LE SÉJOUR D'UN APÔTRE EN EUROPE EN 1946 :

EXPÉRIENCES DE FOI ET D'INTERVENTIONS DIVINES



Peu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Ezra Taft Benson, alors membre du Collège des Douze, reçoit une mission importante et difficile. Il doit se rendre en Europe pour relancer l'œuvre missionnaire et superviser la distribution de nourriture, de vêtements et de draps et couvertures qui font tant défaut dans les régions dévastées par la guerre.


Dans la lettre précisant sa mission à frère Benson, la Première Présidence déclare : « Vous aurez une bonne influence sur tous ceux que vous rencontrerez… Vous et eux ressentirez que vous êtes accompagné par une puissance et un esprit surhumains. » (Frederick W. Babbel, On Wings of Faith, p. 46).

Les événements des mois qui suivent démontrent amplement la nature prophétique de cette promesse. Frère Benson est accompagné de Frederick W. Babbel, qui a été missionnaire dans la mission suisse-allemande juste avant la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale. Ils quittent Salt Lake City le 29 janvier 1946 et arrivent en Angleterre le 4 février.

Dès le début de leur mission, ils font fréquemment référence à une promesse des Écritures qui, pensent-ils, s'accomplit en leur faveur : « Ils iront, et nul ne les arrêtera, car c'est moi, le Seigneur, qui le leur ai commandé. » (D&A 1:5)

Frère Benson rapporte : « Les barrières sont tombées. Des problèmes qui semblaient insolubles ont été résolus, et l'œuvre a été accomplie en grande partie grâce aux bénédictions du Seigneur. » (Conference Report, avril 1947, p. 153)

Frère Benson devient le premier civil américain à être autorisé à voyager dans les quatre zones occupées en Allemagne. L'une des premières villes où se rend frère Benson est Karlsruhe, grande ville allemande sur le Rhin. Il demande où les saints des derniers jours se réunissent. On lui indique un quartier presque entièrement constitué de bâtiments détruits.

Frère Babbel écrit : « Garant notre voiture près d'énormes amas de métal tordu et de béton, nous avons franchi plusieurs grands tas de décombres et nous avons progressé entre les murs éventrés et nus dans la direction qui nous avait été indiquée. À la vue de la désolation qui nous entourait, notre tâche nous a paru impossible. C'est alors que nous avons entendu les accents lointains de 'Venez, venez, sans craindre le devoir' chanté en allemand. Nous étions fous de joie. Aucune musique n'aurait pu nous faire plus plaisir !

« Nous nous sommes précipités dans la direction d'où venait le chant, et nous sommes arrivés à un bâtiment très endommagé dont plusieurs salles étaient encore utilisables. Dans l'une d'elles nous avons trouvé 260 saints joyeux encore en conférence, alors que la réunion aurait dû être finie depuis longtemps… Pleurant de reconnaissance, nous nous sommes avancés rapidement vers l'estrade improvisée. Jamais je n'ai vu le président Benson aussi profondément et visiblement ému que ce jour-là. » (On Wings of Faith, p. 46)

Ce que frère Benson éprouve pendant la réunion, il le décrit en ces termes : « Les saints étaient déjà en réunion depuis deux heures, nous attendant, espérant que nous viendrions parce qu'ils avaient appris que nous pourrions être là pour la conférence. Alors, pour la première fois de ma vie, j'ai vu presque toute une assemblée en larmes tandis que nous nous avancions vers l'estrade et qu'ils se rendaient compte qu'enfin, après six ou sept longues années, des représentants de Sion, comme ils disaient, étaient revenus chez eux.

« Ensuite, à la fin de la réunion, prolongée à leur demande, ils ont insisté pour que nous allions à la porte et que nous serrions la main de chacun d'eux pendant qu'ils sortaient du bâtiment endommagé par les bombes. Nous avons remarqué que beaucoup d'entre eux, après avoir fait la queue et nous avoir serré la main, retournaient dans le bâtiment et refaisaient la queue une et deux fois, tant ils étaient heureux de pouvoir nous tenir la main. En regardant les visages levés, pâles, maigres, de ces saints dont beaucoup étaient vêtus de haillons, et dont certains étaient pieds nus, j'ai vu la lumière de la foi dans leurs yeux tandis qu'ils témoignaient de la divinité de cette grande œuvre des derniers jours et exprimaient leur reconnaissance pour les bénédictions du Seigneur. » (Conference Report, avril1947, p. 153)

Frère Benson a ensuite le sentiment qu'il doit d'urgence rendre visite aux saints dispersés dans ce qui a été la Prusse orientale et qui fait maintenant partie de la Pologne. Cependant, malgré des visites répétées à l'ambassade polonaise à Londres, il n'obtient pas les visas dont il a besoin pour aller à Varsovie.

Frère Babbel raconte ce qui se passe après la dernière tentative infructueuse : « Nous avions l'impression profonde (frère Benson et moi) que nous étions devant un problème insurmontable. Après quelques instants de réflexion intense pendant lesquels nous ne dîmes pas un mot ni lui ni moi, il dit posément mais fermement : 'Je vais prier à ce sujet.' Frère Benson se retira dans sa chambre pour prier.

« Deux ou trois heures plus tard, il se tenait à ma porte et me dit avec un sourire : 'Faites vos bagages. Nous partons pour la Pologne demain matin.' Au début, j'eus du mal à croire ce que je voyais : Il était enveloppé d'une belle lumière dorée. Son visage était rayonnant comme j'imaginais que l'était celui du prophète Joseph lorsqu'il était rempli de l'Esprit du Seigneur. » (On Wings of Faith, p. 132).

Frère Benson se rend en avion à Berlin et y obtient les laissez-passer pour la Pologne pour son groupe, alors qu'on lui avait dit que la Mission militaire polonaise de Berlin n'avait pas autorité pour accorder ces laissez-passer. À leur arrivée en Pologne, frère Benson et ceux qui l'accompagnent se rendent en voiture dans une petite ville où se trouve une petite branche allemande de l'Église.

Frère Babbel raconte : « Il n'y avait pas signe de vie dans les rues quand nous entrâmes dans la petite ville de Zelback… Nous traversâmes tout le village et trouvâmes l'église – le seul bâtiment de culte appartenant à l'Église dans ce qui était autrefois l'Allemagne – et en descendant de voiture, nous demandâmes à la seule femme qui se trouvait là si c'était l'église mormone et où nous pouvions trouver le président de branche.

« Nous avions repéré cette femme, qui se cachait derrière un gros arbre. Elle avait paru effrayée quand nous nous étions arrêtés, mais en apprenant qui nous étions, elle nous accueillit en pleurant de reconnaissance et de joie. En quelques minutes la nouvelle se répandit de maison en maison : 'Les frères sont ici ! Les frères sont ici !' Nous fûmes bientôt entourés d'une cinquantaine des personnes les plus heureuses que nous ayons vues.

« En voyant notre étrange jeep approcher avec ce qu'ils craignaient être des soldats russes ou polonais, ils avaient abandonné la rue comme par magie. De la même façon, lorsqu'ils apprirent notre véritable identité et notre mission, la rue s'anima et se remplit de femmes et d'enfants joyeux – de femmes et d'enfants, car il ne restait que deux des vingt-neuf détenteurs de la prêtrise.

« Ce matin-là, plus d'une centaine de saints s'étaient assemblés en réunion de jeûne et de témoignage pour rendre leur témoignage et pour supplier le Tout-Puissant par leurs chants, le jeûne et la prière, de leur faire miséricorde et de faire que les missionnaires reviennent leur rendre visite. Notre arrivée soudaine et impromptue, après un isolement presque complet du siège de l'Église et de la mission depuis le début de 1943, était la réponse tant attendue et si merveilleuse qu'ils avaient du mal à croire à leur bonheur. » (On Wings of Faith, p. 148)

L'une des responsabilités les plus importantes de frère Benson est de répondre aux besoins matériels aigus des saints de l'Europe dévastée par la guerre. Il travaille en étroite collaboration avec les autorités militaires et gouvernementales afin que les marchandises expédiées d'Amérique puissent parvenir aux saints qui en ont un besoin si urgent.

Les dirigeants européens de l'Église pleurent de joie et de reconnaissance lorsqu'ils se rendent dans les hangars où les marchandises du programme d'entraide ont été entreposées. Frère Benson écrit : « Si vous aviez pu voir les vêtements bien rangés sur le sol et dans les placards du siège de la mission et être témoins des expressions de reconnaissance verbales ou qui se lisaient sur les visages des membres de la présidence de la mission et d'autres saints ! » (Richard O. Cowan, The Church in the Twentieth Century, p. 209).

Pendant son séjour en Europe, frère Benson contribue également à étendre l'œuvre missionnaire régulière à la Finlande. Le 15 juillet 1946, sur une colline des environs de Larsmo, il consacre et bénit la Finlande afin que son peuple soit réceptif à l'Évangile.

La mission de dix mois en Europe de frère Benson se poursuit jusqu'en décembre 1946. Pendant cette période, il parcourt plus de cent mille kilomètres et supervise la distribution de quatre-vingt douze wagons de secours – environ deux mille tonnes (voir The Church in the Twentieth Century, p. 210). De nouveaux présidents de mission sont appelés pour diriger l'œuvre dans la plupart des missions européennes, et là où les restrictions militaires ne permettent pas encore la présence de missionnaires américains, des missionnaires locaux sont appelés à servir à plein temps.

À son retour d'Europe, frère Benson retrouve les responsabilités plus habituelles d'un membre du Collège des Douze.
 


(Mon royaume remplira toute la terre, manuel de l'étudiant de l'institut, années 1980, chapitre 23)