Doctrine
et Alliances
Contexte
de la section 89
Jed
Woodworth
Comme
beaucoup d’autres révélations dans l’Église
des premiers temps du Rétablissement, la section 89, appelée
aujourd’hui la Parole de sagesse, est venue en réponse à
un problème. À Kirtland, beaucoup des hommes de
l’Église ont été chargés de prêcher
dans différentes parties des États-Unis. Ils devaient
appeler les gens au repentir et rassembler les élus du
Seigneur. Pour préparer ces convertis récents à
leurs travaux importants, Joseph Smith a ouvert une école de
formation appelée l’École des prophètes, à
Kirtland au second étage du magasin de Newel K. Whitney en
janvier 1833. [1]
Chaque
matin après le petit déjeuner, les hommes se
réunissaient à l’école pour écouter
les enseignements de Joseph Smith. La pièce était très
petite et plus de vingt-cinq anciens l'occupaient [2]. Brigham Young
a raconté que la première chose qu’ils faisaient,
après s’être assis, était d'« allumer
une pipe et de commencer à parler des grandes choses du
royaume et de souffler leur fumée ». Les nuages de fumée
étaient tellement épais que les hommes pouvaient à
peine voir Joseph à travers. Une fois les pipes éteintes,
ils "se mettaient [dans la bouche] une dose [de tabac à
chiquer] d’un côté et peut-être des deux
côtés et tout finissait sur le sol » [3]. Dans ce
cadre sale, Joseph Smith a essayé d’enseigner aux hommes
comment eux-mêmes et leurs convertis pouvaient devenir saints,
« sans tache » et dignes de la présence de Dieu.
[4]
Tabac
Cet
épisode dans le magasin des Whitney s’est produit au
milieu d’une transformation considérable dans la culture
occidentale. En 1750, la propreté et l'hygiène
personnelles étaient des pratiques rares et aléatoires,
dont se souciaient surtout les riches et les aristocrates. En 1900,
les bains réguliers étaient devenus l'habitude pour une
grande partie de la population, en particulier la classe moyenne, qui
avait fait des mœurs bourgeoises son idéal [5]. Cracher
du tabac avait cessé d’être une pratique
acceptable en public parmi la plupart des classes de la population
pour être considérée comme une habitude grossière
en-dessous de la dignité de la société polie. Au
milieu de ce changement culturel, au moment même où les
gens ordinaires commençaient à se préoccuper de
leur propreté et de leur santé physique, la Parole de
sagesse est arrivée pour éclairer le chemin.
La
scène à l’École des prophètes
aurait suffi à donner à n’importe quel
non-consommateur de tabac, comme l'était Joseph Smith, un
sujet de préoccupation [6]. Emma, la femme de Joseph, lui a
dit que le cadre dans lequel il évoluait la préoccupait.
Emma et lui vivaient dans le magasin des Whitney, et la tâche
de frotter les crachats dans le bois retombait sur ses épaules
fatiguées. Peut-être s'est-elle plainte qu'on lui
demande d’accomplir cette tâche ingrate, mais il y avait
aussi un enjeu plus pratique : « Elle ne pouvait pas donner au
sol un aspect décent », a raconté Brigham Young
[7]. Les taches étaient impossibles à enlever. La
situation paraissait loin d'être idéale pour des
personnes appelées de Dieu, comme l'étaient ces
anciens, particulièrement quand on se souvient que cette pièce
au sol crasseux était la « salle de traduction »
de Joseph, l’endroit même où il recevait des
révélations au nom de Dieu. Joseph commença à
interroger le Seigneur pour savoir ce qui pouvait être fait et
le 27 février, un mois à peine après
l'inauguration de l'École, il reçut la révélation
intégrée plus tard au canon des Écritures comme
Doctrine et Alliances 89. La réponse était sans
équivoque. « Le tabac n’est ni pour le corps, ni
pour le ventre, et n’est pas bon pour l’homme. »
(voir D&A 89:8) [8]
Boissons
fortes
Le
tabac était l'une des nombreuses substances ayant trait à
la santé et à la propreté physique dont les
mérites faisaient l’objet d'âpres débats
des deux côtés de l’océan Atlantique à
l'époque où la Parole de sagesse a été
reçue. Les discussions étaient très fréquentes
parce que les mauvais usages étaient très répandus.
En 1832, Frances Trollope, l’écrivain britannique, a
rapporté avec mépris que dans tous ses voyages récents
aux États-Unis, elle n'avait jamais rencontré un homme
qui ne fût pas ou un « mâcheur de tabac ou un
buveur de whisky. » [9]
Pour
l’alcool comme pour le tabac à chiquer, le désordre
régnait. Pendant des siècles, presque tous les
Américains avaient consommé de grandes quantités
de boissons alcoolisées, tout comme leurs homologues
européens. Les puritains appelaient l’alcool, la «
bonne création de Dieu », une bénédiction
des cieux à boire avec modération. L’alcool était
consommé à presque tous les repas, en partie parce que
l’eau non purifiée de l'époque était très
malsaine. La bière brassée maison était d'un
usage répandu et après 1700, les colons britanniques
d’Amérique buvaient du jus de pêche fermenté,
du cidre brut et du rhum importé des Antilles ou distillé
à partir de mélasse de fabrication locale. En 1770, la
consommation par habitant d'alcool distillé, sans parler de la
bière ou du cidre, atteignait 14 litres par an. [10]
La
guerre d’indépendance n’a fait qu'aggraver cette
dépendance à l’alcool. Après la
suppression des importations de mélasse, les américains
ont cherché à remplacer le rhum par le whisky. Des
producteurs de céréales de l’ouest de la
Pennsylvanie et du Tennessee ont trouvé plus économique
de fabriquer du whisky que d’expédier des céréales
périssables pour les vendre. En conséquence, le nombre
de distilleries a connu une croissance rapide après 1780,
stimulée par la colonisation de la "corn belt"
["ceinture de maïs", expression désignant les
vastes régions agricoles du Midwest, ou la culture du maïs
était prépondérante, ndt], au Kentucky et en
Ohio, et les grandes distances vers les marchés de l'Est. À
l’étonnement des observateurs comme Trollope, les
américains de partout, hommes, femmes et enfants, buvaient du
whisky à longueur de journée. La consommation
américaine d'alcool distillé a grimpé en flèche,
passant de neuf litres et demi par personne en 1790 à
vingt-six litres et demi en 1830, la plus grande quantité de
toute l’histoire des États-Unis et un chiffre trois fois
plus élevé que le taux actuel. [11]
Cette
consommation élevée d’alcool a heurté les
sensibilités religieuses. Dès 1784, les Quakers et les
Méthodistes conseillaient à leurs membres de s’abstenir
de toute boisson alcoolisée forte et d'éviter de
participer à sa vente et à sa fabrication [12]. Un
mouvement de tempérance plus agressif s'est emparé des
Églises dans les premières décennies du
dix-neuvième siècle. L’alcool a davantage été
perçu comme un tentateur dangereux et moins comme un don de
Dieu. En 1812, les Églises congrégationaliste et
presbytérienne du Connecticut ont recommandé
l'établissement de lois strictes limitant la distribution
d’alcool. Lyman Beecher, dirigeant de ce mouvement de réforme,
a plaidé en faveur de mesures encore plus extrêmes,
prônant l'abstinence totale de boissons alcoolisées.
L’idée est vite devenue un élément central
de l’American Temperance Society (ATS), organisée à
Boston en 1826. Les gens ont été invités à
signer une promesse de tempérance, s'engageant non seulement à
modérer leur consommation d’alcool, mais à
s’abstenir complètement. Un « T » majuscule
était écrit en regard des noms de ceux qui le
faisaient, et c’est de là qu'est issu le mot «
teetotaler » [désignant un « abstinent complet »,
ndt]. Dès le milieu des années 1830, l’ATS
comptait bien plus d'un million de membres, beaucoup d’entre
eux étant des abstinents complets. [13]
Encouragées
par l’ATS, des sociétés de tempérance
locales ont vu le jour par milliers dans toute la campagne
américaine. Comme beaucoup de petites villes, Kirtland avait
sa propre société de tempérance [14] Précisément
parce que la réforme de l’alcool était très
souvent discutée et débattue, chacun ayant son opinion,
les Saints devaient avoir un moyen de décider qui avait
raison. Outre le rejet de l’usage du tabac, la Parole de
sagesse s'est aussi prononcée contre les boissons alcoolisées
: « Lorsque quelqu’un parmi vous boit du vin ou des
boissons fortes, voici, ce n’est pas bien ni convenable aux
yeux de votre Père. » (voir D&A 89:5) [15]
Néanmoins,
il fallait du temps pour éliminer des pratiques qui étaient
si profondément enracinées dans les traditions
familiales et la culture, surtout dans la mesure où les
boissons fermentées de toutes sortes étaient
fréquemment utilisées à des fins médicales.
Le terme « boissons fortes » incluait certainement les
alcools produits par distillation, comme le whisky, que d'une manière
générale les saints des derniers jours ont rejetés
à partir de là. Ils ont eu une approche plus modérée
en ce qui concernait les boissons alcoolisées plus douces,
comme la bière et le « vin pur des raisins de la vigne,
fabriqué par vous-mêmes » (voir D&A 89:6).
Pendant les deux générations suivantes, les dirigeants
saints des derniers jours ont enseigné la Parole de sagesse
comme un commandement de Dieu, mais ils ont toléré
divers points de vue quant à la rigueur avec laquelle il
devait être observé. Cette période d’incubation
a donné aux saints le temps d’acquérir leur
propre tradition d’abstinence des substances nocives. Au début
du vingtième siècle, quand les remèdes
scientifiques étaient plus largement disponibles et que le
culte au temple était devenu un élément plus
régulier du culte des saints des derniers jours, l’Église
était prête à accepter une norme plus exigeante
d'obéissance, qui permettrait d’éliminer les
problèmes tels que l’alcoolisme parmi ceux qui
obéissent. En 1921, le Seigneur a inspiré à
Heber J. Grant, président de l'Église, de demander à
tous les saints de vivre la Parole de sagesse à la lettre, en
s'abstenant complètement de tout alcool, du café, du
thé et du tabac. Aujourd’hui, les membres de l’Église
sont censés vivre selon cette norme plus élevée.
[16]
Boissons
brûlantes
Dans
les années 1830, les réformateurs américains de
la tempérance ont remporté un succès non
négligeable en trouvant un substitut à l’alcool :
le café. Au dix-huitième siècle, le café
était considéré comme un produit de luxe, auquel
on préférait de loin le thé, de fabrication
britannique. Après la guerre d'indépendance, la coutume
de boire du thé a été perçue comme
antipatriotique et est tombée en grande partie en disgrâce.
La voie était ouverte pour l'émergence d'un stimulant
rival. En 1830, les réformateurs ont persuadé le
Congrès des États-Unis de supprimer la taxe sur
l’importation de café. La stratégie a réussi.
Le café est tombé à 10 cents la livre, ramenant
le prix d'une tasse de café à celui d'une tasse de
whisky, ce qui a sonné le déclin du whisky. En 1833, le
café était entré « largement dans la
consommation quotidienne de presque toutes les familles, riches et
pauvres ». Le Baltimore American l'a décrit comme «
faisant partie des choses nécessaires de la vie » [17].
Bien que le café ait emporté une large adhésion
dès le milieu des années 1830, y compris au sein de la
communauté médicale, quelques réformateurs
radicaux comme Sylvester Graham et William A. Alcott ont prêché
contre l’utilisation de tout stimulant quel qu'il soit,
notamment le café et le thé. [18]
La
Parole de sagesse rejetait l’idée d'un substitut à
l’alcool. « Les boissons brûlantes », que les
saints des derniers jours ont compris comme désignant le café
et le thé [19], « ne sont ni pour le corps ni pour le
ventre », expliquait la révélation (voir D&A
89:9) [20]. Au lieu de cela, elle encourageait la consommation
d'aliments de base, de ceux qui avaient été essentiels
à la vie depuis des millénaires. La révélation
faisait l’éloge de « toutes les herbes salutaires
». « Tout grain est prévu pour l’usage de
l’homme et des bêtes, pour être le soutien de la
vie [...] de même que le fruit de la vigne ; ce qui donne des
fruits, soit dans le sol, soit au-dessus du sol. » Conformément
à une révélation antérieure approuvant la
consommation de viande, la Parole de sagesse a rappelé aux
saints que la chair des bêtes et des oiseaux a été
donnée « pour l’usage de l’homme avec
actions de grâces », mais elle a ajouté la mise en
garde qu'il faut « en user avec économie » et pas
à l’excès (voir D&A 89:10-12). [21]
«
Je répandrai mon esprit sur toute chair »
Les
saints des derniers jours qui découvrent les mouvements
panaméricains de réforme de la santé des années
1820 et 1830 sont parfois perplexes lorsqu'ils en entendent parler.
Quel lien y a-t-il entre ces mouvements et la Parole de sagesse ?
Joseph Smith a-t-il simplement tiré parti d'idées
existant déjà dans son environnement en les présentant
comme révélation ?
Ces
préoccupations sont injustifiées. Nous ne devons pas
oublier que beaucoup des premiers saints des derniers jours qui ont
pris part aux sociétés de tempérance
considéraient la Parole de sagesse comme une recommandation
inspirée, « adaptée à la capacité
des faibles et des plus faibles de tous les saints, qui sont ou
peuvent être appelés saints » [22]. En outre, la
révélation n’a aucun analogue exact dans la
littérature de son époque. Les réformateurs de
la tempérance ont souvent tenté d'effrayer leurs
auditeurs en associant la consommation d’alcool avec une foule
de maladies horribles ou de maux sociaux [23]. La Parole de sagesse
ne proposait aucun raisonnement de ce genre. Boire des boissons
fortes, dit simplement la révélation, n'est « pas
bien ». Tout aussi laconiques sont les explications données
pour les injonctions contre le tabac et les boissons brûlantes
[24]. La révélation peut être comprise davantage
comme un arbitre que comme un participant dans le débat
culturel.
Au
lieu d'argumenter en se fondant sur la peur, la Parole de sagesse se
fonde sur la confiance. La révélation invite les
auditeurs à avoir confiance en un Dieu qui a le pouvoir de
donner de grandes récompenses, spirituelles et physiques, en
échange de l’obéissance à un commandement
divin. Ceux qui observent la Parole de sagesse, dit la révélation,
« recevront la santé en leur nombril et de la moelle
pour leurs os, et ils trouveront de la sagesse et de grands trésors
de connaissance, oui, des trésors cachés »
[25]. Ces lignes établissent un lien entre le corps et
l'esprit, élevant le soin du corps au rang de principe
religieux. [26]
En
fin de compte, le fait que la Parole de sagesse et le mouvement de
réforme de la santé du dix-neuvième siècle
se recoupent ne doit pas surprendre. C’était une époque
de « rafraîchissement » (Actes 3:19), un
moment de l’histoire où la lumière et la
connaissance étaient déversées des cieux. La
nuit où Joseph Smith a reçu la visite de l’ange
Moroni pour la première fois, à l’automne 1823,
l’ange a cité une phrase du livre de Joël et a dit
qu'elle était sur le point de s’accomplir : « je
répandrai mon esprit sur toute chair », disait le
passage (Joël 2:28). Dans la mesure où la réforme
de la tempérance a rendu les gens moins dépendants à
des substances qui créent une accoutumance, incitant à
l'humilité et aux bonnes actions, le mouvement était
indéniablement inspiré par Dieu. « Ce qui est de
Dieu invite et incite continuellement à faire ce qui est bien
», déclare le Livre de Mormon (Moroni 7:13) [27]. Plutôt
que de se préoccuper de chevauchement culturel, les saints des
derniers jours peuvent songer avec joie à la façon dont
l’esprit de Dieu a touché tant de personnes, si
largement et avec une telle force.
Peu
après avoir reçu la Parole de sagesse, Joseph Smith
s'est présenté devant les anciens de l’École
des prophètes et leur a lu la révélation. Les
frères n’avaient pas besoin qu'on leur dise ce que
voulaient dire les mots. Ils « ont immédiatement jeté
leur pipe dans le feu », a raconté l'un des membres de
l’École [28]. Depuis cette époque, l’origine
inspirée de la Parole de sagesse a été rendue
manifeste de nombreuses fois dans la vie des saints, sa puissance et
la divinité se perpétuant au fil des années. À
certains égards, le mouvement panaméricain de réforme
de la santé a sombré dans l'oubli. La Parole de sagesse
demeure, pour éclairer notre chemin.
NOTES
[1]
Milton V. Backman, « School of the Prophets and School of the
Elders », dans Joseph: Exploring the Life and Ministry of the
Prophet, éd. Susan Easton Black et Andrew C. Skinner (Salt
Lake City : Deseret Book, 2005), p. 165-175.
[2]
Orson Hyde était l’instructeur principal au cours de
cette première période, mais Joseph Smith semble avoir
été régulièrement présent. Steven
R. Sorensen, « School of the Prophets », Encyclopedia of
Mormonism, 4 vols., éd. Daniel H. Ludlow (New York :
Macmillan, 1992), vol. 3, p. 1269 ; Lyndon W. Cook, The Revelations
of the Prophet Joseph Smith: A Historical and Biographical Commentary
of the Doctrine and Covenants (Salt Lake City : Deseret Book, 1985),
p. 191.
[3]
Brigham Young, discours, 2 décembre 1867 ; 8 février
1868, documents de George D. Watt, sténographie transcrite par
LaJean Purcell Carruth, bibliothèque d’histoire de
l’Église. Le premier discours n'a pas été
publié. Pour voir la version publiée du deuxième
discours, voir Brigham Young, dans Journal of Discourses, 26 vols.
(Liverpool : F. D. Richards, 1855-1886), vol. 12, p. 157-158.
[4]
Révélation, 2 janvier 1831, Joseph Smith Papers. Voir
D&A 38:31.
[5]
Le processus de « civilisation » durait depuis des
siècles mais s'est accéléré à tous
les niveaux de la structure sociale au dix-neuvième siècle.
Norbert Elias, The History of Manners, traduit par Edmunds Jephcott
(New York, 1978) ; Georges Vigarello, Concepts of Cleanliness:
Changing Attitudes in France since the Middle Ages, traduit par Jean
Birrell (Cambridge et Paris : Cambridge University Press et Éditiions
de la Maison des Sciences de l’homme, 1988) ; Richard L.
Bushman et Claudia L. Bushman, « The Early History of
Cleanliness in America », Journal of American History 74 (mars
1988) : 1213-1238 ; Richard L. Bushman, The Refinement of America:
Persons, Houses, Cities (New York : Knopf, 1992) ; Dana C. Elder, «
A Rhetoric of Etiquette for the ‘True Man’ of the Gilded
Age », Rhetoric Review 21, n° 2 (2002), p. 155, 159.
[6]
Sur la non-utilisation de tabac par Joseph Smith, voir Brigham Young,
discours, 8 février 1868.
[7]
Brigham Young, discours, 8 février 1868, documents de George
D. Watt, transcrits par LaJean Purcell Carruth, BHE. La version
publiée change la formulation pour refléter la plainte
plus que la consternation : « les plaintes de sa femme d'avoir
à nettoyer un sol aussi dégoûtant ».
Brigham Young, dans Journal of Discourses, vol. 12, p. 158.
[8]
Révélation, 27 février 1833, JSP.
[9]
Frances Trollope, Domestic Manners of the Americans, 2 vols. (Boston,
1832), vol. 1, p. 101. Dès 1800, le tabac était connu
pour guérir une longue liste de maux : douleurs abdominales,
morsures de serpent, scorbut, hémorroïdes, « folie
» et des dizaines d’autres maux. Mais la propagation du
raffinement de la classe moyenne dans les premières décennies
du dix-neuvième siècle a apporté une nouvelle
série de critiques publiques. Le tabac en est venu à
être qualifié d'« herbe sale », et des mots
comme « dégoûtant » et « fâcheux
» lui ont de plus en plus été associés.
Lester Bush, fils, « The Word of Wisdom in Nineteenth-Century
Perspective », Dialogue 14 (automne 1981), p. 56 ; « For
the Evening Post », New York Evening Post, 27 juin 1829, [2].
[10]
W. J. Rorabaugh, The Alcoholic Republic: An American Tradition (New
York : Oxford University Press, 1979), p. 25-57 ; W. J. Rorabaugh, «
Alcohol in America », OAH Magazine of History 6 (automne 1991),
p. 17-19 ; Peter C. Mancall, « The Art of Getting Drunk’
in Colonial Massachusetts » Reviews in American History 24
(septembre 1996), p. 383.
[11]
Gordon Wood, Empire of Liberty: A History of the Early Republic,
1789-1815 (New York : Oxford University Press, 2009), p. 339 ; Joseph
F. Kett, « Temperance and Intemperance as Historical Problems
», Journal of American History 67 (mars 1981), p. 881 ;
Rorabaugh, « Alcohol in America », p. 17.
[12]
Mark Edward Lender et James Kirby Martin, Drinking in America: A
History, éd. rev. et aug. (New York : Free Press, 1987), p.
35.
[13]
Ian R. Tyrrell, Sobering Up: From Temperance to Prohibition in
Antebellum America, 1800-1860 (Westport, Connecticut : Greenwood
Press, 1979) ; James R. Rohrer, « les origines du mouvement de
la tempérance : une réinterprétation »,
Journal of American Studies 24 (août 1990) : 230-31 ; Lyman
Beecher, Six Sermons sur la Nature, les Occasions, signes, maux et
remède d’intempérance (1825 ; état de New
York : Owasco American Society, 1827), 194 ; Daniel Walker Howe, ce
que Dieu a accomplies : la Transformation de l’Amérique,
1815-1848 (état de New York : Oxford University Press2007),
167-68. L'American Temperance Society a adopté une promesse
officielle d’abstinence de toute boisson alcoolisée en
1831. Robert H. Abzug, Cosmos Crumbling: American Reform and
Religious Imagination (New York : Oxford University Press, 1994), p.
98.
[14]
Christopher G. Crary, Pioneer and personal Reminiscences
(Marshalltown, Iowa : Marshall Printing, 1893), p. 25. Je suis
redevable à Andy Hedges, qui m'a indiqué cette source.
[15]
Révélation, 27 février 1833, JSP. Le terme «
boissons fortes » est une expression biblique qui s'applique au
vin, mais les réformateurs de la tempérance donnaient
souvent à ce terme une définition plus large, qui
comprenait les alcools distillés. Addison Parker, Address
Delivered before the Southbridge Temperance Society, on the Evening
of Dec. 1, 1830 (Southbridge : Josiah Snow, 1830), p. 7-8 ; Fifth
Report of the American Temperance Society, Presented at the Meeting
in Boston, May, 1832 (Boston : Aaron Russell, 1832), p. 47, 95, 112.
[16]
C'est davantage la modération que l’abstinence qui a été
appliquée à presque tous les « interdits »
de la Parole de sagesse, jusqu’au début du vingtième
siècle. Sur le renforcement du respect de la parole de
sagesse, voir Thomas G. Alexander, Mormonism in Transition: A History
of the Latter-day Saints, 1890-1930 (Urbana : University of Illinois
Press, 1986), p. 258-72 ; et Paul H. Peterson et Ronald W. Walker, «
Brigham Young’s Word of Wisdom Legacy », BYU Studies 42,
n°. 3-4 (2003), p. 29-64.
[17]
Rorabaugh, Alcoholic Republic, p. 99-100.
[18]
Bush, « The Word of Wisdom in Nineteenth-Century Perspective »,
p. 52.
[19]
Paul H. Peterson, « An Historical Analysis of the Word of
Wisdom » (thèse de maîtrise, Université
Brigham Young, 1972), p. 32-33 ; « The Word of Wisdom »,
Times and Seasons 3 (1er juin 1842) : 800.
[20]
Révélation, 27 février 1833, JSP ; « City
Marshall’s Department », City Gazette and Commercial
[Charleston, Caroline du Sud], 18 avril 1823, [3] ; « Gaming »,
Berks and Schuylkill Journal [Reading, Pennsylvanie.], 8 Janvier
1825, [3].
[21]
Révélation, 7 mai 1831, JSP ; révélation,
27 février 1833, JSP.
[22]
Révélation, 27 février 1833, JSP.
[23]
Selon les paroles d’une autorité, l’alcool «
stupéfie leurs sentiments, paralyse leur sensibilité
morale, affaiblit les pouvoirs de digestion, et à terme
provoque la dyspepsie, une des maladies les plus redoutables qui
frappent la race humaine ». « On Drunkenness »,
Connecticut Herald, 21 février 1826, [1]. On trouve d’autres
arguments similaires dans « Twenty Dollars Reward »,
Daily National Intelligencer, 23 septembre 1823, [4] ; « Rev.
Isaac McCoy », New-Hampshire Repository 6 (3 mai 1824), p. 70 ;
et « From the Times and Advertiser », Times and
Hartford Advertiser, 3 janvier 1826, [4].
[24]
Cela ne veut pas dire que toutes les propositions de l'époque
concernant la santé s’appuyaient sur une argumentation
solide. Voir, par exemple, les propositions de Samuel Underhill dans
Mark Lyman Staker, Hearken, O Ye People: The Historical Setting for
Joseph Smith’s Ohio Revelations (Salt Lake City : Greg Kofford
Books, 2009), p. 110. Pour voir d’autres manières dont
la Parole de sagesse peut avoir été en désaccord
avec les idées reçues, voir Steven C. Harper, Making
Sense of the Doctrine & Covenants: A Guided Tour through Modern
Revelations (Salt Lake City : Deseret Book, 2008), p. 332-333. Au
vingtième siècle, certains saints des derniers jours
ont cherché à isoler les produits chimiques incriminés
dans les substances interdites dans la Parole de sagesse, mais cette
analyse n'a jamais été acceptée comme doctrine
de l’Église et allait au-delà du raisonnement de
la révélation elle-même. John A. Widtsoe et Leah
D. Widtsoe, The Word of Wisdom: A Modern Interpretation (Salt Lake
City : Deseret Book, 1937).
[25]
Révélation, 27 février 1833, JSP.
[26]
Harper, Making Sense of the Doctrine & Covenants, p. 328.
[27]
Moroni 7:13. En 1840, la consommation par habitant en Amérique
était tombée à environ onze litres et demi, la
plus forte baisse sur dix ans de l’histoire américaine.
Lender et Martin, Drinking in America, p. 71-72 ; Tyrrell, Sobering
Up, p. 225-251.
[28]
Souvenirs de Zebedee Coltrin, dans École des prophètes
de Salt Lake, procès verbaux du 3 octobre 1883, bibliothèque
d’histoire de l’Église.