Origine du
livre d’Abraham
H. Donl Peterson
En juillet 1835, tandis
qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith
acheta, au nom de l’Église, pour $2400, quatre momies
égyptiennes et les papyrus qui les accompagnaient à
Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie.
Chandler avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu
les sept autres dans l’Est des États-Unis avant de
rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les
antiquités, Joseph Smith annonça que les papyrus
contenaient des écrits des patriarches Abraham et Joseph, qui
avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces antiquités
avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la
rive occidentale du Nil en face de la ville antique de Thèbes
(aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et 1821. Lebolo,
né à Castellamonte, au Piémont (nord de
l’Italie), avait été gendarme pendant
l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand
celui-ci fut battu, Lebolo préféra l’exil à
la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition
de la monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où
il fut employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général
de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en
Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo
de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies
bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo
dirigeait plusieurs centaines d’hommes qui faisaient des
fouilles à différents emplacements, l’endroit
exact n’a pas été identifié. Les momies
furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa
Albano Oblasser, un magnat de l’import export, à les
vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à
Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux
compagnies maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à
Maitland et Kennedy, pour qu’ils les vendent à quiconque
payerait une somme appropriée. Le montant devait être
envoyé aux héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en
hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que
Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a
pas été confirmée.
On sait maintenant qu’une
partie de la littérature abrahamique révèle des
liens avec l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham
– probablement d’abord écrit en grec –
provient presque certainement d’Égypte. L’insertion
d’une personnalité biblique telle qu’Abraham dans
les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une
technique juive connue depuis la période hellénistique
(Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des
textes égyptiens soient d’une certaine façon liés
à la parution du livre d’Abraham.
Selon certains
égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par
Joseph Smith doivent dater du début de l’ère
chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent.
Le Testament d’Abraham, édité au départ
par M. R. James en 1892, a été décrit par lui
comme étant « un écrit judéo-chrétien
du deuxième siècle composé en Égypte »
(Nibley, p. 20-21).
L’identité
des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune
source primaire qui les identifie.
Bibliographie
•
Grobel, K. « …
Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10
(1963-1964), p. 373-382.
•
Nibley, Hugh W. Abraham
in Egypt. Salt Lake City, 1981.
•
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation