Les fêtes décrétées à l'époque de Moïse



Le but des congés

Presque universellement, l'humanité se réjouit de voir arriver ses congés, car ils représentent une rupture dans le mode de vie rigoureux qu'exige l'entretien de la vie. L'Éternel lui-même a reconnu dès les tout premiers temps leur avantage.

Sachant qu'une succession sans fin de jours de travail peut amener l'homme à s'endurcir et à devenir insensible à la vie spirituelle, l'Éternel institua des congés. Toutefois plutôt que de simplement désigner des jours spécifiques pour rompre la routine, à l'époque de Moïse, il fixa des jours saints qui réaliseraient aussi un but spirituel. Les fêtes et les festivals furent donnés par révélation pour élever l'esprit aussi bien que pour reposer le corps. Comme toutes les autres parties de la loi mosaïque, les fêtes et festivals annonçaient aussi le Messie.

Le sabbat (chabbath)

Le plus important et le plus fréquent des jours saints était le sabbat. C'était la rupture régulière dans ce qui aurait sinon été une monotonie pénible. Ce jour-là, comme lors de tous ses jours saints, l'Éternel donnait à l'humanité un répit par rapport au commandement qu'il avait donné à Adam de gagner son pain par le labeur « tous les jours » de sa vie (voir Genèse 3:17). L'humanité recevait un jour sur sept la permission de se reposer, de se renouveler et de se souvenir. Le jour du sabbat, elle devait se souvenir de trois événements importants :

(1) que la création était un acte de l'Éternel pour l' avancement de l'humanité ;

(2) que la libération d'Israël hors de son esclavage égyptien fut accomplie par la puissance de l'Éternel et

(3) que la résurrection du Messie apporterait la promesse de l'immortalité pour toute l'humanité

En arrêtant son travail et en se souvenant de l'oeuvre de Dieu, qui est « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme» (Moïse 1:39), l'homme se rapprocherait de Dieu. C'était le but de toutes les fêtes et de tous les festivals aussi bien que le but du sabbat.

Dans tous les jours saints on peut voir les ordonnances et les rites qui aidaient Israël à se souvenir de son Libérateur et Rédempteur et à renouveler ses alliances avec lui Chaque jour saint était une fête marquée par des festivités ou des assemblées solennelles, le jeûne et la prière.

Les jours saints d'Israël dans l'Antiquité

Bien que les Israélites d'autrefois avaient beaucoup de jours de l'année mis à part pour les festivités, le jeûne et la prière, il y en avait quatre, outre les sabbats, qui avaient une importance particulière : la fête de la Pâque, la fête de la Pentecôte, le jour des Expiations
et la fête des Tabernacles.

Les fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles étaient des fêtes joyeuses dont l'origine était profondément enracinée dans les événements historiques ou le cycle de la moisson.

Le jour des Expiations était une période de contrition nationale. Ces jours saints, l'Éternel les fixa pour Israël. Ces jours-là il était commandé à tout Israélite mâle de comparaître « devant l'Éternel, ton Dieu » (c'est-à-dire au tabernacle ou plus tard au temple) comme symbole de sa fidélité à son Créateur (voir Deutéronome 16:16 ; voir aussi Lévitique 16:29-34). De cette manière, Israël recevait quatre fois par an l'occasion de marquer un
temps d'arrêt et de réfléchir aux bénédictions de Dieu.

En outre, chaque jour saint était organisé de manière à mettre l'accent sur un aspect particulier de la nature et de la mission du Messie.

La fête de la Pâque (pessah)

La fête de la Pâque, ainsi que la fête des Pains sans levain, commémoraient la libération des Israélites hors de l'esclavage égyptien. La fête commençait le neuvième jour de Nissan (dernière partie de mars) et durait sept jours. La partie principale de la fête consistait à manger le repas pascal consistant en herbes amères, en pain sans levain et en agneau rôti. L'agneau était mis à mort le soir avant le début de la fête, et le père de
chaque foyer en aspergeait le sang sur les poteaux de la porte et le linteau de la maison.

Des règles strictes gouvernaient la préparation et la consommation du repas pascal. L'agneau devait être rôti entier, et il fallait prendre soin de n'en briser aucun os. Les membres de la famille restaient debout et mangeaient en hâte. Toutes les parties de l'agneau qui restaient du repas devaient être brûlées.


Le rituel rappelait à Israël les jours d'esclavage en Égypte lorsque la vie, comme les herbes, était vraiment amère, et l'aidait à se rappeler que l'Éternel l'avait délivré lorsque le pain sans levain était mangé pendant sept jours et que le peuple attendait le signal de commencer le voyage vers la liberté.

Mais la signification principale du rituel n'était pas historique. Les détails du rituel étaient arrangés de manière à rendre témoignage, non pas simplement de la délivrance d'Israël, mais aussi de son Libérateur.

La fête des Semaines (Chavouôth)

La deuxième grande fête annuelle commémorée autrefois en Israël était la fête des Semaines, que les chrétiens appellent Pentecôte. Le mot Pentecôte vient du grec et signifie « cinquantième jour ». La fête, qui durait un jour, se produisait sept semaines, ou quarante-neuf jours après la Pâque. Elle tombait fin mai ou début juin. Le moment où elle se situait était important, car il marquait le commencement de la moisson du nouveau blé.

Les offrandes mises ce jour-là sur le grand autel consistaient en gerbes de blé et signifiaient pour toutes les personnes présentes que si l'homme laboure la terre, dépose la semence et récolte la moisson, c'est Dieu qui est le véritable donateur de l'accroissement. C'est lui qui a créé la terre et qui lui a donné sa force productrice. C'est lui qui envoie la
pluie et qui fait briller le soleil pour permettre aux plantes de pousser. Un but de la fête était de permettre à Israël de dire en vérité: « À l'Éternel la terre et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l'habitent » (Psaumes 24:1).

Mais on peut trouver quelque chose de plus important dans les sacrifices de ce jour. En ce jour-là, on offrait deux agneaux, un jeune taureau et deux béliers comme sacrifice expiatoire et sacrifice d'actions de grâces, et on les brûlait sur l'autel des sacrifices. Ce sacrifice indiquait que le but de la fête était de permettre à Israël d'obtenir la rémission des péchés et de recevoir la réconciliation avec Dieu. Le sacrifice des animaux ne pouvait pas réellement produire cette expiation et cette réconciliation mais ne faisait que symboliser le sang et le sacrifice expiatoires du Messie et l'influence sanctificatrice et purificatrice du Saint-Esprit qui est comparé au feu purificateur qui consume tout ce qui est corruptible.

Brûler les sacrifices sur le grand autel signifiait donc la façon dont les péchés d'Israël seraient vraiment remis.

Le jour des Expiations (Yôm Kipour)

De tous les jours religieux du calendrier hébraïque, le jour des Expiations était le plus solennel et le plus sacré. Tout travail manuel s'arrêtait, et il n'y avait ni fête ni réjouissances. C'était plutôt le moment « d'humilier » son âme en jeûnant, un jour pour se purifier du péché, un jour de prière et de méditation et de contrition profonde de l'âme (Lévitique 16:29).

Dans les observances du jour des Expiations, on entre dans l'âme et le centre de toute la loi mosaïque, à savoir le sacrifice expiatoire du Messie.

« La loi de Moïse n'est que cela. La loi elle-même fut donnée pour que les hommes croient au Messie et sachent que le salut venait dans et par son sacrifice expiatoire et en aucune autre façon. Tous les principes, tous les préceptes, tous les enseignements doctrinaux, tous les rites et ordonnances, toutes les paroles et tous les actes, tout ce qui appartenait au ministère de Moïse, y était révélé et en découlait et tous les prophètes qui le suivirent, tout cela était conçu et préparé pour permettre aux hommes de croire au Messie, de se soumettre à ses lois et d'obtenir toutes les bénédictions de cette expiation que lui seul pouvait accomplir.

« Et les symbolismes principaux, les similitudes les plus parfaites, les images et préfigurations sans égales, tout cela était exposé une fois par an, le jour des Expiations, devant tout le peuple. Un jour chaque année, le dixième jour du septième mois, le grand-prêtre de l'ordre lévitique d'Israël, celui qui était assis sur le trône d'Aaron, avait le privilège d'entrer dans le Saint des Saints dans la Maison du Seigneur, d'entrer pour ainsi dire en la présence de l'Éternel et d'y faire une expiation pour les péchés du peuple. Au milieu de tout un symbolisme sacrificatoire, il se purifiait, purifiait le sanctuaire lui-même, l'ensemble des détenteurs de la prêtrise et tout le peuple.

« Les animaux sacrificatoires étaient immolés, et leur sang était aspergé sur le propitiatoire et devant l'autel ; on brûlait de l'encens et toutes les images et tout le symbolisme des ordonnances de rançon était exécuté. Il y avait une chose, qui n'était applicable que ce jour-là, qui était d'une grande importance. On choisissait deux boucs, on tirait au sort, et le nom de l'Éternel était mis sur un des boucs, et l'autre était appelé Azazel, le bouc émissaire.

« Le bouc de l'Éternel était alors sacrifié comme le serait le Messie en temps voulu, mais on mettait sur le bouc émissaire tous les péchés du peuple, fardeau que le bouc émissaire emportait alors dans le désert. Le grand-prêtre, comme l'exigeait la loi, posait 'ses deux mains sur la tête du bouc vivant' et confessait 'sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils avaient péché'. Le bouc emportant alors 'sur lui toutes leurs iniquités dans une terre désolée' de même que le Messie promis porterait les péchés d'un grand nombre. 'Car en ce jour on fera l'expiation pour vous, afin de vous purifier', dit Moïse, 'vous serez purifiés de tous vos péchés devant l'Éternel' (Lévitique 16:30).


« Sachant, comme nous le savons, que les péchés sont pardonnés dans les eaux du baptême, que les baptêmes étaient à l'ordre du jour en Israël et que des dispositions devaient être prises pour permettre aux personnes repentantes de se libérer des péchés commis après le baptême, nous voyons dans l'accomplissement annuel du jour des Expiations, une des dispositions de l'Éternel pour renouveler les alliances contractées dans les eaux du baptême et recevoir à nouveau la pureté bienheureuse que l'on reçoit en obéissant pleinement à la loi concernée. De nos jours, les saints des derniers jours obtiennent un même état de pureté en prenant dignement la Sainte-Cène du repas du Seigneur.

« Le symbolisme et la signification des ordonnances et des cérémonies accomplies le jour des Expiations sont exposés par Paul dans son épître aux Hébreux. Il appelle le tabernacle, le temple, 'le sanctuaire terrestre' où les prêtres lévitiques accomplissent chaque année des ordonnances sacrificatoires pour expier les péchés des hommes et les préparer à entrer dans le Saint des Saints. Ces ordonnances devaient rester 'jusqu'à une époque de rétablissement' où le Messie viendrait comme grand-prêtre d'un 'tabernacle plus grand et plus parfait' pour se préparer et préparer tous les hommes à l'effusion de son sang, à obtenir 'une rédemption éternelle' dans le tabernacle céleste.

« L'ancienne alliance n'était que 'une ombre des biens à venir… car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôtent les péchés… Lui, après avoir offert un sacrifice pour les péchés, s'est assis pour toujours à la droite de Dieu' (Hébreux 9 et 10). Avec quelle perfection les
ordonnances mosaïques témoignent de Celui par qui vient le salut et au saint nom de qui il est commandé à tous les hommes d'adorer le Père éternel dorénavant et à jamais ! » (McConkie, The Promised Messiah, p. 435 -437)

La fête des Tabernacles (Soukôth)

La fête des Tabernacles (aussi appelée fête des Tentes ou fête de la Moisson) se produisait cinq jours après le jour des Expiations, le quinzième jour de Tichri, septième mois du calendrier hébraïque qui correspond à la fin de septembre ou au début d'octobre. La fête des Tabernacles commençait et finissait un jour de sabbat et avait donc une durée de huit jours.

Une partie caractéristique de cette fête était la construction de cabanes temporaires (Soukôth en hébreu) faites avec des branchages. Le peuple restait dans ces cabanes pendant la durée de la fête. Cela rappelait au peuple la bonté du Seigneur pendant leur séjour de quarante ans dans le désert du Sinaï et la bénédiction qu'il avait de vivre en permanence, s'il obéissait, dans la Terre promise.

« Pendant la fête de la Pâque on offrait plus de sacrifices qu'à n'importe quel autre moment parce qu'on abattait un agneau pour chaque famille ou groupe, mais à la fête des Tabernacles, les prêtres sacrifiaient plus de taureaux, de béliers, d'agneaux et de boucs pour la nation tout entière qu'à toutes les autres fêtes israélites combinées…

« La fête des Tabernacles comprenait une sainte convocation qui, dans ce cas, était aussi appelée Assemblée solennelle… Israël agitait des feuilles de palme… en exultant dans des cris tels que 'Hosanna, hosanna, hosanna à Dieu et à l'Agneau'.

« Au début de notre ère, certains rites supplémentaires faisaient partie de la fête, notamment le fait qu'un prêtre allait à la piscine de Siloé, puisait de l'eau dans une cruche d'or, la portait au temple et la versait dans un vase à la base de l'autel. Pendant qu'on faisait cela, le choeur chantait le Hallel, composé des Psaumes 113 à 118. Quand le choeur arrivait à ces paroles : 'Louez l'Éternel' et encore quand il chantait : 'Apporte donc maintenant le salut, Éternel' et encore une fois à la fin : 'Ô rendez grâces au Seigneur', tous les adorateurs secouaient leur loulabs (branche de palmier) vers l'autel (voir Alfred Edersheim, The Temple, p. 279). » (McConkie, The Promised Messiah, p. 433-434)