Le moment des comptes


Spencer W. Kimball


Il y a deux choses très importantes dont nous pouvons être absolument certains : qu'il n'est pas vain de servir le Seigneur et que le jour du jugement viendra pour tous, justes et injustes. Le moment des comptes est aussi certain que le passage du temps et l'arrivée de l'éternité. Tous ceux qui vivent se tiendront un jour devant la barre de Dieu pour être jugés selon leurs œuvres. Leur affectation finale sera la récompense et le châtiment qu'ils auront mérité selon le genre de vie qu'ils auront menée sur la terre.

Le jugement viendra inévitablement

La parabole de l'ivraie :

« Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y ait de l'ivraie ? Il leur répondit : C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l'arracher ? Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. » (Matthieu 13:24-30)

L'interprétation donnée par le Seigneur lui-même de la parabole montre bien qu'on ne fait pas les comptes tous les jours, mais plutôt au moment de la récolte, le jour du jugement. Malachie écrit encore à ce sujet :

« Alors ceux qui craignent l'Éternel se parlèrent l'un à l'autre ; l'Éternel fut attentif et il écouta ; et un livre de souvenir fut écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Éternel et qui honorent son nom. Ils seront à moi, dit l'Éternel des armées, ils m'appartiendront, au jour que je prépare ; j'aurai compassion d'eux, comme un homme a compassion de son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. » (Malachie 3:16-18)

Nous trouvons dans les écrits de ce même prophète :

« Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume. Le jour qui vient les embrasera, dit l'Éternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon nom se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes ; vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d'une étable » (Malachie 4:1-2).

La parabole du filet de l'Évangile :

« Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce. Quand il est rempli, les pécheurs le tirent ; et, après s'être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d'avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 13:47-50)

Ceux qui délibérément commettent des erreurs ou enfreignent les lois et les commandements, nous pouvons être certains qu'ils payeront ‘jusqu'au dernier quadrant’. Ils n'échapperont pas à la colère de Dieu et ils payeront le plein prix de leur folie. Il y aura un Dieu sage et juste qui jugera tous les hommes. Il peut y avoir un retard dans le jugement. Les méchants peuvent prospérer pendant un certain temps, les rebelles peuvent sembler profiter de leurs transgressions, mais le temps vient où, à la barre de la justice, tous les hommes seront jugés, « chacun... selon ses œuvres » (Apocalypse 20:13). Personne ne s'en tirera sans rien. Ce jour-là, personne n'échappera au châtiment de ses actes, nul ne perdra les bénédictions qu'il a gagnées. Encore une fois, la parabole des brebis et des boucs nous donne l'assurance qu'il y aura une justice totale (voit Matthieu 25:31-46).

La barre du jugement

Les Écritures attestent amplement que l'homme doit affronter le jour des comptes et se tenir devant la barre du jugement pour recevoir les récompenses de la droiture ou les châtiments du péché. Ce jour là l'homme ne pourra pas cacher sa méchanceté, car ses actes l'accuseront comme Alma le prédit :

« Et maintenant, mes frères, je vous le demande, comment vous sentirez-vous si vous vous tenez devant la barre de Dieu, les vêtements tachés de sang et de toutes sortes d'impureté ? Que témoigneront ces choses contre vous ? »

Après avoir décrit la rédemption de l'homme par le Sauveur, Jésus-Christ, une « rédemption d'un sommeil sans fin ; duquel sommeil tous les hommes seront éveillés par la puissance de Dieu, quand la trompette sonnera... », Moroni dit à ses auditeurs :

« Et alors vient le jugement du Très-Saint sur eux ; et c'est alors que vient le temps ou celui qui est impur restera impur, que celui qui est juste restera juste ; celui qui est heureux restera heureux et celui qui est malheureux restera malheureux. » (Mormon 9:14)

La barre du jugement de Dieu est mentionnée dans le tout dernier verset du Livre de Mormon où Moroni, prêt à clore les annales de son peuple, écrit :

« Et maintenant, je vous dis à tous adieu. Je vais bientôt me reposer dans le paradis de Dieu, jusqu'à ce que mon esprit et mon corps soient réunis de nouveau, et que je sois ramené triomphant dans les airs, pour vous rencontrer devant la barre agréable du grand Jéhovah, le Juge éternel des vivants et des morts. Amen. » (Moroni 10:34)

Faisant un plaidoyer pour le repentir afin d'éviter l'horreur du châtiment qui doit être déversé sur les méchants, au jour du jugement, Jacob dit :

« Ne savez-vous pas que si vous faites ces choses, le pouvoir de la rédemption et de la résurrection qui est dans le Christ vous amènera devant la barre de Dieu couverts de honte et d'une culpabilité terrible ? Ô alors, repentez-vous, mes frères bien-aimés, entrez par la porte étroite, et suivez le chemin resserré jusqu'à ce que vous obteniez la vie éternelle. Ô soyez sages ; que puis-je dire de plus ? Enfin, je vous dis adieu jusqu'au moment où je vous verrai devant la barre agréable de Dieu, à cette barre où les méchants sont frappés d'une crainte et d'un effroi terrible. » (Jacob 6:9, 11-13)

Et qui seront les juges qui entendront si équitablement nos cas ? Des centaines d'années avant que le Christ ne vienne sur terre, Néphi vit en vision « les cieux s'ouvrir, et l'Agneau de Dieu descendre du ciel... le Saint-Esprit descendit sur douze autres hommes ; et ils furent ordonnés de Dieu et choisis » (1 Néphi 12:6-7).

L'ange dit alors à Néphi :

« Voici les douze disciples de l'Agneau, qui sont choisis pour enseigner ta postérité. Et ces douze ministres que tu vois jugeront ta postérité » (1 Néphi 12: 8, 10).

L'ange dit aussi :

« Tu te rappelles les douze apôtres de l'Agneau ? (C'est-à-dire ceux qui avaient été appelés en Palestine.) Voici, ce sont eux qui jugeront les douze tribus d'Israël ; c'est pourquoi les douze ministres de ta postérité seront jugés par eux. Car vous êtes de la maison d'Israël. » (1 Néphi 12:9)

Ceci se rattache à la réponse que le Sauveur adressa à Pierre qui demandait :

« Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ; qu’en sera-t-il pour nous ? » (Matthieu 19:27)

La réponse du Rédempteur fût précise :

« Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. » (Matthieu 19:28)

Se repentir ici-bas

On ne peut reporter le repentir à l'autre vie, au monde des esprits, et s'y préparer convenablement pour le jour du jugement pendant que l'on fait pour nous l’œuvre par procuration pour les morts sur la terre. Il faut se souvenir que l’œuvre par procuration pour les morts est pour ceux qui n'ont pas pu accomplir l’œuvre pour eux-mêmes. Les hommes et les femmes qui vivent ici-bas et qui ont entendu ici l'Évangile ont eu leur temps, leurs soixante-dix ans pour mettre leur vie en accord, pour accomplir les ordonnances, se repentir et parfaire leur vie.

Le peuple du temps de Noé entendit le message de l'Évangile prêché par les prophètes de Dieu. Ces gens menèrent une vie profane. Ils mangeaient, buvaient et se réjouissaient. Ils mariaient leurs fils et leurs filles, ce qui signifie des foyers brisés, des divorces et une vie profane. Ils ignoraient les nombreux témoignages des prédicateurs de justice. Puis ils moururent noyés. Pour eux, la moisson était venue. La fin de leurs ‘jours’ était venue et la ‘nuit’ allait être ténébreuse et longue. Ils attendaient ce qui devait leur paraître une période interminable ; et finalement le Sauveur vint et par son programme missionnaire leur enseigna de nouveau l'Évangile, leur donnant une chance de se repentir. Mais reçurent-ils les bénédictions de la fidélité terrestre ? Lisons ceci dans les Doctrine et Alliances à propos des habitants du monde terrestre :

« Et aussi ceux qui sont les esprits des hommes gardés en prison, que le Fils visita et à qui il prêcha l'évangile, afin qu'ils puissent être jugés selon les hommes dans la chair ; Qui n'ont pas accepté le témoignage de Jésus dans la chair, mais qui l'ont accepté ensuite. » (D&A 76:73-74)

Devaient-ils jamais recevoir le royaume céleste ? Ils avaient eu leur chance, ils avaient gaspillé le temps de leur épreuve, ils avaient ignoré les témoignages des serviteurs de Dieu, ils avaient suivi le monde et mené une vie profane. Peut-être que beaucoup d'entre eux avaient pris l'attitude qui consiste à dire « Je ne suis pas du genre religieux. » « Je n'aime pas aller aux réunions. » « Je suis trop occupé ; je n'ai pas le temps. » « J'ai d'autres choses plus intéressantes à faire. »

Encore une fois, indubitablement, beaucoup de ces gens dans cette prison d'esprit, comme leurs frères de cette génération, avaient dû être de braves gens en ce sens que ce n'étaient pas des criminels. Ils durent être des « hommes honorables de la terre ». Peut-être que beaucoup d'entre eux étaient honnêtes, de bons voisins, de bons citoyens qui ne commirent pas de délits graves, mais n'étaient pas vaillants. Les Écritures ne disent-elles pas clairement qu'ils ont perdu leur occasion d'obtenir l'exaltation ? N'est-il pas clair qu'il était éternellement trop tard pour eux quand ils furent noyés, qu'ils avaient gaspillé leur temps ?

Les gens vraiment corrompus ne jouiront pas du royaume terrestre car ils n'obtiendront que le téleste. Et le terrestre ne sera pas non plus donné à ceux qui sont vaillants, fidèles, à ceux qui se sont rendus parfaits, car ils iront dans le royaume céleste préparé pour ceux qui vivent selon les lois célestes. Mais dans le terrestre iront ceux qui ne sont pas à la hauteur pour entrer dans le céleste. À propos d'une catégorie de gens du terrestre, le Seigneur dit :

« Ce sont ceux qui ne sont pas vaillants dans le témoignage de Jésus, c'est pourquoi ils n'obtiennent pas la couronne du royaume de notre Dieu. » (D&A 76:79)

Le saint des derniers jours qui n'est pas ‘vaillant’ se trouvera là-bas.

Il est vrai, qu'il vaut toujours la peine de se repentir. Mais le repentir dans le monde des esprits ne peut compenser ce qui pouvait et aurait dû être fait sur la terre.

Le temps des comptes pour tous

Il y a pour chaque individu, juste ou injuste, un temps de jugement, un temps pour rendre compte de son épreuve mortelle quand cette phase de l'existence éternelle sera terminée. À ce moment-là, les livres seront enfin clos, toutes les dettes devront être payées.

Nous avons heureusement du temps pour payer nos dettes avant que n'arrive ce jour terrible du jugement. En nous repentant maintenant, dans cette vie, et en menant dorénavant une vie de justice, nous pouvons apparaître purs et sains devant Dieu. Si nous le faisons, pour nous comme pour Moroni, le lieu du jugement sera « la barre agréable du grand Jéhovah » (Moroni 10:34). Elle ne sera pas terrifiante pour nous comme pour ceux qui ne se seront pas repentis. Et nous entendrons alors les paroles douces et aimantes de félicitations et d'accueil :

« Venez, vous les bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » (Matthieu 25:34)

Spencer W. Kimball, Le miracle du pardon, 1969, chapitre 20