LORSQUE NOS PRIÈRES SEMBLENT RESTER SANS RÉPONSE


S. MICHAEL WILCOX



Titre original :
When Your Prayers Seem Unanswered

© 2006 – S. Michael Wilcox

© 2011 Éditions Françaises LDS, Saint Quentin, France (pour l’édition française).

©
Traduction Éditions Françaises LDS, mars 2011.

ISBN original : 1-59038-586-1

ISBN : 978-2-9531172-5-7






LETTRES D’UN PÈRE

Il y a de nombreuses années, ma fille aînée a séjourné en Russie. C’était bien avant que le courrier électronique soit le moyen de communication courant et pratique qu’il est devenu depuis. La Russie s’ouvrait tout juste au monde et ma fille se rendait à Moscou pour y enseigner l’anglais. Dans le meilleur des cas, nos possibilités de communiquer avec elle seraient intermittentes et nous nous inquiétions pour elle. Pour lui apporter notre soutien à une telle distance, j’ai décidé de lui écrire quelques lettres avant son départ, au cas où nous ne pourrions lui parler durant les six mois que devait durer son séjour. Elle venait tout juste de terminer le lycée et, en tant que parent, je me faisais quelque peu du souci. J’ai essayé d’imaginer chaque problème, dilemme, émotion, souci, sentiment de solitude, exaltation (du degré le plus élevé au plus faible) auxquels elle risquait d’être confrontée durant cette période. Puis je lui ai écrit des lettres de conseils, de réconfort ou de recommandations qu’elle pourrait lire sur place étant donné que je n’aurais pas d’autre moyen de communiquer facilement avec elle. J’ai étiqueté chaque enveloppe à l’extérieur : « Quand tu es découragée » ; « Quand tu as le mal du pays » ; « Quand tu es confrontée à la tentation »… et ainsi de suite. Au moment de nous quitter à l’aéroport, je lui ai tendu le gros paquet de lettres qui, je l’espérais, lui apporteraient de l’aide pour résoudre tous les problèmes qu’elle pourrait rencontrer.

Je n’avais pas la connaissance de toutes les choses auxquelles elle devrait faire face durant ces six mois mais j’avais vu juste pour un certain nombre de problèmes. Elle ouvrit quelques-unes de ces lettres après son retour à la maison, juste pour voir ce que j’avais écrit, même si elle n’avait pas rencontré les problèmes particuliers qui y étaient traités.
Je crois qu’il y a dans notre vie une similitude avec cette situation. D’une certaine manière, les Écritures sont comme une poignée de lettres de notre Père céleste qui a anticipé nos questions et les soucis que nous pourrions rencontrer de temps en temps durant notre existence mortelle. Contrairement à moi, il connaît toutes les situations multiples et variées que ses enfants affronteront et il a prévu les réponses pour nous avant même que nous posions les questions ou que nous ayons à faire face aux tentations et aux épreuves de la vie.

Au cours de mes nombreuses années d’enseignement, on m’a posé maintes questions mais l’une d’elles ressort particulièrement de par sa fréquence et la variété des groupes d’âge qui ont partagé ce souci avec moi. Elle est parfois formulée de façon différente mais le thème reste majoritairement le même : « Comment puis-je obtenir des réponses à mes prières ? » « Pourquoi le Seigneur agit-il envers nous comme il le fait ? » « Pourquoi nous semble-t-il parfois que nous ne recevons aucune réponse du tout ? » « Pourquoi les désirs des autres sont-ils exaucés et pas les miens ? » « Comment puis-je savoir que les réponses que je reçois sont bien de Dieu et non de mon imagination ? »

Si je décris en détail une situation extrême, il est possible qu’elle englobe toutes ces choses à un moindre degré. En réalité, c’est la raison pour laquelle les Écritures tendent à traiter des cas extrêmes.


EST-CE QUE LES CIEUX ONT REGARDÉ ?

Lorsque dans ma vie je dois faire face à certains dilemmes, deux citations de Shakespeare me viennent souvent à l’esprit. Elles représentent, je le répète, des situations extrêmes mais elles exposent avec concision les difficultés que la plupart d’entre nous rencontrons. La première citation est extraite de « La tragédie du roi Richard III ». Elisabeth, l’ancienne reine destituée, vient d’apprendre que les deux princes, ses deux jeunes fils, ont été exécutés dans la tour de Londres par leur oncle, Richard III. Elle lève les yeux au ciel et prie :

As-tu pu, Ô Dieu, te détourner de ces doux agneaux
Et les jeter aux entrailles du loup ?
Dormais-tu donc quand une telle action a été commise ?
(Acte IV, Scène IV)*

La seconde citation est extraite de la tragédie « Macbeth ». Macduff apprend que toute sa famille a été tuée par Macbeth. Une fois de plus, quelqu’un s’est tourné vers les cieux, en interrogation, demandant pourquoi il n’y avait eu aucune aide dans une situation aussi désespérée.

Dans son agonie, Macduff s’écrie :

Le Ciel l’a contemplé sans prendre leur parti ?
(Acte IV, scène III)1.

Dans les moments les plus pénibles de ma vie (et peut-être aussi pour vous lorsque vous êtes au creux de la vague), je dois admettre que je suis parfois tenté de critiquer la façon dont Dieu gère l’univers, tout au moins notre monde ! J’ai tendance occasionnellement à me tourner vers les cieux et à citer Shakespeare en paraphrasant ce que disait Macduff : « Le ciel a-t-il donc pu contempler cela sans prendre leur parti ? »

Cela ne concerne pas obligatoirement mes besoins ou mes désirs personnels mais se produit souvent lorsque je vois quelqu’un que j’aime ne pouvoir accéder à des désirs justes ou être contraint à endurer des épreuves au-delà du concevable. À plus grande échelle, même la lecture sommaire des actualités quotidiennes fournirait suffisamment de raisons pour que nous portions notre regard vers les cieux et citions silencieusement Macduff.

Je pense à une femme qui depuis son plus jeune âge a souhaité devenir mère et qui n’a toujours pas pu avoir d’enfants. Je pense aussi à une autre femme qui a un désir profond de se marier et qui, à l’âge de trente-deux ans, n’a toujours pas connu cette joie dans sa vie. Je pense à cette épouse qui, malgré les bénédictions qui lui ont été données, malgré ses prières et celles faites au temple en sa faveur, vit au quotidien dans la souffrance. Ce ne sont là que quelques problèmes dans l’immense océan de l’expérience humaine. Je suis sûr que nous connaissons tous ces moments de déception, ces périodes d’épreuves au cours desquelles nous nous demandons pourquoi « le ciel [contemple] et ne prend pas [notre] parti ».*


LA QUATRIÈME VEILLE

J‘aimerais suggérer certaines choses qui me viennent à l’esprit au cours de ces moments difficiles de la vie. J’espère qu’elles auront de la valeur pour vous autant qu’elles en ont eu pour moi. Je veux parler des lettres qu’un Père céleste aimant nous a laissées, sachant par avance à quels dilemmes et questionnements nous serions sujets. L’une des toutes premières de ces lettres scripturaires contient un principe que j’appelle « la quatrième veille ».

À l’époque du Nouveau Testament, la journée était divisée en douze heures et commençait à six heures du matin. La troisième heure était donc à neuf heures, la sixième heure à midi et la onzième, alors que nous la visualisons juste avant minuit, tombait en réalité à dix-sept heures en fin d’après-midi. La nuit était divisée en quatre veilles : La première veille commençait à dix-huit heures et se terminait à vingt-et-une heures. La seconde veille durait de vingt-et-une heures à minuit, la troisième veille s’étendait de minuit à trois heures du matin et la quatrième veille commençait à trois heures du matin pour s’achever à six heures, vers le lever du soleil.

Après avoir nourri la foule de cinq mille personnes, le Sauveur demanda à ses disciples de monter dans une barque et de venir le chercher plus tard, lorsque il aurait quitté la multitude et se serait retiré à l’écart pour passer quelque temps seul en prière. Les disciples obéirent. C’était en fin d’après-midi ou en début de soirée qu’ils montèrent dans la barque et s’engagèrent sur la mer de Galilée. Jésus renvoya la multitude puis se tourna vers son Père en prière. Il pria tard dans la soirée et jusque dans la nuit.

Durant ce temps-là, une tempête s’était abattue sur les disciples au large : « Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre. Il vit qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer, car le vent leur était contraire (Marc 6:47-48). La version de Matthieu dit que « la barque… était battue par les flots » (Matthieu 14:24). La version de Jean dit « qu’il soufflait un grand vent, et la mer était agitée. Après avoir ramé environ vingt-cinq ou trente stades… » (Jean 6:19).

Un stade mesure environ 200 mètres. Ainsi, s’ils ont ramé 25 à 30 stades, cela représente un parcours de 65 à 70 terrains de football mis bout à bout, dans le vent et la tempête. Comme on peut s’y attendre, ils étaient exténués et effrayés. La version de Marc donne un détail qui me semble réellement important et qu’on ne trouve pas dans les autres témoignages. Marc dit que « Jésus avait vu qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer (Marc 6:48). Ils ne savaient pas que le Seigneur était conscient du danger qu’ils couraient. Ils n’avaient pas réalisé qu’il était au sommet de la colline et les voyait. Tout ce qu’ils savaient, c’est qu’ils avaient ramé longtemps contre le vent, qu’ils étaient exténués et avaient besoin d’aide.

Nous lisons ensuite : « À la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer… et ils… le voyaient, et étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur ! Puis il monta vers eux dans la barque, et le vent cessa » (Marc 6:48-51 ; italiques ajoutés).

J’ai le sentiment que si les apôtres avaient pu choisir, ils auraient préféré que le Seigneur vienne au cours d’une veille précédente.

Je vous expose la situation comme je la perçois souvent : lorsque je peine à ramer contre le vent, lorsque les vagues s’élèvent au-dessus de moi, que le ciel s’assombrit et que la tempête continue à souffler et que j’ai besoin d’aide, je voudrais qu’il vienne à la première veille. Je suis quelqu’un de la première veille. Ne le sommes-nous pas tous ?

Mais quelque chose au fond de moi me fait prendre conscience qu’il peut être bon de peiner en ramant contre le vent et qu’il est bénéfique d’exercer nos muscles spirituels face aux épreuves et à l’adversité. C’est d’accord, nous pouvons accepter cela. Mais s’il ne vient pas à la première veille, il devrait assurément venir à la deuxième. Néanmoins, il semble évident que nous adorons un Dieu de « la quatrième veille ». Et il est important pour nous de réaliser que nous adorons un Dieu de la quatrième veille.

Il m’arrive de prier ainsi : « Ô Seigneur, je sais que tu es un Dieu de la quatrième veille et que je suis un homme de la première veille. Ne pourrions-nous pas trouver un compromis de sorte que tu viennes à la fin de la seconde veille ou au début de la troisième ? Est-ce que cela ne serait pas équitable ? » Mais il est rare que le compromis se concrétise et dans les moments où je me sens mieux, je sais qu’il est bien qu’il en soit ainsi. Il est un Dieu de la quatrième veille.

Un certain nombre d’Écritures nous aident à comprendre qu’il est réellement un Dieu de la quatrième veille. Prenons l’expérience de Joseph Smith, par exemple. Cela ne fait-il pas penser à une réponse de la quatrième veille ? « Au moment même où j’étais prêt à sombrer dans le désespoir et à m’abandonner à la destruction… juste à cet instant de grande alarme, je vis, exactement au dessus de ma tête, une colonne de lumière » (Joseph Smith, Histoire 1:16 - italiques ajoutés). Le Seigneur a tendance à intervenir lorsque l’alarme est grande, au moment où nous sommes « prêts à sombrer dans le désespoir ».

L’histoire d’Agar, dans Genèse 21, contient une merveilleuse expression de la quatrième veille qui décrit son désespoir : « L’eau de l’outre était épuisée » (Genèse 21:15). Elle errait dans le désert de Beer-Shéba avec son fils Ismaël lorsqu’ elle « laissa l’enfant sous un des arbrisseaux et alla s’asseoir vis-à-vis à une portée d’arc ; car elle disait : Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s’assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant dans le lieu où il est. Lève-toi, prends l’enfant, saisis-le de ta main… Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant (Genèse 21:15-19).

Dieu vient souvent lorsque « l’eau de l’outre est épuisée ». Alors il nous montre le puits d’eau vivifiante tout proche que nous n’avions pas encore découvert jusqu’alors.

Dans 1 Rois 17, une autre veuve, désespérée dans une période de famine, ne sait pas que l’aide dont elle a besoin est juste à portée de main lorsqu’Élie la rencontre à l’entrée de la ville. Le prophète lui demande : « Apporte-moi, je te prie, un morceau de pain dans ta main. Et elle répondit : L’Éternel, ton Dieu, est vivant ! Je n’ai rien de cuit, je n’ai qu’une poignée de farine dans un pot et un peu d’huile dans une cruche. Et voici, je ramasse deux morceaux de bois, puis je rentrerai et je préparerai cela pour moi et pour mon fils ; nous mangerons, après quoi nous mourrons. (1 Rois 17:11-12).

Élie apparaît juste au moment où elle ramasse ces deux petits morceaux de bois pitoyables pour le dernier repas. C’est lorsque l’eau de l’outre est épuisée, à l’apogée du désespoir, lorsque nous préparons le dernier repas… que le Seigneur a tendance à venir.

Lorsque nous pénétrons dans la phase de la deuxième veille et qu’il ne s’est toujours pas manifesté, une forme de peur et des sueurs froides nous envahissent souvent, alors que la tempête ne faiblit pas. Alors que nous entrons dans la troisième veille, il arrive que nous soyons tentés de tirer des conclusions insensées et très dangereuses : « Dieu ne m’écoute pas ». « Il y est insensible ». Ou, encore plus dangereux : « Il n’est pas là ». À certains moments, l’univers peut sembler tellement vide et l’espace obscur rempli d’étoiles froides ! Ou encore, une interprétation très fréquente parmi les saints des derniers jours : « Je ne suis pas digne ». « Il n’écoute pas ». Il n’a que faire de moi ». « Personne n’est là pour répondre ». Parce que s’il était là et s’il écoutait, ou si j’étais digne, il viendrait assurément.

Lorsque vous vous sentez au bord du désespoir, lorsqu’il vous semble qu’on ne répond pas à vos prières et que le vent continue à souffler, reprenez courage en sachant qu’il vous voit depuis le flanc de la colline. N’oubliez pas, il se peut que vous ne perceviez pas qu’il vous voit vous débattre dans la barque, mais il est bien là et vous voit depuis la colline et il viendra. Mais il vient généralement au cours de la quatrième veille, après que nous avons fait tout ce que nous pouvons.


ÉTANCHE COMME UN PLAT

Il m’est arrivé de raconter cette histoire, de partager ce principe et de voir des personnes venir me trouver ensuite pour me dire : « Vous savez, je suis sûr que j’ai dépassé la quatrième veille. Je pense même être dans la septième, la huitième, voire même la neuvième veille, et il n’est toujours pas venu ». Il nous faudrait une autre lettre du Père, car il ne fait aucun doute qu’il a même prévu ces extrêmes. Un autre principe s’applique dans de telles situations. Dans ces moments-là, alors que j’ai atteint la quatrième veille et qu’il n’est toujours pas venu, je dis en mon for intérieur : Ma barque est étanche comme un plat !

Nous pouvons lire dans Éther que des tempêtes et des vagues montagneuses menaçaient de faire sombrer les barques des Jarédites et d’ensevelir leurs passagers dans une tombe marine. Je suis spécialisé en langue anglaise, aussi ai-je tendance à remanier inconsciemment à peu près tout ce que je lis. Lors de la lecture des Écritures, je suis souvent frappé par la beauté du langage et la profondeur des vérités qu’on y trouve mais il m’arrive aussi de penser, en parcourant un verset : « Seigneur, cela pourrait être formulé un peu mieux ». Quand je lisais Éther 2:17 il m’était difficile de résister à la tentation de réviser ce verset. Si j’étais professeur de lettres et chargé d’analyser le récit de la traversée des Jarédites, je tirerais un trait rouge en travers d’Éther 2:17, et ferais l’annotation suivante : « Répétition ».

Voici la description des barques construites par le frère de Jared (Moriancumer) selon les instructions qu’il avait reçues : « Elles étaient construites de manière à être extrêmement étanches, à savoir qu’elles pouvaient contenir de l’eau comme un plat ». Ça va, on a compris, elles sont étanches. Mais remarquez comment l’auteur insiste sur ce point : « et le fond en était étanche comme un plat ; et les côtés en étaient étanches comme un plat; et les extrémités en étaient pointues ; et le sommet en était étanche comme un plat ; et la longueur en était la longueur d’un arbre, et la porte, quand elle était fermée, était étanche comme un plat » (Éther 2:17 - italiques ajoutés).

Comme je l’ai déjà dit, j’avais l’habitude de critiquer cette description dans les moments où ma perspicacité était au plus faible. Il m’a fallu du temps pour réaliser que Dieu sait ce qu’il fait dans ses Écritures et qu’il y a une chose qu’il veut que nous comprenions au sujet de cette barque. Il veut vraiment que nous le comprenions : « Elle est étanche comme un plat ». Elle ne sombrera pas ! Si je saisis réellement cette vérité, son application à notre vie est puissante.

Le frère de Jared a découvert deux problèmes en construisant les bateaux : 1. Il manquait d’oxygène et on ne pouvait y respirer. 2. Il y faisait si sombre que le pilote ne pouvait y voir pour diriger le navire (c’est peut-être madame Moriancumer qui avait fait remarquer ces deux défauts : « Es-tu sûr, mon chéri, d’avoir bien compris les directives pour construire ces bateaux ? Peut-être devrions-nous contrôler les plans à nouveau »). Le récit semble indiquer que c’est Dieu qui a conçu les plans des bateaux et je pense qu’il les a dessinés de telle façon que Moriancumer soit enseigné, et, qu’à travers lui, nous en retirions tous quelques grands principes.

Le frère de Jared a gravi une montagne et a demandé au Seigneur de lui indiquer des solutions. Le Seigneur lui a dit de percer quelques trous qui pourraient être obturés lorsque les vagues déferleraient sur le pont et entraineraient le navire sous l’eau. C’était une solution au problème de l’air. Mais il laissa à Moriancumer le soin de trouver une solution pour la lumière et le pilotage. Il lui donna simplement des paramètres lui permettant de travailler au problème : « Vous ne pouvez pas avoir de fenêtres, car elles voleraient en éclats ; vous ne prendrez pas non plus de feu avec vous, car vous n’irez pas à la lumière du feu » (Éther 2:23).

Je pense que le Seigneur a un bon sens de l’humour. Je l’imagine disant : « Pas de lumière, pas d’air ? Comment ai-je pu oublier cela dans mes plans ? Voyons cela… Qu’en est-il des fenêtres ?... Non, cela ne marchera pas ; tu sais que les vagues les briseraient. Et pour le feu ? Non, non cela ne marchera pas non plus ; l’oxygène reste un problème et avec le tangage et le roulis du bateau, le feu représenterait un danger. Une situation difficile ! Il va falloir que tu trouves une solution ».

Puis le Seigneur a dit quelque chose qui m’a vraiment surpris. Essayez de vous mettre à la place de Moriancumer. Vous devez résoudre le problème, n’est-ce pas ? Quelle solution proposeriez-vous lorsque le Seigneur dit : « Car voici, vous serez comme une baleine au milieu de la mer, car les vagues montagneuses se jetteront sur vous ». Arrêtons-nous ici un instant. Quelle est la cause de ces vagues hautes comme des montagnes ? Le vent. Le vent crée des vagues, des tempêtes, des ouragans. Le Seigneur explique ensuite : « Néanmoins, je vous ferai remonter des profondeurs de la mer (Éther 2:24). Les vagues montagneuses s’écraseront sur les bateaux et les submergeront quelque temps, puis ils referont surface. Ce ne sont pas des sous-marins. Ils reviendront à la surface mais il y aura des moments où les vagues les submergeront et ils seront complètement sous l’eau.

Alors le Seigneur fait cette déclaration remarquable : « car les vents sont sortis de ma bouche, et les pluies et les flots, je les ai aussi envoyés » (Éther 2:24).

Quelle solution suggèreriez-vous à Dieu à ce moment-là ? En ce qui me concerne, ma réponse serait la suivante : « Seigneur, nous n’avons pas vraiment de problème avec le manque d’air ou de lumière dans ces bateaux. Si les vagues sont le problème, si c’est le vent qui provoque les vagues et si c’est toi qui fais le vent - ALORS SOUFFLE DOUCEMENT. Envoie-nous une brise qui nous conduira à la terre promise. Nous n’avons pas besoin que des vagues hautes comme des montagnes s’écrasent sur nous. Nous pourrions nous asseoir sur le pont, nous faire bronzer, pêcher, jouer au palet. Nous ferions une croisière vers la terre promise. Calme les tempêtes et les flots, réprimande les vents ». Ne serait-ce pas une excellente solution ?

Existe-t-il des précédents où l’on voit Dieu calmer les tempêtes ? Nous venons de faire référence à un exemple : la nuit où le Seigneur a marché sur l’eau, il a calmé la tempête. L’Écriture dit précisément ceci : « Et aussitôt, la barque aborda au lieu où ils allaient » (Jean 6:21). N’est-ce pas la conclusion idéale aux tourments de la vie ? « S’il te plaît, Seigneur, calme mes tempêtes, et amène-moi tout de suite à bon port ». Il peut le faire, n’est-ce pas ? C’est la solution que je désire habituellement lorsque les tempêtes soufflent dans ma vie – calme tout simplement la tempête et au moins dans la deuxième veille ! Mais si nous arrivons dans l’obscurité de la quatrième veille et qu’il ne l’a toujours pas calmée, il est probable que nous aurons appris quelque chose, quelque chose de merveilleux et puissant, quelque chose sur nous-mêmes.

Le verset suivant nous dit ceci : « Et voici, je vous prépare contre ces choses ; car vous ne pouvez traverser ce grand abîme sans que je vous prépare contre les vagues de la mer, et les vents qui sont sortis, et les flots qui viendront. Que veux-tu donc que je prépare pour vous, pour que vous ayez de la lumière lorsque vous serez engloutis dans les profondeurs de la mer ? » (Éther 2:25 - italiques ajoutés).

Quelle option pensez-vous que le Seigneur privilégie entre nous aider en calmant les tempêtes ou nous préparer à les affronter avant qu’elles soient arrivées ? Il est un Dieu de la quatrième veille ; C’est aussi un Dieu « étanche comme un plat ». Qu’avons-nous appris sur nos barques si nous arrivons à la quatrième veille et constatons qu’il n’est toujours pas venu ? ELLES SONT ÉTANCHES COMME UN PLAT. Notre Père céleste a déjà prévu toutes les tempêtes et les vagues hautes comme des montagnes qui les accompagnent. Il a prévu tous les problèmes, toutes les déceptions et les frustrations, les tentations et les épreuves de la vie ; et avant même que les vents commencent à souffler, il nous a préparés pour y faire face. Nous ne sombrerons pas. Tout se passera bien pour nous. Car si nos barques n’étaient pas étanches comme un plat et s’il y avait quelque crainte que des vagues hautes comme des montagnes s’écrasent sur nous et nous engloutissent, que ferait-il ? Il calmerait la tempête. Et s’il ne la calme pas, s’il ne vient pas pour la quatrième veille, nous savons que nos vaisseaux sont étanches comme un plat.

Je pense que la confiance et l’assurance sont en partie l’essence d’une promesse qu’Ésaïe a mentionnée. Les paroles de réconfort du Seigneur sont les suivantes : « Avant qu’ils m’invoquent, je répondrai ; Avant qu’ils aient cessé de parler, j’exaucerai » (Ésaïe 65:24). Avant même que nous nous tournions vers lui dans les tempêtes, le Seigneur savait que cela arriverait et il avait préparé nos vaisseaux. Il ne faut donc pas craindre. Nous poserons nos pieds sur la terre promise.


QUAND IL VIENT À LA PREMIÈRE VEILLE

Il est un domaine dans notre vie où le Seigneur est désireux d’intervenir à la première veille. En fait, si le Seigneur nous disait : « Je te laisse choisir un domaine de ta vie où je viendrai à la première veille, ou, si tu préfères, je choisirai ce domaine à ta place », j’espère que nous aurions la sagesse de lui dire : « J’ai confiance en ton jugement. Tu peux choisir les moments de ma vie où tu seras un Dieu de la première veille pour moi ».

Ce domaine serait celui du pardon. Le Seigneur est impatient de venir vers nous lorsque nous l’implorons pour obtenir le pardon, même si c’est dans la première veille. Lorsque la souffrance et les épreuves que nous traversons sont dues au repentir, lorsque nous nous débattons dans l’agonie de la culpabilité, alors il est un Dieu de la première veille. D’innombrables Écritures attestent cette vérité.

L’un des récits que je préfère depuis toujours dans les Écritures est celui du fils prodigue. Cette parabole est un exemple puissant de la « première veille », montrant combien le Seigneur a un ardent désir de pardonner. « Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires » (Luc 15:17-19).

Cette parabole fut donnée en réponse à une question qui peut être formulée de la façon suivante : « Lorsque je rentre en moi-même, lorsque je reviens sur le passé et recherche le pardon, est-ce que je retourne en tant que fils ou en tant que mercenaire ? ». Le fils prodigue se sentait indigne de revenir en tant que fils ; il était satisfait de rentrer à la maison comme mercenaire. Devrait-il rester toute sa vie un citoyen de seconde classe du royaume ? La parabole donne la réponse : Il n’y a pas de mercenaire dans le royaume. Il n’y a que des fils. Et voici le verset de la première veille : « Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion. Il courut se jeter à son cou et le baisa » (Luc 15:20).

Il est quelquefois très important de bien donner l’intonation d’une Écriture. Devrions-nous lire le commentaire suivant du fils sur le ton d’une confession ou celui d’un grand étonnement ? Je préfère le ton de la stupéfaction devant l’accueil qu’il venait de recevoir de son père. « Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (Luc 15:21). Nous pourrions ajouter : « Pourquoi, alors, me traites-tu comme tel ? ».

« Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Luc 15:22-24).

En avançant dans la lecture du Livre de Mormon, nous voyons un thème qui commence à émerger au fur et à mesure que nous lisons histoire après histoire. Dans le Livre de Mormon, toutes les personnes qui demandent le pardon le reçoivent. Et elles le reçoivent immédiatement. Le livre de Mosiah parle de « la bonté immédiate de Dieu » (Mosiah 25:10), et Amulek promet aux humbles Zoramites que s’ils ne s’endurcissent pas le cœur, le « grand plan de la rédemption » leur sera appliqué « immédiatement » (Alma 34:31). C’est comme si le Seigneur disait : « Peut-être que vous ne recevrez pas ce message si je ne le mentionne qu’une ou deux fois. Peut-être ne comprendrez-vous pas à quel point il est important. Je vais donc le répéter encore et encore, de sorte que vous sachiez que lorsque le vent qui souffle contre vous a rapport avec la culpabilité, le pardon, la repentance et la transgression, je viendrai vers vous à la première veille ».

Dans Énos, nous pouvons lire : « Une voix me parvint, disant : Énos, tes péchés te sont pardonnés, et tu seras béni… Et je dis : Seigneur, comment cela se fait-il ? Et il me dit : À cause de ta foi au Christ, que tu n’as encore jamais entendu ni vu » (Énos 1:5, 7-8). Puis c’est comme si le Seigneur s’interrogeait ainsi : « Je me demande s’ils comprennent clairement ce que signifie l’exemple d’Énos. Formulons-le encore avec le peuple de Benjamin ». Et quelques pages plus loin, nous pouvons lire : « La multitude s’écria d’une seule voix, disant : Oh ! Sois miséricordieux, et applique le sang expiatoire du Christ, afin que nous recevions le pardon de nos péchés, et que notre cœur soit purifié… Et il arriva que lorsqu’ils eurent dit ces paroles, l’Esprit du Seigneur vint sur eux, et ils furent remplis de joie, ayant reçu le pardon de leurs péchés, et ayant la conscience en paix » (Mosiah 4:2-3).

Puis il est possible que le Seigneur se soit encore interrogé, se disant : « Je me demande s’ils ont bien saisi le message. Peut-être devrions nous encore le leur rappeler ». Allons quelques pages plus loin et arrivons à Zeezrom, à qui Alma dit : « Si tu crois en la rédemption du Christ, tu peux être guéri », à quoi Zeezrom répond : « Oui, je crois selon tes paroles. Et alors Alma implora le Seigneur, disant : Ô Seigneur, notre Dieu, sois miséricordieux envers cet homme, et guéris-le selon sa foi, qui est dans le Christ. Et lorsqu’Alma eut dit ces paroles, Zeezrom se leva d’un bond et commença à marcher » (Alma 15:8-11).

Comme si cette conviction n’était pas encore suffisamment ancrée dans notre cœur, le Seigneur l’inscrit plus profondément dans l’histoire d’Alma et des fils de Mosiah. Dans l’agonie de la culpabilité, Alma s’écrie : « Ô Jésus, Fils de Dieu, sois miséricordieux envers moi qui suis dans le fiel de l’amertume et suis enserré par les chaînes de la mort. Et alors, voici, lorsque je pensai cela, je ne pus plus me souvenir de mes souffrances ; oui, je n’étais plus déchiré par mes péchés. Et oh quelle joie, et quelle lumière merveilleuse je vis ! » (Alma 36:18-20).

Sommes-nous convaincus maintenant ? Au cas où il nous faudrait une preuve supplémentaire, tournons-nous vers les Lamanites. « Inclus les prières de Lamoni et de sa femme », chuchote le Seigneur à Mormon lorsque, parmi les nombreux écrits, il compilait les manuscrits sélectionnés pour les besoins du monde des derniers jours. Lamoni prie ainsi : « Ô Seigneur, sois miséricordieux ; selon l’abondante miséricorde que tu as eue pour le peuple de Néphi, sois miséricordieux envers moi et mon peuple » (Alma 18:41). Lorsque Lamoni revient à lui après son « petit sommeil », il rend témoignage : « Aussi sûrement que tu vis, voici, j’ai vu mon Rédempteur ; et il viendra et naîtra d’une femme, et il rachètera toute l’humanité qui croit en son nom » (Alma 19:13). Peu de temps après, la femme de Lamoni ajoute son propre témoignage à la liste qui continue de s’allonger : « Ô Jésus béni, qui m’as sauvée d’un enfer affreux ! Ô Dieu béni, sois miséricordieux envers ce peuple ! » (Alma 19:29). Le père de Lamoni reçoit le pardon et les serviteurs de Lamoni comprennent aussi la « bonté immédiate » de notre Sauveur.

Même les Lamanites qui avaient pénétré dans la prison pour tuer Néphi et Léhi furent « remplis de cette joie qui est ineffable et pleine de gloire… et il arriva qu’une voix leur parvint, oui, une voix agréable, comme si c’était un chuchotement, disant : La paix, la paix soit sur vous, à cause de votre foi en mon Bien-aimé, qui était dès la fondation du monde » (Hélaman 5:44-47). Lorsque nous aspirons au pardon, nous adorons un Dieu de la première veille.

J’ai souligné l’empressement du Seigneur à venir vers nous dès la première veille lorsque cela concerne le pardon de nos péchés et de nos transgressions. Cela implique assurément que nous ayons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour être dignes d’un tel niveau de miséricorde. Dans Alma 24, les Anti-Néphi-Léhis se déclarent « les plus perdus de toute l’humanité ». Mais même eux furent rachetés par la miséricorde du Seigneur. Notons néanmoins que, dans ce chapitre, nous lisons trois fois qu’ils firent tout ce qu’ils purent pour se repentir suffisamment (Alma 24:11-15). Si nous sommes vraiment désireux de faire tout ce que nous pouvons faire, et ceci, même si nous nous considérons comme les plus perdus de toute l’humanité, le Seigneur viendra vers nous à la première veille et nous saurons par expérience ce que signifie la « bonté immédiate de Dieu ».

Jésus a enseigné à ses disciples qu’ils devaient pardonner à leurs frères lorsqu’ils se repentaient et demandaient le pardon. Il a ensuite ajouté ce qui suit : « Et s’il a péché contre toi sept fois dans un jour, et que sept fois il revienne à toi, disant : Je me repens, tu lui pardonneras » (Luc 17:4). Je ne pense pas que le Seigneur exigerait de nous plus que ce que lui-même est disposé à donner. Si donc, lorsque quelqu’un se présente repentant devant nous, le Seigneur attend de nous que nous lui pardonnions sept fois dans une seule journée, cela signifie sans aucun doute qu’il nous pardonnera dans la même mesure, si ce n’est au-delà. Faisons donc tout ce que nous pouvons, puis, avec une pleine assurance et avec la confiance née de l’espoir que génèrent les nombreux exemples du Sauveur, nous pouvons aller vers lui plusieurs fois dans une même journée, en sachant que, chaque fois, nous entendrons les mots : « Je te pardonne. Va en paix ».


LIEUX RÉSERVÉS DANS NOTRE CŒUR

Il arrive que nous ne recevions pas de réponse, ou que les bénédictions que nous désirons ne viennent pas, ou que les épreuves que nous subissons se prolongent parce qu’il n’y a pas de place dans notre cœur pour que Dieu puisse y déposer la réponse dont nous avons besoin. C’est la vie qui doit tailler et creuser cet emplacement. Ce sont les expériences que nous traversons qui nous aident à créer ces endroits réservés. Dieu entend néanmoins nos prières et promet qu’elles seront exaucées en temps opportun.

Lorsque la persécution faisait rage dans le Missouri, le Seigneur réconforta les saints par ces paroles : « Ne craignez pas ; que votre cœur soit réconforté ; oui, réjouissez-vous à jamais et rendez grâces en toutes choses. Espérez patiemment dans le Seigneur, car vos prières sont parvenues aux oreilles du Seigneur des armées et sont enregistrées avec ce sceau et ce testament : le Seigneur a juré et décrété qu’elles seront exaucées » (D&A 98:1-2). Ce n’est pas forcément tout de suite qu’elles seront exaucées. « Il vous fait cette promesse avec l’alliance immuable qu’elles seront exaucées ; et toutes les afflictions que vous avez subies concourront à votre bien et à la gloire de mon nom, dit le Seigneur » (D&A 98:3).

Un jour, Moïse posa une question au Seigneur après qu’il lui fût montré la multitude des créations de Dieu. Pourquoi as-tu créé toutes ces merveilles ? demanda-t-il. Et le Seigneur lui répondit : J’ai mes raisons. Voici exactement les paroles qu’il prononça : « J’ai fait ces choses dans un dessein qui m’est propre. Il y a là de la sagesse, et elle demeure en moi » (Moïse 1:31). C’était là une façon très polie de dire : Je ne répondrai pas à ta question, Moïse. Tu veux savoir pourquoi j’ai créé toutes ces choses ? Il y a un but à cela, et il est plein de sagesse, mais je ne te le dévoilerai pas tout de suite. Nous savons que Dieu a répondu à la question de Moïse par la suite. Cette réponse est connue de tous : « Voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moïse 1:39). Le Seigneur signifiait : J’ai créé tous ces mondes pour que les hommes puissent devenir des dieux. Je me suis souvent demandé pourquoi le Seigneur n’avait pas répondu à Moïse la première fois qu’il lui avait posé la question. Une lecture plus approfondie révèle que Dieu voulait que Moïse comprenne plusieurs choses avant de lui donner la réponse - des choses qui donneraient encore plus de puissance à cette réponse. Il créait dans le cœur de Moïse une place qui lui permettrait de la recevoir.

J’aimerais illustrer ce concept particulier par une expérience personnelle. En raison de soucis et de défis qu’il rencontrait dans sa propre vie, mon père quitta notre famille alors que je n’étais encore qu’un bébé. Notre mère resta donc seule pour élever mes sœurs et moi et tandis que je grandissais, mon père n’avait que peu de contacts avec ses enfants. Je sais bien qu’il s’est occupé des affaires de sa propre vie mais ses choix ont été à l’origine de certains défis et de moments difficiles pour ma mère, mes sœurs et moi-même. À l’âge de quatorze ou quinze ans, si vous étiez dans ma situation, vous agenouillant et disant : « Père céleste, aide-moi à trouver la paix bien que mon père nous ait abandonnés et n’ait réellement aucune attention envers nous depuis tant d’années. Aide-moi à pardonner mon père ». Ne pensez-vous pas que cette prière était justifiée et méritait de recevoir une réponse ? Mais, à quatorze ou quinze ans, il n’y eut aucune réponse. J’ai eu vingt ans, puis vingt et un, mêmes prières et toujours pas de réponse. Vingt-cinq, puis vingt six ans, mêmes prières et toujours pas de réponse. Trente, trente et un, trente-trois, puis trente-quatre ans... J’étais certainement entré dans la quatrième veille. N’auriez-vous pas pensé de même ?

Puis un jour, on m’a demandé de donner un discours sur les familles. J’ai pensé que je pourrais parler de ma mère. Ma mère était une sainte. Elle était, à mes yeux, incapable de faire quoi que ce soit de mal. Je parlerais de ma mère, de sa sagesse et de sa bonté et de la façon dont elle nous avait élevés. Mais l’Esprit semblait me chuchoter: Parle de ton père. Et je pensais : Que pourrais-je bien dire sur mon père ? Je n’ai pratiquement pas eu de contact avec lui de toute ma vie. Mais l’Esprit semblait vraiment insister pour que je songe à lui.

À ce moment précis, mes deux fils sont entrés dans la pièce où je travaillais. J’étais marié et avais deux filles et deux fils à cette époque. L’aîné des garçons avait environ six ans et le plus jeune en avait deux. Ils se tenaient là, debout devant moi, me regardant simplement. J’ai regardé mes garçons et soudainement, l’Esprit a littéralement inondé mon âme des merveilleux souvenirs de toutes les choses que j’avais partagées avec eux.

On dit que juste avant de mourir, on peut voir en un instant l’intégralité de notre vie qui défile devant nous. C’est une expérience de ce genre que j’ai vécue. Tous les petits souvenirs, aucun d’eux n’étant majeur, me sont revenus : tailler des citrouilles pour Halloween, faire du porte à porte avec des sacs remplis de bonbons pour en réclamer d’autres ; les matins de Noël avec le parfum du pain d’épices ; écouter leur petite voix dire les prières ; leurs premiers discours hésitants et au bord des larmes à la Primaire ; un chiot se tortillant au creux de leurs bras ; des ballades au bord de l’étang pour voir les tortues ; des courses avec un enfant sur le dos ; lire des histoires le soir en imitant des voix ; attraper un poisson dans le trou même où j’avais pêché mon premier poisson vingt-cinq ans plus tôt ; l’odeur du cuir de la selle lorsque je les soulevais pour leur première sortie à cheval. Tous ces souvenirs de chaque jour, simples, petits, minuscules même, que j’ai partagés avec mes garçons durant ces années se sont déversés dans mon âme.

Et alors l’Esprit m’a dit : Je suis maintenant prêt à répondre à ta question. Maintenant que tu es un père et que tu sais ce qu’est l’amour d’un père, préfères-tu être le fils qui a perdu son père ou le père qui a perdu son fils ? En entendant ces mots, je me suis mis à pleurer. J’ai saisi mes deux fils et, les serrant contre moi, je ne cessais de sangloter.

Mon épouse est entrée dans la salle ; je tenais toujours ces deux petits garçons contre moi et je pleurais. Je ne pleurais pas pour moi mais pour mon père ! Parce que je savais ce qu’il avait manqué. Et lui ne savait pas ce dont il s’était privé. La miséricorde est dans tout ceci mais je savais ce qu’il avait manqué et je savais que la tragédie est plus grande pour un père qui a perdu son fils que pour un fils qui a perdu son père.

Mon épouse s’inquiéta : « Pour l’amour du ciel, Mike, que se passe-t-il ? » Je lui répondis que je ne pouvais pas en parler tout de suite. J’allai m’enfermer dans la salle de bains et pleurai jusqu’à ma dernière larme. Avez-vous déjà vécu cela ? Il ne reste plus aucune larme et cependant vous continuez à pleurer et plus rien ne vient ?

Pourquoi mon Père céleste ne m’a-t-il pas donné cette réponse lorsque j’avais quinze ans ou vingt-et-un, ou vingt-cinq, ou lorsque je me suis marié, ou à la naissance de mes filles ? Il devait attendre que je sois devenu père de garçons et que j’aie vécu suffisamment d’expériences avec eux pour comprendre combien il est doux d’être père et de pouvoir partager des souvenirs avec des fils. Le lieu réservé devait être taillé dans mon cœur et le Seigneur me donna la réponse dès que je fus en mesure de la recevoir et de la comprendre. Peut-être sommes-nous dans la quatrième veille, mais le Seigneur nous dit ceci : Je répondrai à ta prière. Je suis conscient de ce dont tu as besoin. C’est enregistré dans les cieux et je vais y répondre. Mais il n’y a pas de place à cet instant dans ta vie pour que je puisse y déposer la réponse. La vie créera en toi une place réservée pour cela et dès que tu seras en mesure de la recevoir, je te la donnerai.


DES PIERRES OU DU PAIN

Il y a des moments dans ma vie où je pense qu’il me répond mais j’interprète mal le message. Je crois être dans la quatrième veille alors que je n’y suis pas du tout. C’est simplement que j’espérais une réponse et que j’en ai reçu une autre. Dans l’évangile de Luc, le Seigneur nous exhorte à venir à lui pour recevoir ses réponses : « Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira » (il ne cesse de nous dire cela ; c’est un des principes qu’il répète très, très souvent parce qu’il ne veut pas que nous l’ignorions). « Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe » (Luc 11:9-10).

Puis il illustre ainsi cette vérité : « Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou, s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, méchants comme vous l’êtes [sous-entendu étant humains, imparfaits], vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il [de bonnes choses à travers] le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent ? » (Luc 11:11-13).

De temps à autre dans la vie, je pense que le Seigneur a un tel message : Je t’ai donné du pain mais ce n’était pas la sorte de pain que tu voulais et parce que tu as continué à penser au pain que tu voulais, tu as transformé mon pain en pierre. Je t’ai donné un poisson mais il n’avait pas le goût du poisson que tu désirais et tu as transformé le poisson en serpent. Ou je t’ai donné un œuf mais je l’ai cuisiné d’une façon différente de ce que tu avais commandé, et tu penses que je t’ai donné un scorpion.

C.S. Lewis parle de deux sortes de bonnes choses : celles que l’on espère recevoir et celles qui nous sont données. Dieu ne nous donne que des bonnes choses. Il m’arrive, au cours de ma vie, de devoir me rappeler que Dieu ne donne jamais de pierres et que, lorsque nous avons besoin de pain, les pierres ne nous sont d’aucune utilité. Dieu ne donne pas des pierres, mais seulement du pain. Dieu ne nous donne pas de serpents ou de scorpions – ce sont des créatures dangereuses. Il ne nous donne que des œufs et du poisson. Mais si je ne fais pas attention, il peut arriver que je fasse sortir un scorpion de l’œuf. Je peux interpréter les bonnes choses que l’on me donne comme des mauvaises choses parce que je reste focalisé sur ce que je souhaitais recevoir au lieu de me concentrer sur ce que j’ai reçu. Est-ce que cela peut paraître logique ?

Je vous donne un exemple. Lorsque j’étais jeune, je souhaitais partir en mission. Je rêvais de cette mission. J’ai alors pensé que je devrais apprendre une autre langue et j’ai commencé à prendre des cours de français en dernière année du collège. J’ai continué au lycée et ai étudié pendant quatre années consécutives. Puis j’ai arrêté après la quatrième année parce que je n’aimais pas le professeur de français. Elle venait de Paris, était très fière de sa langue, et si nous prononcions mal un mot (le « R » français par exemple est très difficile à prononcer correctement pour un Américain), elle nous lançait une craie. Elle nous bombardait littéralement. Si nous écorchions ses oreilles en mutilant sa langue, elle nous lançait une gomme. En ce qui me concerne, j’ai été copieusement bombardé. J’ai pensé : Si c’est à cela que ressemblent les Français, la France est le dernier endroit au monde où je veux aller en mission. Par ailleurs, j’aimais tout ce qui était danois (je suis à moitié Danois). Ma mère vous dirait que la bonne moitié en moi est celle qui est danoise. Mon grand-père est allé en mission au Danemark, mes oncles et mes cousins y sont allés également. C’était une tradition dans la famille que les garçons aillent en mission au Danemark. Je voulais aller au Danemark, c’était mon souhait le plus cher. Je voulais faire des recherches généalogiques au Danemark. Je m’imaginais que le Seigneur reconnaîtrait la nécessité que j’aille au Danemark. Je priais pour que l’on m’envoyât au Danemark. Pourtant, j’avais le sentiment d’un désastre imminent que je n’irais pas au Danemark - mais en France. Alors j’ai commencé à supplier le Seigneur pour qu’il m’envoie au Danemark. Je priais chaque soir pour être appelé en mission au Danemark.

Lorsque l’évêque et moi avons commencé à remplir les formulaires de candidature missionnaire, j’ai eu le sentiment qu’il n’était peut-être pas convenable de dire au Seigneur dans quel pays il devait m’envoyer en mission mais je n’ai pas pensé qu’il était inapproprié d’éliminer un pays parmi les centaines de ceux que l’on trouve dans le monde. J’ai donc modifié mes prières. J’ai commencé à prier pour que l’on m’envoie n’importe où sauf en France.

J’ai un souvenir très clair du jour où mon appel est arrivé. J’étais au travail mais je savais que l’appel était à la maison. Personne ne m’avait prévenu ; je savais simplement que l’appel m’attendait dans la boîte aux lettres. Nous avons tous vu des vidéos de ce missionnaire qui rentre chez lui en courant, tout excité, et qui ouvre avec jubilation la lettre contenant son appel. Je savais que mon appel était dans la boîte aux lettres et qu’il était pour la France. Ne me demandez pas comment je le savais. Je le savais tout simplement. Je n’avais pas envie de rentrer à la maison pour l’ouvrir. Je m’attardais au travail jusqu’à la dernière minute. J’étais si découragé de devoir aller en France - vous allez penser que j’invente ceci et qu’un jeune homme de dix-huit ans serait plus sensé - mais je l’ai réellement fait : je me suis garé sur le bas-côté de la route, ai incliné la tête et dit ‘Père céleste, je sais que mon appel est à la maison et je sais qu’il est pour la France. Tu es tout-puissant ! Tu peux toute chose ! S’il te plaît, change l’affectation dans l’enveloppe. Je veux bien aller n’importe où. Il n’est pas nécessaire que ce soit au Danemark. J’irai n’importe où, mais s’il te plaît, s’il te plaît, ne m’envoie pas en France !’

J’achevais ma prière, rentrais à la maison avec une lueur d’espoir, et ouvris l’enveloppe. Et qu’indiquait-elle ? La France ! Il m’arrive parfois de penser que l’appel original était pour le Danemark et que le Seigneur, me voyant d’en haut, dit : Nous devons vraiment enseigner quelque chose à ce jeune homme. Changeons donc ce qui est dans l’enveloppe. Il faut qu’il aille en France !

Alors je suis allé en France. J’aurais pu gâcher ma mission. Ce que je souhaitais était le Danemark ou même, après quelque temps, n’importe quel autre pays du monde. Ce que j’ai reçu fut la France. Il ne m’a pas fallu longtemps, après mon arrivée en France, pour apprécier le peuple français. J’aime les Français. Ce sont des gens merveilleux et leur langue est très belle. Leur culture a réellement touché mon cœur. Ma mission fut merveilleuse et nous avons eu de bons résultats. Plus tard, en rentrant à la maison, j’ai découvert que j’avais des ancêtres français, certains d’entre eux originaires des villes et régions mêmes où j’avais servi. J’ignorais cela à l’époque mais le Seigneur le savait.

Je le répète, toutes les choses que Dieu nous donne sont bonnes. Il ne nous donne pas des scorpions, mais des œufs. Il ne nous donne pas des pierres, mais du pain. Tout ce qu’il nous donne est pour notre bien !

Cela est vrai aussi pour les autres appels à servir. Lorsque nous avons déménagé en Utah il y a vingt ans de cela, j’espérais être appelé comme instructeur du cours des Principes de l’Évangile. C’est mon appel de prédilection. J’aime enseigner les Écritures car c’est gratifiant et enthousiasmant. Nous n’étions dans la paroisse que depuis quelques mois lorsque l’instructeur du cours des Principes de l’Évangile a été relevé. Cet après-midi-là, l’évêque nous a invités, mon épouse et moi-même, à le rencontrer dans son bureau pour y recevoir un appel. Je savais que ce serait pour enseigner le cours des Principes de l’Évangile. L’Église étant inspirée et l’évêque étant appelé de Dieu, il était évident qu’il avait perçu que je devais être l’instructeur de ce cours.

Je me suis assis et il a dit : « Frère Wilcox, nous avons un appel pour vous. Nous aimerions que vous soyez l’instructeur du cours des diacres et le consultant de ce collège ». Ma première réaction fut la suivante (je ne l’ai pas exprimée, mais je l’ai pensée) : Qui vous a appelé évêque ? Moi, travailler avec des collégiens ? Quel langage parlent les diacres ? Je ne parle pas diacre ! Mais, comme tout bon membre, et comme chacun de vous le ferait, j’ai dit : « Merci pour l’appel. Je serai très heureux d’enseigner les diacres ». En rentrant à la maison, je dis à ma femme : « Et moi qui pensais que cette Église était inspirée ! »

Aurais-je pu gâcher cet appel ? C’est ce qui serait arrivé si j’avais continué à penser chaque dimanche : c’est le cours des Principes de l’Évangile que je devrais enseigner ! Cet appel aurait été une expérience déplorable mais j’ai appris à vraiment aimer ces petits gars. Le Seigneur m’a aidé dès le premier dimanche, lorsque je suis entré dans la classe et que, façon de parler, j’ai rencontré « l’ennemi ». L’Esprit m’a simplement chuchoté : Enseigne-les bien. L’un d’eux pourrait un jour devenir ton gendre. J’avais des filles qui étaient de l’âge des diacres et un peu plus jeunes. Mes filles n’ont épousé aucun de ces garçons, mais je pense que le Seigneur voulait dire : Quelque part, ailleurs, il y a un diacre qui sera ton gendre. Enseigne donc ces garçons aussi bien que tu souhaiterais qu’un autre instructeur, en cet autre endroit, enseigne son collège de diacres.

J’ai vécu des expériences merveilleuses avec les diacres. On peut m’appeler à tout moment comme instructeur du collège des diacres et je m’en réjouirai. Dieu ne m’a pas donné des pierres. À chacun de ces moments, il m’a donné du pain.


PAS AINSI

Il arrive que la réponse que nous recevons soit simplement : Non, pas ainsi. Lorsque le Seigneur nous donne ce genre de réponse, notre impatience nous pousse parfois à dire : Eh bien alors, comment veux-tu que je fasse ? Le second voyage missionnaire de Paul m’a toujours intrigué. En regardant sur une carte, vous constaterez qu’il traverse la Turquie et l’Asie mineure d’une façon très logique et méthodique, d’est en ouest, du sud au nord. C’est tout à fait sensé. Nous pouvons lire dans les Actes qu’ils ont traversé la Phrygie et le pays de Galatie (Actes 16:6). Maintenant, si nous regardons la carte, nous constatons que l’étape suivante et logique pour prêcher l’Évangile serait Éphèse, en Asie, et c’est vers cette ville qu’il se dirigeait. Mais nous pouvons lire que « le Saint-Esprit leur interdit de prêcher la parole en Asie. » D’accord, tu ne veux pas que je prêche à Éphèse, alors je me dirige vers le nord, au lieu de l’est de la Turquie, jusqu’à un endroit qui s’appelle Bithynie.

Ils essayèrent d’entrer en Bithynie mais « l’Esprit ne le leur permit pas. Ils franchirent alors la Mysie, et descendirent à Troas. Pendant la nuit, Paul eut une vision : Un Macédonien lui apparut, et lui fit cette prière : Passe en Macédoine, secours-nous ! » (Actes 16:7-9). Donnant suite à cette vision, Paul évita Éphèse et se dirigea vers la Grèce où il établit des Églises à Thessalonique, à Philippes, Athènes et Corinthe avant que l’Esprit l’autorise à retourner en Turquie pour aller prêcher à Éphèse. Paul a dû faire une boucle pour revenir en arrière et le Seigneur ne nous dit nulle part dans les Écritures pourquoi il n’a pas voulu que Paul prêche à Éphèse à ce moment-là.

Notons toutefois comment Paul a reçu ces directives. Le Seigneur n’a pas dit : Paul, veux-tu bien aller à Corinthe ? Je désire que tu t’y rendes. Au lieu de cela, il a dit : Non, pas ainsi ! Et dans notre vie, il arrive que le Seigneur nous dise : Pas ainsi ! Trop souvent, notre réponse est la suivante : Bon, d’accord, mais alors de quelle façon ? Mais il ne nous donne aucune précision. Alors nous essayons autrement. La réponse peut alors être à nouveau : Non, pas ainsi ! Nous finirons par recevoir la vision qui nous permet de savoir vers quoi nous diriger, mais cela suppose des épreuves et des erreurs sur le chemin. Nous devons être patients. Le Seigneur sait ce qu’il fait.


LE PLUS PAUVRE DES SOLS

Alors que nous attendons la quatrième veille, l’espoir subsiste, même dans les situations les plus désespérées ou les plus grandes épreuves. Il y a quelques années, je participais à une conférence pour les femmes. L’un des orateurs dirigeait une séance de questions-réponses avec les femmes présentes. L’une des sœurs posa une succession de questions qui faisaient écho aux sentiments qui animaient un grand nombre des participantes. En résumé, ses interrogations étaient les suivantes : «  Pourquoi ma vie ne s’est-elle pas avérée telle je l’avais envisagée dans ma jeunesse ? » « Pourquoi tout semble-t-il aller de travers dans ma vie ? » « Je subis épreuve sur épreuve alors que lorsque je regarde les autres sœurs, il me semble que leur vie se déroule sans heurt. Comment se fait-il que ma vie ne puisse pas être aussi sereine que la leur ? Je reconnais que je ne sais pas tout ce qu’elles traversent, mais nombre de mes attentes ne se sont jamais concrétisées et certaines de mes pires craintes sont devenues réalité. Pourquoi ? »

En écoutant toutes ces questions, je réfléchissais à ma propre vie. Nous pourrions dire que la vie de cette sœur a pris une tournure pire que celle qu’elle avait envisagée, et je pensais : Ma vie a pris une meilleure orientation que ce que j’avais prévu. Dieu a été très bon envers moi. Peut-être en est-il ainsi parce que mes espérances étaient modestes durant ma jeunesse et que j’ai reçu tellement plus. J’en ai déduit que lorsque nos attentes restent modestes et que nous recevons tant de bénédictions, un sentiment de gratitude nous envahit naturellement et c’est une émotion merveilleuse. Cette sœur avait éveillé ma profonde compassion et c’est avec un soupçon de culpabilité que je m’interrogeais sur la justice de la vie en pensant à la mienne. Sa vie était si difficile alors que celle des autres semblait si belle. Pourquoi Dieu ne l’aide-t-il pas comme il avait aidé d’autres ?

J’ai trouvé une réponse à cette question dans le Livre de Mormon et je m’y suis penché en pensant à la situation de cette sœur dans l’amphithéâtre. On trouve une vérité encourageante dans l’allégorie de l’olivier franc et de l’olivier sauvage. J’aime lire Jacob 5, non pas comme une allégorie, mais comme une parabole qui aurait pour objet de nous enseigner quelques points importants de la vie. Nous pourrions l’appeler la parabole du bon vigneron. Remarquez comme cette section de l’histoire s’applique aux questions de cette femme inquiète et à sa vie.

Le Seigneur de la vigne, accompagné de son serviteur, fait le tour de sa vigne et examine les différentes branches de l’olivier franc qu’il y a dispersées. Souvenez-vous, il avait pris les branches tendres et les avait plantées à différents endroits de la vigne. Elles ont poussé durant un certain temps et le moment est venu de contrôler leur progrès et surveiller leur croissance. Maintenant, en lisant l’histoire, essayons de penser à ces arbres comme à des gens qui essaient de progresser de leur mieux durant leur passage sur la terre.

Le Seigneur rend visite au premier arbre et dit : « Vois celles-ci ; et il vit la première, qu’elle avait donné beaucoup de fruits ; et il vit aussi qu’ils étaient bons. Et il dit au serviteur : prends-en du fruit, et amasse-le en vue de la saison, afin que je puisse me le conserver ; car voici, dit-il, je l’ai nourri pendant tout ce temps, et il a donné beaucoup de fruits » (Jacob 5:20).

Le serviteur demande ensuite au maître quelque chose que nous demandons souvent au Seigneur d’une manière ou d’une autre. Lorsque je me tourne vers les cieux en criant : « Le ciel a-t-il contemplé cela sans prendre leur parti ? », j’essaie de me souvenir de cette partie de l’allégorie. C’est réconfortant. Le serviteur dit : « Comment es-tu venu ici planter cet arbre, ou cette branche de l’arbre ? Car voici, c’était le coin le plus pauvre de toute la terre de ta vigne » (Jacob 5:21, italiques ajoutés). C’est certainement ce que cette sœur demandait, n’est-ce pas ? Elle disait : Pourquoi ai-je été plantée dans le coin le plus pauvre de la vigne ?

Mon cœur fait écho à sa question : Oui, Seigneur, c’est une bonne question. Pourquoi a-t-elle été plantée dans le coin le plus pauvre de la vigne ? Et je connais beaucoup d’autres personnes dans les coins pauvres de la vigne qui se posent la même question. Nous connaissons tous des gens qui vivent dans des coins pauvres de la vigne. Peut-être même pensons-nous être une personne dans un coin pauvre de la vigne ; et peut-être avons-nous raison.

Le Seigneur de la vigne répondit à son serviteur de la façon suivante : « Ne me conseille pas » (Jacob 5:22). En d’autres termes, je sais ce que je fais dans ma vigne. Il est parfois terriblement difficile de ne pas céder à la tentation de conseiller le Seigneur sur sa façon de gérer le monde et particulièrement lorsque cela concerne notre propre vie. Dans les commentaires du Seigneur, nous retirons toutefois des enseignements que je considère réconfortants, en particulier pour ceux qui sont dans les coins les plus pauvres de la vigne ou qui ont atteint la quatrième veille et se demandent pourquoi la tourmente ne cesse pas. Le Seigneur répond : « Je savais que c’était un coin de terre pauvre » (Jacob 5:22, italiques ajoutés). Cela nous rassure - il le sait ! Je sais que votre situation dans la vie n’est pas ce qu’il y a de mieux, nous chuchote-t-il. Je suis au courant. Il n’est pas nécessaire de prétendre que les choses sont mieux que ce qu’elles sont réellement, de vivre dans l’illusion ou de se donner un faux air satisfait et heureux. Cela ne veut pas dire non plus que nous ne discernions pas nos bénédictions ou que nous baissions les bras en sombrant dans le désespoir, mais cela signifie que, en toute honnêteté, le Seigneur est conscient de ce que notre sol n’est pas aussi idéal que nous voudrions, l’un et l’autre, qu’il soit.

Notons maintenant le commentaire suivant du Seigneur : « C’est pourquoi je t’ai dit : Je l’ai nourri pendant tout ce temps » (Jacob 5:22, italiques ajoutés). C’est le second point d’enseignement qu’il désire profondément que nous comprenions. Je sais bien que c’est un coin pauvre. C’est la raison pour laquelle je l’ai nourri aussi longtemps. Je ne t’ai pas laissé seul démêler de ton mieux une situation difficile. J’ai continué à apporter beaucoup de nourriture, la plupart du temps d’une façon difficile à comprendre pour un mortel. Mais c’est néanmoins le cas.

Un troisième point qu’il veut que nous comprenions au sujet de la vie dans la vigne se trouve dans les paroles suivantes qu’il a dites au serviteur : « Tu vois qu’il a donné beaucoup de fruits » (Jacob 5:22, italiques ajoutés). Même dans les coins de sols les plus pauvres, il est possible de produire des bons fruits grâce à la nourriture que Dieu procure. Ces fruits sont la force de caractère, la noblesse, la patience, la compassion, l’empathie, la sainteté et même le génie, chacun d’eux ayant poussé et continuant à prospérer dans des sols les plus stériles. Le Seigneur de la vigne attire ensuite notre attention sur un autre arbre en disant : « Regarde par ici : voici, j’ai aussi planté une autre branche de l’arbre ; et tu sais que ce coin de terre était pire que le premier » (Jacob 5:23, italiques ajoutés). C’est là le quatrième point qu’il veut que nous reconnaissions. Il y a d’autres personnes qui se trouvent dans des situations bien pires que celle dans laquelle nous nous trouvons. Cela peut être un piètre réconfort de le savoir mais c’est néanmoins une réalité. Que fait-il pour eux ? Ce qu’il dit à son serviteur nous l’explique : « Mais regarde l’arbre. Je l’ai nourri pendant tout ce temps, et il a donné beaucoup de fruits » (Jacob 5:23, italiques ajoutés). Je sens une légère intonation de fierté légitime dans les paroles du Seigneur : « Mais regarde l’arbre ». Même dans le plus pauvre de tous les sols, Dieu peut produire du bon fruit.

Puis, comme s’il voulait sceller le principe, il dit au serviteur : « Regarde par ici et vois la dernière. Celle-ci je l’ai plantée dans un bon coin de terre » (Jacob 5:25). Quelle sorte de fruit nous attendons-nous à voir pousser dans ce dernier coin de bonne terre ? Puisque le sol est si riche, ne pourrions nous pas nous attendre à ce que les fruits soient comparables ? Les meilleurs fruits issus du meilleur sol ? Mais nous lisons : « Et je l’ai nourrie pendant tout ce temps, et il n’y a qu’une partie de l’arbre qui a donné du fruit franc, et l’autre partie de l’arbre a donné du fruit sauvage ; voici, j’ai nourri cet arbre comme les autres » (Jacob 5:25).

Ce n’est pas le coin de terre dans lequel nous sommes plantés qui importe, mais c’est la façon dont nous répondons à la nourriture que Dieu nous octroie. Le plus pauvre de tous les sols peut produire certains des fruits les plus doux. Nous devons y croire, sinon nous laisserons les circonstances et notre environnement déterminer notre vie et la qualité de notre âme.


LA GRANDEUR DE DIEU

Nous pouvons aussi trouver du réconfort dans la connaissance que Dieu transformera en bien toutes choses de notre vie. C’est un principe qui est souvent enseigné dans les Écritures. Aucune situation ne reste négative à long terme et c’est la raison pour laquelle la vie est toujours équitable. Quoi qu’il puisse nous arriver, Dieu peut le transformer en bien si nous lui faisons confiance et restons sur le bon chemin. Il nous enseigne ce principe dans chaque livre d’Écritures. Dans le Livre de Mormon, Léhi témoigne à son fils Jacob : « Dans ton enfance, tu as souffert des afflictions et beaucoup de tristesse, à cause de la violence de tes frères. Néanmoins, Jacob, mon premier-né dans le désert, tu connais la grandeur de Dieu, et il consacrera tes afflictions à ton avantage » (2 Néphi 2:1-2, italiques ajoutés). Un aspect de la grandeur de Dieu consiste en sa faculté de transformer les situations les plus négatives en vérités positives et en enseignements.

Le Seigneur a enseigné ce principe à Joseph Smith lorsque le prophète souffrait dans la prison de Liberty. Nous pouvons tous citer ce qui suit : « Toutes ces choses te donneront de l’expérience et seront pour ton bien » (D&A 122:7). Paul, qui a aussi beaucoup souffert, rendit témoignage : « Nous savons que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8:28). Dans l’Ancien Testament, Joseph a donné les noms de Manassé et Éphraïm à ses deux fils. Manassé signifie « Oubli », et Éphraïm veut dire « Fécond ». En donnant ces noms à ses deux garçons, Joseph dit : « Dieu… m’a fait oublier toutes mes peines, et… m’a rendu fécond dans le pays de mon affliction » (Genèse 41:51-52). Notre Père céleste peut transformer même les situations les plus négatives en bien pour nous si nous lui faisons confiance et restons fidèles à son Évangile.
C.S. Lewis a écrit un jour une pièce qui enseigne cette vérité d’une façon très poignante. Il dit :

« Dans votre état actuel, vous ne pouvez pas comprendre l’éternité… Mais vous pouvez en avoir une idée si vous dites que le bien comme le mal, lorsqu’ils sont au plus haut, ont un effet rétroactif… Pour ceux qui sont sauvés, leur passé terrestre aura été le paradis… De même, pour ceux qui sont damnés, leur vie terrestre sera vue comme l’enfer. C’est ce que les mortels ont du mal à comprendre. À propos de certaines souffrances temporelles, ils disent ‘Aucun bonheur futur ne peut compenser cela’, ignorant que le ciel, une fois atteint, travaillera rétroactivement et transformera même cette agonie en gloire. Et des plaisirs générés par le péché, ils disent : ‘Laissez-moi jouir de cela, et j’en assumerai les conséquences’, très peu d’entre eux pouvant imaginer à quel point la damnation s’étendra de plus en plus rétroactivement dans leur passé, jusqu’à contaminer le plaisir du péché. Les deux processus commencent même avant la mort. Le passé de l’homme bon commence à se modifier de sorte que ses péchés qui lui sont pardonnés et les chagrins qu’il a en mémoire engagent la qualité du paradis. Par contre, le passé de l’homme mauvais se conforme à sa méchanceté et n’est rempli que de tristesse. C’est la raison pour laquelle, à la fin de toutes choses, lorsque le soleil se lèvera ici et que le crépuscule se changera en ténèbres là-bas, ceux qui sont bénis diront : ‘Nous n’avons jamais vécu ailleurs qu’au paradis’, tandis que ceux qui sont perdus s’exclameront : ‘Nous avons toujours été en enfer’. Et tous auront raison. » (The Great Divorce, San Francisco, Harper Collins, 2001, p. 69 ; italiques dans le texte original)


SÉCHEZ TOUTES LARMES



Nous avons aussi la promesse du Seigneur que tous les chagrins, toutes les tempêtes, toutes les quatrièmes, neuvièmes ou dixièmes veilles prendront fin un jour. Lorsque j’étais évêque, j’ai rapidement découvert que l’intendance d’un évêque était de tendre des mouchoirs. Il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser que je verrais couler beaucoup de larmes durant mes cinq années de service. J’avais toujours des mouchoirs sur moi - et c’est encore le cas actuellement. J’en ai toujours en poche car le dimanche, je voyais couler des larmes - des larmes de chagrin suite au décès d’un être cher, des larmes de culpabilité lors d’une confession, des larmes d’enfants parce que leurs parents divorcent, des larmes de parents sur leurs enfants rebelles, des larmes d’épouses car leur mari est devenu non pratiquant, des larmes de personnes âgées et fatiguées qui attendent leur fin avec impatience et tant d’autres circonstances de larmes. Je leur tendais un mouchoir et les regardais essuyer les larmes qui coulaient sur leurs joues. J’en ressentais de la frustration car j’aurais souhaité sécher les larmes de leur âme et pas seulement celles de leur visage. Puis, un jour, j’ai trouvé un magnifique verset dans le livre de l’Apocalypse, une promesse que Dieu nous a faite à tous. Voici ce dont il nous assure : « Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21:4). Cette promesse est faite deux fois dans le livre de l’Apocalypse et, à l’origine, dans Ésaïe. J’ai alors réalisé que bien qu’officiant en tant qu’évêque, je ne pouvais pas essuyer toutes les larmes mais qu’il y avait quelqu’un qui pouvait le faire. Il le fera un jour. Il sèchera toutes les larmes.

Il s’agit d’une image intime. Il n’a pas dit : Je vais leur tendre un mouchoir. Il a dit : Je sècherai les larmes. En réfléchissant à ma propre vie : Qui a essuyé les larmes de mes yeux ? Ma mère, mon épouse, ou peut-être un enfant, mais ce n’est que dans l’intimité et la profondeur de nos relations que l’on oserait tendre une main compatissante pour essuyer une larme sur la joue de quelqu’un. Nous avons la promesse que le Seigneur fera cela pour chacun de nous.

Dans le Nouveau Testament, le Seigneur nous rappelle l’un des titres qui le désignent : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin » (Apocalypse 21:6, italiques ajoutés). Si nous considérons ce titre dans le contexte de sécher toutes larmes, l’appliquons à la promesse et nous posons la question : De quoi est-il la fin ? nous apprenons une vérité merveilleuse. Il nous répond : Je suis la fin de la mort, je suis la fin des pleurs, je suis la fin du chagrin, je suis la fin de la douleur. Maintenant, si nous nous posons la question : De quoi est-il le commencement ? Il nous répond : Je suis le commencement de la paix, je suis le commencement du pardon, je suis le commencement de la vie, du bonheur et de la gloire. Je suis le commencement de toute joie.

Quelles que soient les raisons de notre peine, les épreuves que nous traverserons, avons traversées traversons actuellement, tout cela sera révolu un jour. À la fin de son agonie sur la croix, Jésus a dit : « Tout est accompli ». Il voulait certainement dire qu’il avait accompli toute la volonté de son Père mais il y a quelque chose de plus dans ces simples mots. Ses souffrances étaient terminées également. Aucun homme n’a souffert plus que lui et s’il est arrivé à un point de sa vie où il a pu dire, en parlant de ses souffrances, « tout est accompli », alors chacun d’entre nous arrivera aussi à un point de son existence où il pourra dire de la même façon que « tout est accompli ». Et quoi que cela puisse être, il y aura une fin. Les larmes seront essuyées. Nous pouvons espérer cette fin. Nous pouvons être assurés de cette fin. Entre temps, nous pouvons savoir que quoi qu’il nous arrive, cela sera transformé en bien. Laissons donc venir la quatrième veille. Laissons se fracasser les vagues hautes comme des montagnes. La vie sera douce en fin de compte.


LE BUISSON ARDENT

J’ai toujours aimé l’histoire de l’apparition de Dieu à Moïse dans le buisson ardent. C’est une merveilleuse image à retenir lorsque nous pensons à notre Père céleste : « Moïse faisait paître le troupeau de Jethro, son beau-père, sacrificateur de Madian ; et il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb. L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. Moïse dit : je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume point » (Exode 31:1-3, italiques ajoutés).

Il est crucial de croire, et de croire fermement, que Dieu est un feu ardent qui est unique et au-dessus de tous les autres feux. Il nous réchauffera ! Il nous donnera la lumière ! Il nous purifiera et nous épurera comme le fait le feu du fondeur ! Mais il ne nous consumera pas. La flamme de son amour a pour unique but notre bien. Ce n’est pas un feu destructeur. Nous devons en avoir la certitude. « Le buisson ne se consumait pas. » Nous ne le serons pas non plus lors de nos rencontres avec le Dieu de lumière.

Je vais conclure avec cette dernière pensée. Je crois que toute bonne chose que nous désirons dans la vie se trouve sur le chemin étroit et resserré. Tant que nous restons sur le chemin, toutes les choses vraiment belles et agréables que nous offrent la vie et l’éternité nous appartiendront. Parfois, en recherchant le bonheur ou une sensation de plénitude, il se peut que nous nous égarions du chemin, croyant vainement que nous trouverons les désirs de notre cœur au-delà de la voie que le Seigneur a établie. Mais si nous restons sur le chemin, tout ce que nous désirons dans la vie nous appartiendra. C’est un chemin qui, si nous le suivons, exauce les souhaits. Il a été tracé dans le but de nous guider vers toutes les bonnes choses nobles et justes que nous désirons. En réalité, il nous procurera des choses bien plus grandes que tout ce que nous pouvons même imaginer. Le Seigneur n’a-t-il pas dit : « Jamais on n’a appris ni entendu dire, et jamais l’œil n’a vu qu’un autre dieu que toi fit de telles choses pour ceux qui se confient en lui » (Ésaïe 64:3).

Si vous êtes comme moi, j’aspire habituellement à ce que la bénédiction que je souhaite se trouve à proximité sur le chemin. Il arrive toutefois que, de temps à autre, le Seigneur doive me donner une paire de jumelles et me dise : Tu vois, c’est sur le chemin, mais c’est un peu plus loin. Alors il me faut être patient et accepter avec confiance que si je continue à avancer sur le chemin, tout se passera bien le moment venu.

Puissions-nous avancer sur ce chemin, ayant toute confiance que nous y trouverons tout ce que notre cœur désire et qui apporte vraiment le bonheur. Puisse le Seigneur nous bénir dans notre quatrième veille. Puissent nos barques être étanches comme des plats. Puissions-nous avoir la patience d’attendre que la vie, à la mesure de la sagesse de Dieu, taille des places réservées dans notre cœur. Puissions-nous nous souvenir que Dieu ne donne ni pierre ni serpent, mais seulement du pain et du poisson. Puissions-nous comprendre que toute chose que Dieu nous donne est pour notre bien, et qu’il peut même convertir les choses négatives pour notre bien. Puissions-nous être réceptifs à la nourriture qu’il nous donne et porter de bons fruits malgré la qualité du sol dans lequel nous avons pu être plantés. Puissions-nous faire confiance au Seigneur qui, au moment voulu, essuiera lui-même toutes nos larmes. Puisse le feu dévorant de Dieu nous apporter la chaleur, la lumière et nous purifier. Et puisse le Seigneur nous bénir alors que nous avançons sur son chemin, le chemin du bonheur.
C’est ma prière pour moi-même, ma famille, mes amis et pour tous les enfants de Dieu, où qu’ils soient.


1 Traduction française extraite des Œuvres Complètes de Shakespeare (Bibliothèque de la Pléiade)