Ils
regrettaient de devoir s'en aller
Tahiti
– San Francisco, 1964
Le
3 mai 1964 a lieu le vol inaugural de la Pan American Airlines de
Tahiti à San Francisco, et beaucoup d'autorités locales
reçoivent, à titre publicitaire, des billets gratuits.
Le président de la mission de Polynésie française,
Thomas Stone, est invité à prendre l'avion en tant que
représentant de l'Église qui est un client important de
Pan Am dans le
monde
entier. Il voyage avec un groupe de plus de trente fonctionnaires du
gouvernement
français, dont le président de l'assemblée
territoriale, des membres
du
conseil du gouveneur et des fonctionnaires des douanes. Ce qui a
commencé comme un voyage aérien sans histoire, se
révèle être la réponse aux prières
du président Stone pour l'amélioration des rapports
avec le gouvernement.
Lorsque
le charter arrive à San Francisco, le groupe est emmené
en car faire le tour de la région de la baie de San Francisco.
Le groupe doit visiter l'hôtel Claremont, à Berkeley,
mais voyant qu'ils sont arrivés presque une heure trop tôt,
le président Stone demande si le conducteur du car peut passer
devant le centre interpieux tout proche. C'est un immense complexe de
l'Église desservant neuf pieux de la région d'Oakland.
Il est équipé d'un des plus beaux orgues de l'Église
et a une salle de Sainte-Cène pouvant recevoir
deux
mille deux cents personnes.
Le
représentant de la Pan Am ne veut être associé à
aucune confession religieuse mais donne quand même au
conducteur la permission de faire le détour. O. Leslie Stone,
père de Thomas Stone et président du pieu d'Oakland
Berkeley, arrive par coïncidence au même moment que le
groupe. Thomas Stone présente son père aux autorités
gouvernementales et celui-ci invite les visiteurs à voir le
nouveau bâtiment. Ils visitent le centre et entendent un
récital d'orgue improvisé par un organiste
professionnel qui
répète
en vue d'une prochaine représentation. Tous les membres du
groupe sont impressionnés par la beauté de la musique
et du cadre.
Ils
visitent aussi l'église de la paroisse d'Oakland, qui est à
côté, et constatent qu'il y a beaucoup de salles de
classe vides. Ils demandent pourquoi elles sont vides et à
quoi elles servent. Le nombre de salles de classe construites dans
les églises de Polynésie française a toujours
été une source de préoccupation pour les
autorités françaises, qui ne sont pas convaincues que
les classes ne servent qu'à des fins religieuses. Le président
Stone explique que les classes sont vides parce qu'elles sont
exclusivement utilisées pour l'enseignement religieux du
dimanche.
Le
groupe se rend alors dans la salle de Société de
secours où la Société de secours de la troisième
paroisse d'Oakland tient une réunion de témoignages.
Les autorités gouvernementales se disent intéressées
par la réunion. Elles sont alors invitées à y
participer et, grâce à un traducteur, entendent les
témoignages rendus ce jour-là. À la fin de la
réunion, le porte-parole du groupe demande à pouvoir
dire quelques mots avec l'aide d'un traducteur. Le président
Stone et son père entendent cette autorité supérieure
du gouvernement dire aux femmes :
'Je
voudrais m'excuser d'avoir interrompu cette belle réunion.
Nous avons été extrêmement impressionnés
par ce que nous avons vu en ce bel endroit. Nous avons eu l'occasion
d'écouter un beau récital d'orgue et maintenant de vous
entendre exprimer du fond du coeur vos sentiments vis-à-vis de
vos croyances. Cela a eu un effet très profond sur mon âme.
Je tiens à ce que vous sachiez combien nous sommes
reconnaissants d'avoir des représentants de votre Église
en Polynésie française. Ils enseignent de merveilleux
principes, notamment la Parole de sagesse, qui est bonne pour nos
jeunes...'
Avant
la fin de la visite, O. Leslie Stone invite le car tout entier
d'autorités venues de Tahiti à passer devant le temple
d'Oakland, alors en construction, et à s'arrêter
brièvement à la maison familiale des Stone à
Piedmont. Le temple impressionne encore davantage le groupe. Soeur
Stone salue chaque membre du groupe comme s'il était un ami
qu'elle n'avait plus vu depuis longtemps. Le président Stone
dira : 'Ma mère les a embrassés à la
française sur les deux joues et leur a fait une vraie fête !
Ils regrettaient de devoir s'en aller.'
Pour
Thomas Stone, cette expérience avec les autorités
tahitiennes à San Francisco a véritablement été
une réponse à ses prières, car les autorités
ont vu l'Église en action aux États-Unis. Grâce à
cette expérience, les autorités françaises
changent par la suite d'attitude. Le nombre de visas missionnaires
augmente légèrement et, chose plus importante, les
restrictions imposées au programme de construction de l'Église
sont levées. La permission de construire l'église de
llpaerui est accordée, salles de classe y compris.
Le
président Stone dira : « Tout ce que nous
essayions de dire aux autorités depuis des
années,
ils le virent de leurs propres yeux en Californie. Je n'avais plus
besoin de dire quoi que ce soit. » Pendant tout le reste
de son service à Tahiti, il aura des rapports
cordiaux
avec ce groupe d'autorités gouvernementales.
Source
: S.
George Ellsworth et Kathleen C. Perrin, Chronique de la foi et du
courage – Les saints derniers jours en Polynésie
française (1843-1993), 1994, Sandy, Utah, p. 209-210