L'APOCALYPSE DE JEAN


Cours n° 392R




AVERTISSEMENT

Le cours qui suit est, pour la plupart, un résumé tiré du livre de Richard D. Draper, Opening the Seven Seals, Deseret Book Company, 1991. En accord avec les règles et procédures du Département de l'Éducation de l'Église, ce cours (N° 392R) ne peut être enseigné dans le cadre de l'Institut qu'après approbation obtenue par le Coordonnateur du Département. Attention, non seulement le cours doit être approuvé mais aussi l'Instructeur. L'approbation sera obtenue à chaque fois.

L'APOCALYPSE DE JEAN
Cours n° 392R

Leçon 1 Introduction : Pourquoi l'Apocalypse

Leçon 2 Apocalypse 1 à 3 Le message aux 7 Églises

Leçon 3 Apocalypse 4 & 5 La vision des cieux

Leçon 4 Apocalypse 6 & 7 Les 6 premiers sceaux

Leçon 5 Apocalypse 8 & 9 L'ouverture du 7e sceau

Leçon 6 Apocalypse 10 & 11 Et je vis un autre ange

Leçon 7 Apocalypse 12 & 13 Le dragon et la femme

Leçon 8 Apocalypse 14 à 16 La moisson du monde

Leçon 9 Apocalypse 17 & 18 Babylone la grande

Leçon 10 Apocalypse 19 & 20 Le Millénium

Leçon 11 Apocalypse 21 & 22 La Nouvelle Jérusalem

Leçon 12 Conclusion : L'Apocalypse et le temple

Appendice A : La structure du livre de l'Apocalypse

Appendice B : Les 6 éléments du style littéraire de Jean

Appendice C :

Appendice D : Le chiffre 7 dans la structure de l'Apocalypse




L'APOCALYPSE
Pourquoi l'Apocalypse
Leçon 1 : Introduction

L'apôtre JEAN :

Jean est la forme francisée du grec Iôannès, transcription du nom hébraïque Yohanân ou Yehohanân, qui signifie Yahvé fait grâce. L'apôtre Jean était le frère cadet de Jacques, que l'on appelait Le Majeur. Ils étaient tous les 2 fils de Zébédée, qui était un patron de pêche sur la mer de Galilée, et de Salomé son épouse. La famille résidait à proximité de Capernaüm, et probablement aussi à Bethsaïde. Ils exerçaient tous 2 le métier de pêcheur aux côtés de leur père, qui avait aussi des mercenaires à son service. Il est possible que Jean ait été au nombre des Galiléens de la région du Jourdain, qui étaient attirés par la prédication de Jean-Baptiste sur les rives du fleuve. Il était peut-être, et même probablement, l'un des 2 disciples, le 2e étant André, qui entendirent un jour l'annonce du précurseur, désignant Jésus en ces termes : "Voici l'Agneau de Dieu". Dès ce moment Jean, comme André, s'attacha aux pas de son nouveau maître, et tous 2 le suivirent pour rejoindre leur Galilée natale. Cependant, suivant la tradition des évangiles synoptiques, c'est tandis qu'ils étaient occupés à leurs tâches familières avec leurs filets de pêcheurs, qu'ils reçurent l'un et l'autre leur appel, qui les liera définitivement au Christ. Jean fut appelé en même temps que son frère Jacques, immédiatement après Simon Pierre et André, qui étaient leurs compagnons de labeur. Ils abandonnèrent leur bateau pour devenir, à la suite du Christ, des "Pêcheurs d'hommes". C'est au côté de Simon Pierre et de son aîné Jacques, que Jean assista à des événements privilégiés, qui furent de grands moments de la vie terrestre du Christ, comme la résurrection de la fille de Jaïrus, la transfiguration et enfin l'agonie dans le jardin de Gethsémané. Il fit partie des Douze, appartenant à ce collège, Pierre, Jacques et Jean étant toujours cités en tête de liste, par les différents témoins de l’Évangile.

Les évangiles nous rapportent aussi certains traits de caractère de l'apôtre Jean : on parle de son emportement naturel, qui l'incita à appeler le feu du ciel sur des Samaritains inhospitaliers, et qui lui valut, avec son frère, le surnom de Boanergès, qui signifie Fils du tonnerre. C'est lui qui s'éleva contre cet homme qui chassait les démons, en dehors des Douze, au nom de Jésus, lequel répondit : "Ne l'empêchez pas, car qui n'est pas contre nous est pour nous". Enfin, on se souviendra de son enthousiasme, quelque peu présomptueux, qui l'amena à faire au Christ la demande d'être assis aux premières places près de lui dans le royaume des cieux. Cependant Jean reste le disciple que Jésus aimait, à savoir celui qu'il préférait. On le voit placé tout près du Christ durant la dernière Cène, penché contre sa poitrine, demandant, sur la requête de Pierre, qui dénoncerait et trahirait le Christ. Après l'arrestation de Jésus à Gethsémané, l'ensemble des disciples s'enfuit pour se mettre à l'abri. Pierre, cependant, suivit de loin le prisonnier et son escorte jusqu'à la maison du grand-prêtre. L’Évangile de Jean nous précise que l'accompagnait "un autre disciple" qui était "connu du grand-prêtre". Il s'agissait sans doute de Jean lui-même, assez connu des gens de la maison pour pénétrer sans difficulté dans la cour, dont une gardienne contrôlait l'entrée, et pour y faire admettre son compagnon Pierre. Bien sûr on retrouve Jean seul de tous les apôtres au pied de la croix, sur le Golgotha. C'est là que Jésus confia Marie, sa propre mère, à l'apôtre Jean : "Mère, voici ton fils, et toi, voici ta mère." Et, continue l’Évangile, "depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui".

Au moment de la résurrection, Jean fut alerté, comme Pierre, par Marie Madeleine, qui avait trouvé le tombeau ouvert. Il y courut, et étant plus jeune, devança Pierre et découvrit le sépulcre vide. Cependant il resta à l'entrée et laissa Pierre y pénétrer le premier. Or l’Évangile de Jean nous rapporte : "Il vit et il crut". C'est ainsi qu'il fut le premier à reconnaître le Christ ressuscité, alors qu'ils jetaient leurs filets sur les rivages de la mer de Tibériade. C'est au cours de cet épisode que se trouve le récit suivant :

"Pierre, s'étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s'était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit : Seigneur, qui est celui qui te livre ?
En le voyant, Pierre dit à Jésus : Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ?
Jésus lui dit : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi.
Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n'avait pas dit à Pierre qu'il ne mourrait point, mais : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe.
C'est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai." (Jean 21:20-24).

Après le départ du Christ, la vie de Jean continua à être bien remplie. Les Actes le montrent étroitement associé à Pierre au tout début de l’Église. On le voit au Cénacle (Actes 1:13), réuni pour la prière de la petite communauté primitive (Actes 1:14) : au moment de l'élection de Matthias, pour succéder à Judas (Actes 1:15-26), et au moment de la descente du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (Actes 2:1-4). Puis il monta avec Pierre au temple pour guérir "au nom de Jésus Christ de Nazareth" l'infirme qui se trouve à la belle porte (Actes 3:1-11). Il apparut avec Pierre devant le Sanhédrin (Actes 4:1-7, 13-18) et revendiqua le droit de témoigner de l’Évangile (Actes 4:19-21). Pierre et Jean furent dépêchés par le collège des Douze pour prêcher aux Samaritains (Actes 8:14). Ces Samaritains avaient été préparés par le diacre Philippe, mais il est fort probable que les apôtres durent leur confirmer le don du Saint Esprit. Jean était toujours avec Pierre et Jacques à Jérusalem, lorsque Paul, revenant de son premier voyage missionnaire (probablement en 49), comparut devant eux. Paul parla des 3 hommes en les nommant "Colonnes de l'Église" (Galates 2:9).

À part quelques passages de l'Apocalypse et des épîtres de Jean, on a que très peu de renseignements sur les activités ultérieures de l'apôtre Jean dans le Nouveau Testament. Cependant, une abondante littérature chrétienne des 2e et 3e siècles donne un certain nombre de données sur la vie de l'apôtre. Certains spécialistes ont prétendu que l'apôtre Jean était mort aux environs de l'an 50 comme martyr, et qu'il ne pourrait être, par conséquent, ni l'auteur des épîtres, ni l'auteur de l'Apocalypse. Cette hypothèse n'est fondée que sur l'annonce faite par Jésus, aux 2 fils de Zébédée, qu'une coupe et un baptême de souffrance les attendaient (Marc 10:39). Mais ceci ne signifie pas que Jean devait mourir en même temps que son frère, ni qu'il devrait mourir de la même façon. En fait, suivant la tradition patristique, Iréné de Lyon, Clément d'Alexandrie, ainsi que Eusèbe et Jérôme montrent que l'existence de Jean a connu des tourments et des épreuves endurées "à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus" (Apocalypse 1:9). Il est donc fort probable que Jean soit parti de Jérusalem avec Pierre vers l'an 50, peut-être après la mort de Marie, mère du Christ, et qu'il ait quitté la Palestine aux environs de l'an 70, après la ruine de Jérusalem, au terme du siège conduit par Titus.

Jean se serait fixé à Éphèse, capitale de l'Asie romaine, et dont l'Église (la branche) chrétienne avait été fondée par Paul (Actes 18:19-20 et 19:1-20). La ville d'Éphèse rayonnait sur toutes les autres villes de la province proconsulaire. Or, en 70 après JC, Paul n'est plus, ni Pierre, qui ont été tous les 2 mis à mort, à Rome probablement, au cours de la persécution de Néron (66-67). Jean veilla donc à partir d'Éphèse sur les communautés chrétiennes d'Asie, notamment les 7 Églises citées dans l'Apocalypse (Éphèse, Smyrne, Bergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée –  voir Apocalypse 2:1, 8, 12, 18 ; 3:1, 7, 14). Ces Églises étaient en butte aux persécutions des païens, mais aussi des judaïsant plus ou moins fanatiques. Enfin, elles étaient livrées aussi aux entreprises des hérétiques et autres fauteurs de troubles. Jean fut victime de la persécution de Domitien (94-96). Selon Tertullien, il aurait été amené à Rome et jeté dans une chaudière d'huile bouillante, dont il serait sorti miraculeusement indemne. Quoi qu'il en soit, il fut déporté dans l'île de Patmos (Apocalypse 1:9). Il revint donc à Éphèse, probablement après l'avènement de Nerva (96-98) pour poursuivre sa tâche apostolique de témoin du Christ. Selon certaines traditions, c'est dans cette ville qu'il mourut à un âge très avancé, peut-être plus de 90 ans, sous le règne de Trajean (98-117). La ville d'Éphèse se glorifie de posséder son tombeau.

Parmi les épîtres dites catholiques, c'est-à-dire universelles, 3 sont attribuées à l'apôtre Jean. Leur numéro d'ordre marque l'échelonnement de leur admission dans le canon des livres inspirés, et non la chronologie de leur rédaction. La 1ère est en tous cas la plus longue et la plus riche d'enseignements. Son authenticité littéraire et son inspiration divine ne furent jamais sérieusement contestées. Par les thèmes évoqués ainsi que par le vocabulaire et le style, elle s'apparente étroitement à l'Évangile de Jean. On pense que cette épître a donc bien été rédigée par le même auteur et sensiblement à la même époque que le 4e Evangile, peut-être même un peu avant lui, dans les années 90 à 95. Jean devait résider alors à Éphèse. Il fut amené à s'opposer aux 1ères hérésies, en particulier à celles du Docétisme et des différentes sectes gnostiques. Ceux-ci, en effet, nient l'incarnation, pensant que celle-ci n'est qu'une apparence, et ils nient également la réalité de la rédemption, puisqu'ils distinguent la personne divine du Fils, et la personne humaine de Jésus. En effet, le corps de Jésus n'est qu'un habitacle temporaire pour l'esprit du Fils, et c'est ce corps seul qui a vécu la Passion. Les 2 autres épîtres sont également attribuées à Jean. Les Pères de l'Église, du 2e au 5e siècle, ne l'ont pas mis en doute (Iréné, Clément d'Alexandrie, Grégoire de Naziance ou Augustin). Cependant, au 3 e et 4 e siècle, certains ont contesté que Jean en fût l'auteur. Cela vient du fait que leur auteur se proclame comme étant "l'Ancien", titre, qui dans le contexte ne signifie pas un ancien parmi d'autres, mais bien l'Ancien par excellence. Papias, évêque d'Hiérapolis, au début du 2e siècle, faisait une distinction entre Jean l'apôtre et Jean l'ancien. Mais cette distinction semble ne reposer sur rien. En effet, ce titre d'ancien pourrait très bien être attribué à Jean, du fait de la promesse du Christ que sa vie continuerait, et du fait même que ce prestigieux vieillard est à l'époque le dernier survivant du collège des Douze.

En ce qui concerne l'Évangile de Jean, le 4e des évangiles dans toutes les éditions du Nouveau Testament, Jean en est aussi l'auteur. Il est sans doute le dernier texte du Nouveau Testament que nous connaissions. Il est peut-être aussi le plus tardif à avoir été admis comme écrit inspiré dans le canon. C'est Clément d'Alexandrie (150 à 215 environ) qui le distinguera en le nommant Évangile spirituel. Ainsi, malgré les doutes de quelques uns, l'apôtre Jean semble être bien ce fils de Zébédée, qui était aussi le disciple que Jésus aimait, qui fut l'auteur, non seulement du 4e évangile, mais des épîtres qui portent son nom et enfin de l'Apocalypse de Jean.

L'Apocalypse de Jean :

Le terme apocalypse est traduit du grec apokalupsis, qui signifie Révélation, mais qui est généralement réservé pour désigner des écrits porteurs d'une révélation de secrets divins, concernant le proche avenir ou les destinées lointaines de l'humanité. L'eschatologie, à savoir la science des fins dernières de l'homme et de la fin du monde, est au centre de ces apocalypses. Le genre littéraire dit "apocalyptique" rapporte des songes, des visions symboliques à travers lesquelles se manifestent de riches images empruntées aux livres bibliques les plus anciens, ainsi qu'au folklore oriental. Dans l'Ancien Testament, on trouve quelques chapitres d'Ésaïe (24 à 27), d'Ézéchiel (38 et 39) ainsi que des passages de Joël (2 à 4), de Zacharie (9 à 14) et enfin de Daniel (7 à 12), qui sont de nature apocalyptique. D'autres écrits n'ont même pas été retenus dans le canon de l'Écriture, tels que le livre d'Énoch, le livre des Secrets d'Énoch, l'assomption de Moïse, le 4e Esdras, les 2 apocalypses de Baruch. Chez les Chrétiens, on rappelle l'existence de l'apocalypse de Pierre et de l'apocalypse de Paul. On trouve quelques passages des Actes (Actes 10:10-16), des épîtres (1er Thessaloniciens 4:13, 5:11 ; 2e Thessaloniciens 2:1-12) et même des passages des évangiles (Marc 13:5-27 ; Matthieu 10:17-23 ; 24:4-31 ; Luc 17:20-37 ; 21:8-28). Cependant l'Apocalypse de Jean demeure un chef d'œuvre du genre.

Le but de Jean en écrivant l'Apocalypse :

L'apocalypse est le résultat d'une expérience spirituelle intense, d'une vision. Jean l'écrivit en conformité avec le commandement qui lui fut donné directement par Jésus Christ lui-même (Apocalypse 1:11). Cependant, d'autres facteurs ont joué un rôle : les Saints en effet étaient découragés et même effrayés, à cause de cette crise de l'Église primitive. Rome était omniprésente et omnipotente, et la foi chrétienne pouvait constituer un crime passible de mort. Mais à côté de ce danger externe, il y avait un autre danger encore plus grave, celui de l'apostasie. Déjà, le Seigneur en avait parlé lui-même dans son ministère de 40 jours après sa résurrection (Actes 1:3). Paul avait averti les Thessaloniciens (2 Thessaloniciens 2:1-5 ; 2 Timothée 4:3-4 ; Actes 20:29-31). Le terme grec utilisé par Paul est apostasia, qui signifie être en opposition, à savoir en rébellion, en mutinerie. Il s'agit de la prise de pouvoir de l'intérieur par des partis hostiles, de l'autorité établie, de la direction et de la constitution de l'organisation de l'Église. En fait, d'après les écrits de Paul, l'Église n'était pas en danger de disparaître totalement, mais plutôt d'être prise en mains par l'Antéchrist, qui introduirait des doctrines d'homme, pour en assurer le contrôle. Il s'agit donc bien d'une lutte pour le pouvoir, et l'on peut dire que, au cœur du livre de l'Apocalypse est cette question de l'autorité. Qui est au pouvoir dans ce monde ? Sont-ce les institutions politiques, les pouvoirs du mal, ou bien est-ce Dieu ? Pour ceux qui étaient fidèles, et en fait pour une minorité de fidèles, qui devaient subir des pressions externes, des persécutions et faire face également à l'apostasie interne, une telle révélation s'avérait essentielle. C'était la promesse qu'un Dieu omnipotent leur amènerait réconfort et espérance, et la promesse également d'une victoire finale. Cependant, la description de Jean ne laissait pas de doute : il n'y avait pas d'illusion de paix, mais en réalité une période de véritable guerre, et ceci devait être également à l'avenir, jusqu'à la fin des temps, puisque Satan allait régner dans ce monde de la mortalité. Ainsi tout le livre de l'Apocalypse est parcouru par ce sens de l'histoire : les hommes ne peuvent pas échapper à l'histoire, où Satan règne bien souvent en maître. Mais Dieu est prêt à prendre le contrôle de cette histoire, afin de parvenir à sa victoire finale.

Le pouvoir sur la mort :

"Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme venir dans son règne." Matthieu 16:28.

"Le Seigneur me dit : Jean, mon bien-aimé, que désires-tu ? Car si tu demandes ce que tu désires, cela te sera accordé.
Je lui dis : Seigneur, donne-moi du pouvoir sur la mort, afin que je vive et t'amène des âmes.
Le Seigneur me dit : En vérité, en vérité, je te le dis, parce que tu désires ceci, tu demeureras jusqu'à ce que je vienne dans ma gloire et tu prophétiseras devant des nations, des tribus, des langues et des peuples.
C'est pour cette raison que le Seigneur dit à Pierre : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ! Car il a désiré de moi de pouvoir m'amener des âmes, mais toi tu as désiré pouvoir venir rapidement à moi dans mon royaume.
Je te le dis, Pierre, c'était là un bon désir, mais mon bien-aimé a désiré pouvoir faire plus ou faire parmi les hommes, une œuvre plus grande encore que ce qu'il a fait auparavant.
Oui, il a entrepris une œuvre plus grande ; c'est pourquoi je le rendrai comme un feu flamboyant et je ferai de lui un ange au service de Dieu et il servira ceux qui demeurent sur la terre, qui seront les héritiers du salut." (D&A 7:1-6).

Le désir que Jean avait exprimé au Sauveur devenait ainsi l'accomplissement d'une prophétie qui avait été faite plus de 106 ans auparavant. Le prophète américain Néphi, saisi d'une vision, vit l'entière histoire du monde. Comme à d'autres, il lui fut interdit d'écrire, avec l'explication suivante :

"Et l'ange me parla, disant : Regarde !
Et je regardai, et je vis un homme, et il était vêtu d'une robe blanche.
Et l'ange me dit : Voici l'un des douze apôtres de l'Agneau.
Voici, il verra et il écrira le reste de ces choses ; oui, et aussi beaucoup de choses qui ont été.
Et il écrira aussi touchant la fin du monde.
C'est pourquoi, ce qu'il écrira est exact et vrai ; et voici, cela est écrit dans le livre que tu as vu sortir de la bouche du Juif. Et au moment où elles sortirent de la bouche du Juif, ou, au moment où le livre sortit de la bouche du Juif, les choses qui y étaient écrites étaient claires, pures, extrêmement précieuses et faciles à être comprises de tous les hommes.
Et voici, parmi les choses que l'apôtre de l'Agneau écrira, il s'en trouve beaucoup que tu as vues ; et voici, le reste, tu le verras.
Mais les choses que tu verras ci-après, tu ne les écriras point ; car c'est l'apôtre de l'Agneau de Dieu que le Seigneur Dieu a choisi pour les écrire.
Il en est d'autres encore, qui ont été, à qui il a montré toutes choses, et qui les ont écrites ; et elles sont scellées pour qu'au temps déterminé par le Seigneur, elles arrivent à la maison d'Israël, dans toute leur pureté, selon la vérité qui est dans l'Agneau.
Et moi, Néphi, j'entendis, et j'en rends témoignage, que le nom de l'apôtre de l'Agneau était Jean, selon la parole de l'ange." (1 Néphi 14:18-27).

Sur la condition de l'apôtre Jean, en tant qu'être "enlevé", nous avons des précisions dans 3 Néphi 28:4-10 :

"Et lorsqu'il leur eut parlé, il se tourna vers les trois et leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse, quand je serai allé au Père ?
Et ils étaient tristes dans leur cœur, car ils n'osaient pas lui dire la chose qu'ils désiraient.
Et il leur dit : Voici, je connais vos pensées ; et vous avez désiré la chose que Jean, mon bien-aimé, qui était avec moi dans mon ministère, avant que je fusse élevé par les Juifs, avait désirée de moi.
C'est pourquoi, vous êtes bénis davantage, car vous ne goûterez jamais la mort ; mais vous vivrez pour voir toutes les œuvres du Père envers les enfants des hommes, mêmes jusqu'à ce que toutes choses soient accomplies, selon la volonté du Père, quand je viendrai dans ma gloire avec les puissances du ciel.
Et vous ne subirez jamais les angoisses de la mort ; mais quand je viendrai dans ma gloire, vous serez changés, en un clin d'œil, de la mortalité à l'immortalité ; et alors vous serez bénis dans le royaume de mon Père.
Et de plus, tant que vous serez dans la chair, vous n'éprouverez ni douleur, ni chagrin, si ce n'est pour les péchés du monde ; et je ferai tout cela, à cause de ce que vous avez désiré de moi, car vous avez désiré pouvoir m'amener les âmes des hommes, aussi longtemps que le monde subsistera.
Et pour cela, vous aurez une plénitude de joie ; et vous vous assiérez dans le royaume de mon Père; oui, votre joie sera complète, comme le Père m'a donné une plénitude de joie ; et vous serez comme moi, et je suis tout comme le Père ; et le Père et moi sommes un."

Cette condition des 3 Néphites est semblable à celle dans laquelle se trouve l'apôtre Jean, et on trouve d'autres précisions dans 3 Néphi 28:25-30 :

"Voici, j'allais inscrire le nom de ceux qui ne devaient jamais goûter la mort, mais le Seigneur l'a défendu ; c'est pourquoi, je n'inscris pas leurs noms ; car ils sont cachés au monde.
Mais voici, je les ai vus, et ils m'ont enseigné.
Et voici, ils seront parmi les Gentils, et les Gentils ne les connaîtront pas.
Ils seront aussi parmi les Juifs, et les Juifs ne les connaîtront pas.
Et il arrivera, quand le Seigneur le jugera convenable dans sa sagesse, qu'ils enseigneront toutes les tribus dispersées d'Israël et toutes les nations, familles, langues et peuples ; et amèneront de parmi eux un grand nombre d'âmes à Jésus, pour que leur désir soit satisfait, et à cause du pouvoir de conviction qu'ils ont reçu de Dieu.
Et ils sont comme les anges de Dieu et s'ils prient le Père au nom de Jésus, ils peuvent se montrer à tout homme selon qu'ils le jugent convenable."

Et enfin dans 3 Néphi 28:36-40 :

"Et maintenant voici, quand j'ai parlé de ceux que le Seigneur avait choisis, oui, ces trois disciples qui furent enlevés au ciel, j'ai dit que je ne savais pas s'ils avaient été purifiés de la mortalité à l'immortalité Mais voici, depuis que j'ai écrit cela, j'ai interrogé le Seigneur, et il m'a manifesté qu'il avait fallu qu'un changement fût opéré sur leur corps, sinon ils auraient dû goûter la mort ;
C'est pourquoi, pour qu'ils ne dussent pas goûter la mort, un changement avait été opéré sur leur corps, pour qu'ils ne souffrissent pas la douleur ni le chagrin, si ce n'est pour les péchés du monde.
Or, ce changement n'est pas égal à celui qui aura lieu au dernier jour ; mais un changement fut opéré en eux de sorte que Satan n'avait aucun pouvoir sur eux pour les tenter ; et ils étaient sanctifiés dans la chair, de sorte qu'ils étaient saints, et que les pouvoirs de la terre n'avaient aucune prise sur eux.
Et ils devaient rester dans cet état jusqu'au jour du jugement du Christ ; et en ce jour-là, ils devaient recevoir un plus grand changement et être reçus dans le royaume du Père pour n'en plus sortir, mais pour demeurer avec Dieu éternellement dans les cieux."

Dans les Enseignements du prophète Joseph Smith, page 136, on peut lire :

"La doctrine de la translation :

"La doctrine de la translation est un pouvoir qui appartient à cette prêtrise. Il y a beaucoup de choses qui appartiennent aux pouvoirs de la prêtrise et à ses clefs qui ont été tenues cachées dès avant la fondation du monde ; elles sont cachées aux sages et aux intelligents pour être révélées dans les derniers temps.

"Il se peut que beaucoup aient pensé que la doctrine de la translation était une doctrine par laquelle les hommes étaient emmenés immédiatement dans la présence de Dieu et dans une plénitude éternelle, mais c'est là une idée erronée. Le lieu qu'ils habitent est d'un ordre terrestre, un lieu préparé pour les gens qu'il gardait en réserve pour être les anges chargés d'un ministère auprès de beaucoup de planètes et qui jusqu'à présent ne sont pas encore entrés dans une plénitude aussi grande que ceux qui ressuscitent d'entre les morts. "D'autres furent livrés aux tourments, et n'acceptèrent point de délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection" (voir Hébreux 11:35).

"Il était donc manifeste qu'il y avait une meilleure résurrection, sinon Dieu ne l'aurait pas révélé à Paul. En quoi peut-on donc dire que c'est une meilleure résurrection ? Cette distinction existe entre la doctrine de la résurrection proprement dite et la translation ; la translation permet d'être délivré des tortures et des souffrances du corps, mais leur existence se prolongera en ce qui concerne les travaux et les labeurs du ministère avant qu'ils ne puissent entrer dans un repos et une gloire si grands. D'autre part, ceux qui ont été torturés, n'acceptant pas la délivrance, ont reçu un repos immédiat de leurs œuvres. "Et j'entendis du ciel une voix qui disait : Ecris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent" (voir Apocalypse 14:13).

"Ils se reposent de leurs travaux pendant un temps prolongé, et cependant leur oeuvre est gardée en réserve pour eux, afin qu'il leur soit permis d'accomplir la même oeuvre lorsqu'ils recevront la résurrection pour leur corps. Mais nous laisserons ce sujet et le sujet des corps terrestres pour une autre fois, afin de les traiter d'une manière plus complète."

L'Apocalypse : un livre à comprendre :

Le livre de l'Apocalypse, tel qu'il nous a été donné par l'apôtre Jean, est un témoignage sur la prescience de Dieu. Il est fait pour nous consoler et nous préparer à la Seconde Venue. Ce n'est pas un livre pour les novices au niveau spirituel. Il a été donné à Jean le révélateur par le pouvoir de la prophétie. Cependant, Joseph Smith a déclaré que ce livre "est l'un des livres les plus clairs que Dieu ait jamais fait écrire." Ainsi, nous avons la responsabilité de comprendre ce livre de l'Apocalypse. Dans un article publié dans l'Ensign, en septembre 1975, sous le titre "Comprendre le livre de l'Apocalypse", l'apôtre Bruce R. McConkie a donné une réponse à la question : peut-on comprendre le livre de l'Apocalypse ? :

"Certainement. Pour quelle autre raison le Seigneur l'aurait-il révélé ? C'est la notion commune, que le livre parle de bêtes, de plaies, de symbolismes mystérieux, qui ne peuvent pas être compris, ce n'est pas vrai. C'est tellement exagéré que cela donne un sentiment totalement erroné sur cette portion de la vérité révélée. La plus grande partie du livre, et on n'aurait pas de difficulté à compter les versets ainsi compris, est claire et simple, et devrait être comprise de tout le peuple du Seigneur. Certaines parties ne sont pas claires et ne sont pas compréhensibles par nous ; ce qui cependant ne signifie pas que l'on ne puisse pas les comprendre, si nous grandissons dans la foi comme nous le devrions. Le Seigneur attend de nous que nous recherchions la sagesse et que nous méditions sur ces vérités révélées, et que nous acquérions une connaissance de ces vérités par le pouvoir de son esprit."

En effet, le Seigneur a déclaré dans Doctrine et Alliances 68:11 :

"Il vous sera donné de connaître les signes des temps, et les signes de la venue du Fils de l'Homme" ;

Et de même, il a déclaré dans Doctrine et Alliances 76:5-8 :

"Car ainsi dit le Seigneur : Moi, le Seigneur, je suis miséricordieux et clément pour ceux qui me craignent et je me réjouis d'honorer ceux qui me servent en justice et en vérité jusqu'à la fin.
Leur récompense sera grande et leur gloire sera éternelle.
Et c'est à eux que je révélerai tous les mystères, oui, toutes les choses de mon royaume tenues secrètes depuis les temps anciens, et pendant les âges à venir, je leur révélerai le bon plaisir de ma volonté concernant tout ce qui a trait à mon royaume.
Oui, ils connaîtront même les merveilles de l'éternité, et je leur montrerai les choses à venir et même les choses de nombreuses générations."

Enfin, il nous invite en déclarant : "Et de plus, en vérité, je vous le dis, la venue du Seigneur approche, et elle surprendra le monde comme un voleur dans la nuit : c'est pourquoi, ceignez-vous les reins afin d'être les enfants de la lumière, et ce jour-là ne vous surprendra pas comme un voleur." (Doctrine et Alliances 106:4-5). En conformité avec cela, nous pouvons voir l'exemple de Joseph Smith, à qui le Seigneur révéla l'histoire toute entière de la terre. Il déclare : "Après que j'eus terminé la traduction du Livre de Mormon, je pris la Bible pour la lire avec l'Urim et le Thummim. Je lus le 1er chapitre de Genèse et je vis les choses telles qu'elles furent faites. Puis je passais au suivant et au suivant, et tout fut présenté devant moi comme un grand panorama, et ainsi, chapitre après chapitre, jusqu'à ce que j'eus tout lu : je vis tout !" (cité par Robert J. Matthews dans "Plainer translation – Joseph Smith's translation of the Bible : a history and commentary [BYU Press, 1985, p. 25] ). Nombreux furent les prophètes qui eurent une vision panoramique de l'histoire de l'humanité ; par exemple, dans le Livre de Mormon, le prophète connu sous le nom de Frère de Jared (voir Éther 3:21-22 25-27). La vision du prophète Jarédite Éther fut préservée, et finalement intégrée, à travers le peuple de Lamoni, aux annales des Néphites. Après l'apparition du Sauveur aux disciples américains, ces annales furent traduites et devinrent partie intégrante de leurs Écritures. Par suite de leur incrédulité, la vision fut perdue à leur connaissance ; mais Moroni cependant la préserva comme partie de ses annales. Elle représentait au moins une partie de la portion scellée des plaques du Livre de Mormon, que Joseph Smith reçut l'interdiction de traduire par ces paroles : "Et maintenant, moi, Moroni, j'ai écrit les paroles qui m'étaient commandées, selon ma mémoire ; et je te dis les choses que j'ai scellées ; c'est pourquoi n'y touche pas pour les traduire, car cela t'est interdit, sauf plus tard, quand ce sera la sagesse de Dieu" (Éther 5:1). Cette vision est demeurée scellée jusqu'à nos jours. Cependant, quelqu'un d'autre a eu la même vision, car la partie scellée du Livre de Mormon : "contient la même révélation qui fut donnée à Jean sur l'île de Patmos".

Cependant, le frère de Jared l'a semble t-il écrite avec beaucoup plus de détails. Dans le "Messenger and Advocate" de février 1935, p. 80, la partie scellée du Livre de Mormon est décrite comme représentant environ les 2/3 du volume total des plaques d'or. Si c'est le cas, alors la vision du frère de Jared occuperait une partie substantielle de plus de 1000 pages de texte traduit, ce qui dépasse largement le texte de Jean, qui est d'environ 25 pages. Cependant, Jean a consacré seulement quelques lignes pour décrire 6000 ans de l'histoire de l'humanité, pour pouvoir se concentrer davantage sur la période qui précède immédiatement la seconde venue. Daniel, ainsi que Néphi, eurent des visions semblables, mais il leur fut commandé de ne pas les révéler (voir Daniel 12:4, 9 ; 1 Néphi 14:25-26, 28). Ainsi, cette révélation sera un jour révélée à tous les hommes, comme c'est promis dans Éther 4:15 :

"Voici, quand tu déchireras ce voile d'incrédulité qui te fait rester dans ton affreux état de méchanceté, de dureté de cœur et d'aveuglement d'esprit, alors les choses grandes et merveilleuses qui t'ont été cachées depuis la fondation du monde – oui, quand tu invoqueras le Père en mon nom, le cœur brisé et l'esprit contrit, alors tu sauras que le Père s'est souvenu de l'alliance qu'il a faite avec tes pères, ô maison d'Israël".

Jusque là, c'est la révélation de Jean dans l'Apocalypse qui doit nous servir. À Moroni, le Seigneur a déclaré :

"Et alors mes révélations, que j'ai fait écrire par mon serviteur Jean, seront dévoilées aux yeux de tout le peuple. Souviens-toi, quand tu verras ces choses, tu sauras que le temps est proche où elles seront manifestées en toute réalité." (Éther 4:16).

Une révélation donnée suivant un code :

Il est évident que l'apôtre Jean a écrit beaucoup moins de choses que ce qu'il avait appris. D'après Joseph Smith, Jean "vit les mêmes choses concernant les derniers jours, que Énoch a pu voir". Cette déclaration peut faire référence à la vision d'Énoch que l'on trouve dans Moïse 7:41-67, qui déclare : "Le Seigneur montra tout à Énoch, à savoir jusqu'à la fin du monde. Il vit le jour des justes, l'heure de leur rédemption, et reçut une plénitude de joie."

Il y avait cependant un défi à relever, et Jean, de même que Néphi, semble en avoir été conscient. Cette Bible devait en effet passer par les mains de la "grande et abominable Église, abominable par-dessus toutes les autres Églises ; car voici, elle a ôté de l'Évangile de l'Agneau de nombreuses parties qui sont claires et extrêmement précieuses ; et elle a ôté aussi beaucoup d'alliances du Seigneur, et elle a fait tout cela pour pervertir les voies droites du Seigneur, pour rendre aveugles les yeux et endurcir le cœur des enfants des hommes" (1 Néphi 13:14-28). Ainsi, Jean devait faire passer la révélation à travers ceux qui allaient essayer de la transformer. C'est pourquoi Jean n'a pas choisi la forme de la vision, mais c'est Dieu lui-même qui le fit. Cette forme, que l'on appelle aujourd'hui apocalyptique, consiste en quelque sorte en un code divin. En fait, de tout le Nouveau Testament, le texte de l'Apocalypse est celui qui semble avoir été le moins changé. Sur les 400 versets du livre de l'Apocalypse, il y a environ 1650 lectures variantes dans le texte, dans les différents manuscrits disponibles. En comparaison, les épîtres générales, qui contiennent 432 versets, ont 1100 variantes, avec beaucoup plus de sources manuscrites, et donc un potentiel beaucoup plus grand de différences.

Les fondements théologiques de la littérature apocalyptique :

Comme nous l'avons vu, la littérature apocalyptique est très vaste : dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau, dans le Livre de Mormon, de même que dans nombre de textes apocryphes ou pseudo-épigraphes. Les spécialistes s'accordent à reconnaître 3 éléments fondamentaux dans la littérature apocalyptique :

1. Elle est quasiment toujours de nature eschatologique, c'est-à-dire qu'elle se concentre sur des temps à venir, au moment où Dieu arrêtera le flot de l'histoire, pour réaliser la fin de la méchanceté, et instituer un nouvel ordre de justice et de paix. C'est en cela que la prophétie se distingue des récits apocalyptiques, car la prophétie prédit l'avenir, mais se concentre sur un futur qui découle du présent, qui est encore dans le courant naturel de l'histoire, sans interruption particulière. Les récits apocalyptiques pour leur part commentent la fin des temps, quand Dieu accomplira ses propres desseins et réalisera un nouveau commencement. Ainsi, d'une façon générale, la littérature apocalyptique ne reconnaît pas à l'homme la capacité de créer un futur fait de paix, ni le pouvoir de surmonter totalement la méchanceté, tout du moins, au niveau du monde tout entier. La consommation de toute chose viendra en effet après que l'histoire ait été pour ainsi dire interrompue par Dieu, qui réalisera ses propres desseins.

2. La littérature apocalyptique est dualiste, c'est-à-dire que la réalité apocalyptique consiste en 2 éléments irréductibles qui sont des principes opposés : le bien et le mal. Ce dualisme n'est pas tant métaphysique que réel, s'exerçant aux plans historique et temporel. L'époque présente est sujette au pouvoir du mal. Satan et ses armées règnent. Mais ce monde aboutira à une période où le temps n'existera plus et où la justice règnera sous l'autorité du Seigneur Jésus Christ.

3. La littérature apocalyptique présente la caractéristique d'un déterminisme rigide. En effet, suivant la révélation, toutes les choses s'orientent inexorablement vers une fin qui est prédéterminée par Dieu. Tout est inévitable, rien n'est laissé au hasard. Le problème du libre-arbitre humain et de liberté, en référence avec l'omniscience de Dieu, n'est quasiment jamais abordé. Mais il y a une affirmation tacite que la victoire finale de Dieu s'opère dans le cadre du respect de la liberté humaine. Cependant, encore une fois, les auteurs des écrits apocalyptiques, et en particulier Jean, sont tout-à-fait pessimistes quant à la capacité de l'homme de combattre le mal et de changer le monde. Certes, les individus peuvent et doivent se repentir, mais le monde dans son ensemble ne se repentira pas. C'est pourquoi Dieu est le seul qui ait le pouvoir de vaincre le monde, de vaincre le pouvoir de Satan. C'est la raison pour laquelle, la foi en Dieu et en son pouvoir de contrôler le futur et l'avenir, et de faire que toutes les choses tournent à l'avantage et à la bénédiction des justes, est tout-à-fait centrale dans ses écrits.

Bien que l'Apocalypse de Jean contienne les éléments mentionnés ci-dessus, il est tout-à-fait unique par bien des côtés : son organisation, sa structure, son pouvoir d'explication, sa grandeur, en font un chef-d’œuvre. Le souffle de l'inspiration y est présent à chaque verset. Alors que la plupart des récits apocalyptiques des apocryphes et des pseudo épigraphes sont souvent confus, étranges, semblant être le produit d'une fantaisie non contrôlée, et écrits davantage pour mystifier que pour édifier, l'Apocalypse de Jean montre ordre, dignité, sérieux et un sens, une direction (certains de ces apocalypses sont par exemple : les Psaumes de Salomon [écrits aux environs de 50 avant JC], les odes de Salomon [rassemblées entre 50 avant JC et 50 après], le Testament des 12 patriarches [copié aux environs de 100 avant JC à 50 après], le livre des Jubilés [écrit entre 50 avant JC à 50 après], le 2e ou le 4e Esdras [écrit aux environs de 75 après JC], l'apocalypse de Baruch [écrit aux environs de 75 après JC], l'apocalypse d'Abraham [écrit aux environs de 50 après JC], ainsi qu'une multitude d'autres textes plus courts).

Pour comprendre le livre de l'Apocalypse :

Dans le discours déjà cité, Elder Bruce R. McConkie cite 7 éléments pour comprendre le livre de l'Apocalypse.

1– Savoir que le livre de l'Apocalypse parle de choses qui se passeront après le temps du Nouveau Testament, et en particulier dans les derniers jours.
2– Avoir une connaissance générale du plan de salut et de la façon dont Dieu agit envers les hommes sur la terre.
3– Utiliser les différentes révélations modernes, qui parlent de sujets semblables dans un langage
similaire.
4–  Étudier les sermons de Joseph Smith qui ont rapport avec le livre de l'Apocalypse.
5– Utiliser la version inspirée de la Bible.
6– Réserver son jugement pour les choses pour lesquelles aucune interprétation n'a été donnée.
7– Rechercher l'esprit pour comprendre le livre.

Richard D. Draper, auteur de "Opening the seven seals", livre d'étude sur l'Apocalypse, identifie d'autres clés pour comprendre l'œuvre de l'apôtre Jean :

A) L'esprit de révélation et de prophétie : Nous avons la promesse que si nous suivons l'inspiration des prophètes et la parole de Dieu contenue dans les ouvrages canoniques, le Seigneur révèlera sa volonté, ligne sur ligne, précepte par précepte. C'est ainsi que les Saints pourront obtenir une certaine sensibilité aux signes des temps et aux signes de la venue du Fils de l'Homme (D&A 98:12 ; 45:39 ; 68:11), et être préparés à cette seconde venue ; sinon, la parabole des 10 vierges pourraient se révéler tout-à-fait prophétique (voir Matthieu 25:1-13).

B) La période de temps que couvre le livre de l'Apocalypse : Il faut savoir que le livre parle d'événements qui sont à venir. Au cours des siècles, il y a eu de nombreuses discussions pour identifier la période de temps dont parle l'Apocalypse. Jean avait-il parlé de choses qui étaient proches de son époque, ou de choses qui devaient venir dans un futur lointain ? Joseph Smith a répondu à ce débat lorsqu'il déclara : "Les choses que Jean a vu ne sont pas des allusions à des scènes de l'époque d'Adam, d'Énoch, d'Abraham ou de Jésus, si ce n'est dans le cas où c'est présenté clairement par Jean. Mais Jean a vu seulement ce qui devait venir dans le futur, et qui devait bientôt se produire." A une autre occasion, il déclara :

"Il y a une grande différence et une grande distinction entre les visions et les représentations dont parlent les anciens prophètes et celle dont il est question dans les révélations de Jean. Les choses que Jean vit n'avaient rien à voir avec les événements de l'époque d'Adam, d'Énoch, d'Abraham ou de Jésus, si ce n'est dans la mesure où Jean le dit expressément et l'expose clairement. Jean ne vit que ce qui se trouvait dans le futur et qui devait arriver bientôt... Les choses que Jean vit dans le ciel n'avaient rien à voir avec quoi que ce soit qui eût été sur la terre avant ce temps-là, parce qu'elles étaient la représentation de "choses qui doivent arriver bientôt" et non de ce qui s'était déjà passé".

C) La perspective hébraïque de l'apôtre Jean : Comme dans d'autres livres du Nouveau Testament, la révélation est récurrente, c'est-à-dire qu'elle représente le présent et le futur par des allusions à des prophéties bibliques faites par le passé, particulièrement celles que l'on trouve dans la Genèse, dans l'Exode, dans Ézéchiel, Daniel et Zacharie. C'est ainsi que Jean pouvait incorporer et confirmer les desseins de Dieu, définis dans la Bible par le passé, et montrer que ces desseins étaient la cause de l'histoire et dirigeaient le cours de l'histoire. En rupture avec les modèles grec et romain de la théorie du temps cyclique (éternel retour), les prophéties bibliques révèlent un dessein clair et direct, avec un commencement, au moment de la création sous la direction de Dieu, une catastrophe dans la chute, une solution dans l'incarnation, l'expiation et la résurrection du Christ, et enfin une bataille entre les forces du bien et du mal, qui se résoudra au moment de la seconde venue du Seigneur dans sa gloire. C'est ainsi que la tragédie de l'histoire humaine se trouve transformée dans le triomphe de la divinité. L'Apocalypse représente donc un grand arc, qui retourne à ses débuts, d'un paradis à l'autre. Cependant, il ne s'agit pas tant d'un arc de cercle que d'une spirale, car l'intention n'est pas de retourner à l'Éden des origines, où l'homme a dû chuter, mais bien plus d'atteindre un Éden à un degré supérieur, qui dépasse, en paix, en joie et en gloire ce que pouvait contenir celui des origines. Il y a en effet la récurrence d'un thème édénique dans la vision de Jean : les nouveaux cieux et la nouvelle terre, un nouvel Éden avec un arbre de vie, les eaux de vie (voir Apocalypse 22:1-2). Ainsi, la chute devient l'une des grandes chances de l'homme, car c'est à travers le Christ que l'homme peut mériter, et pas seulement hériter de ce dernier paradis, à travers la grâce de Dieu, mais aussi à travers ses œuvres, réalisant ainsi une unité parfaite entre Dieu et l'homme.

D) La structure de l'Apocalypse : L'Apocalypse insiste sur les relations de l'Église avec le monde et avec l'avenir. Il y a 3 divisions principales dans l'œuvre :

– les chapitres 1 à 3, qui contiennent une introduction et le message aux 7 Églises d'Asie ;
– les chapitres 4 à 11, qui contiennent un bref résumé de l'histoire de la terre, et qui ensuite se concentrent sur le temps qui précède la seconde venue du Seigneur ;
–  enfin les chapitres 12 à 22, qui commencent à l'époque de Jean et vont de l'avant jusqu'à la seconde venue, puis du Millénium jusqu'à la fin des temps, mais cette fois avec une perspective différente.

Les dernières 2 divisions sont remplies d'interludes, de "flash backs" ou de "prévisions" (voir l'appendice A).

E) Comprendre le style apocalyptique et les méthodes utilisées par Jean : voir l'appendice B, qui donne les détails de ces différents éléments.

Si le Nouveau Testament a principalement été écrit pour que ceux qui ont des oreilles entendent, le livre de l'Apocalypse a été écrit pour que ceux qui ont des yeux puissent voir, car Jean a reçu sa révélation à travers des impressions et des symboles. Une comparaison intéressante peut être faite avec la vision du rêve de Léhi, et des symboles qu'elle contenait (voir 1 Néphi 8). C'est dans le chapitre 11 de 1 Néphi que cette vision peut être interprétée, car les choses qu'avait vues Léhi n'existaient pas dans la réalité, mais étaient des symboles, des images, des figures d'événements historiques et de différents peuples.

Concernant l'Apocalypse, Joseph Smith a déclaré :

"Il y a une importante distinction à faire entre ce que les prophètes voulaient réellement dire et la traduction actuelle. Les prophètes ne déclarent pas qu'ils ont vu une bête ou des bêtes, mais qu'ils ont vu l'image ou la représentation d'une bête. Daniel ne vit pas un ours ou un lion véritable, mais l'image ou la représentation de ces animaux. La traduction aurait dû dire "image" au lieu de "animal" dans chacun des cas où les prophètes parlent d'animaux. Mais Jean vit la bête réelle dans le ciel, ce qui montra à Jean que des bêtes y existaient réellement, et non pour montrer la représentation de choses sur la terre. Quand les prophètes disent qu'ils voient des animaux dans leurs visions, ils veulent dire qu'ils ont vu les images, celles-ci étaient des types représentant certaines choses. En même temps ils recevaient l'interprétation de ce que ces images ou types devaient représenter".

Dans le cas de Jean, les sens physiques étaient donc dépassés par les sens spirituels : l'esprit communiquait directement avec l'esprit, à travers des formes, des images et des impressions. C'est ainsi que rien n'était perdu dans cet échange. Cependant, pour écrire sa révélation, Jean devait utiliser un langage accessible à ses lecteurs. C'est pour cela qu'il a utilisé des symboles qui, bien qu'un peu faibles, sont cependant efficaces pour transmettre les messages. Le langage symbolique, comme toujours, réalisait 2 desseins : d'une part, il permettait la compréhension de ces choses à ceux qui étaient spirituellement préparés, mais par ailleurs, il scellait, en protégeant la vision, de ceux qui auraient pu la pervertir. En tout cas, c'est la réaffirmation que Dieu a une parfaite connaissance du processus historique. Si l'utilisation des symboles est, d'une manière générale, uniforme dans tout le livre de l'Apocalypse, (par exemple les trompettes, les sceaux, les bêtes ont un sens constant), certaines images demeurent obscures. Jean utilise ces symboles comme un moyen de représentation ; et la révélation moderne nous aide pour l'interprétation de nombres de ces symboles. Les nombres ont une grande importance, et toute la littérature du Proche-Orient, en particulier celle des Hébreux, révèle un intérêt particulier dans l'utilisation des nombres pour communiquer des idées. Par exemple, les chiffres 4, 7, 12 et 1000 ont tous les quatre un sens de complétude et de plénitude :

–  le chiffre 4 est en référence avec le monde,
–  le chiffre 7 est symbole de perfection,
–  le chiffre 12 est en relation avec la prêtrise,
–  et 1000 est symbole d'une grandeur superlative.

Enfin, il faut se souvenir que tous les détails décrits par Jean n'ont pas une signification et un sens profonds et cachés ; par exemple les yeux flamboyants, les pieds qui sont comme de l'airain, sont faits pour indiquer un contexte et une impression de lumière, et ne doivent pas être interprétés comme ayant un sens symbolique particulier.



L'APOCALYPSE
Le message aux 7 Églises
Leçon 2 – Commentaires des chapitres 1 à 3

(Chapitre 1:1-2) – Introduction de la vision :

La première phrase, "Révélation de Jésus Christ", introduit le thème de toute la vision. Il s'agit bien d'une révélation du Christ. Le génitif grec peut être interprété de 2 façons : ou bien la révélation donnée par Jésus Christ, ou bien la révélation de Jésus Christ, à savoir que l'on révèle le Christ lui-même ; les 2 ne sont d'ailleurs pas exclusives. Et cette 1ère phrase nous avertit immédiatement que cette révélation vient de Dieu lui-même. C'est donc bien le Père qui révèle le Fils et qui rend témoignage du Fils. C'est pourquoi le thème central de la vision sera le témoignage du Père de l'importance de l'œuvre du Fils. Jean est le récipiendaire de cette vision. Il doit être un témoin, et il est très clair que Dieu veut que cette vision et révélation puisse circuler. Elle n'est pas donnée comme un mystère, un puzzle, une énigme, mais bien comme une révélation enregistrée, que l'on doit faire circuler afin d'édifier les esprits de ceux qui sont fidèles. Le verset 1 continue en disant que ces choses, il les a fait connaître par l'envoi d'un ange à son serviteur Jean. Il cite le verbe "faire connaître" ; le verbe grec est semaino, ce qui signifie prédire, donner un signe ou un symbole d'identification, ce qui, en latin donne signum, et que l'on retrouvera en français dans sémantique. Il semblerait donc que l'ange ait donné à l'apôtre Jean un signe ou un symbole pour authentifier la vision. L'apôtre d’ailleurs n’a la responsabilité d'écrire, ni plus ni moins que ce qu'il a reçu. Il a donc bien gardé cette vision pure.

(Chapitre 1:3) – "Heureux ceux qui comprennent" :

Le verset 3 contient la 1ère de 7 béatitudes que l'on trouve dans l'Apocalypse. Les autres se trouvent à 14:13 ; 16:15 ; 19:9 ; 20:6 ; 22:7 ; 22:14. La bénédiction est prononcée sur ceux qui lisent et qui entendent. On a un singulier, celui qui lit, et un pluriel, ceux qui entendent les paroles de la prophétie, qui rappelle la procédure dans le service de la synagogue, où une personne lisait l'Écriture tandis que la congrégation écoutait. La version inspirée de Joseph Smith ajoute : "Heureux celui qui lit, et ceux qui entendent et comprennent les paroles de cette prophétie". En effet, le verbe grec akouo signifie à la fois entendre, écouter, mais aussi dans certains cas comprendre. Joseph Smith insiste sur le fait qu'on doit payer le prix pour que cette promesse puisse s'accomplir.

(Chapitre 1:4 à 8) – Le Tout Puissant :

La révélation s'adresse donc aux 7 Églises de la province romaine de l'Asie. Il y a un usage symbolique du chiffre 7, qui est symbole de complétude et de perfection, et qui indique qu'au-delà des 7 Églises d'Asie, auxquelles s'adresse la révélation, le message est en réalité universel : c'est l'Église de Dieu à toutes les époques et où qu'elles se trouvent. Le message est donné de la part de "Celui qui est, qui était, et qui vient". C'est une citation partielle du nom de Dieu, que l'on trouve dans Exode 3:14-15, tel qu'il est traduit dans la Bible des Septante (voir aussi Jérémie 1:6 ; 14:13 ; 32:17). La phrase grecque commence par apo, qui signifie de, de la part de, qui, en général, est suivi du génitif, mais après lequel on trouve ici 3 nominatifs ; ce qui semble indiquer que Dieu, ici, reste le sujet, celui qui a l'initiative, qui fait que les choses se produisent selon leur ordre et en leur temps, en harmonie avec sa volonté (voir Romains 9:15-18 ; Jean 10:18 ; Ézéchiel 38:4, 14-22). Cette phrase, qui qualifie Dieu, semble donc être comme un seul nom, indéclinable, une paraphrase du tétragramme Y.H.W.H., "celui qui est", qui rappelle l'existence éternelle de Dieu, qui est sans commencement de jours ou fin d'années. Jéhovah est bien le Seigneur du passé, du présent et du futur, ou, plus exactement, tout est présent devant lui, et ce présent éternel englobe le passé et l'avenir. A cette heure de persécution de l'Église, approchant de sa fin, il était important pour les Saints de savoir que Dieu, dans son pouvoir éternel, accomplirait tous ses desseins à travers le cours de l'histoire. Si le Seigneur est la 1ère source de bénédictions, la 2e vient des 7 esprits qui sont devant le trône de Dieu. Apocalypse 4:5 les compare à des lampes ardentes ; et Apocalypse 5:6 les compare encore à 7 yeux de l'Agneau. La version inspirée de Joseph Smith les identifie clairement comme étant les dirigeants des différentes branches, auxquels la révélation est adressée. La comparaison avec les yeux montre qu'ils supervisaient les affaires de l'Église, et de même, que leur élection est assurée et qu'ils pourront ainsi obtenir la vie éternelle.

Le verset 5 nous parle de Jésus Christ, le témoin fidèle, le Premier Né des morts et le Prince des rois de la terre. Le terme témoin vient, en grec, du mot martus, d'où le français a tiré le mot martyr, à savoir les témoins fidèles qui sont prêts à donner leur vie pour leur témoignage, Christ étant l'exemple parfait de sacrifice suprême. Le Prince des rois de la terre rappelle Psaumes 89:27, tandis que le Premier Né des morts rappelle Colossiens 1:18.

Le verset 6 explique "qui a fait de nous un royaume de sacrificateurs pour Dieu". La version du roi Jacques parle de rois et prêtres devant Dieu (voir Exode 29:6 ; Ésaïe 61:5-6 ; 1 Pierre 2:9), ce qui signifie que le Sauveur organisera son royaume, qui sera composé de ceux qui détiennent la prêtrise. L'apôtre Bruce R. McConkie a déclaré :
"Les détenteurs de la prêtrise de Melchisédek qui ont le pouvoir de s'avancer fermement en droiture, en vivant de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu, qui magnifient leur appel et progressent de grâce en grâce, jusqu'à ce qu'à travers les ordonnances du temple, ils reçoivent la plénitude de la prêtrise et sont ordonnés rois et prêtres, ceux qui accomplissent cela auront leur exaltation, ils seront rois, prêtres, dirigeants et seigneurs de leur sphère respective dans les royaumes éternels du Grand Roi, qui est Dieu notre Père." (Voir aussi D&A 78:15).

Le verset 7 parle de nuée (en grec nephelé). Cette nuée était le signe de la présence de Dieu (voir Matthieu 17:5 ; Marc 9:7 ; Luc 9:34-35) et serait également le véhicule de sa seconde venue (voir Daniel 7:13 ; Matthieu 24:30 ; 26:64 ; Marc 13:26 ; D&A 133:3, 20).

Enfin le verset 8 qualifie le Seigneur de Tout Puissant. Le terme grec est pantokrator, que l'on traduit par Tout Puissant, ne veut pas désigner celui qui peut faire et n'importe quoi, mais plutôt celui qui tient les choses ensembles, qui administre et règle toute chose (voir D&A 88:6, 13).

(Chapitre 1:9-18)– La vision du Fils de l'Homme :

Le verset 10 nous montre que Jean fut ravi en esprit le jour du Seigneur, à savoir un dimanche, et qu'il fut commandé d'écrire dans un livre ce qu'il voyait. Le terme livre, ici, devrait être interprété par rouleau. En fait, on peut identifier 3 rouleaux au cours de la vision :

– le 1er, que Jean allait produire (on en parle au chapitre 1)
– le 2e, qui serait ouvert par l'Agneau de Dieu (au chapitre 5)
– et le dernier, qui serait donné à Jean par un ange (au chapitre 10)

C'est en se retournant que Jean vit un personnage resplendissant, qui se tenait debout au milieu de 7 chandeliers d'or. Cette image n'est pas sans évoquer la Ménorah, chandelier à 7 branches qui se trouvait dans le temple (Exode 25:31-37, Zacharie 4:2). Ici, cependant, chacune des lampes a sa propre base. L'évocation du temple et du Saint des Saints n'est d'ailleurs pas très loin, puisque Jean utilise, pour décrire la robe du personnage, les mêmes termes que la Bible des Septante utilise pour décrire le costume des grands-prêtres (Exode 28:4 ; 29:5 ; Daniel 10:5) et ces attributs de vêtement sont à la fois symboles de l'office royal et également de la fonction de grand-prêtre. Le personnage est à la fois roi et grand-prêtre dans une association qui évoque la plénitude de la prêtrise (D&A 124:28).

Au verset 13, Jean parle d'un fils d'homme, qui n'est pas sans évoquer les mots souvent utilisés de Fils de l'Homme. Ce terme que l'on trouve dans l'Ancien Testament (Nombres 23:19 ; Psaumes 8:4 ; Ésaïe 51:12) est utilisé pour distinguer la divinité des mortels. Ce terme insiste aussi sur la nature anthropomorphique de la divinité. Cependant, Moïse 6:57 suggère que Fils de l'Homme est un titre, puisque dans le langage d'Adam, Homme de Sainteté est le nom de Dieu, et le nom de son fils unique est le Fils de l'Homme, à savoir Jésus Christ. Ainsi, le Christ est bien le Fils de l'Homme de Sainteté. La phrase du verset 13 pourrait faire penser que Jean a vu quelqu'un qui ressemblait au Fils de l'Homme mais que ce n'était pas lui. C'est pourtant bien la même phrase que l'on retrouve dans Abraham 3:27 :

"Le Seigneur dit : 'Qui enverrais-je ? Un, qui était semblable au Fils de l'Homme répondit : Me voici, envoie-moi." Il s'agit donc sans aucun doute du Seigneur.

Apocalypse 14:14 fait référence au même personnage, qui laissa Jean l'adorer, alors que l'un des anges de la vision (Apocalypse 22:8) refusa que Jean l'adore. Le personnage que Jean vit au début de la vision est bien le Seigneur lui-même. Les 7 chandeliers représentent les Églises. En fait, l'Église doit bien apporter la lumière du Christ au monde (3 Néphi 15:9 ; 18:24 ; Matthieu 5:14-16 ; 3 Néphi 12:14-16). Cette vision rappelle que le Seigneur est toujours dans son Église et qu'il se tient proche de ses saints, comme leur roi et leur grand-prêtre, prêt à les aider dans leurs difficultés ; et les dirigeants de son Église sont bien dans sa main droite, là où il peut les soutenir, les aider et les diriger. Suit une description du Sauveur, qui illustre bien la vision de gloire dans laquelle celui-ci apparaît.

Le verset 16 nous explique que : "De sa bouche sortait une épée aigue, à 2 tranchants". C'est un symbolisme récurrent dans les Écritures (voir Ésaïe 11:4 ; 49:2 ; D&A 33:1). Cette épée est un symbole du pouvoir d'exécution et du jugement de Dieu, pouvoir qui lui permet d'ouvrir, de trancher et de révéler.

Le verset 18 : "Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts". A l'époque du Nouveau Testament, le terme mort et séjour des morts (en grec hadès) étaient le monde des esprits. Il est clair ici que Dieu dirige à la fois le paradis et la prison des esprits. On sait que, par son expiation, le Sauveur a obtenu le pouvoir sur l'enfer et sur la mort en exerçant les clés de la résurrection.

Versets 19 et 20 : la commission finale de Jean. Les choses qui sont, constituent le message aux 7 Églises, que l'on trouve dans les chapitres 2 et 3. Les choses qui doivent arriver après elles, représentent tout le reste du livre.

(Chapitres 2 et 3)– Le message aux 7 Églises :

Les 7 Églises d'Asie sont Éphèse, Smyrne, Bergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. Le message aux 7 Églises peut être divisé en 3 parties :

– d'une part, un avertissement ou des reproches,
– d'autre part, des compliments ou louanges,
– enfin, des promesses.

À l'époque où Jean écrit, l'apostasie est largement répandue dans toutes les Églises chrétiennes du temps. Ces lettres montrent 6 domaines où l'apostasie est évidente :

1–  la volonté de se compromettre avec le paganisme,
2–  le reniement du Christianisme, du fait de la persécution des Juifs,
3–  l'acceptation de dirigeants non autorisés,
4–  l'approbation de fausses doctrines, qui sont promulguées par de faux prophètes,
5–  l'indifférence et la tiédeur de l'engagement,
6–  la perte de l'amour pour l'Église et pour le Maître.

Ainsi, l'un des thèmes centraux du livre de l'Apocalypse est sans aucun doute celui de l'autorité, à savoir, qui a le droit de présider et de définir les doctrines de l'Église. Bien d'autres références nous montrent que l'apostasie était largement engagée (2 Pierre 2:1-2 ; Actes 20:30-31
; 1 Jean 2:18-19 ; 2 Pierre 2:10 ; 2 Thessaloniciens 2:3 ; Hébreux 6:4-6). Jean cite certaines doctrines : la doctrine de Balaam et celle des Nicolaïtes, ainsi qu'une femme Jézabel, qui se dit prophétesse. Pour ce qui est de l'aspect exact de ces doctrines, il nous est inconnu. Cependant, on sait qu'un prophète, devenu apostat dans l'Ancien Testament, avait introduit en Israël l'adoration de Baal, avec ses orgies et ses perversions (voir Nombres 22:1 à 25:9 ; 31:16). Pour les Nicolaïtes, on pense qu'ils ont été un groupe pseudo-prophétique, puisque Nicolas est mentionné comme l'un des 7 diacres dans Actes 6:5, s'il s'agit bien du même personnage (voir aussi D&A 117:11). Jézabel semble avoir été une sorte de prophétesse, comme il y en avait plusieurs à l'époque de l'antiquité, que l'on appelait sibylles, qui étaient des femmes qui tournaient en extase, des sortes de médiums qui parlaient en oracles. Nombre de ces oracles furent même rassemblés en une collection de maximes, connue dans la littérature apocryphe comme le livre des Sibylles. Toutes ces formes d’idolâtrie incluaient une impudicité, une fornication spirituelle, peut-être même davantage à une impudicité charnelle. Jean ne donne d'ailleurs aucun signe aux différentes Églises qu'elles pourront survivre à la crise qu'elles sont entrain de traverser. Les promesses, par ailleurs, parlent d'un salut qui est de nature individuelle, et où le symbolisme du temple est très présent sur le tableau des différentes promesses aux 7 Églises.




ÉPHÈSE

SMYRNE

PERGAME

THIATYRE

SARDES

PHILADELPHIE

LAODICÉE
INFORMATIONS SUR LES VILLES
La plus grande ville de la province d'Asie, son centre principal. La 4e plus grande ville de l'empire ; siège du temple de Diane , qui était l'une des 7 merveilles du monde. Elle devint l'un des centres les plus importants de l'Église, après Jérusalem. Peut-être que Marie y a vécu. Avait une rivière et un port, qui plus tard furent comblés. Etait une ville en déclin, et également une ville malsaine.

Port important. Détruit en 580 avant JC par un tremblement de terre. Reconstruit en 290 avant JC. Polycarpe fut le 1er évêque (martyrisé en 162 après JC). 1ère ville à adopter le culte impérial, de même que d'autres dieux romains. En 177, fut détruite par un autre tremblement de terre, et fut reconstruite plus tard.

Capitale de l'Asie, centre du culte impérial en Asie. 3 temples lui étaient consacrés. Centre de l'adoration d'Esculape (médecine). Siège du proconsul romain. Immense bibliothèque (plus de 200 000 manuscrits). Etait le centre du monde romain dans toute l'Asie.

La plus petite et la moins importante des villes, mais qui reçut la lettre la plus longue. Avait de nombreuses corporations d'artisans, entre autres la teinture de la laine. On ne pouvait obtenir de travail sans faire partie de ces corporations.

Située à la croisée de 5 routes principales. Grandes richesses, mais aussi grande immoralité. Elle est construite sur une colline, fut conquise 3 fois par des armées qui passèrent par l'autre côté.

Signifie "amour fraternel". Porte de l'orient. Toutes les routes commerciales passaient par là. Beaucoup d'idolâtrie et centre de l'adoration de Bacchus, dieu du vin, de la vigne et de l'ivresse.

Centre commercial prospère, célèbre pour ses banques. Environ 7000 hommes juifs dans la ville. Population très accomodante. Hyéropolis était en amont, et un centre de sources d'eau chaude. L'eau était donc tiède à Laodicée. Les gens ne s'engageaient pas. Centre célèbre pour les problèmes de vision et sa production de collyre.








DESCRIPTION
DU CHRIST

Celui qui tient les 7 étoiles dans sa main droite, et marche au milieu des 7 chandeliers d'or.

Le Premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie.

Celui qui a l'épée aigüe à 2 tranchants.

Fils de Dieu (seule fois mentionné dans l'Apocalypse). Celui qui a les yeux comme une flamme, les pieds sont semblables à de l'airain ardent.

Celui qui a les 7 esprits de Dieu et les 7 étoiles.

Le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre et personne ne fermera, celui qui ferme et personne n'ouvrira.

L'Amen, le Témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu.








PAROLES DE LOUANGES

Connaît les oeuvres, le travail et la persévérance, ne peut supporter les méchants. A mis à l'épreuve les faux apôtres. A souffert à cause de son nom (du Christ) sans se lasser, hait les oeuvres des Nicolaïtes.

Tribulations et pauvreté, calomniée par les Juifs, elle continuera à endurer les persécussions.

Le Seigneur sait que cette ville est le trône de Satan, mais la ville retient le nom du Christ et n'a pas renié la foi, même pendant les persécutions, là où Satan demeure.

Connaît tes oeuvres, ton amour, ta foi, ton service fidèle, ta constance. Tes dernières oeuvres sont plus nombreuses que les 1ères.

Connaît les oeuvres. Quelques personnes n'ont pas souillé leurs vêtements.

Connaît les oeuvres. Peu de puissance mais a gardé la parole, n'a pas renié son nom, a gardé la parole de la persévérance en Christ.

Aucune








CONDAMNATION

A abandonné son amour premier pour le Christ, est tombée par rapport à ses 1ers engagements.

Aucune

A accepté les faux prophètes (doctrines de Balaam et des Nicolaïtes). Se livre à l'impudicité.

Laisse la femme Jézabel enseigner et séduire les serviteurs. Se livre à l'impudicité et mange les viandes sacrifiées aux idoles.

Les oeuvres ne sont pas parfaites devant Dieu. Passe pour être vivant mais en réalité est mort.

Aucune

Ni froid ni bouillant, mais tiède, sera vomi de la bouche.






CORRECTION

Doit se repentir et se souvenir de ses 1ers engagements.

Aucune

Repens-toi, sinon je viendrai bientôt, et combattrai avec l'épée de ma bouche.

Corrigez ce problème et tout ira bien.

Rappelle toi ce que tu as reçu et entendu, garde-le et repens toi.

Aucune

Obtenir l'or éprouvé par le feu, obtenir des vêtements blancs et un collyre pour voir.




DÉFI

Que celui qui a des oreilles entende ce que l'esprit dit.

Idem

Idem

Idem

Idem

Idem

Idem




PROMESSE




















Celui qui vaincra mangera de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu.

Celui qui vaincra n'aura pas à souffrir de la 2e mort.

Celui qui vaincra recevra la manne cachée, et recevra un caillou blanc sur lequel est écrit le nouveau nom, que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit.

Je donnerai autorité sur les nations. Paîtra avec une verge de fer. Recevra l'étoile du matin

Celui qui vaincra sera revêtu de vêtements blancs. Son nom ne sera pas effacé du livre de vie, et le Christ confessera son nom devant le Père et devant les anges.

Celui qui vaincra deviendra une colonne dans le temple de Dieu, et n'en sortira plus. Le nom de Dieu sera écrit sur lui, ainsi que le nom de la ville de Dieu, la Nouvelle Jérusalem, qui vient du ciel, et le nouveau nom.

Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi.
Sera assis sur son trône avec le Père.





L'APOCALYPSE

La vision des cieux
Leçon 3 – Commentaires des chapitres 4 et 5

(Chapitre 4:1) – Ce qui doit arriver dans la suite :

La phrase "Après cela je regardais, et voici" est utilisée dans le livre de l'Apocalypse pour introduire une nouvelle vision. Le mot grec thura, qui signifie porte, suggère une porte grande ouverte à double battant, symbolisant l'entrée du domaine de Dieu. L'expérience de Jean rappelle celle de Joseph Smith, telle qu'on la trouve dans D&A 137:1-2 :
"Les cieux s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume, si ce fut dans mon corps ou hors de mon corps, je ne sais.
Je vis la beauté transcendante de la porte par laquelle les héritiers de ce royaume entreront, porte qui était semblable à des flammes tournoyantes".

(Chapitre 4:2-3)– Le trône dans les cieux :

Dans cette vision, la perspective de Jean n'est plus celle du temps de ce monde, celui de l'histoire, mais la vision d'un moment éternel. Comme Joseph Smith l'a déclaré : "Le passé, le présent et le futur étaient et sont, pour lui, comme un éternel maintenant". La vision du Seigneur sur son trône, comme symbole de son absolue omnipotence, fait écho à Ézéchiel 1:26-28. Cependant, la description de la vision faite par Jean n'inclut pas la personne de Dieu lui-même, mais on nous décrit plutôt sa splendeur. On nous parle de la pierre de sardoine, qui est d'un rouge sang, et de la pierre de jaspe, qui en général est verte. On peut penser qu'on a là des couleurs qui symbolisent à la fois la vie et la mort. L'impression rendue est celle de lumière, de scintillement, de splendeur, qui rappelle : "Il s'enveloppe de lumière comme d'un manteau" (Psaumes 104:2), ainsi que, celui : "qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir" (1 Timothée 6:16). Le verset parle également d'un arc en ciel semblable à de l'émeraude et qui encercle le trône. Cet arc en ciel n'est pas sans rappeler le signe de l'alliance entre Dieu et Noé (Genèse 9:8-17). Là encore le vert de l'émeraude est symbole de vie et veut montrer que si Dieu, dans sa souveraineté, triomphe et est le grand juge, cela ne se fait pas au prix de sa miséricorde, qui demeure active et efficace. Ainsi, Dieu n'a pas oublié la promesse qu'il a faite à Noé.

(Chapitre 4:4-6)– Les 24 "Anciens" et la mer de verre :

Il y a 24 trônes, sur lesquels sont assis 24 vieillards. Le mot grec ici est presbuteros, qui devrait être traduit par Ancien, ou prêtre, et non par vieillard, comme ça l'est dans la version française. D&A 77:5 explique :

"Ces anciens que Jean a vus étaient des anciens qui avaient été fidèles dans l'œuvre du ministère et étaient morts ; qui appartenaient aux sept Églises et étaient alors dans le paradis de Dieu."

Ces hommes avaient mérité la promesse : "... et il vous emportera dans une nuée et donnera à chacun sa part. Et celui qui sera un intendant fidèle et sage héritera de tout." (D&A 78:21-22). Le nombre est ici aussi symbolique. Dans l'Ancien Testament, les sacrificateurs, les Lévites, étaient distribués en 24 classes (voir 1 Chroniques 24:7-18 ; 25:9-31). Mais on peut y voir aussi la combinaison des 12 patriarches des 12 tribus d'Israël, avec les 12 apôtres, ce qui pourrait représenter la rédemption des 2 alliances de l'Ancien Testament comme du Nouveau Testament, c'est-à-dire de l'ancienne Alliance comme de la Nouvelle Alliance, à travers Jésus-Christ. Cette interprétation peut être suggérée par l'Apocalypse lui-même, où les patriarches et les apôtres sont liés dans la description de la Nouvelle Jérusalem, où les 12 noms des patriarches sont sur les portes, alors que les murailles de la ville portent sur leurs fondements les noms des 12 apôtres de l'Agneau (Apocalypse 21:12, 14). De même, ceux qui sont rachetés chantent le cantique de Moïse et le cantique de l'Agneau, liant ainsi l'Ancien et le Nouveau Testaments (Apocalypse 15:3). Ces 24 Anciens sont revêtus de vêtements blancs qui symbolisent leur prêtrise et leur office sacerdotal. Ils ont sur leur tête une couronne d'or, qui symbolise, avec les trônes, leur royauté. Ils sont donc bien encore rois et prêtres, ce qui nous est rappelé comme promesse pour tous les saints dans Apocalypse 20:6 : "Ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans".
 

Le verset 5 nous parle de voix qui sortent du trône. Ici le mot grec est phoné, qui peut être traduit par sons, tons ou bruits, aussi bien que par voix. Ces phénomènes symbolisent le pouvoir divin, sa majesté et sa gloire. On retrouve cette même idée au Sinaï, où Jéhovah apparut dans les tonnerres et les éclairs (voir Exode 19:16-19). Les 7 lampes ardentes qui sont devant le trône sont toujours ces mêmes 7 esprits de Dieu qui sont, en fait, les 7 serviteurs dont on a parlé plus haut.

Enfin le verset 6 nous parle de cette mer de verre semblable à du cristal. D&A 77:1 nous explique : "C'est la terre dans son état sanctifié, immortel et éternel."

(Chapitre 4:6-8)– Les 4 êtres vivants :

Ces 4 êtres vivants rappellent la description que l'on trouve dans l'Ancien Testament (Ézéchiel 1:5-10 ; 10:14
; Ésaïe 6:2-3 ; Daniel 7:3-7). Le mot grec choisi ici est zoon, qui signifie créature vivante, et qui est tout à fait en contraste avec le mot thérion, qui signifie animal sauvage, bête, mot qui sera utilisé plus tard pour décrire ceux qui sont associés à Satan. Joseph Smith a enseigné que ces "bêtes avaient probablement vécu sur une autre planète, et non pas sur la nôtre". Et le prophète continue : "La vision de Jean était très différente de celle de la prophétie de Daniel, l'une se référant à des choses qui existent vraiment dans les cieux, tandis que l'autre est un type de choses qui sont sur la terre". D&A 77:3 explique :

"Q. Les quatre bêtes se limitent-elles à des bêtes individuelles ou représentent-elles des classes ou des ordres ?
R. Elles se limitent à quatre bêtes individuelles qui furent montrées à Jean pour représenter la gloire des classes d'êtres dans l'ordre ou la sphère de la création qui leur est destinée, dans la jouissance de leur félicité éternelle".

Ainsi, de la même façon que les Anciens, ces êtres vivants sont à la fois réels, mais aussi symboliques, comme nous le rappelle le verset 2 de la section 77 :

"Q. Que faut-il entendre par les quatre bêtes dont il est parlé dans le même verset ?
R. Ce sont des expressions figurées utilisées par le Révélateur, Jean, pour décrire le ciel, le paradis de Dieu, le bonheur de l'homme, des animaux, des reptiles et des oiseaux de l'air ; ce qui est spirituel étant à l'image de ce qui est temporel et ce qui est temporel étant à l'image de ce qui est spirituel ; l'esprit de l'homme à l'image de sa personne, de même que l'esprit de la bête et de toute autre création de Dieu".

Ainsi, ces créatures vivantes ont des visages différents. Le 1er ressemble à un lion, le 2e à un veau, le 3e a la face d'un homme et le 4e est semblable à un aigle, et chacune de ces créatures représente un ordre d'êtres : l'humanité, les animaux domestiques, les animaux sauvages, et les oiseaux et toutes les autres créatures. Leurs ailes et leurs yeux sont aussi symboliques. D&A 77:4 :

"Q. Que faut-il entendre par les yeux et les ailes que les bêtes avaient ?
R. Les yeux représentent la lumière et la connaissance, c'est-à-dire qu'elles sont pleines de connaissance, et leurs ailes représentent le pouvoir de se mouvoir, d'agir, etc".

(Chapitre 4:9-11)– La scène d'adoration :

Nous avons là une symphonie d'adoration et de louanges à Dieu. Les créatures vivantes ainsi que les vieillards rendent gloire, honneur et remerciements à celui qui est assis sur le trône. Les 24 Anciens jettent leurs couronnes devant lui, pour montrer que leur autorité est déléguée de Dieu ; elles montrent également leur pleine dévotion et le fait qu'ils ont vécu pleinement la loi de consécration et d'intendance. Ils ont agi en tant qu'intendants de leurs responsabilités, mais consacrent de nouveau tout ce qu'ils ont reçu à Dieu.

Le verset 11 nous rappelle : "Car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles ont été créées." On en retrouve l'écho dans D&A 88:13 :

"La lumière qui est en tout, qui donne la vie à tout, qui est la loi par laquelle tout est gouverné, à savoir le pouvoir de Dieu qui est assis sur son trône, qui est dans le sein de l'éternité, qui est au milieu de tout."

Ceci nous rappelle également Mosiah 2:21, qui parle de Dieu "... qui vous a créés dès le commencement, qui vous préserve de jour en jour, en vous prêtant le souffle pour que vous puissiez vivre, avoir le mouvement et agir à votre volonté, vous soutenant même d'un instant à l'autre..."

(Chapitre 5:1-5)– Le livre de la destinée :

Dans la main droite de Dieu, Jean voit un livre (un rouleau) qui a une signification particulière, car il est "écrit en-dedans et en-dehors, scellé de 7 sceaux". D&A 77:6 :

"Q. Que faut-il entendre par le livre que Jean vit, qui était scellé de sept sceaux dans le dos ?
R. Il faut entendre qu'il contient la volonté révélée, les mystères et les œuvres de Dieu ; les choses cachées de son économie concernant cette terre au cours des sept mille ans de sa durée ou de son existence temporelle." (Voir aussi D&A 88:108-110).

Ce livre est écrit en-dedans et en-dehors, ce qui est parallèle à Ézéchiel 2:10. En fait, rien n'a été oublié ou omis. On ne peut non plus rien y ajouter. Il s'agit bien du livre de la destinée de l'humanité ; ce qui veut nous rappeler que, depuis le commencement, Dieu connaît la fin de l'histoire. Deux mots grecs sont utilisés pour suggérer ce pouvoir particulier qu'a Dieu : on parle de prognosis, qui est en général traduit par prescience, et proginosko, qui est souvent traduit par prédestinée, comme dans Romains 8:29-30, ou Romains 9:11, qui parle du dessein d'élection. En fait, nous savons qu'il s'agit là du principe de la pré ordination. Dieu, de par sa prescience, ou sa connaissance anticipée des choses et des individus, a préparé le cours de l'histoire, en utilisant les individus selon sa volonté, les faisant venir sur terre aux moments opportuns. Il a ainsi ordonné les choses, mais ces esprits ne sont en aucune manière manipulés de la part de Dieu. Ils agissent selon leur volonté, Dieu les ayant seulement pré ordonnes pour une mission spécifique ; et c'est par cette pré ordination qu'il peut ordonner le cours de l'histoire, mais aussi maintenir le libre arbitre de l'homme. C'est un sujet délicat, que toute l'histoire du Christianisme, et plus largement l'histoire des religions, a tenté de résoudre avec grandes difficultés.

Le document est scellé de 7 sceaux. Le verbe utilisé est sphraguzo, qui signifie fournir un sceau, et qui a le sens de garantir le contenu et l'authenticité. Le sceau était également la marque du propriétaire, qui mettait sa lettre, son symbole ou son chiffre. Avec le temps, on associa le sceau avec une idée de protection et de sécurité, idée que l'on retrouve dans l'expression être scellé par le Saint-Esprit (voir Éphésiens 1:13), ce qui implique cette idée d'identification, mais aussi de récompense éternelle, parce que d'appartenance à Dieu et à son pouvoir protecteur. Les archéologues ont retrouvé en Israël un document comportant des sceaux semblables. C'était un contrat légal important. Ainsi la référence au document avec 7 sceaux est aussi symbolique d'un contrat ou d'une alliance qui lie les 2 parties. Dans l'antiquité, seule la personne ayant l'autorité pouvait ouvrir le document et briser les sceaux, et exécuter le testament, c'est-à-dire la volonté de l'auteur. Ainsi, on cherche qui est digne d'ouvrir le livre et de rompre les sceaux. Mais personne, dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne peut ouvrir le livre et le regarder. Jean pleura sur cette situation. Le verbe utilisé en grec dunamai suggère le pouvoir ou la dignité. Jean fut vite consolé, car l'un des Anciens lui parla du lion de la tribu de Juda et du rejeton de David, qui a vaincu pour ouvrir le livre et ses 7 sceaux. Le lion de Juda est une référence à Genèse 49:9-10. Tandis que le rejeton de David fait allusion à l'arbre de Jesse, dont on parle dans Ésaïe 11:1, qui est la future ligne davidique, d'où naîtra le Sauveur.

(Chapitre 5:6-7)– L'Agneau immolé :

L'Agneau est proche du trône, pour bien indiquer la place centrale qu'il utilise dans la scène et dans la création de Dieu. Le verbe grec, sphazo est une référence à l'acte du sacrifice, référence peut-être à l'agneau pascal de l'exode d'Israël sortant d'Egypte, et qui est le type même de la victoire finale du Messie. Il s'agit de la victoire par le sacrifice (Jean 16:33), sacrifice qui est enraciné dans l'amour. L'Agneau est décrit comme ayant 7 yeux et 7 cornes. Là encore, les yeux représentent la connaissance (Zacharie 4:10), symbole de l'omniscience divine. Les cornes représentent le pouvoir (Nombres 23:22
; Deutéronome 33:17 ; 1 Samuel 2:1 ; 1 Rois 22:11 ; Psaumes 75:4 ; 89:17). Ainsi tous les 2 sont marques de la dignité royale (Psaumes 112:9, 148:14, Zacharie 1:18, Daniel 7:7 et 20, 8:3). Christ possède, dans leur plénitude, les pouvoirs d'omnipotence et d'omniscience. Il est, comme le rappelle 1 Corinthiens 1:24, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Joseph Smith, dans sa traduction inspirée, rajoute de la clarté, car il décrit l'Agneau comme ayant 12 cornes et 12 yeux, précisant qu'ils sont "les 12 serviteurs de Dieu envoyés de par le monde". Douze, comme nous l'avons déjà vu, est le nombre de la prêtrise, et cette interprétation montre que l'Agneau est au centre de la prêtrise. Christ, en effet, est appelé le grand prêtre, le grand souverain sacrificateur (Hébreux 4:14), ce qu'il nous a expliqué dans D&A 107:1-6 :

"Il y a, dans l'Église, deux prêtrises, à savoir les Prêtrises de Melchisédek et d'Aaron, y compris la Prêtrise lévitique.
La raison pour laquelle la première est appelée la Prêtrise de Melchisédek c'est que Melchisédek était un grand-prêtre tellement éminent.
Avant son temps, elle s'appelait la Sainte Prêtrise selon l'Ordre du Fils de Dieu.
Mais par respect ou révérence pour le nom de l'Être Suprême, afin d'éviter la répétition trop fréquente de son nom, l'Église, dans les temps anciens, appela cette prêtrise du nom de Melckisédek, ou Prêtrise de Melchisédek.
Toutes les autres autorités, tous les autres offices de l'Église sont des annexes de cette prêtrise.
Mais il y a deux divisions ou grands titres – l'une est la Prêtrise de Melckisédek, et l'autre la Prêtrise d'Aaron ou lévitique."

Ainsi qu'au verset 8 :

"La Prêtrise de Melchisédek détient le droit de présidence et a pouvoir et autorité sur tous les offices de l'Église à toutes les époques du monde, pour administrer les choses spirituelles."

La traduction inspirée de Joseph Smith parle de ces serviteurs qui sont envoyés. Le terme grec apostello est traduit par envoyé, ce qui a donné le terme apôtre.

(Chapitre 5:8-14)– Le cantique nouveau :

Chaque ancien a une harpe, pour chanter des louanges à l'Agneau. On chante un nouveau cantique, symbole de la Nouvelle Alliance, nouveau cantique dont on a la référence dans l'Ancien Testament (Psaumes 33:3
; 40:3 ; 96:1). Ésaïe 42:10-11 nous déclare :

"Chantez à l'Éternel un cantique nouveau, chantez ses louanges aux extrémités de la terre, vous qui voguez sur la mer et vous qui la peuplez, îles et habitants des îles ! Que le désert et ses villes élèvent la voix ! Que les villages occupés par Kédar élèvent la voix ! Que les habitants des rochers tressaillent d'allégresse ! Que du sommet des montagnes retentissent des cris de joie !"

Ainsi l'Agneau fut capable de faire ce que personne d'autre ne pouvait faire, d'exécuter la volonté du Père. L'Agneau a pu ouvrir le livre et le lire, car il avait été sacrifié. C'est lui, Dieu, qui s'est donné en sacrifice, pour apaiser les exigences de la justice, et permettre au pouvoir de la miséricorde et au pouvoir de la grâce d'abonder. La victoire est venue de sa mort, la rédemption, de son sang.



L'APOCALYPSE
Les 6 premiers sceaux
Leçon 4 – Commentaires des chapitres 6 et 7

Après la fin du chant d'adoration, l'Agneau commence à ouvrir chacun des 7 sceaux. Et tandis qu'il les brise, sur le livre de la destinée humaine, chaque sceau symbolise une partie de la portion de l'histoire de la terre. D&A 77:7 :

"Q. Que faut-il entendre par les sept sceaux dont il était scellé ?
R. Il faut entendre que le premier sceau contient les choses du premier millénaire, le deuxième, celles du deuxième millénaire et ainsi de suite jusqu'au septième."

D'après D&A 88:108-110 (voir l'écriture), les sceaux seront ouverts au moment de la seconde venue. Cependant, en brisant chaque sceau, le document ne sera pas encore ouvert. Celui-ci sera ouvert seulement lorsque le 7e sceau sera brisé. Tous doivent attendre que la volonté de Dieu soit exécutée pleinement. Jean utilise des chevaux et des cavaliers pour symboliser les événements des 4 premiers millénaires. Ce symbolisme vient de l'Ancien Testament, mais modifié, comme toujours, pour les intentions de l'Apocalypse. Cela fait référence aux 2 visions de Zacharie, celle des 4 cavaliers et celle des 4 chariots (voir Zacharie 1:8-11
; 6:1-8). Dans l'Apocalypse, il y a également des couleurs différentes, mais celles-ci ont le sens de la caractéristique de chaque millénium : la conquête pour le blanc, la guerre et le carnage pour le rouge, la famine et la peste pour le noir, la mort pour le cheval pâle.

(Chapitre 6:1-2)– Le premier sceau :

Le 1er cavalier est sur un cheval blanc. La couleur suggère à la fois la pureté et la victoire. Dans les coutumes proche-orientales, les conquérants avaient l'habitude de chevaucher un cheval blanc pour leur triomphe. Cela suggère que le cavalier appartient à Dieu, qu'il est un prophète puissant, rempli de lumière. Il porte un arc, qui est symbole de guerre, suggérant une période pendant laquelle la justice a dû attaquer. Il porte une couronne. Ici le mot grec stephanos suggère la victoire, plutôt que le pouvoir politique, en grec diadéma. L'utilisation de la voie passive, "une couronne lui fut donnée", est typique de tout le livre de l'Apocalypse. Par là, Jean veut suggérer qu'il y a un pouvoir qui opère derrière le développement de l'histoire, lui donnant sa forme, le guidant, en accord avec sa volonté particulière. Ce pouvoir est Dieu, comme l'a déjà indiqué Jean, qui travaille et oeuvre à travers l'Agneau.

Le 1er millénaire de l'histoire de la terre a vu le début de la méchanceté, de l'apostasie et de la guerre. Mais c'est aussi le moment où le prophète Enoch a posé les fondations de Sion. Bruce R. McConkie déclare :

"Ce que Jean a vu n'était pas l'établissement de Sion et son enlèvement dans les sphères célestes, mais plutôt les guerres sans parallèle dans lesquelles Enoch, général de toutes les armées des saints ""partirent vainqueurs et pour vaincre""."

Les chapitres 6 et 7 de Moïse contiennent l'histoire du prophète Enoch, et on y trouve la description suivante :

"Et si grande était la foi d'Enoch qu'il conduisit le peuple de Dieu et que leurs ennemis vinrent se battre contre eux. Et il dit la parole du Seigneur et la terre trembla, les montagnes s'enfuirent à son commandement et les rivières d'eaux furent détournées de leurs cours, le rugissement des lions se fit entendre du désert et toutes les nations furent saisies d'une grande crainte, tant était puissante la parole d'Enoch, et si grand était le pouvoir du langage que Dieu lui avait donné." (Moïse 7:13).

Ayant soumis les ennemis terrestres, le peuple de Sion réussit à soumettre également les appétits, les passions, les maladies et la peine et même la mort de cette condition terrestre. Véritablement, la conquête en justice était la caractéristique de cette époque.

(Chapitre 6:3-4)– Le 2e sceau :

Dans le second millénaire, Sion s'était enfuie et la corruption dominait. Jean vit un 2e cheval, qui était roux (le mot signifie rouge feu. Le dragon du chapitre 12 a la même couleur). La couleur suggère la violence et le carnage dans le fait de verser le sang. Mais elle représente également le péché. Dans Moïse 6:28-29, nous lisons :

"Au cours de ces nombreuses générations, depuis le jour même où je les ai créés, ils ont quitté la route, m'ont renié et ont cherché leurs propres conseils dans les ténèbres. Et dans leurs abominations, ils ont imaginé le meurtre et n'ont pas gardé les commandements que j'ai donnés à leur père, Adam.
C'est pourquoi, ils se sont parjurés, et, par leurs serments, ils se sont attiré la mort, et je leur ai préparé un enfer s'ils ne se repentent pas."

Énoch avait vu le résultat de cette période. Moïse 7:4 : "... Regarde, et je te montrerai le monde pendant l'espace de nombreuses générations". Et il continue en décrivant :

"Je contemplai la vallée de Shum, et voici, je vis un grand peuple qui demeurait dans des tentes, qui était le peuple de Shum.
Et le Seigneur me dit encore : Regarde ; et je regardai vers le nord et vis le peuple de Canaan, qui demeurait dans des tentes.
Et le Seigneur me dit : Prophétise. Et je prophétisai, disant : Voici, le peuple de Canaan, qui est nombreux, ira, rangé en bataille, contre le peuple de Shum, et le frappera de sorte qu'il sera complètement détruit ; le peuple de Canaan se répartira dans le pays, et le pays sera aride et stérile, et aucun autre peuple que le peuple de Canaan n'y demeurera." (Moïse 7:5-7).

C'est ainsi que le second millénaire vit le début de la guerre organisée, ayant pour objectif le génocide. Une grande épée est donnée au cavalier, ce qui est aussi symbole de mort violente. Dans Mormon 4:5, on lit :

"Mais voici, les jugements de Dieu rattraperont les méchants ; et c'est par les méchants que les méchants sont punis ; car ce sont les méchants qui excitent le coeur des enfants des hommes à l'effusion du sang."

Il est possible que le cavalier roux soit le symbole même de Satan, qui régna de façon indiscutée pendant cette période, qui amena aussi le déluge.

(Chapitre 6:5-6)– Le 3e sceau :

Le 3e cavalier est de couleur noire et est symbole de mort, particulièrement de famine et de peste. Le peuple de Dieu lui-même fut victime de ces famines. Le frère d'Abraham, Haran, mourut de faim et le prophète lui-même fut contraint à partir pour Canaan puis pour l'Egypte, afin de survivre (Abraham 1:29-30
; 2:2-15). La même chose fut vraie pour Jacob et ses fils (Genèse 41 à 44). Ainsi la période qui va de 2000 ans à 1200 ans avant Jésus-Christ fut caractérisée par de vastes mouvements de population, de grandes migrations de peuples, qui apportèrent difficultés, guerres et tumultes. Le cavalier tient une balance dans sa main, et la voix qui vient des cieux parle d'une mesure de blé pour un denier, ou 3 mesures d'orge pour un denier. Le denier correspondait au salaire journalier d'un ouvrier (Matthieu 20:2). D'ordinaire, ce denier pouvait permettre d'acheter 10 à 16 mesures de blé, et le double d'orge. Ici, les conditions de famine sont telles qu'un individu peut juste survivre avec le travail d'une journée. L'expression : "mais ne fais point de mal à l'huile et au vin" veut indiquer que c'est Dieu qui contrôle la famine, et que s'il y a de grands besoins, tout ne viendra pas à manquer. L'expression "l'huile et le vin" revient souvent dans l'Ancien Testament, pour signifier les produits nutritifs de la terre (Deutéronome 7:13 ; 11:14 ; 28:51 ; 2 Chroniques 32:28 ; Néhémie 5:11 ; Osée 2:8 ; Joël 2:19). Dans le Rouleau du Temple, l'un des manuscrits de Kumran, ou manuscrits de la mer Morte, 2 fêtes juives jusque là inconnues sont mentionnées : la fête de l'huile et la fête du vin nouveau. Ces 2 produits sont associés aux offrandes du temple et servaient aux sacrifices. Elles étaient conservées dans un lieu spécial et ne pouvaient être manipulées que par les prêtres. Flavius Josèphe décrit l'horreur du sacrilège, lorsque le temple fut violé, et qu'un certain Jean et ses troupes utilisèrent jusqu'à la dernière goutte de l'huile du temple pour s’oindre eux-mêmes et tout le vin pour boire librement. Il conclut que ce geste seul justifierait la destruction du temple. Il est possible que Jean, l'apôtre, ait voulu suggéré que la maison de Dieu survivrait à la famine.

(Chapitre 6:7-8)– Le 4e sceau :

Le dernier cheval est d'une couleur pâle. Le mot grec est chloros, qui suggère une couleur verdâtre, symbole de mort. Ce cavalier n'est pas seul, le séjour des morts l'accompagne. En fait, cette période, qui va de 1000 ans avant Jésus-Christ jusqu'à la naissance du Sauveur, est une période qui vit la montée et la chute des grands empires mondiaux, parmi lesquels Babylone, la Syrie, la Perse et la Macédoine. La Palestine se trouvait au milieu des enjeux de ces grands empires, et ses dirigeants politiques essayèrent, sans succès, d'utiliser le jeu des alliances, malgré les avertissements des grands prophètes comme Osée, Amos, Ésaïe, puis plus tard Jérémie et Léhi. C'est ainsi que la mort et l'enfer eurent pouvoir sur un quart de la terre, ce qui pourrait suggérer que ces événements étaient limités géographiquement. Les 4 moyens de destruction, l'épée, la famine, la mortalité et les bêtes sauvages de la terre, font écho à Ézéchiel 5:16-17
; 14:21. Les bêtes sauvages de la terre pourraient suggérer que des régions entières se trouvèrent dépeuplées et trouvées à l'abandon. Ici encore, la voie passive est utilisée pour montrer que la mort et l'enfer n'avaient pas un pouvoir par eux-mêmes, mais qu'il leur était accordé ; également que leur sphère d'actions était limitée, et qu'il y a un protecteur pour le reste de la terre.

(Chapitre 6:9-11)– Le 5e sceau :

À l'ouverture du 5e sceau, il n'y a plus de cheval et de cavalier, mais Jean voit la réalisation d'une prophétie pour son propre temps. Le 5e sceau représente l'époque de Jean, celle où le fils de Dieu est né, a accompli son ministère et a expié pour les péchés du monde. C'est la dispensation où la Nouvelle Alliance a été établie et où les clés de la résurrection ont été utilisées pour la 1ère fois. Mais Jean ne fait mention que de la destruction délibérée de ceux qui étaient témoins de la parole de vie. Ce qui nous montre bien que Jean savait que cette dispensation arriverait à sa fin. Dans Matthieu 24:9-10, on lit :

"Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom.
Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres.".

Jean voit les âmes de ceux qui ont été immolés sous l'autel. Cette idée implique celle du sacrifice par loyauté à Dieu. Leur position sous l'autel suggère qu'ils ont été martyrs, à savoir témoins. Pendant les rites sacrificiels, le sang de la victime, symbole de sa vie, était versé à la base de l'autel et coulait en dessous (voir Lévitique 4:7 et 17:11). Cependant ce n'est pas seulement dans leur mort mais bien dans leur vie qu'ils sont un sacrifice en justice. Comme Paul le rappelle dans Romains 12:1 :

"Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable."

Frère McConkie a déclaré : "Les martyrs de la religion se trouvent à toutes les époques où il y a eu des justes et des méchants sur la terre. Le Christ lui-même fut un martyr qui a donné volontairement sa vie, suivant le plan du Père, afin que l'immortalité et la vie éternelle puissent être disponibles pour ses frères (Jean 10:10-18).
"Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" (Jean 15:13). Les vrais martyrs de la religion reçoivent la vie éternelle. D&A 98:13 :
"Et quiconque donnera sa vie pour ma cause, pour l'amour de mon nom, la retrouvera, à savoir la vie éternelle." (Voir aussi Marc 8:35
; Jean 12:25 ; Apocalypse 2:10).

Mais le fait de donner sa vie n'est pas suffisant pour le martyr de l'Évangile. Les justes comme les méchants sacrifient leur vie pour leurs amis, pour leur pays, sans obtenir par cela aucun espoir ou assurance d'exaltation. Ceux, d'autre part, qui ont la vérité et qui pourraient échapper à la mort en la reniant, sont les martyrs qui recevront la récompense des martyrs, à savoir la vie éternelle. Quand ils scellent leur témoignage de leur sang, ils sont honorés et leurs meurtriers sont condamnés (D&A 136:39). Les robes blanches que ces martyrs reçoivent sont symbole de la pureté de leur vie et de leur victoire finale. Mais on leur enjoint d'être patients. On leur demande de se tenir en repos pendant quelque temps, et cet état suggère la référence à Alma 40:12. Ils sont, en effet, "...reçus dans un état de félicité, appelé paradis, un état de repos, un état de paix où ils se reposeront de tout souci et de toute peine."

(Chapitre 6:12-17)– Le 6e sceau :

Avec le 6e sceau, nous entrons dans l'ère moderne. Nous assistons à une terrible scène de proportion cosmique. Dans la pensée juive de l'antiquité, l'ordre cosmique dépendait de l'obéissance de l'homme vis-à-vis de Dieu. Ainsi, Jean le révélateur veut insister sur le fait que l'homme ne peut pécher sans influencer les cieux et la terre. Le cosmos se fera l'écho de ses mauvaises actions. Ce fait est très bien illustré par Moïse 7:28, 37, 48. Bien évidemment, il ne faut pas prendre littéralement la description de Jean. Elle a aussi un sens symbolique. La littérature biblique associe très souvent les tremblements de terre avec une visite de Dieu, par exemple sur le mont Sinaï (Exode 19:18). Ésaïe explique que les hommes se cacheront dans des cavernes quand le Seigneur viendra pour secouer la terre (Ésaïe 2:19). Aggée 2:6-7 rappelle :

"Car ainsi parle l'Éternel des armées : Encore un peu de temps, et j'ébranlerai les cieux et la terre, la mer et le sec ; J'ébranlerai toutes les nations ; les trésors de toutes les nations viendront, et je remplirai de gloire cette maison, dit l'Éternel des armées."

Cette façon de créer des tremblements de terre est une manière pour le Seigneur de montrer son pouvoir pour avertir les nations. La description symbolique de Jean illustre, de façon dramatique, les grands désastres naturels qui auront lieu dans le 6e millénaire, et qui seront signes avant-coureurs de la catastrophe finale. Cette description a, cependant, des aspects tout-à-fait littéraux, comme le rappelle la révélation du Seigneur à Joseph Smith, que l'on trouve dans D&A 88:87 :

"Car dans peu de jours, la terre tremblera et chancellera comme un homme ivre, le soleil se cachera la face et refusera de donner de la lumière, la lune sera baignée de sang, les étoiles deviendront extrêmement irritées et se jetteront en bas comme une fique qui tombe d'un figuier." (Voir aussi Ésaïe 34:4).

En une autre occasion, le Seigneur a déclaré (D&A 34:9) :

"Mais avant que ce grand jour ne vienne, le soleil sera obscurci, la lune se changera en sang, les étoiles refuseront leur lumière, et certaines tomberont, et de grandes destructions attendent les méchants."

Elder McConkie a déclaré : "Certaines météores célestes ou d'autres objets, qui sembleront être des étoiles, tomberont sur la terre. En fait, les événements de ce jour seront à tel point sans précédent, et au-delà de toute expérience humaine, que les prophètes ont eu du mal à trouver les mots pour décrire ces réalités que leur imposait l'esprit de révélation." La menace de telles désolations amènera le monde à genoux. C'est pourquoi les prophètes ont utilisé le langage symbolique, comme de dire que : "Le ciel se retira comme un livre qu'on roule." On n'est pas sûr du sens précis d'une telle expression. Le mot grec apochorizein ne signifie pas déchirer ou séparer, mais plutôt de déplacer d'un endroit à un autre. Ainsi, les cieux, tels que nous les connaissons, du point de vue de ceux qui se trouvent sur la terre, seront déplacés (voir Marc 13:31
; 2 Pierre 3:10). D&A 88:95 suggère la chose suivante :

"Et il y aura du silence dans le ciel pendant l'espace d'une demi-heure ; et immédiatement après, le rideau des cieux sera déroulé comme l'est un parchemin après avoir été enroulé, et la face du Seigneur sera dévoilée."

Ainsi, Jean note 7 conséquences à la méchanceté de l'humanité :

1– la terre qui tremble,
2– le soleil qui s'obscurcit,
3– la lune qui rougit,
4– les étoiles qui tombent,
5– les cieux qui se retirent,
6– les montagnes et les îles qui changent de place,
7– la consternation universelle de l'humanité.

Il cite également 7 classes d'individus qui seront ainsi affectés :

1– les rois,
2– les grands,
3– les chefs militaires,
4– les riches,
5– les puissants,
6– les esclaves,
7– les hommes libres.

Le choix encore du chiffre 7 semble tout-à-fait délibéré. Cela insiste sur l'idée de complétude. Aucun ennemi de Dieu, quelle que soit sa situation ou sa naissance, n'échappera à la colère de l'Agneau. D&A 29:17 nous rappelle :

"A cause de la méchanceté du monde, il arrivera que je me vengerai des méchants, car ils ne veulent pas se repentir ; car la coupe de mon indignation est pleine ; car voici, mon sang ne les purifiera point s'ils ne m'entendent point."

Pour les 5 premiers sceaux, Jean prend un élément caractéristique et majeur de chaque millénaire. Arrivé au 6e millénaire, il ralentit et donne davantage de détails. En fait, il donne à chaque fois 7 détails ou événements particuliers. Il ralentit car c'est juste à ce moment-là que le dernier millénaire va commencer, le 7e. C'est le moment où le Seigneur paraîtra en majesté et fera trembler les fondations de la terre. Le Seigneur a expliqué son intention en ces mots :

"Et de plus, le Seigneur fera entendre sa voix du ciel, disant : Prêtez l'oreille, ô nations de la terre, et écoutez les paroles de ce Dieu qui vous a faites.
O, nations de la terre, combien de fois vous aurais-je rassemblées comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l'avez pas voulu !
Combien de fois ne vous ai-je pas appelées par la bouche de mes serviteurs, par le ministère d'anges, par ma propre voix, par la voix des tonnerres, par la voix des éclairs, par la voix des tempêtes, par la voix des tremblements de terre et de grandes tempêtes de grêle, par la voix des famines et des pestes de toutes sortes, par le grand son d'une trompette, par la voix du jugement, par la voix de la miséricorde toute la journée, par la voix de la gloire, de l'honneur et des richesses de la vie éternelle, et je vous aurais sauvées dans un salut éternel, mais vous ne l'avez pas voulu !
Voici, le jour est venu où la coupe de la colère de mon indignation est pleine." (D&A 43:23-26).

Cette Écriture suggère que le Seigneur a tout essayé pour amener son peuple vers lui, il a tout fait pour le sauver mais maintenant les méchants sont laissés à eux-mêmes, et ils cherchent à se cacher, demandant aux rochers de les dissimuler. Tandis qu'il contemplait la même période de l'histoire, un ange a prophétisé au prophète Néphi, disant :
 
"C'est pourquoi, malheur aux Gentils s'ils viennent à s'endurcir le cœur contre l'Agneau de Dieu. Car le temps vient, dit l'Agneau de Dieu, où j'accomplirai une œuvre grande et merveilleuse parmi les enfants des hommes ; une œuvre qui sera éternelle, soit d'un côté soit de l'autre – soit pour convaincre les hommes de la paix et de la vie éternelle, soit pour les livrer à l'endurcissement de leur cœur et à l'aveuglement de leur esprit jusqu'à ce qu'ils soient conduits en captivité et aussi à la destruction, temporellement et spirituellement, selon la captivité du diable, dont j'ai parlé." (1 Néphi 14:6-7).

(Chapitre 7:1)– Les 4 anges :

Dans les chapitres 8 et 9, nous verrons la colère de l'Agneau se manifester. Avec le chapitre 7, nous entrons dans un interlude, qui arrivera aux justes. Cet interlude va nous amener un moment de tranquillité et sera une explication pour le lecteur. De telles interruptions, dans le flot du récit, sont caractéristiques du modèle suivi par l'auteur : chaque fois que quelque chose de terrible va se produire, Jean fait une pose pour donner encouragements et espérance en expliquant les choses. Ainsi les chapitres 4 et 5, la vision glorieuse du trône de Dieu, sont une manière de préparer au chapitre 6 qui décrit l'ouverture des 6 premiers sceaux. Le chapitre 10 préparera au 3e malheur, et ainsi de suite.

Le chapitre 7 cherche à répondre à la question de l'Apocalypse 6:17 : "car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ?" Avec le verset 1, nous avons les 4 anges qui se tiennent aux 4 coins de la terre. La répétition du nombre 4 veut suggérer une plénitude géographique. Le monde entier, dans ses 4 points cardinaux, dans ses 4 directions, est concerné. Dans D&A 77:8 on lit :

"Q. Que faut-il entendre par les quatre anges dont il est parlé dans le chapitre 7, verset 1 de l'Apocalypse?
R. Il faut entendre qu'il y a quatre anges envoyés de Dieu, à qui est donné du pouvoir, sur les quatre parties de la terre, de sauver la vie et de détruire ; ce sont eux qui ont l'évangile éternel à remettre à toute nation, tribu, langue et peuple, ayant le pouvoir de fermer les cieux, de sceller pour la vie ou de précipiter dans les régions des ténèbres."

Le président Wilford Woodruff a déclaré que ces anges sont déjà libérés et qu'ils sont déjà à l'œuvre ici-bas. Cependant, leur responsabilité n'est pas seulement de détruire, mais aussi de prêcher l'Évangile. Leur période d'opération principale est le 6e sceau, à savoir celle qui précède immédiatement le Millénium. Ainsi, l'administration angélique combine ses efforts avec ceux des mortels, pour que l'Évangile soit prêché au monde entier pendant cette période de temps. C'est ce que nous explique D&A 77:10 :

"Q. Quand les choses dont il est parlé dans ce chapitre doivent-elles s'accomplir ?
R. Elles doivent s'accomplir au cours du sixième millénaire ou à l'ouverture du sixième sceau."

Ce n'est qu'après que cette mission aura été accomplie que les vents de destruction seront libérés. Ainsi, pendant le 6e sceau, la plénitude de l'Évangile sera rétablie sur la terre, et toutes les forces naturelles et surnaturelles s'uniront pour en assurer la prédication dans tous les pays et parmi toutes les cultures. L'Évangile sera prêché avec pouvoir, et ne pourra pas être facilement ignoré. Ceux qui le rejetteront ne seront pas vraiment dans l'ignorance. C'est pourquoi, le 6e sceau est la période du conflit idéologique entre les forces du bien et celles du mal. Le conflit ne sera pas résolu pendant ce 6e millénaire, mais les lignes de bataille seront clairement définies. Le Livre de Mormon nous donne une information supplémentaire à ce sujet. Dans une vision, Néphi a vu le début de ces conflits. Il a déclaré :

"L'ange me parla, disant : Regarde ! Et je regardai et je vis beaucoup de nations et de royaumes.
Et l'ange me dit : Que vois-tu ? Et je dis : Je vois beaucoup de nations et de royaumes.
Et il me dit : Ce sont là les nations et les royaumes des Gentils.
Et je vis parmi les nations des Gentils la fondation d'une grande Église.
Et l'ange me dit : Voici la fondation d'une Église, qui est la plus abominable de toutes les Églises, qui tue les saints de Dieu ; oui, qui les torture et les entrave, leur impose un joug de fer, et les conduit en captivité.
Et je vis cette grande et abominable Église ; et je vis que le diable en était le fondement.
Je vis aussi de l'or, de l'argent, des soieries, de l'écarlate, du fin lin, et toutes sortes de vêtements précieux, et je vis beaucoup de prostituées.
Et l'ange me parla, disant : Voici, l'or, l'argent, les soieries, l'écarlate, le fin lin, les vêtements précieux, et les prostituées sont les désirs de cette grande et abominable Église.
Et c'est pour jouir des louanges du monde qu'elle détruit les saints de Dieu et qu'elle les emmène en captivité." (1 Néphi 13:1-9).

Ainsi, la grande et abominable Église utilise des choses matérielles, tout ce qui est sensuel et tout ce qui cherche des louanges du monde. Pour pouvoir subsister, elle devra détruire les saints de Dieu. Ainsi sera bien définie la ligne qui sera le front entre l'Église du démon et l'Église de Dieu. Plus tard, l'ange déclara à Néphi :

"Et il me dit : Regarde, et vois cette grande et abominable Église qui est la mère des abominations, dont la fondation est le diable.
Et il me dit : Voici, il n'y a que deux Églises : l'une est l'Église de l'Agneau de Dieu, et l'autre est l'Église du diable ; c'est pourquoi, quiconque n'appartient pas à l'Église de l'Agneau de Dieu, appartient à cette grande Église qui est la mère des abominations ; et c'est la prostituée de toute la terre.
Et je regardai et vis la prostituée de toute la terre ; et elle était assise sur bien des eaux ; et elle avait pouvoir sur toute la terre, parmi toutes les nations, familles, langues et tous peuples.
Et je vis l'Église de l'Agneau de Dieu, et ses membres étaient peu nombreux, à cause de l'iniquité et des abominations de la grande prostituée qui était assise sur bien des eaux. Cependant, je vis que l'Église de l'Agneau, qui était constituée par les saints de Dieu, était aussi sur toute la surface de la terre ; et ses territoires, sur la surface de la terre, étaient peu étendus, à cause de l'iniquité de la prostituée que j'avais vue.
Et je vis que la grande mère des abominations rassemblait des multitudes sur toute la surface de la terre, parmi toutes les nations des Gentils, pour combattre contre l'Agneau de Dieu.
Et moi, Néphi, je vis le pouvoir de l'Agneau de Dieu descendre sur les saints de l'Église de l'Agneau et sur le peuple de l'alliance du Seigneur, dispersé sur toute la surface de la terre ; et ils furent armés de justice et de la puissance de Dieu, en grande gloire." (1 Néphi 14:9-14).

L'armure des saints sera leur justice et leur pouvoir, qui leur vient de Dieu. C'est ainsi qu'ils seront protégés de ce colosse qui est répandu dans le monde entier. Et c'est bien la prédication de l'Évangile qui est la préparation principale à ce 7e millénaire.

(Chapitre 7:2-3)– L'ange venant de l'est :

Cet ange qui vient du levant est symbolisé par le soleil levant, qui rappelle la gloire de Dieu, qui répand vie et lumière. C'est un rappel d'Ézéchiel 43:4. D&A 77:9 nous explique :
 
"Q. Que faut-il entendre par l'ange qui monte de l'est, Apocalypse chapitre 7, verset 2 ?
R. Il faut entendre que l'ange qui monte de l'est est celui à qui est donné le sceau du Dieu vivant sur les douze tribus d'Israël ; c'est pourquoi il crie aux quatre anges qui ont l'évangile éternel, disant : Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et si vous voulez le recevoir, c'est là Elias qui devait venir pour rassembler les tribus d'Israël et rétablir toutes choses."

En parlant l'Élias, Elder Bruce McConkie a déclaré :

"Corrigeant la Bible par l'esprit de révélation, le prophète a rétabli la déclaration de Jean le Baptiste qui disait que Christ est l'Elias qui doit rétablir toutes choses (Jean 1:21-28, traduction de Joseph Smith). Par révélation, on nous informe aussi que l'Elias qui devait restaurer toutes choses est l'ange Gabriel, qui était connu dans la mortalité comme Noé (D&A 27:6-7
; Luc 1:5-25, Enseignements du prophète Joseph Smith p. 57). De la même source authentique, nous apprenons que l'Élias qui était promis est Jean le révélateur (D&A 77:9, 14). Ainsi il y a 3 révélations différentes qui citent Élias, comme étant 3 personnages différents. Que devons-nous conclure ? En cherchant la réponse à cette question, à savoir par qui le rétablissement a été effectué, nous découvrirons qui est Élias, et trouverons qu'il n'y a pas de problème à harmoniser ces révélations en apparence contradictoires. Qui devait rétablir toutes choses ? Était-ce un homme seul ? Certainement pas. De nombreux ministres angéliques ont été envoyés depuis les lieux de gloire, pour conférer des clés et des pouvoirs et confier leur dispensation et leur gloire de nouveau à l'homme sur la terre. Au moins les personnages suivants sont apparus: Moroni, Jean le Baptiste, Pierre, Jacques et Jean, Moïse, Élie, Élias, Gabriel, Raphaël et Michel (D&A 13 ; 110 ; 128:19-21). Puisqu'il est évident que ce n'est pas un seul messager qui a porté le fardeau entier du rétablissement, mais bien plutôt que chacun est venu avec une dotation spécifique d'en haut, il devient clair qu'Élias est un personnage composite. L'expression doit être comprise comme un nom ou un titre pour ceux dont la mission était de confier les clés des pouvoirs à l'homme dans cette dispensation finale."

Ainsi, cet ange, symbolique de tous les Élias, porte le sceau du Dieu vivant, qui doit être apposé sur tous les justes avant que les anges destructeurs ne laissent aller les vents qui vont détruire le monde. Comme dans Ézéchiel 9:4, cette marque sur le front protège les justes de la destruction. Le prophète Joseph Smith a enseigné que ces 4 anges ont insisté pour sceller la bénédiction sur la tête des saints, signifiant l'alliance éternelle, leur assurant leur appel et leur élection. Pierre a expliqué la doctrine de l'appel et de l'élection (1 Pierre 1:3-5
; 2 Pierre 1:1-19), et Paul y a fait référence de nombreuses fois (Éphésiens 1:11-14 ; 4:30 ; 2 Corinthiens 1:21-22). L'idée fondamentale est que, par la foi, la repentance et le baptême, une personne peut recevoir le don du Saint-Esprit. En répondant à ces enseignements, elle devient de plus en plus pure et développe les attributs de la divinité, qui culminent dans un amour semblable à celui du Christ. Néphi a déclaré :

"C'est pourquoi, il vous faut avancer avec fermeté dans le Christ, avec une parfaite espérance et avec l'amour de Dieu et de tous les hommes. Or, si vous vous empressez d'avancer, vous faisant un festin de la parole du Christ, et endurez jusqu'à la fin, voici, ainsi dit le Père : Vous aurez la vie éternelle." (2 Néphi 31:20).

Ceux qui font ces choses reçoivent l'assurance de leur vie éternelle. L'Apocalypse suggère que ce pouvoir de scellement fonctionnera largement avant la fin du 6e sceau. Une dernière étape qui peut être atteinte est expliquée par Pierre, dans 2 Pierre 1:19 :

"Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs..."

D&A 131:5 explique : "La parole plus certaine de la prophétie signifie le fait qu'un homme sait par l'esprit de prophétie qu'il est scellé à la vie éternelle, par le pouvoir de la Sainte Prêtrise." Le symbole du sceau est utilisé par Jean pour représenter le fait que la Saint-Esprit peut ratifier les ordonnances et les alliances qu'un individu fait sur la terre, et qu'il peut ainsi être justifié à travers sa fidélité.

(Chapitre 7:4-8)– Les 144 000 :

Ceux qui seront scellés, d'après l'auteur, seront au nombre de 144 000. Le nombre ne doit pas être pris littéralement. D&A 77:11 explique :

"Q. Que faut-il entendre par le scellement des cent quarante-quatre mille d'entre toutes les tribus d'Israël? – douze mille de chaque tribu ?
R. Il faut entendre que ceux qui sont scellés sont grands-prêtres, ordonnés au saint ordre de Dieu, pour administrer l'évangile éternel ; car ce sont ceux qui sont ordonnés d'entre toutes les nations, tribus, langues et peuples, par les anges à qui le pouvoir est donné sur les nations de la terre d'amener tous ceux qui veulent venir à l'Église du Premier-né."

Ainsi, il ne faut pas comprendre un nombre spécifique, mais plutôt un groupe composé de grands-prêtres, qui ont un appel spécial, à savoir d'administrer l'évangile éternel, et d'amener tous ceux qui veulent venir à l'Église du Premier-né. Joseph Smith les a associés avec le temple. Ceci semble clair d'après le sens symbolique du nombre. Douze représente la prêtrise, et lorsque l'on amène un chiffre à la racine carrée, on cherche à amplifier son sens symbolique. 144 suggère la plénitude de l'autorité de la prêtrise. Mais Jean veut ajouter encore une image superlative de qualité, en multipliant le chiffre par 1000, pour refléter cette plénitude et complétude. Ainsi, il montre la force et l'étendue de la prêtrise dans les derniers jours, c'est-à-dire dans cette dispensation, qui est en vérité la dispensation de la plénitude des temps. Pendant cette période, l'autorité de la prêtrise complète sera en opération. Il est bien évident que c'est seulement par le temple que l'on peut recevoir la plénitude de la prêtrise (D&A 124:25-30). De plus, frère McConkie a déclaré que les 144 000 sont des rois et prêtres "convertis, baptisés, dotés, mariés pour l'éternité, et finalement scellés à la vie éternelle". Il ne s'agit pas seulement d'amener des gens à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, mais de les faire entrer dans l'Église du Premier-né, par l'administration de la plénitude de la dotation (sur l'Église du Premier-né, voir D&A 76:50-70
; 93:21-23). Curieusement, la tribu de Dan est laissée de côté. Lévi est cité, et Joseph remplace Éphraïm, pour arriver en tout à 12 tribus. On ne sait pas pourquoi Dan n'est pas cité. Certains parmi les premiers Chrétiens pensaient que le nom avait été omis à cause d'une tradition suivant laquelle l'Antéchrist viendrait de la tribu de Dan. Ce manque de faveur de Dan se retrouve dans les 1ères Chroniques, où Dan n'est pas cité dans la liste des tribus. Peut-être que l'association de Dan avec l'idolâtrie est la cause de cela, puisque Jéroboam avait installé ses idoles sur les territoires de cette tribu (Juges 18:30 ; 1 Rois 12:29).

(Chapitre 7:9-17)– La multitude sans nombre de ceux qui sont sauvés :

Au-delà des 144 000, Jean voit une très vaste assemblée "que personne ne pouvait compter". Ils sont vêtus d'une robe blanche et ils ont des palmes dans leurs mains, double symbole.



L'APOCALYPSE
L'ouverture du 7e sceau
Leçon 5 – Commentaires des chapitres 8 et 9

(Chapitre 8:1-4)– Le silence dans le ciel :

Tandis que l'Agneau brise le 7e sceau du livre de la Destinée, c'est le silence qui prévaut. On parle déjà de ce silence dans l'Ancien Testament. Habaquq 2:20 déclare :

"En revanche, l'Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui !" (Voir aussi Zacharie 2:13).

Le silence pourrait bien être une période de lamentations avant que les calamités ne surviennent. Dans D&A 38:8, 11-12, nous lisons :

"Mais le jour viendra bientôt où vous me verrez et saurez que je suis, car le voile des ténèbres sera bientôt déchiré et celui qui n'est pas purifié ne supportera pas le jour...
Car toute chair est corrompue devant moi, et les puissances des ténèbres règnent sur la terre parmi les enfants des hommes en présence de toutes les armées du ciel –
Ce qui fait régner le silence ; toute l'éternité est peinée, et les anges attendent le grand commandement de moissonner la terre, de rassembler l'ivraie, pour qu'elle soit brûlée. Et voici, l'ennemi est coalisé." (Voir aussi D&A 88:93).

Le texte dit "d'environ une demi-heure". Le terme grec hos signifie approximativement, environ, à peu près. Ainsi, il n'y a pas un temps fixé exactement, et on ne peut savoir la durée que l'apôtre Jean avait à l'esprit. Certains ont pensé que la 1/2 heure pouvait correspondre à 21 ans, en se basant sur le fait que un jour pour Dieu est comme mille ans pour l'homme (Abraham 3:4
; 2 Pierre 3:8). Quoiqu'il en soit, pendant cette période où les choses redeviendront normales, la méchanceté ne cessera pas. C'est pourquoi, il s'agit seulement d'un intervalle court, pendant lequel les anges et les saints se préparent avec tristesse à la sentence de destruction qui sera exécutée sur le monde. En tout cas, c'est une période de temps pendant laquelle l'Église des cieux et l'Église sur terre auront des liens comme jamais auparavant. Nous lisons dans D&A 133:38-40 :

"Et les serviteurs de Dieu s'en iront, disant d'une voix forte : Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car le jour de son jugement est arrivé.Et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux – Invoquant le nom du Seigneur jour et nuit, disant : Oh ! que ne déchires-tu les cieux, que ne descends-tu, afin que les montagnes soient nivelées en ta présence !"

Ainsi, les dévastations sont, au moins pour une part, une réponse aux prières des serviteurs de Dieu. Nous lisons aussi, dans D&A 106:4-5 :

"Et de plus, en vérité, je vous le dis, la venue du Seigneur approche et elle surprendra le monde comme un voleur dans la nuit :
C'est pourquoi, ceignez-vous les reins afin d'être les enfants de la lumière, et ce jour-là ne vous surprendra pas comme un voleur."

(Chapitre 8:5-12)– Les 4 premières trompettes :

Enfin commence le jugement. L'ange, qui n'est pas l'un des 7, mais qui accomplit un service sacerdotal, s'approche de l'autel. Peut-être est-ce celui qui a déjà été cité comme un ange puissant, ou un autre ange, ou un autre ange puissant, plus tôt dans l'Apocalypse. On pense qu'il peut s'agir de Michel, c'est-à-dire Adam. Ceci est basé sur le rôle d'Adam, tel qu'il a été expliqué par le prophète Joseph Smith. Adam dirige cette terre sous la direction du Christ, et il en tient les clés de la présidence. Les anges agissent sous sa direction, et ils révèlent l'Évangile, de même qu'ils surveillent les ordonnances. Dans D&A 88:112-113, 115, on l'appelle le 7e ange, peut-être symbole du fait qu'il représente tous les anges, parce qu'il les dirige. C'est ainsi qu'arrive la 1ère condamnation des méchants, avec l'encensoir rempli de feu et précipité sur la terre. C'est ainsi que commence le scénario de destruction que l'on avait abandonné au moment du 6e sceau. Dans D&A 88:87-92 nous lisons :

"Car dans peu de jours, la terre tremblera et chancellera comme un homme ivre, le soleil se cachera la face et refusera de donner de la lumière, la lune sera baignée de sang, les étoiles deviendront extrêmement irritées et se jetteront en bas comme une figue qui tombe d'un figuier.
Et après votre témoignage viennent la colère et l'indignation sur le peuple.
Car après votre témoignage vient le témoignage des tremblements de terre qui causeront des lamentations en son sein, et les hommes tomberont sur le sol et ne seront pas capables de rester debout.
Le témoignage de la voix des tonnerres viendra aussi, ainsi que la voix des éclairs, des tempêtes et des vagues de la mer s'élevant au-delà de leurs limites.
Tout sera en commotion, et assurément le cœur des hommes leur manquera, car la crainte envahira tous les peuples.
Des anges voleront par le milieu du ciel, criant d'une voix forte, sonnant de la trompette de Dieu, disant: Préparez-vous, préparez-vous, ô habitants de la terre ; car le jugement de notre Dieu est venu. Voici, l'Époux vient, sortez à sa rencontre."

La possibilité de la repentance pour l'humanité arrive à sa fin. Moïse 7:48 nous déclare :

"Énoch posa les yeux sur la terre, et il entendit une voix venant des entrailles de celle-ci qui disait : Malheur, malheur à moi, la mère des hommes, je suis affligée, je suis lasse à cause de la méchanceté de mes enfants. Quand me reposerai-je et serai-je purifiée de la souillure qui est sortie de moi ? Quand mon Créateur me sanctifiera-t-il, afin que je me repose et la justice demeure pour un temps sur ma face?" La réponse à cette question est : maintenant, car le jugement a commencé.

4 anges vont donc suivre l'ange puissant. Encore une fois, le chiffre 4 est symbolique de la totalité géographique. Toute la terre sera sous l'encensoir de l'ange. C'est pourquoi il faut que les saints soient scellés. On se souvient de l'intervention de Noé pour la destruction de la terre. On trouve cela dans Moïse 8:25-26 :
 
"Noé fut pris de regrets et son cœur fut peiné de ce que Dieu eût fait l'homme sur la terre, et cela lui affligea le cœur.
Et le Seigneur dit : Je vais détruire de la face de la terre l'homme que j'ai créé, tant l'homme que la bête, les reptiles et les oiseaux de l'air ; car Noé regrette que je les aie créés et que je les aie faits ; et il m'a invoqué, car ils ont cherché à lui ôter la vie."

On ne sait pas quel rôle l'Église jouera à cette époque, puisque l'apôtre ne nous en parle pas, mais on peut supposer que les saints auront aussi demandé une action du Seigneur.

Le fait de sonner de la trompette est aussi symbolique. Dans D&A 77:12, nous lisons :

"Q. Que faut-il entendre par la sonnerie des trompettes mentionnées au chapitre 8 de l'Apocalypse ?
R. Il faut entendre que de même que Dieu fit le monde en six jours et, le septième jour, termina son œuvre, la sanctifia et forma également l'homme de la poussière de la terre, de même, au commencement du septième millénaire, le Seigneur Dieu sanctifiera la terre et complétera le salut de l'homme, jugera tout et rachètera tout, sauf ce qu'il n'a pas mis en son pouvoir, quand il aura tout scellé pour sa fin. Et la sonnerie des trompettes des sept anges est la préparation et l'achèvement de son œuvre au commencement du septième millénaire – la préparation du chemin avant le temps de sa venue."

Ainsi, beaucoup de choses doivent être faites avant le retour du Seigneur et avant le millénium. Le terme millénium peut être compris de trois façons différentes : littéralement, il signifie une période de mille ans. Dans ce sens-là, le millénium est la dernière période de mille ans de l'histoire de la terre. Le terme peut être aussi défini comme une période pendant laquelle la terre fera l'expérience de la paix et du repos, c'est-à-dire qu'elle sera dans une condition paradisiaque. Enfin, cela peut définir la période pendant laquelle le Seigneur prendra les affaires de son royaume en charge, et régnera personnellement sur toute la terre. Ces 3 définitions, d'ailleurs, vont tout-à-fait bien ensemble. D&A 77 déclare que le 7e sceau et le 7e millénaire coïncident. Si c'est le cas, le millénium aura commencé avant la seconde venue, au moment où le Seigneur commencera son règne sur la terre, au grand conseil d'Adam-ondi-Ahman.

D'après Joseph Fielding Smith : "À ce moment-là, il y aura un transfert d'autorité, de l'usurpateur et imposteur Lucifer, jusqu'à son roi de droit, Jésus-Christ. Le jugement sera organisé, et tous ceux qui ont détenu des clés viendront faire leur rapport et rendre compte de leur intendance suivant ce qu'il leur sera demandé. Adam dirigera ce jugement, et ensuite il fera rapport, comme celui détenant les clés sur cette terre, à son officier supérieur, Jésus-Christ. Notre Seigneur, alors, assumera le règne et le gouvernement. Des instructions seront données à la prêtrise, et celui dont c'est l'autorité de diriger, sera installé officiellement, par la voie de la prêtrise assemblée à cet endroit." (Chemin de la perfection, p. 291).

On peut penser que ce sont les plaies des 7 anges qui inaugureront le millénium, comme un processus pour purifier et nettoyer la terre. Mais cette méthode a 2 objectifs :

1– d'épargner ceux qui se repentent
2– de détruire ceux qui ne se repentent pas

Les plaies que l'on trouve ici sont un écho de celles décrites dans Exode, chapitres 7 à 12, et les malédictions de l'Égypte sont comme une préfiguration des plaies du millénium. Ainsi, de nouveau, le Seigneur se manifeste. Mais le fait de sonner les trompettes ne signifie pas seulement la destruction de la terre, car cette destruction en touche une proportion significative, mais pas toute la terre. 12 fois, l'apôtre limite la destruction à un tiers, symboliquement, démontrant que des limites ont été placées. Cette fraction d'un tiers est ce que nombre des prophètes ont utilisé, en association avec ce que l'on appelle la théologie du reste (voir Ézéchiel 5:1-5). On retrouve cette référence dans Ézéchiel 5:12 et Zacharie 13:8-9. Ainsi, nous pouvons penser que cette proportion est faite pour montrer que, non seulement ces destructions seront une manière de donner la rétribution de nos actions, mais aussi une dernière tentative de Dieu pour que l'homme se tourne vers lui.

La 1ère de trompette amène la grêle et le feu, mélangés au sang, et qui s'abattent sur la terre, brûlant une partie de la végétation. On a une allusion à la 1ère plaie d'Égypte (Exode 7:20 et Psaumes 78:44), où le Nil a été changé en sang, mais aussi à la grêle (Exode 9:23-25
; Ézéchiel 38:22). Aussi, cette combinaison rend cette plaie unique. Au moment de la 2e trompette, c'est une grande montagne embrasée par le feu qui se jette dans la mer, et ainsi détruit les créatures qui y vivent, ainsi que les navires. La 3e trompette amène une grande étoile ardente qui tombe du ciel sur le tiers des fleuves et toutes les sources d'eau. Enfin, la 4e trompette frappe la lune et le soleil, éliminant une partie de leur clarté (allusion à la 9e plaie d'Égypte, Exode 10:21-23). La succession des plaies ne signifie pas nécessairement qu'elles se produiront l'une après l'autre, bien plutôt qu'il y aura une intervention simultanée. Tous ces changements dans la nature peuvent faire apparaître une pollution de l'atmosphère, à tel point que nous verrons la lumière du soleil et de la lune bien diminuée. Ceci pourrait changer les conditions météorologiques de la terre, avec un effet de serre qui pourrait élever la température de façon inhabituelle, et amener les conditions que Jean décrit dans le chapitre 16. Dans les 3 premières trompettes, on nous parle du facteur feu. 3 Néphi 26:3 nous rappelle :

"... jusqu'à ce que les éléments fondent sous une chaleur ardente, que la terre soit pliée et roulée comme un rouleau, et que les cieux et la terre passent." (Voir aussi Mormon 9:2). 2 Néphi 19:19 nous rappelle :

"... et le peuple sera comme l'aliment du feu..." Il faudrait donc un miracle pour survivre à de telles conditions ; et c'est exactement ce que le Seigneur veut montrer. Il supervise l'ensemble, et son but n'est pas seulement de détruire, mais aussi de protéger son peuple. Dans 1 Néphi 22:16-18 nous lisons :

"Car le temps est proche où la plénitude de la colère de Dieu sera versée sur tous les enfants des hommes ; car il ne souffrira pas que les méchants exterminent les justes.
C'est pourquoi, il préservera les justes par son pouvoir, même si la plénitude de sa colère doit venir, et que les justes doivent être préservés par la destruction de leurs ennemis, même par le feu. Les justes n'ont donc point à craindre ; car, ainsi dit le prophète : Ils seront sauvés, même si ce doit être par le feu.
Voici, mes frères, je vous dis que ces choses arriveront sous peu ; oui, même le sang, le feu et la vapeur de la fumée viendront ; et cela doit arriver sur la surface de cette terre. Et cela arrivera aux hommes selon la chair, s'ils s'endurcissent le cœur contre le Très-Saint d'Israël."

Ainsi Dieu est prêt à faire mourir des milliers d'individus pour protéger son peuple. Ceci peut nous sembler difficile à comprendre, mais dans la perspective de Jean, tous doivent mourir. La question est de savoir comment et quand. La destinée ultime n'est pas modifiée par le moment ou la manière de la mort, mais elle l'est plutôt par la manière dont on a vécu. D&A 101:11 nous rappelle :

"Mon indignation va bientôt se déverser sans mesure sur toutes les nations ; et je le ferai lorsque la coupe de leur iniquité sera pleine."

Dans le verset 13, Jean entend le cri d'un oiseau de proie. Le terme grec aetos peut être traduit par aigle ou vautour. Cet aigle ou ce vautour exprime bien la menace des 3 autres trompettes qui vont s'abattre sur l'homme qui n'est pas repentant. Ce verset 13 est une transition entre les 4 plaies que Dieu a déversées sur la nature pour amener l'homme à la repentance, et les autres malheurs, d'origine démoniaque, à travers lesquels l'homme sera sujet des forces de l'abîme.

(Chapitre 9:1-2)– La 5e trompette et le 1er malheur :

Une étoile, symbole d'un être qui était divin, qui avait tant de pouvoir dans la préexistence que son nom signifiait Porteur de lumière, déclenche une terreur quasiment indescriptible. Le temps utilisé dans le verbe est le parfait : une étoile qui était tombée. Jean ne vit pas l'étoile tomber, mais il savait qu'elle était tombée par le passé. Un fils du matin était devenu le démon lui-même. Jean nous en parlera davantage au chapitre 12, mais pour l'instant, il semble qu'il ait à l'esprit ce que Luc déclare dans Luc 10:18 :

"Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair."

C'est aussi l'image d'Ésaïe 14:12-15 :

"Te voilà tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, toi, le vainqueur des nations!
Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion ;
Je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut.
Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse."

Jusque là, Dieu avait contrôlé les plaies. A partir de ce point, c'est Satan qui dirige personnellement les opérations. Le puits de l'abîme est le lieu où Satan demeure avec ses anges. Quant à la clé que Satan utilise pour l'ouvrir, elle symbolise son pouvoir, son autorité. Il est cependant intéressant de voir que Satan ne possède pas cette clé, il la reçoit. Là encore, Jean veut nous montrer que les pouvoirs de Satan sont limités. C'est Dieu qui lui donne la clé ; Satan ne peut aller au-delà de certaines limites (voir Job 1:12 et 2:6). Mais dans les derniers jours, à cause de la méchanceté des hommes, le démon aura de grands pouvoirs.

"Car je ne fais pas acception de personnes, et je veux que tous les hommes sachent que le jour vient rapidement ; l'heure où la paix sera enlevée de la terre et où le diable aura pouvoir sur son royaume n'est pas encore arrivée, mais elle est proche." (D&A 1:35).

Avec l'ouverture du puits de l'abîme monte une fumée, comme celle d'une grande fournaise qui obscurcit le soleil. L'obscurité et les ténèbres règnent. Le 1er coup contre l'humanité est en effet un coup porté contre la lumière. Il s'agit de l'obscurité des fausses philosophies et théologies, qui obscurcissent la vérité. Dans des temps plus anciens, Satan a déjà utilisé ces méthodes. 3 Néphi 1:22 nous dit :

"Et dès lors, Satan commença à envoyer des mensonges parmi le peuple pour endurcir les coeurs, afin de les empêcher de croire à ces signes et à ces prodiges qu'ils avaient vus ; mais, malgré ces mensonges et ces tromperies, la majorité du peuple crut et se convertit au Seigneur."

De plus, Hélaman 16:22 nous rappelle :

"Et le peuple imagina bien d'autres choses folles et vaines en son coeur ; et il fut très troublé, car Satan l'incitait constamment à commettre l'iniquité ; oui, il allait çà et là, répandant des rumeurs et des querelles sur toute la surface du pays, pour endurcir le coeur du peuple contre ce qui était bon et contre ces choses qui devaient venir."

Son plan a bien fonctionné. Par la rationalisation, les hommes critiquent les paroles des prophètes, disant :

"Parmi tant de choses, ils peuvent avoir deviné juste pour certaines ; mais voici, nous savons que toutes ces œuvres grandes et merveilleuses dont on a parlé ne peuvent arriver." (Hélaman 16:16).

L'histoire va donc se répéter.

(Chapitre 9:3-11)– Les sauterelles :

Il s'agit là d'une description d'horreur. Jean veut nous montrer la monstruosité des sauterelles. Comme on le sait, elles ravagent la végétation, et la famine suit invariablement. Venant du désert, les sauterelles peuvent envahir les régions fertiles pour leur nourriture. Leurs colonies peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres de largeur et jusqu'à 6 km de longueur. Elles ne laissent rien derrière elles. En Algérie, par exemple, des sauterelles ont créé une famine qui a amené la mort de 200 000 personnes. Traditionnellement dans la Bible, les sauterelles sont une plaie contre les rebelles (voir Exode 10:4-20
; Psaumes 105:34-35 ; Deutéronome 28:38 ; 1 Rois 8:35-37 ; 2 Chroniques 7:13-14). On craignait tellement leur invasion que, même le jour de sabbat, le shophar, qui est la corne de bouc transformée en trompette, utilisé seulement en des occasions spéciales et sacrées, était utilisé pour sonner l'alarme. Leur association avec la cruauté n'est pas fortuite. Leurs nuages sont si compacts qu'ils obscurcissent la lumière du soleil. Cependant ici, les sauterelles ne sont pas la cause de l'obscurité et des ténèbres, mais bien plutôt le résultat. Ce sont les hommes qui ont été aveuglés par le péché et la corruption. Nous lisons dans D&A 93:39 :

"Et le Malin vient enlever aux enfants des hommes la lumière et la vérité par la désobéissance et à cause de la tradition de leurs pères."

Le symbolisme de Jean, ici, est celui que l'on trouve dans Joël chapitres 1 et 2. Les sauterelles viennent du nord et Jean et Joël, probablement, suivent le motif de Gog et Magog, que l'on trouve dans Ézéchiel, chapitres 37 et 38, et dans Amos 7:1. Dans la Bible des Septante, la plaie des sauterelles est associée spécifiquement avec les armées de Gog, grand dirigeant qui luttera contre Dieu dans les derniers jours. Ainsi, les sauterelles ne sont pas de véritables sauterelles. En effet il leur est dit de ne pas faire de mal à l'herbe ou à aucune verdure. Leur objectif est les hommes ; mais pas tous, seulement ceux qui ne portent pas le sceau de Dieu. Là encore, Dieu leur interdit de tuer, mais leur permet seulement de torturer et de tourmenter pendant 5 mois. Le mot grec basanisthésontai, utilisé par Jean et traduit par tourment vient du nom basanismos, qui revient dans l'Apocalypse 14:11
; 18:7, 10, 15, en association avec l'angoisse causée par la grande prostituée. Il s'agit donc bien, non d'un tourment physique, mais d'un tourment mental et spirituel. Les 5 mois sont la durée de vie habituelle des sauterelles, mais la référence au temps peut aussi être très symbolique. De nouveau, Jean veut nous rappeler que Dieu contrôle ce qui se passe. Comment ces sauterelles vont tourmenter les méchants ? Nous ne le savons pas. Mais en tout cas, cette angoisse sera tout-à-fait réelle, puisque les hommes chercheront à mourir. Il y aura bien sûr une possibilité de s'en sortir, à savoir la droiture personnelle, c'est là le prix ; mais pour beaucoup, ce prix est trop élevé et la mort leur semblera une solution à meilleur compte. Un parallèle s'impose avec le livre de Mormon, au cours de cette bataille finale qui amena la destruction des nations néphites. On nous dit, Mormon 2:10 :

"...car voici, personne ne pouvait garder ce qui était à lui, à cause des larrons, des voleurs, des meurtriers, de la magie et de la sorcellerie qui existaient dans le pays."

Ainsi, cette situation de vol permanent, de suspicion constante amenaient une véritable tristesse à ces gens. Mais, comme il est dit au verset 13 :

"...car leur chagrin ne les conduisait point au repentir, à cause de la bonté de Dieu ; mais c'était plutôt le chagrin des damnés, parce que le Seigneur ne voulait pas toujours leur permettre de continuer à mettre leur joie dans le péché."

Et comme résultat, au verset 14 :

"...mais ils maudissaient Dieu et souhaitaient mourir. Néanmoins, ils combattaient avec l'épée pour défendre leur vie."

On nous rappelle ici que le Seigneur se sert des méchants pour punir les méchants (voir Mormon 4:5). En effet, le jugement de Dieu vient dans sa plénitude, mais Dieu n'a rien à faire. En fait, son jugement est tout-à-fait de ne rien faire et de laisser les hommes agir à leur guise.

Ces sauterelles portent des couronnes. Plus exactement, le texte précise : "...il y avait sur leurs têtes comme des couronnes semblables à de l'or..." En effet, il ne s'agit ici que d'une imitation, c'est-à-dire que leur victoire ne sera pas permanente mais que pour un peu de temps. On ne connaît pas le sens réel de ces cheveux de femmes qu'elles portent, peut-être symboliques de leur pouvoir de séduction ; en tout cas, la description veut insister sur leur apparence démoniaque, comme avec "des dents de lion". Les cuirasses montrent qu'elles sont indestructibles, leurs ailes montrent leur mobilité, mais ce sont les queues, semblables à celles des scorpions, qui sont l'origine de leur pouvoir à faire du mal aux hommes. Un seul roi les dirige. On ne l'identifie pas clairement, mais il s'agit de l'ange de l'abîme, à savoir Satan. Jean lui donne un épithète hébreux, Abaddon,qui vient d'abad et signifie mourir, et de la désinence du nom, celui qui cause la mort ou le destructeur ; et un autre épithète grec, apolluon, qui signifie aussi le destructeur. Ainsi, c'est bien Satan qui dirige cette armée destructrice. Il y aura encore 2 malheurs à venir.

(Chapitre 9:12-19)– La 6e trompette et le 2e malheur :

Avec la 6e trompette, une voix vient des 4 cornes de l'autel d'or. Ces cornes sont le symbole du pouvoir de Dieu, pouvoir que ceux qui sont fidèles peuvent obtenir par leur fidélité et à travers le sacrifice. Ces cornes, qui se trouvaient sur l'autel des sacrifices devant le temple, avaient 2 fonctions :

– le jour du Grand Pardon ou jour de l'expiation, le grand-prêtre les aspergeait avec le sang des victimes offertes, pour amener la réconciliation entre Dieu et Israël,
–  elles servaient également d'asile pour les malfaiteurs (voir 1 Rois 2:28-35).

Cependant ici, la voix ne demande pas la réconciliation, mais inaugure plutôt la destruction ; et le fait que la voix vienne de l'autel pourrait suggérer que le 2e malheur est en rapport, ou un résultat des prières des saints. La rivière Euphrate était la partie la plus au nord du royaume d'Israël. La traduction inspirée de Joseph Smith, cependant, clarifie en disant que ces anges viennent du puits de l'abîme. Ainsi, cette destruction est en rapport avec les forces de Satan, mais cette fois-ci l'homme est leur seule cible. Comme toujours, le chiffre symbolique d'un tiers rappelle que Dieu impose une limite à ce que Satan peut faire. Ensuite, Jean voit une large force de cavalerie. Son nombre est de 10 000 multiplié par 10 000, soient 200 000 000 de chevaux et de cavaliers. Ce nombre ne doit pas être pris de façon littérale, mais suggère que l'armée est immense et quasiment incalculable. Les dents de lion sont symbole de cruauté et de destruction, et de la bouche de ces chevaux sortent le feu, la fumée et le soufre. Ces 3 éléments symboliques représentent les tourments de l'enfer et soulignent la nature diabolique de cette horde sauvage. Ces images font écho au monstre du Léviathan dont on parle dans Job 41:19-20, qui lui aussi jette du feu et de la fumée. Ainsi, ces 3 éléments de feu, de fumée et de soufre montrent l'exécution du jugement et les pouvoirs que Satan va utiliser. En fait, Jean voit bien davantage qu'un carnage d'êtres humains, accompli par des méthodes scientifiques modernes. Mais il faut rappeler que ce massacre sera sélectif, et qu'un tiers des hommes seulement sera touché.

(Chapitre 9:20-21)– Le reste des hommes ne se repent pas :

Aussi étrange que cela puisse paraître, ceux qui n'ont pas été tués continuent à adorer leurs idoles. Ils refusent d'abandonner les idoles de ce monde matérialiste. Leur cœur continue à rechercher l'or, l'argent, l'airain et tout ce qui est matériel. Il est donc clair que le vol, le meurtre, la fornication continuent à aller de l'avant. A cette liste, Jean ajoute la sorcellerie, par le mot enchantements. Le mot grec utilisé ici est pharmakeia, dont notre mot pharmacie est dérivé. Le mot suggère l'usage de drogues, d'élixirs, de potions contraceptives, associé avec les pouvoirs occultes. Ces narcotiques créent une dépendance, insensibilisent et trompent les nations, ce qui les amène à être totalement incapables de changer. L'utilisation des drogues est également associée à la mère des abominations, au chapitre 18 de l'Apocalypse, verset 23 en particulier. La description de Jean nous amène à un sens de l'horreur et du cauchemar que cette période représentera, et ceci par l'utilisation de métaphores puissantes. Ainsi, nous ne voyons pas vraiment les choses dans leur réalité, mais nous avons un sentiment de ce qui se produira, le plus incroyable étant que les gens continueront dans leur idolâtrie, c'est-à-dire à placer des choses matérielles avant Dieu. Quand tout cela se produira-t-il ? D&A 77:13 nous dit :

"Q. Quand doit s'accomplir ce qui est écrit au 9e chapitre de l'Apocalypse ?
R. Cela doit s'accomplir lorsque le septième sceau aura été ouvert avant la venue du Christ. "

Il faut donc bien comprendre que la seconde venue ne commence pas le millénium ou le 7e millénaire. Les malheurs, qui ont été annoncés par les trompettes, commencent ce millénium. Ainsi, le Christ n'apparaîtra pas dans sa gloire au début du millénium. C'est bien plutôt les hordes sataniques qui le feront. Si nous comprenons bien, le millénium commence au moment où le Sauveur débute son règne sur la terre. Mais pour régner, il n'a pas besoin d'apparaître au monde. Son règne commence au moment où il rassemblera les clés qu'il avait donné aux prophètes à travers les différents âges de la terre et à partir du moment où il dirigera les affaires de son royaume personnellement. Daniel suggère cela lorsqu'il dit :

"Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l'emporter sur eux, jusqu'au moment où l'ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume." (Daniel 7:21-22).

Il semble bien qu'il fasse ici allusion au rassemblement de Adam-Ondi-Ahman. A ce moment-là, Adam, l'ancien des jours, apparaîtra, et apparaîtra également le Sauveur. C'est alors que chacun rendra compte de son intendance et que le Seigneur dirigera personnellement tous les événements qui suivront (voir D&A 116). Ainsi, il est tout-à-fait probable que les événements décrits dans Apocalypse 8 et 9 se déroulent après la réunion d'Adam-Ondi-Ahman. Combien de temps après le début du millénium le Seigneur reviendra-t-il ? Nous lisons dans D&A 49:7 :

"Moi, le Seigneur Dieu, j'ai dit ; mais l'heure et le jour, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, et ils ne le sauront pas avant qu'il vienne."



L'APOCALYPSE
"Et je vis un autre ange"
Leçon 6 – Commentaires des chapitres 10 et 11

(Chapitre 10:1-7)– Un autre ange puissant :

Alors qu'à la fin du chapitre 9 on attend que la 7e trompette sonne, le chapitre 10 nous ouvre une nouvelle vision. Il s'agit d'un autre interlude, qui donnera des instructions et des informations avant la résolution finale de la crise. Jean voit un autre ange puissant, qui descend des cieux et qui tient un petit livre. On voit le contraste saisissant entre cet ange-ci et l'étoile tombée du ciel sur la terre du chapitre 9. Alors que l'étoile tombait, l'ange descend de sa propre volonté. Alors que l'étoile recevait une clé, l'ange possède un livre. Là où il y avait une fumée qui obscurcissait tout, nous avons l'éclat de la splendeur de l'ange. Alors que le 1er dirigeait des hordes démoniaques, l'ange gouverne des phénomènes cosmiques tels les nuages, l'arc-en-ciel et le soleil. L'arc-en-ciel est, comme toujours, signe de l'alliance de Dieu avec l'humanité, non seulement avec les êtres humains, mais aussi avec toutes les créatures vivantes. Nombres 6:24-26 nous rappelle :

"Que l'Éternel te bénisse, et qu'il te garde ! Que l'Éternel fasse luire sa face sur toi, et qu'il t'accorde sa grâce ! Que l'Éternel tourne sa face vers toi, et qu'il te donne la paix !"
Cet ange puissant a un pied sur la mer et l'autre sur la terre. Le pied symbolise le pouvoir de possession. Ainsi, la mer et la terre lui sont assujettis (pour l'expression terre et mer, voir Exode 20:11
; Psaumes 68:22 ; Marc 6:48 ; Matthieu 14:28-36). Au moment où l'ange fait entendre sa voix, les 7 tonnerres se font entendre. On ne connaît ni le message du cri de l'ange, ni celui de la voix des tonnerres, car Dieu commande spécifiquement que le message reste scellé et caché. C'est le seul endroit, dans le livre de l'Apocalypse, où il est interdit de révéler ce qui est déclaré. Cependant, dans l'Évangile de Jean, au chapitre 12, versets 28 à 31, nous lisons :

"Père, glorifie ton nom ! Et une voix vint du ciel : Je l'ai glorifié, et je le glorifierai encore.
La foule qui était là, et qui avait entendu, disait que c'était un tonnerre. D'autres disaient : Un ange lui a parlé.
Jésus dit : Ce n'est pas à cause de moi que cette voix s'est fait entendre ; c'est à cause de vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors."

Elder Bruce R. McConkie a déclaré :

"Il apparaît, de la connaissance qui a été ajoutée, clarifiée et révélée à Joseph Smith, que les 7 tonnerres qui firent entendre leur voix, sont les 7 anges qui récitent, avec détail, ce qui s'est passé dans chacune des périodes de 1 000 ans, de l'existence temporelle de la terre. Par la nature même des choses, afin que l'homme ne devienne pas comme Dieu, connaissant la fin depuis le commencement, Jean reçut l'interdiction d'écrire ces choses, qui étaient cachées. Il apparaît également que la vision de Jean préfigurait ce qui devait se passer au moment des événements, et que la proclamation promise devait encore être faite pour que l'heure du millénium de paix puisse arriver."

Cet ange, ensuite, lève sa main droite et fait un serment solennel : "qu'il n'y aurait plus de temps" (Apocalypse 10:6). Le mot chronos signifie normalement temps. On peut l'interpréter de 2 façons : soit l'illustration que le temps, tel que nous le connaissons, arrive à sa fin ; cependant, il faut garder à l'esprit que le 7e millénaire doit encore se produire, et que l'on n'entre pas encore tout-à-fait dans l'éternité ; on peut aussi penser qu'il s'agit du fait que le jour de la repentance est maintenant du passé, qu'il n'y a plus de temps pour se repentir. C'est dans ce contexte que Jean reçoit le commandement de prendre le petit livre que l'ange tenait dans sa main. Nous avons là le rappel d'Ézéchiel 3:1-3 :
 
"Il me dit : Fils de l'homme, mange ce que tu trouves, mange ce rouleau, et va, parle à la maison d'Israël ! J'ouvris la bouche, et il me fit manger ce rouleau.
Il me dit : Fils de l'homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel."

(Chapitre 10:8-11)– Le petit livre :

Le livre est doux comme du miel dans la bouche, mais il est amer dans le ventre. Ce petit livre est symbole de la mission particulière que doit remplir l'apôtre Jean, en particulier par rapport aux derniers jours. D&A 77:14 nous rappelle :

"Q. Que faut-il entendre par le petit livre que Jean avala comme le rapporte le 10e chapitre de l'Apocalypse ?
R. Il faut entendre par là que c'était pour lui la mission et l'ordonnance de rassembler les tribus d'Israël; voici, c'est là Élias qui, comme il a été écrit, doit venir rétablir toutes choses."

Ainsi, Jean est bien un Élias, c'est-à-dire qu'il aura une mission particulière dans le rétablissement de l'Évangile et des bénédictions de la prêtrise. C'est ce qu'il a fait en partie, lorsqu'avec Pierre et Jacques il a rétabli la prêtrise de Melchisédek à Joseph Smith et Oliver Cowdery (D&A 27:12-13
; 128:20). Dans la conférence de juin de 1831, Joseph Smith a déclaré : "...que Jean le révélateur était parmi les 10 tribus d'Israël qui avaient été emmenées par Salmanasser, roi d'Assyrie, pour les préparer à leur retour de leur longue dispersion."

Pourquoi cette mission inclut de l'amertume, on ne le sait. Dans le cas d'Ézéchiel (2:9-10), le livre contient des lamentations, des plaintes et des gémissements. Il est possible que cette mission inclut également des calamités à venir. En tout cas, l'image implique la digestion mentale du contenu, c'est-à-dire le fait d'intérioriser son message. Ceci étant fait, l'apôtre est prêt à agir.

(Chapitre 11:1-2)– La mission de Jean :

La mission de Jean est à la fois de prophétiser aux peuples, nations et rois, et le chapitre 11 s'ouvre sur une responsabilité particulière qu'il a reçue, à savoir de mesurer avec un roseau le temple de Dieu, l'autel et ceux qui y adorent. Jean doit mesurer le sanctuaire (grec naos) et non les cours extérieures. Il pourrait s'agir du tabernacle ou bien du temple de Salomon plutôt que celui d'Hérode, puisque le temple d'Hérode avait 4 cours. Ce qui est certain c'est que le parvis extérieur a été donné (grec edothé), ce qui montre bien encore une fois que Dieu a déterminé sa destruction. Le fait de mesurer est symbole de protection, afin que le sanctuaire ne soit pas profané. Cela nous reporte à Ézéchiel, chapitres 40 à 42, où le prophète voit que le temple est mesuré avec grands soins. De même dans Zacharie 1:16, on trouve ce même symbole de protection. Car ceux qui sont en dehors des limites ne seront pas protégés, et la proximité de ce lieu saint ne sera pas suffisante. Le sanctuaire est ici le symbole du peuple de Dieu : ceux qui sont le temple vivant de Dieu, où son esprit demeure (voir 1 Corinthiens 3:16-17
; 2 Corinthiens 6:16 ; Éphésiens 2:19-22). Ceux qui sont rejetés sont ceux qui ne sont pas totalement engagés.

(Chapitre 11:3-14)– Les 2 témoins :

D&A 77:15 nous apprend :

"Q. Que faut-il entendre par les deux témoins du chapitre onze de l'Apocalypse ?
R. Ce sont deux prophètes qui doivent être suscités dans les derniers jours à la nation juive au moment du rétablissement, et qui doivent prophétiser aux Juifs, lorsqu'ils seront rassemblés et auront construit la ville de Jérusalem au pays de leurs pères."

2 était le chiffre canonique nécessaire pour pouvoir soutenir une accusation en cours (voir Deutéronome 19:15
; 2 Corinthiens 13:1 ; Deutéronome 17:6 ; Nombres 35:30). Ainsi nous avons un double témoignage contre ceux sur lesquels s'abattra la colère de Dieu.

Elder Bruce R. McConkie a expliqué : "Ces 2 témoins seront des disciples de cet homme humble, Joseph Smith, à travers lequel le Seigneur des cieux a rétabli la plénitude de son Évangile éternel dans cette dernière dispensation de grâces. Il n'y a pas de doute qu'ils seront membres du Conseil des Douze ou de la Première Présidence de l'Église."

Jean note symboliquement leur haute position par rapport à Dieu en les comparant à 2 oliviers et 2 chandeliers. Cela fait référence à Zacharie 4:12-14, et veut nous montrer qu'ils sont oints et proches du Seigneur, portant sa lumière, et que le Saint Esprit coule à travers eux. Ils combinent les pouvoirs de Moïse et d'Élie (1 Rois 17:1
; Luc 4:25 ; Jacques 5:17 : Élie fait venir la sécheresse sur Israël ; dans 2 Rois 1:9-12 et Jérémie 5:14 : Élie envoie des feux qui vont brûler les troupes qui essaient de l'arrêter. Quant à Moïse, dans Exode 7:20 et Psaumes 105:29, il a l'autorité sur les eaux ; et dans Exode 7 à 11, il envoie les plaies sur l'Égypte). On nous dit que le pouvoir de ces 2 serviteurs est grand puisqu'ils ont du feu qui sort de leur bouche et qui dévore leurs ennemis (référence à Jérémie 5:14 et 20:9). Il s'agit en fait du témoignage qu'ils portent et qui condamne les païens à la destruction. Ces prophètes auront un ministère de 42 mois, ce qui correspond à 1260 jours, dont il est fait mention au chapitre 12, verset 6 de l'Apocalypse, ce qui fait 3 années et demi, si chaque mois est composé de 30 jours, comme c'est le cas dans les calendriers lunaires. Cependant, ce nombre n'est pas à prendre d'une façon littérale. Il faut plutôt voir dans 3 1/2 la moitié de 7, ce qui dénote quelque chose arrêté dans son cours normal à mi-chemin. L'usage apocalyptique de ce chiffre date de Daniel 7:25 (voir aussi 9:27 et 12:7). Il faut aussi se souvenir que la période qui va de la persécution de Antiochus Epiphanes jusqu'à la reconsécration du temple, a été d'environ 3 ans et demi, soit de 168-67 à 164-63 avant Jésus-Christ. Mais le nombre 6 veut aussi indiquer l'échec ou l'insuffisance pour atteindre la complétude de 7, alors que 8 désigne la surabondance. Ainsi, 42 est symboliquement péjoratif, puisque comme un exégète l'a montré, il est le résultat de 6 multiplié par 7, c'est-à-dire le fait de rater la perfection de peu. Ce chiffre est de nouveau utilisé dans le chapitre 13 de l'Apocalypse, avec un sens d'imperfection complète. Ainsi, en général, dans le matériel apocalyptique, ce chiffre désigne une période limitée pendant laquelle le mal peut librement régner.

En tout cas, les 2 témoins seront des martyrs (c'est ce que montre le mot grec marturia). Comment ils seront tués, on ne le sait pas, mais ils le seront seulement lorsque leur ministère sera terminé, au moment où la bête sortira de l'abîme pour leur faire la guerre, les vaincre et les tuer (verset 7). Quelle est cette bête qui sort de l'abîme, on ne le sait, sinon qu'au chapitre 9 on nous a parlé d'Abaddon, à savoir Satan, comme étant le roi de l'abîme. Les 2 témoins resteront dans les rues de Jérusalem et leurs cadavres seront exposés. Jérusalem ici est associée à Sodome et à l'Égypte, pour illustrer sa corruption et sa rébellion. Leur mort amènera une grande joie parmi leurs ennemis. Pendant 3 jours et demi, leurs cadavres seront exposés, ce qui était une pratique pour humilier les personnes à qui on refusait ainsi une sépulture. Cependant, alors que leurs ennemis pensent triompher, la vie va retourner dans leur corps (cet esprit de vie rappelle Ézéchiel 37), ce qui amènera une grande crainte sur tous ceux qui les verront. Ainsi viendra leur montée au ciel, dans la nuée, ce qui encore une fois rappelle Moïse et Élie, Élie qui fut enlevé au ciel dans un chariot de feu (2 Rois 2:11), et Moïse, dont Clément d'Alexandrie disait qu'il avait été ravi dans un nuage. C'est à ce moment-là qu'un grand tremblement de terre se produira et que la 10e partie de la ville tombera, ce qui correspond à 7 000 hommes tués dans le tremblement de terre. La proportion de 10 montre que, là encore, la mort sera sélective, mais il s'agit de la portion du Seigneur, de cette dîme qu'il demandera aux méchants. Le chiffre 10 indique, entre autre chose, la partie d'un tout : les 10 plaies sont une partie de la colère de Dieu qui s'abat sur l'Égypte ; les 10 tribus emmenées en captivité ne sont qu'une partie de la maison d'Israël. Enfin, le nombre de 7 000 n'est probablement pas à prendre de façon littérale, mais plutôt pour indiquer, comme ailleurs, le 7 de la complétude, et la multiplication par 1000 est le fait que la plénitude de ceux qui doivent mourir mourra. Ceux qui restent rendront gloire "au Dieu du ciel", comme pour garder Dieu loin d'eux dans les cieux. Alors que le verset 4 du chapitre 11 nous rappelle qu'il est le Seigneur de la terre.

(Chapitre 11:15-19)– La 7e trompette et le dernier malheur :

C'est alors que résonne le son de la 7e trompette et le royaume de Dieu appartient bien au Seigneur et à son Christ. La destruction des méchants qui restent est le dernier malheur. Les cieux tout entiers se préparent pour ce dernier assaut que Dieu dirigera lui-même. En préparation à cela, le temple des cieux est ouvert et on y voit l'arche de l'alliance, qui est le meilleur symbole pour représenter l'alliance que Dieu a fait avec Israël. Dans Hébreux 9:1-11, Paul remarque que l'ouverture du temple symbolise que tous peuvent entrer dans le repos de Dieu, mais tout n'est pas encore accompli, car le jugement est encore à venir. C'est pour cela qu'il y a les éclairs, les voix ou les sons, les tonnerres, les tremblements de terre et la grêle. Ainsi, le chapitre 11 nous présente le 2e malheur et nous introduit au 3e. Ici, Jean va arrêter le récit, et avec le chapitre 12, recommencer à nous présenter les mêmes choses mais d'un point de vue différent.

Dans l'histoire de Joseph Smith 1:37, on lit :

"Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants brûleront comme du chaume ; car ceux qui viennent les brûleront, dit l'Éternel des armées, et ils ne leur laisseront ni racine, ni rameau."



L'APOCALYPSE
Le dragon et la femme
Leçon 7 – Commentaires des chapitres 12 et 13

La vision des 7 sceaux vient de se terminer et une nouvelle série de visions commence. Le chapitre 12 introduit de nouveaux éléments et des explications. C'est un flash back sur l'époque de Jean. Il reprend les mêmes thèmes, mais d'une perspective différente, et cette fois-ci, pour aller jusqu'à la fin des temps. Sur cette partie de l'Apocalypse, nous avons moins d'aides scripturales dans la révélation moderne. Joseph Smith a fait beaucoup de changements dans le chapitre 12, probablement plus que dans n'importe quel autre chapitre, à l'exception peut-être du 1, mais cela ajoute assez peu de choses, car la plupart des changements sont des inversions de versets. Joseph Smith a fait 3 discours sur les bêtes de l'Apocalypse, 2 discours le 2 avril 1843 et un autre le 8 avril 1843. Ceux-ci furent consignés en partie par son secrétaire Willard Richard et également par William Clayton. Franklin D. Richard a pris des notes sur des points qui l'intéressaient, mais tous ces récits sont tellement abrégés qu'il est difficile d'en tirer des conclusions très claires.

(Chapitre 12:1-2 et 5)– La femme et l'enfant :

Le chapitre 12 s'ouvre sur un grand signe paru dans le ciel (grec sémeion). Ce signe a donc un sens : il est l'annonciation de ce qui doit venir. La traduction de Joseph Smith, version inspirée, ajoute : "...à la ressemblance des choses de la terre", ce qui veut bien montrer que la vision des cieux symbolise la condition de la terre. L'adjectif grand est utilisé 6 fois dans le chapitre, pour montrer l'importance des thèmes qui y sont développés. La femme, d'après la traduction de Joseph Smith, représente l'Église. Elle a sur sa tête la couronne de lauriers (stéphanos) garnie de 12 étoiles. Celle-ci symbolise les 12 apôtres, c'est-à-dire l'autorité de la prêtrise à la tête de l'Église. Elle est revêtue de gloire céleste, pour montrer que le pouvoir de Dieu est en elle. Le mot grec utilisé, peribebémené, signifie ayant été revêtu, ce qui suggère que son vêtement ne lui appartient pas. Elle manifeste la lumière du Christ mais elle n'est pas la source de la lumière. Le verbe periballo, qu'on a traduit par revêtu, enveloppé, signifie également construire un rempart autour (Luc 19:43). Ainsi, cela signifie non seulement la gloire de Dieu qui l'habite, mais aussi qui la protège en tant qu'Église. La femme est enceinte et en travail. Elle souffre donc, mais ses souffrances doivent aboutir à la joie de la naissance du fils. L'Ancien Testament suggère que des souffrances précèdent l'établissement de Sion (Ésaïe 13:8
; 26:17 ; 66:7-8 ; Jérémie 4:3 ; 13:21 ; Michée 4:10). Cette femme est bien l'antithèse de la prostituée dont il sera fait mention au chapitre 18.

L'enfant, suivant la traduction inspirée de Joseph Smith, est un aspect particulier de l'œuvre de Dieu dans l'établissement de Sion. L'enfant, selon Joseph Smith, : "devait diriger toutes nations avec une verge de fer (verset 5), et cet enfant représente le royaume de notre Dieu et son Christ". D'après les prophètes modernes, l'enfant représente un véritable royaume politique, qui doit être établi par Dieu, pour gouverner la terre entière. Brigham Young a expliqué que ce pouvoir politique serait une excroissance de l'Église. Parlant des derniers jours, il expliqua : "L'Église de Jésus-Christ produira ce gouvernement et le fera grandir et s'étendre. Il sera un bouclier tout autour de l'Église, et sous l'influence et le pouvoir du Royaume de Dieu, l'Église sera en sécurité et demeurera en sûreté, sans avoir à se préoccuper de gouverner et de contrôler toute la terre."

Joseph Fielding Smith a déclaré :

"Lorsque le Christ viendra, tous les peuples de la terre lui seront soumis, mais il y aura des multitudes de gens qui ne seront pas membres de l'Église ; cependant tous devront obéir aux lois du royaume de Dieu, car il aura domination sur toute la face de la terre. Ces peuples seront soumis au gouvernement politique, même s'ils ne sont pas membres du royaume ecclésiastique, qui est l'Église. Ce gouvernement qui englobe tous les habitants de la terre, tant dans l'Église qu'en dehors, est aussi parfois appelé le royaume de Dieu, parce que les hommes sont soumis au royaume de Dieu que le Christ établira..." (Doctrines du salut, volume 1, p 221).

(Chapitre 12:3-4 et 6)– Le grand dragon :

Le mot grec drakon, qui est traduit ici par grand dragon rouge, signifie en fait serpent ou monstre marin. Il est en effet souvent associé à l'eau, comme on le verra au verset 15. Dans l'Ancien Testament, il représente en général la force que seul Dieu peut soumettre. Son origine est démoniaque, et son intention est la représentation de Satan dans sa pire condition. Le rouge est symbole de la violence et des meurtres qu'il perpétue (voir Jean 8:44). Il a 7 têtes qui portent des couronnes, et il a également 10 cornes, ce qui évidemment semble incohérent. Dieu n'essaie pas tant de créer une image, que de communiquer à travers les symboles la nature des choses. Les 7 couronnes ici ne sont pas des couronnes de victoire (stephanos), comme celles portées par la femme, mais il s'agit de diadèmes (grec diadéma, symbole de la domination politique). En fait dans les Écritures, Satan ne porte jamais les lauriers, car sa victoire n'est jamais une victoire permanente. Les 7 têtes couronnées représentent l'universalité de son règne, comme roi du chaos. C'est la prétention de Satan à la royauté, s'opposant au Roi des rois. Dans Apocalypse 19:12, Jean décrit le Seigneur comme portant plusieurs diadèmes. Les cornes sont symboles de pouvoir, comme on l'a vu, mais il s'agit ici d'une fausse souveraineté. Comme il a déjà été dit, le 10 représente une partie qui n'est pas complète. Ainsi, le dragon a de grands pouvoirs mais il n'a pas tous les pouvoirs, alors que l'Agneau, décrit par Jean, a 7 cornes, symboles de la plénitude de son pouvoir (Apocalypse 5:6). Ainsi, l'Agneau peut avoir tout pouvoir et maîtriser le dragon. Le dragon a entraîné un tiers des étoiles des cieux. A peine l'Église du Christ est-elle établie au méridien des temps, que Satan comprend le défi que cela représente pour son domaine, et il fera tout pour arrêter le développement de ce royaume de Dieu sur la terre. Selon la version inspirée, à peine l'enfant est né qu'il est enlevé jusqu'à Dieu, derrière son trône. Cela signifie que les clés de ce pouvoir et de cette autorité politique, qui ont été données aux apôtres, seront emmenées aux cieux, loin du dragon, jusqu'à la restauration dans les derniers jours. Frustré de ne pouvoir détruire l'enfant, le dragon se retourne contre la femme, mais elle s'échappe et s'enfuit dans le désert.

(Chapitre 12:7-12)– La guerre dans les cieux :

Il s'agit encore d'un flash back de la guerre dans les cieux, pour montrer que le conflit entre l'Église et le dragon a sa genèse dans le monde prémortel. La figure centrale de ce combat est Michel, qui dirige les anges de Dieu contre Satan et ses anges. Sa victoire amène le bannissement de Satan. Sur la terre, la bataille se renouvelle et l'Église en subit les conséquences. Lucifer, nous dit-on au verset 10, "était l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit". Il est difficile de connaître la nature de ces accusations. Peut-être prétendait-il que l'Évangile échouerait, que le Sauveur reculerait devant les peines de l'agonie de l'expiation, ou que la prêtrise s'effondrerait sous la pression de la mortalité. Toujours est-il que les pouvoirs qui ont vaincu Satan furent la foi et le témoignage. En fait, cette guerre comportait de grands risques ; Satan essayait d'introduire des modifications dans le plan de salut de Dieu, il essayait de prendre l'honneur et le pouvoir de Dieu (voir Moïse 4:1-3
; D&A 29:36). Son intention était de remplacer Elohim. La victoire dans les cieux a résulté dans des difficultés pour la terre ; d'où l'expression du verset 12 : "Malheur à la terre et à la mer ! Car le diable est descendu vers vous, animé d'une grande colère, sachant qu'il a peu de temps." Le terme géhenne associé à Satan est un terme hébreu qui nous est parvenu par le grec, et qui représente un lieu de misère, quelques fois associé à l'enfer et plutôt expressif de la perdition. On en trouve une description dans D&A 76:44-48. Mais on nous rappelle que Satan cherche à rendre les hommes misérables comme lui (voir 2 Néphi 2:27).

(Chapitre 12:13-18)– Le dragon et la femme :

La guerre dans les cieux sert d'arrière-plan pour comprendre l'attaque de Satan sur l'enfant et la femme. La femme s'est enfuie dans le désert, et les 2 ailes du grand aigle furent données à la femme (verset 14). L'article défini les 2 ailes montre qu'il s'agit du résultat d'une action explicite. Les ailes sont symboles d'un déplacement rapide, c'est-à-dire de sa fuite, mais aussi de sa délivrance divine. Très souvent, les ailes d'aigle symbolisent le soin que Jéhovah prend de son peuple (voir Deutéronome 32:10-11, où le Dieu de Jacob est comparé à l'aigle qui surveille sa couvée et la protège ; également dans Exode 19:4 et Ésaïe 40:31). Le désert est toujours, dans l'Ancien et le Nouveau Testaments, symbolique d'un refuge spirituel, un lieu de sûreté, de discipline, un lieu d'attente pour l'accomplissement des promesses de Dieu. C'était vrai pour la période de l'Exode (voir Deutéronome 8:2-10), ainsi que pour Élie (1 Rois 17:2-3
; 19:3-4) ; voir aussi Osée 2:14 ; Cantique des cantiques 3:6-8 ; 8:5. En tout cas, ainsi, l'Église devient inaccessible aux humains. Le dragon essaie encore, en désespoir de cause, de la détruire en lançant de l'eau. L'association de l'eau avec Satan est assez commune, mais il faut se souvenir aussi que Satan est le père de tous les mensonges et on pourrait penser à un déluge de mensonges, de calomnies, qui cherche à détruire l'Église au méridien des temps, comme on le voit aujourd'hui à l'époque de l'Église moderne. De même dans l'Ancien Testament, les eaux du déluge sont souvent une métaphore pour les tribulations (voir Psaumes 18:4 ; Ésaïe 43:2). Le terme est aussi utilisé pour parler des nations d'oppresseurs, tels que l'Assyrie (Ésaïe 17:12-14 ; 8:5-8), l'Égypte (Jérémie 46:7-8), Babylone (Jérémie 51:55), ainsi que toutes les nations hostiles en général (Psaumes 18:14-15 ; 46:1-3). En tout cas, dans l'esprit de Jean, on peut voir la référence qui est faite aussi aux persécutions de Rome contre les Chrétiens. Mais la terre va sauver la femme. Il est difficile de savoir exactement comment cela se produira. On a ici, dans cette métaphore, un écho de Nombres 16:32, où la rébellion de Kora contre Moïse se fait par leur engloutissement dans la bouche de la terre. Dans le désert, la femme doit être nourrie, et la période de son repos correspond de nouveau à 3 ans et demi. C'est une période d'épreuves très grandes, car c'est la période pendant laquelle Satan règne. Mais de nouveau, cette période se termine par la victoire totale de Dieu. Ainsi, pour un temps, les progrès de l'Église cesseront, mais on peut poser la question : de quelle Église s'agit-il ? Puisque l'Église temporelle tombera en apostasie. Probablement Jean fait référence ici à l'Église du Premier-né. Dans D&A 93:21-22, le Sauveur déclare :

"Et maintenant, en vérité, je vous le dis, j'étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-né.
Et tous ceux qui sont engendrés par mon intermédiaire participent à la même gloire, et sont l'Église du Premier-né."

Pour naître dans l'Église du Premier-né, D&A 76:50-70 explique qu'il faut passer par la foi, le baptême et la réception du Saint-Esprit. Ensuite, on doit être scellé par le Saint-Esprit de promesse. C'est ainsi que l'on peut devenir rois et prêtres, ayant reçu la plénitude de Dieu et sa gloire (D&A 76:56). A l'époque de Jean, le petit groupe, qui avait des oreilles pour entendre ce que l'esprit voulait déclarer aux Églises, allait bientôt mourir et ramener avec lui les clés qui ne pourraient être rétablies sur la terre que dans les derniers jours.

(Chapitre 13:1-10)– La bête qui monte de la mer :

La bête qui monte de la mer est le 1er des 2 agents à travers lesquels le dragon va opérer sa séduction sur la terre, pendant les 2 prochains millénaires, qui vont du temps de l'apôtre Jean jusqu'à nos jours. C'est cette période qui a été vue par Néphi quand il déclare, dans 1 Néphi 13:4-6 :

"Et je vis parmi les nations des Gentils la fondation d'une grande Église.
Et l'ange me dit : Voici la fondation d'une Église, qui est la plus abominable de toutes les Églises, qui tue les saints de Dieu ; oui, qui les torture et les entrave, leur impose un joug de fer, et les conduit en captivité.
Et je vis cette grande et abominable Église ; et je vis que le diable en était le fondement."

Satan, qui est la personnification du mal, doit, comme le fait Dieu, accomplir son œuvre à travers des humains, des gens et des institutions humaines. Il le fait à travers la grande et abominable Église et les royaumes de la terre. Dans ce chapitre 13, la bête est une métaphore. Il s'agit de la méchanceté et de la corruption organisée. Joseph Smith a enseigné : "La bête qui vient de la mer devrait être traduite par l'image d'une bête." Plus loin il ajoute : "Les bêtes dont on parle représentent les royaumes du monde et leurs habitants, qui ont un caractère bestial et abominable. Ce sont les meurtriers, corrompus, carnivores et brutaux dans leurs dispositions." Cependant, l'identité exacte de ces royaumes reste inconnue. Elder Bruce R. McConkie a déclaré :

"La bête est utilisée comme le symbole de certains royaumes de la terre dont on ne connaît les noms, et pour montrer leurs agissements envers les saints et la cause de la justice.... Les bêtes ne représentent pas le monde entier, mais seulement des royaumes particuliers."

À ce sujet, Joseph Smith avait posé la question : "Si la bête était le monde entier, comment toute la terre pourrait être en admiration derrière la bête ?" Il déclara ensuite : "Ce doit être une bête bien merveilleuse pour que tout le genre humain l'admire, et je m'aventurerais à dire que quand Dieu autorise le vieux démon à donner du pouvoir à la bête pour détruire les habitants de la terre, tous seront dans l'émerveillement." Il y a également une ambiguïté quant au sens du mot royaumes ; mais on peut penser qu'il s'agit d'entités politiques. L'identité de ces royaumes reste inconnue. Cependant, le texte nous dit que la bête vient et monte de la mer. Les chapitres de Daniel 7 et 8 viennent à l'esprit. On pense aussi au monstre marin du Léviathan. Ces monstres que seul Dieu peut soumettre sont les forces du chaos, de la mort et de la stérilité. Mais l'ordre, la fertilité et la vie pourront vaincre. Souvent la mer est utilisée pour représenter des conditions sociales et politiques instables, telles que la révolution ou la tyrannie.

Jean le révélateur voit des nations et des institutions qui trouveront leur origine pendant et après son époque pour propager et faire avancer l’œuvre des ténèbres. Ces organisations sont fondées sur une philosophie commune : elles ont toutes une supériorité ancrée dans l'orgueil, l'ambition et la vanité. Elles ont soif de pouvoir. La Bible utilise ici le mot grec thérion, qui signifie bête sauvage, bête de proie. C'est ainsi que Jean appelle le monstre marin (les autres termes, souvent traduits par bête dans la Bible, sont zoon, qui signifie créature vivante, ainsi que le terme kténos, qui fait référence aux animaux domestiques). Ici, la bête qui monte de la mer a 3 composées : le léopard, l'ours et le lion, qui sont tous des animaux sauvages et qui dévorent avec cruauté.

La bête a 7 têtes et 10 cornes, chacune couronnée d'un diadème. Ces couronnes représentent le pouvoir qui est basé sur la force brutale. Le nombre de couronnes révèle que la bête a moins de pouvoir que le dragon, car les 7 têtes et couronnes du dragon représentent la totalité et la plénitude d'un pouvoir, alors que 10 représentent seulement une portion. Ainsi la bête est bien sous l'autorité du dragon. Son objectif diabolique est de dévorer les hommes spirituellement. Il y a un aspect curieux, c'est que l'une des têtes de la bête a été blessée, mais que cette blessure, mortelle, fut ensuite guérie. On a quelques fois pensé qu'il s'agissait d'une référence à l'empereur romain Néron ou bien Domitien. Néron avait en effet organisé les pogroms et les persécutions contre les Chrétiens, et Domitien redonna toute force aux mesures de son prédécesseur, niant ainsi symboliquement la mort de Néron. Mais les activités de la bête ne peuvent être confinées à l'unique période de l'empire romain. En réalité, on pourrait y voir la tentative d'une comparaison entre la bête et l'Agneau. Le dragon étant l'anti-thèse de Dieu, la bête pourrait être l'image opposée au Christ. Au verset 7, la bête reçoit les pouvoirs de faire la guerre aux saints et de les vaincre, et reçoit autorité sur toutes tribus, tous peuples, toutes langues et toutes nations. Au chapitre 17: 8, on lit : "La bête que tu as vue était, et elle n'est plus..." et à la fin du verset : "... parce qu'elle était, et qu'elle n'est plus, et qu'elle reparaîtra." Ces versets semblent être une imitation de la description du Sauveur du chapitre 1:4, qui parle du Christ comme : "...celui qui est, qui était, et qui vient...". Ainsi, la bête est l'antithèse spirituelle du Christ et de son royaume.

Mais c'est aussi autre chose : il s'agit d'un système philosophique, d'une idéologie politique inspirée par des idéaux sataniques. La bête, en effet, prononce nombre de blasphèmes, qui sont bien souvent contre Dieu et contre son nom. De même, la bête blasphème contre le tabernacle de Dieu (mot grec skéné, ce qui signifie la demeure de Dieu dans les cieux, mais parmi les hommes, à savoir un lieu céleste parmi les hommes). Ainsi, les blasphèmes pourraient bien être dirigés contre le temple de Dieu, à savoir la demeure céleste de Dieu sur la terre, et contre les saints qui sont dignes d'entrer dans le temple. C'est contre ceci (et ceux-ci) que la bête pourrait blasphémer et railler. Là encore, les 42 mois, à savoir 3 ans et demi, indiquent une période de victoire temporaire pour Satan, car Satan est lui-même restreint. Cependant cette période sera une période de grande détresse pour les justes, de l'époque de Jean jusqu'aux derniers jours. Mais il semble bien que l'œuvre la plus dure ait eu lieu pendant le ministère de Jean le révélateur. Le verset 10 nous rappelle :

"Si quelqu'un mène en captivité, il ira en captivité ; si quelqu'un tue par l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée. C'est ici la persévérance et la foi des saints."

Ceci fait référence à la déclaration du Sauveur dans Matthieu 26:52 :

"Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée."

Ainsi, les saints doivent accepter et endurer ce que Dieu a ordonné, et ils ne doivent pas prendre l'offensive contre la bête. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne doivent pas lutter contre ce monstre, mais qu'ils doivent le faire en promouvant l'Évangile de Jésus-Christ.

(chapitre 13:11-17)– La bête qui monte de la terre :

La bête qui monte de la terre a 2 cornes semblables à celles d'un agneau, mais il parle comme un dragon. Peut-être que ce 2e monstre est encore plus dangereux que le 1er, parce qu'il a une apparence qui semble inoffensive. Il est un véritable imitateur du Seigneur. Certains ont suggéré que les 2 bêtes, liées à leur maître le dragon, constituent une trinité pécheresse et malfaisante. Cette bête qui ressemble à un agneau est l'antéchrist, qui fait des miracles et enseigne de fausses doctrines. Plus loin dans l'Apocalypse, elle est appelée faux prophètes (16:13
; 19:20 ; 20:10). Les 2 cornes représentent sa prétendue autorité à faire le bien. Jean s'exprime en utilisant l'expression : "...semblable à celles d'un agneau..." et non pas celles de l'agneau ; car en effet cette 2e bête est un faux Christ, et le père des miracles, particulièrement sur le feu (voir Matthieu 24:24 ; 2 Thessaloniciens 2:9).

Il s'agit d'un faux prophète, d'un loup déguisé en agneau. Il y a une véritable imitation de la vraie divinité. Comme le fils a 2 témoins, de même le dragon a ses 2 monstres. De même que le Fils a son pouvoir du Père, de même la 1ère bête obtient son autorité du dragon. Comme le Saint-Esprit glorifie le Fils, de même ce faux agneau glorifie la 1ère bête. Quel est l'objectif de cette adoration ? En un mot, on pourrait dire le matérialisme, à savoir la possibilité d'acheter, de vendre et d'obtenir du gain (verset 17). Jean nous présente une vision terrifiante d'un système économique complètement dominé par ce que certains ont appelé le principe mahanique. Satan, qui en est l'initiateur, a premièrement révélé son grand secret à Caïn qui, depuis, l'a révélé à ses disciples (voir Moïse 5:29-31). Hélaman 6:27 nous rappelle :

"Oui, ce même être qui complota avec Caïn, lui disant que s'il assassinait son frère Abel, cela resterait inconnu au monde. Et depuis lors, il a tramé constamment avec Caïn et avec ses disciples."

Il s'agit des combinaisons secrètes qui permettent d'utiliser la vie humaine pour en tirer profit. Hélaman 6:30 :

"Et voici, c'est lui qui est l'auteur de tout péché. Et voici, il poursuit son oeuvre de ténèbres et ses meurtres cachés ; et il transmet leurs complots, leurs serments et leurs alliances et tous leurs plans d'horribles méchancetés, de génération en génération, selon qu'il peut s'emparer du coeur des enfants des hommes."

Nous ne savons pas qui sont les 2 bêtes. Elder McConkie rappelle : "L'identité de ces pouvoirs doit encore être révélée". Mais l'objectif du combat est clair : il s'agit du cœur et de l'esprit de toute l'humanité. Le faux agneau cherche à amener les hommes à adorer la bête. Ce faux prophète prend un rôle sacerdotal, avec une autorité pseudo-religieuse. Aveuglés par l'égoïsme et la luxure, les hommes adorent les pouvoirs séculiers. C'est la victoire universelle d'un humanisme séculier, dans lequel Dieu est nié, et dans lequel l'homme est exalté.

Au verset 14, la bête parle aux habitants de la terre, leur demandant de faire une image à la bête. Ici, le datif est utilisé, ce qui est la marque du possesseur ; alors qu'au verset 15, c'est un génitif dans la phrase "l'image de la bête" ; mais ce génitif est possessif aussi. Il devrait être compris comme l'image qui appartient à la bête, plutôt que l'image qui ressemble à la bête. Ainsi, le faux prophète est comme une sorte de ministre de la propagande pour la 1ère bête.

(chapitre 13:18)– La marque de la bête :

Ceux qui adorent la bête reçoivent le droit de porter sa marque. Mais c'est seulement à travers leur acte d'adoration qu'ils peuvent recevoir la marque. Ceux qui adorent la bête, nous dit-on au chapitre 14 verset 11, n'ont de repos ni jour ni nuit. Ainsi, cette adoration n'apporte ni la paix ni le bonheur. Jean, qui regardait la fin des temps, a pu décrire l'état d'inquiétude, de nervosité, l'existence de stress des individus qui se vendent eux-mêmes à l'idole du matérialisme. Le mot marque est traduit du grec charagma, qui signifie un sceau, une impression, une gravure, une marque comme celle que l'on mettait sur les animaux ou sur les esclaves. Il faut également garder à l'esprit que ce mot décrit la marque laissée par la morsure du serpent. Il faut se rappeler que personne n'échappe à la marque.

Le verset 16 nous rappelle que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçoivent la marque sur leur main droite ou sur leur front. Cette marque est, bien sûr, en contraste, en opposition avec le sceau placé sur les fidèles disciples de l'Agneau. Mais ici la marque est apposée sur ceux qui sont les esclaves de l'adversaire. La marque affecte à la fois leur travail (la marque sur la main) et leur pensée (la marque sur le front) ; c'est ainsi qu'ils deviennent totalement esclaves. Le faux-agneau représente un système religieux corrompu, et avec la 1ère bête, ils produisent la fondation d'un système philosophique et théologique pour les doctrines sataniques. La promesse est toujours la même : celle d'un salut facile ; que chacun peut se rendre maître de tout ce qui existe, de toute propriété, que l'homme peut se réjouir dans le péché. C'est la doctrine d'un Sherem (Jacob 7:1-18), d'un Nehor (Alma 1:3-5), d'un Korihor (Alma 30:6-16). Ils enseignent tous ce qui plaît à l'esprit charnel et remportent beaucoup de succès (voir Alma 30:53). La préoccupation majeure est de savoir qui nous adorerons ou, en d'autres termes, à qui ira notre loyauté ? Dans les derniers jours, la bête continuera à recruter activement les âmes. Toutes les aberrations spirituelles ont leurs racines dans l'un des plus grands maux de l'humanité, à savoir l'orgueil. Président Benson a averti les saints à se méfier de l'orgueil :

"Pour la plupart d'entre nous, l'orgueil est synonyme d'égoïsme, de vanité, de vantardise, d'arrogance ou de morgue. Ce sont tous des éléments du péché, mais ils n'en sont pas l'essentiel.
Le trait essentiel de l'orgueil est l'inimitié : inimitié à l'égard de Dieu et de nos semblables. L'inimitié c'est la haine, l'hostilité ou l'opposition. C'est le pouvoir par lequel Satan veut régner sur nous...
... Notre inimitié à l'égard de Dieu s'exprime de bien des façons : nous nous rebellons, nous avons le cœur dur et le cou raide, nous refusons de nous repentir, nous sommes enflés d'orgueil, nous nous offensons facilement, et nous recherchons des signes. Les orgueilleux voudraient que Dieu soit d'accord avec eux. Ils ne veulent pas réviser leurs opinions pour être en accord avec Dieu.
Un autre aspect important de l'orgueil, ce péché répandu, est l'inimitié à l'égard de nos semblables. Nous sommes chaque jour tentés de nous élever au-dessus des autres et de les diminuer." (L'Étoile, juillet 1989).

La marque du monstre consiste dans les lettres de son nom, qui sont écrites dans leur équivalence numérique. La plupart des anciens peuples n'avaient pas un système de nombres différent de l'alphabet. En général, les lettres servaient également comme nombres. La plupart du temps, les 9 premières lettres de l'alphabet correspondaient aux chiffres de 1 à 9, et les 9 suivantes comptaient pour les dizaines, jusqu'à 90, et ainsi de suite. Très souvent, sous forme d'énigmes, les noms étaient traduits dans leur équivalence numérique. Par exemple, il y a un graffiti, à Pompéi, qui dit : "J'aime celle dont le nombre est 545." Cette pratique était courante chez les Juifs et s'appelait la guématria (voir l'appendice C : interprétations et spéculations des gnostiques, cabalistes, magiciens et devins). De nombreux rabbins cherchaient une signification ésotérique dans les nombres, que l'on trouvait ainsi dans l'Ancien Testament. Par exemple, dans Genèse 14:14, Abraham emporta avec lui 318 serviteurs parmi les plus braves, pour sauver Lot qui était prisonnier. Or ce nombre se traduit par Éliezer, qui était le serviteur en chef d'Abraham. Le chiffre de 666 donné dans le verset 18 a laissé la place à de nombreuses spéculations. Apocalypse 13:18 rappelle :

"C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence calcule le chiffre de la bête. Car c'est un chiffre d'homme, et son chiffre est 666."

Avec ce défi, nombre d'érudits et d'amateurs ont essayé de suggérer des solutions possibles. Certains ont pensé à l'empereur Titus, en grec Teitan, où le t = 300, le e = 5, le i = 10, le t = 300, le a = 1 et le n = 50. On a suggéré également une nation, les Romains, qui se disait en grec lateinos, ou 1 + o = 100, a = 1, t = 300, e = 5, i = 10, n = 50 et s = 200. D'autres noms peuvent fonctionner de la même façon. Il est intéressant de savoir que le nom grec thérion, que Jean utilise pour décrire la bête, est aussi égal à 666. D'autres ont suggéré qu'il s'agissait de l'Église catholique. La forme grecque italika ekklésia, Église italienne, de même que hé letana basileia (signifiant l'Église latine) donne le résultat de 666. D'autres enfin ont prétendu que l'inscription à l'intérieur de la tiare pontificale portait le même numéro dans les lettres romaines de l'expression vicarius filii dei. Mais ces interprétations sont vraiment très sujettes à caution et réduisent très largement l'influence de l'adversaire. On a également essayé d'y voir le nom de Néron qui, s'il est rendu en hébreux, donne le nom de Nron Ksr, le n étant 50, le r 200, le o 6, le n 50, le k 100, le s 60, le r 200, ce qui fait 666. Mais Néron est déjà mort depuis un quart de siècle quand Jean écrit l'Apocalypse. Mais peut-être que Jean n'avait pas à l'esprit une entité historique particulière, mais plutôt une condition spirituelle. On sait que le chiffre 6 s'oppose au 7, puisqu'il essaie de ressembler, d'imiter la perfection du 7, qui est le chiffre de Dieu. Ainsi, le 6 représenterait le fait de s'approcher de la perfection mais de déchoir. Les 3 chiffres peuvent représenter cette trinité de l'imperfection : le dragon, la bête qui monte de la mer et la bête qui monte de la terre, le faux prophète. Les spéculations ne sont probablement pas encore terminées.



L'APOCALYPSE
La moisson du monde
Leçon 8 : commentaires des chapitres 14 à 16

(Chapitre 14:1-5)– Les 144 000 personnes :

Le chapitre 14 est un autre interlude qui apporte espoir et encouragements. Au centre de cette section est l'exhortation aux saints de suivre le Seigneur, même pendant les périodes de grande détresse. Le chapitre se divise en 3 sections, chacune commençant par l'expression "je regardai" ou "je vis" (versets 1, 6, 14). La 1ère scène représente l'Agneau et les saints en Sion, la 2e les 3 anges qui avertissent et consolent, et la 3e scène est la moisson de la terre. Cette dernière section se divise en 2 parties : le rassemblement des justes, qui est la période de la moisson, et la destruction des méchants, qui est le temps de la vendange. Nous retrouvons ici les 144 000 qui nous avaient été présentés au chapitre 7. Ici, ils se tiennent avec l'Agneau sur le mont Sion. La vision nous avait préparés pour une grande bataille, mais comme toujours, Dieu nous surprend car le personnage qui se tient sur le mont Sion n'est pas un terrible guerrier, mais un agneau, symbole de douceur et de paix. C'est l'harmonie et la joie qui règnent, harmonie de la douce musique de ce nouveau chant, qui est le signal d'une victoire totale. C'est pourquoi, seuls les 144 000, qui représentent ceux qui sont scellés et qui ont vaincu dans la bataille, peuvent le chanter. D&A 84:96-102 nous explique :

"Car moi, le Tout-Puissant, j'ai posé les mains sur les nations pour les châtier de leur méchanceté.
Des fléaux seront envoyés et ils ne seront enlevés de la terre que je n'aie terminé mon oeuvre qui sera raccourcie en justice –
Que tous ceux qui restent ne me connaissent, du plus petit au plus grand, ne soient remplis de la connaissance du Seigneur, ne voient de leurs propres yeux, n'élèvent leur voix et ne chantent à l'unisson ce nouveau cantique, disant :
Le Seigneur a ramené Sion ; Le Seigneur a racheté son peuple, Israël, selon l'élection de la grâce qui fut réalisée par la foi et l'alliance de leurs pères.
Le Seigneur a racheté son peuple ; Satan est lié et le temps n'est plus. Le Seigneur a tout réuni en un. Le Seigneur a fait descendre Sion d'en haut. Le Seigneur a fait monter Sion d'en bas.
La terre a été en travail et a donné le jour à sa force. La vérité est établie dans ses entrailles, les cieux ont souri sur elle, et elle est revêtue de la gloire de son Dieu. Car il se tient au milieu de son peuple.
Gloire, honneur, puissance et pouvoir soient donnés à notre Dieu, car il est plein de miséricorde, de justice, de grâce, de vérité et de paix pour toujours et à jamais. Amen."

Nous comprenons ainsi la nature de ce chant triomphant. Nous avons vu que le nombre 144 000 suggère l'autorité de la prêtrise dans sa plénitude. Le terme vierge, qui vient du grec parthénos, est utilisé par Jean pour insister sur la qualité et la préparation spirituelle. Appliqué à des hommes, il peut avoir rapport avec les pratiques militaires d'Israël. En effet, les soldats devaient se maintenir rituellement purs, incluant l'abstinence sexuelle avant d'aller à la bataille. Ceci pourrait être un excellent symbole pour la pureté morale que les saints doivent conserver pendant la guerre spirituelle contre les bêtes (sur la conduite de la guerre sainte, voir Deutéronome 20 ; 23:9-10 ; 1 Samuel 21:5 ; 2 Samuel 11:11). Il ne s'agit donc pas ici d'une allusion au célibat, mais de l'état dans lequel chaque membre du royaume terrestre du Seigneur doit être, s'il se garde pur des souillures du monde (voir 2 Rois 19:21 ; Jérémie 18:13 ; Osée 2:5 ; 2 Corinthiens 11:2). C'est pour cela que Jean suggère au verset 4 que ce sont ceux qui "suivent l'Agneau partout où il va". Le verset 5 nous explique qu'il n'y a pas de mensonge dans leur bouche (grec pseudos). Ainsi, l'image veut nous parler de la fidélité à Jéhovah, que les saints de Dieu, en quelque sorte, épousent. Ces 144 000 sont l'antithèse de la bête et du faux prophète. Ils sont, en réalité, les vrais prophètes.

(Chapitre 14:6-11)– Le message des 3 anges :

Ici, nous avons l'apparition de 3 anges. Le 1er ange tient un Évangile éternel pour l'annoncer aux habitants de la terre. La révélation moderne interprète cette vision comme suit : D&A 133:36-39 :

"Et maintenant, en vérité, ainsi dit le Seigneur : Pour que cela soit connu parmi vous, ô habitants de la terre, j'ai envoyé mon ange volant par le milieu du ciel, ayant l'évangile éternel, lequel ange est apparu à certains, et l'a remis à l'homme, lequel apparaîtra à beaucoup de ceux qui demeurent sur la terre.
Et cet évangile sera prêché à toutes nations, tribus, langues et peuples.
Et les serviteurs de Dieu s'en iront, disant d'une voix forte : Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car le jour de son jugement est arrivé.
Et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux -"

D'un côté, l'ange symbolise Moroni et tous les événements qui sont associés à la parution du Livre de Mormon. D&A 27:5 nous rappelle :

"Voici, c'est là sagesse de ma part, c'est pourquoi ne vous étonnez pas, car l'heure vient où je boirai du fruit de la vigne avec vous sur la terre, et avec Moroni que je vous ai envoyé pour vous révéler le Livre de Mormon, lequel contient la plénitude de mon évangile éternel, à qui j'ai confié les clefs des annales du bois d'Éphraïm."

D'autre part, l'ange représente aussi tous les membres de l'Église qui sont appelés à servir comme missionnaires et pour prêcher l'Évangile à toutes les nations de la terre. D&A 90:9-11 nous décrit cette période :

"Afin que par ton administration ils reçoivent la parole, et que par leur administration, la parole aille jusqu'aux extrémités de la terre, d'abord aux Gentils, et ensuite, voici, ils se tourneront vers les Juifs.
Et alors viendra le jour où le bras du Seigneur se révélera avec puissance pour convaincre les nations, les nations païennes, la maison de Joseph, de l'évangile de leur salut.
Car il arrivera, en ce jour, que chaque homme entendra la plénitude de l'évangile dans sa propre langue et en son propre langage, par ceux qui sont ordonnés à ce pouvoir, par l'administration du Consolateur répandu sur eux pour la révélation de Jésus-Christ."

C'est donc l'époque où nous vivons, où l'œuvre missionnaire n'a jamais été aussi répandue dans autant de nations sur la terre. Le Seigneur a prophétisé dans D&A 35:15-16 :

"L'évangile sera prêché aux pauvres et aux humbles et ils attendront le temps de ma venue qui est proche – et ils apprendront la parabole du figuier, car déjà maintenant l'été est proche."

Cependant, à côté de ce message de réconfort et consolation, il y a aussi un message d'avertissement, "car l'heure de son jugement est venue" (verset 7). Le terme grec utilisé ici est krisis, ce qui signifie jugement et condamnation. Il y avait une application médicale à ce terme, qui voulait dire que l'issue était incertaine et qu'on ignorait si un patient allait ou non guérir. Il s'agit donc d'une situation de vie ou de mort, un véritable moment de crise. Le rejet de l'Évangile amène donc la condamnation sur le monde. C'est pourquoi le 2e ange proclame "Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande" (verset 8). Ici, le présent est utilisé, pour bien montrer que la parution de l'Évangile sonne le glas du royaume de Satan, symbolisé ici par Babylone. Le 1er ange a invité les hommes à adorer Dieu en tant que créateur (verset 7). L'Apocalypse nous a montré qui était le destructeur : les 4 cavaliers, la montagne, l'étoile qui tombait, l'ange Apollyon, et enfin les bêtes. Babylone va tomber car elle a "abreuver toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité." Ainsi, ceux qui ont bu de la coupe de l'impudicité de Babylone devront aussi boire d'une autre coupe qui est celle de la fureur de Dieu. C'est ce que l'on lit au verset 10 et ce qui est annoncé par le 3e ange. Il boira lui aussi du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère. Il sera tourmenté dans le feu et le soufre. Voici ce que devront supporter ceux qui ont la marque de la bête et l'adorent. Ce langage symbolique veut montrer les tourments de conscience, tels qu'ils sont décrits dans Alma 36:12-14 :

"Mais j'étais torturé d'un tourment éternel, car mon âme était déchirée au plus haut degré et torturée par tous mes péchés.
Oui, je me rappelais tous mes péchés, toutes mes iniquités, et j'en subissais les peines de l'enfer ; je voyais que j'avais été rebelle à mon Dieu, et que je n'avais pas gardé ses saints commandements.
J'avais tué un grand nombre de ses enfants, ou plutôt je les avais conduits à la destruction ; oui, et enfin mes iniquités avaient été si grandes que la seule pensée d'entrer en présence de mon Dieu torturait mon âme d'une horreur inexprimable."

(Chapitre 14:12-13)– Un message et une promesse pour les saints :

Ces 2 versets sont au cœur du chapitre. Il s'agit d'une promesse faite aux saints qui restent fidèles. On passe du présent au futur. Cette promesse devrait être traduite par "car leurs œuvres les suivront". Joseph Smith l'a traduite en disant : "car ils continueront leur œuvre", ce qui veut suggérer que le travail dans l'Évangile continuera dans la prochaine vie.

(Chapitre 14:14-20)– La moisson du monde :

Ici, Jean voit, sur une nuée blanche, "quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme". C'est l'image qu'on retrouve dans Daniel 7:13-14. Il s'agit d'une référence au Seigneur ressuscité qui viendra dans la plénitude de son pouvoir. Sur sa tête, il y a la couronne d'or (stephanos) de la victoire, et il tient dans sa main une faucille tranchante. L'heure de moissonner est venue "car la moisson de la terre est mûre" (verset 15). Dans D&A 86:4-7 le Seigneur décrit la parabole de la moisson :

"Mais voici, dans les derniers jours, à savoir maintenant que le Seigneur commence à répandre la parole et que la pousse croît et est encore tendre –
Voici, en vérité, je vous le dis, les anges qui sont prêts et attendent d'être envoyés moissonner les champs, invoquent le Seigneur jour et nuit,
Mais le Seigneur leur dit : N'arrachez pas l'ivraie alors que les pousses sont encore tendres (car en vérité votre foi est faible), de peur de détruire le bon grain aussi.
Que le bon grain et l'ivraie croissent donc ensemble jusqu'à ce que la moisson soit tout à fait mûre ; alors vous rassemblerez d'abord le bon grain d'entre l'ivraie, et lorsque le bon grain aura été rassemblé, voici, l'ivraie sera liée en tas et le champ restera pour être brûlé."

La 1ère moisson est donc le rassemblement du bon grain. Dans D&A 33:2-3, le Seigneur déclare :

"Car, en vérité, en vérité, je vous dis que vous êtes appelés à élever la voix comme avec le son d'une trompette pour proclamer mon évangile à une génération méchante et perverse.
Car voici, le champ est déjà mûr pour la moisson ; c'est la onzième heure et la dernière fois que je vais appeler des ouvriers dans ma vigne."

Et dans D&A 11:3, il nous avertit :

"Voici, le champ est déjà mûr pour la moisson ; c'est pourquoi quiconque désire moissonner, qu'il lance sa faucille de toutes ses forces et moissonne tant que dure le jour afin d'amasser pour son âme le salut éternel dans le royaume de Dieu."

Mais il y a aussi une autre faucille. Dans 2 Néphi 28:15-20 et dans Alma 37:30-31, le Seigneur nous rappelle que le monde est mûr pour la destruction quand il rejette le Seigneur. Dans D&A 43:23-26 nous lisons :

"Et de plus, le Seigneur fera entendre sa voix du ciel, disant : Prêtez l'oreille, ô nations de la terre, et écoutez les paroles de ce Dieu qui vous a faites.
O, nations de la terre, combien de fois vous aurais-je rassemblées comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l'avez pas voulu !
Combien de fois ne vous ai-je pas appelées par la bouche de mes serviteurs, par le ministère d'anges, par ma propre voix, par la voix des tonnerres, par la voix des éclairs, par la voix des tempêtes, par la voix des tremblements de terre et de grandes tempêtes de grêle, par la voix des famines et des pestes de toutes sortes, par le grand son d'une trompette, par la voix du jugement, par la voix de la miséricorde toute la journée, par la voix de la gloire, de l'honneur et des richesses de la vie éternelle, et je vous aurais sauvées dans un salut éternel, mais vous ne l'avez pas voulu !
Voici, le jour est venu où la coupe de la colère de mon indignation est pleine."

Cette Écriture semble bien décrire la période de la 2e faucille, quand toutes les tentatives pour racheter le monde ont échoué et que la moisson est mûre pour le jugement et la destruction. Ici, on ne parle plus du champ, mais bien de la vigne. L'instrument qui est utilisé est, en grec, drepanon. Il s'agit en effet d'une faucille tranchante, d'une lame qui était utilisée pour de nombreuses activités, moissonner mais aussi élaguer et également pour couper les grappes. Ici les raisins de la terre sont mûrs (verset 18).

L'ange sort du temple tandis qu'un autre ange, qui avait autorité sur le feu, peut-être le même que nous avons déjà rencontré au chapitre 8:3-5, sort de l'autel. Nous avons vu comment l'image de l'autel est associée avec la prière des saints. Il est possible qu'ici encore les saints jouent un rôle tout à fait significatif par leurs prières, amenant ainsi la destruction des méchants. Cependant la destruction dont il est question n'est pas le jugement final, qui n'appartient qu'à Dieu (voir Apocalypse 20:11-15), mais bien plutôt le temps du retour du Fils victorieux. En effet, à son retour "il foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu Tout-Puissant" (Apocalypse 19:15).

Ainsi la 1ère moisson est le moment où le bon grain est séparé de l'ivraie (voir Matthieu 13:30 ; D&A 86:1-6), où le bon grain est séparé du chaume (voir Luc 3:17). Mais la seconde moisson amène un jugement réel. Le jugement de Dieu est exécuté en dehors de la ville, probablement en dehors de Jérusalem, en suivant les images de Joël 3:12-14. Le jugement des nations a lieu dans la vallée de Josaphat, qui correspond à la vallée du Cédron, qui se trouve entre Jérusalem et le mont des Oliviers, et qui est proche de l'endroit où le Fils de l'homme a souffert pour que tous ceux qui viendraient à lui ne souffrent pas (voir Jean 19:20 ; Hébreux 13:12 ; D&A 19:16-18). Mais ceux qui refusent sa souffrance devront souffrir eux-mêmes. Cette souffrance est symbolisée par du sang qui sort de la cuve, sur une étendue de 1600 stades, ce qui correspond environ à 270 km, qui est à peu près la longueur totale de la Palestine. En réalité, ce nombre est encore symbolique, car c'est le nombre 4 au carré, qui signifie la totalité géographique multipliée par le carré de 10, 10 qui signifie la partie d'un tout. Pris ensembles, ces 2 nombres peuvent suggérer que le jugement de Dieu se manifestera principalement dans la région, non seulement de Jérusalem mais toute nation qui l'entoure. On peut ici faire une comparaison avec Jérémie 25:15-26 et Ézéchiel 38:1-7 qui décrivent une région géographique qui est peut-être la même. On pourrait penser qu'il s'agit de l'Europe centrale, de la Russie de l'ouest et du sud, du Proche-Orient incluant l'Égypte et la plus grande partie de l'Afrique du Nord. On peut supposer que si ces nations sont engagées dans la bataille, les conditions du monde seront telles que toutes les autres nations s'y trouveront également engagées.

Ainsi ce chapitre montre la prédication de l'Évangile à tout le monde qui amènera la destruction de Babylone. D&A 107:73 :

"Afin que ton Église sorte du désert de ténèbres et resplendisse aussi belle que la lune, aussi éclatante que le soleil et aussi terrible qu'une armée avec ses étendards."
Quand les vrais saints seront forts dans la foi, quand tous les peuples auront véritablement eu la possibilité d'entendre l'Évangile proclamé dans leur propre langue, quand les missionnaires et les officiers de l'Église seront suffisamment proches de chaque âme, quand les temples couvriront la face de toute la terre, alors la séparation pour la 1ère moisson sera complète. En fait, la moisson commencera quand le monde luttera contre la vérité et persécutera activement les justes à cause de leur justice, quand le monde attaquera les saints de Dieu et tous ceux qui sont bons. Le Fils de l'homme rassemblera alors les justes et les fera sortir des méchants, et c'est ainsi que la seconde moisson commencera. L'ange de la destruction utilisera sa faucille et précipitera ceux qui sont mûrs dans leur iniquité dans "la grande cuve de la colère de Dieu" (verset 19). C'est ce que les chapitres 15 à 19 vont nous décrire.

(Chapitre 15:1)–

Ici Jean voit un autre signe, qui est représenté par 7 anges tenant 7 fléaux, qui sont les derniers pour accomplir la colère de Dieu. Le terme accomplir est une traduction du grec tedeo, qui signifie également atteindre sa plénitude ou sa perfection.

(Chapitre 15:2-4)– Les saints de Dieu :

Comme d'habitude, Jean nous décrit la condition paisible des fidèles avant de présenter les horreurs qui sont déversées sur les méchants. Il nous parle d'une mer de verre, dont nous savons qu'elle représente la terre célestialisée. Ainsi, malgré les persécutions, les saints pourront atteindre leur gloire éternelle. C'est pour cela qu'ils peuvent chanter le nouveau chant ou le nouveau cantique, qui est bien le cantique de l'Agneau puisque c'est par le sang de l'Agneau qu'ils sont sauvés. C'est la célébration de la victoire, mais les justes ne se réjouissent pas des persécutions ou jugements des méchants, mais bien plutôt des œuvres admirables des justes du Seigneur. Le verset 4 nous rappelle "tes jugements ont été manifestés", ce qui signifie que rien ne pourra arrêter la volonté de Dieu dans son accomplissement.

(Chapitre 15:5-8)– Les 7 anges :

Nous revoyons de nouveau le temple, le tabernacle dans le ciel. Il s'agit bien du même temple céleste que nous avons vu au chapitre 11:19. Mais précédemment, la vision se concentrait sur l'arche d'alliance, que l'on appelait également le siège de miséricorde (voir Exode 25:22 et Lévitique 16:2). Cette fois, il s'agit du tabernacle du témoignage (verset 5). Si la miséricorde a eu son temps, nous sommes arrivés au moment où la loi sera exécutée. Ici, il s'agit du moment réservé au jugement. Les 7 anges sont désignés par Dieu pour amener ses jugements sur les méchants. Le symbolisme est ici très important, car le nombre 7 nous rappelle que les cieux tout entiers s'associent à ce moment où la justice de Dieu est exécutée pleinement. Ce sont des anges de haut rang, ce qui est suggéré par les ceintures d'or qu'ils ont autour de la poitrine, semblables à celle du Fils de l'homme (voir Apocalypse 1:13). L'un des êtres vivants donne aux 7 anges 7 coupes d'or (grec phialé) qui sont remplies de la colère de Dieu. Ce qui est tout à fait intéressant au verset 6, c'est que le temple est "rempli de fumée à cause de la gloire de Dieu et de sa puissance, et personne ne pouvait entrer dans le temple jusqu'à ce que les sept fléaux des sept anges fussent accomplis". C'est un moment tout à fait particulier puisque personne ne peut entrer dans le temple ; aucun sang de l'expiation ne peut être aspergé par le grand-prêtre comme il le faisait au jour de l'expiation, au jour du grand pardon, pour renouveler l'alliance de paix et de miséricorde entre Dieu et Israël. Nul ne peut entrer et faire la paix tant que le jugement n'a pas été complété.

Nous avons parlé jusqu'à présent des 7 sceaux, des 7 trompettes et maintenant de ces 7 coupes avec leurs fléaux. Les sceaux ont annoncé les desseins de Dieu, les trompettes ont fait résonné la voix d'avertissement et les coupes exécutent le jugement. Les coupes et les trompettes ont de nombreuses correspondances : les 4 premières ont la même sphère d'opération, comme nous le verrons au chapitre 16 : la terre, ensuite la mer, après les rivières et les fontaines, et enfin le soleil. Mais tandis que les trompettes touchaient des zones restreintes, ici nous avons l'apparition d'un caractère beaucoup plus sévère avec les 4 premières coupes. De même, les 5e, 6e et 7e trompettes amenaient leurs fléaux, et ceux-ci correspondent, d'une manière générale, aux fléaux des 3 dernières coupes. Mais alors qu'auparavant il y avait une limitation à un quart ou un tiers, nous voyons qu'ici le mal est poursuivi sur toute la terre et est complètement détruit. Ce qui est exprimé dans Lévitique 26:21 :

"Si vous me résistez et ne voulez pas m'écouter, je vous frapperai sept fois plus selon vos péchés."

Le chapitre 15 ne célèbre pas le Dieu de miséricorde, mais bien le Dieu de justice car la justice doit avoir son tour. Nous lisons dans Alma 42:24 :

"Car voici, la justice impose toutes ses exigences et la miséricorde réclame tout ce qui lui appartient ; et ainsi, nul n'est sauvé si ce n'est le vrai pénitent."

De même, dans Jacob 6:7 et 10 :

"Après avoir été nourris de la bonne parole de Dieu tout le jour, voulez-vous produire du mauvais fruit, pour être abattus et jetés au feu ?"
...Et selon le pouvoir de la justice, car la justice ne peut être niée, vous devrez aller dans ce lac de feu et de soufre dont les flammes sont inextinguibles, dont la fumée monte pour toujours et à jamais ; lac de feu et de soufre qui est le tourment éternel."

Et dans Alma 12:32 :

"C'est pourquoi, Dieu leur donna des commandements, après leur avoir fait connaître le plan de la rédemption, pour qu'ils ne fissent point le mal, le châtiment en étant une seconde mort, qui était une mort éternelle quant aux choses appartenant à la justice ; car, sur ceux-là, le plan de la rédemption ne pourrait avoir aucun pouvoir, car les œuvres de la justice ne peuvent être détruites, selon la suprême bonté de Dieu."

Ainsi c'est bien à cause de la bonté de Dieu que la justice doit être satisfaite. Il est bien clair dans ce chapitre 15 que le châtiment qui vient de Dieu est à la fois juste et correct. Nous lisons dans D&A 5:18-19 :

"Et leur témoignage sortira également pour la condamnation de cette génération, si elle s'endurcit le coeur contre eux.
Car un fléau dévastateur se répandra parmi les habitants de la terre et continuera à être déversé de temps à autre, s'ils ne se repentent pas, jusqu'à ce que la terre soit vide et que ses habitants en soient consumés et entièrement détruits par l'éclat de ma venue."

Et de même, le Seigneur avait averti dans D&A 97:22-24 :

"Car voici, la vengeance s'abattra rapidement, comme une tornade sur les impies ; et qui y échappera?
Le fléau du Seigneur passera la nuit et le jour, et la nouvelle apportera le deuil à tous les peuples ; oui, il ne cessera pas avant que le Seigneur vienne ;
Car l'indignation du Seigneur est allumée contre leurs abominations et toutes leurs œuvres perverses."

Mais qu'en est-il des saints ? Le Seigneur les a avertis et leur a promis, dans D&A 97:25 :

"Néanmoins Sion échappera si elle veille à faire tout ce que je lui ai commandé."

Ainsi, nous voyons que c'est l'obéissance qui amène la sécurité et que la désobéissance amène la colère. Aucune injustice ne sera exempte, même si elle se trouve dans l'Église, et les saints ne doivent jamais oublier la déclaration du Seigneur :

"Voici, la vengeance s'abattra bientôt sur les habitants de la terre, un jour de colère, un jour d'embrasement, un jour de désolation, de pleurs, de deuil et de lamentations ; et elle envahira toute la surface de la terre comme une tornade, dit le Seigneur.
Elle commencera sur ma maison, et elle s'en ira à partir de ma maison, dit le Seigneur.
Tout d'abord parmi ceux d'entre vous, dit le Seigneur, qui ont professé connaître mon nom, et ne m'ont pas connu, et ont blasphémé contre moi au sein de ma maison, dit le Seigneur." (D&A 112:24-26).

Les saints des derniers jours qui sont rebelles n'échapperont pas à la justice divine.

(Chapitre 16:1)– La voix qui venait du temple :

Dans le chapitre 15, Jean nous a décrit les saints qui étaient victorieux, de façon à rassurer ses lecteurs. En effet, ils n'ont rien à craindre de la coupe de la colère de Dieu. Le chapitre 16 reprend ce qui a été décrit au chapitre 14 comme la vendange, mais cette reprise permet d'insister, cette fois-ci avec des symboles différents. Certains commentateurs ont pensé qu'il s'agissait, en fait, de plaies différentes. Celles annoncées par les trompettes et celles déversées par les coupes présentent des différences. Premièrement, les plaies des trompettes semblent partielles, alors que ce que les coupes déversent est total et général. Deuxièmement, les trompettes sont considérées comme un appel à la repentance, alors que les coupes versent la destruction sans laisser de place aux remords. Enfin, l'humanité ne semble pas être affectée directement par les 4 premières trompettes, alors que les coupes se déversent sur l'homme directement. En réalité, il s'agit probablement bien de la même vision, mais d'un point de vue différent. En effet, les trompettes sont bien universelles, même si certains vont survivre. D’autre part, les coupes sont dirigées spécifiquement contre les méchants qui, eux, seront totalement détruits. C'est depuis le temple, qui est "rempli de fumée à cause de la gloire de Dieu et de sa puissance" (15:8) que vient la voix qui commande aux anges de déverser sur la terre les 7 coupes. Le terme grec phialé signifie bol ou coupe, en particulier les coupes qui étaient utilisées pour faire les offrandes sacrificielles dans le temple. Le texte porte en écho Ésaïe 66:6 :

"Une voix éclatante sort de la ville, une voix sort du temple. C'est la voix de l'Éternel, qui paie à ses ennemis leur salaire."

(Chapitre 16:2-7)– Les 3 premières coupes :

Le 1er ange verse sa coupe et un ulcère "malin et douloureux" frappe les hommes de la 1ère bête qui adorent son image. Le grec kakos, qui veut dire mauvais, est ici traduit par malin dans le sens de douleur maligne, c'est-à-dire un ulcère pernicieux et destructeur. Quant au mot douloureux, il est traduit du grec ponéros, qui signifie virulent et grave. Ainsi, ces abcès ou ulcères, qui sont des plaies ouvertes, rappellent la 6e plaie d'Égypte, apportée par Moïse (voir Exode 9:8-12 et Job 2:7-8, 13). Le 2e ange verse sa coupe sur la mer, alors que le 3e atteint les fleuves et les sources d'eau. Ils deviennent semblables au sang, et tous les êtres vivants meurent. Parlant des derniers jours, le Seigneur a déclaré, dans D&A 61:4-5 :

"... voici, il y a beaucoup de dangers sur les eaux et plus spécialement à l'avenir.
Car moi, le Seigneur, j'ai décrété dans ma colère beaucoup de destructions sur les eaux ; oui, surtout sur ces eaux-ci." et plus loin, aux versets 14 à 16 nous lisons :
"Voici, moi, le Seigneur, j'ai béni les eaux au commencement ; mais dans les derniers jours, j'ai maudit les eaux par la bouche de mon serviteur Jean.
C'est pourquoi, le jour viendra où aucune chair ne sera en sécurité sur les eaux.
Et on dira, dans les jours à venir, que nul n'est capable de monter au pays de Sion sur les eaux, si ce n'est celui dont le cœur est intègre."

Il y a ici aussi un symbole particulier : au chapitre 13, nous avons vu que la 1ère bête venait de l'eau de la mer, et cette mer pouvait représenter également la société instable et en constante révolte. Dans Apocalypse 17:15, nous lisons :

"Et il me dit : Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations, et des langues."
Ainsi, nous avons un double symbole : la mer réelle, mais également la représentation d'une société morte spirituellement, qui s'est abandonnée à l'idolâtrie et à l'immoralité. Un commentateur a observé : "Dans une telle société, la moralité décline à son niveau le plus bas. Les familles se brisent, l'école prépare à l'anarchie et à la rébellion, les principes éthiques dans les affaires sont oubliés, et les divertissements deviennent sordides. La presse ne produit plus que scandales et ragots, jusqu'à ce que la société toute entière s'étrangle dans son propre sang, et suffoque de sa propre mort.". À la fin de D&A 123:7 nous lisons que l'esprit du mal "est devenu de plus en plus fort et est maintenant la source même de toute corruption, et la terre entière gémit sous le poids de son iniquité." L'ange des eaux proclame également la justice de Dieu (verset 5).

Pendant tout le livre de l'Apocalypse, excepté le chapitre 11:1, les jugements de Dieu et l'autel sont inséparables (voir 6:9
; 8:3-5 ; 9:13 ; 14:18 ; 16:7). Dieu lie ensemble 2 principes : le sacrifice et le jugement. Les 3 premières coupes sont la déclaration de la justice divine ; les 2 prochaines sont centrées sur la réaction des hommes à cette justice.

(Chapitre 16:8-11)– Les 4e et 5e coupes :

Le 4e ange verse sa coupe sur le soleil, ce qui a pour résultat de brûler les hommes par le feu. Il est fort probable qu'ici, cette représentation symbolise l'état spirituel des méchants dans leurs tourments, leurs angoisses, leurs anxiétés et leurs souffrances. Voilà un contraste frappant avec la condition de ceux qui sont scellés en Dieu. On nous rappelle dans Apocalypse 7:16 :

"Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur."
Les justes bénéficieront de la paix, de la sécurité et de l'amour, alors que ceux qui sont soumis à la bête seront dans un tourment constant.

Le 5e ange verse sa coupe sur le trône de la bête, ce qui amène les ténèbres. Le résultat est un reflet de l'avertissement que l'on trouve dans Deutéronome 28:28-29 :
"L'Éternel te frappera de délire, d'aveuglement, d'égarement d'esprit, et tu tâtonneras en plein midi comme l'aveugle dans l'obscurité, tu n'auras point de succès dans tes entreprises, et tu seras tous les jours opprimé, dépouillé, et il n'y aura personne pour venir à ton secours." (Voir également Exode 10:21-23).

Ici, Jean se concentre sur la réaction des hommes aux diverses plaies qu'ils reçoivent. Ils savent que Dieu contrôle ces plaies, mais ils continuent à blasphémer contre Dieu et ne se repentent point. La marque de la bête est devenue indélébile, non seulement sur leur corps, mais aussi sur leur âme, ce qui les amène à une destruction totale.

Chapitre 16:12-16)– La 6e coupe :

Le 6e ange prépare le monde pour la guerre. Tandis qu'il verse sa coupe, l'Euphrate est asséché. Cette idée de l'assèchement des eaux pour les desseins de Dieu est une idée familière à l'Ancien Testament (voir Exode 14:21
; Josué 3:13-17 ; Ésaïe 11:15-16 ; 44:27 ; Jérémie 51:36 ; Zacharie 10:11). Tout ce qui empêchait la guerre, symbolisé par la grande rivière, est ôté. Auparavant, l'eau qui était asséchée était au service du peuple de Dieu, la 1ère fois pour la traversée de la mer Rouge (Exode 14:21) et la 2e fois pour la traversée du Jourdain (Josué 3:14-17). Cette fois-ci, les eaux asséchées permettent à la guerre et à l'horreur de se répandre sur tout le pays. Dans D&A 63:32-34 nous lisons :

"Moi, le Seigneur, je suis courroucé contre les méchants ; je refuse mon Esprit aux habitants de la terre.
Dans ma colère, j'ai juré et décrété des guerres sur la surface de la terre ; les méchants tueront les méchants et la crainte envahira tous les hommes.
Et les saints auront aussi du mal à échapper ; néanmoins, moi, le Seigneur, je suis avec eux, et descendrai du ciel de la présence de mon Père, et consumerai les méchants d'un feu inextinguible."

La guerre est le résultat d'une grande tromperie. Le dragon, la bête et le faux prophète continuent de mentir, et de leurs bouches sortent des grenouilles (dans Lévitique 11:10, elles sont considérées comme impures) qui sont le symbole de leur propagande trompeuse et mensongère. En effet, dans les derniers jours, ces 3 monstres envoient leurs agents de propagande. Jean nous les décrit comme des esprits de démons qui font des prodiges. Leur but est de rassembler les rois de toute la terre pour le grand combat de Harmaguédon (voir Ézéchiel 38 et 39
; Zacharie 14). C'est à ce point du récit que Jean fait une interruption en paraphrasant Matthieu 24:42-46. Il rappelle l'avertissement du Seigneur, qui viendra comme un voleur dans la nuit. L'avertissement est tout-à-fait approprié à ce point du récit, car tandis que les forces de la bête se rassemblent, la crise devra atteindre aussi les saints. Ils doivent être remplis de foi, en alerte constante. C'est pour cela qu'ils doivent garder leurs vêtements pour ne pas se trouver nus et exposés à la honte. Le vêtement symbolise bien évidemment les engagements pris vis-à-vis de Dieu par les alliances et les ordonnances et c'est une référence explicite au temple. Jean appelle le lieu de rassemblement, en hébreu, Harmaguédon. Le terme grec est harmagdon. Jean déclare qu'il s'agit d'une translittération de l'hébreu. Il est difficile d'interpréter correctement ce terme d'harmaguédon. Certains pensent qu'il faut le traduire par la montagne de Meguiddon. La plaine de Meguiddon a été le lieu de nombreuses batailles célèbres (Juges 5:19-20 ; Juges 7 ; 1 Samuel 31:1-6 ; 2 Rois 23:29-30), mais dans aucun texte il n'est fait référence à une montagne de Meguiddon. On parle des eaux de Meguiddon ou de la vallée de Meguiddon mais jamais d'un mont ou d'une montagne. En fait, on ne sait pas ce que Jean avait à l'esprit, mais il semble clair que, comme pour tous les autres noms, l'intention est symbolique. Mais la bataille finale, semble-t-il, ne doit pas se produire dans le nord d'Israël, mais plutôt à Jérusalem. Zacharie, d'ailleurs, lie dans ce contexte Jérusalem et Meguiddon (voir Zacharie 12:11). La montagne dont il est question, objet de la bataille, doit bien être la montagne du temple, car cette bataille est essentiellement religieuse, une idéologie et une théologie contre une autre. Ainsi, la bête doit finir par détruire la montagne du Seigneur, sa maison, le siège du pouvoir de Dieu sur la terre, s'il veut régner sans partage.

(Chapitre 16:17-21)– La 7e coupe :

Avec cette 7e coupe, une voix qui sort du temple et du trône déclare : "C'en est fait". L'association du trône et du temple montre que Dieu accomplit sa volonté avec un pouvoir absolu. Il s'agit ici de l'autorité royale et sacerdotale. Le temps est venu de détruire ceux qui détruisent la terre (voir Jean 11:18). Il y a des éclairs, des voix, des tonnerres et un grand tremblement de terre qui a des proportions jamais égalées. Tous ces bouleversements semblent être la préparation de la terre pour son état paradisiaque. Nous lisons dans D&A 133:21-25 :

"Il fera entendre sa voix de Sion, et il parlera de Jérusalem, et sa voix sera entendue parmi tous les peuples.
Et ce sera une voix semblable à la voix de nombreuses eaux, et comme la voix d'un grand tonnerre qui renversera les montagnes, et on ne retrouvera point les vallées.
Il commandera au grand abîme, et celui-ci sera repoussé dans les pays du nord, et les îles deviendront une seule terre.
Le pays de Jérusalem et le pays de Sion seront remis en leur propre lieu, et la terre sera telle qu'elle était à l'époque où elle n'était pas encore divisée.
Et le Seigneur, à savoir le Sauveur, se tiendra au milieu de son peuple, et régnera sur toute chair."

Et bien sûr, Babylone est détruite. Elle est divisée en 3 parties, ce qui symbolise sa destruction complète. Apparaît une autre plaie, celle des grêlons. Cette grêle était déjà apparente dans les plaies d'Egypte (voir Exode 9:18-26
; Psaumes 78:45 ; 105:32 ; Josué 10:11). C'est le symbole de la réalité du jugement de Dieu sur une humanité qui s'endurcit le cœur. Le poids de chaque grêlon est de 35 kg. A travers ce symbole, Jean veut montrer le pouvoir de Dieu, qui amènera les hommes à genoux. Cependant, ils n'arriveront pas à la repentance. De nouveau, Jean note que les hommes s'endurcissent le cœur et continuent à blasphémer contre Dieu, et préfèrent mourir plutôt que de se repentir. A travers cette description des jugements qui, finalement, s'abattent sur l'homme après avoir été présentés précédemment par l'apôtre Jean, nous avons un avertissement pour les saints. D&A 88:84-85 nous rappelle que le Seigneur a chargé ses prophètes de :

"... préparer les saints pour l'heure du jugement qui doit venir.
Afin que leur âme échappe à la colère de Dieu, à la désolation de l'abomination qui attend les méchants, tant dans ce monde que dans le monde à venir. En vérité, je vous le dis, que ceux qui ne sont pas les premiers anciens continuent dans la vigne, jusqu'à ce que la bouche du Seigneur les appelle, car leur temps n'est pas encore venu ; leurs vêtements ne sont pas purs du sang de cette génération."

Et aux saints, le Seigneur commande, dans D&A 88:86-88 :

"Demeurez dans la liberté qui vous a affranchis ; ne vous empêtrez pas dans le péché, mais que vos mains soient pures jusqu'à ce que le Seigneur vienne.
Car dans peu de jours, la terre tremblera et chancellera comme un homme ivre, le soleil se cachera la face et refusera de donner de la lumière, la lune sera baignée de sang, les étoiles deviendront extrêmement irritées et se jetteront en bas comme une figue qui tombe d'un figuier.
Et après votre témoignage viennent la colère et l'indignation sur le peuple."

Ce monde, qui ne veut pas se repentir, doit en subir les conséquences. Ce n'est pas Dieu qui est la cause de leur malheur, mais bien eux. Ils sont aveuglés, ils ont le cœur endurcis, ils sont spirituellement morts. C'est pourquoi, ils meurent.



L'APOCALYPSE
Babylone la grande
Leçon 9 : commentaires des chapitres 17 et 18

(Chapitre 17:1-3)– La femme et la bête :

Un des 7 anges invite Jean avec ces mots : "Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée...". L'ange invite Jean à regarder un point précis de la destruction. La grande prostituée est assise sur les grandes eaux qui, d'après le verset 15, représentent les peuples, les foules, les nations et les langues, sur lesquelles la grande prostituée règne. Ainsi la prostituée est grande, non pas qualitativement mais quantitativement, parce qu'elle règne sur de nombreux peuples. Pour voir la prostituée, Jean est transportée dans un désert. La dernière fois qu'il a été fait mention du désert, une femme différente s'y trouvait : c'était une femme vertueuse qui représentait l'Église de Dieu, pure et sans tâche. Mais cette fois-ci, il s'agit d'une femme vêtue de pourpre et d'écarlate et parée d'or, de pierres précieuses et de perles. Elle est pleine de noms de blasphèmes, avec 7 têtes et 10 cornes. La prostituée n'est pas maîtresse de la bête. Elle représente une union, un lien d'assistance mutuelle. En fait, la bête soutient la femme, pour que celle-ci puisse séduire les hommes, en l'honneur de la bête. Certains commentateurs ont pensé que la prostituée représentait la femme qui s'était enfuie au désert, c'est-à-dire l'Église, devenue apostate. Mais en fait il ne s'agit pas du même désert ou du même symbole : tandis que le désert peut être un lieu de refuge et de discipline spirituelle, il peut également représenter le lieu de désolation dans lequel se perd celui qui est dans le péché. Cependant, la référence entre les 2 femmes est tout-à-fait délibérée : la prostituée est l'image inverse de la femme qui avait l'enfant. L'Église, qui est proche du royaume de Dieu, une société céleste, est mise en contraste avec le royaume de Satan, qui produit et soutient Babylone la grande, une société dégénérée. Contrairement à la femme vertueuse, la prostituée n'a pas de fils. Malgré son or et ses richesses, elle ne peut cacher la réalité et personnifie la stérilité et la mort.

Jean voit la dernière période, à la fin des temps, quand quasiment tout le monde suit la grande prostituée, société où l'immoralité, économique, politique et religieuse, a pour but de promouvoir le plaisir et le gain. 1 Néphi 13:29 décrit l'œuvre de la grande prostituée en ces termes :

"Et une fois ces choses claires et précieuses ôtées, il est répandu parmi toutes les nations des Gentils ; et une fois répandu parmi toutes les nations des Gentils, oui, même à travers les grandes eaux que tu as vues, avec les Gentils qui sont sortis de captivité, tu vois qu'à cause de la suppression de ces nombreuses choses claires et précieuses qu'il était facile aux enfants des hommes de comprendre, selon la clarté qui est en l'Agneau de Dieu – à cause de la suppression de ces choses, ôtées de l'évangile de l'Agneau, un très grand nombre d'hommes trébuchent, oui, à ce point que Satan a un grand pouvoir sur eux."

Puis, regardant les derniers jours, Néphi remarque que la même institution continue à faire ses ravages. 1 Néphi 14:7 "Car le temps vient, dit l'Agneau de Dieu, où j'accomplirai une œuvre grande et merveilleuse parmi les enfants des hommes ; une œuvre qui sera éternelle, soit d'un côté soit de l'autre – soit pour convaincre les hommes de la paix et de la vie éternelle, soit pour les livrer à l'endurcissement de leur cœur et à l'aveuglement de leur esprit jusqu'à ce qu'ils soient conduits en captivité et aussi à la destruction, temporellement et spirituellement, selon la captivité du diable, dont j'ai parlé."

La bête qui soutient la prostituée est bien celle qui est montée de la mer. C'est bien la bête qui blasphème (13:1-6
; 17:3). Elle est la personnification même du sacrilège, car elle prétend posséder les attributs de la divinité. Paul nous avertit dans 2 Thessaloniciens 2:3-4 :

"Que personne ne vous séduise d'aucune manière ; car il faut que l'apostasie soit arrivée auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme du péché, le fils de la perdition, l'adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou de ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu."
Le dragon veut se faire passer pour un sauveur, mais tout ce qu'il a à offrir est le plaisir momentané, vide et immorale de la prostituée.

La femme est vêtue de pourpre et d'écarlate, qui reflète le rouge du dragon, pour lequel le mot grec est purros, qui dénote un rouge feu. La couleur utilisée ici est kokkinos, à savoir le pourpre et l'écarlate. Un ruban de cette couleur, représentant les péchés d'Israël, était attaché au cou du bouc émissaire au jour du Grand Pardon, jour de l'expiation, avant d'être conduit dans le désert pour y trouver la mort. Cette couleur est devenue associée aux péchés graves, à la prostitution et à toute conduite impure (voir Ésaïe 1:18
; Psaumes 51:7). La couleur est en contraste avec les robes blanches de ceux qui sont sauvés, et la robe de l'épouse de l'Agneau (voir Apocalypse 19:8).

(Chapitre 17:4-6)– Babylone, la grande prostituée :

Dans l'Ancien Testament, la figure de la prostituée représente toujours l'apostasie spirituelle, la rébellion délibérée et voulue contre Dieu et ses alliances. La grande prostituée boit dans une coupe en or, qui est là pour contraster avec la coupe d'or dans laquelle le grand-prêtre de l'ordre lévitique versait le vin pour l'offrande à Dieu. Cette imitation des choses saintes se trouve dans d'autres détails, comme le pourpre et l'écarlate qui, avec le blanc et le bleu, étaient les couleurs utilisées pour le tissu du voile, ainsi que pour l'intérieur du temple, et qui se retrouvait également dans le vêtement du grand-prêtre. Celui-ci portait également une mitre, sur laquelle il y avait une plaque d'or avec les mots inscrits : "Sainteté au Seigneur". La prostituée porte ici sur son front un nom : "Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre (verset 5). Ainsi, elle se présente comme une sorte de fausse prêtresse et prostituée. Ce nom est également un mystère. Ce mot mystère fait généralement référence aux enseignements et doctrines de Dieu qui sont des plus sacrés et qui sont gardés loin du monde profane (voir 1 Corinthiens 4:1
; 1 Néphi 10:19). Mais il s'agit ici de combinaisons secrètes pour le meurtre et pour d'autres œuvres secrètes (voir 2 Néphi 9:9 ; 26:22 ; 3 Néphi 5:6). Dans la Bible, le terme abomination décrit les choses mauvaises et corrompues qui provoquent la colère de Dieu. Dans leurs formes la pire, elles sont appelées abominations de la désolation et sont associées avec la corruption du temple (voir Daniel 11:31 ; Matthieu 24:15). Dans son organisation, la grande prostituée est ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus, puisqu'elle lutte contre eux de toutes les manières possibles. Dans le chapitre 18, la femme sera également comparée à Babylone et Jean la décrira à ce moment-là.

(Chapitre 17:7-13)– Les mystères de la bête :

Jean est saisi d'un grand étonnement (grec : thaumazo). Il ne s'agit pas bien sûr d'admiration mais de consternation de la part de Jean. Nous avons vu que la bête était une contrefaçon de l'Agneau de Dieu, puisqu'elle était, qu'elle n'est plus, et qu'elle reparaîtra, ce qui veut suggérer l'aspect passager et éphémère de la puissance de la bête. Ici encore, la bête veut imiter l'Agneau, en imitant son pouvoir de résurrection, car elle meurt et revient à la vie. Le verset 8 dit "qu'elle était, et qu'elle n'est plus, et qu'elle reparaîtra." En réalité, la bête ne meurt point, elle n'a pas non plus disparu, elle est simplement cachée. Mais elle continue à tirer les ficelles, jusqu'à ce qu'elle apparaisse en pleine force. L'expression "qu'elle reparaîtra" vient du grec kai parestai. Ceci est de la même racine que le mot grec parousia, qui est un terme technique traduit en français par parousie, qui décrit constamment dans les Écritures la seconde venue du Seigneur (voir 1 Thessaloniciens 4:15-17
; 2 Thessaloniciens 2:1). La bête veut imiter le Seigneur par cette parousie diabolique. Mais elle ne durera qu'un temps très court. On s'aperçoit ici que la bête est en fait une organisation politique composite, avec une idéologie commune, et qui cherche à combattre la vraie religion.

Les 7 têtes représentent 7 rois (verset 10), alors que les 10 cornes représentent 10 rois (verset 12). Mais nous apprenons qu'ils ont tous le même dessein et donnent leur autorité et leur puissance à la bête (verset 13). Il n'est pas facile d'interpréter les symboles indiqués ici. Il n'y a pas de commentaires scripturaires ou prophétiques. Néphi a sans doute vu cette même période de l'histoire, mais il se concentre surtout sur la grande prostituée et ne dit rien de ces rois ou autres institutions qui soutiennent la grande prostituée. Cependant, au verset 9, Jean nous apprend que les 7 têtes sont 7 montagnes sur lesquelles la femme est assise. L'allusion aux 7 collines de Rome est ici évidente, et il est certain que l'esprit de la bête s'est manifesté dans la Rome du temps de Jean. Cependant, Rome représente ici un symbole, un archétype de la même façon que Babylone. Le sceptre représente la plénitude du pouvoir que Rome exerçait à l'époque de Jean, mais également le pouvoir politique de la bête dans les derniers jours. Au cours des siècles on a essayé de donner une interprétation à ces différents rois : on a souvent parlé de Néron, de Domitien et d'autres. Mais il faut plutôt y voir le symbole de l'autorité de la puissance politique. Au verset 12, on parle de ces 10 rois qui n'ont pas encore reçu de royaume, et qui représentent probablement des institutions qui viendront après la période de l'empire romain. Une fois de plus, le nombre 10 est utilisé pour suggérer que ces royaumes ne représentent qu'une partie des royaumes ou des institutions présentent sur la terre. Mais ils représentent les royaumes, les dirigeants, les institutions que la grande prostituée réussit à séduire et qui adoptent sa philosophie et ses méthodes. Enfin, il est bien indiqué que leur pouvoir ne sera que pour un peu de temps, puisqu'ils reçoivent autorité pendant 1 heure de la bête (verset 12). Le verset 14 nous rappelle que l'Agneau sera victorieux, qu'il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, appellation typique des écrits bibliques et de la littérature apocalyptique juive (voir Deutéronome 10:17).

(Chapitre 17:14-18)– La chute de la grande prostituée :

Les bêtes rassemblent la portion babylonienne de l'humanité pour une grande guerre. Les grenouilles du chapitre 16 ont fait leur travail en répandant la propagande de séduction. Une grande armée est formée, qui a pour objectif la destruction. C'est de cette période qu'a parlé Ézéchiel 38:8-12 :

"Après bien des jours, tu (Gog) seras à leur tête ; dans la suite des années, tu marcheras contre le pays dont les habitants, échappés à l'épée, auront été rassemblés d'entre plusieurs peuples sur les montagnes d'Israël longtemps désertes ; retirés du milieu des peuples, ils seront tous en sécurité dans leurs demeures.
Tu monteras, tu t'avanceras comme une tempête, tu seras comme une nuée qui va couvrir le pays, toi et toutes tes troupes, et les nombreux peuples avec toi.
Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : En ce jour-là, des pensées s'élèveront dans ton cœur, et tu formeras de mauvais desseins.
Tu diras : Je monterai contre un pays ouvert, je fondrai sur des hommes tranquilles, en sécurité dans leurs demeures, tous dans des habitations sans murailles, et n'ayant ni verrous ni portes ;
J'irai faire du butin et me livrer au pillage, porter la main sur des ruines maintenant habitées, sur un peuple recueilli du milieu des nations, ayant des troupeaux et des propriétés, et occupant les lieux élevés du pays."

Mais les choses ne se passeront pas comme il l'avait prévu. Ézéchiel 38:18-23 :

"En ce jour-là, le jour où Gog marchera contre la terre d'Israël, dit le Seigneur, l'Éternel, la fureur me montera dans les narines.
Je le déclare, dans ma jalousie et dans le feu de ma colère, en ce jour-là, il y aura un grand tumulte dans le pays d'Israël.
Les poissons de la mer et les oiseaux du ciel trembleront devant moi, et les bêtes des champs et tous les reptiles qui rampent sur la terre, et tous les hommes qui sont à la surface de la terre ; les montagnes seront renversées, les parois des rochers s'écrouleront, et toutes les murailles tomberont par terre.
J'appellerai l'épée contre lui sur toutes mes montagnes, dit le Seigneur, l'Éternel ; l'épée de chacun se tournera contre son frère.
J'exercerai mes jugements contre lui par la peste et par le sang, par une pluie violente et par des pierres de grêle ; je ferai pleuvoir le feu et le soufre sur lui et sur ses troupes, et sur les peuples nombreux qui seront avec lui.
Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux de la multitude des nations, et elles sauront que je suis l'Éternel."

Une sorte de guerre civile se produira, qui préparera la chute de la grande prostituée et de tous ses pouvoirs, et ceci est bien ce que Dieu a voulu. A ce sujet, Néphi déclare dans 1 Néphi 14:13-14 :

"Et je vis que la grande mère des abominations rassemblait des multitudes sur toute la surface de la terre, parmi toutes les nations des Gentils, pour combattre contre l'Agneau de Dieu.
Et moi, Néphi, je vis le pouvoir de l'Agneau de Dieu descendre sur les saints de l'Église de l'Agneau et sur le peuple de l'alliance du Seigneur, dispersé sur toute la surface de la terre ; et ils furent armés de justice et de la puissance de Dieu, en grande gloire."

L'ennemi ne peut donc vaincre contre le pouvoir de l'Agneau. Par frustration et rage, les nations se retournent contre la prostituée, la détruisent et la dévorent (voir aussi Ézéchiel 23:25-30). La place de la grande prostituée, dans le drame qui se joue dans les derniers jours, montre que quand les hommes cessent d'adorer Dieu, ils ne cessent pas d'adorer mais ils se tournent vers des formes de religion fausses, qui leur permettent de donner un sens et une direction à leur vie. La grande prostituée est une sorte de prêtresse avec de faux rites et de fausses ordonnances, des sacrifices inutiles qui n'ont aucune efficacité. Les justes devront s'écarter de ce danger.

(Chapitre 18:1-8)– Ses péchés montent jusqu'aux cieux :

Le chapitre 18 accomplit la promesse qui avait été faite au chapitre 17:1 :

"... Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux."

C'est en effet ce que Jean va maintenant contempler. Au verset 1, nous voyons cet autre ange qui descend du ciel avec autorité, "et la terre fut éclairée de sa gloire." Nous avons ici un rappel de la vision de la gloire de l'Éternel dans le chapitre 43 d'Ézéchiel, où on nous dit au verset 2 : "...et la terre resplendissait de sa gloire". Cet ange dont il est fait mention au chapitre 18 est un rappel de celui d'Ézéchiel 43, qui est aussi l'ange de la restauration, qui porte le pouvoir de l'Évangile. Sa tâche n'est pas seulement négative, mais c'est bien grâce à l'Évangile que l'on peut proclamer le triomphe du bien et combattre la grande prostituée. On décrit ainsi la grande ville de Babylone : habitation de démons, repaire d'esprits impurs, et repaire d'oiseaux impurs et odieux. Ce 3e groupe semble un peu étrange. Bien sûr dans la loi mosaïque, certains oiseaux étaient impurs (voir Lévitique 11:13-20). Cependant, ici l'image est probablement différente : dans l'Ancien Testament, très souvent, on associe les oiseaux avec le jugement de Dieu qui s'abat sur les rebelles. De cela est venu l'idée des oiseaux qui se nourrissent de l'âme des hommes (voir Deutéronome 28:26
; 1 Samuel 17:44 ; 1 Rois 14:11 ; Psaumes 79:2 ; Ésaïe 18:6 ; Jérémie 16:4 ; Ézéchiel 29:5). Les oiseaux peuvent symboliser ces forces démoniaques qui détruisent l'âme des hommes.

Tous ceux qui ont été séduits par Babylone vont se lamenter. Les rois sont coupables des alliances qu'ils ont contractées avec elles, les marchands sont coupables d'idolâtrie à travers l'adoration de Mammon. Le terme de Mammon (du grec mammonas) signifie l'argent sous toutes ses formes. Comme nous le voyons au chapitre 18:9-19, Babylone offrait tout ce que l'on peut imaginer : l'or, l'argent, les pierres précieuses, les perles, les vêtements coûteux, le mobilier précieux, l'ivoire, le bronze, le marbre et ainsi de suite. C'est un véritable supermarché où la cinnamome, les épices, l'encens, le vin et l'huile sont disponibles. Mais enfin, au verset 13, la liste parle d'une cargaison de corps et d'âmes d'hommes. En réalité, les êtres humains devenaient bien esclaves car, en plus de procurer des corps (grec soma), Babylone réduisait les individus à de la chair qui pouvait être vendue ou achetée pour du profit. C'est bien une population déshumanisée, puisque on a également une cargaison d'âmes d'hommes, car nombreux sont ceux qui "vendent leur âme au diable", et qui sont prêts à tout donner pour les plaisirs, le luxe et la luxure de ce monde. Les saints ont été avertis au verset 4 :

"Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point de part à ses fléaux".

Ce même avertissement a été rappelé dans les derniers jours, dans D&A 133:7 :

"...la voix du Seigneur vous dit : Sortez de Babylone ; rassemblez-vous d'entre les nations, des quatre vents, d'un bout du ciel à l'autre." Et au verset 14 de la même section :
"Sortez de parmi les nations, oui, sortez de Babylone, du milieu de l'iniquité, qui est la Babylone spirituelle."

Il s'agit donc bien là, non pas d'une ville particulière, mais de cette appartenance spirituelle à Babylone. Et enfin D&A 64:24 nous rappelle de façon très spécifique :
"Car après aujourd'hui vient le feu – pour parler à la manière du Seigneur – car en vérité, je vous dis que demain tous les orgueilleux et les méchants seront comme du chaume ; et je les brûlerai, car je suis le Seigneur des armées ; et je n'épargnerai aucun de ceux qui restent à Babylone."

La mesure des iniquités de Babylone étant à son comble, la justice de Dieu va intervenir, et le châtiment est rendu au double selon les œuvres. Nous avons ici la loi du Talion, et la punition doit être en rapport avec le crime. Ce n'est pas 1 pour 1 mais 2 pour 1. Nous savons que les anges tiennent un livre dans les cieux, qui sera amené au moment du jugement (voir Apocalypse 20:12). Ce livre contient les choses dont Dieu se souvient, non pas celles qu'il a oubliées, car il a promis à son peuple qu'il ne se souviendrait plus de ses péchés (Jérémie 31:34). Ainsi, quand nous abandonnons Babylone, Dieu oublie que nous en avons fait partie. Le péché de Babylone est double ; d'abord c'est son arrogance, 'je suis assise en reine' (verset 7) et c'est aussi sa confiance totale dans ses ressources sans fin, lorsqu'elle dit 'je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil.' Mais son châtiment sera rapide ; il s'accomplira en un jour et elle sera consumée par le feu (verset 8). Ce châtiment est exemplaire car la prostituée que Jean a vue n'est pas une femme du commun. Nous avons déjà vu qu'elle représente aussi une classe de faux prêtres. La punition, dans la loi lévitique, pour l'adultère ou la prostitution d'une fille de prêtres, était la mort par le feu (voir Lévitique 21:9). Pour toute personne qui n'était pas d'une caste sacerdotale, le châtiment était la mort par strangulation ou par lapidation. Ainsi Babylone, qui représente une religion idolâtre et apostate, mérite bien son sort.

(Chapitre 18:9-19)– Les lamentations des méchants :

La fumée est le signal de la destruction de Babylone. Ceux qui se sont attachés à elles font monter également leurs lamentations. Il s'agit des rois de la terre (versets 9 et 10), des marchands (versets 11 à 17) et des pilotes, c'est-à-dire des marins et entrepreneurs du commerce maritime (versets 17 à 19). Il est tout-à-fait clair par ces versets que les marchands, les entrepreneurs maritimes ont pu s'enrichir en vendant leurs marchandises à cause des fausses valeurs sur lesquelles Babylone était fondée. Toute leur entreprise et tout leur marketing sont bâtis sur des faux-semblants qui sont soutenus par la création de besoins artificiels. Mais vient le moment où tout est perdu car plus personne ne veut acheter ce qui leur restera comme un stock inutile.

(Chapitre 18:20-24)– Réjouis-toi sur elle :

Ainsi les cieux, les saints, les apôtres et les prophètes reçoivent l'invitation de se réjouir. Ces réjouissances sont en contraste avec les lamentations des hommes du monde. Nous avons vu combien les prières des saints ont influencé le temps du jugement. D'après la loi d'Israël, un homme devait donner sa vie lorsqu'il avait tué son prochain (voir Genèse 9:5-6). Par ailleurs, lorsqu'on portait un faux témoignage et qu'on était coupable de parjure, on devait recevoir la punition que l'on avait voulu infliger à son prochain (voir Deutéronome 19:16-19). Les saints, les apôtres et les prophètes sont les témoins à charge de Babylone et Dieu leur rend justice. Elle est à la fois coupable de parjure et de meurtre, c'est pourquoi nous avons, au verset 24 :

"Et parce qu'on a trouvé chez elle le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre."

Elle doit donc bien donner sa vie pour payer pour ses crimes. Le sort de la grande prostituée est symbolisé par l'action de l'ange, qui précipite une pierre semblable à une grande meule et la jette dans la mer. C'est ainsi que sera précipitée Babylone. En effet, elle ne sera plus trouvée, car de la même façon que la meule ne peut remonter à la surface de l'eau, de la même façon la grande prostituée ne pourra jamais revenir à la vie (voir Jérémie 51:61-64). L'histoire de la tour de Babel est donc plus qu'un mythe. C'est un exemple historique qui nous permet de comprendre la rébellion de l'homme contre Dieu. Le symbole le plus impressionnant de la religion babylonienne était la ziggourat. Elle est le symbole de la quête de l'homme pour entrer en compétition avec Dieu, en érigeant des monuments colossaux qui contreferont les montagnes saintes et les temples de Dieu. C'est dans ces lieux de contrefaçon que l'homme prétendra connaître les mystères de Dieu à partir desquels il va pouvoir promouvoir des lois impies et des pratiques impures. C'est ainsi que se creuse le fossé entre Dieu et l'homme naturel. Le Livre de Mormon rend témoignage de la colère de Dieu sur ces peuples, dans Éther 1:33 :
 
"Lequel Jared vint, avec son frère et leurs familles, avec quelques autres et leurs familles, de la grande tour, au temps où le Seigneur confondit la langue du peuple et jura dans sa colère qu'il serait dispersé sur toute la surface de la terre ; et, selon la parole du Seigneur, le peuple fut dispersé."

La même chose existe aujourd'hui car les principes babyloniens sont toujours en vigueur avec la recherche de la sensualité et les principes du matérialisme qui ont saisi l'âme des hommes. Le plaisir remplace le bonheur, la luxure et la passion sont recherchées et la sécurité est trouvée à travers le bien-être matériel. Encore beaucoup aujourd'hui cherchent à atteindre le ciel à travers les drogues, la luxure, l'argent, le succès ou le pouvoir. La seule solution que Dieu nous propose est de fuir Babylone ; ce qui implique de se défaire de toutes relations avec elle. C'est ainsi qu'on ne peut maintenir une association quelle qu'elle soit avec Babylone et ce qu'elle représente. Il y a une bonne raison pour cela : Babylone ne pourra pas se convertir mais elle sera détruite. Jérémie 51:9 :

"Nous avons voulu guérir Babylone, mais elle n'a pas guéri. Abandonnons-là, et allons chacun dans notre pays ; car son châtiment atteint jusqu'aux cieux, et s'élève jusqu'aux nues."

Puis D&A 64:24 :

"Car après aujourd'hui vient le feu – pour parler à la manière du Seigneur – car en vérité, je vous dis que demain tous les orgueilleux et les méchants seront comme du chaume ; et je les brûlerai, car je suis le Seigneur des armées ; et je n'épargnerai aucun de ceux qui restent à Babylone."

C'est pourquoi, le conseil qui nous est donné à tous est le suivant :

"Sauve-toi, Sion, Toi qui habites chez la fille de Babylone !" (Zacharie 2:7).



L'APOCALYPSE
Le Millénium
Leçon 10 – Commentaires des chapitres 19 et 20.

(Chapitre 19:1-5)– Louanges au Dieu de jugement :

Le chapitre 19 continue l'allégresse commencée au chapitre 18. Il s'agit d'un acte de louange unifié :

"Alléluia ! Le salut, la gloire et la puissance sont à notre Dieu" (verset 1).

À nouveau, on nous rappelle que les jugements de Dieu sont "véritables et justes" (verset 2). Le mot véritable (grec althés) signifie exact, correct, légitime. Quant au terme juste, du grec dikaios, implique aussi la souveraineté de Dieu qui veille à ce que les lois ne soient pas violées. Nous avons ici la présentation d'un grand thème, très développé dans le Livre de Mormon, à savoir l'équilibre entre la justice et la miséricorde. Nous lisons dans Alma 42:13 :

"... Or, l'œuvre de la justice ne pouvait point être détruite ; s'il en était ainsi, Dieu cesserait d'être Dieu."

Et plus loin au verset 22 :

"Mais il y a une loi donnée, et une punition y est attachée, et le repentir est accordé ; et la miséricorde réclame le repentir, autrement la justice réclame la créature et exécute la loi, et la loi inflige la punition. Si cela n'était pas, les œuvres de la justice seraient détruites, et Dieu cesserait d'être Dieu."

Par ailleurs, nous lisons, dans Mormon 9:19 :

"... Dieu ne change pas ; s'il changeait, il cesserait d'être Dieu ; et il ne cesse pas d'être Dieu, et il est un Dieu de miracles."

Jean nous montre que le monde qui ne se repend pas devra apprendre cette grande leçon, mais trop tard.

Au verset 5, une voix sort du trône. Nous avons eu auparavant une voix qui sortait de l'autel (Apocalypse 16:7), qui en général était le témoignage des souffrances des saints. Ici, les saints ne souffrent plus et, en effet, la voix sort du trône, sur lequel Dieu est assis, signe d'autorité.

(Chapitre 19:6-10)– Le mariage de l'Agneau :

Les réjouissances continuent avec le mariage de l'Agneau. C'est le moment où, finalement, l'Église peut être unie pour toujours avec son roi. Il y a 3 thèmes déjà présents dans l'Ancien Testament et repris dans le Nouveau Testament, qui sont ici habilement mêlés. Tout d'abord, il y a la description du règne de Dieu comme une grande fête (Ésaïe 25:6, Marc 2:19
; Matthieu 22:1-14 ; 25:1-13 ; Luc 14:15-24). Le 2e thème est la description d'Israël comme l'épouse de Jéhovah (Osée 2:5 ; Ésaïe 1:21 ; Jérémie 2:2 ; Éphésiens 5:32). Enfin, le dernier thème est l'utilisation du vêtement comme symbole de sainteté (voir Genèse 35:2 ; Ésaïe 52:1 ; 61:10 ; Zacharie 3:4 ; Apocalypse 3:4 ; 6:11 ; 7:14). L'Église porte un vêtement qui est à la fois éclatant et pur. Ce vêtement est symbole de ses œuvres justes, œuvres justes des saints (verset 8). Le mot grec utilisé, dikaioma insiste clairement sur les œuvres et les actes de justice, plus que sur la justice elle-même. Cette épouse que représente l'Église reçoit le vêtement. Il lui a été donné (edothé, du verbe grec didomi, qui signifie donner). Là encore, on nous montre que l'agent actif est Dieu. C'est lui qui a donné ce vêtement. Il est donc reçu en dotation. L'allusion au temple est ici encore évidente. Mais c'est aussi une façon de montrer que les actions justes des hommes sont également, d'une certaine manière, le résultat de la bonté de Dieu, dont l'esprit et la lumière illuminent l'homme, et qui donne sa loi pour que l'homme se dirige (voir D&A 88:11-13).

Le vêtement de l'épouse est en très grand contraste avec le vêtement de la prostituée que nous avons vu au chapitre 17. A ce point, (verset 9) un ange commande à l'apôtre d'écrire, et il lui donne le thème exact de ce qu'il doit écrire : "Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l'Agneau !". Le mot appelé (grec klésis) est le même terme religieux qui est utilisé pour l'invitation à entrer dans le royaume de Dieu. Ici, tous ceux qui sont présents sont invités au mariage du Seigneur, ce qui implique qu'ils entreront dans sa présence.

L'apôtre semble faire une distinction entre l'épouse et ceux qui sont invités. L'épouse représente l'Église en tant qu'ensemble, institution, alors que les invités représentent les saints individuels. L'épouse est la vraie Église vivante, dans laquelle réside l'alliance de Dieu. Quant aux invités, ils sont décrits dans D&A 76:56-58 :

"Ce sont ceux qui sont prêtres et rois, qui ont reçu de sa plénitude et de sa gloire ;
Et sont prêtres du Très-Haut, selon l'ordre de Melchisédek, qui était selon l'ordre d'Énoch, qui était selon l'ordre du Fils unique.
C'est pourquoi, comme il est écrit, ils sont dieux, oui, les fils de Dieu -"

Le fait que l'on parle ici de rois et prêtres ne doit pas nous faire penser qu'il n'y aura pas de femmes justes et vertueuses présentes. Elles seront en fait les reines et prêtresses de l'Église.

À ce point, l'ange se prosterne aux pieds de l'ange pour l'adorer, mais celui-ci lui déclare : "Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service..." mais il lui commande d'adorer Dieu, "car le témoignage de Jésus est l'esprit de la prophétie." Ce qui peut être interprété comme voulant dire "car celui qui témoigne que Jésus est le Christ est l'esprit de prophétie."

(Chapitre 19:11-16)– 

Au début du livre de l'Apocalypse, Jean avait vu une porte ouverte sur les cieux (4:1). Plus tard, le temple de Dieu, qui est dans les cieux, était ouvert (11:19). Puis le temple tout entier lui fut ouvert au moment où les 7 anges avec les 7 coupes en sortirent (15:5). Mais maintenant, Jean voit le ciel ouvert et apparaît un cheval blanc monté par un cavalier (voir D&A 45:74-75). Ce cavalier est le Sauveur et il est appelé "Fidèle et Véritable". (Verset 11). C'est donc Jésus Christ, comme Bruce McConkie l'a montré, qui "signifie qu'il est la représentation et la personnification de ses attributs divins. Plus que quiconque, il a été obéissant à la volonté du Père, et fidèle à tout ce qui lui avait été confié." Jean rajoute : "...et il juge et combat avec justice". Le combat est une conséquence de son jugement juste, car le mal doit être éliminé par la force si c'est nécessaire.

Jean met en contraste ce cavalier avec les dragons et la bête qui venait de la mer. Ces derniers possédaient respectivement 7 et 10 diadèmes. Ici le guerrier a plusieurs diadèmes (verset 12), ce qui montre sa véritable royauté qui dépasse la fausse souveraineté de Satan et de ceux qui lui appartiennent. On nous rappelle également qu'il est appelé Roi des rois et Seigneur des seigneurs (verset 16). C'est un rappel de ce que nous avions au chapitre 11:15 : "... Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles." Il a un nom, mais c'est un nom que personne ne connaît, si ce n'est lui-même. L’Apôtre Bruce McConkie a expliqué : "Comme pour tout être glorifié, notre Seigneur a un nouveau nom dans l'exaltation céleste, un nom connu et compris de ceux qui connaissent Dieu, dans le sens où ils sont devenus semblables à lui et ont la vie éternelle." Ainsi, le nouveau nom du Christ sera écrit sur tous ceux qui seront cohéritiers avec lui (Apocalypse 3:12) et qui démontreront qu'ils sont devenus semblables à lui."

Mais ce guerrier a un nom qui est connu : "la parole de Dieu" (verset 13). C'est par ce même nom de 'parole' que Jean désignera le Christ au début de son Évangile (voir Jean 1:1-3). Dans la pensée hébraïque, un nom n'est pas un son sans vie mais est un agent actif qui accomplit les intentions de celui qui parle (voir Genèse 1:3, 7-9
; Hébreux 4:12). Le Seigneur est un agent actif qui exécute la parole, c'est-à-dire la volonté de Dieu. Et cette parole est maintenant son jugement. C'est là que son vêtement est rouge, teint de sang, car son jugement est aussi celui de la mort (voir Ésaïe 63:1-6). D&A 133:46-51 nous rappelle que beaucoup poseront la question :

"Et l'on dira : Quel est celui-ci qui descend du Dieu des cieux avec des vêtements teints ; oui, des régions qui ne sont point connues, revêtu de ses vêtements glorieux, voyageant dans la grandeur de sa force ?
Et il dira : Je suis celui qui parlait en justice, puissant à sauver.
Et les vêtements du Seigneur seront rouges et ses habits comme celui qui foule au pressoir.
Et si grande sera la gloire de sa présence, que le soleil cachera sa face de honte, que la lune retiendra sa lumière et que les étoiles seront précipitées de leur place.
Et sa voix se fera entendre : J'ai foulé seul au pressoir et apporté le jugement à tous les peuples, et aucun n'était avec moi.
Je les ai piétinés dans ma fureur, j'ai marché sur eux dans ma colère, et j'ai aspergé mes vêtements de leur sang et taché tous mes habits, car c'était là le jour de vengeance qui était dans mon cœur."

C'est ainsi que Jean décrit ce moment où le Seigneur détruira toute méchanceté par la gloire de sa venue (voir D&A 5:19).

(Chapitre 19:17-21)– La bataille du Roi des rois :

La vision change soudainement et Jean voit un ange qui est baigné de lumière et de gloire céleste. Cet être divin appelle les oiseaux de proie à une grande fête (Ézéchiel 39:17-20). Ce banquet est un contraste à la noce de l'Agneau. Ici, ce sont les corps des rebelles qui servent de nourriture. Ignorants de leur sort, ils se rassemblent avec leurs armées, pour combattre le roi de la terre (verset 19). Ils veulent combattre celui qui règne, mais la chose est ironique, car les oiseaux sont déjà prêts à les dévorer. Les premiers tombés sont la bête et le faux prophète. Sous la lumière du pouvoir du Christ, toutes les fausses entités politiques, toutes les institutions sans foi, toutes les philosophies pseudo-religieuses s'effondreront. Avec la disparition de ces philosophies et idéologies, les armées du monde tomberont dans l'anarchie, et c'est une œuvre de mort qui en résultera. Elles ne pourront résister à l'épée qui sort de la bouche de l'Agneau, cette épée qui représente le pouvoir de sa parole, telle qu'elle est transmise aux prophètes, cette parole qui transperce au cœur les méchants (Ésaïe 49:2
; Hébreux 4:12 ; Éphésiens 6:17). Ainsi, c'est bien aussi par la proclamation de l'Évangile que l'ennemi sera combattu et amené à la défaite.

Dans le chapitre 19, nous avons 2 fêtes : la fête pour ceux qui sont justes et justifiés, et la fête pour ceux qui sont condamnés. Le festin pour les méchants est appelé le grand festin de Dieu (verset 17), car là encore, c'est bien Dieu qui invite, comme il le fait aussi pour la noce. Ceux qui seront à la noce de l'Agneau auront un bon festin. D&A 58:8-9 :

"Et aussi afin que soit préparé un festin de mets succulents pour les pauvres, oui, un festin de mets succulents, de vins vieux, clarifiés, afin que la terre sache que la bouche des prophètes ne périra pas ;
Oui, un souper de la maison du Seigneur, bien préparé, auquel toutes les nations seront invitées."

Le 2e festin, pour les rebelles, est tout-à-fait différent. Apocalypse 19:18 :

"... afin de manger la chair des rois, la chair des chefs militaires, la chair des puissants, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands."

La question reste posée : à quel festin participerons-nous ? Qu'est-ce qui va déterminer que nous soyons invités à l'un ou à l'autre ? Tout cela dépend de notre façon d'adorer et de vivre la loi de Dieu.

(Chapitre 20:1-3)– Satan est lié pour mille ans :

Après la destruction du faux prophète et de la bête, la vision de Jean insiste sur la destruction du dragon. Non seulement ceux qui sont des instruments des agents du mal doivent être vaincus, mais le père de tout le mal doit également périr. Ainsi, nous apprenons ici un principe important : la guerre cessera quand la haine, la luxure et la méchanceté auront cessé. Sion ne viendra pas par une révolution politique, mais par une renaissance spirituelle. La chute de Satan, le maître de la haine, doit donc précéder l'ère de paix du millénium. Jean voit un ange qui vient des cieux et qui détient la clé de l'abîme. Au chapitre 9, nous avions vu l'étoile qui était tombée. Ici, nous voyons un ange qui descend du ciel. L'étoile avait reçu la clé, alors que l'ange ici la possède. Nous ne connaissons pas l'identité de cet ange, qui va sceller le grand abîme, mais il remplit son ministère directement sous la direction du Seigneur. On peut supposer qu'il s'agit de Michel, qui encore une fois va combattre pour apporter la défaite du seigneur des ténèbres. D&A 88:112 identifie Michel comme l'un des 7 anges, et aux versets 106 et 107, le 7e ange proclame la victoire de l'Agneau et de ses anges. On sait que Michel est engagé dans cette lutte contre le royaume satanique dans les derniers jours. Le livre de Daniel pourrait bien refléter ce combat, lorsqu'il dit au chapitre 7:21-22 :

"Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l'emporter sur eux,
Jusqu'au moment où l'ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume."

L'idée de lier Satan est déjà présente dans Ésaïe (24:22-23). En fait, il s'agit bien d'un événement historique réel qui aura lieu (voir D&A 43:31
; 45:55 ; 84:100 ; 88:110-111). La clé et la chaîne montrent la suprématie de Dieu sur Satan et son royaume. Il y a une triple action de la part de l'ange, qui non seulement va fermer à clé l'abîme, mais aussi lier Satan avec des chaînes, et enfin sceller l'entrée au-dessus de lui (versets 2 et 3). D&A 101:28 nous rappelle : "Ce jour-là, Satan n'aura plus le pouvoir de tenter personne." Il faut rappeler un point important: c'est l'ange qui lie Satan, ce n'est pas l'humanité. Cependant, il faut rappeler aussi ce que Néphi proclamait dans 1 Néphi 22:26 :

"Et à cause de la justice de son peuple, Satan n'a point de pouvoir et il ne sera pas délié pendant de nombreuses années ; car il n'a aucun pouvoir sur le cœur du peuple, puisque celui-ci demeure dans la justice et que le Très-Saint d'Israël règne."

Il s'agit donc bien d'un travail d'équipe, avec le Seigneur, qui lie Satan au départ, mais avec la justice des saints qui le garde lié. Satan est lié pour que la terre puisse être préparée à sa gloire céleste à venir. Le verset 3 nous parle du fait que "Satan ne séduisît plus les nations". Le terme nations a un sens particulier. Joseph Fielding Smith nous a rappelés qu'il y aura de nombreuses nations sur la terre, qui ne connaîtront pas la loi de l'Évangile au moment du millénium. Elles seront épargnées et ne seront pas détruites, mais participeront à cette période de mille ans avec le Saint de Dieu, et ce sera grâce à un grand effort missionnaire qu'elles viendront à l'adoration du Seigneur.

(Chapitre 20:4-6)– La première résurrection et le règne du Seigneur :

C'est à ce moment que Jean contemple la période paradisiaque. D'autres prophètes, parlant du millénium, se sont attachés à en décrire la nature, la beauté et la paix (voir par exemple Ésaïe 11:6-9
; 65:17-25 ; Ézéchiel 34:25-31). Mais ici, Jean s'attache à décrire le genre de personnes qui partageront ce règne millénaire. Ce sont ceux qui n'auront pas adoré la bête et son image et qui n'auront pas reçu la marque sur leur front et leurs mains. Au verset 4, il nous rappelle qu'il leur fut donné le pouvoir de juger, ce qui nous rappelle également la promesse du Sauveur à ses apôtres, selon laquelle ils seraient les juges en Israël (Matthieu 19:28). Dans D&A 29:12, nous lisons :

"De plus, en vérité, en vérité, je vous dis, et c'est un décret irrévocable émanant de la volonté du Père, que mes apôtres, les Douze qui étaient avec moi dans mon ministère à Jérusalem, se tiendront à ma droite le jour de ma venue dans une colonne de feu, revêtus de robes de justice, une couronne sur la tête, en gloire, tout comme je le suis, pour juger toute la maison d'Israël, à savoir toux ceux qui m'ont aimé et ont gardé mes commandements, et personne d'autre."

Le terme de jugement doit être compris comme le pouvoir de présider. Les Douze ne détermineront pas la situation de chaque âme, mais bien plutôt, présideront en justice. Dans D&A 43:29-30, nous lisons :

"Car au temps que j'ai choisi, je descendrai sur terre pour juger, et mon peuple sera racheté et régnera avec moi sur terre.
Car le grand Millénium dont j'ai parlé par la bouche de mes serviteurs viendra."

Joseph Smith a expliqué ce qui se produirait pour les vivants et pour les morts au moment de la seconde venue. Dans D&A 88:96-101 :

"Et les saints qui seront sur terre, qui seront vivants, seront animés et enlevés à sa rencontre.
Et ceux qui auront dormi dans leurs tombeaux sortiront, car leurs tombeaux seront ouverts ; et ils seront, eux aussi, enlevés à sa rencontre au milieu de la colonne du ciel –
Ils sont au Christ, les prémices, ceux qui descendront avec lui les premiers, et ceux qui, sur terre et dans leurs tombeaux, seront les premiers enlevés à sa rencontre ; et tout cela par la voix de la trompette de l'ange de Dieu.
Après cela, un autre ange sonnera, ce qui est la deuxième trompette ; alors vient la rédemption de ceux qui appartiennent au Christ à sa venue, qui ont reçu leur part dans cette prison qui est préparée pour eux, afin qu'ils reçoivent l'évangile et soient jugés selon les hommes dans la chair.
Et de plus, une autre trompette retentira, qui est la troisième ; alors viennent les esprits des hommes qui doivent être jugés et se trouvent être sous la condamnation.
Ceux-là sont le reste des morts ; et ils ne revivront pas avant que les mille ans soient passés, et pas avant la fin de la terre."

Ainsi, la première résurrection comprend tous ceux, vivants ou morts, qui, au moment de la venue en gloire du Christ, lui appartiennent. Dans Alma 13:11-12, nous lisons :

"C'est pourquoi, ils étaient appelés selon ce saint ordre, et étaient sanctifiés, et leurs vêtements étaient blanchis par le sang de l'Agneau.
Ainsi sanctifiés par le Saint-Esprit, leurs vêtements ainsi blanchis, et purs et sans tache devant Dieu, ils ne pouvaient considérer le péché qu'avec une aversion extrême ; et il y en avait un nombre considérable, un nombre extrêmement considérable qui étaient purifiés et entraient dans le repos du Seigneur leur Dieu."

Ainsi, ce sont les prémices du Christ, ce sont ceux qui pourront participer à ce millénaire pendant lequel la terre sera en repos. D&A 29:9, 11 nous explique :

"Car l'heure est proche et le jour viendra bientôt où la terre sera mûre ; tous les orgueilleux et tous les méchants seront comme du chaume et je les brûlerai, dit le Seigneur des armées, pour que la méchanceté ne plus sur la terre.
Car je me révélerai des cieux avec puissance et une grande gloire, avec toutes les armées célestes, et je demeurerai pendant mille ans dans la justice avec les hommes sur la terre, et les méchants ne seront plus."

Ceux qui participeront au Millénium seront "heureux et saints" (verset 6). Ces attributs appartiennent également à Dieu et à l'Agneau. Ceux qui ont donc surmonté toute tentation prennent sur eux ces mêmes attributs et n'ont pas à craindre la seconde mort. Ainsi, étant vivants dans le Christ, leur vie, comme la sienne, devient éternelle. Ils partagent avec le Seigneur sa gloire, son honneur, son autorité et sa majesté. Ils font partie d'un royaume de prêtres et de rois, de prêtresses et de reines qui règnent avec lui pour toute éternité. Ce sont les saints qui composent ce royaume de Dieu, non parce qu'il règne sur eux mais parce qu'ils règnent avec lui. Le Millénium marque le commencement de leur domination éternelle.

(Chapitre 20:7-10)– La bataille de Gog et Magog :

L'ère de béatitudes ne s'ouvre pas directement sur la gloire éternelle, car après que les mille ans soient terminés, Satan est libéré de sa prison (verset 7) et il recommence à séduire les nations. De nouveau, les hommes recommenceront à renier leur Dieu (D&A 29:22). On peut comprendre le processus ou le phénomène en nous rappelant de ces sociétés qui avaient été parfaites et qui finissaient dans la décadence la plus profonde et que nous trouvons décrites dans 4 Néphi et Mormon 1. En effet, dans les environs de 150 après Jésus-Christ, un petit groupe de gens a commencé à se révolter contre l'Église (4 Néphi 20). Avec la prospérité vint un état d'esprit matérialiste, puis les distinctions de classes et enfin la prolifération des Églises. C'est ainsi que les gens commencèrent à chercher leur propre sécurité dans une fausse droiture. Avec les autres Églises vinrent les faux prophètes et la persécution se répandit. Mormon nous explique dans 4 Néphi 38 :

"... et ils ne tombaient pas dans l'incrédulité, mais ils se révoltaient consciemment contre l'évangile du Christ ; et ils enseignaient à leurs enfants à ne point croire, comme l'avaient fait leurs pères, dès le commencement."

Le résultat de tout cela fut la guerre, qui détruisit les nations. Satan a eu tout le temps nécessaire pour préparer son plan de séduction. C'est ainsi qu'il rassemble les nations, symbolisées par Gog et Magog, pour combattre les saints. Dans D&A 88:111, nous lisons : "Ensuite il sera détaché pour un peu de temps, afin de réunir ses armées." La bataille nous est décrite en ces termes :

"Et Michel, le septième ange, à savoir l'archange, réunira ses armées, à savoir les armées du ciel,
Et le diable réunira ses armées, à savoir les armées de l'enfer, et montera à la bataille contre Michel et ses armées.
Alors, vient la bataille du grand Dieu ; et le diable et ses armées seront rejetés en leur propre lieu, afin qu'ils n'aient plus aucun pouvoir sur les saints.
Car Michel combattra pour eux et vaincra celui qui cherche le trône de celui qui est assis sur le trône, à savoir l'Agneau." (D&A 88:112-115).

D'après cette révélation des derniers jours, nous voyons que c'est de Michel et de ses armées que viendra le pouvoir de combattre Satan. De même, il semble bien que les saints qui seront sur la terre n'auront pas à combattre dans la bataille, mais que "Michel combattra pour eux" (D&A 88:115). C'est ainsi que le diable sera jeté dans l'étang de feu et de soufre (verset 10).

(Chapitre 20:11-15)– Le jugement dernier :

Ce n'est qu'après la destruction de Satan par Michel que le jugement dernier commencera. La base de ce jugement consistera en des livres qui ont été gardés sur la terre et dans les cieux. Les premiers sont appelés "livres" et le dernier est appelé "le livre de vie". Joseph Smith l'a décrit en ces termes :

"Vous découvrirez dans cette citation que les livres furent ouverts, et qu'un autre livre fut ouvert, lequel était le livre de vie. Mais les morts furent jugés selon leurs œuvres, d'après ce qui était écrit dans les livres. Par conséquent, les livres en question doivent être les livres qui contenaient le rapport de leurs œuvres et ont trait aux registres qui sont tenus sur la terre. Et le livre qui était le livre de vie est le registre qui est tenu dans les cieux. Le principe étant précisément conforme à la doctrine qui vous est donnée comme commandement dans la révélation contenue dans la lettre que je vous ai écrite avant de quitter mon logis : afin que tout ce que vous enregistrez soit enregistré dans les cieux." (D&A 128:7).

Le jugement sera en fait basé sur le pouvoir de scellement des ordonnances (D&A 128:8). Ainsi, le jugement est basé, en dernière analyse, sur les œuvres. Ceux qui ont accepté l'Évangile et ont été scellés par le pouvoir de la prêtrise recevront la vie éternelle. Après la bataille, la mer, la mort et le séjour des morts rendent leurs morts (verset 13). Le moment du jugement universel est arrivé et nul ne peut y échapper. Le Seigneur a déclaré dans D&A 29:26-28 :

"Mais voici, en vérité, je vous le dis, avant que la terre ne passe, Michel, mon archange, sonnera de la trompette, et alors tous les morts se réveilleront, car leurs tombes seront ouvertes, et ils ressusciteront, oui, à savoir tous.
Les justes seront rassemblés à ma droite pour la vie éternelle, et les méchants qui seront à ma gauche, j'aurai honte de les reconnaître devant le Père.
C'est pourquoi, je leur dirai : Éloignez-vous de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges."

Mais ceux dont le nom n'est pas écrit dans le livre de vie sont jetés également dans l'étang de feu. Il s'agit ici de la seconde mort qui a été préparée pour eux. Ils sont "les vases de colère, condamnés à subir la colère de Dieu dans l'éternité avec le diable et ses anges" (D&A 76:33), ils deviennent comme Satan et n'ont pas de rédemption. D&A 88:35 nous explique :

"Celui qui enfreint une loi et ne se conforme pas à la loi, mais cherche à se la faire à lui-même veut demeurer dans le péché et y demeure complètement ne peut être sanctifié par la loi, ni par la miséricorde, la justice ou le jugement. C'est pourquoi, il doit demeurer impur."

Ainsi, il faut que nous soyons prudents, car le Seigneur vient rapidement. C'est ce que le Seigneur a rappelé dans la parabole des 10 vierges, lorsqu'il dit dans Matthieu 25:11-12 :

"Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous.
Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas."

Et le verset 13 ajoute : "Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure."



L'APOCALYPSE
La Nouvelle Jérusalem
Leçon 11 – Commentaires des chapitres 21 et 22

(Chapitre 21:1-4)– Le peuple de Dieu :

Une nouvelle vision s'est ouverte, et Jean a pu décrire un nouveau ciel et une nouvelle terre (voir Ésaïe 51:6
; Psaumes 102:26-27 ; Matthieu 24:29 ; 2 Pierre 3:10). L'ancienne terre cependant n'est pas détruite mais est reconstituée pour devenir une nouvelle sphère céleste, ce qui nous rappelle une tradition judéo-chrétienne importante, qui décrète que le salut n'est pas seulement pour l'humanité mais pour toute la création (voir 2 Corinthiens 5:17 ; Romains 8:21). D&A 88:18-19 nous rappelle :

"C'est pourquoi, il faut qu'elle soit sanctifiée de toute injustice, afin d'être préparée pour la gloire céleste;
Car lorsqu'elle aura rempli la mesure de sa création, elle sera couronnée de gloire, à savoir de la présence de Dieu le Père."

Il s'agit bien d'une véritable reconstruction de la terre et de ses habitants. D&A 29:23-25 nous les décrit en ces termes :

"La fin viendra, les cieux et la terre seront consumés et passeront, et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre.
Car tout ce qui est ancien passera et tout deviendra neuf ; le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, les hommes et les bêtes, les oiseaux de l'air et les poissons de la mer.
Et ni un cheveu, ni un fétu de paille ne seront perdus, car c'est l’œuvre de mes mains."

Jean nous déclare au verset 1 : "et la mer n'était plus". Le lieu du chaos, le foyer de la bête satanique, le siège sur lequel était assise la grande prostituée a disparu. Sous la puissance de la gloire de l'Agneau, l'abîme primordial a disparu. Il s'agit probablement du sens symbolique, pour montrer que tout ce qui est mauvais et méchant aura disparu. C'est alors que Jean présente ce qui sera le siège central de ce royaume céleste, la nouvelle Jérusalem. Il fait écho en cela à Zacharie 9:9-10. Nombreux sont les prophètes de l'Ancien Testament qui ont décrit la gloire de la Jérusalem du millénium (voir Ésaïe 54:11-14
; 60:10-14 ; Agée 2:7-9 ; Zacharie 2:1-5 ; Moïse 7:62-63). Jean compare la beauté et la pureté de la ville avec celle d'une épouse parée pour son mari. Au centre de cette nouvelle vision, il y a donc une ville réelle, car dans les cieux existe une véritable société. Joseph Smith a déclaré dans D&A 130:2 :

"Et cette même sociabilité qui existe parmi nous ici existera parmi nous là-bas, seulement elle sera accompagnée de gloire éternelle, gloire dont nous ne jouissons pas maintenant."

Le royaume céleste est donc une communauté ou un système de communautés, présidé par une ville centrale. Les êtres célestes, l'Église du Premier Né, occupent ces régions en tant que familles, car les familles forment les communautés. Ainsi, l'idéal de la communauté parfaite est la famille éternelle de Dieu.

Au verset 3, Jean nous explique :

"... Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux."

C'est un rappel d'Ézéchiel 48:35, qui déclare : "... le nom de la ville sera : l'Éternel est ici." Le mot utilisé par Jean pour tabernacle est le grec skéné, qui traduit l'hébreu mishkan, qui signifie tente. Mais ce même mot est souvent utilisé pour désigné dans l'Ancien Testament la présence réelle et personnelle de Dieu (Lévitique 26:11
; Ézéchiel 37:27). Ainsi le fait que ce peuple sera le peuple de Dieu accomplit la promesse que Dieu a faite avec Israël au Sinaï, et qui fut renouvelée continuellement (Lévitique 26:12 ; Jérémie 16:23 ; 11:4 ; Osée 1:9 ; Jérémie 30:22 ; Ézéchiel 36:28 ; 37:23-26 ; Zacharie 8:8). Cette alliance fut renouvelée à l'époque du Seigneur (Romains 9:25 ; 1 Pierre 2:10) et fait toujours partie aujourd'hui de la nouvelle alliance éternelle. L'apôtre Paul nous enseigne que ceux qui sont morts dans la foi, sans avoir obtenu les promesses, sont comme des étrangers ou des voyageurs sur la terre. Ils cherchent en vérité une patrie. Hébreux 11:16 conclut :

"Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c'est-à-dire une céleste. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité."
(Chapitre 21:5-7)– Dieu est assis sur le trône :

Ici Dieu ne se cache plus derrière la voix passive ou des références et des allusions. C'est lui qui renouvelle toutes choses. La 1ère chose qu'il nous explique est qu'il est le créateur et le directeur de toutes choses. Cette transformation de l'homme, qui atteint ainsi la perfection, se passe également à l'échelle cosmique, et au verset 7 nous lisons que pour celui qui héritera ces choses : "Je serai son Dieu, et il sera mon fils." Il est bien l'alpha et l'oméga, celui qui a tout dirigé et, nous rappelle-t-on au verset 4 qu'il consolera les hommes et qu'il n'y aura plus de morts.

(Chapitre 21:8)– La seconde mort :

Au début de la liste de ceux qui devront subir la seconde mort, sont cités les lâches et les infidèles. Ce qui pourrait apparaître étrange dans cette liste de péchés graves. Cependant, dans les derniers jours, nous savons qu'il y aura de telles pressions par la bête et le dragon pour que les hommes abandonnent les voies de Dieu, que le courage et la fidélité seront des qualités suprêmes. La seconde mort est donc bien la punition des méchants. Dans les révélations des saints des derniers jours, nous lisons :
"Ce sont ceux qui sont précipités en enfer et qui subissent la colère du Dieu tout-puissant, jusqu'à la plénitude des temps quand le Christ aura mis tous ses ennemis sous ses pieds et aura parachevé son œuvre." (D&A 76:106) ; et dans D&A 76:85 :

"Ce sont ceux qui ne seront délivrés des mains du diable qu'à la dernière résurrection, que quand le Seigneur, c'est-à-dire le Christ, l'Agneau, aura terminé son œuvre."

Enfin dans D&A 76:31-39, nous voyons que ce sont les fils de perdition qui devront souffrir la seconde mort. Les souffrances des âmes qui seront dans le royaume téleste, bien que difficile à imaginer, ne seront pas équivalentes à celles des fils de Satan. Les fils de perdition pour leur part, comme c'est expliqué dans D&A 76:44-45 :

"Il sauve donc tout le monde, sauf eux : ils s'en iront au châtiment perpétuel, qui est le châtiment sans fin, qui est le châtiment éternel, pour régner avec le diable et ses anges pour l'éternité, là où leur ver ne meurt pas, là où le feu ne s'éteint pas, ce qui est leur tourment –
Et nul n'en connaît la fin, ni le lieu, ni leur tourment."

(Chapitre 21:9-11)– La Nouvelle Jérusalem :

Au verset 9 commence une nouvelle vision. L'un des 7 anges revient et déclare : "Viens, je te montrerai l'épouse, la femme de l'Agneau." Jean est emmené sur une haute montagne pour voir l'Agneau. Tandis qu'au chapitre 17, l'ange l'avait emmené voir le jugement de la grande prostituée, ici il doit voir une vision de gloire céleste. Les 2 fois, Jean a vu une ville, mais la 1ère devra tomber en ruines, alors que la 2e sera revêtue de gloire céleste. Le terme de jaspe, en grec iaspis, signifiait dans l'antiquité de nombreuses sortes de pierres précieuses ou semi-précieuses. Cette imagerie du scintillement, de ce qui est étincelant, représente la gloire du royaume céleste. Dans de nombreux textes, on nous parle de rues pavées d'or et entourées de splendeurs (voir Ésaïe 54:11-14
; Ézéchiel 28:11-17). C'est ici le symbole du pouvoir de Dieu qui resplendit partout, donnant vie, lumière et gloire à toutes choses.

(Chapitre 21:12-27)– La ville, ses murs et ses portes :

Cette grande ville a 12 portes, 3 de chaque côté, et chacune d'elles a reçu le nom de l'une des 12 tribus d'Israël. Cette ville ressemble au temple décrit dans Ézéchiel 48:31-35. Mais il y a aussi des différences.

1– La ville de Jean a un ange pour sentinelle. Le président Brigham Young, en définissant les dotations, avait expliqué le rôle de cet ange en sentinelle :

"Votre dotation signifie recevoir toutes les ordonnances de la maison du Seigneur qui vous sont nécessaires, afin qu'après que vous ayez quitté cette vie, vous puissiez retourner dans la présence du Père, en passant devant les anges qui se tiennent en sentinelles, étant capables de leur donner les mots clés, les signes et les symboles, appartenant à la Sainte Prêtrise, pour pouvoir obtenir votre exaltation éternelle, en dépit de la terre et de l'enfer."

Ainsi, les anges qui sont placés à l'entrée de la ville céleste symbolisent que seuls ceux qui ont fait et gardé leurs alliances dans la sainte maison de Dieu pourront entrer dans son royaume.

2– La 2e différence est que dans l'Apocalypse, la cité sainte toute entière est un sanctuaire. Enfin, cette ville que Jean découvre a 12 pierres de fondation qui reçoivent le nom des 12 apôtres du Seigneur.

Paul dans 1 Corinthiens 12:28 et dans Éphésiens 2:20
; 4:11 insiste bien sur le fait que le royaume de Dieu repose sur la base du Collège des 12. La répétition du nombre 12, dans les portes et dans les pierres, est un rappel constant du pouvoir de la prêtrise qui soutient, enveloppe et garde toutes les opérations de la ville sainte. On voit cela particulièrement dans la mesure des murs qui, suivant Jean, est de 144 coudées. On ne sait pas ce qu'est une coudée angélique, mais ce qui est important c'est que nous avons ici de nouveau le nombre 12 porté au carré, ce qui signifie la plénitude de l'autorité de la prêtrise. Ici, les dimensions sont prises par un ange, ce qui rappelle Ézéchiel 40:3-5. Dans le chapitre 11, c'est Jean lui-même qui avait reçu un roseau pour mesurer le temple, et nous avions vu que le fait de mesurer représentait la protection du jugement de Dieu pour ceux qui sont dans le périmètre ainsi défini. L'ange a un roseau d'or, pour représenter la pureté de la ville. La ville est faite d'un cube parfait ; c'est la même forme que le Saint des Saints dans le temple, un cube parfait qui est le symbole de la perfection et de la stabilité éternelle. Ici, c'est l'ange qui mesure, car Jean est encore un être mortel et imparfait, et ne peut donc mesurer dans ce lieu parfaitement saint. Il y a 12 000 stades, ce qui représente presque 2 100 km de longueur, de largeur et, ce qui est inimaginable, également de hauteur. Jean utilise l'éclat des pierres précieuses pour décrire la beauté sans limites de la ville. Les pierres représentent les 12 tribus d'Israël. La liste de Jean correspond mais n'est pas identique à la liste que l'on trouve dans l'Exode pour décrire les pierres qui se trouvent sur le pectoral du grand-prêtre :

"Tu y enchâsseras une garniture de pierres, quatre rangées de pierres :
Première rangée, une sardoine, une topaze, une émeraude ;
Seconde rangée, une escarboucle, un saphir, un diamant ;
Troisième rangée, une opale, une agate, une améthyste ;
Quatrième rangée, une chrysolithe, un onyx, un jaspe. Ces pierres seront enchâssées dans leurs montures d'or.
Il y en aura douze, d'après les noms des fils d'Israël ; elles seront gravées comme des cachets, chacune avec le nom de l'une des douze tribus." (Exode 28:17-21 ; voir aussi Exode 39:10-14)

L'arrangement de Jean est en fait euphonique, où nous avons 4 fois 3. Toutes les pierres se terminent par le son s, sauf 3, et ces 3 là se terminent par le son n, et sur le dernier élément des 3 premières séries de 3. Ainsi, pour le grec, nous lisons, en ordre :

iaspis, sapphiros, chalkedon,
– smaragdos, sardonux, sardon,
– chrusoluthos, berullos, topazion,
– chrusoprasos, huacinthos, amethystos.

Il est fort probable que pour les Juifs, chaque pierre précieuse avait un symbole particulier.

Aussi importantes que les murs sont les 12 portes, que Jean décrit comme des perles immenses. Les perles dans l'antiquité avaient une très grande valeur, même davantage que leurs poids en or. La parabole du Sauveur qui parle de la perle de grand prix, qui a une telle valeur que le marchand doit vendre tout ce qu'il a pour l'acheter, n'est sans doute pas une très grande exagération. Mais c'est probablement la couleur et l'éclat de la perle qui fait que Jean utilise cette image pour décrire les portes de la ville de Sion. Jean n'a pas été le seul à chercher à décrire ces portes. Dans D&A 137:1-2, Joseph Smith explique :

"Les cieux s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume, si ce fut dans mon corps ou hors de mon corps, je ne sais.
Je vis la beauté transcendante de la porte par laquelle les héritiers de ce royaume entreront, porte qui était semblable à des flammes tournoyantes."

Jean explique également au verset 25, que ces portes ne se ferment jamais. Il n'y a pas de nécessité, en effet, à les fermer, car la ville n'est jamais en danger puisque la gloire de Dieu y demeure (voir Ésaïe 60:11-13
; D&A 45:67). Ce qui surprend le plus Jean le Révélateur c'est le verset 22 : "Je ne vis point de temple dans la ville". Frère McConkie explique : "Quand ce but glorieux sera atteint, les cieux seront devenus un temple. Le Saint des Saints dans la maison du Seigneur sur la terre est un symbole et une figure du Saint des Saints éternel, qui est le lieu le plus élevé du monde céleste."

Ainsi, le fait qu'il n'y ait pas de temple visible insiste sur le fait que l'œuvre est accomplie et rendue parfaite. Rien n'a été laissé inachevé. Dans ce siège du gouvernement universel, les prêtres-rois exaltés sur la terre célestialisée amèneront honneur et gloire. Puisque les dieux demeurent sur cet endroit, il faut que l'ensemble soit pur. C'est ce qu'un ange avait expliqué à Énoch dans Moïse 6:57 :

"C'est pourquoi, enseignez-le à vos enfants, que tous les hommes de partout doivent se repentir, sinon ils ne peuvent nullement hériter du royaume de Dieu, car rien d'impur ne peut y demeurer ou demeurer en sa présence ; car dans la langue d'Adam, Homme de Sainteté est son nom, et le nom du Fils unique est le Fils de l'Homme, à savoir Jésus-Christ, Juge intègre, qui viendra au midi des temps."

C'est pourquoi Jean peut conclure, au verset 27 : "Il n'entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge ; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau."

(Chapitre 22:1-5)– L'arbre et les eaux de vie :

Au début du chapitre 22, Jean voit une rivière d'eau limpide comme du cristal. Ceci fait référence à Ézéchiel 47:1-12 (voir aussi Zacharie 14:8). Il y a, dans les Écritures, une association faite entre l'eau de vie et l'esprit (voir Ézéchiel 36:25-26
; Jean 3:5 ; 1 Jean 5:6-8 ; Psaumes 46:4). Ce fleuve d'eau de la vie que voit Jean sort du trône de Dieu et de l'Agneau. Il faut remarquer qu'il y a un seul trône, pour montrer qu'il n'y a qu'une seule source de vie, Dieu. Mais la responsabilité est partagée avec le Fils, qui, selon Amulec, dans Alma 11:39, est bien le père de la création :

"Et Amulek lui dit : Oui, il est le Père éternel même du ciel et de la terre, et de toutes les choses qui y existent ; il est le commencement et la fin, le premier et le dernier."

Dans son évangile, Jean 4:14, l'apôtre nous rappelait :

"Mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle."

Ainsi, la vie vient de Dieu à travers le Sauveur de l'humanité. Il y a aussi un autre sens dans l'eau qui a été vue. Néphi nous explique dans 1 Néphi 11:25 :

"Et je vis que la barre de fer que mon père avait vue était la parole de Dieu, qui conduit à la source des eaux vives, ou à l'arbre de vie ; lesquelles eaux représentent l'amour de Dieu ; et je vis aussi que l'arbre de vie représentait l'amour de Dieu."

C'est donc bien là le pouvoir de l'eau qui est l'amour de Dieu.

Ensuite l'attention de l'apôtre se porte sur l'arbre de vie. La phrase grecque est difficile à traduire, mais l'idée reste claire ; cette ville est le nouvelle Eden et en son centre se trouve l'arbre de vie, dont Néphi avait dit :

"... Et je regardai, et je vis un arbre : et il était semblable à l'arbre que mon père avait vu ; et sa beauté dépassait de loin, oui, surpassait toute autre beauté, et sa blancheur dépassait la blancheur de la neige fraîchement tombée." (1 Néphi 11:8).

Cet arbre est seul, l'arbre de la connaissance du bien et du mal n'existe plus, parce que les habitants de la ville, qui connaissent le bien et le mal, ont choisi de supprimer le mal et de choisir le bien éternellement. Suivant l'idée d'Ézéchiel 47:12, cela explique que l'arbre porte du fruit chaque mois. C'est le triomphe absolu de la vie sur la mort. Les feuilles de l'arbre ont des propriétés de guérison, et en effet toutes les nations sont guéries à travers le pouvoir de l'arbre. Mais on ne doit pas oublier la signification de l'arbre lui-même, dont Néphi a dit :

"Et je lui répondis, disant : Oui, c'est l'amour de Dieu qui se répand dans le coeur des enfants des hommes ; c'est pourquoi, c'est la plus désirable de toutes les choses.
Et il me parla disant : Oui, et la plus joyeuse pour l'âme." (1 Néphi 11:22-23).

Ainsi l'arbre et l'eau symbolisent la même chose. Le flot continu de l'eau et les fruits perpétuels de l'arbre montrent que l'amour de Dieu est sans limites, qu'il vient de lui inconditionnellement, et que tous ceux qui veulent le recevoir le peuvent.

Jean voit également qu'il n'y aura plus de nuit, ni besoin de lampe ni de lumière, "parce que le Seigneur Dieu les éclairera." C'est bien la lumière de l'amour, l'omniprésence de Dieu, qui donne la lumière à toutes choses. Ésaïe 60:19 nous explique :

"Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, ni la lune qui t'éclairera de sa lueur; mais l'Éternel sera ta lumière à toujours, et les jours de ton deuil seront passés."

Enfin, aux versets 3 et 4, l'apôtre nous explique : "ses serviteurs le serviront et verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts". L'une des taches du ministère du Christ était de révéler le pouvoir, les attributs et la personnalité de Dieu (voir Jean 14:7-9
; 17:3). Les hommes pouvaient contempler Dieu à travers le Christ, mais maintenant la foi a laissé place à la connaissance parfaite. Il ne s'agit d'ailleurs pas seulement d'une connaissance qui leur vient des sens. Ils connaissent Dieu parce qu'ils lui sont semblables, dans chacune de leurs pensées, dans chacun de leurs actes. Ainsi Jean montre la réalisation de la prière du Christ, qu'il avait offerte quelques heures avant sa mort pour la vie de son peuple. Jean 17:5, 21 :

"Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût.....afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé."

Jean savait que l'unité parfaite pouvait être réalisée. Il avait déclaré, dans 1 Jean 3:2 :

"Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est."

(Chapitre 22:6-21)– Conclusion :

C'est avec la promesse que les hommes et les femmes peuvent véritablement devenir comme Dieu que se termine la magnifique vision de Jean. Sa prophétie a balayé toute l'histoire de l'humanité, depuis l'existence pré mortelle jusqu'au monde après la mort et après cette vie. Il a placé l'histoire dans un cadre cosmique et au centre est son témoignage de son roi et de son Dieu. L'apôtre nous assure de la véracité de sa vision et de son accomplissement. Il nous rappelle au verset 6 que c'est Dieu qui a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, ange qui lui dit : "Ces paroles sont certaines et véritables." Ainsi, la loi des 2 témoins est préservée : l'ange et l'Agneau ont témoigné à Jean ; Jean et l'Agneau témoignent à leur tour à tout lecteur. Mais il y a également 2 autres témoins : l'Esprit et l'épouse qui représente l'Église (voir verset 17). Mais au centre de cet épilogue est le verset 7, avec cette béatitude qui nous déclare :

"Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre !"

Jean nous a montrés la vision puissante, poétique et prophétique. À nous maintenant de la mettre en pratique.

Le prophète Néphi a déclaré dans 1 Néphi 11:25 :

"Et je vis que la barre de fer que mon père avait vue était la parole de Dieu, qui conduit à la source des eaux vives, ou à l'arbre de vie ; lesquelles eaux représentent l'amour de Dieu ; et je vis aussi que l'arbre de vie représentait l'amour de Dieu."

Dans la vision de Néphi, l'arbre et l'eau représentent la même chose, à savoir les différents aspects de l'amour de Dieu. Il en va de même dans la vision de Jean. Peu d'hommes ont compris comme Jean le pouvoir qu'il y a derrière cet amour de Dieu. Dans Jean 3:16, il déclare :

"Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle."

C'est depuis la fondation du monde que le Christ est désigné comme le Sauveur. Il est la Parole, et cette parole est "venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu..." (Jean 1:11-12). Dans sa première épître, Jean déclare (1 Jean 4:7-8) :

"Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu.
Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour."



L'APOCALYPSE
L'Apocalypse et le temple
Leçon 12 : Conclusion

Les promesses faites aux fidèles dans l'Apocalypse de Jean :

Dans son ouvrage, Jean rappelle que les saints deviendront un royaume de prêtres. Ils seront le royaume (basileia) et deviendront prêtres (hiereis), les deux représentant à la fois le symbole du pouvoir royal, politique et de l'autorité sacerdotale. Jésus demeure lui-même le grand prêtre et c'est lui qui fait aux saints fidèles un certain nombre de promesses, qui sont contenues dans les lettres aux 7 Églises dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse. Nous les reverrons sous forme de conclusion comme rappel de l'héritage promis à ceux qui s'en montreront dignes. L'avertissement, pour chacune de ces promesses, est celui-ci : "Que celui qui a des oreilles entendent", rappelant à chaque fois : "à celui qui vaincra". Ces promesses sont donc, comme toujours dans l'Évangile, conditionnelles à l'écoute et à l'action. Bien qu'il y ait 7 lettres pour les Églises d'Asie, on peut cependant identifier 15 différentes promesses :

1–  L'arbre de vie (Apocalypse 2:7) : il fait référence au jardin d'Éden. Lorsqu'Adam et Ève durent quitter le jardin d'Éden, on sait qu'ils partirent vers l'est, tandis qu'un chérubin armé d'une épée flamboyante gardait l'accès de l'arbre de vie. Par la suite, le temple devint une métaphore ou un symbole du paradis originel, où se trouvait l'arbre de vie. Dans le temple d'Hérode, par exemple, la ménorah, c'est-à-dire le chandelier à 7 branches, était, entre autres choses, une représentation stylisée de cet arbre de vie. Nous avons vu que le symbole de l'arbre de vie est le symbole de l'amour de Dieu.

2– La couronne de vie (Apocalypse 2:10) : là encore, il s'agit de la couronne de laurier (du grec stephanos), qui est le symbole de l'accomplissement et de la victoire. Elle sera donnée à ceux qui porteront le titre de roi et prêtre, comme c'est le cas des 24 anciens de la vision.

3– Il n'aura pas à souffrir de la seconde mort (Apocalypse 2:11) : l'expression "seconde mort" apparaît 4 fois dans l'Apocalypse, et nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Pour Jean, la seconde mort consiste à être précipitée dans un lac de feu et de soufre. C'est ce qui attend le démon, à savoir Satan, la bête et le faux prophète, et c'est finalement là que finiront la mort et l'enfer (Apocalypse 20:14
; 21:8). Les justes pour leur part y échappent.

4– La manne cachée (Apocalypse 2:17) : la manne, ce pain qui venait des cieux, représente bien sûr la présence du Christ, le fait de recevoir le Sauveur, qui est le pain de vie. C'est une allusion à la vie éternelle et à la satisfaction pleine de tous les besoins spirituels de l'homme.

5– Un caillou blanc (Apocalypse 2:17) : c'est sur ce caillou ou cette pierre blanche que sera inscrit un mot nouveau que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. Dans D&A 130:10-11, nous lisons :

"Alors la pierre blanche citée dans l'Apocalypse 2:17, deviendra pour chaque personne qui en recevra une un urimm et thummim par lequel les choses qui appartiennent aux royaumes d'un ordre supérieur seront révélées ;
Et à chacun de ceux qui entrent dans le royaume céleste est donnée une pierre blanche sur laquelle est écrit un nouveau nom que nul ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. Le nouveau nom est le mot-clef."

Ici, cette pierre blanche devient pour chacun un urimm et thummim, à savoir un élément de révélation, ce qui veut dire que les élus seront non seulement rois et prêtres mais également prophètes. On sait que le changement de nom est symbolique d'un changement d'état : le nom de Jacob transformé en Israël, d'Abram transformé en Abraham, Saraï en Sarah, après l'établissement de l'alliance, de même Simon qui fut appelé Cephas, ou Saul dont le nom fut changé en Paul, le 1er lorsqu'il reçut les clefs du royaume, le 2e au début de ses activités missionnaires. Ainsi, pour les élus, ce nouveau nom reflète une position nouvelle, avec Christ dans le monde à venir.

6–  Une verge de fer (Apocalypse 2:27) : la meilleure traduction serait d'ailleurs "sceptre de fer" (voir Psaumes 2:1-3, 6-7, 9). Le sceptre est un symbole tangible de l'autorité. C'est le sceptre de celui qui est oint, et qui par là devient un fils, héritier des possessions du Père. Il s'agit du symbole de la royauté, qui permet à la fois de régner et de détruire les méchants, mais qui implique également de faire paître le troupeau de Dieu (du grec poimainein, qui signifie faire paître le troupeau, le nourrir comme un berger), et protéger les justes.

7–  L'étoile du matin (Apocalypse 2:28) : l'étoile du matin est bien le Christ lui-même, qui signifie que le fidèle sera glorifié avec le Seigneur (voir Daniel 12:3
; Matthieu 13:43 ; 1 Corinthiens 15:40-44).

8–  Les vêtements blancs (Apocalypse 3:4-5) : ceux qui ne souilleront pas leurs vêtements, c'est-à-dire qui se préserveront des souillures du monde, auront droit à recevoir un autre vêtement, cette fois-ci un vêtement blanc qui représentera leur pureté et leur victoire. Encore une fois, c'est à travers le Christ qu'ils seront faits prêtres, à travers lui qu'ils deviendront un royaume de prêtres. Ésaïe 1:18 nous rappelle :

"Venez et plaidons ! dit l'Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine."

Ainsi, la couleur blanche est le symbole de cette victoire contre le péché, et symbole de la pureté.

9– Le livre de vie (Apocalypse 3:5) : ce livre de vie, nous l'avons vu, est une liste divine de tous ceux qui seront citoyens du nouveau royaume. C'est Dieu qui est source de vie, et c'est pour cela que l'expression "de vie" est attachée à plusieurs substantifs : l'arbre, le pain, l'eau, la source, la rivière, le chemin, la parole, la couronne. Pour les autres, dont le nom sera effacé du livre de vie, il y a une perte de citoyenneté.

10–  Je confesserai son nom (Apocalypse 3:5) : non seulement il faut que le nom du fidèle se trouve dans le livre de vie, mais il faut encore que Christ confesse le nom devant le Père et devant les anges. Dans Matthieu 10:32-33 nous lisons :

"C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux."

Il s'agit là du processus de justification.

11–  Une colonne dans le temple (Apocalypse 3:12) : nous lisons dans le Psaumes 26:8 :

"Éternel ! J'aime le séjour de ta maison, le lieu où ta gloire habite", puis dans le Psaumes 27:4 :
 
"Je demande à l'Éternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel, pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple."

Celui qui vaincra pourra donc faire sa demeure dans le temple de Dieu et en être un pilier. Paul, dans les Galates, lorsqu'il parle de Pierre, Jacques et Jean, parle d'eux comme étant les colonnes de l'Église (Galates 2:9), à savoir qu'ils sont le soutien de l'Église. Dans Exode 15:17, nous lisons :

"Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Éternel ! Au sanctuaire, Seigneur ! Que tes mains ont fondé."

C'est la promesse de demeurer dans la présence divine à tout jamais.

12–  Le nom de mon Dieu (Apocalypse 3:12) : Apocalypse 22:3-4 nous rappelle la promesse d'avoir le nom de Dieu écrit sur notre front. Dans l'ancien Israël, il y avait la pratique et l'utilisation de tefillin. Il s'agissait de lanières de cuir, que les hommes attachaient sur leur front ou sur leur bras. Ces tefillin (en grec phylactères, signifiant gardiens) étaient des petites boîtes de cuir qui renfermaient de fins morceaux de parchemins sur lesquels étaient inscrites de brèves portions des Écritures, en particulier la shema qui déclare : "Écoute Israël, l'Éternel notre Dieu est le seul éternel" (voir Deutéronome 6:4-9). Le tefillah (la boîte elle-même) se portait sur le front et portait la lettre shin sur chaque côté, et la lanière qui le maintenait était attachée par un nœud fait en forme de lettre daleth, et le tefillah qui était porté sur le bras était lié par un nœud en forme de lettre yod. Ainsi, ces lettres mises ensembles formaient le nom divin shaddai, que l'on peut traduire par "Tout-Puissant". Cela voulait dire que celui qui portait cela appartenait à Dieu. Il y a également là une allusion au bonnet du grand-prêtre, et au nom de Dieu écrit sur une bande d'or posée sur le bonnet (voir Exode 28:36-38). Ainsi les fidèles portent le nom de Dieu et peuvent se tenir en sa présence, un privilège qui était, autrefois, retiré à tous sauf au grand-prêtre le jour de l'expiation.

13–  De l'or, des vêtements blancs et l'onction (Apocalypse 3:18) : on sait que la ville de Laodicée s'était rendue célèbre pour sa richesse, pour ses vêtements de laine et pour l'école de médecine qui fabriquait un collyre pour les yeux. Mais ici, l'or dont il est question est un or qui a été "éprouvé par le feu", à savoir purifié de tous péchés. Ce processus de raffinement des métaux utilisait l'eau et le feu, 2 symboles importants de la purification rituelle dans l'Ancien Testament. Et même les vêtements blancs sont en contraste avec les vêtements de laine noire qui étaient célèbres à Laodicée. C'est bien-sûr pour rappeler les vêtements du prêtre dans le temple de Jérusalem. Dans le Judaïsme, on enterrait les morts dans un vêtement de lin blanc (voir Ésaïe 61:10). Les Samaritains pensaient que les Gentils ressusciteraient nus, tandis que les justes ressusciteraient dans les vêtements blancs avec lesquels ils étaient enterrés. Enfin, l'onction rappelle l'onction du prêtre, et en particulier celle d'Aaron (voir Exode 29:4-7). L'onction est associée à la sainteté. On oignait les objets qui devaient être consacrés au Seigneur. L'onction était faite également sur les rois et était même plus importante que le couronnement lui-même. Enfin plusieurs prophètes furent oints pour leur appel. Il s'agit donc du symbole d'une responsabilité spéciale et d'une relation entre Dieu et le roi, le prêtre ou le prophète. Le nom hébreu mashiyach, qui signifie oint, est l'équivalent du mot français messie ; en grec, l'équivalent est christos, à savoir le Christ.

14–  La fête messianique (Apocalypse 3:20) : l'Apocalypse 3:20 nous rappelle :

"Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi."

Il s'agit de ce festin de noces auquel Jésus a invité ceux qui voudraient le suivre (voir Marc 13
; Matthieu 24 ; Luc 12). Ce repas céleste trouve son anticipation dans l'administration de la Sainte-Cène, qui nous invite à nous préparer pour le repas de l'âge messianique (voir D&A 27:4-14). Dans le temple, dans l'Ancien Testament, il y avait les 12 pains d'assignation, posés sur une table dans le lieu saint, du côté nord devant le voile. Les grands-prêtres déposaient les pains chaque semaine pour les changer. Les anciens pains étaient donnés aux prêtres, qui pouvaient les manger, mais seulement à l'intérieur du temple. Dans l'antiquité, partager un repas avait une signification rituelle, cela créait un lien entre les participants qui se sentaient une obligation les uns envers les autres.

15–  Un trône (Apocalypse 3:21) : le juste sera invité à s'asseoir sur le même trône que Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Jésus qui, lui aussi, a vaincu, est assis avec le Père sur son trône. Le trône est le symbole de l'autorité divine. Le mot est cité plus de 40 fois dans le livre de l'Apocalypse. Être sur le même trône que Dieu et Jésus est une image frappante de l'égalité dans l'âge messianique. Dans l'ancien temple, à l'intérieur du Saint des Saints, se trouvait l'arche d'alliance surmontée du couvercle où se trouvaient les chérubins. Cette partie supérieure de l'arche d'alliance était appelée le siège de miséricorde et symbolisait le trône de Dieu, à savoir sa présence au milieu d'Israël.

Toutes ces promesses nous renvoient sans cesse au symbolisme du temple (voir les illustrations du tabernacle de Moïse, du temple de Salomon et du temple d'Hérode). Tandis que l'homme s'était éloigné du jardin d'Éden et de la présence divine en partant vers l'est, ce retour vers Dieu dans le tabernacle ou dans le temple, se faisait d'est en ouest. Les matériaux étaient là pour symboliser cette marche vers Dieu et cette purification progressive. Les premiers piliers étaient de bois précieux, l'autel des sacrifices et la cuve pour les ablutions étaient faits d'airain, tandis que dans le lieu saint, les piliers étaient recouverts d'argent, pour enfin arriver dans le Saint des Saints où les piliers étaient couverts d'or. Dans l'ancien Israël, c'est le grand-prêtre qui représentait tout le peuple et lui seul pouvait entrer et se présenter dans la présence de Dieu, et encore, seulement une fois par an. Ici les allusions sont claires, tous ceux qui sont justes auront l'occasion de devenir comme les grands-prêtres et pourront, pour leur compte, entrer dans la présence divine. Ainsi, l'Apocalypse n'est pas seulement un livre d'avertissements pour les méchants, mais il contient surtout de grandes promesses pour les justes. Il nous est donné pour notre époque afin que chacun se prépare à la fin des temps, mais aussi et surtout à ces temps nouveaux qui seront la vie éternelle dans l'exaltation.



APPENDICE A
La structure du livre de l'Apocalypse


Le document suivant montre la relation des parties de l'Apocalypse à l'ensemble.

A— Chapitre 1 – Introduction de la vision

B— Chapitres 2 et 3 – Lettre aux 7 Églises

C— Chapitres 4 et 5 – Vision du futur royaume céleste.

1. Dieu, dans sa gloire, est honoré par l'homme et les animaux (4:2 à 11) ;
2. Le testament, à savoir la volonté de Dieu pour cette terre, est révélé (5:1 à 4) ;
3. Le Sauveur, symbolisé par l'Agneau, accomplit sa volonté (5:6 à 14).

D— Chapitre 6 – Vision de l'ouverture des 6 sceaux. Chaque sceau représente 1000 ans d'histoire.

E— Chapitre 7 – 1er interlude expliquant comment les saints survivront à la grande destruction décrite dans les chapitres 8 et 9.

1. Le scellement des saints de Dieu contre la colère qui vient (7:1 à 8) ;
2. La vision de la grande multitude triomphante (7:9 à 17) ;

F— Chapitres 8 et 9 – Vision de la destruction qui s'abat pendant le 7e sceau, ou la période après le début du millénium, mais précédant la Seconde Venue.

1. Les premières 4 trompettes : de grandes plaies s'abattront sur toute la terre (8:1 à 12) ;
2. La 5e trompette ou 1er malheur : la grande guerre avec ses protagonistes guerriers et l'identification de leurs intentions (9:1 à 11) ;
3. La 6e trompette ou 2e malheur : la méthode et l'extension des destructions (9:12 à 19) ;
4. Le refus des méchants à se repentir (9:20-21)

(La 7e trompette ou 3e malheur ne commence pas avant le chapitre 11).

G— Chapitre 10 – Deuxième interlude qui donne à Jean des instructions personnelles spécifiques.

1. Jean scelle certains enseignements concernant l'œuvre de Dieu dans les derniers jours (10:1 à 7) ;
2. Jean apprend le rôle qu'il jouera dans les événements qui se produiront (10:8 à 11).

H— Chapitre 11 – Reprise de la vision.

1. Le ministère des 2 prophètes et la chute de la ville sainte (11:1 à 13) ;
2. La 7e trompette ou 3e malheur : le triomphe de Dieu sur les méchants est proclamé (11:15 à 19).

I— Chapitres 12 et 13 – Commencement de la répétition du scénario, commençant à l'époque de Jean, mais cette fois, donnant davantage d'informations.

1. Flash-back à l'époque de Jean : l'active persécution de l'Église par Satan est montrée (12:1 à 6) ;
2. Flash-back sur la guerre dans les cieux, où le conflit a débuté (12:7 à 12) ;
3. Retour à l'époque de Jean, montrant les forces de l'apostasie qui combattent contre l'Église (12:13 à 17) ;
4. Représentation symbolique des forces civiles et apostâtes, jusqu'à la Seconde Venue du Seigneur (13:1 à 18).

J— Chapitre 14 – Rétablissement de l'Évangile et son pouvoir pendant les derniers jours.

1. Sion sera établie (14:1 à 5) ;
2. L'Évangile sera prêché au monde entier (14:6 à 7) ;
3. Babylone tombera tandis que Dieu rassemblera les justes et moissonnera les méchants de la terre (14:8 à 20).

K— Chapitre 15 – 3e interlude montrant la préparation des cieux pour l'assaut final contre les méchants (15: 1 à 8).

L— Chapitre 16 – Reprise de la vision : les 7 plaies sont déversées. La vision des chapitres 8, 9 et 11 est répétée mais d'une perspective différente.

M— Chapitres 17 et 18 – 4e interlude, révélant le royaume de Satan et sa nature.

1. La nature de Babylone et la cause de sa chute (17:1 à 18) ;
2. Les saints sont appelés à sortir de Babylone (18:1 à 5) ;
3. Babylone tombe et est pleurée par ses adorateurs (18:6 à 24).

N— Chapitre 19 – 5e interlude célébrant le mariage et le repas de noces de l'Agneau.

O— Chapitres 20 à 22 – Reprise de la vision, avec le Millénium, le jugement final et la célestialisation de la terre.

1. Satan est lié et le millénium de paix commence (20:1 à 6) ;
2. Satan est délié pour un peu de temps, puis chassé pour toujours (20:7 à 10) ;
3. Le grand jugement dernier a lieu (20:11 à 15) ;
4. La terre devient céleste, avec sa capitale, la Nouvelle Jérusalem (21:1 à 22:1-5).

P— Chapitre 22, verset 6 à 21 – Commandement à Jean de publier la vision au monde.



APPENDICE B
Les 6 éléments du style littéraire de Jean


La compréhension de certains éléments du style littéraire de Jean et sa méthodologie nous aident pour analyser la complexité de son œuvre. Ces éléments sont les suivants :

1– La répétition :

La vision insiste sur certains points par la répétition. Cependant, elle le fait sans utiliser nécessairement des mots identiques pour exprimer les mêmes idées. Certaines répétitions se trouvent à l'intérieur d'un même verset, d'autres, dans la structure de l'ensemble. La répétition non seulement souligne des points que Dieu souhaite nous faire comprendre, mais permet aussi d'en donner une compréhension différente à travers des perspectives différentes. Les exemples d'un même verset sont les suivants :

1:14 : "Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige".
10:6 : "et jura par celui qui vit aux siècles des siècles, qui a créé le ciel et les choses qui y sont, la terre et les choses qui y sont, et la mer et les choses qui y sont, qu'il n'y aurait plus de temps."
15:2 : "Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, et son image, et le nombre de son nom, debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu."

D'autres exemples, qui s'appliquent à des parties plus larges du livre, sont les séries répétées des 7 plaies (en association avec les 7 sceaux et les trompettes). On nous parle aussi des 7 coupes (voir chapitres 8, 9 et 16). Il y a également la répétition des hymnes de louanges, avec chaque fois un thème différent (Apocalypse 4:8, 11
; 5:9-10, 12-13 ; 7:10-12) et enfin, les différentes descriptions du triomphe des saints (Apocalypse 7:9-11 ; 14:1-3 ; 15:2).

2– Le développement :

Souvent Jean introduit des déclarations ou des expressions courtes et indéfinies, puis les développe, quelques fois après un intervalle. Certains exemples sont en rapport étroit avec des situations telles que : "tes œuvres, ton travail et ta persévérance" (Apocalypse 2:2).

Ou bien Apocalypse 2:14 : "une pierre d'achoppement" c'est-à-dire "qu'ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu'ils se livrassent à l'impudicité".

Ou bien Apocalypse 11:2-6 : "mes deux témoins" qui sont caractérisés comme pouvant se tenir devant Dieu, étant capable de sceller les cieux et d'appeler et de faire se produire les plaies.

Apocalypse 20:9 : "le camp des saints", c'est-à-dire "la ville bien-aimée".

Pour l'exemple de phrases qui sont définies davantage après un intervalle, on peut faire référence à Apocalypse 12:6 : "Et la femme s'enfuit dans le désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu", avec cette précision au verset 14 : "Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu'elle s'envolât au désert, vers son lieu, où elle est nourrie un temps...".

De même que la bête d'Apocalypse 13:1, se retrouve au 17:3. Et la chute de Babylone dont on parle au 14:8 est développée au 18:2-19.

3– Les interruptions :

Dans le cours de sa pensée, Jean, souvent, s'arrête pour des explications. Bien que cela fasse violence quelques fois à l'ordre logique, de telles interruptions sont tout-à-fait typiques du style hébreu. La loi de continuité du grec ne pouvait, ici, limiter la mentalité proche-orientale. Ces interruptions sont de 2 sortes :

A) les déplacements à l'intérieur d'un même verset, ou des interjections avec de brèves explications
B) les insertions d'épisodes plus longs, que l'on appelle interludes, qui interrompent le scénario principal

On a un exemple de la catégorie A d'interruptions dans la référence à la guerre dans les cieux (Apocalypse 12:7-12), qui est inséré dans le conflit entre les saints et le dragon (Apocalypse 12:1-6, 13-17). Un exemple de la catégorie B se trouve dans le chapitre 10, qui interrompt le flot entre les chapitres 9 et 11.

4– Les préfaces :

Jean fait précéder systématiquement ses visions, ou les différentes scènes, par des passages en préfaces d'une longueur variable. L'un des objectifs de Jean est de réconforter et de soutenir ses lecteurs. C'est pourquoi il s'arrête souvent, pour rassurer, avant de continuer sur un aspect plus déconcertant de sa vision. Par exemple, la section eschatologique du livre est préfacée par les chapitres 4 et 5. A l'intérieur de ceux-ci, il montre les forces qui sont à l’œuvre derrière ce qui se produit. Il montre que c'est Dieu et sa volonté qui sont à l'œuvre. De la même façon, avant de présenter la vision des 7 plaies (chapitres 8 et 9), Jean rassure ses lecteurs que le peuple de Dieu les traversera en toute sécurité (chapitre 7).

5– Le non réalisme :

Les lecteurs de l'Apocalypse rencontrent souvent des changements abrupts, des combinaisons impossibles et des contradictions. Il faut cependant se rappeler qu'un style apocalyptique est tout-à-fait en opposition à un ordre logique et à une compréhension claire, et ceci vaut pour l'Apocalypse de Jean. Les lecteurs doivent s'attendre à un voyage dans un paysage "surréaliste". L'apôtre a reçu sa vision à travers des images poétiques libres de tout besoin de cohérence interne et de conformité à la réalité. La vision présente des incohérences, des transitions soudaines, des conceptions inimaginables. Cependant, c'est ce qui donne à la littérature apocalyptique sa force et son souffle particulier. Ce style permet à Dieu de communiquer à travers la force des images et à travers les mouvements que cela crée. Il ne s'efforce pas de rendre tout logique et fluide ; en fait, une incohérence peut souligner un point. On peut l'illustrer par quelques exemples :

Trois exemples de contradiction se trouvent dans Apocalypse 4:2 : "Aussitôt je fus ravi en esprit", alors que Jean est déjà ravi en esprit depuis le chapitre 1, au verset 10. De même, dans Apocalypse 3:12 : "Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu... la nouvelle Jérusalem". Mais au chapitre 21, verset 22, il est expliqué : "Je ne vis point de temple dans la ville". Dans le chapitre 8:7 : "Et toute herbe verte fut brûlée", alors que dans le chapitre 9:4 : "Il leur fut dit de ne point faire de mal à l'herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre".

Un exemple de changement abrupt se trouve dans Apocalypse 1:16, où le Seigneur tient les 7 étoiles dans sa main droite, cette même main droite qui, au verset 17, est posée sur l'épaule de Jean. De même, chapitre 13:1, la bête a 13 têtes qui, soudain, au verset 2, semble n'avoir qu'une gueule, pour enfin être identifiée, au verset 12, en une seule bête.

Un exemple de situation impossible est le fait de voir ce qui est écrit à l'intérieur d'un livre scellé ; ou bien l'Agneau qui prend un livre et qui ouvre les sceaux ; les créatures qui jouent de la harpe (Apocalypse 5:1-8) ; de la même façon dans Apocalypse 9:3-10, la description des sauterelles comme des créatures fabuleuses qui blessent seulement les hommes ; ou enfin l'Apocalypse 21:16, où la ville est décrite comme un cube, avec une hauteur de 12 000 stades, ce qui correspond à peu près à 2 100 km de hauteur.

6– Le symbolisme :

Jean utilise les symboles comme un moyen principal pour communiquer les idées. C'est ainsi qu'il peut représenter les expériences spirituelles et transcendantes. Jean utilise des symboles dans presque chacune des phrases de l'Apocalypse, mais il ne les crée pas de rien, elles viennent de Dieu et sont cohérentes avec l'Ancien Testament et la littérature apocalyptique juive. En fait, la révélation de Jean utilise des mots, des phrases, des images et des modèles de l'ancienne alliance, comme un arsenal linguistique qui lui permet de présenter son message, afin qu'il puisse être compris par ses contemporains. Cependant, tous les symboles de l'Ancien Testament qu'il utilise sont largement modifiés par lui : des ombres et des échos de l'Ancien Testament se trouvent dans plus de la moitié des versets de l'Apocalypse. Beaucoup d'images et de types viennent particulièrement de Daniel, Ésaïe, Ézéchiel et Zacharie. Mais dans le livre tout entier, il n'y a qu'une seule référence explicite à l'Ancien Testament ; il s'agit d'Apocalypse 15:3, qui parle du cantique chanté par ceux qui sont sauvés : "Et ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu...". Mais le cantique qu'ils chantent n'est pas celui que l'on trouve dans Exode 15 ou dans Deutéronome 32. Il s'agit en fait d'un amalgame de plusieurs thèmes de l'Ancien Testament. Ainsi, les symboles de l'Ancien Testament sont modifiés, retravaillés, mis en forme pour correspondre aux besoins particuliers de la vision. Ainsi la vision devient une composition littéraire unique, pleine de merveilles, et qui comporte la vision spéciale de Jean. C'est pourquoi la compréhension de la littérature prophétique et apocalyptique de l'Ancien Testament est utile, mais seulement jusqu'à un certain point. Par exemple, l'introduction de Jean, au chapitre 1 a des échos de Daniel, chapitres 7 et 10. Les 4 bêtes de Daniel qui s'élèvent de la mer, 2 avec des ailes et une avec 10 cornes (Daniel 7:3-7) a des similitudes avec la bête de Jean qui sort de la mer (Apocalypse 13:1-2) et les 4 créatures qui entourent le trône des cieux (Apocalypse 4:6-9). Ces plaies sont un rappel de celles que les Égyptiens ont reçu (Exode 7 et 9). La plaie des sauterelles (Apocalypse 9) fait écho à ce que l'on trouve dans Joël, chapitres 1 et 2. Et le plus petit rouleau ou le plus petit livre, auquel on fait référence dans le chapitre 10 a un écho dans Ézéchiel chapitres 2 et 3.

Ainsi, si de nombreuses allusions et images de l'Ancien Testament sont présentes dans l'œuvre de Jean, dans chaque cas Jean transforme le texte traditionnel pour ses besoins particuliers. Cependant, ceux qui sont à l'aise avec les images de l'Ancien Testament seront probablement tout-à-fait à l'aise avec celles de l'apôtre Jean.


APPENDICE D
Le chiffre 7 dans la structure de l'Apocalypse


Les chiffres

Les 7 Églises

Les 7 sceaux

les 7 trompettes
et les 7 anges

les 7 personnages

les 7 coupes

les 7 jugements
sur la prostituée

les 7 grands événements

1

Introduction de la vision
1:1-20
ÉPHÈSE
2:1-7

le cheval blanc :
conquête
6:1-2

le 1er ange :
grêle, feu et sang
8:7

la femme couronnée
12:1-2,14-17


introduction aux
7 anges
15:1-8
la 1ère coupe :
un ulcère malin et douloureux
16:1-2

les rois font la guerre à l'Agneau, mais il conquiert
17:14-15

Christ revient comme Roi des rois
19:11-16






2

SMYRNE
2:8-11

le cheval roux : guerre
6:3-4

le 2e ange :
la grande montagne embrasée
8:8-9

le grand dragon rouge
12:3-4,13

la 2e coupe :
une mer de sang
16:3

les rois se retournent contre la prostituée
17:16-18

la victoire finale sur la bête
19:17-21




3

PERGAME
2:12-17

le cheval noir : famine
6:5-6

le 3e ange :
la grande étoile ardente
8:10-11

l'enfant
12:5-6

la 3e coupe :
rivières, fleuves et sources d'eau en sang
16:4-7

la chute de Babylone
18:1-7

Satan est lié pour 1000 ans
20:1-3




4

THYATIRE
2:18-29

le cheval pâle :
mort, guerre et famine
6:7-8

le 4e ange :
soleil, lune et étoiles obscurcis
8:12-13

Michel
12:7-12

la 4e coupe :
un soleil brûlant
16:8-9

les plaies envoyées sur Babylone
18:8-17

la résurrection des saints fidèles et le millénium
20:4-6




5

SARDES
3:1-6

les âmes des saints martyrisés
6:9-11

le 5e ange :
le puits de l'abîme ouvert
9:1-12

la bête qui monte de la mer
13:1-10

la 5e coupe :
ténèbres et douleurs
16:10-11

Babylone est brûlée
18:18-20

Satan est délié :
la bataille finale de Gog et Magog
20:7-10




6

PHILADELPHIE
3:7-13

les grandes calamités
6:12-17

le 6e ange :
une armée de destruction
9:13-21

la bête qui monte de la terre
13:11-18

la 6e coupe :
esprits de démon, Harmaguédon
16:12-16

une grande meule jetée dans la mer
18:21

le jugement dernier de la terre
20:11-15




7

LAODICÉE
3:14-22

le 7e sceau
voir chapitre 8

le 7e ange :
la destruction des méchants
10:15-19

l'agneau sur le mont Sion
14:1-6

la 7e coupe :
grands tremblements de terre
16:17-21

désolation et silence
18:22-24

de nouveaux cieux et une nouvelle terre
21:1-22:5






La vision de Dieu et de Christ
4:1-5:14

Interlude :
Dieu marque du sceau ses serviteurs
7:1-17

Interlude :
le petit livre et les
2 témoins
10:1-11:14

Interlude :
des anges, des voix, une vision
14:7-20

Interlude :
la grande prostituée et la bête
17:1-13

Interlude :
le chant de triomphe sur la chute de Babylone
19:1-10

Instructions finales et témoignage
22:6-21