Sur le mont des Oliviers
Orson
Hyde
Le dimanche matin 24 octobre [1841, ndlr], bien avant
le jour, je me levai et, dès que les
portes de la ville furent ouvertes, je sortis, traversai le ruisseau Cédron, et montai sur le
mont des Oliviers, et là, dans la solennité et le silence, avec une plume,
de l'encre et du papier, comme je l'avais vu en vision, j'ai écrit et adressé
la prière suivante à celui qui vit pour toujours et à jamais :
« Ô toi, qui existes d'éternité en éternité, perpétuellement et
invariablement le même, Dieu qui règnes en haut dans les cieux et
contrôles la destinée des hommes sur terre, daigne condescendre, par
ton infinie bonté et ta faveur royale, à écouter la prière que ton
serviteur t'offre en ce jour au nom de ton saint enfant Jésus, en ce
pays où le soleil de la justice s'est couché dans le sang et où ton
Oint a expiré.
« Seigneur, veuille pardonner toutes les folies, faiblesses, vanités et
péchés de ton serviteur, et le fortifier pour résister à toutes les
tentations futures. Donne-lui de la prudence et du discernement pour
qu'il évite le mal, et un cœur pour choisir le bien. Donne-lui le
courage de supporter les circonstances difficiles et défavorables, et
la grâce de supporter toutes choses à cause de ton nom, jusqu'à ce que
vienne la fin, lorsque tous les saints se reposeront en paix.
« Ô Seigneur ! Ton serviteur a obéi à la vision céleste que tu lui as
donnée dans son pays natal ; et sous la protection de ton bras étendu,
il est arrivé à bon port en ce lieu pour te dédier et te consacrer ce
pays pour le rassemblement des restes dispersés de Juda, selon les
prédictions des saints prophètes, pour la reconstruction de Jérusalem
après qu'elle a été si longtemps opprimée par les Gentils, et pour
édifier un temple en l'honneur de ton nom. Grâces éternelles te soient
rendues, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, pour avoir préservé
ton serviteur des dangers des mers, ainsi que des fléaux et des pestes
qui ont endeuillé la terre. La violence de l’homme a également été
contenue, et tes soins providentiels ont été prodigués nuit et jour sur
ton indigne serviteur. Accepte donc, Seigneur, l'hommage d'un cœur
reconnaissant pour toutes les faveurs passées, et veuille exercer
encore ta bonté et ta miséricorde en ma faveur.
« Ô toi, qui as fait alliance avec
Abraham, ton ami, et qui as renouvelé cette alliance avec Isaac et l'as
confirmée avec serment à Jacob, promettant que non seulement tu lui
donnerais ce pays en héritage éternel, mais encore que tu te
souviendrais à jamais de sa postérité. Abraham, Isaac et Jacob ont
depuis longtemps clos les yeux dans la mort et fait de la tombe leur
demeure. Leurs enfants sont dispersés au loin parmi les nations des
Gentils comme des brebis sans berger et ils espèrent toujours en
l'accomplissement des promesses que tu as faites à leur sujet ; et même
ce pays, qui jadis produisait à foison les richesses de la nature, où
coulaient, pour ainsi dire, le lait et le miel, a, jusqu'à un certain
point, été frappé de stérilité depuis que les mains des assassins lui
ont fait boire le sang de Celui qui n'a jamais péché.
« Accorde donc, ô Seigneur, au nom de ton Fils bien-aimé, Jésus-Christ,
d'ôter l'aridité et la stérilité du pays et de faire jaillir des
fontaines d'eau vive pour abreuver sa terre assoiffée. Que la vigne et
l'olivier produisent dans leur force, et que le figuier fleurisse et
prospère. Que la terre devienne abondamment féconde quand elle sera
possédée par ses héritiers légitimes ; qu'il y coule de nouveau une
abondance pour nourrir à leur retour les prodigues qui rentrent chez
eux avec un esprit de grâce et de supplication ; que les nuages y
déversent la vertu et la richesse, et que les champs sourient par leur
abondance. Que les troupeaux de grand et de petit bétail s'accroissent
considérablement et multiplient sur les montagnes et les collines.
« Que ta grande bonté conquière et maîtrise l'incrédulité de ton
peuple. Enlève-lui son cœur de pierre et donne-lui un cœur de chair ;
et que le soleil de ta faveur dissipe les froids brouillards des
ténèbres qui ont ennuagé leur atmosphère. Incline-les à se rassembler
dans cette terre selon ta parole. Qu'ils viennent comme des nuages et
comme des colombes à leurs fenêtres. Que les grands bateaux des nations
les amènent des îles lointaines et que les rois deviennent leurs pères
nourriciers et que les reines, avec une affection maternelle, essuient
de leurs yeux les larmes de l'affliction.
« Tu as, ô Seigneur, autrefois touché le cœur de Cyrus pour qu'il fût
favorable à Jérusalem et à ses enfants. Que ce soit maintenant aussi
ton bon plaisir de pousser le cœur des rois et des pouvoirs de la terre
à regarder amicalement vers ce lieu, avec le désir de voir tes justes
desseins exécutés à son propos. Fais qu'ils sachent qu'il est de
ta volonté de rétablir le royaume à Israël, de relever Jérusalem comme
capitale, et de constituer pour son peuple une nation et un
gouvernement distincts, avec ton serviteur David, descendant de
l'ancien David, pour être leur roi.
« Que cette nation ou ce peuple qui
prendront une part active en faveur des enfants d'Abraham et dans
l'édification de Jérusalem trouvent faveur à tes yeux. Que leurs
ennemis ne l'emportent pas sur eux, et que ni la peste ni la famine ne
s'abattent sur eux, mais que la gloire d'Israël les recouvre, et que le
pouvoir du Très-Haut les protège, tandis que cette nation ou ce royaume
qui ne veulent pas te servir dans cette oeuvre glorieuse périront selon
ta parole : « Oui, ces nations seront entièrement dévastées. »
« Bien que ton serviteur soit maintenant loin de sa maison et de la
terre arrosée par ses premières larmes, il se souvient pourtant, ô
Seigneur, de ses amis qui sont là-bas et de sa famille qu'il a laissée
pour toi. Bien que la pauvreté et les privations soient notre sort
ici-bas, donne-nous un héritage où la teigne et la rouille ne
détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
« Que ceux qui ont nourri, vêtu ou montré de la faveur à la famille de
ton serviteur en son absence, ou qui le feront par la suite, ne perdent
pas leur récompense, mais qu'une bénédiction particulière repose sur
eux, et que dans ton royaume, ils aient un héritage quand tu reviendras
dans ta gloire.
« Regarde aussi avec faveur tous ceux grâce à la libéralité desquels
j'ai pu venir dans ce pays ; et le jour où tu récompenseras tous les
hommes selon leurs œuvres, que ceux-ci ne soient pas non plus ignorés
ou oubliés, mais qu'ils soient prêts à jouir de la gloire des demeures
que Jésus est allé préparer. Bénis particulièrement l'étranger à
Philadelphie qui m'a donné de l'argent, en me demandant de prier pour
lui à Jérusalem. Maintenant, Seigneur, que
les bénédictions viennent sur lui d'une façon inattendue, et que son
panier soit rempli et que son entrepôt regorge d'abondance,
et que les bonnes choses de la terre ne soient pas sa seule part, mais
qu'il soit trouvé parmi ceux à qui on dira : Tu as été fidèle en peu de
choses, je te confierai beaucoup.
« Ô mon Père céleste ! Je te demande maintenant, au nom de Jésus, de te
souvenir de Sion, de tous ses pieux et de toutes ses assemblées. Elle a
été gravement affligée et frappée. Elle a pleuré. Ses ennemis ont ont
triomphé et ont dit : « Où est ton Dieu ? ». Ses prêtres et ses
prophètes ont gémi, enchaînés dans les murs sombres des prisons, tandis
que beaucoup ont été tués. Combien de temps, ô Seigneur, l'iniquité
triomphera-t-elle et le péché restera-t-il impuni ?
« Lève-toi dans la majesté de ta force et mets ton bras à nu en
faveur de ton peuple. Répare leurs torts et transforme leur chagrin en
joie. Verse l'esprit de lumière et de connaissance, de grâce et de
sagesse dans le coeur de leurs prophètes,
et recouvre ses prêtres de salut. Que la lumière et la connaissance
s'imposent pour traverser les ténèbres, et que les gens au cœur honnête
affluent vers l'étendard et se joignent à la marche pour aller à la
rencontre de l'Époux.
« Qu'une bénédiction particulière repose sur les membres de la
Présidence de ton Église, car vers eux sont dirigées les flèches de
l'adversaire. Sois pour eux un soleil et un bouclier, leur tour forte
et leur refuge ; et en temps de détresse ou de danger, sois celui qui
est sur le point de les délivrer. Veuille aussi te tenir aux côtés des
membres du Collège des Douze, car tu connais les obstacles qu'ils
rencontrent, les tentations auxquelles ils sont exposés et les
privations qu'ils doivent subir. Fortifie-nous et aide-nous à rendre un
témoignage fidèle de Jésus et de son Évangile, à achever avec fidélité
l'œuvre que tu nous as confiée, à l'honorer, et
accorde-nous ensuite une place dans ton royaume glorieux. Et que cette
bénédiction repose sur chaque officier et membre fidèle de ton Église.
Et que la gloire et l’honneur revienne à Dieu et à l’Agneau pour
toujours et à jamais. »
Au sommet du mont des Oliviers, j'ai formé, selon une ancienne coutume,
un tas de pierres en guise de témoignage. Sur ce qu'on appelait
autrefois le mont Sion [Moriah, ndlr] où se trouvait le temple, j'en ai
érigé un autre.
J'ai rencontré de nombreux Juifs qui m'écoutaient avec un intérêt
intense. L’idée d’un retour des Juifs en Palestine gagne du terrain
presque chaque jour en Europe. Jérusalem est fortement fortifiée avec
de nombreux canons sur ses murailles. La muraille a trois mètres
d'épaisseur sur les côtés les plus exposés, et 1,20 m à 1,50 m
d'épaisseur là où la descente du mur est presque perpendiculaire. Le
nombre d'habitants à l'intérieur des murs est d'environ vingt mille.
Environ sept mille d’entre eux sont Juifs, le reste étant
principalement composé de Turcs et d’Arméniens. Beaucoup de Juifs âgés
viennent ici pour mourir, et beaucoup viennent d’Europe. La grande roue
est incontestablement en mouvement, et la parole du Tout-Puissant a
déclaré qu'elle roulerait.
(A
Voice
From Jerusalem, the
Travels and Ministry of Elder Orson Hyde,
Salt Lake City, Deseret News Office, 1869)