Sauvegardons le foyer



Harold B. Lee (1899-1973)


Membre du Collège des Douze de 1941 à 1970

Membre de la Première Présidence de 1970 à 1972

Président de l'Église de 1972 à 1973



Discours diffusé en film lors des réunions de conférence de pieu du premier semestre de 1973






Un temps d'épreuve



Nous vivons dans des temps de dure épreuve. Le monde foisonne en influences destructrices du foyer et des liens sacrés qui unissent mari et femme, parents et enfants. Cette même force de destruction attaque les membres adultes de l'Église qui sont célibataires.


Que nous sommes heureux, au milieu de tout cela, d'avoir les enseignements de notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, le chef de cette Église. Nous disposons de sa parole et de celle de ses prophètes pour nous aider à renforcer notre foyer et à y faire régner la paix et le bonheur.


Il n'est pas, que je sache, d'autre peuple sur cette terre qui ait une conception plus élevée du mariage et de la nature sacrée du foyer que les saints des derniers jours.



Le Seigneur a révélé à notre époque : « Le mariage est institué par Dieu pour l'homme. C'est pourquoi, il est conforme à la loi qu'il ait une femme, et les deux deviendront une seule chair, et tout cela afin que la terre réponde au but de sa création. » (D&A 49:15-16)



Hélas, nous trouvons aussi chez nous des preuves incontestables de l'existence de ce même danger qui, venant de l'extérieur, essaie de détruire l'institution divine du foyer. Depuis bien des années, j'ai l'honneur, en compagnie d'autres Autorités générales, d'être admis chez certaines de nos excellentes familles de l'Église ; c'est au cours de ces visites que j'ai glané certaines choses que je voudrais mentionner, certains éléments qui entrent dans la composition d'un foyer durable et heureux.


L'amour au foyer engendre le bonheur


Ce qui me frappe le plus dans ces belles familles mormon es c'est qu'on aime les enfants et qu'on désire en avoir.



Je lisais il y a quelques années certaines statistiques publiées par le Bureau du Recensement du gouvernement des États-Unis qui indiquaient que, sur les 180 000 divorces accordés cette année-là, 57 % affectaient des foyers sans enfant et 21,2 %, des foyers avec un seul enfant. Dans les familles ayant cinq enfants ou plus, le taux de divorce n'atteignait même pas 1 %. Il est certain que l'amour et l'union des parents constituent la vraie garantie du bonheur au foyer.



L'honneur de la maternité


Il n'y a pas longtemps, j'ai eu le plaisir d'entendre parler de l'influence exercée par un de ces foyers dans une lettre écrite par une charmante jeune femme qui venait d'accoucher de son premier bébé.



L'enfant était né au petit matin, et vers la fin de l'après-midi la maman méditait sur tout ce qui s'était passé ; et c'est dans cet état d'esprit qu'elle avait écrit à sa famille. Elle mentionne tout d'abord dans sa lettre ses impressions sur le miracle de la maternité, l'honneur qu'elle a eu de participer à cette création admirable.


Elle écrit ensuite ceci : « Je m'étonne qu'il ne soit pas exigé des femmes de souffrir plus que les douleurs de l'enfantement pour amener ces petits êtres d'un autre monde dans celui-ci. Il semble si juste que, par la douleur, nous devions passer, pendant quelques minutes au moins, à mi-chemin dans une autre sphère, pour, en quelque sorte, conduire notre bébé par la main dans ce monde nouveau. »


Je me souviens de l'observation faite par un jeune homme à sa fiancée – et de la réponse de celle-ci – lorsqu'il invoquait des raisons financières pour remettre leur mariage à plus tard. Il lui dit plus au moins en plaisantant : « Le plus que je puis te promettre c'est un foyer très humble. » Elle répondit à cela : « Eh bien, c'est très bien, alors tout ce que nous acquerrons ce sera à nous deux et non pas seulement à toi ».


Des filles et des fils vertueux


Je pense à l'heureuse maman de plusieurs de filles, laquelle s'agenouillait chaque soir pour prier Dieu qu'il y ait quelque part une mère qui élevât des fils dignes d'épouser ses filles. Finalement, toutes ses filles se sont mariées. Et lorsqu'elle a parlé aux mamans de ses gendres, cette mère a découvert qu'elles aussi, depuis la naissance de leurs fils, avaient prié Dieu de préparer, quelque part, des jeunes filles dignes de les épouser.



J'affirme que des conceptions aussi élevées du foyer, de la famille, et des responsabilités du foyer et de la famille sont les garanties sûres d'un foyer heureux.


Des liens forts


J'ai rendu visite, il y a quelque temps, à une maman qui avait élevé une excellente famille. Nous avons parlé de ce qui l'avait aidée à bien élever ses enfants. Elle me dit : « J'avais décidé que lorsque j'aurais des enfants, je m'occuperais d'eux, chez moi, le plus possible, et je m'en suis fait une règle. J'étais toujours là lorsqu'ils partaient à l'école. J'étais prête à renoncer à d'autres choses s'il fallait, pour être là lorsqu'ils rentraient à la maison. J'étais là lorsqu'ils recevaient leurs amis chez nous. Et j'étais là pour accueillir mes enfants lorsqu'ils revenaient d'une soirée ou d'un rendez-vous, parce que j'avais découvert qu'à de tels moments je pouvais encourager la plus grande franchise entre nous, et cela me permettait de recevoir leurs confidences et d'établir entre nous une camaraderie dans laquelle ils ont trouvé refuge dans les périodes difficiles. »



Une mère aussi sage est un un véritable bienfait ! Les enfants élevés de cette façon, dont les parents sont aussi leurs amis, se tourneront, lorsqu'ils seront accablés par les difficultés, vers leurs père et mère, comme le navire qui lutte dans la tempête pour s'abriter au port.



Montrer l'exemple


Nous, les parents, portons l'obligation d'enseigner à nos enfants à être chastes, à se marier purs de toute transgression sexuelle.


Apparemment imprégné de l'importance de l'amour au foyer, l'apôtre Paul a dit ceci : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église, et s'est livré lui-même pour elle... De même, les maris doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps », ce qui signifie, bien entendu, leur vie.



Un autre prophète a condamné l'infidélité des hommes à leur épouse, ces hommes qui ont oublié leurs devoirs familiaux : « Car voici, moi, le Seigneur, j'ai vu la tristesse, et entendu les plaintes des filles de mon peuple au pays de Jérusalem, oui, et dans tous les pays de mon peuple, à cause de la méchanceté et des abominations de leurs maris... Vous avez brisé le cœur de vos tendres épouses et perdu la confiance de vos enfants, à cause de votre mauvais exemple devant eux ; et les sanglots de leur cœur montent à Dieu contre vous. Et à cause de la rigueur de la parole de Dieu qui descend contre vous, beaucoup de cœurs sont morts, percés de blessures profondes. » (Jacob 2:31, 35)


Ne pas être du monde


Maris, soyez fidèles à votre femme. Et femmes, soyez fidèles à votre mari. Gardez-vous du grand péché de Sodome et de Gomorrhe. En gravité, ce péché vient immédiatement après celui de meurtre. Je vous parle du péché d'adultère, et c'est cela, comme vous le savez, le nom employé par le Maître lorsqu'il a mentionné les péchés sexuels de la fornication et de l'adultère. Au même rang nous avons le péché également grave de l'homosexualité, lequel semble se répandre grâce à l'assentiment de la Babylone de ce monde, à laquelle les membres de l'Église ne doivent pas appartenir.



Bien que nous nous trouvions dans le monde, nous ne devons pas être du monde. Toute tentative de la part des maisons de spectacle et d'autres établissements, de faire étalage de perversions sexuelles, qui ne peuvent qu'inciter à l'expérimentation, doit rencontrer, de la part de la prêtrise de cette Église, une opposition vigoureuse et incessante en recourant à toutes les voies légales possibles.


Les juges ordinaires en Israël, à savoir nos évêques et nos présidents de branche, ainsi que nos présidents de pieu et de district, ne doivent pas rester passifs et négliger de prendre, dans leur juridiction, les mesures disciplinaires qui s'imposent, telles qu'elles sont clairement dictées par les lois du Seigneur, sous forme d'instructions simples et limpides, sur lesquelles on ne peut se méprendre.


Nous ne devons pas permettre à une fausse pitié envers le pécheur endurci de frustrer la justice, sur laquelle repose la vraie repentance des mauvaises actions.


Opposition à l'avortement


Je me permettrai d'ajouter ici que nous, dans l'Église, sommes inaltérablement opposés à l'avortement. La seule exception serait dans les cas où les médecins se trouvent dans l'obligation de procéder à un avortement pour épargner la vie de la mère. Nous affirmons une fois de plus que le but primordial du mariage est de mettre des enfants au monde, dans lequel ils doivent être bienvenus.



Le péché peut être pardonné



Certains d'entre vous ont commis des erreurs et ont, sans aucun doute, péché. Satan, le père du mensonge, voudrait vous faire croire qu'à cause de cette erreur vous avez tout perdu. Il voudrait ainsi vous persuader de continuer à vivre dans le péché. C'est là un grand mensonge.



À l'exception du péché impardonnable, qui est le péché contre le Saint-Esprit, on peut se repentir de tous les péchés et, grâce au pouvoir de la rédemption et à l'Évangile de Jésus-Christ, tous les péchés peuvent être pardonnés, mais, comme les prophètes l'ont enseigné, ces péchés ne peuvent être pardonnés que lorsque celui qui a péché a fait tout son possible pour réparer ce qu'il a fait de mal aux yeux de Dieu.



En résumé, se repentir signifie se détourner de ce qu'on a fait de mal aux yeux du Seigneur, et ne jamais répéter cette même faute. C'est alors qu'a lieu le miracle du pardon. « Mais, direz-vous, comment puis-je savoir que le Seigneur a pardonné mes péchés ? » Vous trouverez la réponse à cela dans un exemple cité dans le Livre de Mormon. Le Livre de Mosiah nous raconte que le grand roi-prophète Benjamin prêcha à son peuple avec tant de pouvoir que le cœur de ces gens fut touché et qu'ils désirèrent recevoir le sang expiatoire du Sauveur par lequel leurs péchés pouvaient être lavés, et il est rapporté : « L'Esprit du Seigneur vint sur eux, et ils furent remplis de joie, ayant reçu le pardon de leurs péchés, et ayant la conscience en paix. »


La plupart de ce que je connais au sujet des devoirs des parents, c'est ce que j'ai appris au cours des années, par expérience, dans mon propre foyer.


La prière avant le reste


J'ai retrouvé récemment un discours écrit par une de nos filles pour être présenté à un groupe de mères et de filles, discours dans lequel elle rapporte l'expérience qu'elle a eue avec son premier-né. Je la cite :



« Il y a longtemps, alors que notre fils aîné était très jeune, et par une chaude soirée d'été, après le dîner, j'achevais frénétiquement de mettre en conserve des abricots. Vous, jeunes mères, vous pouvez vous imaginer cela aisément. Tout est arrivé pour vous empêcher de terminer cette entreprise. Et maintenant, avec le bébé nourri et couché, votre mari parti à sa réunion, vos petits de trois et quatre ans, achevant d'enfiler leur pyjama pour aller au lit, vous vous dites : Eh bien, maintenant on va pouvoir mettre en conserve ces abricots. Vous vous rendez compte qu'ils mûrissent rapidement et qu'ils seront gâtés avant le lendemain matin.



« C'est là la situation dans laquelle je me trouvais cette nuit-là, et j'étais en train de commencer à les éplucher et à les dénoyauter, lorsque mes deux petits garçons se sont montrés dans la cuisine et m'ont annoncé qu'ils étaient prêts à faire leur prière. Désespérée et ne voulant pas être interrompue pour la énième fois, je leur dis, très pressée : 'Mes enfants, pourquoi n'allez-vous pas faire votre prière seuls ce soir, et maman continuera à s'occuper de ces abricots.'



« Mais David, l'aîné, se plantant fermement devant moi, me demanda très gentiment : 'Mais maman, qu'est-ce qui est plus important, la prière ou les abricots ?' J'étais bien loin de me rendre compte à ce moment-là, jeune mère et épouse affairée que j'étais, que l'avenir me présenterait beaucoup de dilemmes semblables, petits et grands, dilemmes que je serais appelée à résoudre si je voulais remplir mon rôle dans mon foyer ; et que ma réussite dans ce rôle serait mesurée par la façon dont je pourrais résoudre ces problèmes. C'était là la mission de ma vie, et, à mon avis, c'est toujours là votre mission d'épouse et de mère. Comment nous nous en acquittons, c'est la grande question de notre vie. »



Quelle leçon sur l'échelle des valeurs ce petit garçon a enseignée à sa mère. Les prières valent plus que les abricots !



Amour, confiance et foi



Maintenant, vous les maris, souvenez-vous que la partie la plus importante de l’œuvre du Seigneur que vous accomplirez jamais sera celle que vous ferez dans vos propres murs. L'enseignement au foyer, le travail de l'épiscopat et les autres devoirs dans l'Église sont tous importants, mais le plus important se trouve chez vous.



Et vous, les épouses, je vous supplie d'essayer de nous comprendre, nous, hommes têtus et déterminés, parfois irréfléchis et sans considération. Essayez de percer cette rude couche extérieure et continuez à nous dire que vous nous comprenez, que vous voulez nous aider et faire partie de notre vie. Ne permettez pas à votre mari de dire, et cela honnêtement : « Ma femme n'apprécie pas ce que je fais. Cela lui importe peu. » Et de même, vous, les maris, ne permettez pas à votre femme de dire qu'elle ne reçoit jamais d'expressions de reconnaissance pour tous ses sacrifices et ses services. Ce ressentiment accumulé pourrait un jour exploser. C'est pourquoi je vous implore de poser les fondements solides de l'amour, de la confiance et de la foi.



Commencez la journée par la prière en famille. Agenouillez-vous ensemble avant d'aller vous coucher. Il y a peut-être eu quelques frictions au cours de la journée, et un bon moyen de les apaiser c'est de s'agenouiller ensemble en prière. Veillez le plus tôt possible à enseigner à vos enfants à prier en famille. Veillez-y bien.



Au personnes seules



Il y en a parmi vous qui sont seuls. Vous avez perdu votre épouse ou votre mari, ou vous n'avez peut-être pas encore trouvé de conjoint.


Nombre d'entre vous sont parmi les plus nobles membres de l'Église, fidèles, vaillants, s'efforçant d'obéir aux commandements du Seigneur, d'aider à l'édification du royaume sur la terre, et dévoués au service de leurs semblables.



Pour vous, la vie est encore pleine de promesse. Puisez de la force dans l'accomplissement de vos devoirs. Il y a tant de façons de trouver du bonheur, en servant ceux qui vous sont chers, en vous acquittant des tâches qui vous attendent dans votre foyer ou au travail. L'Église vous offre tant d'occasions d'aider les âmes – en commençant par la vôtre – à découvrir les joies de la vie éternelle.



Ne vous apitoyez pas sur vous-même et ne laissez pas le désespoir vous détourner du chemin que vous savez être vrai. Appliquez-vous à servir autrui. C'est à vous aussi que s'adressent les paroles du Maître : « Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. » (Matthieu 10:39)



De même que ces paroles du roi Benjamin : « Et voici, je vous dis ces choses afin que vous appreniez la sagesse ; afin que vous appreniez que lorsque vous êtes au service de vos semblables, vous êtes simplement au service de votre Dieu. » (Mosiah 2:17)


L'exaltation


Que Dieu bénisse les foyers des saints des derniers jours afin qu'on y trouve le bonheur ici-bas et le fondement de l'exaltation dans le royaume céleste dans le monde à venir.