Les finances de l'Église



Richard Edgley et Wilford G. Edling


Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme
(Macmillan Publishing Company, 1992)
Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org
avec autorisation



      La force financière de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours découle principalement de l'engagement de ses membres vis-à-vis du principe scripturaire de la dîme et d'autres formes de contributions et de service volontaires. La collecte et les dépenses de tous les fonds sont soigneusement gérées dans le monde entier selon des procédures standard et sous la supervision directe de la Première Présidence. L'Église a également des investissements et des réserves financières limités dans le cadre de sa stratégie générale pour alimenter des programmes ecclésiastiques de plus en plus étendus. La gestion de tous les fonds est régulièrement apurée conformément à des pratiques financières éprouvées.

      Les saints des derniers jours prennent au sérieux le commandement de payer la dîme et les promesses faites par le Seigneur dans l'Ancien Testament :

      « Un homme trompe–t–il Dieu ? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons–nous trompé ? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction, et vous me trompez, la nation tout entière ! Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez–moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance » (Mal. 3:8-10).

      Cette loi des finances pour l'Église de Dieu a été réitérée dans les Écritures modernes. En 1838, le Seigneur a souligné cette loi importante dans une révélation donnée au prophète Joseph Smith et a défini la dîme comme étant « annuellement un dixième de tous leurs revenus » (D&A 119:4).

      Les années précédant le début du XXe siècle furent financièrement pénibles pour la jeune Église en difficulté à cause de la dépression des années 1890 et de la confiscation des fonds de l'Église pendant la longue campagne du gouvernement fédéral contre la polygamie. En mai 1899, Lorenzo Snow, président de l'Église, se rendit, malgré son grand âge, de Salt Lake City à St-George (Utah) pour réconforter les membres dont les terres subissaient une sécheresse catastrophique. Les cours d’eau et les puits étaient asséchés et ils étaient menacés de famine. Pendant cette visite, le président Snow fut inspiré d’évoquer les paroles de Malachie et de promettre aux saints, dans leur situation de grand dénuement, que s'ils payaient une dîme honnête, les « écluses des cieux s’ouvriraient ». Les saints l’écoutèrent, la pluie vint et la population fut bénie (Cowan, p. 15-18).

      À partir de cet événement, le principe de la dîme connut une importance renouvelée dans toute l'Église. Les membres réagirent avec un engagement et une foi accrus et, en quelques années, l'Église fut financièrement saine et l’est restée depuis. Par la foi et les sacrifices de ses membres, l'Église a pu faire face à une croissance mondiale régulière. Les saints des derniers jours considèrent le paiement de la dîme comme une bénédiction et parlent souvent des bénédictions spirituelles et financières qui ont découlé de l'obéissance à cette loi.

      En plus de payer la dîme, les membres peuvent contribuer à plusieurs fonds spécialement conçus. Le premier dimanche de chaque mois, les membres jeûnent deux repas et donnent, au minimum, l'équivalent en argent de deux repas au fonds d’offrandes de jeûne utilisé exclusivement pour aider les pauvres et les nécessiteux. Le soutien des missionnaires est avant tout une responsabilité familiale. Depuis le 1er janvier 1991, le coût mensuel pour les missionnaires et leurs familles a été normalisé dans le monde entier aux dépenses mensuelles moyennes des missionnaires. Cependant, les membres sont également invités à contribuer pour aider les missionnaires qui ont des finances insuffisantes.

GESTION FINANCIÈRE
 
       La collecte et l’utilisation des fonds se pratiquent selon des procédés de gestion de trésorerie éprouvés. La dîme est donnée à la paroisse ou à la branche locale et est remise à l’administration de l'Église qui a reçu compétence en la matière. Les bureaux interrégionaux et régionaux de par le monde collectent et dépensent les fonds selon les directives des officiers présidents au siège de l’Église.

      Les fonds du don de jeûne sont recueillis dans les paroisses où ils sont d'abord utilisés pour prendre soin des nécessiteux de la paroisse. L’excédent des dons de jeûne dont on n’a pas besoin localement est envoyé au siège de l’Église ou aux bureaux interrégionaux. Tous les déficits causés par le soin des pauvres dans l'unité locale sont comblés par les dons de jeûne excédentaires des fonds généraux. C’est ce qui permet à l’évêque local de répondre aux besoins de sa paroisse en matière d'entraide.

      Le 8 juillet 1838, le prophète Joseph Smith reçut une révélation précisant la méthode à suivre pour l’utilisation de la dîme reçue par l'Église : « En vérité, ainsi dit le Seigneur, le temps est maintenant venu où leur affectation [des dîmes] sera décidée par un conseil composé de la Première Présidence de mon Église, de l'évêque et de son conseil, et de mon grand conseil » (D&A 120:1).

      Plus tard fut créé le Conseil d’Affectation des dîmes, comprenant la Première Présidence de l'Église, le Collège des douze apôtres et l'Épiscopat Président. Ce conseil se réunit régulièrement et supervise les dépenses de tous les fonds de l’Église dans le monde entier. Il approuve les budgets et la stratégie financière et définit la politique financière.

      Deux sous-comités du Conseil d’Affectation des dîmes sont le Comité du Budget et le Comité d’Allocations. Les deux comités comprennent la Première Présidence, des membres choisis du Collège des douze apôtres et les membres de l'Épiscopat Président.

      Le Bureau du Budget de l’Église fournit un appui en personnel à la Première Présidence et donne l’orientation administrative générale à la préparation du budget annuel de l’Église. Au début de chaque cycle budgétaire annuel, des directives concernant le budget sont données aux chefs de service des départements administratifs de l’Église, aux bureaux internationaux, aux missions, aux temples et à d'autres unités. C’est en fonction de ces directives que les budgets sont élaborés aux niveaux de responsabilité les plus bas et scrupuleusement passés en revue par les divers niveaux de gestion et de conseils. Le Comité du Budget se réunit périodiquement pour faire un passage en revue approfondi du budget et pour formuler des recommandations en matière de budget au Conseil d’Affectation des dîmes.

      Le Comité d’Allocations se réunit chaque semaine. Toutes les demandes de dépense dans le monde entier, à l’exception du petit nombre qui ont été déléguées à un niveau inférieur d'administration par le Conseil d’Affectation des dîmes, sont examinées, vérifiées pour s'assurer que la demande se situe dans le budget et reçoivent leur allocation. Les dépenses qui ont été déléguées font l’objet d’un rapport au comité.

CONTRÔLES FINANCIERS
 
      Les contrôles financiers sont administrés par l'utilisation d’une politique financière, d'une mise au budget, d’une structure d'organisation et d’audits réguliers et complets. La politique financière principale vient du Conseil d’Affectation des dîmes. Des directives de politique et de procédure financières supplémentaires sont publiées par le Département des finances et des registres, lequel, sous la direction de la Première Présidence et de l'Épiscopat Président, est responsable des aspects gestion/contrôle de la comptabilité de la trésorerie, de la taxation et de la gestion des risques.

      L'Église a un Comité d'audit composé d'hommes d'affaires expérimentés qui ne sont pas associés à l'Église comme employés ou Autorités générales. Ce comité fait directement rapport à la Première Présidence de l'Église et travaille en collaboration étroite avec le Département des finances et des registres et avec le Département des apurements pour garantir le respect strict des principes moraux et des règles et des procédures financières rigides. Le Département d’apurement fait, lui aussi, directement rapport à la Première Présidence de l'Église et conserve ainsi son indépendance par rapport à tous les autres départements. Son personnel d’experts-comptables agréés exécute des audits continus des systèmes financiers, opérationnels et informatiques pour les départements de l’Église et les autres organisations gérées par l’Église. Des réactions à tous les audits sont exigées et un suivi est assuré.

PARTICIPATION ET INVESTISSEMENTS DANS DES ENTREPRISES
 
La Première Présidence a créé d’autres conseils et comités pour superviser la gestion des investissements et des réserves de l'Église. Chacun de ces comités essentiels est présidé par un membre de la Première Présidence ou par une autre Autorité générale désignée.

      Le Comité de la politique d'investissement est présidé par la Première Présidence et inclut le président du Conseil des Douze, d'autres membres des Douze désignés et l'Épiscopat Président. Son but est de définir la politique et la stratégie d'investissement et de passer en revue les décisions principales d'investissement.

      La Deseret Management Corporation (DMC) est une société avec son propre conseil d'administration. DMC fonctionne comme un holding pour la plupart des entreprises commerciales appartenant à l'Église. Ces compagnies payent tous les impôts dont doivent s’acquitter les sociétés commerciales. Certains biens sont également détenus pour des raisons autres que l'investissement. En plus de protéger les environs des propriétés sacrées, ces investissements peuvent être maintenus pour soutenir les efforts ecclésiastiques de l'Église.

      L'Église détient toujours quelques propriétés créées à l’origine pour soutenir le commerce dans les communautés des saints. Cependant, suite à une évaluation de ces avoirs et de leurs contributions à sa mission, l'Église en a liquidé beaucoup.


Bibliographie

Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Doxey, Roy W. Tithing : The Lord's Law. Salt Lake City, 1976.