Quand des doutes et des questions surgissent

 
Adam Kotter



Il n’est pas inhabituel que les membres de l’Église découvrent, principalement sur l’Internet, des idées qui éprouvent leurs croyances. Certains membres trouvent les questions soulevées déconcertantes et se demandent s’il est acceptable de questionner sa foi.

Il est important de comprendre que le questionnement est une bonne chose. En fait, poser des questions avec foi est essentiel à notre progression. Cependant, avoir des questions sincères n’est pas la même chose qu’avoir des doutes.

Quelle est donc la différence entre une question et un doute ? Les questions, lorsque nous les posons avec le désir sincère d’accroître notre compréhension et notre foi, doivent être encouragées. Beaucoup de révélations, anciennes et modernes, sont l’aboutissement d’une question sincère (voir par exemple Genèse 25:21-23 ; Exode 3:11–22 ; Mosiah 26 ; Alma 40 ; 3 Néphi 27 ; Doctrine et Alliances 76 ; 77 ; 138). L’injonction scripturaire de rechercher et de demander dans le but de trouver est parmi les plus fréquemment répétées. Les questions sincères sont celles que l’on pose avec une « intention réelle » (Moroni 10:4) afin de mieux comprendre la volonté du Seigneur et d’y obéir plus complètement.
Celui qui s’interroge sincèrement continue d’être obéissant en même temps qu’il cherche des réponses. Par contre, lorsque des gens doutent de leurs croyances, en attendant d’avoir les réponses, ils mettent souvent en suspens leur engagement envers les commandements et envers leurs alliances. L’attitude de celui qui doute consiste généralement à ne pas obéir ou à le faire de manière limitée en attendant la résolution des doutes.

Dans les Écritures ou dans les enseignements des prophètes, rien n’encourage le doute. En fait, les Écritures abondent en enseignements contraires. Par exemple, on nous exhorte à ne pas douter et à ne pas craindre (voir D&A 6:36). Et dans Mormon 9:27, on nous recommande de ne pas douter mais de croire.
Avec le doute se pose le problème des personnes qui, doutant, n’ont l’intention d’obéir qu’après une levée de l’incertitude de la façon qui les satisfait. Cette attitude est personnifiée par Korihor qui a dit : « Si tu me montres un signe... alors je serai convaincu de la véracité de tes paroles. » (Alma 30:43)

Le pouvoir qu’a le doute de détruire la foi, l’espérance et même la famille diminue dès que l’on dit sincèrement : « Je ferai ce que le Seigneur a commandé, que mes questions soient résolues rapidement ou pas, parce que j’ai fait alliance de le faire. » La différence entre dire fidèlement « Je respecterai les commandements parce que… » et dire dans le doute « Je respecterai les commandements si… » est d’une force et d’une importance éternelles.

En tant qu’ingénieur réseaux je dois suivre des directives strictes si je veux que mes réseaux informatiques puissent communiquer avec d’autres réseaux. Parfois, ces règles peuvent paraître fastidieuses mais, lorsque chaque ingénieur réseaux les suit, nous sommes capables de créer un ensemble bien plus puissant que ce que nous pourrions faire chacun dans notre coin.

De même, si nous cherchons une réponse à une question spirituelle en allant à la Source de toute connaissance, alors nous devons suivre ses règles pour l’obtenir. Ce processus nécessite d’avoir au moins le désir de comprendre la vérité et d’être disposé à suivre la volonté de Dieu (voir Alma 32:27). Sinon, nous courons le risque de nous persuader nous-mêmes de ce à quoi nous voulons croire au lieu de recevoir les véritables réponses de Dieu.

Il est tout à fait normal de s’inquiéter et de se sentir mal à l’aise face à une idée inhabituelle, particulièrement lorsque celle-ci remet en cause une croyance fermement enracinée. Ce qui importe, c’est de ne pas laisser ce malaise nous détourner de nos alliances pendant que nous cherchons des réponses. J’ai appris par expérience personnelle que nous ne pouvons pas tourner le dos à Dieu et ensuite attendre de lui qu’il réponde à nos questions selon nos conditions. Il faut de la foi pour continuer à respecter les commandements en attendant que nos incertitudes soient résolues. Nous sommes parfois tentés de ne pas obéir, ou de le faire de manière limitée, en attendant la résolution convaincante de nos inquiétudes, mais ce n’est pas la manière de Dieu.

En fait, nous devons premièrement nous demander : « Suis-je disposé à faire tout ce qui est nécessaire pour obtenir une réponse du Seigneur ou est-ce que je veux simplement agir à ma façon ? » Le Sauveur a enseigné ce modèle lorsqu’il a dit : « Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef » (Jean 7:17).

Ainsi, la première étape pour résoudre des questions est d’être « constant et immuable à garder les commandements de Dieu » (Alma 1:25). Neil L. Andersen, du Collège des douze apôtres, a posé la question suivante : « Comment restez-vous ‘constants et immuables’ quand votre foi est mise à l’épreuve ? Vous vous immergez dans les choses qui vous ont aidé à édifier le cœur de votre foi : vous exercez votre foi au Christ, vous priez, vous méditez au sujet des Écritures, vous vous repentez, vous respectez les commandements et vous servez les autres. Lorsque vous rencontrez une épreuve de la foi, quoi que vous fassiez, ne vous éloignez pas de l’Église ! Vous éloigner du royaume de Dieu lorsque votre foi est mise à l’épreuve, c’est comme quitter la sécurité d’un refuge sûr, juste au moment où la tornade approche. » (Le Liahona, novembre 2012, p. 40)
Il a aussi enseigné que « la foi... c’est aussi une décision. » (Le Liahona, novembre 2008, p. 14)

Le Seigneur ne nous forcera ni à comprendre ni à obéir. Nous devons choisir intentionnellement d’exercer notre foi. Ce choix ne viole pas notre honnêteté intellectuelle ; Il est la preuve du respect éternel et divin de notre libre arbitre.

Certaines personnes supposent à tort que le fait de se poser des questions sincères sur l’histoire de l’Église ou sa doctrine est la preuve que l’on ne vit pas les principes de l’Église. Avoir des questions ne signifie pas être coupable d’un quelconque péché grave. Elles font partie de la vie et sont nécessaires à notre progression et à une meilleure compréhension. Le problème n’est pas de savoir si nous avons des questions mais si nous respectons les commandements tandis que nous faisons le nécessaire pour recevoir la révélation qui mène aux réponses.

Ayons conscience que Satan peut amplifier nos doutes ou nous conduire à justifier nos péchés. Si nous péchons, le Saint-Esprit nous avertira par de mauvais sentiments et nous pourrons soit nous repentir, soit rejeter ces avertissements.

Lorsque des doutes surgissent, il peut être utile de nous demander honnêtement s’il y a quelque chose dans ce que nous faisons ou dans ce que nous désirons qui est contraire à l’Évangile. Si la réponse est positive, demandons l’aide de notre évêque. Cela peut faire toute la différence. Permettre à ses doutes de justifier ses péchés n’est jamais un bon substitut au repentir.

Certaines personnes butent aussi sur des déclarations de dirigeants de l’Église qui se sont avérées incorrectes, déclarations qui ne portaient pas sur la doctrine mais qui étaient l’expression de leur opinion personnelle. Par exemple, dans la première édition de son livre, Answers to Gospel Questions, Joseph Fielding Smith (1876-1972) a écrit : « Je ne crois pas qu’un homme sera jamais autorisé à construire un instrument ou un vaisseau pour voyager dans l’espace et se rendre sur la lune ou sur une planète éloignée. » (Joseph Fielding Smith, Answers to Gospel Questions, 1958, tome 2, p. 191)

Plus tard, après l’alunissage des missions Apollo et la mort de David O. McKay, Joseph Fielding Smith est devenu président de l’Église. Lors d’une conférence de presse, un journaliste l’a interrogé sur cette déclaration. Joseph Fielding Smith a répondu : « Eh bien, j’avais tort. » (Souvenirs personnels de David Farnsworth ; la conférence de presse s’est tenue le 23 janvier 1970, six mois après l’alunissage)

Comme Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, l’a fait remarquer : « Nous consumons un capital émotionnel et spirituel précieux quand nous nous accrochons obstinément... à un incident de l’histoire de l’Église qui ne prouve qu’une seule chose, que les mortels auront toujours du mal à être à la hauteur des espérances immortelles qui leur sont offertes. » (Le Liahona, mai 2012, p. 32)

Des volumes entiers et des heures incalculables ont été consacrés à explorer l’histoire du Rétablissement. Ces démarches conduisent souvent à une meilleure compréhension des choses mais elles peuvent aussi soulever des questions gênantes, en particulier lorsque nous ne comprenons pas la motivation des gens de l’époque. Il est aussi facile de s’empêtrer dans des recherches de faits historiques que nous risquons de mal interpréter aujourd’hui ou qui nous échappent, mais il est toujours possible d’obtenir des renseignements vrais et pertinents de celui qui comprend tout.

Voici sans doute la clé la plus importante de toutes : Si nous restons fermes dans l’obéissance aux commandements et fidèles à la lumière que nous avons, le Seigneur nous bénira et nous donnera l’inspiration. J’ai ressenti sa tendre miséricorde ; c’est une expérience très personnelle et directe entre notre Père céleste et nous. Elle apporte lumière et connaissance. Aucune lecture ou étude d’expériences de troisième main ne peut rivaliser avec le pouvoir des expériences personnelles qui nous sont données par la miséricorde et l’amour de notre Père.

Des questions continueront de surgir dans la poursuite de notre étude quotidienne des Écritures et des thèmes de l’Évangile. Quand le Seigneur veut nous enseigner quelque chose, il le fait souvent en soumettant une question à notre méditation. Lorsque nous étudions, nous recevons des réponses si nous sommes fidèles à nos alliances et servons les autres parce que c’est comme cela que nous avons des expériences personnelles qui, avec le temps, apportent les réponses à toutes les questions.
 

(Le Liahona, mars 2015, p. 39-41)