Double miracle


Christophe Pascaud



En 1990, j’ai 17 ans. Les médecins me diagnostiquent un cancer des poumons. Le ciel me tombe sur la tête. Mes parents sont abattus. Je subis deux opérations : poumons et abdomen et de longues séances de chimiothérapie où je crois à chaque fois que je vais mourir tellement cela m’affaiblit. Perte de cheveux. Le regard des autres sur moi est insupportable. J’ai 17 ans. Les membres du pieu de Genève de l’époque jeûnent pour moi.

Arrive la conférence de pieu où le pieu de Lyon est créé. C’est l’apôtre L. Tom Perry qui préside cette conférence historique à Genève. À la fin de la conférence, le président de pieu s'approche de l’oreille d’Elder Perry et lui explique ma situation : « ce jeune homme de 17 ans s’appelle Christophe Pascaud. Il est membre de la paroisse de Lyon 1 dans notre pieu. D’après les médecins, il est en phase terminale d’un cancer des poumons. À la demande des parents, pourriez-vous lui donner une bénédiction apostolique ? »

On me porte jusqu’à la salle du grand-conseil de l'église de Genève. Je m'en souviens comme si c’était hier. Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire. La porte s’ouvre, je vois cet homme de Dieu et je ressens tout de suite le Saint-Esprit m’envelopper, comme dans une couverture. Je revois encore le sourire de cet homme. Il m’impose les mains. Je me lève immédiatement sans que l’on m’aide. Je repars en marchant sans que l’on m’aide. On m’a porté jusqu’à lui et je repars en marchant avec vigueur.

Je vais alors mieux. Beaucoup mieux. Deux jours passent. J’ai une poussée de fièvre inquiétante. On m’emmène à l’hôpital. Je délire. Je commate. Les médecins font des analyses et des examens poussés. Résultat : j’ai attrapé un virus, car je suis sans défenses immunitaires, à cause de la chimiothérapie.

On me soigne. Je vais mieux. Le médecin entre dans la chambre et demande à voir mes parents en aparté. L'entretien dure deux minutes. Mes parents reviennent. Ils ont pleuré. Le médecin m’annonce que je n’ai plus aucune trace du cancer, que c’est un miracle. Mais il m’annonce que je ne pourrai pas avoir d’enfants. Or, 28 ans après, je suis toujours là et avec Caroline, nous avons cinq beaux enfants. Double miracle !

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