À propos de la Terre sainte
James R. Clark
Les thèmes centraux du Rétablissement ont été le rassemblement de la postérité dispersée d'Abraham et la rédemption de la Terre sainte.
Lorsqu'en 1845, les saints des derniers jours – qui sont une partie de l'Israël moderne – furent chassés de chez eux, le Collège des douze apôtres, qui présidait l'Église, publia une circulaire qui établissait des parallèles entre les afflictions de l'Israël d'autrefois et de l'Israël de maintenant. Il disait, entre autres choses :
« L'esprit de prophétie a décrit il y a longtemps dans le Livre de Mormon quelle pourrait être la conduite de cette nation vis-à-vis de l'Israël des derniers jours... La même méchanceté qui complotait contre Mardochée attendait aussi toutes les familles de sa nation… Deux hommes ne peuvent marcher ensemble sans en être convenus. Jacob devait être expatrié pendant qu'Ésaü détenait la domination. Il était sage que l'Enfant de la promesse s'éloignât de celui qui était assoiffé de sang. Même l'Héritier des royaumes universels s'enfuit précipitamment dans un pays lointain jusqu'à ce que ceux qui pensaient l'assassiner fussent morts » (Documentary History of the Church, vol. 7, p. 478-479).
En 1823, avant le Rétablissement, Moroni, messager envoyé de la présence de Dieu, visita Joseph Smith et cita les prophéties de l'Ancien Testament, y compris ce verset de Joël : « Alors quiconque invoquera le nom de l'Éternel sera sauvé, le salut sera sur la montagne de Sion et à Jérusalem, comme a dit l'Éternel, et parmi les réchappés que l'Éternel appellera » (Joël 2:32).
Dix ans après la visite de Moroni et trois ans après l'organisation de l'Église, Joseph Smith écrivit par commandement une lettre d'avertissement à tous les hommes. La lettre contenait ce passage :
« Le temps est enfin arrivé où le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob étendra une seconde fois sa main, pour racheter le reste de son peuple, dispersé en Assyrie et en Égypte, à Patras et en Éthiopie, à Élam, à Schinear et à Hamath, et dans les îles de la mer, instaurer avec eux la plénitude des Gentils et contracter avec eux cette alliance qui était promise quand leurs péchés leur seraient enlevés (voir Ésaïe 11 ; Romains 11:25, 26, 27 ; Jérémie 31, 32, 33). Cette alliance n'a jamais été contractée avec la maison d'Israël, ni avec la maison de Juda, car il faut deux parties contractantes pour faire une alliance, et ces deux parties doivent être convenues, sinon aucune alliance ne peut être faite.
« Mais la tribu de Juda reviendra à la vieille Jérusalem ... Juda obtiendra la délivrance à Jérusalem » (voir Joël 2:32 ; Ésaïe 26:20-21 ; Jérémie 31:12 ; Psaumes 1:5 ; Ézéchiel 34:11-12, 13). Ce sont les témoignages que le Bon Berger conduira ses brebis et les fera sortir de toutes les nations où elles ont été dispersées en un temps sombre et ténébreux, vers Sion et Jérusalem » (Documentary History of the Church, vol. 1, p. 313, 315).
Les clefs pour rassembler « Israël des quatre coins de la terre » furent conférées à Joseph Smith par Moïse, prophète et législateur d'Israël, lorsqu'il lui apparut le 3 avril 1836 au temple de Kirtland.
Le 6 avril 1840, la Première Présidence remit à Orson Hyde des lettres de créance comme missionnaire en Palestine. Il reçut pour instruction de visiter Londres, Amsterdam, Constantinople et Jérusalem et de « converser avec les prêtres, les gouverneurs et les anciens des Juifs ». Orson Hyde accomplit sa mission et la Terre sainte fut consacrée.
Le prophète Joseph Smith dit à la conférence générale de l'Église du 6 avril 1843 : « Juda doit retourner, Jérusalem doit être rebâtie ainsi que le temple et l'eau jaillira de dessous le temple, et les eaux de la mer Morte seront purifiées. Il faudra un certain temps pour rebâtir les murs de la cité et le temple, etc. et tout cela doit se passer avant que le Fils de l'Homme ne fasse son apparition. Il y aura des guerres, et des bruits de guerre » (Documentary History of the Church, vol. 5, p. 337).
Deux mois plus tard, le 11 juin 1843, une vaste assemblée de saints se réunissait au temple à Nauvoo et le prophète, prenant son texte dans Matthieu 22:37, dit qu'on lui avait demandé : « Quel était le but du rassemblement des Juifs ou du peuple de Dieu à une quelconque époque du monde ? »
Il répondit : « Le but principal était de construire au Seigneur une maison grâce à laquelle il pourrait révéler à son peuple les ordonnances de sa maison et les gloires de son royaume, et enseigner au peuple le chemin du salut ; car il y a des ordonnances et des principes qui, lorsqu'on les enseigne et qu'on les pratique, doivent l'être dans un endroit ou une maison construite dans ce but » (Documentary History of the Church, vol. 5, p. 423).
Brigham Young et le Collège des Douze, qui détenaient les clefs de la présidence après la mort de Joseph Smith, envoyèrent Wilford Woodruff en Angleterre avec une lettre de salutations aux anciens et aux saints de Grande Bretagne. La lettre contenait ces instructions : « Le Dieu d'Israël communiquera à ses disciples tout ce qui est nécessaire à l'édification de son royaume sur la terre jusqu'à ce qu'Israël soit rassemblé, oui même tout le sang d'Abraham dispersé sur toute la terre, que Sion soit établie, Jérusalem reconstruite et la terre tout entière remplie de la gloire et de la connaissance de Dieu » (Matthias F. Cowley, Wilford Woodruff, Bookcraft, 1965, p. 231-232).
Après l'exode mormon dans l'Ouest, la Première Présidence publia en 1849 les instructions suivantes aux saints : « Rassemblez les exilés de Juda et le reste d'Éphraïm des quatre vents à l'endroit de leur héritage ; afin que Sion soit édifiée, Jérusalem rétablie et que la gloire du dernier jour remplisse la terre » (Millenial Star, vol. 11, p. 231).
Dans sa cinquième épître générale à l'Église publiée en avril 1851, la Première Présidence écrivit : « Le rassemblement d'Israël a déjà commencé ; Juda reçoit ses anciens habitants et la ville sainte est en cours de reconstruction ; chose qui est un signe très net du retour proche du Messie » (Millenial Star, vol. 13, p. 209).
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours fonda en 1884 une mission en Turquie. Le 22 septembre 1889, les premiers convertis arabes de la mission étaient baptisés à Aintab. En 1897, le président Wilford Woodruff et ses conseillers écrivirent ce qui suit à leurs « frères et sœurs bien-aimés » en Turquie :
« Ne discutez pas d'une manière vaine du moment de la venue du Christ. Un temps est décidé, et seul Dieu le connaît. Il ne l'a pas révélé. Mais le moment prévu viendra certainement longtemps avant que la plupart des gens ne soient préparés. Ceci, nous le savons, n'est pas éloigné, car les signes de sa venue sont maintenant très clairs. Mais il y a encore beaucoup à faire pour se préparer pour ce grand événement. Beaucoup de gens honnêtes n'ont pas encore entendu parler de la grande œuvre des derniers jours. Sion doit être pleinement établie. Jérusalem doit être reconstruite par les Juifs, les dix tribus doivent revenir du nord, les Indiens américains, qui sont de la maison d'Israël, doivent être convertis et travailler à la cause du Christ. Et beaucoup d'autres branches différentes de la maison d'Israël doivent revenir et être préparées à le rencontrer et à le recevoir. Car il sera leur Roi quand il viendra » (Document archivé dans les bureaux de l’Historien de l’Église).
Il fut difficile de créer le foyer national juif en Palestine proposé par le gouvernement britannique dans la déclaration Balfour du 2 novembre 1917. À un moment où Arabes et Juifs se battaient toujours pour la possession des terres, en 1921, le président Heber J. Grant dit à la conférence générale d'avril de cette année-là :
« Par l'autorité de la Sainte Prêtrise de Dieu qui a de nouveau été rétablie sur la terre, et par le ministère, sous la direction du prophète de Dieu, des apôtres du Seigneur Jésus-Christ sont allés en Terre sainte et ont consacré ce pays au retour des Juifs ; et nous croyons qu'au temps voulu par le Seigneur ils retrouveront la faveur de Dieu. Et qu'aucun saint des derniers jours ne se rende coupable de participer si peu que ce soit à une quelconque croisade contre ces gens » (Era, vol. 24, juin 1921, p. 747).
Le 2 mars 1959, la Première Présidence publiait une lettre aux présidents de pieu et aux présidents de mission de pieu décrivant les travaux de LeGrand Richards, du Collège des Douze, qui, sous sa direction, oeuvrait pour amener les Juifs à étudier l'Évangile rétabli. La lettre inaugurait aussi un programme missionnaire de pieu chez les Juifs des grandes villes où ils étaient nombreux. Certaines instructions de cette lettre constituent une conclusion appropriée :
« Nous estimons qu'il est sage de recommander aux missionnaires de pieu aussi bien qu'aux autres groupes au sein du pieu de ne pas encourager ni tenter de favoriser les mouvements relatifs à la question si controversée : ‘Pro ou antisémite’. Nous pensons que, généralement parlant, les mormons ont compris les Juifs et ont probablement été plus amicaux à leur égard que n'importe quel autre peuple, et avec notre conception de la fraternité universelle, il est inconcevable que notre peuple entretienne des préjugés ou de la mauvaise volonté à l'égard de l'un quelconque des enfants de notre Père. L'agitation de toute controverse de ce genre s'accompagnerait manifestement de malentendus et de débats et ne profiterait à personne. Nous avons un message pour les Juifs. Nous serons extrêmement heureux de le leur remettre s'ils veulent l'entendre.
« À propos du sujet de cette lettre, nous profitons de l'occasion pour attirer l'attention de nos missionnaires sur le fait qu'il n'est pas sage de tenter de fixer des dates et des heures pour l'accomplissement de la prophétie... Nous acceptons les révélations, nous croyons aux prophéties. Le moment de l'accomplissement est fixé dans la sagesse insondable du Seigneur. Il est bon d'enseigner à tous les hommes d'être préparés à l'accomplissement de la prophétie et de lui laisser tout le reste » (Document archivé dans les bureaux de l’Historien de l’Église).
Il
apparaît donc que depuis le début de l’Église,
la Première Présidence enseigne la doctrine du
rassemblement de la postérité dispersée
d’Abraham et de son retour dans sa Terre sainte.
(L’Étoile, février 1973, p. 48-51)