QUESTION : On nous enseigne
que, pour les justes, le monde des esprits est un lieu de repos. Mais
qu'en est-il des blessures émotionnelles, telles que celles
infligées par les mauvais traitements aux enfants, que
certaines personnes portent toute leur vie ? Continueront-elles à
lutter pour s'en libérer après la mort ?
RÉPONSE de Allen E.
Bergin, professeur de psychologie à l'université
Brigham Young et conseiller dans la présidence du onzième
pieu de BYU :
Ici-bas, beaucoup
d'innocents souffrent de problèmes émotionnels ou
mentaux, en conséquence du mauvais comportement de quelqu'un
d'autre. Les problèmes mentaux et émotionnels d'un
enfant, provoqués par des sévices physiques,
émotionnels ou sexuels, surtout s'ils sont infligés par
son père ou sa mère, peuvent persister quand il a
atteint l'âge adulte.
Il y a également
d'autres causes aux difficultés mentales et émotionnelles.
Les scientifiques sont en train de découvrir que de nombreux
troubles psychologiques sont causés par des déséquilibres
biochimiques de l'organisme. La dépendance à l'alcool
et à la drogue chez des enfants nés de m ères d
roguées ou alcooliques en est une vivante illustration. Les
profonds handicaps mentaux et la schizophrénie chronique (ou
dédoublement de la personnalité) sont également
des conditions dues à des facteurs biochimiques aux effets
durables sur l'esprit et le corps, et sur lesquels le malade a peu de
prise.
Nous vivons dans un monde
déchu, où l'environnement, la biologie, ou les deux à
la fois, peuvent avoir une action néfaste sur la santé
mentale et le comportement normal. James E. Talmage, des Douze, a
parlé de cela : « Dans une certaine mesure, les enfants
naissent héritiers de la bonne ou de la mauvaise nature de
leurs parents. Les effets de l'hérédité sont
chose admise. Les bonnes et les mauvaises inclinations, les
bénédictions et les malédictions sont transmises
de génération en génération… Les
enfants d'Adam sont héritiers naturels des maux de la
mortalité. Mais, grâce à l'expiation du Christ,
ils sont tous rachetés de la malédiction de cet état
déchu. » (Étude des Articles de foi, page 111)
Nous pouvons donc supposer
que, du fait de l'Expiation, ceux qui souffrent de blessures
émotionnelles dont ils ne sont pas responsables en seront
guéris après la mort. Il est nécessaire d'être
guéri de ces handicaps, qu'ils soient causés par des
déficiences biologiques ou par des tensions dues au milieu,
pour que ceux qui méritent d'entrer au paradis puissent
profiter de cet état de paix et de repos (voir Mosiah 3:11 ;
Alma 40:11-14).
Il n'y a pas de doute : le
Seigneur est juste ; il tiendra compte du fait que certains de ses
enfants sont marqués par la mauvaise conduite des autres, et
il ne laissera pas les péchés d'autres personnes
affliger ses enfants au-delà de cette période terrestre
probatoire.
Bien entendu, cela ne
signifie pas que ceux qui ont les moyens de changer sont justifiés
en ne faisant rien pour résoudre les difficultés qui
leur ont été données, en se disant qu'ils ne
seront pas tenus pour responsables de leurs actes. Nous savons que le
Seigneur « ne peut considérer le péché
avec le moindre degré d'indulgence » (Alma 45:16).
Par exemple, une personne
peut avoir des tendances homosexuelles causées à la
fois par des facteurs biologiques et par l'influence de son milieu.
L'Évangile n'en exige pas moins qu'elle acquière la
maîtrise de soi et, dans la mesure du possible, change
d'orientation sexuelle. De nombreux anciens homosexuels l'ont fait et
ont eu une vie conjugale et familiale réussie, ce qui montre
que l'on peut, dans certains cas, surmonter ces tendances et vivre
conformément aux principes de l'Évangile, bien que cela
puisse être difficile.
Ces principes s'appliquent
également à beaucoup de problèmes, parmi
lesquels les perversions sexuelles, l'alcoolisme et la toxicomanie,
la boulimie et l'anorexie, et l'agression. Bien qu'on ne puisse
attendre un changement permanent du jour au lendemain, beaucoup de
gens qui souffrent de problèmes émotionnels ou mentaux
peuvent faire des progrès importants grâce à une
combinaison de conseils spirituels, de conseils professionnels et
d'efforts personnels. Il n'y a que dans des cas extrêmes de
handicap mental ou de maladie mentale qu'on est incapable de
progresser.
Il est également
important de veiller à ne pas confondre de graves affections
cliniques avec les faiblesses humaines ordinaires. Si nous n'avions
pas de faiblesses, la vie ne serait pas une mise à l'épreuve
pour nous, et le plan de salut de Dieu échouerait. Le Seigneur
a dit : « Je donne aux hommes de la faiblesse afin qu'ils
soient humbles ; …car s'ils s'humilient devant moi, et ont foi
en moi, alors je rends fortes pour eux les choses qui sont faibles. »
(Éther 12:27)
C'est en exerçant
notre esprit contre les afflictions externes et internes que nous
nous fortifions spirituellement. Le Seigneur n'est pas la cause des
maux comme les mauvais traitements aux enfants, mais pour préserver
le libre arbitre et la responsabilité de ses enfants, le
Seigneur permet qu'ils subissent les conséquences du mauvais
usage du libre arbitre, qu'il s'agisse des conséquences de
leurs propres actes ou des actes d'autres personnes.
De plus, une personne a
beaucoup de ressources pour effacer les traces de telles blessures
dans cette vie. Si nous venons au Christ et nous efforçons de
pardonner à ceux qui nous ont fait du mal, par exemple, nous
pouvons être soulagés, au moins dans une certaine
mesure.
Oui, le Seigneur nous
demande d'apprendre à pardonner à ceux qui nous font du
mal. Délivrés du poids de la haine, nous pouvons alors,
grâce à l'Expiation, trouver la force de vivre dignement
afin d'être rendus à ce qui est bon au dernier jour
(voir Alma 41:3).
(L'Étoile,
octobre 1988)