Le renouvellement de la terre


James E. Talmage



La terre sous la malédiction

Les conditions bénies dans lesquelles la terre existera et dans lesquelles l'homme vivra au cours de l'ère millénaire sont presque au-delà des capacités de la compréhension humaine, tant elles sont différentes de tout ce que l'histoire atteste et de tout ce que l'expérience confirme. Le règne de la justice sur toute la terre n'a encore jamais été connu de la race déchue de l'homme.

La malédiction universelle a été si marquée, le pouvoir du tentateur si grand, la lutte égoïste entre l'homme et l'homme et entre nation et nation si acharnée ; l'inimitié de la création animale si générale, entre ses propres membres et envers l'être qui, bien que dans un état déchu, détient la charge divine de l'autorité de dominer ; le sol si prolifique en ronces, en épines, et en plantes nuisibles, que la description d'Éden est pour nous comme l'histoire d'un autre monde, d'un globe appartenant à un ordre d'existence plus élevé, tout à fait différent de cette triste sphère.

Cependant nous apprenons qu'Éden était, en réalité, un trait de notre planète, et que la terre est destinée à devenir un corps céleste, propre à être la demeure des intelligences les plus exaltées. Le millenium, dans toute sa splendeur, n'est qu'un stade plus avancé de préparation, par lequel la terre et ses habitants approcheront de la perfection pré-ordonnée.

Régénération de la terre

Le terme « régénération », traduit du grec palingenesia, et signifiant une nouvelle naissance, ou plus littéralement, quelqu'un qui est né de nouveau, est employé deux fois dans le Nouveau Testament, version du roi Jacques (Matthieu 19:28 ; Tite 3:5) ; tandis qu'on trouve plusieurs autres expressions de même signification. Cependant, les termes sont ordinairement appliqués à la rénovation de l'âme de l'homme par la naissance spirituelle, grâce à laquelle le salut peut s'obtenir ; bien que l'emploi que le Seigneur fait du terme, lorsqu'il promet à ses apôtres qu'ils jouiront un jour de la gloire, se, rapporte probablement à la régénération de la terre, de ses habitants et de leurs institutions, au moment de l'ère millénaire :

« Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'Homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d'Israël. » (Matthieu 19:28)

Un temps de restitution est prédit. Considérez les paroles de Pierre aux personnes rassemblées sous le portique de Salomon, qui s'émerveillaient devant la guérison miraculeuse du mendiant boiteux à la Belle Porte : « Repentez-vous donc et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur et qu'il envoie celui qui vous a été destiné, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu'au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes. » (Actes 3:19-21)

Il ressort des enseignements de Paul consignés dans son épître aux Romains, que le changement à un état plus proche de la perfection affectera à la fois la nature et l'homme : Car la création a été soumise à la vanité de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement. Et ce n'est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps. » (Romains 8:21-23 ; voir note en bas de page)

Le processus de régénération continuera pendant tout le millenium. La société sera purifiée, les nations existeront en paix, les guerres cesseront, la férocité des animaux sera domptée, la terre, débarrassée dans une grande mesure de la malédiction de la chute, rendra ses produits en abondance au cultivateur, et la planète sera rachetée.

Le stade final de cette régénération de la nature ne sera pas atteint avant que le millenium ait terminé sa course bénie. Décrivant les événements qui auront lieu après l'accomplissement des mille ans, Jean le Révélateur écrivit :

« Puis, je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus... Et j'entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21:1, 3-4).

Une prédiction semblable fut faite par Éther le Jarédite : « Et il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre et ils seront semblables aux anciens, si ce n'est que les anciens sont passés, et que toutes choses sont devenues nouvelles » (Éther 13:9). Cet événement suivra les scènes du millenium, comme le contexte le montre clairement.

En l'an 1830 de notre ère, le Seigneur déclara : « Lorsque les mille ans seront terminés, et que les hommes recommenceront à renier leur Dieu, alors je n'épargnerai plus la terre que pour peu de temps. Et la fin viendra, et le ciel et la terre seront consumés et passeront, et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre. Car tout ce qui est ancien passera et tout deviendra neuf, le ciel et la terre, et tout ce qu'ils renferment, les hommes et les bêtes, les oiseaux de l'air et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni une paille ne seront perdus, car c'est l’œuvre de mes mains. » (D&A 29:22-25)

Selon les Écritures, la terre doit subir un changement analogue à la mort, et être régénérée d'une façon comparable à la résurrection. Les allusions aux éléments fondus par la chaleur, et à la terre consumée et disparue, que nous trouvons dans maintes Écritures déjà citées, suggèrent la mort ; et la nouvelle terre, en réalité la planète rénovée et régénérée, peut être comparée à un corps ressuscité. Ce changement a été appelé transfiguration (voir D&A 63:20-21). Chaque chose créée qui remplit la mesure de sa création, avancera sur l'échelle de la progression, que ce soit un atome ou un monde, un animalcule ou l'homme descendant direct et littéral de la Divinité.

À propos des degrés de gloire prévus pour ses créations et les lois de régénération et de sanctification, le Seigneur, dans une révélation donnée en 1832, parle clairement de la mort proche et de la résurrection subséquente de la terre : « Et de plus, en vérité, je vous dis : la terre se conforme à la loi d'un royaume céleste, car elle remplit la mesure de sa création et ne transgresse pas la loi. C'est pourquoi elle sera sanctifiée ; oui, bien qu'elle doive mourir, elle sera vivifiée, et sera soutenue par le pouvoir qui l'aura vivifiée, et les justes en hériteront. » (D&A 88:25-26)

Pendant le millenium, la terre sera habitée à la fois par des êtres mortels et immortels ; mais lorsque la régénération sera complète, la mort ne sera plus connue parmi les habitants de la terre. Alors le Rédempteur de cette terre « remettra le royaume et le présentera sans tache au Père, disant : J'ai vaincu » (D&A 76:107). Mais pour que la victoire soit complète et le triomphe sans mélange, les ennemis de la justice doivent être soumis ; et le dernier adversaire qui sera vaincu est la mort :

« Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dit que tout a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. » (1 Corinthiens 15:24-28)

La description partielle suivante de la terre dans son état régénéré nous a été donnée par le prophète Joseph Smith : « Cette terre, dans son état sanctifié et immortel, sera rendue semblable à un cristal et sera, pour ceux qui y habiteront, un urim et thummim, grâce auquel tout ce qui a rapport à un royaume inférieur, ou à tous les royaumes d'un ordre inférieur, sera révélé à ceux qui habiteront sur cette terre, et celle-ci appartiendra au Christ. » (D&A 130:9)

On a tenté de démontrer que les enseignements de la science concernant la destinée de la terre s'accordent avec les prédictions scripturales sur la régénération prévue de notre planète, par laquelle celle-ci deviendra la demeure qui convient à des âmes immortalisées. Sans examiner de près les preuves que l'on cite pour montrer que la science et la parole révélée se soutiennent mutuellement dans ce domaine, qu'il suffise de dire que les prétendues preuves ne sont pas satisfaisantes, et que la science est pratiquement muette à ce sujet.

Le géologue considère la terre comme un corps soumis à un changement continuel, et sa surface comme une masse hétérogène de fragments de matière ; il lit sur ses pages de pierre, l'histoire des développements passés par de nombreuses phases successives de progrès, chacune contribuant à rendre le globe plus habitable pour l'homme ; il contemple l’œuvre des agents de construction et de destruction qui opèrent actuellement, les masses de terre cédant à l'action érosive des vents et de l'eau et fournissant par leur destruction des matériaux pour d'autres formations maintenant en cours de construction, l'effet général de tout cela étant de niveler la surface en rabotant les collines et en élevant les vallées.

D'un autre côté, il observe des agents volcaniques et autres, qui contribuent à accroître l'inégalité de niveau par des éruptions violentes et par des soulèvements ou des effondrements de la croûte terrestre. Il confesse son incapacité de prédire un avenir même probable de par ses observations du présent et ses déductions concernant le passé de la terre. Cette déclaration mémorable d'un maître reconnu de la science est bien à propos : La géologie ne fournit « aucune trace d'un commencement, aucune perspective d'une fin » (James Hutton).

L'astronome qui étudie les conditions diverses des autres mondes, peut chercher à connaître, par analogie, le sort probable du nôtre. Scrutant l'espace au moyen d'appareils qui amplifient considérablement sa vision, il voit, dans le système même auquel la terre appartient, des sphères qui présentent une grande diversité de développement certaines sont dans leur stade de formation et impropres à l'habitat d'êtres constitués comme nous le sommes ; d'autres sont dans un état qui ressemble davantage à celui de notre terre ; et d'autres encore qui paraissent vieilles et sans vie.

Quant aux vastes systèmes bien au-delà de ce petit groupe de planètes que contrôle notre soleil, il n'en sait presque rien, à part qu'ils existent. Mais il n'a découvert nulle part un monde célestialisé ; et l’œil mortel serait incapable de distinguer un tel monde, même si, en ce qui concerne la distance seulement, il se trouvait dans les limites de la vision à l’œil nu à l'aide du télescope. Nous croyons volontiers à l'existence de mondes autres que ceux dont la structure est assez grossière pour être visible à nos yeux myopes.

Quant à la parole révélée concernant la régénération de la terre, et l'acquisition d'une gloire céleste par notre planète, la science n'a rien à offrir que ce soit à titre de preuve ou de contradiction. Ne méprisons pas la science à cause de cela et ne décrions pas non plus les travaux de ses adorateurs. Personne ne se rend compte plus complètement de tout ce que nous ne connaissons pas que l'esprit entraîné aux méthodes scientifiques.

Considérations supplémentaires

Nous apprenons par l'Écriture que la transgression d'Adam amena une condition de chute, non de l'humanité seule, mais également de la terre elle-même. En ceci, et dans beaucoup d'autres événements mémorables où l’intervention directe de l'action divine est affirmée, on voit la nature en relation intime avec l'homme.

Les péchés de l'humanité peuvent ainsi produire des calamités sous forme de phénomènes destructifs que nous pouvons proprement appeler naturels parce qu'ils sont mérités ; et la justice humaine peut invoquer une coopération paisible et bienfaisante des éléments.

« Le sol sera maudit à cause de toi » fut le divin décret à l'intention du premier homme. En contraste, notez l'assurance donnée à Israël, que par sa fidélité, les saisons deviendraient propices, les pluies nourrissantes viendraient, donnant de telles moissons que le peuple manquerait de place pour emmagasiner ses produits (voir Malachie 3:8-12).

L'apostasie abjecte des lois de Dieu au temps de Noé, amena le déluge dans lequel « toutes les sources du grand abîme jaillirent et les écluses des cieux s'ouvrirent ».

Énoch, qui vécu avant Noé, fut envoyé pour proclamer la repentance à la race humaine dégénérée ; si grands étaient le pouvoir et l'autorité dont il était investi, « qu'il prononçait les paroles du Seigneur et la terre tremblait et les montagnes fuyaient même selon son commandement : et les rivières d'eau étaient détournées de leurs cours ». Il prévit la venue du déluge et les événements de l'histoire, y compris le ministère du Sauveur, jusqu'au jour du second avènement du Seigneur, quand « les cieux seront obscurcis et un voile de ténèbres couvrira la terre ; et les cieux seront secoués ainsi que la terre » (Moïse 7:61).

Comme ambiance convenant à la tragédie du Calvaire, un manteau de ténèbres tomba sur le lieu et lorsque le Seigneur crucifié expira, « la terre trembla, les rochers se fendirent » (Matthieu 27:51).

Sur le continent américain, une vaste dislocation signala la mort du Sauveur ; et la destruction s'abattit sur les méchants qui s'étaient moqués des avertissements prophétiques et des exhortations inspirées à la repentance. Beaucoup de Néphites avaient oublié les signes et les prodiges qui avaient annoncé la naissance du Seigneur et étaient tombés dans une iniquité abominable. Alors, au temps de la crucifixion, de grandes et terribles tempêtes éclatèrent sur le pays, avec des coups de tonnerre, des éclairs et des élévations ainsi que des dépressions de la croûte terrestre, de sorte que les montagnes furent fendues et beaucoup de villes furent détruites par des tremblements de terre, par le feu, et par des raz-de-marée.

Pendant trois heures, l'holocauste sans précédent continua ; et alors des ténèbres épaisses tombèrent dans lesquelles il fut impossible d'allumer un feu. La terrible obscurité était semblable aux ténèbres de l'Égypte en ce que ses gluantes vapeurs pouvaient être senties. Cette condition dura jusqu'au troisième jour, de sorte qu'une nuit, un jour et une autre nuit furent comme une nuit ininterrompue et l'obscurité impénétrable fut rendue plus terrible par les lamentations du peuple dont le refrain poignant était partout le même :

« Oh ! si nous nous étions repentis avant ce grand et terrible jour ! » Alors, perçant l'obscurité, une voix se fit entendre, proclamant que la destruction s'était abattue sur le peuple à cause de la méchanceté et que ceux qui avaient vécu pour entendre, étaient les habitants les plus justes, a qui l'espoir était offert à condition d'une repentance et d'une réforme plus entière (3 Néphi 8-10).

Des phénomènes calamiteux, devant lesquels les méchants tomberont, sont clairement prédits comme accompagnement du second avènement de notre Seigneur. C'est là une prédiction faite par l'intermédiaire du prophète Joseph Smith en ces jours ; et l'accomplissement est proche :

« Car dans peu de jours, la terre tremblera et chancellera comme un homme ivre, le soleil se cachera la face et refusera de donner de la lumière, la lune sera baignée de sang ; et les étoiles deviendront extrêmement irritées et se jetteront en bas, comme une figue qui tombe d'un figuier. Et, après votre témoignage, viennent la colère et l'indignation sur le peuple.

« Car après votre témoignage vient le témoignage des tremblements de terre qui causeront des lamentations en son sein, et les hommes tomberont sur le sol et ne seront pas capables de rester debout. Le témoignage de la voix des tonnerres viendra aussi, ainsi que la voix des éclairs des tempêtes et des vagues de la mer s'élevant au-delà de leurs limites. Tout sera en commotion, et certainement le cœur des hommes leur manquera, car la crainte envahira tous les peuples. » (D&A 88:87-91)

On pourra prétendre que les orages, les tremblements de terre et autres forces destructrices citées plus haut ne sont pas des phénomènes naturels, mais surnaturels, infligés par intention divine. Dites plutôt que ces événements sont divinement dirigés, suivant naturellement et inévitablement les péchés de l'humanité et l'état dégénéré du genre humain.

« Le pays était profané par ses habitants ; car ils transgressaient les lois, violaient les ordonnances, ils rompaient l'alliance éternelle. » (Ésaïe 24:5)

Références scripturaires

Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre - Es. 65:17 voir aussi 51:16 et 66:22 ; 2 Pi. 3:13 ; lire versets 4-13.

Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu - Apo. 21:1 ; voir aussi Éther 13:9.

La terre se conforme à la loi d'un royaume céleste et sera vivifiée - D&A 98:25, 26.

La terre sera donnée aux justes en héritage - D&A 45:58 ; voir aussi 56:20.

Car tout ce qui est ancien passera et tout deviendra nouveau, même les cieux et la terre - D&A 29:24 ; voir aussi 101:24.

La terre dans son état sanctifié, immortel et éternel - D&A 77:1. Cette terre, dans son état sanctifié sera comme du cristal et sera un urim et thummim - D&A 130:9.

État béni des habitants de la terre sanctifiée - D&A 101:26-31 ; comparez Es. 65:20-25.

Celui qui a le droit de régner régnera - D&A 58:22.

Et l'Éternel montra toutes choses à Énoch, même jusqu'à la fin du monde y compris la rédemption des justes - Moïse 7:67.

James E. Talmage, Les Articles de foi, Chapitre 21