Description et origine
du Livre de Mormon
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université
d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de
1911 à 1933
Qu'est-ce que le Livre de Mormon ?
Le Livre de Mormon
est un écrit divinement inspiré composé par les
prophètes des anciens peuples qui habitèrent le
continent américain des siècles avant et après
le temps du Christ ; annales qui ont été traduites au
cours de cette génération par le don de Dieu et sur son
ordre spécial. Le traducteur autorisé et inspiré
de ces Écritures sacrées, par l'intermédiaire
duquel elles ont été données au monde en langue
moderne, est Joseph Smith, dont nous avons mentionné le
premier contact avec ces plaques dans notre premier chapitre (voir
James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890).
Comme nous l'avons déjà dit, au cours de la nuit du 21
au 22 septembre 1823, Joseph Smith reçut, en réponse à
sa prière fervente, la visite d'un personnage ressuscité
qui se présenta sous le nom de Moroni. Des révélations
ultérieures lui apprirent que ce dernier était l'ultime
représentant d'une longue lignée de prophètes
dont les écrits traduits constituent le Livre de Mormon ;
c'est par lui que les anciennes annales avaient été
clôturées ; c'est par lui que les plaques gravées
avaient été déposées en terre ; et c'est
par son ministère qu'elles furent remises entre les mains du
prophète et voyant des derniers jours, dont l’œuvre
de traduction se trouve devant nous.
Lors de sa première visite à Joseph Smith, Moroni lui
parla de l'existence des annales, qui dit-il, étaient gravées
sur des plaques d'or, enfouies, à ce moment-là, sur le
versant d'une colline proche de la maison de Joseph. Cette colline,
appelée Cumorah par un groupe des peuples anciens et Ramah par
un autre groupe, est située près de Palmyra, dans
l'État de New-York. L'endroit précis où les
plaques reposaient fut montré à Joseph en vision ; et
il n'éprouva aucune difficulté à le trouver le
lendemain de la visite dont nous venons de parler. Voici comment
Joseph Smith a rapporté les paroles de Moroni au sujet des
plaques : « Il dit qu'il existait un livre, gravé
sur des plaques d'or, donnant l'histoire des anciens habitants du
continent américain et la source dont ils étaient
issus. Il dit aussi que la plénitude de l'Évangile
éternel y était contenue, telle qu'elle avait été
donnée par le Seigneur à ces anciens habitants ; en
outre, que deux pierres contenues dans des arcs d'argent - et
ces pierres fixées à un pectoral, constituaient ce
qu'on appelle l'Urim et Thummim étaient déposées
avec les plaques ; que la possession et l'emploi de ces pierres
étaient ce qui faisait les « voyants »
dans les temps anciens et que Dieu les avait préparées
pour la traduction du livre » (Joseph Smith, Histoire
1:34,35).
Joseph trouva une
grande pierre à l'endroit indiqué sur la colline de
Cumorah ; sous la pierre se trouvait une boîte, également
de pierre ; il en souleva le couvercle au moyen d'un levier ; il vit
alors à l'intérieur de la boîte, les plaques et
le pectoral avec l'Urim. et Thummirn décrits par l'ange. Alors
qu'il était sur le point d'enlever le contenu de la boîte,
Moroni lui apparut une fois de plus et lui défendit d'emporter
les choses sacrées à ce moment-là, disant que
quatre années devraient se passer avant qu'elles ne fussent
remises à sa garde personnelle, et que, entre-temps, Joseph
serait dans l'obligation de visiter l'endroit une fois par an. C'est
ce que le jeune révélateur fit, et il reçut lors
de chaque visite des instructions complémentaires au sujet des
annales et des desseins de Dieu à leur égard. Le 22
septembre 1827, Joseph reçut de l'ange Moroni les plaques et
l'Urim et Thummim, avec le pectoral. Il reçut le commandement
de les garder avec le plus grand soin et il lui fut promis que s'il
faisait de son mieux pour les protéger, ils resteraient
inviolés entre ses mains et qu'à la fin du travail de
traduction, Moroni viendrait lui rendre visite de nouveau pour
recevoir les plaques.
La raison
justifiant l'avertissement qui fut donné à Joseph de
prendre soin des plaques et des autres objets, se manifesta bientôt,
car au cours de son bref trajet de retour chez lui, avec les reliques
sacrées, il fut attaqué ; mais grâce à
l'aide divine, il fut à même de résister à
ses assaillants et arriva finalement chez lui sain et sauf avec les
plaques et les autres objets. Cette attaque ne fut que le
commencement d'un véritable siège de persécutions,
qui ne cessèrent jamais de le harceler aussi longtemps que les
plaques restèrent sous sa garde. La nouvelle qu'il possédait
les plaques se répandit bientôt ; et de nombreuses
tentatives, la plupart accompagnées de violences, furent
faites pour les lui arracher des mains. Mais elles furent protégées
; et, lentement, en dépit de beaucoup d'obstacles dus aux
persécutions de la part des méchants et à sa
pauvreté, qui l'obligeait à travailler et ne lui
laissait que peu de loisirs pour accomplir la tâche qui lui
avait été confiée, Joseph travailla à la
traduction ; et, en 1830, le Livre de Mormon fut publié pour
la première fois au monde.
La page de titre du Livre de Mormon
Notre meilleure réponse à la question : « Qu'est-ce que le Livre de Mormon » ?
se trouve à la page de titre du volume. Nous y lisons :
« LE LIVRE DE MORMON
Récit
écrit sur plaques
DE LA MAIN DE MORMON
D’ après
les Plaques de Néphi
« Ce livre est donc un
abrégé des annales du peuple de Néphi et aussi
des Lamanites - Écrit à l'intention des Lamanites,
qui sont un reste de la maison d'Israël, et aussi à
l'intention des Juifs et des Gentils - Écrit par commandement
et aussi par l'esprit de prophétie et de révélation
- Écrit scellé et caché dans le Seigneur
afin qu'il ne soit pas détruit - Pour reparaître
par le don et le pouvoir de Dieu, pour être interprété
- Scellé de la main de Moroni et caché dans le
Seigneur pour reparaître, en temps voulu, par le ministère
des Gentils - L'interprétation de ce livre par le don de
Dieu.
« Il comprend aussi un abrégé
tiré du livre d'Éther, qui contient les annales du
peuple de Jared, lequel fut dispersé à l'époque
où le Seigneur confondit la langue des hommes, alors que
ceux-ci bâtissaient une tour pour atteindre le ciel. Le but de
ce livre est de montrer au reste de la maison d'Israël les
grandes choses que le Seigneur a faites en faveur de. ses pères
et de lui faire connaître les alliances du Seigneur, et de lui
faire savoir qu'il n'est pas rejeté à tout jamais ; et
aussi de convaincre les Juifs et les Gentils que JÉSUS est le
CHRIST, le DIEU ÉTERNEL, qui se manifeste à toutes les
nations – Et maintenant, s'il contient des fautes, ce sont
celles des hommes ; c'est pourquoi ne condamnez pas les choses de
Dieu, afin que vous soyez trouvés sans tache devant le siège
du jugement du Christ. »
Cette combinaison de titre et de préface est une traduction de
la dernière page des plaques et fut, très probablement,
écrite par Moroni, qui, comme nous l'avons déjà
dit, scella et cacha jadis les annales.
Divisions principales du livre
La page de titre nous
apprend que, dans le Livre de Mormon, nous nous trouvons en présence
de l'histoire de deux nations qui furent florissantes en Amérique
et descendaient de petites colonies amenées du continent
oriental par les directives divines. Pour plus de commodité,
nous appellerons ces deux nations les Néphites et les
Jarédites.
La nation
néphite fut la seconde dans le temps et, sous le rapport
de l'ampleur des annales, la plus importante. Les ancêtres de
ce peuple furent emmenés de Jérusalem, vers l'an 600
av. J.-C., par Léhi, prophète juif de la tribu de
Manassé. Sa famille immédiate, à l'époque
de leur départ de Jérusalem, comprenait sa femme
Sariah, et leurs fils Laman, Lémuel, Sam et Néphi ; à
un stade ultérieur de leur histoire des filles sont
mentionnées, mais on ne nous dit pas s'il y en eut parmi elles
qui naquirent avant l'exode de la famille. Outre sa propre maison, la
colonie de Léhi comprenait Zoram et Ismaël, ce dernier
étant un Israélite de la tribu d'Ephraïm. Ismaël
et sa famille se joignirent au groupe de Léhi dans le désert
et ses descendants furent comptés avec la nation dont nous
parlons. Il apparaît que le groupe voyagea plus ou moins vers
le sud-est, en restant à proximité du rivage de la mer
Rouge ; ensuite, changeant leur orientation vers l'est, ils
traversèrent la péninsule arabique et là, sur
les rives de la mer d'Oman, construisirent un navire, qu'ils
chargèrent de provisions et dans lequel ils s'en remirent à
la providence divine sur les flots. On croit que leur navigation les
emmena vers l'est, à travers l'océan Indien, puis à
travers le Pacifique jusqu'à la côte occidentale de
l'Amérique, où ils débarquèrent vers 590
av. J.-C. Le lieu de débarquement n'est pas décrit dans
le livre lui-même avec des détails suffisants pour
permettre des conclusions définitives à ce
sujet.
Le peuple s'établit
sur ce qui était pour lui la terre promise ; de nombreux
enfants naquirent et, après quelques générations,
le pays fut occupé par une postérité nombreuse.
Après la mort de Léhi, le peuple se divisa, une partie
reconnaissant, comme chef, Néphi, qui avait été
dûment désigné à l'office de prophète,
tandis que l'autre partie proclamait Laman, le fils aîné
de Léhi, comme son chef. Dès lors, les deux groupes de
ce peuple maintenant divisé prirent respectivement le nom de
Néphites et de Lamanites. Par intervalles, ils observaient
entre eux un semblant de relations amicales ; mais, généralement,
ils furent ennemis, les Lamanites manifestant une hostilité et
une haine implacables envers leurs frères Néphites. Les
Néphites se développèrent dans les arts de la
civilisation, bâtirent de grandes villes et des royaumes
prospères. Cependant, ils tombaient souvent en transgression
et le Seigneur les châtiait en permettant à leurs
ennemis héréditaires de les vaincre. On croit
traditionnellement qu'ils se répandirent vers le nord pour
occuper un territoire considérable en Amérique Centrale
et s'étendirent ensuite vers l'est et vers le nord sur une
partie de ce qui est maintenant les États-Unis d'Amérique.
Les Lamanites, tout en croissant en nombre, subirent la malédiction
du courroux divin ; ils devinrent sombres de peau et enténébrés
d'esprit, oublièrent le Dieu de leurs pères, menèrent
une vie nomade sauvage et dégénérèrent
pour en arriver à l'état déchu dans lequel les
Indiens américains - leurs descendants en ligne directe -
furent trouvés par ceux qui redécouvrirent le continent
occidental beaucoup plus tard. Les luttes finales entre Néphites
et Lamanites eurent lieu dans le voisinage de la colline de Cumorah,
dans ce qui est maintenant l’État de New-York et
aboutirent à la destruction des Néphites en tant que
nation, vers l'an 400 ap. J.-C. Le dernier représentant
néphite fut Moroni qui, errant de lieu en lieu pour sauver sa
vie, s'attendant chaque jour à être tué par les
Lamanites victorieux, écrivit les dernières pages du
Livre de Mormon, et cacha les annales dans la colline de Cumorah.
C'est ce même Moroni qui, ressuscité, remit les annales
entre les mains de Joseph Smith.
La nation jarédite. Des deux nations dont
l'histoire constitue le Livre de Mormon, la première, dans
l'ordre chronologique, est le peuple de Jared, qui suivit son chef
depuis la tour de Babel à l'époque de la confusion des
langues. Son histoire fut écrite sur vingt-quatre plaques d'or
par Éther, le dernier de ses prophètes qui, prévoyant
la destruction de son peuple à cause de ses iniquités,
cacha les annales historiques. Celles-ci furent trouvées, par
après, vers 122 av. J.-C., par une expédition envoyée
par le roi Limhi, un souverain néphite. Les annales gravées
sur ces plaques furent abrégées, dans la suite, par
Moroni et ce dernier annexa ensuite le récit condensé
aux annales du Livre de Mormon ; il apparaît dans la traduction
moderne sous, le nom de Livre d'Éther.
Le premier et principal prophète des Jarédites n'est
pas mentionné par son nom dans les annales telles qu'elles
nous ont été transmises ; il est connu seulement sous
le nom de frère de Jared. Au sujet de son peuple, nous
apprenons que, au milieu de la confusion de Babel, Jared et son frère
importunèrent le Seigneur pour qu'il leur épargnât,
à eux, à leurs parents et à leurs amis la
dislocation imminente. Leur prière fut entendue et le Seigneur
les conduisit avec un groupe important de personnes qui, comme eux,
étaient libres de la corruption de l'idolâtrie, loin de
chez eux, promettant de les guider dans un pays de choix, supérieur
à tous les autres pays. Leur itinéraire n'est pas donné
avec exactitude, nous apprenons seulement qu'ils atteignirent l'océan
et qu'ils y construisirent huit navires appelés barques, dans
lesquels ils s'engagèrent sur les eaux. Ces navires étaient
petits et sombres à l'intérieur ; mais le Seigneur
rendit certaines pierres lumineuses et celles-ci donnèrent de
la lumière aux voyageurs emprisonnés. Après une
navigation de trois cent quarante-quatre jours, la colonie débarqua
sur les rivages de l'Amérique.
Ils y devinrent une nation florissante ; mais cédant, avec le
temps, à des dissensions internes, ils se divisèrent en
factions, qui se firent la guerre entre elles jusqu'à leur
destruction totale. Cette destruction, qui eut lieu près de la
colline de Ramah, appelée plus tard Cumorah par les Néphites,
eut probablement lieu à l'époque du débarquement
de Léhi, vers 590 av. J.-C. Le dernier représentant de
cette race infortunée fut Coriantumr, le roi, au sujet duquel
Éther avait prophétisé qu'il survivrait à
tous ses sujets et qu'il vivrait pour voir un autre peuple posséder
le pays. Cette prédiction fut accomplie lorsque le roi, dont
le peuple avait été exterminé, arriva, lors
d'une de ses courses errantes et solitaires, dans une région
occupée par le peuple de Mulek, que nous devons mentionner ici
comme la troisième ancienne colonie d'émigrants venus
du continent oriental.
Mulek
était le fils de Sédécias, roi de Juda, encore
bébé à l'époque de la mort violente de
ses frères et des cruelles tortures subies par son père
sur l'ordre du roi de Babylone (voir 2 Rois 25:7). Onze ans après
le départ de Léhi de Jérusalem, une autre
colonie quitta la ville ; parmi les membres de cette colonie se
trouvait Mulek. La colonie prit son nom, probablement à cause
de ses droits de chef reconnus, en vertu de son lignage. Le Livre de
Mormon ne nous donne que peu de renseignements au sujet de Mulek et
de son peuple. Nous apprenons, cependant, que la colonie fut amenée,
à travers les eaux à un point situé
probablement sur la côte de la partie septentrionale du
continent américain. Les descendants de ces colons furent
découverts par les Néphites sous Mosiah ; ils étaient
devenus nombreux, mais, n'ayant point eu d'Écritures pour les
guider, ils étaient tombés dans les ténèbres
spirituelles. Ils se joignirent aux Néphites, et leur histoire
fusionne avec celle de cette plus grande nation (voir Omni 1:12-19).
Les Néphites donnèrent à une partie de
l'Amérique du Nord le nom de Pays de Mulek.
Les plaques anciennes et
la traduction
Les
plaques du Livre de Mormon, remises à Joseph Smith par
l'ange Moroni, étaient, selon la description qu'en fit le
prophète des derniers jours et autant qu'il pouvait s'en
rendre compte, en or, de dimensions uniformes ayant chacune environ
dix-sept centimètres de large et vingt centimètres de
long, et étant un peu moins épaisses qu'une feuille
ordinaire de fer-blanc. Elles étaient attachées
ensemble par trois anneaux qui perçaient les plaques près
d'un de leurs bords. Ensemble elles formaient un livre de près
de quinze centimètres d'épaisseur, mais tout n'a pas
été traduit, une partie ayant été
scellée. Les plaques étaient couvertes, des deux côtés,
de petits caractères gravés, dont ceux qui les
examinèrent dirent qu'ils étaient d'un ouvrage curieux,
ayant l'apparence d'être d'origine ancienne.
Trois groupes de plaques sont mentionnés sur la page de titre
du Livre de Mormon :
1. Les plaques de Néphi, qui,
comme nous le verrons, étaient de deux sortes : a) les grandes
plaques, et b) les petites plaques.
2. Les plaques de Mormon,
contenant un abrégé des plaques de Néphi, avec
des additions apportées par Mormon et son fils Moroni.
3.
Les plaques d'Éther, contenant l'histoire des
Jarédites.
On peut
ajouter à celles-ci un autre groupe de plaques, mentionnées
dans le Livre de Mormon et sous le rapport du temps, les plus
anciennes de toutes :
4. Les plaques d'airain de Laban,
apportées de Jérusalem par le peuple de Léhi,
contenant les Écritures et les généalogies de
Juifs, dont beaucoup d'extraits figurent dans les annales
néphites.
Nous devons
maintenant examiner, d'une manière plus spéciale, les
plaques de Néphi et l'abrégé qu'en fit
Mormon.
Les plaques de Néphi
sont ainsi appelées parce qu'elles furent préparées
par Néphi, le fils de Léhi, qui fut le premier à
y écrire. Ces plaques étaient de deux sortes (voir 1
Néphi, chap. 9 ; 19:1-5 ; 2 Néphi 5:30 Jacob
1:1-4 Paroles de Mormon 1:3-7) que l'on peut désigner du nom
de grandes plaques et de petites plaques. Néphi commença
sa tâche de chroniqueur en gravant sur ses plaques un récit
historique de son peuple depuis le départ de son père
de Jérusalem. Ce récit comprend l'histoire de leurs
migrations, de leur prospérité et de leur détresse,
du règne de leurs rois et des guerres et des contentions du
peuple ; ces annales avaient la nature d'une histoire
séculière.
Ces
plaques furent transmises d'un historien à l'autre au cours de
toutes les générations du peuple néphite et
c'est ainsi qu'à l'époque où Mormon les abrégea,
les annales couvraient une époque d'environ mille ans, depuis
600 av. J.-C., date de l'exode de Léhi de Jérusalem.
Bien que ces plaques portent le nom du premier auteur, l'œuvre
séparée de chaque historien porte, en général,
le nom de celui-ci, de telle sorte que ces annales sont composées
de plusieurs livres distincts.
Sur l'ordre du Seigneur, Néphi fit d'autres plaques, sur
lesquelles il rapporta particulièrement ce qui peut être
appelé, au sens large, l'histoire ecclésiastique de son
peuple, ne mentionnant, des événements autres que
religieux, que ceux qui étaient nécessaires et propres
à assurer l'ordre et la suite de la narration. « J'ai
reçu du Seigneur, dit Néphi, le commandement de faire
ces plaques dans le but spécial d'y graver l'histoire du
ministère de mon peuple » (1 Néphi 9:3). Le
but de cette histoire était inconnu de Néphi ; c'était
assez pour lui que le Seigneur réclamât ce travail. Mais
nous allons voir que c'était dans un but sage.
L'abrégé de Mormon. Avec le temps, les
annales accumulées arrivèrent dans les mains de Mormon
(voir Paroles de Mormon 1:11 Mormon 1:1-4 ; 4:23) qui entreprit de
faire un abrégé de ces ouvrages volumineux sur des
plaques faites de ses mains (voir 3 Néphi 5:8-11). Par ce
procédé, fut composé un document plus concis et
d'un style, d'une langue et d'un traitement plus proches de
l'uniformité que ce n'aurait pu être le cas avec les
écrits variés d'auteurs aussi nombreux que ceux qui
avaient donné leurs apports à la grande histoire
pendant les nombreux siècles de sa croissance. Mormon
reconnaît l'inspiration de Dieu qui le poussa à
entreprendre cette grande tâche et en rend témoignage
(voir 3 Néphi 5:14-19). En préparant cette histoire
plus courte, Mormon conserva la division des annales en livres selon
l'arrangement des textes originaux ; et c'est ainsi que, bien que le
langage puisse être celui de Mormon - excepté dans
le cas de citations extraites de plaques de Néphi, qui sont
très nombreuses - nous trouvons les Livres de Néphi,
le Livre d'Alma, le Livre d'Hélaman, etc., la première
personne du singulier étant généralement
conservée dans la forme du discours.
Lorsque Mormon, au cours de son travail d'abrègement des
volumineuses annales, arriva au temps du règne du roi
Benjamin, il fut profondément impressionné par le récit
gravé sur les petites plaques de Néphi - l'histoire
des relations de Dieu avec le peuple pendant la période
d'environ quatre siècles qui s'étend de l'époque
où Léhi partit de Jérusalem, jusqu'à
l'époque du roi Benjamin. Mormon avait un grand respect pour
ces annales qui comprenaient tant de prophéties au sujet de la
mission du Sauveur. Il n'essaya pas de transcrire ces plaques, mais
il inclut les originaux dans son propre abrégé des
grandes plaques, faisant des deux un seul livre. Les annales
compilées par Mormon contenaient donc un double exposé
sur les descendants de Léhi pour les quatre cents premières
années de leur histoire - la brève histoire
séculière condensée des grandes plaques et le
texte complet des petites plaques. Mormon déclare, dans une
langue solennelle, et avec une insistance dont les événements
futurs devaient montrer toute la signification, la sagesse cachée
du dessein dans lequel le Seigneur fit faire ce double « Et
je le fais dans un sage dessein, car j'y suis poussé par
l'inspiration de l'Esprit du Seigneur qui est en moi. Cependant, je
ne sais pas toutes choses ; mais le Seigneur connaît toutes les
choses à venir ; c'est pourquoi il me pousse à faire
selon sa volonté » (Paroles de Mormon 1:7).
Le dessein du Seigneur dans la préparation et la
conservation des petites plaques, dont Mormon et Néphi
témoignent (voir 1 Néphi 9:5) est rendu clair par
certains événements, dans cette dispensation des
derniers jours, qui accompagnèrent la traduction des annales
par Joseph Smith. Lorsque le prophète eût préparé
la traduction de la première partie des écrits de
Mormon, le manuscrit échappa à sa garde suite aux
sollicitations iniques de Martin Harris dont il se considérait
le débiteur pour l'aide matérielle qu'il recevait
pendant qu'il consacrait son temps à l’œuvre. Ce
manuscrit cent seize pages en tout, ne fut jamais rendu à
Joseph mais, par les machinations ténébreuses des
puissances malignes, il tomba entre les mains d'ennemis, qui
conçurent sur-le-champ un plan pervers pour ridiculiser et
faire avorter les desseins de Dieu. Ce plan consistait en ce que les
conspirateurs attendraient jusqu'à ce que Joseph eût
retraduit la section qui manquait, et alors, le manuscrit volé,
qui, entre-temps, aurait été modifié de façon
à faire exprimer aux mots le contraire du vrai livre, serait
publié pour prouver que le prophète était
incapable de traduire les mêmes passages deux fois de la même
façon. Mais la sagesse du Seigneur s'interposa et réduisit
à néant ces ténébreux desseins.
Ayant châtié le prophète en le privant, pendant
un certain temps, de son don de traduction et aussi de la garde des
annales sacrées, parce qu'il avait commis la faute de
permettre que les écrits passent en des mains non autorisées,
le Seigneur fit généreusement rentrer son serviteur
repentant dans sa faveur, lui révéla les desseins de
ses ennemis (D&A section 10) et lui montra, en même temps,
comment ces machinations perverses seraient déjouées.
Joseph reçut l'ordre de ne pas essayer de retraduire cette
partie de l'abrégé de Mormon, dont la première
traduction avait été volée ; mais de traduire,
au lieu de cela, l'histoire relative à la même période,
des plaques de Néphi - le groupe de petites plaques que
Mormon avait incorporé à ses propres écrits. La
traduction ainsi faite fut publiée comme celle des annales de
Néphi et non comme le texte de Mormon, et il n'y eut pas de
seconde traduction des parties qui avaient fourni le texte du
manuscrit volé.
La
traduction du Livre de Mormon fut effectuée par le pouvoir
de Dieu manifesté dans l'octroi du don de révélation.
Le livre déclare ne pas relever de la sagesse ni de la science
de l'homme ; son traducteur n'était pas versé en
langues ; ses capacités étaient d'un ordre différent
et plus efficace. Avec les plaques, Joseph Smith reçut de
l'ange d'autres trésors sacrés, comprenant un pectoral,
auquel étaient attachés l'Urim et Thummim (voir D&A
10:1 ; 17:1 ; 130:8,9 Mosiah 8:13-19 Éther
3:23-28), appelés Interprètes par les Néphites ;
et c'est grâce à l'emploi de ces instruments qu'il fut à
même de traduire les anciennes annales en anglais moderne. Les
détails du travail de traduction n'ont pas été
rapportés, à part que le traducteur examinait les
caractères gravés au moyen des instruments sacrés
et dictait ensuite au secrétaire les phrases anglaises.
Joseph commença son travail avec les plaques en copiant
patiemment un certain nombre de caractères, ajoutant sa
traduction à certaines des pages ainsi préparées.
Le premier assistant du prophète dans l’œuvre,
Martin Harris, obtint la permission d'emporter certaines de ces
transcriptions dans le but de les soumettre à l'examen
d'érudits en langues anciennes. Il plaça certaines de
ces feuilles sous les yeux du professeur Charles Anthon, du Collège
de Columbia, qui, après examen, certifia que les caractères
appartenaient, en général, à l'ancien égyptien,
et que les traductions qui les accompagnaient paraissaient être
correctes. Apprenant comment ces anciennes annales étaient
parvenues entre les mains de Joseph, le professeur Anthon demanda à
M. Harris de lui apporter le livre original afin de l'examiner,
déclarant qu'il désirait entreprendre la traduction du
livre. Apprenant alors qu'une partie du livre était scellée
(Ésaïe 29:11), remarqua : « Je ne puis lire un
livre scellé », accomplissant ainsi, à son
insu, la prophétie d'Esaïe concernant la parution du
volume : « Toute la révélation est pour
vous comme les mots d'un livre cacheté que l'on donne à
un homme qui sait lire, en disant : Lis donc cela ! et qui répond
: Je ne puis, car il est cacheté ». Un autre
linguiste, un certain docteur Mitchell, de New-York, ayant examiné
les caractères, rendit à leur sujet un témoignage
qui, dans tous ses points importants, correspond à celui du
professeur Anthon.
Disposition
du Livre de Mormon
Le Livre de Mormon comprend quinze parties séparées,
qui, à une seule exception près, sont appelées
livres et portent les noms de leurs auteurs principaux. Parmi ces
livres, les six premiers, à savoir Premier et Deuxième Néphi, Jacob, Énos, Jarom et Omni, sont des traductions
littérales des parties correspondantes des petites plaques de
Néphi. La majeure partie du volume du livre, de Mosiah à
Mormon, chapitre 7 inclusivement, est la traduction de l'abrégé
que fit Mormon des grandes plaques de Néphi. Entre les livres
d'Omni et de Mosiah, nous trouvons les « Paroles de
Mormon », qui relient le récit de Néphi
gravé sur les petites plaques à l'abrégé
des grandes plaques, fait par Mormon pour les périodes
suivantes.
Les Paroles de
Mormon peuvent être considérées comme une brève
explication des parties précédentes de l’œuvre
et une préface aux parties suivantes. La dernière
partie du Livre de Mormon, depuis le commencement du chapitre 8 de
Mormon jusqu'à la fin du volume, est dans la langue de Moroni,
fils de Mormon, qui se met d'abord en devoir de terminer le récit
de son père, et ajoute ensuite l'abrégé d'un
groupe de plaques qui contenaient l'histoire des Jarédites ;
ceci est représenté par le livre d'Éther.
À l'époque où Moroni écrivit, il restait
seul - le seul représentant survivant de son peuple en
dehors de ceux qui s'étaient identifiés en grand nombre
aux Lamanites. La dernière des guerres fratricides entre
Néphites et Lamanites s'était terminée par
l'annihilation des premiers. Moroni supposait que son abrégé
du livre d'Éther serait sa dernière oeuvre littérale
mais, se voyant miraculeusement protégé à la fin
de cette entreprise, il ajouta la partie que nous connaissons sous le
nom de Livre de Moroni, contenant la description des procédures
d'ordination, de baptême et d'administration de la Sainte-Cène,
et le texte de certaines paroles et de certains écrits de son
père Mormon.
L'authenticité
du Livre de Mormon
ressortira de l'examen impartial des circonstances qui ont accompagné
sa parution. Les théories fantaisistes au sujet de son
origine, avancées par ses ennemis remplis de préjugés,
sont en général trop invraisemblables et, dans la
plupart des cas, trop puériles pour mériter sérieuse
considération. Les suppositions que le Livre de Mormon est
l'ouvrage d'un seul auteur ou d'hommes travaillant en collaboration
secrète, une oeuvre de fiction ou, d'une manière
quelconque, une composition moderne, ces suppositions se réfutent
elles-mêmes. Le caractère sacré des plaques
interdisait de les exposer pour satisfaire la curiosité des
hommes ; néanmoins, un certain nombre de témoins
honorables les examinèrent et ces hommes ont rendu au monde
leur témoignage solennel des faits. En juin 1829, les
prophéties concernant les témoins, par le témoignage
desquels la parole de Dieu exposée dans le Livre de Mormon
devait être établie (voir 2 Néphi 11:3; 27:12,13
Éther 5:3,4 ; voir aussi D&A 5:11-15 ; section
17), virent leur accomplissement dans une manifestation de la
puissance divine, qui démontra l'authenticité des
annales à trois hommes, dont les affirmations accompagnent
tous les exemplaires du livre.
Le témoignage de trois témoins
« Qu'il
soit connu de toutes les nations, familles, langues et peuples, à
qui cette oeuvre parviendra, que nous avons vu, par la grâce de
Dieu le Père, et de notre Seigneur Jésus-Christ, les
plaques contenant ces annales, qui sont l'histoire du peuple de Néphi
et des Lamanites, leurs frères, et du peuple de Jared, venu de
la tour dont il a été parlé. Nous savons aussi
que ces annales ont été traduites par le don et le
pouvoir de Dieu, car sa voix nous l'a déclaré, c'est
pourquoi nous savons, avec certitude, que cette oeuvre est vraie. Et
nous témoignons aussi avoir vu les caractères gravés
qui sont sur les plaques ; et qu'ils nous ont été
montrés par le pouvoir de Dieu, et non par celui de l'homme.
Et nous déclarons, en toute sincérité, qu'un
ange de Dieu vint du ciel, et qu'il apporta et plaça les
plaques devant nos yeux, de sorte que nous pûmes les regarder
et les voir, ainsi que les caractères qui y étaient
gravés. Et nous savons que c'est par la grâce de Dieu,
le Père, et de notre Seigneur Jésus-Christ, que nous
vîmes, et que nous rendons témoignage que ces choses
sont vraies. Et c'est un miracle à nos yeux. Néanmoins,
la voix du Seigneur nous a ordonné d'en rendre témoignage
; c'est pourquoi, voulant obéir aux commandements de Dieu,
nous rendons témoignage de ces choses. Et nous savons que si
nous sommes fidèles au Christ, nous laverons nos vêtements
du sang de tous les hommes, et nous serons trouvés sans tache
devant le siège du jugement du Christ ; et nous demeurerons
éternellement avec lui dans les cieux. Et gloire en soit au
Père, et au Fils et au Saint-Esprit, qui sont un Dieu.
Amen. »
OLIVER COWDERY
DAVID WHITMER
MARTIN HARRIS
Ce témoignage ne fut jamais révoqué ni même
modifié par aucun des témoins dont les noms figurent au
bas de ce qui précède, bien que tous se soient séparés
de l'Église, et aient nourri des sentiments voisins de la
haine contre Joseph Smith. Jusqu'à la dernière minute
de leur vie, ils maintinrent la même déclaration
solennelle de la visitation angélique et du témoignage
qui avait été implanté dans leur cœur. Peu
après que ces trois hommes eussent vu les plaques, huit autres
reçurent la permission de voir et de manipuler les anciennes
annales ; et en cela aussi la prophétie fut accomplie en ce
qu'il fut déclaré autrefois qu'en plus des trois,
« Dieu envoie davantage de témoins » (2
Néphi 11:3), dont le témoignage serait ajouté à
celui des trois. Joseph Smith montra les plaques aux huit hommes dont
les noms sont apposés au bas du certificat suivant,
probablement en juillet 1829.
Le témoignage de huit témoins
« Qu'il
soit connu de toutes les nations, familles, langues et peuples, à
qui cette oeuvre parviendra, que Joseph Smith, fils, le traducteur de
cette oeuvre, nous a fait voir les plaques dont il a été
parlé, qui ont l'apparence de l'or ; et que nous avons tenu et
touché de nos mains chacune des feuilles que ledit Smith a
traduites, et que nous avons vu aussi les caractères gravés,
le tout ayant l'apparence d'un travail très ancien, et d'une
exécution curieuse. Et nous rendons témoignage, en
toute sincérité, que ledit Smith nous a montré
ces plaques, car nous les avons vues et soupesées - et
nous savons avec certitude que ledit Smith possède les plaques
dont nous avons parlé. Et nous donnons nos noms au monde, pour
témoigner à toute la terre de ce que nous avons vu. Et
nous ne mentons pas, Dieu en rend témoignage. »
CHRISTIAN
WHITMER
JACOB WHITMER
PETER WHITMER, FILS
JOHN WHITMER
HIRAM PAGE
JOSEPH SMITH, PÈRE
HYRUM SMITH
SAMUEL H. SMITH
Trois des huit témoins moururent en dehors de l'Église,
cependant aucun d'entre eux ne renia jamais son témoignage
concernant le Livre de Mormon.
Voilà
donc des preuves de différentes sortes au sujet de la véracité
de ce volume. Le traducteur fait un récit simple et détaillé
de la découverte des anciennes plaques, et affirme que la
traduction fut effectuée par le pouvoir de Dieu ; des
linguistes érudits affirment que les caractères gravés
sont véritables ; en plus du traducteur, onze hommes
honorables font des déclarations solennelles au sujet de
l'apparence des plaques ; et la nature du livre lui-même
supporte l'affirmation qu'il n'est rien d'autre que la traduction
d'anciennes annales.
Source : James E. Talmage,
Articles of Faith, Salt Lake City, 1890, 1931