La pierre de Léhi ou Stèle 5

 

 

Richard O. Cowan

 

 

 

 

      Alors que Léhi et sa colonie campaient dans la vallée de Lémuel sur les bords de la mer Rouge, Léhi fit l'expérience d'une vision ou rêve très intéressant. Il vit un arbre dont le fruit était des plus désirable. Il vit également une barre de fer le long d'un chemin qui menait à un arbre, et à côté du chemin se trouvait un gouffre profond. Plus loin, se trouvait un grand édifice. Le fils de Léhi, Néphi, reçut par la suite une vision, dans laquelle il apprit davantage de choses concernant la signification de ce qu'avait vu son père. L'arbre représentait l'amour de Dieu, alors que la barre symbolisait sa parole, qui, s'ils s'y accrochaient fermement, les conduirait à l'endroit où ils pourraient jouir des fruits de l'Évangile. Le grand édifice représentait la vanité du monde.

 

      L'Amérique ancienne offre un aperçu supplémentaire de la vision ou rêve de Léhi concernant l'arbre de vie. En 1941, des archéologues déterrèrent une stèle à Isapa Chiapas dans le sud-est du Mexique. Le monument mesure 30 mètres de haut, 1,5 mètres de large, et 60 centimètres d'épaisseur. Les archéologues la nommèrent « Stèle 5 » et en publièrent une description pour la première fois en 1943. Le Docteur M. Wells Jakeman, de la section archéologique de l’université Brigham Young, fut très impressionné par les similarités entre les signes gravés dans cette pierre et le récit de l'expérience de Léhi. Plusieurs livres et articles contiennent ses commentaires sur ces similarités. En 1958, les archéologues de l’université Brigham Young firent un moulage de la pierre, et aujourd'hui, une réplique grandeur nature de la Stèle 5 est exposée dans la section archéologique de l’université.

 

      Le motif central des sculptures figurant sur la stèle est l'arbre, autour duquel se trouvent six motifs. Un vieil homme est montré dans une attitude de culte et d'instruction. La personne assise à côté de lui tient un emblème gravé au-dessus de la tête du vieil homme, qui symbolise un crocodile. Dans la tradition de l'Amérique ancienne, c'est souvent la représentation du nom d'un « grand-père » qui était supposé être venu avec sa famille, après un « grand déluge » légendaire, pour s'établir dans le pays, et qui était considéré comme étant le premier ancêtre des Guatémaltèques. De plus, une grande mâchoire est un signe important de cette représentation du nom. Le nom de lieu hébreu Léhi veut dire mâchoire, maxillaire ou joue.

 

      Derrière le vieil homme se trouve un personnage féminin. Sa coiffure élaborée correspond à la représentation de la royauté dans l'ancien monde. Il peut être utile de rappeler que le nom de Sariah signifie « princesse de Jéhovah ». Un autre personnage, grand de stature, dont la légère barbe marque probablement la jeunesse, semble écrire. Le compte rendu de ce rêve fut écrit par Néphi, que le Livre de Mormon décrit comme étant « très jeune, mais pourtant d'une haute taille ». Dans la sculpture, sa coiffure ressemble beaucoup à celle du Dieu égyptien du grain, Néphi. Le jeune homme semble être aidé d'un autre jeune homme, qui pourrait correspondre à Sam dans le Livre de Mormon. Enfin, deux autres personnages sont plus proches du vieil homme, suggérant peut-être ainsi leur droit d'aînesse dans la famille. Cependant, ils tournent le dos à l'arbre, ce qui peut suggérer leur rejet de ce qu'il représente. La similarité avec Laman et Lémuel est évidente. Dans la sculpture originale de la pierre, l'une des inscriptions les plus importantes est un trait droit profond qui peut représenter la barre de fer.

 

 

Source : Instructor, vol. 103, p. 132-133, mars 1968