Les fac-similés du Livre d’Abraham



Michael D. Rhodes



 
Trois fac-similés sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la Perle de grand prix. Tous sont semblables aux illustrations égyptiennes connues par d’autres sources.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 1. Les représentations semblables au fac-similé 1 abondent dans les textes religieux égyptiens. Un exemple typique apparaît au chapitre 151 du Livre des Morts, montrant le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de lion. Dans certains détails, tels que la position du personnage couché, le fac-similé 1 diffère des autres textes égyptiens.
 
On ne connaît l’existence du document original que pour le fac-similé 1. La comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte hiéroglyphique qui accompagne ce dessin démontre qu’il faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications paléographiques et historiques, la date de ce texte peut être estimée avec certitude comme étant le premier siècle apr. J.-C. Étant donné que le livre d’Abraham fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en ont conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction. Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le livre d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est la preuve concluante que Joseph Smith était incapable de traduire les documents antiques.
 
Dans les documents historiques que l’Église possède actuellement, Joseph Smith n’a jamais décrit le processus qu’il utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du Livre de Mormon, il a dit qu’il « n’était pas utile » qu’il raconte tous les détails de sa parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand le livre d’Abraham fut publié par sections dans le Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff (dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith lui-même ne mentionne pas l’utilisation de cet instrument à un endroit quelconque de la traduction.
 
On doit cependant tenir compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section 7 des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le prophète, utilisant l’urim et le thummim, a traduit des « écrits faits sur parchemin par Jean ». Bien qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa possession, il en a donné une traduction. Puisqu’on ne sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est raisonnable de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens achetés à Michael Chandler, Joseph Smith a demandé au Seigneur de lui donner la révélation à leur sujet et a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il se peut alors qu’il ait recherché dans les papyrus en sa possession des illustrations semblables à celles qu’il avait apprises par révélation. C’est une explication possible de la façon dont des dessins faits aux environs du premier siècle apr. J.-C. ont été utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un hypocéphale (« sous la tête » en grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les musées de par le monde. Leur but officiel était de maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la résurrection) et de transformer le défunt en un dieu dans l’au-delà. Joseph Smith a expliqué que le fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de la terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement raisonnables à la lumière des connaissances modernes en égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout dans la partie inférieure du fac-similé représentent, selon Joseph Smith, « les quatre coins de la terre ». Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et, entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la terre.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on retrouve sans cesse dans la littérature égyptienne, une scène particulièrement connue grâce au chapitre 125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts devant le trône d’Osiris. Il est probable qu’il se trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le fac-similé 1 constituait le commencement, puisque d’autres exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci. De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
 
Joseph Smith explique que le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône du pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à la cour égyptienne. Les critiques ont fait remarquer que le deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi, est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples dans d’autres papyrus, qui n’étaient pas dans la possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté sous les traits d’Hathor. En fait, la scène entière est typique des drames rituels égyptiens dans lesquels des acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et déesses.
 
En résumé, le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3 la fin d’un document connu sous le nom de Livre des Respirations, un texte religieux égyptien que la paléographie date de l’époque de Jésus. Le fac-similé 2, l’hypocéphale, est également un texte religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association de ces fac-similés au livre d’Abraham comme étant une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à ce qu’il avait reçu par révélation en traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le prophète donne de chacun des fac-similés s’accordent avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques religieuses égyptiennes.
 

Bibliographie

Harris, James R. "The Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.

Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.

Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.

Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation