La nature de la mort


Joseph F. Smith




Oraison funèbre prononcée sur les restes d'Emma Wells, à Salt Lake City le 11 avril 1878

Dieu a donné des lois pour gouverner toutes ses oeuvres, et il a surtout donné les lois pour gouverner son peuple, ceux qui sont ses fils et ses filles. Nous sommes venus séjourner dans la chair pour obtenir des habitacles pour notre esprit immortel ; ou en d'autres termes nous sommes venus dans le but d'accomplir une oeuvre semblable à celle qu'accomplit le Seigneur Jésus-Christ. Le but de notre existence terrestre est d'obtenir une plénitude de joie et de devenir fils et filles de Dieu dans le sens le plus complet du terme, étant héritiers de Dieu et cohéritiers avec Jésus-Christ, pour être rois et prêtres de Dieu, pour hériter la gloire, la domination, l'exaltation, les trônes et tous les pouvoirs et tous les attributs acquis et possédés par notre Père céleste. Tel est le but de notre existence sur cette terre.

Pour atteindre à cette situation sublime, il est nécessaire que nous passions par cette expérience ou épreuve terrestre par laquelle nous pourrons nous montrer dignes grâce à l'aide de notre frère aîné Jésus. L'esprit sans le corps n'est pas parfait. Sans le corps il n'a pas la capacité de posséder la plénitude de la gloire de Dieu et ne peut par conséquent pas accomplir sa destinée sans le corps.

Nous sommes pré-ordonnés pour nous conformer à l'image du Seigneur Jésus-Christ ; et afin de devenir semblables à lui, nous devons suivre ses traces jusqu'à nous sanctifier par la loi de la vérité et de la justice. Telle est la loi du royaume céleste, et lorsque nous mourrons, son pouvoir nous fera nous lever le matin de la première résurrection revêtus de gloire, d'immortalité et de vie éternelle.

Si nous ne gardons pas la loi que Dieu nous a donnée dans la chair, que nous avons le privilège de recevoir et de comprendre, nous ne pouvons être vivifiés par sa gloire, et nous ne pouvons pas non plus recevoir la plénitude et l'exaltation du royaume céleste. « Il y a une loi irrévocablement décrétée dans les cieux avant la fondation de ce monde sur laquelle reposent toutes les bénédictions ; et lorsque nous obtenons une bénédiction quelconque de Dieu, c'est par l'obéissance à la loi sur laquelle elle repose » (D&A 130:20).

Nous devons par conséquent apprendre les lois des cieux, qui sont les lois de l'Évangile, les vivre, y obéir de tout notre coeur et y demeurer avec foi, nous perfectionnant grâce à elles, afin de recevoir la plénitude de la gloire de son royaume…

Tant que nous sommes dans la mortalité nous sommes entravés, nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, nous ne connaissons qu'en partie et nous avons du mal à comprendre les choses les plus petites auxquelles nous sommes associés. Mais lorsque nous revêtirons l'immortalité, notre situation sera très différente, car nous monterons dans une sphère plus vaste ; toutefois nous ne deviendrons pas parfaits immédiatement après avoir quitté le corps, car l'esprit sans le corps n'est pas parfait, et le corps sans l'esprit est mort.

L'esprit désincarné pendant l'intervalle qui sépare la mort du corps et sa résurrection n'est pas parfait, et par conséquent il n'est pas préparé à entrer dans l'exaltation du royaume céleste ; mais il a le privilège de s'élever au milieu d'êtres immortels et de jouir dans une certaine mesure de la présence de Dieu, non pas de la plénitude de sa gloire, non pas de la plénitude de la récompense que nous cherchons et que nous sommes destinés à recevoir si nous nous montrons fidèles à la loi du royaume céleste, mais en partie seulement.

L'esprit juste qui quitte cette terre reçoit sa place dans le paradis de Dieu ; il a ses privilèges et ses honneurs qui, du point de vue excellence, dépassent de loin toute compréhension humaine ; et dans cette sphère d'action, jouissant de cette récompense partielle de sa conduite juste sur la terre, il continue ses travaux et, à ce point de vue, diffère beaucoup de l'état du corps dont il est libéré. Car tandis que le corps dort et se décompose, l'esprit reçoit une naissance nouvelle; le portail de la vie s'ouvre devant lui. Il naît de nouveau en la présence de Dieu.

L'esprit de notre soeur bien-aimée, en faisant ses adieux à ce monde, naît de nouveau dans le monde des esprits et, revenant de la mission qu'il a accomplie dans cet état d'épreuves, ayant été quelques années absent de père, mère, famille, amis, voisins et de tout ce qui lui était cher, est retourné plus près du cercle familïal, des vieilles fréquentations et de l'ancien entourage, à peu près comme un homme qui rentre chez lui d'une mission à l'étranger pour retrouver sa famille et ses amis et jouir des plaisirs et du confort du foyer.

Telle est la situation de cette femme dont les restes se trouvent maintenant devant nous et de toute personne qui a été fidèle à la vertu et à la pureté pendant qu'elle voyageait ici-bas; mais c'est aussi plus spécialement celle de ceux qui tandis qu'ils étaient ici, ont eu le privilège d'obéir à l'Évangile et ont été fidèles à ses alliances.

Au lieu de rester ici parmi les choses temporelles entourés que nous sommes des faiblesses d'un monde déchu et sujets aux soucis et aux chagrins terrestres, ils en sont libérés pour entrer dans un état de joie, de gloire et d'exaltation ; pas la plénitude d'aucune d'elles, mais pour attendre le matin de la résurrection des justes, pour sortir du tombeau pour racheter le corps, et pour lui être réunis et devenir ainsi des âmes vivantes, des êtres immortels, pour ne plus jamais mourir.

Ayant accompli leur oeuvre, ayant passé leur épreuve terrestre et ayant rempli leur mission ici-bas, ils sont préparés pour recevoir la connaissance, la gloire et l'exaltation du royaume céleste. Cela, Jésus l'a fait ; et il est notre précurseur, notre exemple. Le chemin qu'il a tracé, nous devons le parcourir, si nous voulons espérer demeurer et être couronnés avec lui dans son royaume. Nous devons lui obéir et mettre notre confiance en lui, sachant qu'il est le Sauveur du monde.

Quelle raison avons-nous de nous affliger ? Aucune si ce n'est que nous sommes privés pendant quelques jours de la société de quelqu'un que nous aimons. Et si nous nous montrons fidèles pendant que nous sommes dans la chair, nous suivrons bientôt et serons heureux d'avoir eu le privilège de traverser la mortalité et d'avoir vécu à une époque où a été prêchée la plénitude de l'Évangile éternel, par lequel nous serons exaltés, car il n'y a d'exaltation que par l'obéissance à la loi.

Toute bénédiction, tout privilège, toute gloire, toute exaltation ne s'obtiennent que par l'obéissance à la loi sur laquelle elles sont basées. Si nous respectons la loi, nous ecevrons la récompense, mais nous ne pouvons la recevoir à aucune autre condition. Réjouissons-nous donc de la vérité, du rétablissement de la prêtrise, ce pouvoir délégué à l'homme en vertu duquel le Seigneur sanctionne dans les cieux ce que l'homme fait sur la terre.

Le Seigneur nous a enseigné les ordonnances de l'Évangile par lesquelles nous pouvons rendre parfaite notre exaltation dans son royaume. Nous ne vivons pas sans loi comme les païens ; ce qui est nécessaire à notre exaltation a été révélé. Notre devoir est par conséquent d'obéir aux lois. Alors nous recevrons notre récompense, que nous soyons fauchés dans l'enfance, dans la force de l'âge ou dans la vieillesse, c'est la même chose.

Tant que nous vivons à la hauteur de la lumière que nous possédons, nous ne serons privés d'aucune bénédiction ni d'aucun privilège. Car il y a un temps après cette vie mortelle et un moyen est prévu pour nous permettre de remplir la mesure de notre création et de notre destinée et d'accomplir toute la grande oeuvre que nous avons été envoyés faire, même s'il faut attendre longtemps pour que nous puissions l'accomplir complètement.

Jésus n'avait pas terminé son oeuvre lorsque son corps fut mis à mort, et il ne la termina pas non plus après sa résurrection d'entre les morts ; bien qu'ayant accompli le but pour lequel il était venu sur la terre, il n'avait pas accompli toute son oeuvre. Et quand l'aura-t-il accomplie ? Pas avant d'avoir racheté et sauvé tous les fils et toutes les filles de notre père Abraham qui sont nés ou naîtront jamais sur cette terre jusqu'à la fin des temps, à l'exception des fils de perdition. Telle est sa mission.

Nous ne terminerons notre oeuvre que lorsque nous nous serons sauvés, et alors pas avant d'avoir sauvé tous ceux qui dépendent de nous ; car nous devons devenir sauveurs sur le Mont de Sion au même titre que le Christ. Nous sommes appelés à cette mission.

Les morts ne sont pas parfaits sans nous, et nous ne le sommes pas sans eux. Nous avons une mission à accomplir en leur faveur ; nous avons une certaine oeuvre à accomplir afin de libérer ceux qui, à cause de leur ignorance et de la situation défavorable dans laquelle ils ont été placés pendant qu'ils étaient ici, ne sont pas prêts pour la vie éternelle ; nous devons leur ouvrir la porte, en accomplissant les ordonnances qu'ils ne peuvent accomplir pour eux-mêmes, et qui sont essentielles pour qu'ils soient libérés de la « prison » pour se lever et vivre selon Dieu quant à l'esprit et être jugés selon les hommes quant à la chair.

Le prophète Joseph Smith a dit que c'est là un des devoirs les plus importants qui incombent aux saints des derniers jours . Et pourquoi ? Parce que nous sommes dans la dispensation de la plénitude des temps qui inaugurera le règne millénaire dans lequel tout ce dont ont parlé les saints prophètes depuis le début du monde doit s'accomplir et où toutes choses doivent être réunies, tant celles qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre.

Nous avons cette oeuvre à accomplir ; ou du moins tout ce que nous pouvons en accomplir, laissant le reste à nos enfants, auxquels nous devons inculquer le sentiment de
l'importance de cette oeuvre, les élevant dans l'amour de la vérité et dans la connaissance de ces principes, de sorte que lorsque nous mourrons, ayant fait tout ce que nous pouvions faire, ils reprendront le flambeau et continueront le travail jusqu'à ce qu'il soit terminé.

Puisse le Seigneur bénir cette famille éplorée et la consoler dans sa perte. Ceux qui meurent dans le Seigneur ne goûteront pas la mort. Lorsque Adam prit du fruit défendu, il fut chassé de la présence de Dieu dans les ténèbres du dehors. C'est-à-dire qu'il fut exclu de la présence de sa gloire et du privilège de sa société, ce qui était une mort spirituelle. Ce fut la première mort. C'était véritablement une mort, car il fut exclu de la présence de Dieu et depuis lors la postérité d'Adam a souffert du châtiment de cette mort spirituelle, qui est le bannissement de sa présence et de la société des êtres saints. Cette première mort sera aussi la seconde mort.

Maintenant nous considerons les restes mortels de notre soeur disparue. Sa partie immortelle s'en est allée. Où ? Dans les ténèbres du dehors ? Bannie de la présence de Dieu ? Non, mais née de nouveau en sa présence, restaurée ou née de la mort à la vie, à l'immortalité et à la joie en sa présence. Ce n'est donc pas une mort. Et ceci est vrai en ce qui concerne tous les saints qui meurent dans le Seigneur et dans l'alliance de l'Évangile. Ils retournent du sein de la mort à la vie où la mort n'a pas de pouvoir.

Il n'y a de mort que pour ceux qui meurent dans le péché sans l'espérance sûre et ferme de la résurrection des justes. Il n'y a pas de mort quand nous continuons dans la connaissance de la vérité et avons l'espérance d'une glorieuse résurrection. La vie et l'immortalité sont mises en lumière par l'Évangile. Par conséquent il n'y a pas de mort ici. Il s'agit d'un sommeil paisible, d'un repos tranquille pendant un petit temps, et puis elle se lèvera de nouveau pour jouir de ce corps.

S'il manque quelque chose en ce qui concerne les ordonnances appartenant à la maison du Seigneur qui pourrait avoir été oublié ou auquel elle n'aurait pas pu atteindre, on pourra s'en occuper pour elle. Son père et sa mère, ses frères et ses soeurs sont là, ils connaissent les ordonnances qu'il faut accomplir pour obtenir tous les avantages et toutes les bénédictions qu'il lui était possible de recevoir dans la chair. Ces ordonnances nous ont été révélées dans ce but même, afin que nous naissions dans la lumière, sortant du milieu de ces ténèbres, de la mort à la vie.

Nous vivons donc. Nous n'attendons pas la mort mais nous attendons la vie, l'immortalité et la gloire, l'exaltation et nous nous attendons à être vivifiés par la gloire du royaume céleste et à recevoir la plénitude de celui-ci. Telle est notre destinée, telle est la situation exaltée que nous pouvons atteindre et il n'y a aucun pouvoir qui peut nous en priver ou nous en dépouiller si nous nous montrons fidèles à l'alliance de l'Évangile. (Journal of Discourses, vol. 19, 1878, p. 258-265 ; Doctrine de l'Évangile, p. 371-374)


Discours prononcé au service funèbre de Mary A. Freeze (publié en 1911) :


Il ne reste apparemment pas grand-chose à dire. Je confirme de tout coeur et sans réserve tous les sentiments délicats que j'ai entendu exprimer ici cet après-midi à propos de notre soeur disparue. Je l'ai connue pendant pas mal d'années, comme officier de l'Église, et j'ai eu le plaisir de la rencontrer souvent dans les divers offices dans lesquels elle a travaillé dans l'Église, et, dans tous les cas, j'ai été de plus en plus frappé par la personnalité et l'esprit pur de cette femme.

Il y avait chez elle, dans sa conversation et dans sa conduite, un calme qui semblait révéler une personnalité bien mûrie et des principes de vie bien établis. Rien de ce que j'aie jamais vu en elle n'a paru passager, instable ou déséquilibré, mais en tout sa vie a manifesté la stabilité, une fermeté digne de confiance et la fidélité au Seigneur et à ses alliances.

Après avoir entendu les nombreuses bonnes choses qui ont été dites (et cependant, comme frère Joseph E. Taylor l'a noté : « On n'a pas dit la moitié ») à propos de la bonne vie et des bons travaux de notre chère soeur, cela me rappelle les espérances chéries qu'éveille en notre âme notre foi en l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, l'espérance que cet Évangile a inspirée à notre âme qui fait que nous suivons les traces de notre Rédempteur et que quiconque suit ses traces deviendra semblable à lui, jouira des privilèges bénis dont il a joui, passera par les diverses épreuves par lesquelles il a passé et atteindra finalement le même but et recevra en bénédiction les mêmes privilèges, la même puissance, la même gloire, la même exaltation qu'il a lui-même acquis dans sa vie, sa mort et sa résurrection.

Je ne puis rien concevoir de plus désirable que ce que nous donne l'Évangile de Jésus-Christ : le fait que bien que nous mourions, nous revivrons, que même si nous mourons et nous dissolvons dans les éléments d'origine à partir desquels notre corps humain est composé, néanmoins ces éléments seront rendus les uns aux autres et seront réorganisés, et nous deviendrons de nouveau des âmes vivantes tout comme le Sauveur l'a fait avant nous ; et le fait qu'il y est arrivé nous en a donné la possibilité, à nous.

À quoi peut-on penser de plus joyeux que le fait que frère Freeze, qui aimait sa femme et qu'elle aimait, à qui il fut fidèle et qui lui fut fidèle tous les jours qu'elle passa avec lui comme femme et mère, aura le privilège de se lever le matin de la première résurrection, revêtu d'immortalité et de vie éternelle, et de reprendre les relations qui existaient entre eux dans cette vie, les liens de mari et de femme, de père et de mère, de parents de leurs enfants, ayant jeté les bases de la gloire éternelle et de
l'exaltation éternelle dans le royaume de Dieu !

Sans cette espérance la vie me semblerait inutile. Et cependant, il n'est rien que j'aie jamais découvert au monde, à part l'Évangile de Jésus-Christ, qui donne cette assurance. Rien ne l'a jamais démontré d'une manière tangible à part l'Évangile de Jésus-Christ. Jésus-Christ a jeté cette base, a enseigné ce principe et cette vérité et a énoncé le sentiment mémorable : « Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11:25-26).

Eh bien, pour moi cela explique le sentiment exprimé par frère Joseph E. Taylor, lorsqu'il dit qu'il ne ressentait pas la mort lorsqu'il s'en alla lui rendre visite. Ressentez-vous la présence de la mort ici ? Lui ne l'a pas senti à ce moment-là. Juste avant le départ de son esprit, il n'y avait là aucun élément de la mort. L'élément de dissolution, la séparation du spirituel et du temporel, de l'immortel et du mortel, était visible, mais dans la présence de l'Esprit du Seigneur.

Avec l'espérance inspirée par l'Évangile du Fils de Dieu que « celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais », et par la connaissance du fait que toutes les dispositions que le Seigneur a prises pour que nous puissions être préparés à jouir de la plénitude de ses bénédictions ont été observées et suivies, crues et appliquées par cette brave femme, quelle raison pourrait-il y avoir, dans de telles circonstances, pour que l'on ait des pensées de mort ? Ce n'était pas la mort, mais un passage du mortel à l'immortel, en fait de la mort à la vie éternelle.

Or, je crois que s'il y a une âme au monde qui ait droit à la réalisation de cette parole du Fils de Dieu, c'est bien cette brave femme ; car, je le crois, elle fut, selon sa connaissance, fidèle à tous les principes par lesquels elle pourrait en remplir le but et par lesquels elle peut en recevoir la confirmation dans le monde à venir.

Je ne crois pas qu'il serait approprié ou nécessaire que je prenne beaucoup de temps, mais tandis que les frères et soeurs parlaient, la pensée m'est venue tout naturellement à l'esprit : Que fera-t-elle dans le monde à venir ? Que fera-t-elle là-bas ? On nous dit qu'elle ne sera pas oisive. Elle ne pourrait pas l'être. Dans les plans de Dieu, l'oisiveté n'existe pas. Dieu n'est pas heureux de l'idée de la paresse. Il n'est pas oisif, et, dans la providence et les desseins de Dieu, il n'y a pas d'inertie. Ou bien nous progressons et avançons, ou nous rétrogradons. Nous ne sommes pas stationnaires. Nous devons progresser. Le principe de la progression et du développement éternels tend vers la gloire, l'exaltation, le bonheur et une plénitude de joie.

Qu'a-t-elle donc fait ? Elle a, entre autres choses, travaillé au temple. Elle a également travaillé pour apporter la vie aux jeunes filles de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Elle a travaillé diligemment et avec ferveur à essayer de persuader les filles de Sion d'arriver à connaître la vérité telle qu'elle la connaissait. Elle semblait y être parfaitement enracinée. Je n'ai jamais découvert dans son esprit le moindre symptôme de doute au sujet de l'Évangile de Jésus-Christ. Elle a travaillé pour amener les autres filles de Sion au même niveau de connaissance, de foi et d'intelligence des principes de l'Évangile du Christ qu'elle possédait elle-même, ange servant et mère en Israël, cherchant le salut des autres filles et des autres mères
d'Israël. Quel appel plus grand que celui-là pouvez-vous concevoir ?

En outre, comme je l'ai dit, elle a travaillé au temple. Dans quel but ? Pour administrer les ordonnances que Dieu a révélées être essentielles au salut des vivants et pour les préparer à une exaltation et à une gloire plus grandes ici-bas et dans l'au-delà, et aussi pour le rachat des morts. Que pouvez-vous imaginer de plus grand que cela ? Dans mon esprit, il n'est rien d'aussi grand ni d'aussi glorieux dans ce monde que de travailler pour le salut des vivants et pour la rédemption des morts.

Nous lisons que le Sauveur alla prêcher l'Évangile aux esprits en prison tandis que son corps était au tombeau. Cela faisait partie de la grande mission qu'il devait accomplir. Il fut envoyé non seulement pour prêcher l'Évangile à ceux qui demeuraient dans la mortalité, mais préordonné et oint de Dieu pour ouvrir les portes de la prison à ceux qui étaient en esclavage et pour proclamer son Évangile.

J'ai toujours cru et je crois toujours de toute mon âme que des hommes tels que Pierre et Jacques et les douze disciples que le Sauveur choisit de son temps ont été occupés, tout au long des siècles qui ont passé depuis leur martyre, à témoigner de Jésus, à proclamer la liberté aux captifs dans le monde des esprits et à ouvrir les portes de leur prison. Je ne crois pas qu'ils pourraient être employés à une oeuvre plus grande. Leur appel spécial et l'onction que le Seigneur lui-même leur donna fut de sauver le monde, de proclamer la liberté aux captifs et l'ouverture des portes des prisons à ceux qui étaient enchaînés dans les ténèbres, la superstition et l'ignorance.

Je crois que les disciples qui sont morts dans notre dispensation : Joseph le prophète et son frère Hyrum, Brigham, Heber, Willard, Daniel, John, Wilford et tous les autres prophètes qui ont vécu dans cette dispensation et qui ont été intimement associés à l'oeuvre de rédemption et aux autres ordonnances de l'Évangile du Fils de Dieu dans ce monde prêchent ce même Évangile qu'ils ont vécu et prêché ici à ceux qui sont dans les ténèbres dans le monde des esprits et qui n'avaient pas cette connaissance avant de partir. L'Évangile doit leur être prêché. Nous ne sommes pas parfaits sans eux, ils ne peuvent être parfaits sans nous.

Or, parmi ces millions d'esprits qui ont vécu sur la terre et qui sont morts, de génération en génération depuis le commencement du monde sans connaître l'Évangile, vous pouvez compter que parmi eux la moitié au moins sont des femmes. Qui va prêcher l'Évangile aux femmes ? Qui va porter l'Évangile de Jésus-Christ au coeur des femmes qui sont mortes sans connaître l'Évangile ? C'est là une chose simple dans mon esprit. Ces braves soeurs qui ont été mises à part, ordonnées à l'oeuvre, appelées à cette oeuvre, autorisées par l'autorité de la Sainte Prêtrise à travailler pour leur sexe dans la maison de Dieu pour les vivants et pour les morts seront pleinement autorisées et dotées de pouvoir pour prêcher l'Évangile et enseigner les femmes tandis que les anciens et les prophètes le prêchent aux hommes.

Les choses que nous connaissons ici sont typiques des choses de Dieu et de la vie au-delà de nous. Il y a une grande ressemblance entre les desseins de Dieu tels qu'ils se manifestent ici-bas et les desseins qu'il applique dans sa présence et dans son royaume. Ceux qui sont autorisés à prêcher l'Évangile ici et sont désignés ici pour accomplir cette oeuvre ne seront pas oisifs après leur mort, mais continueront à exercer les droits qu'ils ont obtenus ici, en vertu de la prêtrise du Fils de Dieu, de travailler au salut de tous ceux qui sont morts sans connaître la vérité.

Certains d'entre vous comprendront si je vous dis que certaines de ces braves femmes qui sont passées dans l'au-delà ont même été ointes reines et prêtresses pour Dieu et leur mari, pour continuer leur oeuvre et être les mères d'esprits dans le monde à venir. Le monde ne comprend pas cela, il ne peut pas le recevoir, il ne sait pas ce que cela veut dire, et il est parfois difficile pour ceux qui devraient être parfaitement imprégnés de l'esprit de l'Évangile, même pour certains d'entre nous, de comprendre, mais c'est vrai.

Que le Seigneur bénisse frère Freeze. Comme l'a dit soeur Martha Tingey, soeur Freeze n'aurait jamais accompli l'oeuvre qu'elle a accomplie s'il ne l'avait pas secondée dans ses efforts. Il a consenti à ce qu'elle néglige partiellement ses devoirs domestiques pour travailler dans un domaine plus vaste au salut des autres.

Mais permettez-moi ici de vous dire un mot, à vous, les mères. Oh mères, le salut, la miséricorde et la vie éternelle commencent chez vous. « Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme ? » À quoi me servirait-il, même si je m'en allais dans le monde pour amener des étrangers dans la bergerie de Dieu, si je perdais mes propres enfants ? Ô Dieu, ne me laisse pas perdre les miens. Je ne puis me permettre de perdre les miens que Dieu m'a donnés et dont je suis responsable devant le Seigneur et qui ont besoin de moi pour les guider, les instruire et les influencer convenablement.

Père, ne me laisse pas perdre tout intérêt pour les miens en essayant de sauver les autres. La charité commence au foyer. La vie éternelle doit commencer au foyer. Je serais très malheureux si on me faisait un jour prendre conscience du fait que par la négligence que j'aurais montrée vis-à-vis de mon foyer, tout en essayant de sauver les autres, j'aurais perdu les miens. Je ne veux pas cela. Que le Seigneur m'aide à sauver les miens autant que quelqu'un peut aider un autre à se sauver.

Je me rends compte que je ne puis sauver personne, mais je peux leur enseigner comment être sauvé. Je peux donner à mes enfants l'exemple de la façon dont ils peuvent être sauvés et j'ai le devoir de faire d'abord cela. Je le leur dois davantage, à eux, qu'à qui que ce soit au monde. Ensuite, lorsque j'aurai accompli l'oeuvre que je dois accomplir dans mon cercle familial, j'étendrai mon pouvoir bénéfique au dehors dans la mesure du possible.

Mes frères et soeurs, je sais, comme je sais que je vis, que Joseph Smith était, est et sera toujours l'instrument choisi de Dieu le Père éternel pour jeter les bases de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et pour établir le royaume de Dieu sur la terre pour ne plus jamais être renversé. Je vous rends ce témoignage. Je sais, comme je sais que je vis, que toutes les doctrines qu'il a enseignées sont conçues pour édifier, ennoblir et agrandir l'âme, pour établir la paix et la justice dans le coeur des enfants des hommes et les amener à Dieu et non les éloigner de lui. Je le sais, comme je sais que je suis vivant.

C'est vrai et je remercie Dieu de me l'avoir croire et accepter sans détour. J'y crois de tout mon coeur, comme je crois que je vis, et comme je crois mes propres père et mère. Cherchons tous à atteindre cette croyance, et si nous le faisons, nous aurons de la joie et de la satisfaction et nous entrerons dans le repos de Dieu dès maintenant dans ce monde. Car celui qui entre dans le repos de Dieu ici-bas ne sera plus jamais dérangé par les hallucinations du péché, de la méchanceté, et les ennemis de la vérité n'auront aucun pouvoir sur lui.

Je prie que Dieu nous aide à en arriver là et que les bénédictions du Seigneur accompagnent la famille de soeur et de frère Freeze et de leurs enfants, afin qu'aucun d'eux ne suive jamais une voie qui apporterait de l'affliction à leur chère et sainte femme de mère. Cela a été un des stimulants de ma vie, une des choses qui m'ont poussé à m'efforcer de faire le bien. Je ne voudrais pour rien au monde affliger sciemment ma chère mère.

Il n'y a rien entre moi et les cieux qui compenserait une action qui affligerait ou blesserait ma mère. Pourquoi ? Parce qu'elle m'a aimé, qu'elle serait morte cent fois pour moi si cela avait été possible, rien que pour me sauver. Pourquoi l'affligerais-je, pourquoi la décevrais-je ? Pourquoi aurais-je une attitude contraire à sa vie et aux enseignements que m'a donnés sa vie, car elle m'a enseigné l'honneur, la vertu, la pureté et l'intégrité vis-à-vis du royaume de Dieu comme elle m'a enseigné non seulement par le précepte, mais aus si par l'exemple. Je ne voudrais
l'affliger pour rien au monde.

Jeunes gens, jeunes filles, ne faites jamais rien pour affliger votre mère. Vous savez qu'elle était sainte des derniers jours, vous savez qu'elle a été fidèle à ses convictions. Soyez aussi fidèles qu'elle l'a été, et, comme le Seigneur vit, vous serez exaltés avec votre mère, et vous aurez une plénitude de joie, et ma prière, c'est que Dieu vous l'accorde, au nom de Jésus. Amen. (Young Woman's Journal, vol. 23 , 1911, p. 128-132
; Doctrine de l'Évangile, p. 385-389)