Maîtrise
de soi et don
de soi
La
Rédaction
L'identité
des saints des derniers jours n'apparaît jamais autant que
lorsqu'ils s'abandonnent totalement à Dieu. Il y a une
vingtaine d'années, une mère a été
sévèrement traitée pour un cancer. La sérénité
qu'elle exprimait et qui émanait d'elle était la
conséquence d'une foi active au Seigneur, d'un abandon total
de son sort entre ses mains et d'une assurance calme de sa
protection. Cet épisode de sa vie s'est répété
à nouveau il y a quelques années, avec la même
manifestation de foi. Cette sorte de foi et d'abandon ne peuvent
s'exprimer que lorsqu'ils sont fondés sur une vie de
justice.
De
même, lorsque Néphi déclare « J'étais
conduit par l'Esprit, ne sachant pas d'avance ce que j'allais faire »
(1 Néphi 4:6), il manifeste sa capacité de s'abandonner
totalement au Seigneur. Mais cette capacité ne se révèle
que dans une vie disciplinée selon la justice.
Ces
exemples illustrent deux dimensions de l'application de l'Évangile
de Jésus-Christ : la maîtrise de soi et le don de
soi. Les enseignements du Sauveur comportent ces deux dimensions.
D'une part il dit : « Si vous m'aimez, gardez mes
commandements (Jean 14:15,
21).
D'autre
part il « dit à Simon Pierre : Simon, fils de
Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci ? Il lui
répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus
lui dit : Pais mes agneaux » (Jean 21:15-17) et la
scène se répète trois fois. Cet épisode
nous apprend que la maîtrise de soi — pour garder les
commandements — comme le don de soi — pour servir nos
semblables — sont des expressions de notre amour pour le
Sauveur.
Le
treizième article de foi de l'Église comporte lui aussi les deux
dimensions dont nous parlons : « Nous croyons que
nous devons être honnêtes, fidèles, chastes,
bienveillants et vertueux... » : c'est la partie
maîtrise de soi ; et voici la partie don de soi :
« ...et que nous devons faire du bien à tous les
hommes ». Cet article nous dit d'abord ce que nous devons
être, ensuite ce que nous devons faire ; ce que nous
devons être par la maîtrise de nous-même et ce que
nous devons faire par le don de nous-même.
Ces
deux dimensions sont complémentaires. L'une est la préparation
de soi par l'obéissance et la fidélité, l'autre
est la mise de nos facultés et talents au service du Seigneur
et de nos semblables. Or, il y a interaction entre ces deux
dimensions : Le bonheur du don de soi n'est jamais aussi grand
que lorsqu'il est précédé du bonheur de la
maîtrise de soi. Le don de nous-même pour servir Dieu et
ses enfants n'est jamais aussi grand que lorsqu'il est précédé
de la maîtrise de nous-même pour garder ses
commandements.
Notre
meilleur exemple en cela est le Sauveur Jésus-Christ :
C'est parce qu'il a vécu en étant parfaitement
obéissant qu'il a été en mesure de faire don de
sa vie. Son don ne pouvait être valide que s'il avait vécu
en se refusant toute impiété, ce qu'il a fait. Son
sacrifice
n'a été possible que dans cette condition. De façon
proportionnelle, il en est de même pour nous : Notre
sacrifice, notre don de nous-même, est d'autant plus réalisable
et efficace que nous vivons en maîtrisant nos appétits,
nos passions, notre humeur, nos émotions, notre langue et, si
possible, notre temps et notre argent.
Comme
l'a enseigné le Sauveur, la maîtrise de soi et le don de
soi sont des expressions de notre amour pour lui. En retour, ces deux
dimensions de notre vie sont l'une comme l'autre des domaines dans
lesquels le Seigneur manifeste son pouvoir en nous et est capable de
transformer nos points faibles en points forts.
Le
plan de notre Père céleste est ainsi conçu que
nous gagnons notre salut en contribuant à celui des autres.
C'est le sens de la prêtrise et c'est le sens du rôle
confié à la femme. Mais nous ne pouvons contribuer au
salut des autres que si nous contribuons d'abord au nôtre. D'où
la nécessité de placer la maîtrise de soi avant
le don de soi, même si les deux dimensions se renforcent
mutuellement.
Le
champ d'expression de notre don de nous-même est vaste. Il
englobe les trois missions de l'Église : Proclamer
l'Évangile, perfectionner les saints et racheter les morts.
La Société
de secours est particulièrement active dans la deuxième
mission : Perfectionner les saints. Le nom même de cette
société comporte la notion de secours porté à autrui, ce qui englobe les notions d'assistance, d'accompagnement, de
soutien. N'est-ce pas précisément ce que les soeurs
réalisent déjà chez elles, dans leur propre
foyer ? Leur action au sein de l'organisation d'origine divine
qu'est la Société de secours est à l'image de
leur action au sein du foyer. Et si elle n'en est pas encore le
reflet pour
certaines
d'entre elles qui n'ont pas de foyer, elle en est la meilleure
préparation.
Le
don de soi est proportionnel à la maîtrise de soi qui le
précède et l'accompagne. La maîtrise de soi
suscite la foi qui donne du pouvoir au don de soi. La foi précède
les miracles et les miracles sont à la mesure de notre foi. Et
cette foi est un don divin en retour de notre justice. L'aide du
Seigneur dans notre service envers lui et nos semblables est
proportionnelle à notre fidélité à garder
ses commandements dans notre vie privée. Nous ne pouvons faire
don de nous-même sans avoir préalablement fait preuve de
maîtrise de nous-même. C'est pourquoi nous lisons :
« Un homme méchant ne peut pas faire ce qui est
bien ; et il ne fera pas non plus un bon don »
(Moroni 7:10). En effet, nous ne pouvons extraire de nous-même,
pour en faire don, ce que nous n'avons pas. Alma exprima la même
vérité lorsqu'il s'adressa à l'un de ses fils en
ces termes : « Veille aussi à tenir toutes tes
passions en bride, afin d'être rempli d'amour. »
(Alma 38:12)
L'écrivain
français Albert Camus a exprimé cette idée comme
suit : « Je suis tenté de croire qu'il faut
être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur.
Celui qui traîne sa vie et succombe sous son propre poids ne
peut aider personne. Celui au contraire qui se domine et qui domine
sa vie, celui-là peut être vraiment généreux
et donner efficacement. » (Albert Camus, « Gros
plan » télévisé, 12 mai 1959)
Considérons
à présent notre existence prémortelle comme une
préparation à l'expérience de la mortalité
et considérons la phase maîtrise de soi de notre vie
ici-bas comme la continuité de cette préparation : rien
ne nous empêche dès lors de décider de vivre
dorénavant la phase don de soi de notre existence, en
continuant bien entendu à l'appuyer sur la maîtrise de
soi.
Il
n'est pas nécessaire d'avoir atteint la perfection pour passer
à la dimension don de soi de son existence. Maîtrise de
soi et don de soi sont deux dimensions à vivre au présent.
Il revient à nous de transformer toute maîtrise de
nous-même en don de soi et de veiller à ce que chaque
don de soi découle de la maîtrise de nous-même.
Dans les Écrits
sacrés, nous lisons : « J'étais conduit
par l'Esprit, ne sachant pas d'avance ce que j'allais faire »
(1 Néphi 4:6). « Jésus... allait de
lieu en lieu faisant du bien... car Dieu était avec lui »
(Actes 10:38). « Dieu a fourni à l'homme le moyen
d'accomplir, par la foi, de grands miracles ; et c'est pourquoi
il devient un grand bienfait pour ses semblables » (Mosiah
8:18). « Moroni était... un homme fort et
puissant ; un homme dont le cœur se gonflait d'actions de
grâces envers son Dieu... ; un
homme
qui travaillait énormément au bien-être et à
la sécurité de son peuple » (Alma 48:11-12).
« Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie
pour ses amis » (Jean 15:13).
Ni
la terre ni l'enfer ne peuvent nous empêcher de remplir la
mesure de notre potentiel dans ce domaine. C'est la partie non créée
et non révélée de notre existence. C'est la
partie que nous créons nous-même et que le Seigneur
révèle à travers nous. C'est la partie qui donne
un sens à la vie. C'est la partie qui nous prépare à
la stature divine à laquelle le Seigneur veut nous élever
dans la vie à venir.
La maîtrise de soi
permet de recevoir davantage de foi, d'espérance et d'amour.
Ces forces sont des dons accordés en retour de notre maîtrise
de nous-mêmes. À leur tour, ces forces permettent et
autorisent le don de soi et s'expriment par lui.
Les bienfaits qui
découlent d'une vie de maîtrise de soi et de don de soi
sont des trésors cachés tels que la connaissance de
soi, l'estime de soi, la connaissance de Dieu et l'amour de Dieu.
Se connaître
soi-même, c'est connaître ses facultés, ses
capacités, ses particularités, ses talents, ses dons,
ses singularités, ce qui permet de travailler à leur
accroissement et de les exprimer par le don de soi. Développer
ses dons et talents et les mettre au service des autres est à
la fois un terrain de maîtrise de soi et de don de soi. Les
découvrir, les développer et les mettre au service
d'une cause juste est source de joie intérieure durable.
Léhi a déclaré :
« Les hommes sont pour avoir la joie » (2 Néphi
2:25). Cette joie, qui est le bonheur, vient en retour de
l'obéissance aux commandements divins, accompagne le
développement de nos talents et vertus par la joie du progrès
personnel et accompagne le don de soi, de ses capacités et
talents au service de Dieu et d'autrui.
La maîtrise de soi
et le don de soi sont deux domaines de progrès personnel.
Sentir en soi ses capacités s'accroître, à la
fois en maîtrise et en don, est source de connaissance de soi
et d'estime de soi. Le service d'une cause extérieure à
soi bénéficie à soi comme à cette cause.
Ainsi en est-il de l'Évangile de Jésus-Christ :
Depuis la fondation du monde, tout est prévu pour que chacun
soit bénéficiaire, celui qui donne comme celui qui
reçoit. Il n'en est pas de même dans le plan de
l'adversaire où il n'existe ni don, ni reconnaissance, ni
progrès, ni joie durable.
La prêtrise est un
don du Sauveur qui permet de contribuer au salut spirituel d'autrui,
notamment par l'accomplissement des sacrements indispensables au
salut. La prêtrise est souvent comparée à un talent, un don
confié par le Seigneur. Les détenteurs de la prêtrise
ont la responsabilité de développer ce don, de faire
fructifier ce talent et d'en user au service de Dieu pour le bénéfice
d'autrui. L'appel à la prêtrise est un appel au don de
soi qui exige la dignité acquise par la maîtrise de soi.
Un digne détenteur de la prêtrise est un disciple de
Jésus-Christ qui vit de façon à être à
tout moment un instrument entre les mains du Seigneur pour la
bénédiction de ses semblables. Un détenteur de
la prêtrise discipline sa vie pour à tout moment pouvoir
représenter le Sauveur pour bénir autrui. Un tel
détenteur de la prêtrise est un instrument entre les
mains du Seigneur pour accomplir des petits et des grands miracles.
Disciple du Sauveur, il devient un sauveur pour ses semblables.
Si, dans le plan divin,
seuls les hommes détiennent et exercent les offices de la
prêtrise, les dons spirituels qui accompagnent la prêtrise
sont tous accessibles aux femmes. C'est par le pouvoir de la prêtrise
que Dieu a créé le monde. Ce pouvoir de création
est partiellement délégué à la femme à
qui revient de donner la vie. Une autre partie de ce pouvoir est
déléguée à l'homme à qui revient
la pratique des sacrements nécessaires à la vie
éternelle. Chacun d'eux soutient l'autre dans son rôle et y participe, et tous deux se traitent en partenaires égaux. Chacun d'eux ne peut
atteindre la vie éternelle sans l'autre.
Chacun de nous,
homme ou femme, peut trouver de l'inspiration dans l'exemple de maîtrise
de soi et de don de soi donné par notre Seigneur Jésus-Christ
qui, après avoir mené une vie parfaite, l'a offerte
pour le salut de l'humanité. Et chacun de nous, par la
maîtrise et le don de soi, peut vivre la phase la plus
enthousiasmante de son existence.
Article
diffusé le 20/05/2012
Dernière mise à jour le 28/10/2020