Récits
que Joseph Smith a faits de la Première Vision
Steven C. Harper
Joseph
Smith écrivit que, vers l’âge de douze ans, «
mon esprit devint sérieusement préoccupé à
propos de tous les importants sujets liés au bien-être
de mon âme immortelle. » [1] Joseph vivait dans le nord
de l’état de New York, entouré par les
discussions et controverses religieuses qui y régnaient dans
les années 1810. Les différentes réunions
religieuses de l’époque le poussèrent à se
demander « Que dois-je faire pour être sauvé ? ».
Mais la réponse restait difficile à trouver. Étant
« troublé dans son esprit » Joseph se mit à
étudier les « différents systèmes »
religieux mais il en vint à se dire : « Je ne savais pas
qui avait raison et qui avait tort et je considérais qu’il
était de la première importance que je connaisse la
vérité sur ce qui avait des conséquences
éternelles. » [2] Son esprit était «
extrêmement peiné » pour ses propres péchés
et les « péchés du monde ».
En
« sondant les Écritures », Joseph vit que «
l’humanité n’allait pas au Seigneur mais qu’elle
avait apostasié de la foi vraie et vivante et qu’il n’y
avait aucune société ou confession bâtie sur
l’Évangile de Jésus-Christ tel qu’il était
décrit dans le Nouveau Testament. » [3]
Pendant
un temps, Joseph Smith rechercha l’appaisement parmi les
Méthodistes. En juillet 1819, plus d’une centaine de
pasteurs se rassemblèrent pour la conférence de
l’église épiscopale méthodiste organisée
à Vienna (aujourd’hui Phelps), dans l’état
de New York, à une demie journée de marche de la ferme
de la famille Smith [4]. La région connaissait « une
agitation peu commune à propos de la religion »
[5]. Il est possible que la prédication de George Lane, l’un
des pasteurs, put influencer particulièrement Joseph. William
Smith, le frère cadet de Joseph, se souvint que le sermon de
George Lane avait pour titre « À quelle Église me
joindre ? » Le sujet de son discours, était de demander
à Dieu, et s’appuyait sur l’Écriture «
Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il
la demande à Dieu qui donne à tous simplement »
[6]. Joseph « se sentit quelque inclination » pour
la confession méthodiste mais ne s’engagea pas
pleinement ; il voulait savoir quelle doctrine était la bonne.
Il refusa de feindre la conversion ou la ferveur religieuse. Plus
tard, Joseph raconta à des amis que pendant une réunion
méthodiste « il voulait expérimenter la même
chose que tous les autres et crier avec eux mais il ne ressentait
rien » [7]. Par moments « son esprit était
fortement agité, tant les cris et le tumulte étaient
grands et incessants » [8].
«
Pendant cette période de grande agitation », les
préoccupations religieuses de Joseph devinrent extrêmes.
Il se demanda si les églises étaient « toutes
dans l’erreur » mais se refusa à croire pareille
chose. La culpabilité pour ses péchés et cette «
guerre de paroles et ce tumulte d’opinions » pour savoir
quelle église pouvait lui apporter le pardon, lui firent
éprouver, à la fois, « de la confusion », «
des difficultés extrêmes » et « un grand
malaise » [9].
Joseph
fut aussi peiné par la disparité qu’il voyait
entre les enseignements des églises et la parole de la Bible
[10]. En effet, la Bible était à la fois le champ de
bataille de cette guerre et sa plus grande victime, « car les
professeurs de religion comprenaient si différemment les mêmes
passages de l’Écriture que cela faisait perdre tout
espoir de régler la question par un appel à la Bible »
[11].
C’était
pourtant au Dieu de la Bible que Joseph allait faire appel. Il avait
entendu à maintes reprises les partis religieux manier la
Bible comme une arme, « essayant d’établir leurs
doctrines et réfutant toutes les autres » [12]. Joseph
étudiait maintenant la Bible seul, dans le silence, la
considérant comme une parole vivante plutôt qu’une
loi morte, et celle-ci parla à son âme en quête de
vérité.
Étant
« travaillé par les difficultés extrêmes
causées par les disputes de ces partis de zélateurs
religieux », Joseph lut dans Jacques 1:5 : « Si quelqu’un
d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à
Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche ; et elle
lui sera donnée. » Le passage pénétra sa
conscience avec puissance. Il dit : « Jamais aucun passage de
l’Écriture ne toucha le cœur de l’homme avec
plus de puissance que celui-ci ne toucha alors le mien. Il me sembla
qu’il pénétrait avec une grande force dans toutes
les fibres de mon cœur. J’y pensais constamment »,
Joseph dit, « sachant que, si quelqu’un avait besoin que
Dieu lui donne la sagesse, c’était bien moi ; car je ne
savais que faire, et à moins de recevoir plus de sagesse que
je n’en avais alors, je ne le saurais jamais. » Cette
invitation biblique à rechercher la révélation
personnelle toucha Joseph profondément [13]. Il était
tellement courant, à l’époque de Joseph, de
prouver des vérités doctrinales à l’aide
de passages de la Bible, que l’invitation à rechercher
la sagesse directement auprès de Dieu fut, comme il l’appela,
« une nouvelle encourageante », et « comme une
lumière resplendissant dans l’obscurité [14].
Joseph prit alors la décision de prier à voix haute
pour la première fois de sa vie.
En
1820, par un beau matin de printemps, il s’isola dans les bois
près de chez lui. Il se rendit dans un endroit qui lui était
familier, il raconta, à coté de « la souche où
j’avais planté ma hache après le travail »
[15]. Là, il s’agenouilla et commença à
chercher les mots pour exprimer ses désirs les plus profonds,
mais il fut submergé par une puissance invisible.
La
langue liée, environné par d’épaisses
ténèbres, Joseph se sentit condamné alors qu’il
était « saisi par un être réel du monde
invisible qui possédait une puissance étonnante comme
je n’en avait encore senti de pareille en aucun être »
[16]. Cet adversaire « remplit son esprit de doutes et de
toutes sorte d’images inappropriées » [17]. Sur le
moment, quand il dut choisir s’il voulait céder ou non à
la force qui le tenait, Joseph lutta « de toutes mes forces
pour implorer Dieu de me délivrer de la puissance de cet
ennemi » [18].
Joseph
vit alors une lumière céleste descendre sur lui, de
plus en plus brillante à mesure qu’elle les enveloppait
lui, les feuilles et les branches des arbres, de telle manière
qu’ils semblaient être consumés par le feu. Cette
lumière, plus brillante que le soleil, le sauva de son ennemi
invisible. Les ténèbres se dissipèrent [19]. La
prière de Joseph ouvrit les cieux et invoqua un pouvoir qui
vainquit l’opposition la plus puissante qu’il n’eut
jamais connu [20].
Au
milieu de la « colonne de feu » [21], Joseph vit un
personnage glorieux se tenant au-dessus de lui dans les airs. Il
l’appela par son nom et lui dit : "Celui-ci est mon fils
bien-aimé. Écoute-le ! » [22] Joseph vit un autre
personnage qui « ressemblait exactement » au premier
[23]. Le Fils appela Joseph par son nom et lui dit : « tes
péchés te sont pardonnés » [24].
Joseph
demanda aux êtres célestes quelle église détenait
la vérité. « Dois-je rejoindre l’Église
méthodiste ? » demanda t-il [25]. « Il me fut
répondu de ne me joindre à aucune, car elles étaient
toutes dans l’erreur » [26]. Le problème était
que « toutes les confessions religieuses croyaient en des
doctrines incorrectes ». Dieu ne reconnut aucune d’elle
comme étant « son Église et son royaume »
[27]. L’alliance éternelle, le lien entre l’évangile
chrétien primitif et les jours présents, « avait
été rompu » [28].
Jésus
Christ confirma l’observation de Joseph que : « le monde
[était] dans le péché », que toutes les
églises s’étaient « détournées
de l’Évangile et ne respectaient pas [ses]
commandements. Ils s’approchaient de Lui des lèvres,
mais leur cœur était éloigné de lui. »
[29]
Les
« crédos » qui gouvernaient les Églises
chrétiennes étaient « une abomination » aux
yeux de Dieu. » [30] Ils prétendaient qu’il était
impossible de connaître ou de comprendre Dieu, pourtant Il
s’était révélé en personne à
Joseph, en réponse à sa prière. Un crédo
disait, dans la langue des philosophes, que Dieu était «
sans corps, parties, ou passions » [31]. Et pourtant Joseph
Smith avait vu et entendu des personnages et il avait ressenti leur
amour immense.
«
Mon âme fut remplie d’amour » écrivit Joseph
de sa propre plume « et, pendant de nombreux jours, j’éprouvai
une grande joie. Le Seigneur était avec moi, mais je ne pus
trouver personne qui veuille croire à la vision céleste.
Néanmoins, je méditai ces choses dans mon cœur. »
[32]
Joseph
Smith avait trouvé ce qu’il « désirait le
plus » [33]. Il avait « découvert que le
témoignage de Jacques était vrai, que quelqu’un
qui manquait de sagesse pouvait la demander à Dieu et
l’obtenir. » [34] La réponse à sa quête
au travers de la prière n’était pas ce que les
pasteurs de ce renouveau spirituel prêchaient, ni peut-être
ce à quoi Joseph s’attendait. Pas de cris de joie, pas
de bancs sur lequel le fidèle s’asseyait pendant qu’il
priait pour obtenir la conversion, pas de « voix grave et forte
du prédicateur » [35]. Seulement Joseph «
dans la forêt » [36], suivant l’invitation souvent
répétée dans la Bible : demander et recevoir.
NOTES
[1]
Joseph Smith, « Histoire, circa été 1832 »,
p.1–2, josephsmithpapers.org.
[2]
Joseph Smith, «Journal, 1835–1836 », 9–11 nov
1835, p.23, josephsmithpapers.org.
[3]
Joseph Smith, « Histoire, circa Éte 1832, » 2.
[4]
Voir : « Reverend George Lane—Good ‘Gifts,’
Much ‘Grace,’ et Marked ‘Usefulness’ »,
Larry C. Porter, BYU Studies, vol. 9, no. 3 (Spring 1969), 328–30.
[5]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », 1, in « History, 1838–1856, volume A-1
[23 Déc 1805–30 août 1834] »,
josephsmithpapers.org.
[6]
« Another Testimony », J. W. Peterson, Deseret Evening
News, 20 jan 1894, 11; voir également « Letter III, »
Oliver Cowdery, LDS Messenger and Advocate, dec. 1834, tel que
reproduit dans Histories, Volume 1 : Joseph Smith Histories,
1832–1844, Karen Lynn Davidson, David J. Whittaker, Mark
Ashurst-McGee, et Richard L. Jensen, éds., vol. 1 of the
Histories series of The Joseph Smith Papers, ed. Dean C. Jessee,
Ronald K. Esplin, et Richard Lyman Bushman (Salt Lake City: Church
Historian’s Press, 2012), p. 53.
[7]
Alexander Neibaur journal, 24 mai, 1844, josephsmithpapers.org.
[8]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 2.
[9]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 2.
[10]
See Joseph Smith, « History, circa Summer 1832 », p 2.
[11]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 2–3.
[12]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 2.
[13]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 2.
[14]
A Interesting Account of Several Remarkable Visions and of the Late
Discovery of Ancient American Records, Orson Pratt, (Edinburgh:
Ballantyne and Hughes, 1840), 4, Bibliothèque d’histoire
de l’Église, Salt Lake City; josephsmithpapers.org.
[15]
Entretien avec Joseph Smith, de David Nye White, Aug. 21, 1843, dans
David Nye White, « The Prairies, Nauvoo, Joe Smith, the Temple,
the Mormons, &c, » Pittsburg Weekly Gazette, 15 sept, 1843,
p. 3, Bibliothèque d’histoire de l’Église;
josephsmithpapers.org.
[16]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2], », p. 3.
[17]
Ein Ruf aus der Wüste (A Cry out of the Wilderness), Orson Hyde,
14–15, Bibliothèque d’histoire de l’Église;
josephsmithpapers.org.
[18]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 3.
[19]
Voir : A Interesting Account of Several Remarkable Visions, p. 5;
Orson Pratt.Voir également : Joseph Smith, « History,
circa Summer 1832 », 2; Alexander Neibaur journal, 24 mai,
1844.
[20]
Voir Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p; 3.
[21]
Joseph Smith, « Journal, 1835–1836 », 9–11
nov, 1835, p. 23.
[22]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 3.
[23]
Joseph Smith, « Church History », dans Times and Seasons,
vol. 3, no. 9 (1 mars 1842), 707, Bibliothèque d’histoire
de l’Église ; josephsmithpapers.org. Dans son premier
récit écrit de son expérience, il a simplement
utilisé le mot Seigneur pour décrire ces deux Êtres
glorieux.
[24]
Joseph Smith, « History, circa Summer 1832 », p. 3.
[25]
Alexander Neibaur journal, 24 mai, 1844.
[26]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 3.
[27]
Joseph Smith, « Church History », p. 707.
[28]
Journal de Levi Richards, 11 juin, 1843, Bibliothèque
d’histoire de l’Église ;
josephsmithpapers.org.
[29]
Joseph Smith, « History, circa Summer 1832 », p. 3.
[30]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 3.
[31]
Voir The Creeds of Christendom, 3 vols., 6e ed. (Grand Rapids,
Missouri: Baker Books, 1996), 1:762 ; see also Jeffrey R. Holland, «
The Only True God and Jesus Christ Whom He Hath Sent », Le
Liahona, nov. 2007, p. 40–41.
[32]
Joseph Smith, « History, circa Summer 1832 », p. 3.
[33]
Joseph Smith, « Journal, 1835–1836 », 9–11
nov, 1835, p. 23.
[34]
Joseph Smith, « History, circa June 1839–circa 1841
[Draft 2] », p. 4.
[35]
Annals of Luzerne County (Philadelphia, 1866), dans Porter, «
Reverend George Lane », p. 325, Stewart Pearce.
[36]
Joseph Smith, « History, circa Summer 1832 », p. 3.