NOUS AVONS APPRIS À
LE CONNAÎTRE
Dans les années 1850,
les dirigeants de l’Église décident de
constituer des convois de charrettes à bras afin de diminuer
les frais et de pouvoir accorder une aide financière au plus
grand nombre possible d’émigrants. Les saints qui
voyagent de cette façon ne mettent que cent livres
de farine et des quantités limitées de provisions et de
biens dans une charrette et la poussent ensuite sur les plaines. De
1856 à 1860, dix convois de charrettes à bras se
rendent en Utah. Huit d’entre eux arrivent à
bon port dans la vallée du lac Salé, mais deux d’entre
eux, les convois de charrettes à bras Martin et Willie, sont
surpris par un hiver précoce et beaucoup de sains périssent.
Un homme, qui avait traversé
les plaines avec le convoi de charrettes à bras Martin, vécut
de nombreuses années en Utah. Un jour, il se trouvait avec un
groupe de personnes qui commencèrent à critiquer
vivement les dirigeants de l’Église d’avoir permis
aux saints de traverser les plaines en n’ayant pas davantage de
réserves ou de protection que celles que fournissait un convoi
de charrettes à bras. Le vieillard écouta jusqu’à
ce qu’il ne pût plus le supporter ; puis il se leva et
dit avec beaucoup d’émotion :
« J’étais
dans ce convoi et ma femme y était. Nous avons souffert
au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer, et beaucoup sont
morts de faim et de froid ; mais avez-vous jamais entendu un
survivant de ce convoi se livrer à la moindre critique ? Nous
avons traversé les plaines avec la connaissance absolue que
Dieu vit, car, dans notre détresse, nous avons appris à
le connaître.
« J’ai tiré
ma charrette à bras, alors que j’étais si faible
et si las de maladie et de manque de nourriture, qu’il m’était
quasiment impossible de mettre un pied devant l’autre. J’ai
regardé devant moi et j’ai vu une étendue de
sable ou une montée, et je me suis dit : Je ne pourrai aller
que jusque là et alors je devrai renoncer, car je ne pourrai
pas arriver de l’autre côté en tirant cette
charge. J’ai continué jusqu’à ce sable, et
quand j’y suis arrivé, c’est la charrette qui a
commencé à me pousser. Je me suis retourné bien
des fois pour voir qui poussait ma charrette, mais mes yeux n’ont
vu personne. J’ai su alors que les anges de Dieu étaient
là.
« Ai-je regretté
d’avoir décidé de venir avec les charrettes à
bras ? Non. Ni à ce moment-là, ni à aucun
instant de ma vie depuis lors. Ce que nous avons dû payer pour
faire la connaissance de Dieu, cela a été une joie de
le payer, et je suis reconnaissant d’avoir eu la bénédiction
de venir avec le convoi Martin de charrettes à bras. »
(William Palmer,
cité dans David O.McKay, « Pioneer Women », Relief
Society Magazine, janvier 1948, p. 8 ; Notre Patrimoine, p. 78-80)