QUESTION : En quoi la connaissance spirituelle se distingue-t-elle de la connaissance scientifique ?



RÉPONSE de Spencer W. Kimball, membre du collège des Douze de 1943 à 1970, président suppléant du collège des Douze de 1970 à 1972, président du collège des Douze de 1972 à 1973, président de l’Église de 1973 à 1985 :

Il y a des vérités absolues et des vérités relatives. Les règles de la diététique ont maintes fois changé au cours de ma vie. Beaucoup de découvertes scientifiques ont été modifiées d’année en année. Les hommes de science ont enseigné pendant des décennies que le monde était jadis une masse nébuleuse de matière en fusion qui s’était détachée du soleil, puis d’autres hommes de science dirent que le monde fut jadis un tourbillon de poussière qui s’est solidifié. On a avancé beaucoup d’idées qui par la suite ont été changées pour répondre aux besoins des vérités qui ont été découvertes. Il existe des vérités relatives et il existe aussi des vérités absolues qui sont les mêmes hier, aujourd’hui et pour toujours et qui sont immuables. Ces vérités absolues ne sont pas altérées par l'opinion des hommes. À mesure que la science a élargi notre entendement du monde physique, certaines idées scientifiques acceptées ont dû être abandonnées parce que de nouvelles vérités ont été découvertes. Certaines de ces vérités apparentes furent fermement soutenues pendant des siècles. Les recherches sincères de la science demeurent souvent sur le seuil de la vérité tandis que les faits révélés nous donnent certaines vérités absolues comme point de départ pour que nous puissions en venir à comprendre la nature de l’homme et le but de la vie.

La terre est sphérique. Si les quatre milliards de personnes au monde pensent toutes qu’elle est plate, elles sont dans l’erreur. C’est une vérité absolue et toutes les discussions au monde ne changeront pas ce fait. Les objets pesants, quand on les lâche, ne restent pas suspendus en l'air, mais tombent au sol. La loi de la gravité est une vérité absolue. Elle ne change pas. Des lois plus importantes peuvent l’emporter sur des lois inférieures, mais cela ne change en rien leur vérité indéniable.

Nous apprenons ces vérités absolues en étant instruits selon l’Esprit. Ces vérités sont indépendantes dans leur sphère spirituelle et doivent être découvertes spirituellement bien qu’elles puissent se confirmer par l’expérience et par la raison (voir D& A 93:30). Le grand prophète Jacob a dit que « l’Esprit dit la vérité... C’est pourquoi, il parle des choses telles qu’elles sont en réalité, des choses telles qu’elles seront en réalité » (Jacob 4:13). Nous devons être enseignés pour comprendre la vie et notre vraie personnalité.

Dieu, notre Père céleste, Élohim, vit. C’est une vérité absolue. La totalité des quatre milliards des enfants des hommes sur la terre pourrait bien l’ignorer lui, ses attributs et ses pouvoirs ; pourtant, il vit. Tous les habitants de la terre pourraient le renier et apostasier, mais il vit malgré eux. Ils peuvent bien avoir leurs propres opinions, pourtant il vit ; et sa forme, ses pouvoirs et ses attributs ne changent pas au gré des opinions des hommes. En bref, l’opinion toute seule n’a aucun pouvoir sur une vérité absolue. Dieu vit malgré tout. Et Jésus est le Fils de Dieu, le Tout-Puissant, le Créateur, le Maître du seul vrai mode de vie, l’Évangile de Jésus-Christ. Les intellectuels peuvent nier son existence par la raison, et les incroyants peuvent se gausser ; mais le Christ vit et guide la destinée de son peuple. Voilà une vérité absolue ; c’est un fait indéniable.

L’horloger de Suisse, avec les matériaux entre ses mains, fabriqua la montre que l’on découvrit dans un désert californien. Ceux qui trouvèrent la montre n’étaient jamais allés en Suisse, n’avaient jamais vu l’horloger, ni vu la fabrication de la montre. L’horloger n’en existait pas moins, en dépit de leur ignorance ou de leur expérience. Si la montre pouvait parler, elle pourrait même mentir et dire : « Il n’y a pas d’horloger. » Cela ne changerait rien à la vérité.

Si les hommes sont vraiment humbles, ils comprendront qu’ils découvrent, mais qu’ils ne créent pas la vérité.

Les Dieux organisèrent la terre à partir des matériaux disponibles ; ils exercèrent sur elle contrôle et pouvoir. Cette vérité est absolue. Un million de personnes cultivées pourraient spéculer et décider intérieurement que la terre est le résultat d’un hasard. La vérité demeure. La terre fut fabriquée par les Dieux comme la montre par l’horloger. Les opinions n’y changeront rien.

Les Dieux organisèrent la vie et la donnèrent à l’homme ; ils le placèrent sur la terre. C’est absolu. On ne peut prouver le contraire. Un million d’esprits brillants pourraient émettre des hypothèses différentes, cela n’en demeure pas moins vrai. Et, ayant fait tout cela pour les enfants de son Père, le Christ dressa un plan de vie pour l’homme : un programme positif et absolu par lequel l’homme pouvait atteindre, accomplir, surmonter et perfectionner sa propre personnalité. De nouveau, ces vérités essentielles ne sont pas uniquement des opinions.

L’expérience dans un domaine ne rend pas automatiquement expert dans un autre domaine. Être expert dans le domaine religieux vient de la droiture personnelle et de la révélation. Le Seigneur a dit au prophète Joseph Smith : « Toute vérité, ainsi que toute intelligence, est indépendante dans la sphère dans la quelle Dieu l’a placée. » (D&A 93:30)

Un géologue qui a découvert beaucoup de vérités concernant la structure de la terre peut être oublieux des vérités que Dieu nous a données sur la nature éternelle de la famille.

L’homme ne peut pas découvrir Dieu ou ses voies rien que par le processus mental. Il faut être gouverné par les lois qui contrôlent le royaume dans lequel on fait des recherches. Pour devenir plombier, il faut étudier les lois qui régissent la plomberie. Il faut connaître les résistances ; les températures auxquelles les liquides dans les tuyaux gèlent ; les lois concernant la vapeur, l’eau chaude, l’expansion, la contraction, et ainsi de suite. On peut en savoir beaucoup sur la plomberie et ignorer complètement la manière d’élever les enfants ou d’avoir un bon contact avec eux. On peut être le meilleur des bibliothécaires, et n’y rien connaître en électricité. On peut en savoir beaucoup à propos de l’achat et de la vente de produits d’épicerie, et ignorer absolument la construction de ponts. Il est possible de faire autorité en matière de bombe à hydrogène, et pourtant de ne rien connaître du système bancaire. On peut être un théologien renommé, et manquer totalement de formation concernant l’horlogerie. On pourrait être l’auteur de la loi de la relativité, et cependant ne rien connaître du Créateur qui fut à l’origine de chaque loi. Ce ne sont pas uniquement des sujets d’opinion. Ce sont des vérités absolues. Ces vérités sont à la disposition de chaque âme.

Tout homme intelligent peut apprendre tout ce qu’il veut. Il peut acquérir la connaissance dans tous les domaines, bien que cela exige beaucoup de volonté et d’effort. Il faut plus d’une décennie pour obtenir son baccalauréat ; dans la plupart des cas il faut trois à quatre années supplémentaires pour obtenir un diplôme universitaire ; il faut presque un quart de siècle pour devenir un grand chirurgien. Pourquoi, dans ce cas, les gens pensent-ils pouvoir sonder les profondeurs spirituelles les plus complexes sans le travail expérimental et théorique nécessaire accompagné de l’obéissance aux lois qui les gouvernent ? C’est absurde. Et pourtant maints financiers, politiciens, professeurs d’université ou propriétaires d’un club de jeu pensent, parce qu’ils se sont élevés au-dessus de leurs semblables dans leur domaine particulier, qu’ils savent tout dans chaque domaine.

On ne peut connaître Dieu, ni comprendre ses œuvres ou ses plans, à moins de suivre les lois qui les gouvernent. Le royaume spirituel, tout aussi absolu que le royaume physique, ne peut être compris par les lois du royaume physique. On n’apprend pas à faire des générateurs électriques dans un séminaire. On n’apprend pas non plus certaines choses spirituelles dans un laboratoire de physique. Il faut aller dans un laboratoire spirituel, utiliser les installations qui y sont disponibles et se soumettre aux lois. Alors on peut connaître ces vérités tout aussi sûrement, ou plus sûrement, que les hommes de science connaissent les métaux, les acides ou d’autres éléments. Peu importe que l’on soit plombier, banquier, agriculteur, car ces occupations sont secondaires ; ce qui importe le plus, c’est ce que l’on connaît et que l’on croit à propos de son passé et de son avenir, et ce que l’on fait à ce sujet.

Le Seigneur a défini la vérité comme « la connaissance des choses telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles doivent être » (D&A 93:24). L’existence de Dieu est une réalité. L’immortalité est une réalité. Ces réalités ne disparaîtront pas simplement parce que nous avons des opinions différentes à leur sujet. Ces réalités ne se dissoudront pas simplement parce que nous avons des doutes à leur sujet. Les opinions personnelles ne peuvent pas changer les lois ou la vérité absolue. Les opinions personnelles ne rendront jamais la terre plate, le soleil obscur, elles ne feront jamais mourir Dieu et elles n’arrêteront pas le Sauveur d’être le Fils de Dieu.

Une question a été posée par des millions de personnes depuis que Joseph Smith l’a formulée : Comment puis-je savoir laquelle de toutes les institutions religieuses est authentique, divine et reconnue par le Seigneur, s’il y en a une ? Il a donné la clef. Il faut étudier, méditer, prier et agir. La révélation est la clef. En s’accrochant avec entêtement aux préjugés religieux, on ne peut recevoir d’enseignement. Le Seigneur nous a conseillé de chercher, de demander et de chercher diligemment. Ces promesses innombrables sont résumées par Moroni dans les paroles suivantes : « Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses. » (Moroni 10:5)

(Ensign, septembre 1978, p. 3-4 ; voir aussi L'Étoile, juillet 1979, p. 1-11)