ces
deux faits existent vraiment, que, de deux esprits, l'un est plus
intelligent que l'autre ; il y en aura un plus intelligent qu'eux ;
Je
suis
le Seigneur, ton Dieu, je suis plus intelligent qu'eux tous. »
(Abraham 3:18-19)
Il
est également révélé que le tiers des
armées des deux se rebellèrent et suivirent Lucifer.
«... car voici le diable était avant Adam et se révolta
contre moi, disant : Donne-moi ton honneur, qui est mon pouvoir ; et
il détourna également de moi un tiers des armées
du ciel à cause de leur libre arbitre, et ils furent
précipités du ciel et devinrent ainsi le diable et ses
anges. » (D&A 29:36-37)
Parmi
ceux qui tombèrent il dut y avoir des intelligences
supérieures. Lucifer lui-même était de cette
espèce, et c'est à cause de cela qu'il fut capable
d'influencer tant de ses congénères.
Certains
ont péché avant la naissance
La
doctrine que l'homme pouvait pécher avant sa naissance, et le
fit dans de nombreux cas, était bien comprise dans les temps
anciens. Nous avons l'exemple de la question
posée
au Sauveur concernant l'aveugle-né : « Jésus vit,
en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent
cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses
parents, pour qu'il soit né aveugle ? » (Jean 9:1-2).
Si
cette question avait été incongrue et la doctrine
fausse, le Sauveur l'aurait corrigée en disant : « Vous
êtes dans l'erreur, car nul ne pouvait pécher avant sa
naissance », ce que le Seigneur ne fit pas, mais sembla
sous-entendre dans sa réponse qu'il confirmait la doctrine : «
Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais
c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui.
»
Aucune
Écriture ne prouve qu'il y ait eu un choix pré-mortel
Les
Écritures ne justifient cependant pas la croyance que nous
avons eu le privilège de choisir nos parents et le compagnon
ou la compagne de notre vie dans le monde des esprits. Cette croyance
a été avancée par certains, et il est possible
que dans certains cas elle soit vraie, mais il faudrait un effort
beaucoup trop grand de l'imagination pour croire qu'il en soit ainsi
dans tous les cas ou même dans la majorité d'entre eux.
Ce qui est le plus vraisemblable, c'est que nous sommes venus là
où ceux qui avaient l'autorité ont décidé
de nous envoyer. Il est probable que nous n'avons pu exercer notre
libre arbitre au point de pouvoir choisir nos parents et notre
postérité.
Échos
de l'éternité
Un
aspect intéressant de cette question est commenté par
frère Orson F. Whitney. Je le cite :
«
Pourquoi sommes-nous attirés vers certaines personnes, et
elles vers nous, comme si nous nous étions toujours connus ?
Est-ce vraiment la réalité ? Y a-t-il après tout
quelque chose dans ce terme dont on a tant abusé, «
l'affinité », et est-ce là la base de ses
prétentions ? En tout cas, il est tout aussi logique de se
remémorer des fréquentations chères que de les
espérer avec plaisir.
«
Nous croyons que les liens qui ont été formés
dans cette vie se poursuivront dans la vie à venir ; alors
pourquoi ne pas croire que nous avions des liens semblables avant de
venir dans le monde, et que certains d'entre eux au moins ont été
repris dans cet état d'existence ?
«
Après avoir rencontré quelqu'un que je n'avais encore
jamais vu sur la terre, je me suis demandé pourquoi la tête
de cette personne me semblait si connue. Plus d'une fois, en
entendant exprimer un sentiment noble, je me suis aperçu,
quoique incapable de me souvenir de l'avoir jamais entendu
jusqu'alors, que j'étais en accord avec lui, ému par
lui,
et
j'ai eu l'impression de l'avoir toujours connu. Il en va de même
de certains airs de musique ; ils sont comme des échos de
l'éternité. Je ne veux pas dire que dans tous ces cas
il y ait eu une connaissance préalable, mais ce sont des
questions qui se posent lorsqu'une pensée en suggère
une autre.
«
Lorsqu'on en vient à l'Évangile, je suis plus
affirmatif. Pourquoi le Sauveur a-t-il dit : « Mes brebis
connaissent ma voix ? » Une brebis a-t-elle jamais connu la
voix de son berger sans avoir jamais entendu cette voix auparavant ?
Ceux qui aiment la Vérité, ceux qu'elle attire le plus
— ne la connaissaient-ils pas dans une vie antérieure ?
Je pense que oui. Je crois que nous connaissions l'Évangile
avant de venir ici, et que c'est cela qui lui donne un air de
connaissance. »
Nos
expériences précédentes guident nos préférences
dans la vie
Le
président Joseph F. Smith a dit à frère Whitney
:
«
Je fais de tout coeur miens vos sentiments concernant la communauté
d'humeur des esprits. Notre connaissance des gens et des choses avant
de venir ici, combinée à la divinité éveillée
en notre âme par l'obéissance à l'évangile
qffecte puissamment, à mon avis, nos préférences
et nos aversions, et guident nos préférences au cours
de cette
vie,
à condition que nous fassions soigneusement attention aux
exhortations de l'Esprit.
«
Toutes ces vérités saillantes qui s'imposent tellement
à la tête et au coeur ne semblent être que l'éveil
des souvenirs de l'esprit. Pouvons-nous connaître ici quelque
chose que nous n'avons pas connu avant de venir ? Les moyens de
connaissance du premier état ne sont-ils pas égaux à
ceux de celui-ci ? Je pense que l'esprit, avant et après cette
épreuve, possède des facilités plus grandes,
oui, de nombreuses fois plus grandes, d'acquérir de la
connaissance, que pendant qu'il est enchaîné et enfermé
dans la prison de la mortalité.
«
Je crois que notre Sauveur possédait la prescience de toutes
les vicissitudes qu'il devrait traverser dans le tabernacle mortel.
Si le Christ savait à l'avance, nous aussi. Mais en venant
ici, nous avons tout oublié, afin que notre libre arbitre soit
total de choisir le bien ou le mal, afin que nous méritions la
récompense de notre propre choix et de notre propre conduite.
Mais par le pouvoir de l'Esprit, dans la rédemption du Christ,
par l'obéissance, nous saisissons souvent une étincelle
des souvenirs éveillés en l'âme immortelle, qui
éclaire notre être tout entier de ce que l'on pourrait
appeler la gloire de notre demeure précédente. (Era,
vol. 23, p. 101 ; Doctrine de l'Évangile, p. 10-11)
Désignation
préalable à une nation ou à une tribu
Notre
place parmi les tribus et les nations nous a de toute évidence
été fixée par le Seigneur. Les Écritures
déclarent qu'il y a eu une affectation de ce genre avant le
commencement de la vie terrestre. Certains esprits furent choisis
pour venir par le
lignage
d'Abraham, et ce choix se fit au commencement. Les conseils des cieux
firent également d'autres choix et déterminèrent
les nations.
Lorsque
Paul parla sur l'Aréopage, il dit aux Athéniens : «
Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards
extrêmement religieux. Car, en parcourant votre ville et en
considérant les objets de votre dévotion, j'ai même
découvert un autel avec cette inscription : À UN DIEU
INCONNU ! Ce que vous révérez sans le connaître,
c'est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce
qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre,
n'habite point dans des temples faits de main d'homme ; il n'est
point servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi
que ce soit, lui qui donne
à
tous la vie, la respiration, et toutes choses. Il a fait que tous les
hommes, sortis d'un seul sang, habitassent sur toute la surface de la
terre, ayant déterminé la durée des temps et les
bornes de leur demeure. » (Actes 17:22-26)
Traits
de caractère développés dans le monde des
esprits
Le
président Joseph F. Smith dit un jour : « Dans la mesure
où elles n'ont pas été corrompues par la
méchanceté, les choses de la terre sont typiques des
choses des cieux. Les cieux ont été le prototype de
notre belle création lorsqu'elle vint des mains du Créateur,
et fut déclarée ' bonne '. Les renseignements qu'il a
plu au Seigneur de nous donner confirment ce point de vue. Il n'y a
pas deux personnes qui sont semblables. Nos talents sont divers. Une
personne excelle en musique, une autre dans la peinture, une en
mathématiques, une autre dans la mécanique ou le
gouvernement. Il est courant d'entendre quelqu'un dire d'un ami : «
C'est un musicien-né » ou « c'est un
horticulteur-né ». « Je peux planter ce que je
veux, rien ne pousse », disait une de mes connaissances,
«
tout ce que mon voisin met dans la terre pousse parfaitement ».
Un artiste de talent ne fera guère un bon fermier, et un homme
qui aime la terre serait peut-être un raté en art. Le
Seigneur a dit : « Car tous ne reçoivent pas tous les
dons, car il y a de nombreux dons et chacun reçoit un don par
l'Esprit de Dieu. » (D&A 46:11)
Dans
la parabole des talents le Seigneur utilise cette expression très
significative : « Il en sera comme d'un homme qui, partant pour
un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit
ses
biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et
un au troisième, à chacun selon sa capacité. »
Sans aucun doute, ces caractéristiques sont innées en
nous. En d'autres termes, nous avons acquis certains traits de
caractère dans le monde des esprits avant que ne commence
cette vie terrestre.
Les
plus dignes choisis comme dirigeants
Dans
cette vie-là certains montrèrent une foi et un désir
plus grand de servir le Seigneur, et c'est parmi eux que furent
choisis les dirigeants.
Le
Seigneur dit à Abraham : « De ceux-ci je ferai mes
gouverneurs. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits et
il vit qu'ils étaient bons ; et il me dit : Abraham, tu es
l(un d'eux ; tu fus choisi avant ta naissance. (Abraham 3:23)
Il
doit y avoir des dirigeants, des officiers présidents et des
gens qui sont dignes et capables de prendre les rênes. Pendant
les âges au cours desquels nous sommes demeurés dans
l'état pré-mortel nous avons non seulement acquis nos
caractéristiques
respectives
et montré notre dignité et nos capacités, ou
leur absence, mais nous nous sommes également trouvés à
l'endroit où ces progrès pouvaient être observés.
Il
est raisonnable de croire que l'Église était organisée
là-bas. Les êtres célestes vivaient dans une
société parfaitement policée. Chacun connaissait
sa place. Il ne fait aucun doute que la prêtrise avait été
conférée et les dirigeants choisis pour officier. Les
ordonnances relatives à cette préexistence étaient
exigées et l'amour de Dieu régnait. Dans ces conditions
il était naturel que notre Père du ciel choisisse ceux
qui étaient le plus dignes
et
évalue le talent de chaque individu. Il ne savait pas
seulement ce que chacun de nous pouvait faire, mais également
ce que chacun de nous ferait lorsqu'il serait mis à l'épreuve
et lorsque de la responsabilité lui serait donnée.
Puis,
lorsque le temps vint pour nous d'habiter sur la terre mortelle, tout
fut préparé et les serviteurs du Seigneur choisis et
ordonnés pour leurs missions respectives. Paul dit aux saints
d'Éphèse : « Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a
bénis
de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les
lieux célestes en Christ ! En lui Dieu nous a élus
avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et
irrépréhensibles devant lui. » (Éph.
1:3-4)
Ordonnés
aux missions les plus importantes
C'est
parce que le Père comprenait ces caractéristiques et
les capacités des esprits qu'il avait devant lui, qu'il fut à
même de choisir ses dirigeants tandis qu'il « se tenait
au milieu
d'eux
» avant que la terre ne naquît. Non seulement le Christ
fut choisi pour être l'Agneau qui devrait être immolé,
mais Adam fut choisi pour se tenir à la tête et fut
appelé « Michel,
le
prince » et reçut les clés du salut « sur
l'ordre et sous la direction du Très Saint, qui n'a ni
commencement ni fin ».
Frère
Orson F. Whitney, dans son poème épique, Élias,
a très joliment dépeint le choix de notre Rédempteur
et l'appel d'Adam, en ces mots émouvants :
Une
stature qui mêlait la force à la grâce
D'un
aspect doux quoique divin,
La
gloire de sa personne
Faisait
pâlir l'éclat de midi.
Ses
cheveux étaient plus blancs que l'écume de la mer,
Ou
que la neige de la colline alpestre.
Il
parla : —l'attention se fit plus grave,
Le
silence encore plus muet.
«
Père ! » — la voix s'envolait comme de la musique,
Aussi
claire que le cours murmurant
Du
ruisselet de montagne tombant goutte à goutte
Des
sommets de neige vierge.
«
Père », disait-elle, « puisque quelqu'un doit
mourir,
Pour
racheter tes enfants,
Tandis
que la terre, encore informe et vide,
Abondera
en vie palpitante;
Et
que le puissant Michel, le premier à tomber,
Peut
être cet homme mortel,
Et
que tu dois envoyer un Sauveur choisi,
Me
voici : envoie-moi !
Je
ne demande pas de récompense,
Si
ce n'est ce qui m'appartiendra alors ;
À
moi le sacrifice consentant,
À
toi la gloire éternelle. »
(Traduction
littérale)
Nous
lisons dans les Écritures qu'Ésaïe, Jérémie
et d'autres furent appelés avant leur naissance à être
prophètes pour Israël et pour les nations. Il en est
également ainsi de tous les prophètes d'Adam à
nos jours. La mission de Joseph Smith fut révélée
à Joseph, fils de Jacob, tandis qu'il demeurait en Égypte,
des centaines d'années avant la naissance de la nation
israélite. Non seulement l'oeuvre de Joseph Smith fut
annoncée, mais il fut, lui aussi, nommé, et son père
avant lui, par ce fils fidèle de Jacob, qui, par son
intégrité, se vit conférer à jamais la
bénédiction du droit d'aînesse en Israël.
Le
Seigneur donna sa confiance implicite à Job et savait que Job
ne l'abandonnerait pas. Comment savait-il cela ? Non pas simplement
par les caractéristiques que Job avait révélées
en ce bas monde, mais grâce aux années innombrables de
fréquentation dans l'état préexistant lorsque
cet homme digne d'autrefois prouva sa patience dans la présence
du Seigneur.
Le
« Père des Fidèles »
Quel
merveilleux compliment pour Abraham : « Car je l'ai choisi,
afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après
lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture
et la justice, et qu'ainsi l'Éternel accomplisse en faveur
d'Abraham les promesses qu'il lui a faites. » (Genèse
18:19)
On
pouvait dire cela d'Abraham parce qu'on le savait « fidèle
» lorsqu'il se tenait au milieu des intelligences avant que le
monde fût, car c'est là qu'il fut choisi comme un des
grands qui seraient gouverneurs sur la terre.
L'appel
supérieur
Lorsque
nous envoyons des missionnaires dans le monde ils sont ordonnés
et mis à part pour cette oeuvre. Certains s'en vont avec notre
pleine et entière confiance. Nous savons qu'ils ne failliront
pas car leur intégrité est connue. D'autres qui s'en
vont avec la même mise à part peuvent ne pas partager
notre confiance au même titre. Il en va de même des
esprits qui viennent sur la terre. Tous sont ordonnés, et mis
à part, pour leur mission mortelle.
Tous
ne sont pas appelés à être prophètes
auprès des nations. Cyrus fut appelé et nommé
par Ésaïe plus de cent ans avant sa naissance. Le
Seigneur l'appela son « serviteur » parce qu'il avait une
oeuvre à lui faire faire ; ce n'était pas dans la
Prêtrise, mais comme gouverneur civil, pour promouvoir les
desseins du Seigneur.
La
réception d'un appel dans le royaume de Dieu est ô
combien supérieure !
(Source : Joseph Fielding Smith, Le chemin de la perfection)