Sa persévérance est récompensée


Quand un missionnaire frappe à sa porte, à Vienne, en 1913, Františka Brodilová ne peut imaginer le rôle qu’elle jouera dans l’histoire de l’Église. L’année qui suit sa conversion, la Première Guerre mondiale se répand dans l’Empire austro-hongrois, les missionnaires retournent chez eux et beaucoup de frères de l’Église sont mobilisés, si bien que Františka et quelques autres sœurs doivent se réunir seules.

Pendant des années, Františka n'a pas d'autre contact avec l’Église. Après la guerre, le mari de Františka, František, se voit promettre un poste dans le nouveau gouvernement de Tchécoslovaquie. Après leur déménagement à Prague, Františka se retrouve être la seule membre de l’Église dans ce pays. František décède quelques mois plus tard, laissant Františka seule avec deux fillettes à élever, Frances et Jane.

Františka enseigne seule l’Évangile à ses filles. L'une d'elles, Frances, racontera : « J’ai grandi dans l’église parce que l’église, c’était notre maison ! » Františka écrit aux dirigeants de l’Église en Autriche et leur demande d’envoyer des missionnaires en Tchécoslovaquie. Ils se montrent réticents parce que le dernier missionnaire qui a servi à Prague environ quarante ans plus tôt a été emprisonné pour avoir prêché puis a été banni de la ville. Il y a maintenant un nouveau gouvernement, cependant les dirigeants de l’Église craignent que la situation ait peu changé.

Ne se laissant pas se décourager, Františka continue de rédiger des lettres et de prier pour qu’une mission soit établie. En 1928, alors que cela fait dix ans que Františka est seule, Thomas Biesinger, le missionnaire qui a prêché à Prague quarante ans auparavant et qui est maintenant âgé de quatre-vingt-trois ans, revient. L’isolement de la famille semble terminé. Cependant, peu de temps après, frère Biesinger, dont la santé décline, est obligé de quitter le pays.

Františka, bien que découragée, décide de continuer d’envoyer des courriers à des membres et des dirigeants de l'Église à l’étranger. Sa persévérance est récompensée lorsque, le 24 juillet 1929, John A. Widtsoe (1872-1952), du Collège des douze apôtres, arrive à Prague avec un groupe de missionnaires. Ce soir-là, Františka et le groupe montent sur une colline près du château de Karlštejn, où frère Widtsoe consacre la Tchécoslovaquie à la prédication de l’Évangile et organise officiellement une mission. Františka écrira par la suite : « Peu de gens peuvent imaginer notre joie. Nous priions depuis des années pour que ce jour arrive. »

Durant près de six mois, la branche se réunit chez Františka. Celle-ci assiste ses filles dans la traduction du Livre de Mormon en tchèque et pose les fondements de l’Église dans ce qui deviendra la République tchèque.


Source : Le Liahona, juillet 2018, p. 30-32