L'existence prémortelle


Joseph Fielding Smith




Il n'y a pas longtemps, un caricaturiste représentait un homme dans la vie mortelle comme un vagabond solitaire qui avançait en tâtonnant, tout égaré, le long d'un sentier étroit entre deux immenses rideaux noirs. Le rideau qui était derrière lui portait cette inscription pleine de doute : « AVANT LA NAISSANCE, QU'Y A-T-IL ? » Celui qui se trouvait devant lui : « APRÈS LA MORT, QU'Y A-T-IL ? »

Ce dessin était accompagné d'un article qui déclarait que l'homme ne connaît rien de l'existence qui a précédé la naissance, et que lorsque la vie mortelle prendra fin il entrera fatalement dans le royaume du mystère, dont nul ne sait rien.

Le Dr James R. Nichols a dit : « Les êtres humains découvrent qu'ils existent sur un petit corps planétaire qui tourbillonne à travers l'espace, mais leur origine est un mystère déroutant. À part les chroniques hébraïques, aucun livre, quelque ancien qu'il soit, ne donne le moindre récit digne de considération sur la genèse de l'homme ; et aucune trace sur la pierre ou le métal, aucune inscription ou représentation dans une partie quelconque du monde ne fournit un indice à la solution du problème obscur de l'origine du genre humain. Ces visiteurs étranges des espaces célestes, les météorites, qui sont projetés, chauffés à blanc, sur la croûte de la terre, peuvent donner à nos questions des réponses aussi claires que les philosophes les plus savants. » (Whence, What, Where, p. 1)

Le poète l'a formulé ainsi :

Une brève saison d'amour et de rire,
De lumière, de vie, de plaisir, de misère,
Et l'horreur des ténèbres du dehors pour finir,
Et la poussière retourne à la poussière.
Alors le meilleur sera comme le pire,
Qu'on ait aimé la vie, qu'on n'ait su que la haïr,
Tôt ou tard, c'est ainsi que l'on doit partir.
Et nul ne sait s'il gagne ou perd là-derrière.
(A.L. Gordon)

Nous pourrions ainsi continuer à exprimer nos vues sur l'homme dans ses méditations relatives à la vie et à la mort et ce qui était avant et ce qui peut suivre.

Une perspective plus encourageante S'il est vrai que nous devons tous finalement passer par le mystère du tombeau, « d'où nul voyageur ne peut revenir », comme le dit Léhi, néanmoins, grâce aux miséricordes du Seigneur, nous avons une perspective plus rassurante et plus joyeuse que celle qu'expriment ici ceux qui ne sont pas guidés par l'Esprit de l'Évangile.

Nous connaissons beaucoup de choses sur la vie qui a précédé notre naissance mortelle ici-bas. Nous comprenons beaucoup de choses sur la vie qui suivra la dissolution du corps. « Si c'est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, a dit Paul, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. » Tous les hommes aiment la vie ; c'est le grand don que Dieu a fait à toute créature.

Même les insectes se battent pour la vie et se protègent de leurs ennemis mortels. Le désir de vivre est un don inhérent qui nous vient de Dieu ; il est vrai qu'il en est qui espèrent qu'il n'y a pas de vie après la mort ; mais, nous pouvons le dire sans risquer de nous tromper, seuls les corrompus qui craignent de devoir affronter le châtiment de leurs pratiques perverses.

Ceux qui vivent dans la justice comprendront pleinement les paroles de Ruskin : « Il n'est pas d'autre richesse que la Vie — la Vie avec toutes ses capacités d'amour, de joie et d'admiration. »

Montgomery exprime en ces termes le désir d'obtenir la vie immortelle :

Et quel est celui qui, ayant une fois existé,
Pourrait supporter l'idée de ne plus être ?
Et pourtant, qui pourrait la scène retrouver,
Que dans une vie antérieure il put connaître ?

Nous avons vécu autrefois en la présence de Dieu

Lorsqu'Adam fut placé sur cette terre toutes ses connaissances antérieures lui furent enlevées. Cependant le Seigeur nous a révélé qu'Adam avait vécu auparavant et avait eu des expériences lorsqu'il était Michel, le grand prince qui fut choisi pour se tenir à la tête de la famille humaine sur cette terre, en qualité d'Ancien des Jours.

Nous aussi, nous avons eu des expériences et nous avons vécu dans la présence de Dieu, où nous marchions par la vue. Lorsque nous sommes venus en ce monde, nous avons, d'une manière semblable, tout oublié et avons dû recommencer à zéro. Dans cette vie nous devons marcher par la foi, et non par la vue, et les bénédictions de la présence directe du Père nous sont refusées.

Cest maintenant qu'est le jour de notre épreuve En dépit de cela, et du fait que le voile est jeté de part et d'autre, le Seigneur, dans sa tendre miséricorde pour nous et dans sa providence a envoyé d'auprès de sa présence ses messagers pour nous donner les instructions nécessaires afin que, si nous sommes fidèles, nous soyons finalement à même de rentrer dans sa présence. Si nous ne sommes pas fidèles et ne sommes pas disposés à écouter la voix de ses messagers ou de demander les directives de l'Esprit, qu'il a promis de donner à tous ceux qui le cherchent diligemment, alors nous sommes sans excuse. Comme l'or qui se trouve dans le creuset nous devons être mis à l'épreuve, mais les rebuts seront rejetés.

« Mais voici, je vous dis que moi, le Seigneur Dieu, je donnai à Adam et à sa postérité de ne pas mourir quant à la mort temporelle, avant que moi, le Seigneur Dieu, j'eusse envoyé des anges pour leur déclarer la repentance et la rédemption par la foi au nom de mon Fils unique.

« Et c'est ainsi que moi, le Seigneur Dieu, j'ai fixé à l'homme les jours de son épreuve — afin que par sa mort naturelle, il soit ressuscité dans l'immortalité pour la vie éternelle, à savoir tous ceux qui croiront.

« Et ceux qui ne croient pas, pour la damnation éternelle ; car ils ne peuvent pas être rachetés de leur chute spirituelle, parce qu'ils ne se repentent pas. » (D&A 29:42-44)

Nous ne sommes pas abandonnés, contrairement à ce que dit le caricaturiste, pour tâtonner dans la confusion sans aucune donnée sur ce qui s'est passé auparavant, ou sur ce qui viendra plus tard. La connaissance que nous avons de ce qui s'est passé et de ce qui viendra plus tard constituera, en partie, les thèmes de leçons futures.

Intelligences organisées

Lord Kelvin — Sir William Thompson — éminent mathématicien et physicien anglais, a dit : « Nous croyons tous avec assurance qu'il y a actuellement, et qu'il y a depuis des temps immémoriaux de nombreux univers de vie en plus du nôtre. »

Il semble impossible que l'on puisse jamais mettre cette vérité en doute lorsque l'on regarde l'univers par une nuit sans nuages et que l'on voit les soleils innombrables, que nous appelons étoiles, envoyer leurs rayons de lumière dans les espaces lointains.

Lorsque l'on contemple l'immensité de l'univers et les millions d'étoiles que l'on connaît et que l'on a enregistrées maintenant, la pensée surgit tout naturellement dans l'esprit de la plupart d'entre nous que tout ceci est bien l'oeuvre de Dieu, et a été créé dans un but qui lui est propre.

Comment l'homme peut-il, lorsqu'il contemple les gloires des cieux, tirer la conclusion qu'il n'y a pas de main directrice, pas d'Autorité Suprême, qui contrôle et gouverne ? En outre, comment peut-il croire que toute cette multitude vaste et ordonnée de mondes a pu être créée sans un dessein bien déterminé ?

C'est à bon droit que le Psalmiste a dit :

Les cieux racontent la gloire de Dieu,
Et l'étendue manifeste l'oeuvre de ses mains.
Le jour en instruit un autre jour,
La nuit en donne connaissance à une autre nuit.
Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles
Dont le son ne soit point entendu. (Psaumes 19:1-3)

Il est évident qu'il n'est pas de lieu sur la terre où la manifestation de la gloire et de la grandeur du Père Suprême et Éternel n'est pas révélée aux habitants grâce au ciel ordonné et magnifique.

Pourquoi les mondes sont créés

Ces vastes mondes, dont beaucoup sont des milliers de fois plus grands en circonférence que notre soleil, n'ont certainement pas été créés uniquement pour montrer aux habitants de ce monde la gloire de Dieu, mais, et c'est ce que nous sommes amenés à croire avec certitude, chacun est lui-même le centre et le corps qui gouverne de nombreux mondes où la vie abonde.

Dans son Essay on Man, Alexander Pope a dit la vérité en cette langue poétique :

Celui qui du ciel peut sonder l'immensité,
Voir monde après monde un univers composé,
Et des systèmes l'enchaînement sans pareil,
Les planètes dans leurs courses autour des soleils,
Les êtres divers qui peuplent chaque étoile,
Peut de notre origine lever le voile.

Lorsque Pope écrivit ces lignes il ne savait pas qu'il y en avait eu parmi les hommes qui avaient sondé l'immensité du ciel pour voir « monde après monde » et apprendre ce qui en concernait les habitants. Grâce à la miséricorde du Seigneur, tel a été le cas.

Lorsque l'homme débile commence à faire, sur l'univers et ses habitants, des déductions basées uniquement sur les expériences auxquelles notre vie mortelle est sujette, il est certain de commettre des erreurs.

Si la baleine au milieu de l'océan pouvait raisonner, on pourrait l'entendre dire qu'il ne peut exister de vie en dehors de l'abîme liquide. On pourrait entendre le lézard du désert dire qu'aucune créature ne pourrait vivre en dehors des sables brûlants. Si nous devions conclure que toutes les créatures de l'immense univers sont soumises aux lois de notre monde, nous serions aussi ridicules que la baleine ou le lézard.

Le Seigneur montra à Abraham les grands corps célestes. Il les vit tourbillonner dans l'espace dans leur majesté et dans un ordre parfait. Certains furent placés pour gouverner, d'autres pour obéir, mais il y avait des rapports entre eux. Le Maître Divin lui enseigna à comprendre leurs termes et leurs saisons et le but de leur création.

À une époque ultérieure, le Seigneur donna des instructions semblables à Moïse et lui dit :

Et j'ai créé des mondes sans nombre ; et je les ai également créés dans un dessein qui m'est propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon Fils unique... Ils sont nombreux et l'homme ne peut les compter ; mais ils me sont comptés, car ils sont miens. Et lorsqu'une terre et ses deux passeront [c.-ù-d. vers la gloire qui leur est destinée], une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes oeuvres ni à mes paroles. Car voici mon oeuvre et ma gloire : réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme. » (Moïse 1:3. 37-39)

Cette Écriture nous laisse donc entendre que le Seigneur a crée ces mondes innombrables pour y placer des enfants afin que ceux-ci y obtiennent finalement l'immortalité et la vie éternelle, ceci étant sa grande oeuvre et sa gloire. Ainsi, il est erroné de la part de l'homme de dire que seule une partie infinitésimale de l'univers convient pour être la demeure de l'homme. Il n'est pas vrai non plus que la vie n'est qu'un sous-produit de l'univers comme certains savants l'ont dit. Le passage de la section 76 que nous avons déjà cité nous apprend d'une manière concluante que les habitants de ces mondes innombrables sont fils et filles de Dieu.

Les intelligences furent organisées avant que le monde ne fût formé

Voilà ce que nous savons des habitants de l'univers ; mais le Seigneur, dans sa sagesse, a limité notre connaissance surtout à notre minuscule planète. « Mais je ne te donne que
l'histoire de cette terre et de ses habitants », dit le Seigneur à Moïse. Les connaissances que nous avons de cette terre et de ses habitants ne se limitent pas à l'existence mortelle
actuelle. Le Seigneur apprit à ses anciens prophètes qu'il y avait beaucoup d'intelligences (esprits d'hommes) et qu'elles avaient été organisées avant que ne fût formé le monde dans lequel nous vivons maintenant.

Parmi ces intelligences « il y en avait beaucoup de grandes et de nobles ». En outre, de même que l'on peut trouver parmi les « mondes innombrables » une obéissance et un ordre parfaits, chacun accomplissant sa mission selon la loi, de même parmi ces intelligences d'esprits régnaient l'ordre et l'obéissance.

Dans le monde prémortel nous fûmes instruits de toutes les choses qui ont trait à la vie qui pouvaient nous être données dans la préexistence. Les hommes furent organisés d'une manière semblable à notre organisation ici dans le royaume de Dieu. Parmi les esprits des hommes il y avait des intelligences supérieures choisies pour remplir des postes d'autorité. L'homme reçut le libre arbitre afin d'agir par lui-même, et cependant nous marchions par la vue dans la présence de notre Père éternel. C'est lui et son Fils Jésus-Christ qui nous enseignèrent et nous donnèrent de la connaissance.

Le privilège de la mortalité

Dans cet état précédent on nous présenta le grand plan du salut, et nous attendîmes pleins d'espoir le temps encore futur où nous pourrions venir dans la mortalité, sachant que la perfection ne pouvait venir en aucune autre manière. Mais la recherche du chemin de la perfection s'accompagnait de dangers. Il fut révélé, dans la vie pré-mortelle, que l'homme serait mis à l'épreuve tandis qu'il était sur la terre. Il serait placé au milieu de la justice et du péché. Il devrait affronter les tentations avec toutes leurs ruses séduisantes. Beaucoup céderaient aux charmes de l'ennemi de la vérité et n'atteindraient donc pas la vie parfaite, mais ceux qui gardaient ce deuxième état seraient bénis de la gloire de la vie éternelle et trouveraient le chemin de la perfection.

Une doctrine scripturaire rétablie

Les Écritures révèlent que nous avons eu une existence prémortelle et avons demeuré dans la présence de notre Père éternel et de son Fils Jésus-Christ. Cette doctrine se trouve dans la Bible, mais dans la forme mutilée actuelle dans laquelle cette doctrine nous est parvenue dans ce volume, il est difficile à ceux qui n'ont pas été éclairés par d'autres révélations de la comprendre.

Les membres de l'Église ont de la chance à ce point de vue, car le Seigneur a expliqué très clairement le principe de la préexistence dans les révélations qui ont été données par le ministère du prophète Joseph Smith. C'est une doctrine raisonnable, comme le sont tous les principes de l'Évangile. Cela doit certainement frapper tous les hommes du sentiment qu'elle est vraie ; et cependant il en est très peu dans le monde qui l'acceptent.

Beaucoup croient que l'esprit est créé au moment ou vers le moment de la naissance ici-bas. On croit très généralement en la doctrine de l'existence d'un esprit éternel habitant le tabernacle mortel, et l'on croit également que l'esprit continue à vivre après la mort du corps. Il est étrange qu'étant donné cette doctrine généralement acceptée un si petit nombre de personnes croient que l'homme ait existé avant que ce monde ne soit formé.

Les esprits étaient innocents au commencement

Le poète Wordsworth entrevoyait cette doctrine éternelle lorsqu'il écrivit ce qui suit :

Notre naissance n'est qu'un sommeil et un oubli ;
L'âme qui s'élève avec nous, étoile de notre vie,
A pris ailleurs son départ
Et vient de bien loin ;
Nous n'avons pas complètement oublié
Et nous ne sommes pas entièrement nus,
C'est en traînant des nuées de gloire que nous venons
De Dieu, qui est notre foyer.
(Ôde on the Intimations of immortality, traduction littérale)

Comme le dit le poète, il peut y avoir des moments où des éclairs de souvenir de ces temps anciens nous reviennent, mais le Seigneur, pour une bonne raison, nous a ôté la mémoire de ce monde d'esprit. Dans la présence du Père nous marchions par la vue. Nous nous reposions sur lui, acceptions ses avis et nous réjouissions de sa présence et de celle de son Fils bien-aimé.

« Et maintenant, en vérité, je vous le dis », dit notre Rédempteur, « j'étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-Né. Et tous ceux qui sont engendrés par mon intermédiaire [c'est-à-dire qui acceptent l'Évangile] participent à la même gloire et sont l'Eglise du Premier-Né. Vous étiez aussi au commencement avec le Père ; ce qui est Esprit, à savoir l'Esprit de vérité... l'esprit de chaque homme était innocent au commencement et Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur première enfance, innocents devant Dieu. » (D&A 93:21-23, 38)

Nous avons aspiré à une plénitude de joie

Cette révélation nous permet de découvrir qu'au commencement les esprits de tous les hommes étaient innocents. Quel état heureux cela a dû être ! Mais il ne devait pas continuer éternellement. En fait, nous ne pouvions jouir d'un bonheur plein, ou d'une joie pleine, parce que notre esprit n'avait pas reçu son tabernacle de chair lequel lui permet de devenir parfait. Le Seigneur dit : « Car l'homme est esprit. Les éléments sont éternels, et l'esprit et l'élément [ou corps], inséparablement liés, reçoivent une plénitude de joie ; et lorsqu'ils sont séparés, l'homme ne peut recevoir la plénitude de joie. » (D&A 93:33-34)

Il est donc impossible aux esprits préexistants de recevoir une plénitude de joie. Il nous est également impossible dans cette vie mortelle de recevoir une plénitude de joie, parce que l'esprit et le corps ne sont pas inséparablement liés.

Présentation du plan de la vie éternelle

Il fallait donc qu'un changement se produisît. Des préparatifs furent faits pour que nous traversions cette épreuve mortelle, recevant le tabernacle de chair afin de continuer notre chemin vers la perfection. Pour produire ce changement et nous donner les bénédictions supplémentaires, il fallait que nous entrions également en contact avec la douleur, la tentation et le péché.

Dans le monde des esprits nous ne pouvions subir la douleur physique et comprendre les états divers qui sont à la vie mortelle. Pour que nous connaissions tout cela, il fallait que nous en fassions l'expérience. Par conséquent, le Père, par l'intermédiaire de son Fils, nous révéla le plan de salut. L'objectif de l'existence nous fut expliqué en un grand conseil qui se tint dans les cieux.

On nous apprit que lorsque nous viendrions dans le monde actuel nous devrions souffrir les maux de la mortalité. Entre autres maux nous aurions les épreuves et les tentations, et seuls ceux qui étaient disposés à respecter l'alliance du Seigneur — qui nous serait donnée ici — auraient le privilège de rentrer en sa présence.

Il nous fut dit que beaucoup échoueraient parce qu'ils céderaient au péché et rejetteraient les avis du Père, car l'exaltation ne pouvait être conférée qu'au mérite. Nous aurions la liberté d'action, et par conséquent chacun aurait le privilège de choisir par lui-même s'il garderait les commandements du Seigneur ou s'il se révolterait et suivrait le péché. Cependant, tous seraient récompensés selon leurs oeuvres et seraient échelonnés en conséquence.

Nous apprenons que dans ce grand conseil, lorsque le plan fut présenté, nous nous réjouîmes, « tous les fils de Dieu poussèrent des cris de joie » (Job 38:7).

En présentant le plan, le Sauveur dit « à ceux qui étaient avec lui : Nous descendrons, car il y a de l'espace là-bas, nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur laquelle ceux-ci pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l'épreuve, pour voir s'ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera ; ceux qui gardent leur premier état recevront davantage ; ceux qui ne gardent pas leur premier état n'auront point de gloire dans le même royaume que ceux qui gardent leur premier état ; et ceux qui garderont leur second état recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais. » (Abraham 3:24-26)

Révolte dans les cieux

Ainsi donc, le plan fut présenté, mais, chose triste à dire, il ne fut pas approuvé par tous les esprits. Lucifer, fils du Matin, qui remplissait un poste de confiance et d'une très grande
responsabilité, refusa d'accepter le plan. Ésaïe dit de lui : « Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, toi le vainqueur des nations ! Tu disais en ton coeur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. » (Ésaïe 14:12-14)

Le Seigneur donna à Moïse un récit plus détaillé de cette révolte. Lorsqu'il fut révélé que l'homme tomberait et que par conséquent il faudrait un Rédempteur, et que certains des esprits seraient perdus du royaume de Dieu, on envisagea la nomination de ce Rédempteur. Et le Seigneur dit à Moïse :

« Ce satan que tu as commandé au nom de mon Fils unique, est celui-là même qui était dès le commencement, et il vint devant moi disant — Me voici, envoie-moi, je serai ton Fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une âme ne sera perdue, et je le ferai certainement ; c'est pourquoi donne-moi ton honheur.

« Mais, voici mon Fils Bien-Aimé, qui était mon Bien-Aimé et mon Élu depuis le commencement, me dit : Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t'appartienne à jamais.

« C'est pourquoi, parce que Satan s'était révolté contre moi, qu'il avait cherché à détruire le libre arbitre de l'homme, que moi, le Seigneur Dieu, je lui avais donné, et aussi parce qu'il voulait que je lui donne mon pouvoir, par le pouvoir de mon Fils unique, je le fis précipiter du ciel ; et il devint Satan, oui, à savoir le diable, le père de tous les mensonges, pour tromper et aveugler les hommes, et mener captifs à sa volonté tous ceux qui ne voudraient pas écouter ma voix. (Moïse 4:1-4)

Ce même Lucifer vit également que le tiers des armées du ciel le suivirent, et il devint Perdition, et ceux qui le suivirent sont appelés fils de Perdition parce qu'ils sont en révolte contre le Père et que le privilège de recevoir un corps leur est refusé parce qu'ils n'ont pas conservé leur premier état. Jude a écrit à leur sujet : « Il les a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement dans les ténèbres, les anges qui n'ont pas gardé leur dignité [leur premier état], mais qui ont abandonné leur propre demeure. (Jude 1:6)

Ils cherchent à détourner les hommes du bon chemin

Entre-temps leur mission se situe ici-bas, et elle est de tenter et d'éprouver l'humanité, et dans la violence de leur méchanceté ils s'efforcent de détruire l'oeuvre du Seigneur et de mener les âmes des hommes à la destruction et à la misère avec eux-mêmes. Mais ils ont peu de temps. Bientôt Satan sera lié et il n'aura pas le pouvoir de tenter aucun homme (D&A 101:28). Mais les justes demeureront dans la présence de l'Agneau et participeront à la plénitude de sa gloire.

La préparation prémortelle

Il semble régner dans une grande partie de ce qu'on appelle le monde chrétien cette idée étrange que les plans du Père furent déjoués par Satan lors de la tentation d'Adam qui provoqua la chute de l'homme. Les ecclésiastiques ont beaucoup écrit et parlé du terrible péché que fut la chute, et ont expliqué que ce monde aurait continué à exister, peuplé de myriades d'habitants vivant dans une paix et un bonheur constants, si Adam n'avait pas transgressé.

Selon le plan divin

Pareille croyance semble très étrange à tous les membres de l'Église, car les Écritures déclarent que le Père connaissait la fin dès le commencement.

Souvenez-vous de ce qui s'est passé dès les temps anciens. Car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre. Je suis Dieu, et nul n'est semblable à moi. J'annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d'avance ce qui n'est pas encore accompli. Je dis : mes arrêts subsisteront et j'exécuterai toute ma volonté. » (Ésaïe 46:9-10)

Non seulement cette terre fut préparée comme un architecte prépare son bâtiment mais sa destinée tout entière et la destinée de ses habitants furent étudiées et étaient connues du grand Architecte, avant que ses pierres de fondation ne fussent posées. Notre Père éternel ne faisait pas une expérience lorsque ce monde se mit à exister. Il ne vint pas par hasard.

Ce n'est pas la première de ses créations. Des millions et des millions de mondes semblables au nôtre étaient déjà nés avant notre terre. Chaque étape faite le fut selon un plan divin, et ce plan était un plan éternel qui avait été suivi dans la construction d'autres mondes innombrables pour l'homme.

Le plan du salut avait été donné dans d'autres mondes. Nous interprétons ici-bas des scènes bien connues ; des scènes qui sont neuves pour tous les mortels, mais qui sont bien connues du Père et du Fils (voir Moïse 1:33, 37-38).


Divers degrés de progression

Nous avons appris, grâce à ce que le Seigneur a dit à Abraham, que les esprits de la préexistence étaient parvenus à divers degrés de progrssion. C'est-à-dire que certains étaient plus intelligents que d'autres, certains plus fidèles, tandis que d'autres allèrent jusqu'à se révolter et perdirent leur situation et le privilège de recevoir le deuxième état.

Voici ce que dit le Seigneur : « S'il y a deux esprits, et que l'un soit plus intelligent, cependant ces deux esprits, bien que l'un soit plus intelligent que l'autre, n'ont pas de commencement ; ils ont existé avant, ils n'auront pas de fin, ils existeront après, car ils sont gnolaum, ou éternels. Le Seigneur me dit : ces deux faits existent vraiment, que, de deux esprits, l'un est plus intelligent que l'autre ; il y en aura un plus intelligent qu'eux ; Je suis le Seigneur, ton Dieu, je suis plus intelligent qu'eux tous. » (Abraham 3:18-19)

Il est également révélé que le tiers des armées des deux se rebellèrent et suivirent Lucifer. «... car voici le diable était avant Adam et se révolta contre moi, disant : Donne-moi ton honneur, qui est mon pouvoir ; et il détourna également de moi un tiers des armées du ciel à cause de leur libre arbitre, et ils furent précipités du ciel et devinrent ainsi le diable et ses anges. » (D&A 29:36-37)

Parmi ceux qui tombèrent il dut y avoir des intelligences supérieures. Lucifer lui-même était de cette espèce, et c'est à cause de cela qu'il fut capable d'influencer tant de ses congénères.

Certains ont péché avant la naissance

La doctrine que l'homme pouvait pécher avant sa naissance, et le fit dans de nombreux cas, était bien comprise dans les temps anciens. Nous avons l'exemple de la question posée au Sauveur concernant l'aveugle-né : « Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? » (Jean 9:1-2).

Si cette question avait été incongrue et la doctrine fausse, le Sauveur l'aurait corrigée en disant : « Vous êtes dans l'erreur, car nul ne pouvait pécher avant sa naissance », ce que le Seigneur ne fit pas, mais sembla sous-entendre dans sa réponse qu'il confirmait la doctrine : « Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui. »

Aucune Écriture ne prouve qu'il y ait eu un choix pré-mortel

Les Écritures ne justifient cependant pas la croyance que nous avons eu le privilège de choisir nos parents et le compagnon ou la compagne de notre vie dans le monde des esprits. Cette croyance a été avancée par certains, et il est possible que dans certains cas elle soit vraie, mais il faudrait un effort beaucoup trop grand de l'imagination pour croire qu'il en soit ainsi dans tous les cas ou même dans la majorité d'entre eux. Ce qui est le plus vraisemblable, c'est que nous sommes venus là où ceux qui avaient l'autorité ont décidé de nous envoyer. Il est probable que nous n'avons pu exercer notre libre arbitre au point de pouvoir choisir nos parents et notre postérité.

Échos de l'éternité

Un aspect intéressant de cette question est commenté par frère Orson F. Whitney. Je le cite :

« Pourquoi sommes-nous attirés vers certaines personnes, et elles vers nous, comme si nous nous étions toujours connus ? Est-ce vraiment la réalité ? Y a-t-il après tout quelque chose dans ce terme dont on a tant abusé, « l'affinité », et est-ce là la base de ses prétentions ? En tout cas, il est tout aussi logique de se remémorer des fréquentations chères que de les espérer avec plaisir.

« Nous croyons que les liens qui ont été formés dans cette vie se poursuivront dans la vie à venir ; alors pourquoi ne pas croire que nous avions des liens semblables avant de venir dans le monde, et que certains d'entre eux au moins ont été repris dans cet état d'existence ?

« Après avoir rencontré quelqu'un que je n'avais encore jamais vu sur la terre, je me suis demandé pourquoi la tête de cette personne me semblait si connue. Plus d'une fois, en entendant exprimer un sentiment noble, je me suis aperçu, quoique incapable de me souvenir de l'avoir jamais entendu jusqu'alors, que j'étais en accord avec lui, ému par lui,
et j'ai eu l'impression de l'avoir toujours connu. Il en va de même de certains airs de musique ; ils sont comme des échos de l'éternité. Je ne veux pas dire que dans tous ces cas il y ait eu une connaissance préalable, mais ce sont des questions qui se posent lorsqu'une pensée en suggère une autre.

« Lorsqu'on en vient à l'Évangile, je suis plus affirmatif. Pourquoi le Sauveur a-t-il dit : « Mes brebis connaissent ma voix ? » Une brebis a-t-elle jamais connu la voix de son berger sans avoir jamais entendu cette voix auparavant ? Ceux qui aiment la Vérité, ceux qu'elle attire le plus — ne la connaissaient-ils pas dans une vie antérieure ? Je pense que oui. Je crois que nous connaissions l'Évangile avant de venir ici, et que c'est cela qui lui donne un air de connaissance. »

Nos expériences précédentes guident nos préférences dans la vie

Le président Joseph F. Smith a dit à frère Whitney :

« Je fais de tout coeur miens vos sentiments concernant la communauté d'humeur des esprits. Notre connaissance des gens et des choses avant de venir ici, combinée à la divinité éveillée en notre âme par l'obéissance à l'évangile qffecte puissamment, à mon avis, nos préférences et nos aversions, et guident nos préférences au cours de cette vie, à condition que nous fassions soigneusement attention aux exhortations de l'Esprit.

« Toutes ces vérités saillantes qui s'imposent tellement à la tête et au coeur ne semblent être que l'éveil des souvenirs de l'esprit. Pouvons-nous connaître ici quelque chose que nous n'avons pas connu avant de venir ? Les moyens de connaissance du premier état ne sont-ils pas égaux à ceux de celui-ci ? Je pense que l'esprit, avant et après cette épreuve, possède des facilités plus grandes, oui, de nombreuses fois plus grandes, d'acquérir de la connaissance, que pendant qu'il est enchaîné et enfermé dans la prison de la mortalité.

« Je crois que notre Sauveur possédait la prescience de toutes les vicissitudes qu'il devrait traverser dans le tabernacle mortel. Si le Christ savait à l'avance, nous aussi. Mais en venant ici, nous avons tout oublié, afin que notre libre arbitre soit total de choisir le bien ou le mal, afin que nous méritions la récompense de notre propre choix et de notre propre conduite. Mais par le pouvoir de l'Esprit, dans la rédemption du Christ, par l'obéissance, nous saisissons souvent une étincelle des souvenirs éveillés en l'âme immortelle, qui éclaire notre être tout entier de ce que l'on pourrait appeler la gloire de notre demeure précédente. (Era, vol. 23, p. 101 ; Doctrine de l'Évangile, p. 10-11)

Désignation préalable à une nation ou à une tribu

Notre place parmi les tribus et les nations nous a de toute évidence été fixée par le Seigneur. Les Écritures déclarent qu'il y a eu une affectation de ce genre avant le commencement de la vie terrestre. Certains esprits furent choisis pour venir par le lignage d'Abraham, et ce choix se fit au commencement. Les conseils des cieux firent également d'autres choix et déterminèrent les nations.

Lorsque Paul parla sur l'Aréopage, il dit aux Athéniens : « Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux. Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j'ai même découvert un autel avec cette inscription : À UN DIEU INCONNU ! Ce que vous révérez sans le connaître, c'est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme ; il n'est point servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. Il a fait que tous les hommes, sortis d'un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure. » (Actes 17:22-26)

Traits de caractère développés dans le monde des esprits

Le président Joseph F. Smith dit un jour : « Dans la mesure où elles n'ont pas été corrompues par la méchanceté, les choses de la terre sont typiques des choses des cieux. Les cieux ont été le prototype de notre belle création lorsqu'elle vint des mains du Créateur, et fut déclarée ' bonne '. Les renseignements qu'il a plu au Seigneur de nous donner confirment ce point de vue. Il n'y a pas deux personnes qui sont semblables. Nos talents sont divers. Une personne excelle en musique, une autre dans la peinture, une en mathématiques, une autre dans la mécanique ou le gouvernement. Il est courant d'entendre quelqu'un dire d'un ami : « C'est un musicien-né » ou « c'est un horticulteur-né ». « Je peux planter ce que je veux, rien ne pousse », disait une de mes connaissances, « tout ce que mon voisin met dans la terre pousse parfaitement ». Un artiste de talent ne fera guère un bon fermier, et un homme qui aime la terre serait peut-être un raté en art. Le Seigneur a dit : « Car tous ne reçoivent pas tous les dons, car il y a de nombreux dons et chacun reçoit un don par l'Esprit de Dieu. » (D&A 46:11)

Dans la parabole des talents le Seigneur utilise cette expression très significative : « Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité. » Sans aucun doute, ces caractéristiques sont innées en nous. En d'autres termes, nous avons acquis certains traits de caractère dans le monde des esprits avant que ne commence cette vie terrestre.

Les plus dignes choisis comme dirigeants

Dans cette vie-là certains montrèrent une foi et un désir plus grand de servir le Seigneur, et c'est parmi eux que furent choisis les dirigeants.

Le Seigneur dit à Abraham : « De ceux-ci je ferai mes gouverneurs. Car il se tint parmi ceux qui étaient esprits et il vit qu'ils étaient bons ; et il me dit : Abraham, tu es l(un d'eux ; tu fus choisi avant ta naissance. (Abraham 3:23)

Il doit y avoir des dirigeants, des officiers présidents et des gens qui sont dignes et capables de prendre les rênes. Pendant les âges au cours desquels nous sommes demeurés dans l'état pré-mortel nous avons non seulement acquis nos caractéristiques respectives et montré notre dignité et nos capacités, ou leur absence, mais nous nous sommes également trouvés à l'endroit où ces progrès pouvaient être observés.

Il est raisonnable de croire que l'Église était organisée là-bas. Les êtres célestes vivaient dans une société parfaitement policée. Chacun connaissait sa place. Il ne fait aucun doute que la prêtrise avait été conférée et les dirigeants choisis pour officier. Les ordonnances relatives à cette préexistence étaient exigées et l'amour de Dieu régnait. Dans ces conditions il était naturel que notre Père du ciel choisisse ceux qui étaient le plus dignes et évalue le talent de chaque individu. Il ne savait pas seulement ce que chacun de nous pouvait faire, mais également ce que chacun de nous ferait lorsqu'il serait mis à l'épreuve et lorsque de la responsabilité lui serait donnée.

Puis, lorsque le temps vint pour nous d'habiter sur la terre mortelle, tout fut préparé et les serviteurs du Seigneur choisis et ordonnés pour leurs missions respectives. Paul dit aux saints d'Éphèse : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ! En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui. » (Éph. 1:3-4)

Ordonnés aux missions les plus importantes

C'est parce que le Père comprenait ces caractéristiques et les capacités des esprits qu'il avait devant lui, qu'il fut à même de choisir ses dirigeants tandis qu'il « se tenait au milieu d'eux » avant que la terre ne naquît. Non seulement le Christ fut choisi pour être l'Agneau qui devrait être immolé, mais Adam fut choisi pour se tenir à la tête et fut appelé « Michel, le prince » et reçut les clés du salut « sur l'ordre et sous la direction du Très Saint, qui n'a ni commencement ni fin ».

Frère Orson F. Whitney, dans son poème épique, Élias, a très joliment dépeint le choix de notre Rédempteur et l'appel d'Adam, en ces mots émouvants :

Une stature qui mêlait la force à la grâce
D'un aspect doux quoique divin,
La gloire de sa personne
Faisait pâlir l'éclat de midi.
Ses cheveux étaient plus blancs que l'écume de la mer,
Ou que la neige de la colline alpestre.
Il parla : —l'attention se fit plus grave,
Le silence encore plus muet.
« Père ! » — la voix s'envolait comme de la musique,
Aussi claire que le cours murmurant
Du ruisselet de montagne tombant goutte à goutte
Des sommets de neige vierge.
« Père », disait-elle, « puisque quelqu'un doit mourir,
Pour racheter tes enfants,
Tandis que la terre, encore informe et vide,
Abondera en vie palpitante;
Et que le puissant Michel, le premier à tomber,
Peut être cet homme mortel,
Et que tu dois envoyer un Sauveur choisi,
Me voici : envoie-moi !
Je ne demande pas de récompense,
Si ce n'est ce qui m'appartiendra alors ;
À moi le sacrifice consentant,
À toi la gloire éternelle. »
(Traduction littérale)

Nous lisons dans les Écritures qu'Ésaïe, Jérémie et d'autres furent appelés avant leur naissance à être prophètes pour Israël et pour les nations. Il en est également ainsi de tous les prophètes d'Adam à nos jours. La mission de Joseph Smith fut révélée à Joseph, fils de Jacob, tandis qu'il demeurait en Égypte, des centaines d'années avant la naissance de la nation israélite. Non seulement l'oeuvre de Joseph Smith fut annoncée, mais il fut, lui aussi, nommé, et son père avant lui, par ce fils fidèle de Jacob, qui, par son intégrité, se vit conférer à jamais la bénédiction du droit d'aînesse en Israël.

Le Seigneur donna sa confiance implicite à Job et savait que Job ne l'abandonnerait pas. Comment savait-il cela ? Non pas simplement par les caractéristiques que Job avait révélées en ce bas monde, mais grâce aux années innombrables de fréquentation dans l'état préexistant lorsque cet homme digne d'autrefois prouva sa patience dans la présence du Seigneur.

Le « Père des Fidèles »

Quel merveilleux compliment pour Abraham : « Car je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu'ainsi l'Éternel accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites. » (Genèse 18:19)

On pouvait dire cela d'Abraham parce qu'on le savait « fidèle » lorsqu'il se tenait au milieu des intelligences avant que le monde fût, car c'est là qu'il fut choisi comme un des grands qui seraient gouverneurs sur la terre.

L'appel supérieur

Lorsque nous envoyons des missionnaires dans le monde ils sont ordonnés et mis à part pour cette oeuvre. Certains s'en vont avec notre pleine et entière confiance. Nous savons qu'ils ne failliront pas car leur intégrité est connue. D'autres qui s'en vont avec la même mise à part peuvent ne pas partager notre confiance au même titre. Il en va de même des esprits qui viennent sur la terre. Tous sont ordonnés, et mis à part, pour leur mission mortelle.

Tous ne sont pas appelés à être prophètes auprès des nations. Cyrus fut appelé et nommé par Ésaïe plus de cent ans avant sa naissance. Le Seigneur l'appela son « serviteur » parce qu'il avait une oeuvre à lui faire faire ; ce n'était pas dans la Prêtrise, mais comme gouverneur civil, pour promouvoir les desseins du Seigneur.

La réception d'un appel dans le royaume de Dieu est ô combien supérieure !


(Source : Joseph Fielding Smith, Le chemin de la perfection)