Du racisme dans le Livre de
Mormon ?
Jonathan Decker
Tout
est dans le contexte.
Les critiques du Livre
de Mormon citent
souvent des passages isolés comme preuve que les saints des
derniers jours considèrent la peau sombre comme une
malédiction et la blanche comme une indication de la faveur de
Dieu. Mais quand on considère ces versets dans le contexte de
l’ensemble du livre, on trouve quelque chose de bien plus riche
et de beaucoup plus satisfaisant : un livre d’Écriture
dans lequel des peuples à peau sombre sont – c’est
prophétisé – les bénéficiaires de
grandes bénédictions et sont souvent plus justes et
plus favorisés par le Seigneur que leurs homologues à
peau claire.
Le Livre de Mormon enseigne définitivement :
« Vous n’estimerez
pas une chair au-dessus d’une autre, ou un homme ne se
considérera pas comme étant au-dessus d’un
autre »
(Mosiah
23:7).
J’ai
l’intention
d’examiner l’histoire raciale rapportée dans le
Livre de Mormon,
notamment la malédiction sur les Lamanites, les enseignements
du livre concernant l’égalité, un aperçu
de ses héros à peau sombre, la levée de la
malédiction et les promesses du Seigneur aux survivants de son
peuple. J’espère fournir une documentation pour les
membres de notre Église aussi bien que des informations pour
les autres qui veulent savoir ce que le livre dit réellement
sur ce sujet.
Une malédiction mal comprise
Pour ceux
qui
ne sont pas de notre Église, une mise au courant rapide
s’impose. Nous croyons en la Bible, Ancien et Nouveau
Testaments. Le Livre de Mormon est un compagnon, un
autre
témoignage de Jésus-Christ. Son récit de base
suit une famille israélite qui fuit Jérusalem vers 600
av. J.-C., construit un navire sous la direction de Dieu et navigue
jusqu’en Amérique. La famille se divise ensuite en deux
tribus : ceux qui suivent le prophète Néphi reçoivent
le nom de Néphites tandis que ceux qui se rangent derrière
Laman, frère rebelle de Néphi, seront appelés
Lamanites.
C’est là que commence la controverse et on
se doute pourquoi. À propos de la division de sa famille,
Néphi décrit les conséquences du rejet de Dieu
par les Lamanites :
« C’est
pourquoi, la parole du Seigneur s’accomplit, celle qu’il
m’adressa, disant : S’ils n’écoutent pas tes
paroles, ils seront retranchés de la présence du
Seigneur. Et voici, ils furent
retranchés
de sa présence. Et il avait fait tomber la malédiction
sur eux, oui, une grande malédiction, à cause de leur
iniquité.
« Car
voici, ils s’étaient endurci le cœur contre lui,
de sorte qu’il était devenu semblable à un
caillou; c’est pourquoi, comme ils étaient blancs et
extrêmement beaux et agréables, afin qu’ils ne
fussent pas séduisants pour mon peuple, le Seigneur Dieu fit
venir sur eux une peau sombre.
« Et
ainsi dit le Seigneur Dieu : Je
les rendrai
repoussants pour ton peuple, à moins qu’ils ne se
repentent de leurs iniquités. Et maudite sera la postérité
de celui qui se mêle à leur postérité :
car ils seront maudits de la même malédiction. Et le
Seigneur le dit, et cela fut fait.
« Et
à cause de la malédiction qui était sur eux, ils
devinrent un peuple indolent, plein de malfaisance et d’astuce,
et cherchèrent des bêtes de proie dans le désert. »
(2 Néphi 5:20-24, je
souligne)
Il faut
bien
admettre que, considérés isolément, ces versets
semblent accablants pour la théologie mormone. Les critiques
n’hésitent pas à conclure qu’à nos
yeux la peau sombre est une malédiction de Dieu. Mais
quand on y regarde de plus près, le texte précise que
la malédiction était réellement la séparation
d’avec le Seigneur, ses bénédictions et son
soutien.
Cela a toujours été la conséquence de la
désobéissance, comme dans le cas d’Adam et Ève,
qui furent chassés de la présence de Dieu après
leur transgression dans le jardin d’Éden.
La peau
sombre
avait une autre raison d’être. Joseph Fielding Smith
enseigne que « la
peau sombre fut placée sur les Lamanites afin qu’ils
puissent être distingués des Néphites et pour
empêcher le mélange des deux peuples. La peau sombre
était le signe de la malédiction [pas la malédiction
elle-même]. La malédiction était le retrait de
l’Esprit du Seigneur »
(Answers
to Gospel Questions,
comp. par Joseph Fielding Smith, fils, 5 volumes, 1957-66,
3:122-123). C’est ce retrait de l’Esprit de Dieu qui fit
que les Lamanites devinrent «
un
peuple indolent, plein de malfaisance et d’astuce
». Il est important de se rappeler que cela a été
le choix des Lamanites et que ce sont eux qui se sont attiré
cela (Alma
3:19).
C’est
pourquoi, la malédiction avait un deuxième aspect :
l’interdiction des mariages mixtes. Pourquoi empêcher les
deux groupes de se mélanger ? Tout simplement, pour empêcher
les Néphites d’épouser des Lamanites, ce qui les
conduirait à croire « en
des traditions incorrectes qui causeraient leur destruction »
(Alma 3:7-9). Cela
a toujours été le cas pour le peuple de Dieu. Dans la
Bible, le Seigneur commande à l’Israël antique ne
pas se marier à l’extérieur de sa religion, car
il ne pourrait pas être une bénédiction pour les
nations de la terre (Genèse 26:4)
si ses croyances étaient corrompues par le mariage avec des
non-croyants. Parlant aux Juifs de ceux qui n’étaient
pas de l’alliance, Dieu commande : «Tu ne
contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point
tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles
pour tes fils ; car ils détourneraient de moi tes fils,
qui serviraient d’autres dieux… Car tu es un peuple
saint pour l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel,
ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui
appartînt »
(Deutéronome 7:3-6).
Certains pourraient se
demander :
« Pourquoi mettre une marque sur les Lamanites ? Était-ce
vraiment nécessaire? » Une étude des Écritures
révèle que ce n’est pas la seule fois que le
Seigneur a fait cela. Plus tard dans Le
Livre de Mormon,
les Amlicites à la peau claire vont se mettre du rouge sur le
front, accomplissant la prophétie de Dieu que ceux qui se
rebellent contre lui seront marqués et séparés
de son peuple (Alma 3:13-19). Dans
la Bible, être incirconcis est une marque de gens impies avec
lesquels Israël ne doit pas se marier ni procréer (Genèse
34:14-16 ; Juges 14:3). Il
est à noter que ces marques n’étaient valides
qu’aussi longtemps que le Seigneur en avait l’usage,
après quoi elles étaient considérées
comme sans importance (1 Corinthiens 7:18-19).
D’autres
pourraient demander : « Mais pourquoi marquer les Lamanites
d’une peau sombre ? Est-ce que cela n’implique pas du
racisme de la part du Dieu de la théologie mormone ? Cela ne
prouve-t-il pas que le
Livre de Mormon
est un document raciste ? » Tout d’abord, il est
amplement montré par les spécialistes de l’Évangile
que la peau sombre dont il est question ne signifie pas un changement
littéral d’ethnicité. Par exemple, Hugh Nibley
dit que « noir » dans l’expression « peau
noire » est vraisemblablement la traduction d’une
expression hébraïque signifiant sombre
dans le sens de « mauvais et désagréable »
(comme dans l’expression : le côté sombre d’une
personne). Selon
lui, parce que les Lamanites sont devenus non civilisés et
sauvages, leur aspect est devenu négligé, non
hygiénique et littéralement sale, devenant ainsi sombre
aux yeux des Néphites (dans le sens de mauvais ou
désagréable), répugnant et peu attrayant. Le
changement subi par les Lamanites a donc pu n’être que
spirituel et culturel, pas un changement littéral
de race (voir Nibley, Teachings
of The Book of Mormon,
p. 228-229).
Cela dit,
parce
que beaucoup de critiques et de membres de l’Église
prennent le
Livre de Mormon
au premier degré et supposent qu’il s’est produit
un changement littéral
dans la couleur de la peau, dans cet article, nous suivrons cette
ligne de pensée jusqu’à sa conclusion logique.
Même si cette hypothèse est exacte, il arrive souvent
que les arguments que le document est raciste ne tiennent pas compte
de ses enseignements sur l’égalité raciale aux
yeux de Dieu, des nombreuses histoires de ses héros à
la peau sombre ou des promesses aimantes du Seigneur à la
nation lamanite.
Néphi et Jacob prêchent l’égalité
et condamnent le racisme
Au
cours de la génération même dans laquelle la
malédiction est donnée, le prophète Néphi
prêche l’égalité raciale, déclarant
l’amour de Dieu pour tous les peuples, Lamanites compris :
« [le
Seigneur] ne fait rien qui
ne soit pour le profit du monde ; car il aime le monde, au point de
donner sa propre vie afin d’attirer tous les hommes à
lu…
et
il les invite tous à venir à lui et à prendre
part à sa bonté, et il ne repousse aucun de ceux qui
viennent à lui, noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et
femmes; et il se souvient des païens ; et tous sont pareils pour
Dieu. » (2 Néphi
26:24, 33 ; je souligne).
Après la mort de Néphi,
son frère Jacob est appelé à diriger les
Néphites, qui sont déjà tombés dans le
péché. Jacob dit à son peuple de se repentir
d’avoir mis l’amour des richesses avant le soin des
pauvres. Il le réprimande aussi pour avoir brisé le
cœur des épouses et des enfants en désobéissant
à la loi du mariage monogame, qui était (et est
toujours) la loi permanente de l’Évangile, sauf avis
contraire du Seigneur (Jacob 2:27-30).
À
ce propos, Jacob
enseigne que les Lamanites à peau sombre sont plus justes que
les Néphites à peau claire :
« Voici,
les Lamanites… sont
plus justes que vous, car ils
n’ont pas
oublié le commandement du Seigneur qui fut donné à
notre père, qu’ils ne devaient avoir qu’une seule
épouse, et que de concubines ils ne devaient en avoir aucune,
et qu’il ne devait pas se commettre de fornication parmi eux…
«Voici,
leurs maris aiment leurs épouses, et leurs épouses
aiment leurs maris; et leurs maris et leurs épouses aiment
leurs enfants; et leur incrédulité et leur haine envers
vous viennent de l’iniquité de leurs pères; c’est
pourquoi, à quel point êtes-vous meilleurs qu’eux
aux yeux de votre grand Créateur?”
(Jacob 3:5, 7 ; je souligne).
Jacob
dit ensuite quelque chose qui a donné à réfléchir
à de nombreuses personnes, dont moi-même : « Ô
mes frères, je crains que, si vous ne vous repentez pas de vos
péchés, leur peau ne soit plus blanche que la vôtre
lorsque vous serez amenés avec eux devant le trône de
Dieu » (Jacob
3:8).
Hugh Nibley
explique que Jacob
parle de manière métaphorique du « blanc
dans le sens moral de la signification du blanc »
(Teachings of the Book of
Mormon :
Première
partie,
p. 305)
; en d’autres termes, la pureté, pas la couleur de la
peau (voir aussi Ésaïe 1:18 ; Alma 5:21 ).
La métaphore de
Jacob,
par comparaison avec les sensibilités raciales modernes, me
rappelle l’affirmation de Moroni à la page de titre du
Livre de Mormon : « Et
maintenant s’il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes ;
c’est pourquoi ne condamnez pas les choses de Dieu, afin d’être
trouvés sans tache devant le siège du jugement du
Christ. » Nous ne
devrions pas juger trop durement Jacob en fonction des conceptions
modernes.
C’est
évident quand on fait le contraste avec la doctrine pieuse que
Jacob enseigne immédiatement après: « C’est
pourquoi, je vous donne le
commandement, qui
est la parole de Dieu, de ne plus les insulter à cause de la
couleur sombre de leur peau ; et
vous ne les
insulterez plus non plus à cause de leur souillure, mais vous
vous souviendrez de votre propre souillure, et vous vous souviendrez
que leur souillure vient de leurs pères »
(Jacob 3:9 ; je
souligne)
Notez que non seulement Jacob dénonce la haine
raciale, il fait aussi clairement la distinction entre la peau sombre
et la souillure. Ce n’est pas la même chose. La souillure
provient du péché et, à cet égard, les
Néphites sont ici encore plus coupables que les Lamanites. Ces
derniers pèchent par ignorance et par tradition, tandis que
les premiers se rebellent volontairement contre Dieu.
Énos prie pour les
Lamanites
Les
enseignements de Jacob illustrent le fait que si certains Néphites
entretenaient des idées de supériorité raciale,
ceux qui connaissaient la volonté de Dieu considéraient
les Lamanites comme leurs frères et sœurs, une notion
sur laquelle Énos remet l’accent. Pendant qu’il
chasse dans la nature, il passe toute une journée et une nuit
à prier pour le pardon de ses péchés, puis pour
le bien-être de son peuple, les Néphites. Quand Dieu lui
répond et lui pardonne, Énos dit : « Ma
foi au Seigneur commença à être inébranlable ;
et je le priai avec beaucoup de longues luttes pour mes
frères, les Lamanites »
(Énos 1:11, je souligne). Il supplie le Seigneur pour que les
Écritures soient préservées afin que les
Lamanites puissent, un jour, parvenir à la connaissance du
Christ et être sauvés. Le Seigneur lui promet que ses
désirs seront accordés (Énos 1:13-16).
Zénif reconnaît ce qu’il y a de
bien chez ses ennemis
Zénif est un militaire néphite, peut-être
un chef. Comme tant d’autres tout au long de l’histoire,
il veut prendre de force des terres à ses ennemis. Envoyé
faire une reconnaissance chez les Lamanites et observer leurs
mouvements et leur nombre, il finit, chose étonnante, par
mener une révolte pour les protéger. Son histoire parle
d’elle-même :
« Je
fus envoyé comme espion parmi les Lamanites, afin d’espionner
leurs forces, afin que notre armée pût tomber sur eux et
les détruire; mais lorsque je vis
ce
qu’il y avait de bon parmi eux, je désirai qu’ils
ne fussent pas détruits.
« C’est
pourquoi, j’entrai en contestation avec mes frères dans
le désert, car je voulais que notre gouverneur fît un
traité avec eux; mais lui, qui était un homme austère
et sanguinaire, commanda qu’on me tuât; mais je fus sauvé
par l’effusion de beaucoup de sang; car père lutta
contre père, et frère contre frère, jusqu’à
ce que la plus grande partie de notre armée eût été
détruite dans le désert; et nous retournâmes,
ceux d’entre nous qui avaient été
épargnés, au pays de Zarahemla, pour raconter à
leurs femmes et à leurs enfants ce qui était arrivé »
(Mosiah
9:1-2,
je souligne).
Plus tard, il finira par essayer d’obtenir le
territoire désiré par un arrangement pacifique avec les
Lamanites.
Les fils de Mosiah défient les préjugés
des Néphites à l’égard des Lamanites
Plusieurs
centaines d’années plus tard, les fils du roi néphite
Mosiah demandent à leur père la permission de
« donner la parole de Dieu à leurs frères,
les Lamanites — afin de pouvoir peut-être les faire
parvenir à la connaissance du Seigneur, leur Dieu…
et peut-être de les
guérir de leur haine à l’égard des
Néphites, afin qu’ils fussent aussi amenés à
se réjouir à cause du Seigneur, leur Dieu, afin qu’ils
devinssent amicaux les uns envers les autres » (Mosiah
28:1-2).
Dans
leurs désirs, les fils de Mosiah se heurtent aux préjugés
des Néphites. L’un d’eux, nommé Ammon,
racontera plus tard : « Or,
vous souvenez-vous, mes frères, que nous avons dit à
nos frères au pays de Zarahemla : Nous montons au pays de
Néphi, pour prêcher à nos frères, les
Lamanites, et ils nous ont tournés en dérision ? Car ils
nous ont dit : Pensez-vous que vous pouvez amener les Lamanites à
la connaissance de la vérité ? Pensez-vous que vous
pouvez convaincre un peuple au cou aussi roide que les Lamanites de
l’inexactitude des traditions de leurs pères, eux dont
le cœur met ses délices dans l’effusion du sang,
dont les jours se sont passés dans l’iniquité la
plus grossière, dont les voies ont été les voies
de quelqu’un qui transgresse depuis le commencement ? Or, mes
frères, vous vous souvenez que tel était leur langage.
Et de plus ils ont dit : Prenons les armes contre eux, afin de les
détruire, eux et leur iniquité, dans le pays, de peur
qu’ils ne nous envahissent et ne nous détruisent. »
(Alma 26:23-25
)
Alors
que beaucoup de Néphites pensent que les Lamanites sont des
sauvages et ne méritent pas d’être sauvés,
les fils de Mosiah les considèrent clairement comme leurs
égaux. Ammon témoigne que « Dieu
se souvient de tous les peuples, dans quelque pays qu’ils
soient; oui, il dénombre son peuple, et ses entrailles de
miséricorde sont sur toute la terre»
(Alma 26:37). Leur
père, craignant pour leur sécurité s’ils
vont prêcher parmi les Lamanites, consulte le Seigneur, qui lui
dit: « Laisse-les monter,
car
beaucoup croiront en leurs paroles, et ils auront la vie éternelle »
(Mosiah 28:6-7). Ces
convertis lamanites et leurs descendants vont compter parmi les
personnalités les plus inspirantes et les plus courageuses de
toutes les Écritures.
Les héros à peau sombre
du Livre de
Mormon [et les enseignements que l'on en tire pour notre
démonstration, ndlr]
■ Lamoni, la reine et Abish
Lamoni,
roi d’une province lamanite, est converti par la prédication
d’Ammon. Quand il reçoit l’Évangile de
Jésus-Christ, il supplie le Seigneur de lui être
miséricordieux et il est tellement accablé par la
puissance de Dieu qu’il tombe dans une sorte de coma. Les
serviteurs le prétendent mort, mais sa femme croit Ammon
lorsqu’il dit que le roi reviendra à lui, ce qui fait
dire à Ammon : « Il
n’y a pas eu de foi aussi grande parmi tout le peuple néphite »
(Alma 19:10 ;
je souligne). Lamoni se réveille et témoigne avoir vu
le Christ, qui rachètera l’humanité tout entière
et, à ce moment-là, sa femme, Ammon et lui sont tous
les trois accablés par l’Esprit et s’écroulent
dans un état comateux.
Tous
les serviteurs tombent aussi, à l’exception d’Abish,
servante de la reine, qui a été convertie des années
plus tôt grâce à une vision miraculeuse de son
père (ce qui prouve l’intérêt du Seigneur
pour les Lamanites bien avant l’arrivée des fils de
Mosiah). Abish alerte le peuple et relève la reine, qui
témoigne hardiment du Christ, parle en langues et ranime le
roi. Cela déclenche un enchaînement d’événements
qui conduit à un ministère d’anges et au baptême
du peuple de Lamoni, dont le « cœur
avait été changé, qu’ils n’avaient
plus de désir de faire le mal »
(Alma 19:33). Leur
conversion
miraculeuse est légitimement attribuée aussi bien à
la foi et à l’humilité de Lamoni, de la reine et
d’Abish qu’aux efforts missionnaires d’Ammon. Ces
Lamanites sont décrits comme « zélés
à garder les commandements de Dieu »
(Alma 21:23). Nous
lisons ceci sur leur conversion: « Et
ainsi, l’œuvre du Seigneur commença parmi les
Lamanites ; ainsi, le Seigneur commença à déverser
son Esprit sur eux ; et nous
voyons que son
bras est étendu sur tous ceux qui se repentent et croient en
son nom. »
(Alma 19:36 ;
je
souligne)
■ Le père de Lamoni
Le roi Lamoni est un vassal de son père, qui est
roi de l’ensemble du territoire. Initialement prêt à
emprisonner ou à tuer tous les Néphites sur lesquels il
peut mettre la main (ce qui montre à quel point les préjugés
vont dans les deux sens), le père de Lamoni est profondément
touché par l’amitié sincère d’Ammon
pour son fils. Il accepte la prédication d’Aaron (frère
d’Ammon), acquiert la conviction qu’il peut être
racheté par Jésus-Christ et fait cette belle prière
:
« Ô
Dieu, Aaron m’a dit qu’il y a un Dieu ; et s’il y a
un Dieu, et si tu es Dieu, veuille te faire connaître à
moi, et je délaisserai tous mes péchés pour te
connaître, et pour être ressuscité des morts, et
pour être sauvé au dernier jour. »
(Alma 22:18
)
Le
roi et sa famille se convertissent au Seigneur, ce qui conduit à
la mise en place de la liberté religieuse dans le pays et à
la conversion de sept villes lamanites. Nous lisons que « des
milliers furent amenés à la connaissance du Seigneur…
furent amenés à la
connaissance de la vérité...
[et]
tous ceux des Lamanites qui
crurent en
la prédication et furent convertis au Seigneur n’apostasièrent
jamais » (Alma 23:5-6). On
peut dire que ces
convertis vont devenir le peuple le plus juste du Livre de Mormon
avant l’apparition du Christ. On leur donnera le nom
d’Anti-Néphi-Léhis.
■ Les Anti-Néphi-Léhis
Avant leur
conversion au Christ, ces Lamanites s’étaient rendus
maintes et maintes fois coupables de meurtre tant parmi leur propre
peuple que contre les Néphites. Comme ils ne connaissaient pas
le Seigneur ni sa loi, le repentir était encore possible, mais
seulement en passant par un chagrin et un remords indicibles (Alma
24:10-12). Cependant,
une fois
qu’ils ont accepté le Christ, qu’ils ont été
purifiés par son expiation et ont fait alliance de garder ses
commandements, le repentir complet risque de ne plus être
possible s’ils commettent de nouveaux meurtres (Alma 39:5-6 ;
Alma 24:13). Leur
volonté de paix et
de
ne plus jamais redevenir assoiffés de sang est à ce
point totale qu’ils enterrent leurs armes profondément
dans le sol. Ils promettent au Seigneur de ne plus jamais ôter
la vie à aucun être humain, même pour se défendre
(Alma 24:15-18).
Cette
promesse va être mise à l’épreuve ultime
lorsque des milliers de Lamanites non convertis, en colère
contre leurs compatriotes pour leur conversion au christianisme,
marchent contre eux avec l’intention de déposer le roi
et de massacrer les croyants. Chose incroyable, les Anti-Néphi-Léhis
vont refuser non seulement de se battre, mais aussi de fuir. Ils vont
s’agenouiller courageusement en prière devant leurs
assaillants : « Or,
lorsque les Lamanites virent que leurs frères ne fuyaient pas…
mais qu’ils se couchaient
et
périssaient, et louaient Dieu au moment même où
ils périssaient sous l’épée…
ils se retinrent de les
tuer »
(Alma 24:23-24).
Beaucoup
de Lamanites, poussés au repentir par le courage et l’amour
de leurs camarades
martyrs, vont déposer leurs armes de guerre et se convertir au
Christ. Nous lisons : « …
Et il arriva que le
peuple de
Dieu fut rejoint ce jour-là par un nombre plus grand que le
nombre de ceux qui avaient été tués; et ceux qui
avaient été tués étaient des justes,
c’est pourquoi nous n’avons pas lieu de douter qu’ils
étaient sauvés…
il
y en eut plus de mille qui furent amenés à la
connaissance de la vérité ; nous voyons ainsi que le
Seigneur agit de nombreuses façons pour le salut de son
peuple. » (Alma
24:26-27 )
Le
temps passe et beaucoup d’autres Lamanites acceptent l’Évangile
de Jésus-Christ, comprenant que Dieu les aime vraiment (Alma
24:14). Bien que
leur courage
ait empêché un massacre total, leur nation va finir par
se tourner de nouveau contre eux. Les fils de Mosiah, craignant
l’anéantissement total de leurs amis et convertis
bien-aimés, leur proposent d’émigrer chez les
Néphites. Le roi lamanite accepte d’y aller si le
Seigneur le leur dit (ce qu’il fait). Voulant faire pénitence
pour les années de violence, le roi propose que son peuple et
lui deviennent esclaves sous la domination des Néphites. Chose
caractéristique, Ammon répond que « Il
est contre la loi de nos frères, qui a été
établie par mon père [le
roi Mosiah, qui était également un prophète de
Dieu], qu’il
y ait des esclaves parmi eux ;
c’est
pourquoi, descendons et confions-nous à la miséricorde
de nos frères »
(Alma 27:9 ;
je souligne). Les Néphites, stupéfaits de la vertu du
peuple d’Anti-Néphi-Léhi (Alma 27:27-30),
sont émus
de compassion et de pardon. Ils donnent aux convertis leur propre
province et s’engagent à les protéger avec les
armées néphites.
■ Les deux mille guerriers (et leurs mères)
Cette protection va s’avérer nécessaire,
la guerre éclatant entre les nations néphite et
lamanite. Tenant leur promesse de protéger les convertis
lamanites, les Néphites meurent par milliers dans des
batailles cauchemardesques. Bien que prêt à mourir
plutôt que de se défendre, le peuple d’Anti-
Néphi-Léhi a le cœur brisé de voir
d’autres mourir pour eux et est sur le point de rompre son
alliance et de prendre les armes pour défendre ses amis
néphites. Le prophète militaire néphite Hélaman
le supplie prier de ne pas le faire, l’exhortant à tenir
la promesse qu’il a faite à Dieu.
Quelque
deux mille de ses jeunes fils, à peine plus âgés
que des garçons, n’ont pas contracté l’alliance.
Bien que n’ayant jamais combattu, ils proposent de se battre
pour leurs familles et leurs alliés. Nous lisons à leur
sujet : « Et
c’étaient tous de jeunes hommes, et ils étaient
extrêmement vaillants dans leur courage, et aussi dans leur
force et leur activité ; mais voici, ce n’était
pas tout : c’étaient des hommes qui étaient
fidèles en tout temps dans tout ce qui leur était
confié. Oui, c’étaient des hommes pleins de
vérité et de sérieux, car on leur avait enseigné
à garder les commandements de Dieu et à marcher en
droiture devant lui...
Or, ils n’avaient jamais combattu; néanmoins ils ne
craignaient pas la mort ; et ils pensaient plus à la liberté
de leurs pères qu’à leur vie ; oui, ils avaient
appris de leurs mères que, s’ils ne doutaient pas, Dieu
les délivrerait. Et ils me répétèrent les
paroles de leurs mères, disant : Nous ne doutons pas que nos
mères le savaient. » (Alma 53:20-21 ;
56:47-48)
Leur
foi inébranlable en Dieu, inspirée par leurs
merveilleuses mères, va protéger ces jeunes guerriers,
alors que bon nombre de leurs frères néphites plus
expérimentés vont mourir au combat. Maintes et maintes
fois, les vertueux jeunes guerriers lamanites vont être
protégés et vont combattre avec une force incroyable.
Hélaman, qui les mène au combat, écrit :
« Selon la bonté
de Dieu, et à notre grand étonnement, et aussi à
la joie de toute notre armée, il n’y eut pas une seule
âme d’entre eux qui périt ; oui, il n’y eut
pas non plus une seule âme parmi eux qui n’eût pas
reçu de nombreuses blessures. Et maintenant, leur préservation
étonna toute notre armée, oui, le fait qu’ils
étaient épargnés, alors qu’un millier de
nos frères avaient été tués. Et nous
l’attribuons à juste titre au pouvoir miraculeux de
Dieu, à cause de leur foi extrême en ce qu’on leur
avait enseigné à croire : qu’il y avait un Dieu
juste et que quiconque ne doutait pas serait préservé
par son pouvoir merveilleux. »
(Alma 57:25-26 )
Ces
jeunes guerriers lamanites vont contribuer à apporter la paix
dans le pays. Leur histoire nous donne un merveilleux exemple
d’amour, d’amitié et de coopération
interraciales. Le prophète-soldat néphite Hélaman,
leur commandant militaire, les aime tellement qu’il les appelle
ses « fils » et eux l’appellent « père
» (Alma 56:46). Il
parle d’eux avec le genre de fierté juste qu’un
père a pour ses enfants, disant d’eux : « Jamais
je n’avais vu un aussi grand courage, non, pas parmi tous les
Néphites »
(Alma 56:45), « ils
obéirent
et s’appliquèrent à accomplir avec exactitude
chaque commandement »
(Alma 57:21) et « leur
esprit
est ferme, et ils placent continuellement leur confiance en Dieu »
(Alma 57:27). Des
millions de lecteurs dans le monde entier, depuis la formation de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, ont été inspirés par leur histoire.
■ Les prisonniers
convertis
Une
trentaine
d’années plus tard, les prophètes Néphi et
Léhi (à qui l’on a donné les noms de leurs
ancêtres) se lancent dans la mission ambitieuse de porter
l’Évangile de Jésus-Christ tant aux Néphites
qu’aux Lamanites. Prêchant avec grande puissance et une
grande autorité, ils amènent des milliers de personnes
à se repentir dans les deux groupes (Hélaman
5:17-19) jusqu’à
ce qu’ils soient finalement arrêtés par une armée
de Lamanites et jetés en prison.
Quand leurs ravisseurs
viennent pour les exécuter, Néphi et Léhi sont
entourés par le feu du ciel. Un tremblement de terre secoue
les murs de la prison et un brouillard de ténèbres et
de désespoir enveloppe les Lamanites, qui entendent le murmure
doux et léger de Dieu leur commander de se repentir. Ils
voient Néphi et Léhi parler à des anges et sont
invités à prier pour avoir foi au Christ, pour le
pardon de leurs péchés et pour que le brouillard de
ténèbres se dissipe. Leurs prières sont exaucées
et ils sont entourés par le feu céleste. Ils sont
ensuite remplis du Saint-Esprit et d’une gloire, d’une
joie et d’une paix indicibles. Des anges
descendent pour les instruire. Ils quittent la prison et instruisent
leurs concitoyens lamanites, convainquant la majorité de la
nation à croire au Christ et à abandonner leur haine,
leurs fausses traditions et leurs armes de guerre. Cette histoire
peut se lire dans Hélaman
5:21-52.
La
prédication de ces prisonniers convertis produit trois grands
changements qui n’étaient jamais arrivés dans
l’histoire des relations entre les Néphites et les
Lamanites. Le premier est que
« les
Lamanites étaient devenus, pour la plupart, un peuple juste,
de sorte que leur justice dépassait celle des Néphites
à cause de leur fermeté et de leur constance dans la
foi »
(Hélaman,
6:1). Tout
au long des annales, les Néphites, dans l’ensemble,
avaient été plus fidèles que les Lamanites, mais
plus maintenant. Dieu commence à bénir les Lamanites
plus que les Néphites, ce qui prouve l’écriture
qui dit que « le
Seigneur estime toute chair de la même manière; celui
qui est juste est favorisé de Dieu »
(1 Néphi 17:35 ).
Le
deuxième changement est que, au lieu que ce soient les
Lamanites qui soient convertis par la prédication des
Néphites, maintenant c’est l’inverse :
« Et il arriva que
beaucoup
de Lamanites descendirent au pays de Zarahemla, et annoncèrent
au peuple néphite la façon dont ils avaient été
convertis, et l’exhortèrent à la foi et au
repentir. Oui, et beaucoup prêchèrent avec une puissance
et une autorité extrêmement grandes, au point d’amener
beaucoup d’entre eux dans les profondeurs de l’humilité,
à être les humbles disciples de Dieu et de l’Agneau. »
(Hélaman 6:4-5)
Enfin,
pour la première fois « il
y eut la paix dans tout le pays, de sorte que les Néphites
allaient dans toutes les parties du pays où ils le voulaient,
que ce fût parmi les Néphites ou les Lamanites. Et il
arriva que les Lamanites allaient aussi partout où ils le
voulaient… et ainsi, ils avaient des échanges libres,
pour acheter et vendre, et pour obtenir du gain, selon leur désir »
(Hélaman 6:7-8). Néphi,
Léhi et les convertis lamanites répandent l’Évangile,
et celui-ci apporte la paix et l’unité à deux
groupes qui étaient dévastés par la haine et la
guerre depuis des siècles.
■ Les opposants de
Gadianton, Disciples du Christ
Malheureusement, cette paix ne va pas durer. Les
brigands de Gadianton, une société secrète de
crime organisé aux rituels sataniques, sortent de leur
cachette, attirant des gens dans leurs rangs avec des promesses de
pouvoir et de richesse.
Cependant, nous lisons que les Lamanites à la
peau sombre réagissent mieux à cette montée du mal que les Néphites à
la peau claire :
« Et
il arriva que les Lamanites traquèrent la bande des brigands
de Gadianton ; et ils prêchèrent la parole de Dieu parmi
la partie la plus méchante d’entre eux, de sorte que
cette bande de brigands fut totalement détruite parmi les
Lamanites.
« Et
il arriva, d’autre part, que les Néphites les
encouragèrent et les soutinrent… jusqu’à
ce qu’ils eussent envahi tout le pays des Néphites et
eussent séduit la plus grande partie des justes, au point
qu’ils s’étaient abaissés à…
se joindre à eux dans les meurtres et les combinaisons
auxquelles ils se livraient en secret. Et ainsi, ils obtinrent la
direction exclusive du gouvernement, de sorte qu’ils foulaient
aux pieds, et frappaient, et déchiraient les pauvres et les
doux, et les humbles disciples de Dieu et leur tournaient le dos. »
(Hélaman
6:37-39)
Je
souligne que cette évolution, la justice des Lamanites et la
méchanceté des Néphites, bat en brèche la
description par trop simpliste que les critiques font de la race dans
le Livre de Mormon en la résumant par l’équation
« peau claire bonne, peau sombre mauvaise ». Ici, c’est
exactement le contraire ! Nous lisons que « les
Néphites commençaient à dégénérer
dans l’incrédulité, et à progresser dans
la méchanceté et les abominations, tandis que les
Lamanites commençaient à progresser extrêmement
dans la connaissance de leur Dieu ; oui, ils commençaient à
garder ses prescriptions et ses commandements et à marcher
dans la vérité et la droiture devant lui. Et ainsi,
nous voyons que l’Esprit du Seigneur commençait à
se retirer des Néphites à cause de la méchanceté
et de l’endurcissement de leur cœur. Et ainsi, nous
voyons que le Seigneur commençait à déverser son
Esprit sur les Lamanites, à cause de leur docilité et
de leur bonne volonté à croire en ses paroles. »
(Hélaman 6:34-36).
La description la plus exacte de
la
race dans le Livre de Mormon n’est pas que la peau sombre est
mauvaise et la peau claire bonne, mais plutôt l’affirmation
du Sauveur dans la Bible que « Plusieurs
des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront
les premiers »
(Matthieu
19:30).
Il n’y a pas
d’endroit où ce
principe est illustré plus clairement que lorsque le Seigneur
envoie un prophète à la peau sombre, mais qui est un
juste, sauver la nation méchante à la peau claire, une
nation qui a tourné le dos au Christ et a adopté des
œuvres mauvaises.
■ Samuel le Lamanite
Le prophète Samuel est un Lamanite envoyé
par le Seigneur prêcher aux Néphites rebelles. Expulsé
de la ville, mais contraint par le Seigneur d’y retourner, il
monte sur les murailles et prêche d’une voix forte les
paroles que Dieu a placées dans son cœur. Il prédit
la destruction à moins que le peuple ne se repente. Il le
réprimande pour son amour de la richesse, son ingratitude et
parce qu’il se livre aux persécutions et au meurtre. Il
le condamne parce qu’il soutient les faux prophètes tout
en rejetant les vrais et déclare qu’il n’y a pas
de bonheur dans le péché.
Il prédit au peuple du Nouveau Monde les signes qu’il
verra de la naissance de la mort et de la résurrection du
Sauveur en Terre Sainte. Il parle aux Néphites de la mort
physique et de la mort spirituelle et enseigne que l’une et
l’autre ont été vaincues grâce à
l’expiation de Jésus-Christ. Il témoigne du
principe du libre arbitre et dit que nous sommes libres de choisir le
bien ou le mal, mais que nous devons en accepter les conséquences.
Il témoigne du grand amour de Dieu pour les Néphites et
de ses promesses aux Lamanites (voir plus loin).
Après
que Samuel a remis son message, certains croient et cherchent à
se repentir et demandent le baptême. D’autres sont en
colère et essaient de le tuer en lui lançant des
flèches et des pierres sur la muraille. Nous lisons que
« l’Esprit du
Seigneur était avec lui, de sorte qu’ils ne pouvaient
l’atteindre de leurs pierres ni de leurs flèches. »
(Hélaman
16:2). Beaucoup
d’autres croient quand ils voient cela, même si d’autres
encore, comme on pourrait s’y attendre, attribuent sa
protection au pouvoir du diable. Lorsqu’ils tentent de
l’arrêter, il s’enfuit et prêche parmi son
peuple.
La
malédiction est levée
Les
brigands de
Gadianton deviennent si nombreux et si agressifs que les Néphites
et les Lamanites, qui jusque-là, entretenaient des relations
pacifiques mais maintenaient des nations distinctes, s’unissent
officiellement
pour se protéger contre l’ennemi commun (3 Néphi
2:12). À
ce stade, nous lisons un autre passage qui est sujet à
controverse :
« Et
il arriva que ces Lamanites qui s’étaient unis aux
Néphites furent comptés parmi les Néphites ;
et leur malédiction leur fut enlevée, et leur peau
devint blanche comme celle des Néphites ; et leurs jeunes
hommes et leurs filles devinrent extrêmement beaux, et ils
furent comptés parmi les Néphites et furent appelés
Néphites. »
(3 Néphi 2:14-16 )
Pour
certains, ces versets laissent entendre que la « malédiction
» de la peau sombre a été levée en un
instant comme récompense pour la justice, mais je ne
crois pas que les Écritures confirment cette idée. D’une
part, il y avait déjà des Lamanites justes depuis des
décennies, sans qu’il soit question d’un
changement de couleur de peau. Il semble que cela ne gênait pas
le Seigneur qu’ils soient à la fois de couleur sombre et
justes. En outre, nous lisons à propos des fidèles
Anti-Néphi-Léhis que « la
malédiction de Dieu ne les suivit plus »
(Alma 23:18), et pourtant quand ils enterrent leurs épées
et donnent leur vie plutôt que de se battre, leurs agresseurs
les reconnaissent comme étant aussi des Lamanites (Alma
24:23-24) ;
il
est évident que leur peau est restée sombre. Ceci
montre bien que la peau sombre n’est pas la malédiction,
ce que confirment les propos de Joseph Fielding Smith cités
plus haut.
Vous
vous souviendrez que le président Smith enseigne que la
malédiction a deux parties. La première est le retrait
de l’Esprit du Seigneur, qui semble être la partie dont
il est question quand « la malédiction de Dieu »
ne suit plus les Anti-Néphi-Léhis, qui acquièrent
alors « l’esprit
de prophétie »
(Alma 25:16).
La deuxième partie
est
l’interdiction des mariages mixtes avec les Néphites. Le
Seigneur avait dit à Néphi, en parlant des Lamanites :
« Je les rendrai
repoussants
pour ton peuple, à moins qu’ils
ne se repentent de leurs iniquités.
Et
maudite sera la postérité de celui qui se mêle à
leur postérité: car ils seront maudits de la même
malédiction »
(2 Néphi 5:22-23, je souligne). Ceci nous montre que
l’interdiction des unions mixtes (le mariage et la procréation)
entre Néphites et Lamanites était censée ne
durer que tant que les Lamanites resteraient éloignés
de Dieu.
La
peau sombre, comme la circoncision chez les Juifs, était une
marque désignant avec qui le peuple de Dieu pouvait et ne
pouvait pas se marier afin de préserver sa religion (Genèse
34:14-16 ; Juges 14:3 ). Tout
comme la circoncision cesse d’avoir de l’importance une
fois que les païens ont adopté l’Évangile (1
Corinthiens 7:18-19), il
apparaît ici que la peau sombre cesse d’avoir de
l’importance et que le Seigneur autorise les mariages mixtes.
Voyez la formulation de l’Écriture susmentionnée :
« …ces Lamanites
qui s'étaient unis aux Néphites furent
comptés parmi les Néphites…
et leurs jeunes hommes et leurs filles devinrent
extrêmement beaux, et… furent appelés Néphites. »
Des Lamanites justes ont été précédemment
comptés comme membres de l’Église et ont vécu
dans la nation néphite (Alma
27:27),
ont eu des liens d’amitié avec les Néphites (Alma
23:18)
et ont fait du commerce avec eux en temps de paix (Hélaman
6:7-8), mais ils n’ont jamais été, si j’ai
bien lu, comptés
parmi les Néphites. Même les Anti-Néphi-Léhis,
que les Néphites aimaient et dont les fils ont combattu à
leurs côtés, ont reçu une terre à eux en
héritage (Alma
27:22).
Mais ici, ils vivent tous ensemble, unis, et les écritures
mentionnent expressément que leurs enfants ont acquis une peau
claire, ce qui fait penser à un processus intergénérationnel
qui s’est fait au fil du temps.
Il y a une
dernière indication que le changement de couleur de peau a été
un effet graduel des mariages entre Néphites et Lamanites et
pas un « moment magique » comme on le prétend si
souvent : une quinzaine d’années
plus tard, il est question de Lamanites justes et croyants qui
sont encore appelés Lamanites et non Néphites
(3
Néphi
6:14).
Ils ne sont pas comptés parmi les Néphites et il n’y
a aucune indication de changement de couleur de peau. Ceci réduit
à néant l’idée qu’à partir de
la révocation de la malédiction, tous les Lamanites
justes sont devenus des Néphites à peau claire. Les
versets concernant un changement de couleur de peau semblent plutôt
être la description par l’historien Mormon de ce qui est
arrivé quand les membres des deux nations se sont unis.
La venue du Sauveur et
une ère de paix
Le
Livre de Mormon
indique
que tant les Lamanites justes que les Néphites justes ont
survécu aux catastrophes naturelles qui ont suivi la mort du
Seigneur (3
Néphi 10:18).
Par conséquent, il va de soi que lorsqu’il descend du
ciel en Amérique, le Christ ressuscité instruit et
guérit tant les Lamanites que les Néphites et prie pour
eux. Ce n’est que quelque temps après son ministère
que les races vont devenir si complètement intégrées
qu’on ne pourra plus les distinguer l’une de l’autre.
« Le peuple fut
entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du
pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il n’y
avait pas de querelles ni de controverses parmi eux…Et
ils se mariaient, et mariaient leurs enfants, et étaient
bénis, selon la multitude des promesses que le Seigneur leur
avait faites… il
n’y avait pas non plus de Lamanites, ni aucune sorte d’-ites ;
mais ils étaient un, enfants du Christ et héritiers du
royaume de Dieu
»
(4
Néphi
1: 2, 11, 17).
Néphites et Lamanites se marient entre eux et procréent
jusqu’à ce que les distinctions raciales s’effacent
complètement.
Des divisions surgissent,
une Nation disparaît
Cette
société
utopique va durer quelque deux cents ans, après quoi
l’orgueil, l’amour de l’argent, les persécutions
et la violence apparaissent graduellement et beaucoup commencent à
nier le Christ. Ceux qui se sont rebellés contre l’Évangile
commencent également à se donner le nom de Lamanites
(et d’autres noms tribaux) tandis que ceux qui suivent le
Christ sont de nouveau appelés Néphites (4
Néphi 1:37-38), mais il est important de noter qu’à
ce stade il s’agit là d’étiquettes
culturelles,
pas ethniques. Il n’y a aucune mention ici de couleur de peau
ni d’interdiction des mariages mixtes. Bien que deux nations
apparaissent de nouveau, leurs lignées sont dorénavant
définitivement mêlées. Sidney B. Sperry, célèbre
autorité biblique, explique : « Les saints
des derniers jours ont conclu trop rapidement que les Lamanites sont
des descendants directs de Laman et Lémuel. En réalité,
beaucoup de sang néphite coule dans leurs veines »
(«The
Lamanites Portrayed in The Book of Mormon », Journal
of Book of Mormon Studies,
tome 4, n° 1, pages 246-254; Provo, Utah, Maxwell Institute,
1995).
Vers 400
apr.
J.-C., Néphites et Lamanites sont engagés dans un
combat à mort, mais nous devons conclure que cette guère
n’oppose pas une nation juste à la peau claire à
une autre à la peau sombre. Question race, il semble bien qu’à
ce stade ils se ressemblent tous. Bruce A. Van Orden, de la Brigham
Young University, dit que « les Lamanites
d’aujourd’hui… ne sont pas nécessairement
descendants de Laman, mais sont en réalité un mélange
de peuples du Livre de Mormon – les « enfants de Léhi
» (Book
of Mormon Reference Companion,
Largey, 2003, p. 497).
Pendant
ce temps, le prophète Mormon et son fils Moroni vont compiler
et abréger l’histoire de leur peuple, aujourd’hui
connue sous le nom de Livre
de Mormon.
Moroni va l’enterrer. La nation néphite sera annihilée
et il ne restera que les Lamanites.
Dieu a promis des
bénédictions aux
Lamanites
Quelque
1400
ans plus tard, Moroni va apparaître en tant qu’ange au
prophète Joseph Smith et le conduire à l’endroit
où les annales sont enterrées. Joseph va les traduites
en anglais par le don et le pouvoir de Dieu. Pendant la traduction,
il va découvrir les merveilleuses promesses faites aux
descendants des Lamanites, dont le Seigneur prophétisera plus
tard qu’ils fleuriront comme une rose (voir D&A
49:24).
Les saints des derniers jours croient que les Lamanites sont parmi
les ancêtres des peuples autochtones d’Amérique.
Dieu a promis sa protection miséricordieuse aux Lamanites :
ils ne seront pas détruits, mais resteront, sous une forme ou
sous une autre, à jamais dans le pays (2
Néphi 4:7 ; Alma 9:16). Bien qu’ils se soient
rebellés à un moment donné contre le Seigneur,
il a été prophétisé qu’ils
deviendront un peuple béni (Jacob 3:6), parviendront à
la connaissance de Jésus-Christ (2 Néphi 31e-6) et
seront comptés parmi son peuple (Hélaman 15:12-13).
Le
Livre de Mormon a été conservé, en partie, pour
enseigner aux descendants des Lamanites d’où ils
viennent, pour les inviter à suivre Jésus-Christ et
être sauvés (Énos 1:13-18; Page de titre du Livre
de Mormon).
Le
Sauveur ressuscité a enseigné que le reste de Jacob (en
d’autres termes, les descendants des Lamanites et des Néphites)
aidera à construire la nouvelle Jérusalem sur le
continent américain (3 Néphi 21:22-24 ).
Des
bénédictions encore plus formidables sont promises aux
Lamanites, des bénédictions qui devraient faire
réfléchir ceux qui accusent le
Livre de Mormon
de préjugés raciaux. Richard Bushman, professeur
d’histoire émérite de la Columbia University,
explique :
« Le
fait que [les Lamanites] sont Israël, les élus de Dieu,
ajoute un niveau de complexité au Livre de Mormon que le
racisme simple n’explique pas… le livre revendique la
place des Indiens dans l’histoire du monde et leur réserve
un avenir plus glorieux que les blancs américains modernes…
Selon le Livre de Mormon, les Lamanites sont destinés à
rentrer en faveur auprès de Dieu et à recevoir le pays,
tout comme les Juifs doivent être rendus à la Terre
Sainte…
« De
par sa nature même, le Livre de Mormon prend le contrepied du
racisme américain classique. Le livre fait des Indiens les
fondateurs de la civilisation dans le Nouveau Monde. L’histoire
maîtresse des origines de l’Amérique n’est
pas celle de Christophe Colomb ni des puritains mais celle des
natifs… Les émigrants européens sont appelés
« Gentils » dans le Livre de Mormon et entrent en scène
comme des intrus. Ils apparaissent vers la fin de la narration et
restent secondaires jusqu’au bout. Le pays appartient aux
Indiens. Le rôle principal des Gentils est de servir les
natifs, de les édifier en leur apportant la Bible et le Livre
de Mormon. Si les Gentils n’aident pas Israël, ils sont
condamnés. Après avoir nourri les restes de Jacob, ils
doivent se joindre à Israël ou périr… Le
Livre de Mormon n’est pas seulement favorable aux Indiens ; il
leur accorde la domination – dans l’histoire, dans
l’estime de Dieu et dans la possession future du continent
américain. »
(Bushman,
Joseph
Smith, Rough Stone Rolling,
2006, pp. 98-99)
Une dernière réflexion
On a
beaucoup
dit et écrit sur le
Livre de Mormon,
pour et contre. On a tenté de le prouver et de le réfuter
à l’aide de l’archéologie et de la
recherche scientifique, avec des arguments de plus en plus
sophistiqués de part et d’autre. Ce débat
continuera à faire rage, mais je pense que le Seigneur n’a
jamais envisagé que la question se résolve de cette
façon. Les critiques tirent des versets de leur contexte pour
attaquer le livre. Mais la seule évaluation équitable,
la seule façon de savoir si le livre est vrai est de le
considérer comme un tout en le lisant et en demandant à
Dieu.
Jacques, dans la Bible, affirme que « si
quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la
demande à Dieu… et elle lui sera donnée. Mais
qu’il la demande avec foi, sans douter »
(Jacques
1:5-6).
La promesse du Livre de Mormon est basée sur ce principe même.
J’ai étudié ce livre, j’ai appliqué
ses enseignements et j’ai prié à ce sujet,
croyant que Dieu me répondrait. Ce faisant, j’ai reçu,
dans mon esprit et dans mon cœur, le témoignage du
Saint-Esprit que le livre est la parole de Dieu. Il est Écriture,
et est pour moi aussi sacré et aussi utile que la sainte
Bible.
Contrairement à
ce que les critiques veulent faire croire, le sujet de la race est
relativement peu abordé dans le
Livre de Mormon.
Nous l’avons examiné ici à la loupe, mais en
réalité, le livre abonde en sagesse pratique et en
points de doctrine éternellement riches sur de nombreux
sujets.
Mais son objectif essentiel est de « convaincre
Juif et Gentil que JÉSUS est le CHRIST, le DIEU ÉTERNEL,
qui se manifeste à toutes les nations »
(page
de titre).
C’est un témoignage supplémentaire du Christ, qui
nous enseigne que Jésus « aime
le monde, au point de donner sa propre vie afin d’attirer tous
les hommes à lui…
il les invite tous à
venir à lui et à prendre part à sa bonté,
et il ne repousse aucun de ceux
qui viennent à
lui, noirs et blancs, esclaves et libres, hommes et femmes ;
et il se souvient des païens ; et
tous sont pareils pour Dieu. »
(2
Néphi
26:24, 33 ;
je souligne)