Votre mission est de les trouver
et de veiller à ce qu'ils sortent du pays
 
 
Jay M. Todd
 


 
En 1925, les missions allemandes sont divisées, comme elles I’ont déjà été plusieurs fois, en une mission Allemagne-Autriche, avec 6125 membres, et la mission Suisse-Allemagne avec 5305 membres — au total plus de 11000 saints germanophones.
 
En 1930, les saints de langue allemande fêtent le centième anniversaire de I’Église avec des expositions qui attirent de grandes foules. Plus de 250.000 brochures sur la Parole de sagesse sont distribuées à une exposition à Dresde, et à Berne les saints se font beaucoup d’amis avec leur exposition sur I’hygiène et le sport. « Nous n’avons encore jamais reçu de publicité aussi favorable dans la presse allemande », dit le président Fred Tadje. Frère John A. Widtsoe, alors président de la mission européenne, écrit peu après, à propos des saints allemands et suisses : « ll n’en est pas, dans toute I'Église, qui soient plus fidèles et plus dévoués. »
 
Mais les forces du mal ne sont pas inactives. Les soldats nazis marchent au pas de I'oie, et I’attitude du régime vis-à-vis de I’Église se manifeste bientôt. En mai 1933, les soldats nazis interrompent une assemblée de saints ; le même mois, dans une autre partie de I’Allemagne, deux missionnaires sont battus par un nazi en uniforme. En 1934, le mouvement des boy-scouts de I’Église est dissous sur ordre du gouvernement, et la brochure « Autorité divine » est interdite. Un an plus tard, les Articles de Foi, de frère James E. Talmage, sont bannis et I’ordre est donné de brûler les exemplaires du livre.
 
En 1937, la diffusion de la plupart des autres brochures de I'Église est interdite. Un an plus tard, quelques-uns des principaux saints des derniers jours allemands sont mis en prison et accusés de « haute trahison » pour avoir rempli leurs devoirs religieux. L’ombre d’Hitler s’étend.
 
En dépit de ces difficultés, les forces du bien ne sont pas abandonnées sans préparation à ce qui va venir. Le 2 juillet 1935, des instructions sont envoyées à tous les missionnaires d’Allemagne leur demandant de trouver et de mettre à part des dirigeants locaux comme présidents de branche et conseillers. Les fidèles du Seigneur ne resteront pas rester ignorants des principes de la prêtrise.
 
Les instructions n’arrivent pas trop tôt, car le 25 août 1939, frère Joseph Fielding Smith, du Collège des Douze, arrive en Allemagne pour informer tous les missionnaires de ce qu’ils doivent partir immédiatement.
 
Et c’est ici qu'on trouve une des histoires les plus inspirantes de la Deuxième Guerre mondiale. Le président M. Douglas Wood fait venir dans son bureau un grand et
puissant missionnaire d’ldaho et lui dit : « Elder, nous avons trente-et-un missionnaires qui sont perdus quelque part entre ici et la frontière hollandaise. Votre mission est de les trouver et de veiller à ce qu’ils sortent du pays. »
 
Le jeune missionnaire se met en route avec 500 marks et quelques billets pour le Danemark et Londres et il lui est dit de se fier à son inspiration. II prend le train et se dirige vers I’ouest, ne sachant où aller. Cologne n’est pas sa destination, mais il se sent poussé à y descendre du train. La grande gare est remplie de milliers de personnes. Comment trouver les missionnaires perdus ?
 
II se met à siffler le cantique « Fais ton devoir », et dans un coin de la gare, un Elder et un couple missionnaire marié entendent I’appel et reçoivent promptement leurs billets pour le Danemark.
 
Le missionnaire monte de nouveau dans le train et continue sa mission, descendant dans les gares frontalières, ville après ville, mais uniquement lorsqu’il se sent inspiré à le faire. Conduit par I’inspiration, il trouve dix-sept missionnaires, qui peuvent fuir I’Allemagne ce soir-là. Peu après, le siège de la Mission reçoit un rapport déclarant que tous les missionnaires sont hors d'Allemagne et en sécurité. Neuf jours plus tard, la guerre éclate.
 
 
Source : L'Étoile, mars 1969