Les
Mama Ruau
Tahiti,
années 1960
Un
des groupes artistiques les mieux connus qui sont créés
à l'occasion de soirées
musicales et de représentations artistiques sur des
navires de ligne océaniques est le Pupu Mama Ruau, qui
signifie littéralement le « choeur des
grands-mères ».
La
réputation des Mama Ruau mormones, chanteuses et danseuses, se
répand dans toute la Polynésie française et
au-delà. On leur demande de se produire devant les autorités
gouvernementales et les dirigeants locaux de la collectivité.
Le
choeur reçoit un jour en paiement trois cents dollars pour se
produire devant un groupe de touristes et poser pour des photos. En
juin 1964, le Pupu Mama Ruau part en bateau pour une tournée
de dix jours dans les îles Sous-le-Vent. Elles se produisent
devant plus de deux mille cinq cents spectateurs à Huahine,
Raïatea, Tahaa et Bora Bora et sont reçues avec
enthousiasme et appréciation. Lors des festivités de
juillet de 1964, les Mama Ruau gagnent un prix de trente mille francs
et une mention spéciale pour leur remarquable représentation.
Les « grands-mères chanteuses » se
produisent dans des hôpitaux, dans la colonie lépreuse
et à bord du porte-avion français Foch devant
trois mille soldats. Elles se produisirent également en
plusieurs autres occasions pour l'armée française.
En
octobre 1965, Hugh Downs, la personnalité de la télévision
américaine, et sa femme, rendent visite à la mission
pour écouter le célèbre Pupu Mama Ruau. Ils
sont favorablement impressionnés par le programme et par
l'oeuvre de l'Église en général en Polynésie
française. En janvier 1966, le Pupu Mama Ruau enregistre
un disque avec un musicien local populaire, Eddie Lund.
L'argent de la vente du disque va au fonds de construction de la
mission.
En
septembre 1966, les Mama Ruau sont invitées à
participer aux festivités organisées lors de la visite
du président de Gaulle. Le 10 septembre 1966, le groupe se
produit devant Madame de Gaulle à la résidence du
gouverneur Sicurani à Punaauia. Après la
représentation, le choeur ainsi que le président et
soeur Karl Richards ont l'honneur de rencontrer Madame de Gaulle.
Au
cours du même mois, six des Mama Ruau et le président de
mission, Karl Richards, sont invités à la télévision.
Le président les présente brièvement et annonce
la prochaine grande soirée
musicale, puis elles
font une démonstration de leurs talents devant les caméras.
Nous sommes alors dans les premiers temps de la télévision
en Polynésie française, et c'est une expérience
merveilleuse pour celles qui peuvent y prendre part.
Le
point culminant des représentations du groupe a lieu un an
plus tard, après un autre spectacle remarquable devant
l'armée. Le 22 septembre 1967, vingt-trois des Mama Ruau
partent pour les États-Unis. Elles se produisent à
Disneyland, où elles ont un succès fantastique. De là,
elles se rendent à Salt Lake City, où elles se
produisent pour la conférence de la Société de
secours au moment de la conférence générale.
Elles se produisent dans toute la vallée du lac Salé,
invitées par les anciens missionnaires de Tahiti et d'autres
qui ont des liens avec la Polynésie française. Leurs
représentations en Utah sont accueillies avec enthousiasme, et
ceux qui ont la chance de les voir peuvent sentir l'esprit
merveilleux qui les anime.
Le
groupe retourne triomphalement à Tahiti, débordant
d'enthousiasme pour sa tournée de concerts américaine
et sa réputation croissante.
En
1968, la popularité et la célébrité des
Mama Ruau mormones suscite tant d'intérêt parmi les
soeurs tahitiennes que le groupe originel, dirigé par le
district, ne peut recevoir toutes celles qui veulent en faire partie.
Des conflits ont lieu au sujet de la participation et de la
direction du groupe. Sur la recommandation des dirigeants de la
prêtrise, le groupe de district est dissous et chaque branche
est invitée à former le sien. Ces groupes de
Tahitiennes d'âge mûr, chantant et dansant, seront
toujours le clou des soirées culturelles ou fariiraas
devant les autorités de l'Église en visite. Les groupes de Mama Ruau resteront
populaires pendant des décennies.
Source
: S.
George Ellsworth et Kathleen C. Perrin, Chronique de la foi et du
courage – Les saints derniers jours en Polynésie
française, 1994, Sandy, Utah, p. 225-226