Comment devenir un instructeur plus efficace ?


Marcel Kahne


LEÇON N° 1
LEÇON N° 2
LEÇON N° 3
LEÇON N° 4
LEÇON N° 5
LEÇON N° 6
LEÇON N° 7
LEÇON N° 8
LEÇON N° 9
LEÇON N° 10
LEÇON N° 11
LEÇON N° 12



LEÇON N° 1

Où en êtes-vous ? Avez-vous un amour profond pour votre classe ? Voulez-vous qu'elle apprenne quelque chose ? Avez-vous bien étudié chaque personnalité ? Alors parons au plus pressé. Il s'agit, en effet, de prendre certaines mesures pour améliorer immédiatement vos leçons. Peut-être pratiquez-vous déjà les conseils qui vont suivre, mais de toute façon, lisez-les attentivement.

SOIGNER LE MILIEU AMBIANT

La température. Veillez qu'elle soit idéale. Quelqu'un qui a les pieds gelés ou qui sent des ondes de chaleur le traverser et la sueur perler sur son front n'écoutera pas un mot de ce que vous dites, tout occupé qu'il est à aspirer à ce que la leçon soit finie pour qu'il puisse trouver un peu de confort.

Les sièges. Beaucoup de personnes se cachent dans leur coin au fond de la salle. Ne le permettez pas. Disposez les sièges en demi-cercle, de manière à réduire le nombre de rangées, et insistez pour que l'on remplisse tout à fait la première rangée, ensuite la deuxième et ainsi de suite. Faites-le à chaque leçon. On s'y habituera très vite, et vous aurez une meilleure participation.

L'éclairage. Qu'il ne soit ni trop violent ni trop faible. L'un et l'autre fatiguent.

SOIGNER L'ATMOSPHÈRE SPIRITUELLE

Au début de la leçon, présentez les amis, les nouveaux membres et les visiteurs au groupe, afin qu'ils se sentent acceptés. Il y a divers moyens de procéder :

Faire leur connaissance, prendre leur nom et autres renseignements utiles et les présenter plus tard vous-même.

Demander aux missionnaires ou aux membres qui les ont amenés de les présenter.

Leur demander de se présenter eux-mêmes.

ATTENTION : Soyez aimable. Demandez gentiment aux personnes à présenter de se lever. Souhaitez-leur la bienvenue. Ne les ignorez pas pendant la leçon.

MAINTENIR L'ORDRE

Le « chahut » ne doit pas être toléré. Lorsque des membres bavardent entre eux, s'interpellent à grand bruit, font des apartés, sont inattentifs, s'agitent et sèment le désordre, l'Esprit de Dieu se retire, et la leçon devient un enfer.

L'anarchie ne naît que quand le gouvernement est faible.

Si les membres sont indisciplinés, c'est votre faute.

Comment y remédier ?

Soyez intéressant, vif, convaincu, les yeux étincelants, passionnez les membres, qu'ils soient suspendus à vos lèvres.

Ne laissez passer aucun geste, parole ou attitude inconvenants.

Demandez aux membres de lever le doigt et d'attendre pour parler que vous les y invitiez.

Si des membres parlent entre eux, demandez-leur gentiment : « Frères ou Sœurs, soyez gentils, faites attention, vos conversations troublent la leçon ».

Si ces personnes récidivent, arrêtez-vous de parler, et regardez-les en souriant, jusqu'à ce qu'elles se taisent.

Si elles persévèrent, prenez-les à part et dites-leur, toujours gentiment, que leur manque

d'attention vous peine beaucoup et que vous préféreriez au contraire qu'elles vous aident, en participant et en présentant leurs idées. Raisonnez-les, ne les apostrophez pas. Ces personnes ont fait preuve de grossièreté vis-à-vis de vous, mais il est inutile de provoquer leur ressentiment en le leur disant crûment. Soyez diplomate.

Un autre moyen est de les occuper. Chargez l'un de lire les passages que vous désirez faire lire, l'autre d'inscrire vos idées au tableau à mesure que vous les développez, un autre encore peut présenter vos aides visuelles aux membres de la classe. La discipline se rétablira d'elle-même.

FAIRE PARTICIPER TOUT LE MONDE À LA DISCUSSION

Ne permettez pas qu'un ou deux, toujours les mêmes, monopolisent la conversation. Pour éviter cela, interrogez chaque personne.

Mais soyez prudent ! Certaines personnes ont peur de parler ; elles risquent de s'effaroucher et de ne plus venir. Procédez comme suit :

Divisez votre groupe en trois catégories : 1. Ceux qui sont hardis et connaissent l'Évangile. 2. Ceux qui connaissent peu et sont timides. 3. Ceux qui sont très timides.

Départissez vos questions comme suit : Groupe 1 : Questions de doctrine difficiles. Groupe 2 : Questions de doctrine faciles. Groupe 3 : Questions morales les plus faciles, uniquement sous la forme « Quel est votre avis là-dessus ? »

NE FROISSER PERSONNE PAR MANQUE DE TACT

Évitez les expressions du genre :

Je vais répéter pour les nouveaux

Je vais détailler pour Untel, car il n'est pas encore au courant (vous pouvez parfaitement le faire sans donner d'explications)

Vous êtes à côté de la question.

Mais non, c'est idiot ce que vous dites-là…

Dites plutôt :

Ne pensez-vous pas plutôt que…

Je vais poser la question différemment (en effet, si on vous répond à côté, il y a des chances pour que ce soit vous qui ayez mal posé la question !)


LEÇON N° 2

Avant de discuter des moyens de rendre une leçon intéressante, il convient de préciser un point capital dont il faudra ensuite bien se pénétrer et qu'il ne faudra jamais perdre de vue : Le but de l'enseignement est de TRANSFORMER LA VIE DES GENS. C'est une tâche gigantesque qui nécessite que l'on agisse sur plusieurs fronts à la fois.

Situation au départ des étudiants et but à atteindre

S'ils sont dans une ignorance relative de l'Évangile, notre rôle est de le leur enseigner correctement et clairement.

Si leur amour pour l'Évangile est, lui aussi, relatif, notre rôle est de leur donner de l'enthousiasme pour l'Évangile.

S'ils ont encore les fausses idées du passé ou des idées non chrétiennes, notre rôle est de corriger leurs fausses conceptions, leur apprendre à penser en chrétiens.

Si certains ne s'intéressent à guère autre chose que des frivolités, notre rôle est de leur donner l'amour de la connaissance, les inciter à s'instruire, à acquérir une bonne culture générale. Ceci peut vous paraître sans importance et cependant l'Église y insiste au maximum (voyez son souci de créer des écoles et des universités, les leçons pour tous les groupes).

Si certains raisonnent mal (apprendre à raisonner est un exercice capital qui peut éviter de ruiner toute une vie), notre rôle est de leur apprendre à penser, à cerner les idées dans des faits précis et exacts et à tirer des conclusions parfaitement logiques.

S'ils admettent les principes de vie de l'Évangile mais ne les appliquent pas en situation réelle, notre rôle est de leur apprendre à les mettre en pratique.

INSTRUCTEURS, nul ne sait où s'arrête votre influence. Vos paroles affectent l'éternité.

LE MAUVAIS INSTRUCTEUR chasse les gens, leur fait perdre leur temps, les laisse dans les ténèbres de l'ignorance, les aveugle à la beauté de l'Évangile, risque d'être la cause indirecte de leur apostasie, n'a qu'une mauvaise influence.

LE BON INSTRUCTEUR fait que les participants viennent avec plaisir, enrichit chaque minute qu'ils passent auprès de lui, les amène à la lumière de la connaissance, leur fait sentir combien l'Évangile a de valeur, fortifie leur foi ; ses enseignements les arrêtent dans la tentation ; il les amènera peut-être à l'exaltation, a sur eux une influence douce, patiente qui, peu à peu, les améliore.

Vous le voyez, votre responsabilité est lourde. Une mauvaise leçon peut être catastrophique. Une leçon quelconque peut n'avoir aucune influence. EN MATIÈRE D'ENSEIGNEMENT IL NE FAUT RIEN MOINS QUE LE MEILLEUR.

VOTRE TÂCHE PERSONNELLE

Lire et relire les Écritures. En apprendre par cœur les meilleurs passages.

Lire et relire les autres publications de l'Église.

Acquérir une culture générale solide qui vous donnera une riche documentation en exemples, en anecdotes, en illustrations. C'est cela qui conférera à vos leçons ce piquant qui les rend passionnantes.

SIX VERTUS CARDINALES D'UNE BONNE LEÇON

Attirez l'attention par une histoire, une anecdote, un fait instructif.

Faites parler les étudiants (l'individu retient 85% de ce qu'il dit, 15% de ce qu'on lui dit)

Guidez soigneusement les discussions, les résumer pour que l'on sache où l'on en est.

Soyez personnel. Veillez que les membres de la classe sentent toujours que c'est à eux que vous vous adressez, d'eux que vous parlez et non des gens en général.

Utilisez des aides visuelles et racontez des histoires. Sous bien des rapports, l'adulte est un enfant qui a cessé de grandir.

Votre dernière phrase doit être une pensée qui les fasse réfléchir et une vertu qu'ils devront appliquer pendant la semaine et dont ils devront rendre compte au début de la leçon suivante.

L'enseignement le plus efficace, c'est encore l'exemple de votre vie.


LEÇON N° 3

L'idée que se fait l'instructeur de son office fait une grande différence. Le mauvais instructeur enseigne des leçons. Le bon instructeur enseigne des gens.

Trop d'instructeurs n'ont qu'un souci : Donner la leçon qui se trouve dans leur manuel. Ils n'ont pas suffisamment le souci des besoins des personnes qui composent leur classe. Dès lors leur leçon est un échec, même s'ils ont bien parlé, raconté des histoires intéressantes et discuté brillamment. Car pendant ce temps-là, il se fait un travail dans l'âme des auditeurs qui reçoivent les impressions nées de la discussion ou de l'exposé et, si on n'y fait pas attention, ce travail peut être très pernicieux. Nous allons analyser ce que peut produire une leçon d'un mauvais instructeur sur l'âme d'un de ses auditeurs.

GROUPES MÊLÉS

Tout d'abord, nous n'avons pas toujours la possibilité de créer de nombreuses classes. Dans la grande majorité des cas, tout le monde assiste à une seule classe, parfois deux. Dès lors, vous trouverez dans votre auditoire des membres de longue date, des nouveaux membres, des gens brillants, des gens moins éveillés, des gens instruits, des gens peu instruits, des personnes âgées, des personnes jeunes, des gens qui connaissent très bien la doctrine, d'autres qui la connaissent à peine.

Vous devez trouver un moyen terme qui contentera tout le monde, ou alors vous devez tenir constamment compte de tout le monde.

Quelqu'un qui s'ennuie finira par ne plus venir. Quelqu'un qui ne comprend rien fera de même. Quelqu'un qui comprend mal risque de trouver une pierre d'achoppement.

Essayez maintenant, de toutes vos forces, de vous mettre « dans la peau » des personnages suivants :

1. Vous êtes nouveau membre de l'Église. L'instructeur parle de choses auxquelles vous ne comprenez rien. Vous vous sentez perdu dans un labyrinthe d'Écritures et de principes doctrinaux compliqués. Vous vous sentez découragé.

2. Vous êtes dans la même situation, mais l'instructeur, qui paraît se rendre compte de votre présence, explique patiemment et clairement un principe doctrinal qui vous semble tout nouveau. Dans un sens, vous vous sentez soulagé, parce qu'il ne vous met pas en relief devant toutes ces personnes qui vous sont encore étrangères, mais vous met à l'aise car vous comprenez tout.

3. Vous n'êtes pas particulièrement bavard ou hardi, et toute la leçon vous donne l'impression d'être une conversation entre l'instructeur et une ou deux personnes qui ont l'air formidablement « calées ». Tout d'un coup, vous avez le sentiment d'être étranger à l'affaire, vous avez le sentiment que la leçon ne s'adresse pas à vous. Votre attention se détourne, vous commencez à vous ennuyer.

4. Vous ne connaissez pas tellement de choses dans l'Évangile, et vous ne savez pas trancher des questions qui ont l'air assez difficiles. Tout d'un coup, l'instructeur se lance dans un long échange avec un membre de la classe sur ce qui semble être un point peu clair de la doctrine. Tout cela vous paraît très savant, les deux adversaires ont des arguments également valables, mais on ne parvient pas à une solution. Vous sortez de la réunion complètement brouillé, ne sachant plus que penser.

Explication : l'instructeur s'est laissé entraîner dans une discussion sur un point sur lequel il n'y a pas de révélation ou de doctrine officielle. Il n'a pas eu la prudence de clore la discussion par un sage « Dieu n'a rien révélé à ce sujet ». En fait, sa leçon est un échec.

5. L'instructeur affirme une certaine chose. Un membre de la classe, tout à coup, déclare qu'il se trompe. L'instructeur tient bon. Une vive discussion s'engage, jusqu'à ce que le membre interpellateur prenne les Écritures et lise un passage qui prouve que l'instructeur a bel et bien enseigné une fausse doctrine. Vous voilà perplexe. Sans cette personne qui était bien au courant, vous alliez croire une erreur. Vous vous dites : Je n'ai guère confiance en cet instructeur-là. Il ne connaît rien.

Explication : L'instructeur a oublié une règle : Ne rien affirmer dont on ne soit absolument sûr et que l'on puisse prouver par les textes.

6. L'instructeur a fait une longue leçon, avec beaucoup d'histoires, d'exemples, de citations, d'Écritures. En partant, vous gardez l'impression que c'était très bien, mais, chose étrange, il vous semble que vous seriez incapable de résumer ce qui a été dit, ni d'en tirer une morale pour vous-même. Vous avez l'impression de ne rien avoir gagné.

Explication : L'instructeur a déversé toutes ses idées en vrac, sans faire de plan, de tableau, de résumés partiels ou de résumé final, et sans avoir défini en fin de leçon le principe qui s'en dégage et qu'il faut dorénavant mettre en pratique.

On pourrait multiplier les cas d'espèce à l'infini. Vous pourrez reconnaître vous-même les erreurs commises et les remèdes à y apporter. Maintenant que vous avez lu cet article, voici ce que vous devez faire :

1. Allez dans un endroit calme.

2. Relisez chacun des six exemples donnés.

3. Concentrez-vous pour vivre la scène.

4. Entrez dans la peau du membre de la classe, imaginez ce qu'il éprouve.

5. Repensez à votre dernière leçon.

6. Repentez-vous et corrigez-vous.

7. Mettez-vous successivement dans la peau de chacun des membres de la classe et imaginez l'effet que la leçon a eu sur lui.


LEÇON N° 4

Dans l'article précédent, nous avons mis en relief le but essentiel de l'enseignement, qui, nous vous le rappelons, est

Faire retenir

Faire pratiquer

Nous n'avons donc rien atteint quand nous avons eu « une belle discussion », si celle-ci se limite à l'heure de cours et ne pousse pas les membres de la classe à faire quelque-chose en pratique. Vous pouvez avoir le plus merveilleux exposé sur l'amour du prochain, vous aurez perdu votre temps si aucun des membres de votre classe ne se corrige dans ce domaine.

Quel est donc le but auquel il faut tendre ? Il peut se résumer en un mot : FRAPPER

Frapper l'imagination

Frapper la mémoire

Frapper la conscience

Il faut donner un choc à l'esprit, pour que celui-ci réfléchisse et se décide pour un mode d'action.

DE QUELS OUTILS DISPOSEZ-VOUS ?

De votre esprit d'analyse

Étudiez la leçon du manuel. Souvenez-vous que c'est le matériau brut de votre leçon. Vous devrez la retravailler, l'adapter à votre tempérament. Le texte ne doit vous donner que les idées à développer. Vos mots, vos histoires, c'est à vous de les inventer. Retirez l'essentiel de la leçon, les grandes idées à développer. Décidez de l'idée avec laquelle vous allez frapper les membres de la classe.

De votre psychologie

Restez simple. Évitez le fouillis d'idées où on se perd en oubliant tout. N’essayez pas de tout dire. Choisissez l'important et inculquez-le dans les esprits. Résumez fréquemment. Après chaque groupe d'idées, résumez-les, pour que tous aient le plan de la leçon bien clair devant eux. N'ayez pas peur de répéter brièvement ce que vous avez déjà dit en détail. À la fin de la leçon, il est capital que vous tiriez une conclusion de tout ce qui a été dit et donniez une tâche à accomplir pour la semaine,que vous vérifierez lors de la leçon suivante.

Du tableau

C'est le tout grand auxiliaire. L'homme perçoit par toutes ses facultés. Plus vous en utilisez, plus grandes sont vos chances de succès. En parlant vous ne mettez à contribution que l'ouïe. Le tableau y ajoute la mémoire visuelle. Il doit vous servir à inscrire les idées maîtresses de votre leçon, sous forme de plan. Écrivez vite. Supprimez les articles et tous les mots qui ne sont pas indispensables, ce que l'on appelle le style télégraphique. Évitez les temps morts en continuant à parler en même temps que vous écrivez.

DEUX PRINCIPES CARDINAUX

1. À de nombreux points de vue, les adultes ne sont guère que des enfants qui ont cessé de grandir. Si vous allez trouver un psychologue, il vous dira que c'est techniquement faux ; mais en matière d'enseignement, c'est vrai. Les enfants adorent les images. Les enfants adorent les histoires. Les adultes aussi. Combien d'adultes lisent, avec délices, des illustrés pour enfants ? Pourquoi, pensez-vous, y a-t-il des feuilletons dessinés dans la plupart des quotidiens ? Pourquoi tant de gens préfèrent-ils des histoires de détective à des livres plus sérieux ? C'est pour la raison ci-dessus.

Analysez vos propres réactions : Qu'est-ce qui fait que vous écoutez un orateur ? N'est-ce pas quand il raconte une histoire, quand il vous fait rire, quand il a un objet dans la main et en parle ? Alors vous écoutez avidement, dans l'espoir d'en obtenir davantage.

Utilisez des histoires et des aides visuelles bien choisies. Vos leçons deviendront passionnantes. Si vous savez dessiner très vite des personnages humoristiques, vous aurez un maître atout dans votre jeu.

2. Il est bien connu que nous retenons 85% de ce que nous disons et 15% de ce qu'on nous dit. Posez des questions, en suivant les principes que nous avons déjà mentionnés.

IMITEZ LE MAÎTRE DES MAÎTRES

Que faisait-il ? Il racontait une parabole (une histoire) et posait une question là-dessus. Exemple : Il raconta la parabole du Bon Samaritain et demanda aux Juifs de dire eux-mêmes qui était le prochain de la victime.

POUR MÉMOIRE

Dégagez le principe de la leçon

Donnez-le comme tâche aux membres de la classe

Vérifiez la semaine suivante

Une leçon est réussie quand :

On la retient

On la pratique


LEÇON N° 5

La semaine dernière, nous avons vu que pour qu'une personne retienne ce que nous disons, nous devons frapper son esprit, son imagination. Mais il y a aussi un autre facteur important dans ce processus, c’est le contact visuel.

Combien de membres de l'Église ne lisent-ils pas leurs discours ou leur leçon ? Qu'observez-vous quand c'est le cas ? N'est-il pas vrai que l'on ne fait guère attention à ce qu'ils disent ?

POURQUOI CELA ?

Parce qu’il n'y a pas de contact visuel. Parce que le ton est automatiquement « mort ». Il y a, dans le contact visuel, un pouvoir extraordinaire. Que n'a-t-on pas déjà dit sur l'oeil ! Que de puissance ne lui a-t-on pas déjà attribuée !

Ne fascine-t-on pas avec l’œil ? N'a-t-on pas parlé du « mauvais œil » ? Le regard de quelqu'un ne vous fouille-t-il pas jusqu'au tréfonds de votre âme ? Ne symbolise-t-il pas le remords (VictorHugo : « L’œil regardait Caïn ») ? L’œil n'est-il pas le « miroir de l'âme » ?

Ne parle-t-on pas d'un regard inquiétant ? Les yeux ne sont-ils pas tristes, rieurs ? Le regard n'est-il pas méprisant, admiratif ? Il y a donc dans le regard une espèce de pouvoir (réel ou imaginaire, peu importe). Cessez de regarder quelqu'un, et le contact avec cette personne est rompu. Regardez une personne dans les yeux tout en parlant, elle n'osera pas ne pas faire attention à ce que vous dites.

CECI EST UNE DES « FICELLES » ESSENTIELLES DU « MÉTIER » : R-E-G-A-R-D-E-Z VOTRE AUDITOIRE.

Cette règle s'accompagne d'un corollaire : ÉVITEZ DE LIRE, ou du moins de lire mal.

Imaginez cette scène : Vous êtes bien lancé dans votre leçon. Vous regardez tout le monde, tous font attention, la leçon se déroule magnifiquement, elle est passionnante. Tout à coup, vous vous arrêtez. Vous voulez lire un passage. Vous n'avez pas placé de signet mais noté le numéro de la page. Vous feuilletez le livre. Quelques secondes de silence s'écoulent. Vous restez les yeux plongés dans le livre : le contact visuel est coupé. Vous n’avez pas préparé votre lecture. Vous bégayez, vous ne respectez pas la ponctuation, vous recommencez. Comme vous avez le nez dans le livre, le son qui sort de votre bouche va d'abord frapper les pages du livre puis fait ricochet sur le plafond et les murs avant d'atteindre les oreilles de l'auditoire. Il est donc indistinct. Et lorsqu'il parvient aux oreilles des gens, il n'atteint pas leur cerveau, car ils sont occupés à penser à autre chose. Et quand vous devez encore prendre vos lunettes dans la poche intérieure de votre veston ou dans votre sac, lutter avec la boîte qui ne s'ouvre pas, enlever vos lunettes et les mettre dans leur boîte puis placer la seconde paire sur votre nez, la catastrophe est complète.

Il est donc très difficile de lire. C'est tout un art. CAR IL EST ESSENTIEL QUE LE CONTACT VISUEL NE SOIT PAS ROMPU. Si donc vous ne pouvez pas respecter les règles qui suivent, laissez purement et simplement tomber les citations, ou bien racontez-les.

COMMENT BIEN LIRE

1. Lisez et relisez votre texte jusqu'à ce que vous le sachiez à moitié par cœur.

2. Lisez-le avec « naturel », c'est-à-dire avec sentiment, avec vie, avec des inflexions de voix qui soulignent les mots importants.

3. Exercez-vous, devant le miroir, à lever les yeux de votre livre. Pour cela, vous devez bien connaître le texte, lire rapidement des yeux toute une phrase, de manière à pouvoir la dire par cœur en regardant l'auditoire.

4. Vous devez être assez habile pour ne pas devoir chercher l'endroit où vous vous êtes arrêté. Il ne doit pas y avoir de silence.

5. Repérez le passage à l'aide d'un signet, c'est-à-dire d'une bande de papier suffisamment grande pour qu'elle ne tombe pas du livre. Si vous avez plusieurs citations dans le même livre, indiquez un numéro ou un mot qui vous permettra de choisir rapidement celle que vous devez prendre.

6. Marquez le début et la fin du passage à lire par un signe bien visible au crayon (vous pourrez ainsi effacer après usage).

7. Si vous devez lire un texte que vous aurez écrit, écrivez très lisiblement et en grand.

Telles sont donc les qualités requises pour lire un texte. Dites-vous bien que si vous ne répondez pas à toutes ces conditions — nous disons bien : toutes — le temps que vous passerez à lire sera du temps perdu.

RAPPEL : Une leçon est réussie quand on la retient et qu'on la pratique. Dégagez-en le principe et donnez-le comme tâche.


LEÇON N° 6

Le fait qu’une leçon est réussie ou ratée tient à toute une série de petits détails dont le respect ou la négligence est capital ou fatale à la réussite de la leçon. Nous en avons déjà vu un certain nombre, mais il y en a peu qui soient aussi importants que LA VIE.

L’être humain est, dans une certaine mesure, une machine — une machine incroyablement perfectionnée — mais néanmoins une machine. C’est, du moins, vrai pour son corps.

Voici comment opère le mécanisme des réactions humaines :

A. Vous êtes assis sur votre chaise et l’instructeur donne avec feu une leçon passionnante. Que se passe-t-il ?

1. Votre système nerveux reçoit un message puissant.

2. Immédiatement, il le transmet aux centres intéressés du cerveau.

3. Dès que ceux-ci sont excités, tous les autres centres de votre cerveau « s’endorment ».

Car il est faux de croire que l’on pense avec tout son cerveau. On ne pense qu’avec le

centre spécialisé qui a été excité par le système nerveux.

4. Le centre excité se met à travailler à plein rendement, et lui seul travailleC’est la CONCENTRATION.

B. Vous êtes assis sur votre chaise et l’instructeur débite sur un ton monocorde et sans relief une leçon tout aussi monotone. Que se passe-t-il ?

1. Votre système nerveux n’est pas suffisamment impressionné pour que les paroles de l'instructeur parviennent avec force à votre cerveau. Celui-ci ne reçoit donc aucun message particulier. Le cerveau est à l’abandon, détendu. Il est alors ouvert « à tout ce qui vous passe par la tête ».

2. Parce que votre cerveau n’est pas sollicité par un message bien particulier, vous vous mettez à rêvasser. Que se passe-t-il alors ?

3. Toute une série de messages (les mille et une pensées fugitives qui vous passent par la tête) viennent exciter une vaste zone de votre cerveau.

4. Mais du fait même qu’une large zone est sollicitée, la concentration (excitation d’une zone étroite) devient impossible. RÉSULTAT : VOUS N’ÉCOUTEZ PAS.

QUE FAUT-I L DONC POUR QUE VOUS ÉCOUTIEZ ? UN MESSAGE FORT, MARQUANT.

Dès qu’un message plus puissant touche votre cerveau, il y a immédiatement concentration ; toutes les autres cellules s’endorment.

Par exemple : Vous pensez à tout et à rien. Tout à coup, une pensée terrible vous vient à l’esprit : VOUS AVEZ OUBLIÉ D’ÉTEINDRE LE GAZ ! CELA BRÛLE POUR RIEN ET VOUS AVEZ PEUR D’UN INCENDIE ! Dès lors, plus rien d’autre n’existe (concentration) : Vous ne pensez plus qu’à ça ! (les autres centres « s’endorment »).

Voilà pourquoi une leçon doit être vivante. Il faut que l’instructeur excite sans cesse fortement l'une ou l’autre zone du cerveau, et ce à tel point que toutes les autres zones soient mises en veilleuse, qu’aucun autre message ne puisse y parvenir. À ce moment-là, on fera attention. Mais cette excitation doit être constamment renouvelée car elle n’est que passagère.

Par conséquent :

Frappez l’esprit (article précédent) par des histoires, une présentation originale, des aides visuelles (images, tableaux).

Ne lisez pas ou alors lisez peu et bien (article précédent).

Que votre débit soit suffisamment rapideSi vous parlez lentement, les excitations sont trop espacées, et l’intérêt disparaîtra sous un flot d’impulsions étrangères.

Parlez avec feu, que votre ton soit nuancé, votre voix modulée, que ce que vous dites soit souligné par la manière dont vous le dites. Chaque différence de ton constitue un nouveau message qui maintiendra la concentration.

Ne vous tenez pas derrière un pupitre. Qu’on vous voie. Parlez avec votre corps, vos mains, vos bras, vos jambes. Que tout votre être exprime ce que vous avez à dire.

Ainsi l’esprit de vos étudiants reçoit des impressions multiples de sources multiples : les histoires, l’originalité de la présentation, votre regard, votre voix, votre corps, tout cela frappe leurs sens, donc leur cerveau, comme un coup de poing et écarte toutes les autres impressions.

Enfin, fixez définitivement cette attention, cette concentration, en faisant participer les membres de votre classe. En effet, rien ne concentre plus que l'action. Donc FAITES PARLER.

N’oubliez jamais : Un discours académique, un discours avec de beaux mots, un sujet passionnant, sont peine perdue sans LA VIE.


LEÇON N° 7

Toute bénédiction repose sur une loi irrévocablement décrétée... ; et lorsque nous obtenons une bénédiction... c'est par l'obéissance à la loi sur laquelle elle repose (voir D&A 130:20-21).

Pour paraphraser : Il y a une loi irrévocablement décrétée pour l’instructeur qui veut atteindre son vrai but : faire plus qu’enseigner une leçon, provoquer un changement, une conversion dans la vie de ses étudiants. Cette loi, c’est tenir compte du mécanisme profond de l’âme humaine.

En d'autres termes, il existe une loi profonde, inexorable, indifférente aux conceptions romantiques que l'homme a de lui-même, qui régit toutes ses actions. Cette loi se formule en deux propositions :

1. Je suis la personne la plus importante au monde.

2. Mes moindres actions sont motivées par une raison profonde unique : le plaisir que j’y trouve.

Il n'y a donc pas d'acte entièrement désintéressé, pas d’oubli total de soi, pas de générosité absolument pure. Il n'est pas possible à l'individu de se dissocier tout à fait de lui-même.

Vous aimez une certaine personne parce qu’il y a en elle quelque chose qui vous procure un plaisir (détail physique, qualité morale, attitude).

Vous rendez service à quelqu’un parce que vous vous sentez chaud au cœur, parce que vous êtes fier de vous.

Une mère passe tous les caprices de son enfant parce qu'à travers l’enfant c'est elle-même qu'elle aime. Elle éprouve une telle peine quand l’enfant pleure, que pour faire cesser cette peine, elle le contente, sans se soucier de ce qu'elle fait ainsi un tort immense à son enfant.

Ainsi donc, tout ce que nous faisons se ramène à nous.

La situation qui en résulte est donc la suivante : À la base, l’homme vit pour lui-même. Il est donc égoïste.

Mais cet égoïsme n’est pas nécessairement péjoratif. En fait il y a deux genres d’égoïsme :

1. L'égoïsme naturel : Le chrétien est égoïste en ce sens qu’il recherche avant tout SON bonheur et SON salut. Il obéit aux lois de l’Évangile parce qu’il y trouve son bonheur.

L'égoïsme supérieur du chrétien lui fait trouver le bonheur en rendant les autres heureux.

Mais c'est parce que cela le rend heureux qu’il fait du bien aux autres.

2. L'égoïsme péjoratif ou égocentrique : C’est celui dont on parle communément, celui dans lequel l’individu se replie totalement sur lui-même. Celui-là est mortel.

INSTRUCTEURS, Exploitez l’égoïsme naturel des membres de votre classe !

1. Dans tout ce qu'il fait, l'homme est mû par un seul mobile : être heureux. Ce bonheur, il le recherche INSTINCTIVEMENT sous toutes ses formes : plaisir, jouissance, joie, agrément, délassement, satisfaction, fierté, amour-propre, voire même orgueil.

2. L’individu vit dans un monde dont il est le nombril. Tout tourne autour de ses besoins, de ses désirs, de ses préférences, de ses aversions. Plus rien ne compte quand il souffre du foie, quand son patron l’a « savonné », quand il s’estime offensé, quand son précieux petit équilibre est rompu.

3. Il a une soif ardente, de se sentir important, désiré, estimé, louangé, d’être invité à donner son avis, de savoir que l’on s’occupe vraiment de lui, qu’il compte pour quelque chose dans la vie des autres.

Voilà le chemin qui mène au cœur de l’homme.

Voilà le détonateur à actionner pour libérer l’énergie concentrée, refoulée dans l’âme.

Voilà le grand jeu d'orgues sur lequel il faut jouer.

INSTRUCTEURS, VOICI VOTRE REGLE D’OR

1. Adressez-vous à chaque membre de la classe pour le faire parler. Demandez-lui son avis.

2. « Personnalisez » les situations :

A. Ne dites pas : Un frère a une dent contre un autre frère. Ce dernier cherche à faire du premier son ami. Comment va-t-il s’y prendre ?

Dites : Frère Dupont (nom d’un membre de votre classe présent) a une dent contre Frère Durand (nom d’un autre membre de votre classe), etc.

Vous pouvez être sûr que les deux frères, se sentant mis dans la situation, seront les premiers à donner leur opinion.

Attention : Assurez-vous qu’il n’y a pas d’hostilité réelle entre ces frères. Votre tact doit toujours vous guider.

B. Ne dites pas : Comment un membre de l’Église peut-il être chrétien en ville ?

Dites : Supposons, André (un élève de votre classe) que tu voies une vieille malheureuse pousser péniblement une lourde charrette dans une rue qui monte. Que vas-tu faire ? Pourquoi ?

Mettez une personne déterminée dans une situation précise.

Demandez-lui d’appliquer ce qu’elle a appris dans la leçon.

Pour cette personne cela représente un exercice pratique, fait par elle-même, et qui par conséquent l’intéresse vivement.

3. Ramenez tout à votre localité. Ce que les gens peuvent faire en Asie pour mettre en principe la charité, c’est un beau sujet de débat, mais cela ne touche pas réellement. Mais ce que Pierre peut faire pour être charitable envers ce pauvre Paul qui bégaye, ça, c’est important.

Retravaillez vos leçons pour leur donner une couleur locale. La plupart de nos livres de leçons, écrits par des habitants de Salt Lake City, décrivent des choses qui se passent en Utah, dans les canyons, dans la montagne, voire au Grand Canyon ou au Mexique. Situez vos problèmes dans votre propre ville, votre propre branche, vos frères et sœurs. Bref, rendez les situations proches, que les membres de la classe aient l’impression que c’est d’eux-mêmes qu’il est question, de leur si important eux-mêmes, pas d’humains éloignés qui les laissent relativement indifférents.

ALORS VOUS SUSCITEREZ DE L’INTÉRÊT ET, PARTANT DE LÀ, DE L’ACTION


LEÇON N° 8

Tout instructeur doit garder constamment à l’esprit le but primordial de l’enseignement :

faire retenir

faire mettre en pratique

Tout doit graviter autour de cette idée de base. Tous les conseils que nous vous avons donnés depuis le début de cette série d’articles n’ont que cela en vue. Chacun d’eux est aussi essentiel que les tendeurs d’une tente. Enlevez-en un, la tente chancellera ou s’écroulera.

Revoyez donc tous les conseils qui vous ont été donnés dans les articles précédents et mettez-les en pratique.

VOUS NE POUVEZ VOUS PERMETTRE D’EN NÉGLIGER UN SEUL

Boileau qui disait : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Nous pourrions ajouter le corollaire de cette idée : « Ce qui s’énonce clairement se retient bien ».

Posez-vous donc la question : La leçon a-t-elle vraiment porté, ou bien a-t-on seulement eu une discussion formidable ?

Car, nous l'avons déjà dit, et nous le répétons encore, une bonne discussion n’est pas nécessairement une bonne leçon, pas plus qu’une « bonne » visite de service pastoral où l'on a bien « papoté » n’est un service pastoral efficace dont le but véritable aurait été d’apporter une transformation et de nouvelles résolutions dans la vie des membres du foyer visité.

La bonne discussion est un moyen en vue d’une fin, cette fin étant, comme Paul le disait, le perfectionnement des saints. À partir du moment où elle devient une fin en elle-même, elle devient inutile.

L'instructeur a besoin de lucidité. Il doit savoir se mettre à la place de ses auditeurs, imaginer l’effet produit par la leçon sur eux. Voici dans ce domaine quelques défauts majeurs :

1. L’heure de la leçon est terminée, l’instructeur parle encore pendant dix minutes. Que se passe-t-il pendant ces dix minutes ? Plus personne ne l’écoute. Il use sa salive. Les gens qui ont un bus ou un tram s’énervent. Une sourde irritation naît. L’Esprit du Seigneur, mal à l’aise, s’en va.

Conseil : Terminez à l’heure ou même un peu plus tôt. Ne vous bercez pas d’illusions : si intéressé que soit un étudiant, il n’est qu’humain et au bout d'un certain temps, il lui faut un changement. Ne luttez pas contre la nature humaine.

2. L’instructeur tient à épuiser le sujet. Il veut dire tout ce qu'il y a à dire. Il se lance dans des dissertations sur tous les aspects du sujet. Que se passe-t-il ? À force de s’attacher aux détails, il perd de vue l’ensemble. Il aura fait un exposé en bonne et due forme, mais ce n'est pas cela que nous cherchons, car, au bout de la leçon, l’étudiant ne saura plus qu’une chose : on a parlé de beaucoup de belles choses en général, mais de quoi ?

Conseil : Prenez une ou deux idées seulement, et imprégnez-en l’esprit des auditeurs, pour qu’en sortant ils aient non pas une impression confuse, mais une impression nette avec une ou deux idées se détachant clairement et s’imposant à leur esprit.

POUR MÉMOIRE

1. Votre but ultime :

faire retenir, faire appliquer.

2. Les qualités de votre leçon :

Originalité, intérêt

Vie, discussions, participation active des membres de la classe

Concision, précision, netteté, clarté

Une ou deux idées frappantes qui feront réfléchir

3. Quelques techniques essentielles :

Un plan clair et précis à indiquer au tableau à mesure que la leçon progresse

De fréquents résumés pour que l’on sache à tout moment où l’on en est

Des phrases courtes, simples, claires. Ne coupez pas de cheveux en quatre, n’allez pas chercher des exemples « tirés par les cheveux ».

Des aides visuelles : racontez les voyages de Paul, par exemple, en utilisant une carte.

Raconter brièvement plutôt que lire en détail

Une conclusion-résumé que les étudiants retiendront

Recettes, ficelles, systèmes D et baguettes magiques

L’enseignement réussi, c’est tout ce qui précède. C’est la mise en application de toute une série de moyens didactiques. Souvenez-vous : Toute bénédiction repose sur une loi irrévocablement décrétée… L’esprit de l’homme est comme cela aussi. Comme un violon. Le bon violoniste place son archet sur la bonne corde et à l’endroit voulu. Le mauvais violoniste fait de l’à-peu-près. Le bon instructeur profite de tous les moyens dont il dispose et transforme ses étudiants. Le mauvais instructeur donne sa leçon en négligeant les règles et n’obtient rien d’autre que du temps perdu.

Revoyez tous les conseils que nous vous avons donnés jusqu’à présent. APPLIQUEZ-LES. Évaluez dans quelques mois les résultats obtenus.


LEÇON N° 9

Une des caractéristiques distinctives de l'être humain, c'est sa curiosité. Tout ce qui est neuf, particulier, inusité l'intéresse (un accident, un démonstrateur sur le trottoir, une parade, etc.) Par contre, tout ce qui est routinier passe dans ses réflexes automatiques et il s'en désintéresse. Nul instructeur ne peut négliger impunément cette loi du comportement humain. Un de ses soucis primordiaux doit donc être de MAINTENIR L'INTÉRÊT par L'ORIGINALITÉ ET LA DIVERSITÉ.

L'intérêt, cela va de soi, doit être suscité dès le début de la leçon. Il y a cependant certaines méthodes qui sont à proscrire. Ce sont les introductions que l'on pourrait qualifier de classiques, et ce à de rares exceptions près. Commencer une leçon avec une définition tirée du dictionnaire, par exemple, ceci vaut aussi bien pour les discours, c'est du rebattu, cela annonce une leçon qui va développer le sujet de la manière classique bien connue. C'est du déjà vu. Or les sujets évangéliques ne sont pas inépuisables et que les mêmes sujets de leçons se représenteront régulièrement.

De ceci nous pouvons déduire la RÈGLE N° 1 : FAIRE PREUVE D'ORIGINALITÉ

Pour qu'il y ait originalité, il faut que l'instructeur ait de l'esprit. Il faut qu'il ait les yeux ouverts et les oreilles attentives, qu'il s'informe, lise, retienne. Voici quelques possibilités :

1. Une histoire ou une anecdote : « Connaissez-vous l'histoire du garçon qui... »

2. Une aide visuelle (image, photo, etc.) Par exemple, Spencer W. Kimball, dans son discours à la conférence de la Jeunesse de 1955, qui se tint à Paris, se servit, pour parler de la chasteté, de deux verres d'eau ; dans le premier, il laissait tomber une goutte d'encre par péché commis, et il utilisait l'autre pour diluer et éclaircir l'eau pour montrer les effets de la repentance. Dix ans après, ce discours restait encore vivement implanté dans les mémoires, alors que des centaines d'autres avaient disparu dans la nuit de l'oubli.

3. « J'ai ici un article intéressant qui dit... » (actualité).

4. Une citation originale et spirituelle, ou même paradoxale, prêtant à discussion.

5. Une expérience personnelle (on s'intéresse plus à vous que vous ne le pensez).

6. Un aspect nouveau de la question : « Vous est-il jamais venu à l'idée que... »

7. Une information peu connue : « Saviez-vous que... »

8. Vous trouverez un magnifique exemple de leçon originale et frappante dans l'article de Millie Cheesman, « Jusqu'où ? » paru dans L'Étoile de mars 1964, page 79.

Mais l'originalité elle-même peut perdre de sa saveur si vous employez toujours le même procédé. Pour empêcher que votre originalité ne sombre dans le « déjà vu », vous devez suivre la RÈGLE N° 2 : VARIEZ VOS PRÉSENTATIONS

Votre succès est assuré si les membres viennent à votre cours en se posant cette question pleine d'intérêt : Que va-t-il encore nous « sortir » aujourd'hui ?

CONCLUSION

Le train-train routinier, c'est la mort, non seulement de la leçon, mais peut-être aussi pour les membres de la classe. La religion ou la morale peuvent être une aventure passionnante ou une corvée atrocement ennuyeuse. Cela peut signifier : vie religieuse plus intense et plus heureuse dans le premier cas, désertion à plus ou moins longue échéance dans le deuxième. Le salut pour les premiers, la condamnation pour les autres. Et cela grâce à vous ou cause de vous !


LEÇON N° 10

LA PLUS BELLE FEMME DU MONDE NE PEUT DONNER QUE CE QU'ELLE A

Ne vous faites aucune illusion sur vous-même : Vous n'êtes ni la plus belle femme, ni le plus bel homme du monde. Qu'avez-vous à donner aux membres de votre classe ? Posons mieux la question : Que devez-vous donner aux membres de votre classe ?

Un témoignage vibrant

Une connaissance solide de l'Évangile

L'art de vivre de façon chrétienne avec les autres

La conscience du trésor qu'ils possèdent

Le désir de regarder constamment autour d'eux pour voir s'il n'y a pas du bien à faire à quelqu'un

Un esprit noble et généreux, libre de toute mesquinerie

Voyons les choses en face : Combien de personnes, même parmi les membres pratiquants de l'Église, sont converties à l'Évangile ? On prêche beaucoup, mais quel effet cela fait sur les personnes concernées ? Des personnes disent-elles encore du mal des autres ? Des personnes se disputent-elles pour des riens ? Des personnes subordonnent-elles l'activité dans l'Eglise à leur confort ? Des personnes sont-elles avant tout attentives à elles-mêmes et à leurs droits ? Pour certaines personnes, l'Évangile n'est-il qu'une occasion de recevoir et oublient-elles qu'il est essentiellement une occasion de donner ? Y a-t-il des conflits mesquins sur des intérêts matériels ? Y a-t-il un manque de dévouement ? Si tel est le cas, pourquoi ? Parce que l'être humain pense avant tout à lui-même.

Le grand mécanisme qui joue chez lui n'est-il pas la peur ? Beaucoup de personnes ne s'accrochent-elles pas désespérément à l'Évangile parce qu'il constitue pour elles un ensemble de valeurs qui leur permet d'échapper à la peur ? La personne qui entre dans l'Église parce qu'elle y trouve de la sécurité se tourne-t-elle vers les autres ? Quand elle dit qu'elle a le témoignage de l'Évangile, cela ne veut-il pas dire qu'elle sait qu'elle s'est attachée à un système qui lui donne de l'assurance ? Cette personne y voit-elle autre chose qu'un profit ? Parviendra-t-elle à passer au stade du don ? Elle est convertie à un système philosophique qui lui donne une base solide, mais parviendra-t-elle à en détacher les regards ?

Lorsque des personnes entrent dans l'Église pour recevoir, il ne s'agit pas d'une conversion, mais d'une adoption. La conversion est quelque chose d'extrêmement difficile : Cela veut dire se transformer complètement, abandonner certaines de ses valeurs passées, en adopter de nouvelles. Abandonner des choses sur lesquelles s'équilibrait notre personnalité pour jeter des bases toutes nouvelles. C'est ensevelir « le vieil homme », comme disait Paul et, symbole admirable du baptême, sortir de l'eau en homme tout différent. Mais cette «conversion », cette transformation radicale, est rare. En fait, il y a trois cas :

1. La conversion totale (rare).

2. La conversion lente, résultat de toute une série de prises de conscience, à la suite d'expériences faites dans l'Église (majorité des cas).

3. L'absence de conversion ou la quasi-absence de conversion, la personne n'ayant fait que changer d'étiquette ; de catholique elle est devenue sainte des derniers jours, mais c'est toujours la même personne (minorité).

ET VOUS, L'INSTRUCTEUR, OU INTERVENEZ-VOUS DANS TOUT CELA ?

C'est à vous de réaliser cette conversion qui aurait dû se faire au moment du baptême. C'est à vous de faire prendre conscience aux membres de votre classe de leurs responsabilités de membres de l'Église. Et pour cela que vous faut-il ?

Posséder vous-même ce que chaque saint devrait posséder

Être vous-même ce que chaque saint devrait être

Examinez-vous dans le questionnaire suivant :

1. Est-ce que je connais l'Évangile ? Ai-je lu et relu les ouvrages canoniques, le magazine de l'Église et les autres publications de l'Église ?

2. Suis-je prêt à rendre service et à faire preuve d'initiative dans le domaine du service ?

3. Suis-je disposé à me dévouer pour l'Église, sans me laisser arrêter par les questions de moyens, de temps, de distance et de confort personnel ?

4. Suis-je doux au lieu d'être agressif, généreux et disposé à fermer les yeux sur les piques, les manques de tact et autres erreurs de mon prochain ?

5. Ai-je l'humilité de reconnaître mes fautes et d'en demander le pardon ?

6. Suis-je intransigeant pour moi-même dans le respect des commandements, mais indulgent pour les autres ? Est-ce que j'accepte tous les commandements ?

7. Mon amour et mon enthousiasme pour l'Évangile pétillent-ils dans mes yeux, rayonnent-ils de mon sourire, émanent-ils de ma personne tout entière ?

Pour réussir dans votre mission :

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 5:16)


LEÇON N° 11

Tout le monde connaît le jeu de la phrase déformée, ce jeu où on se transmet l'un à l'autre une phrase à l'oreille, et lorsque l'on compare la phrase originelle avec ce qu'elle est devenue à la fin du jeu, on constate qu'elle a profondément changé.

D'où vient cette distorsion ?

Tout simplement de ce que l'esprit est lent à saisir toutes les perceptions qui lui sont offertes. De même qu'il faut beaucoup d'exercices pour saisir d'un coup d’œil tous les objets qui sont sur un plateau et les énumérer de mémoire, de même beaucoup de choses échappent à l'esprit moyen.

Ceci est important. Tout enseignant sait qu'exposer une idée nouvelle une fois est insuffisant. Alors qu'elle lui paraît « simple comme bonjour », parce que son esprit y est habitué, elle échappera encore longtemps à ses élèves, pour qui elle est nouvelle.

Cela étant, il n'est pas difficile de voir que si l'on veut faire « assimiler » un enseignement, il faut faire en sorte que l'esprit s'y habitue peu à peu, se familiarise avec lui et finalement l'incorpore.

Pour cela, un seul moyen : LA RÉPÉTITION

La nécessité de la répétition est si évidente, que nous en trouvons un magnifique exemple dans notre littérature religieuse. On se souviendra certainement que lorsque Moroni apparut à Joseph Smith en 1823, il lui répéta, mot à mot, les mêmes instructions, à quatre reprises différentes. Ce que le jeune Joseph n'avait pas bien saisi la première fois, il devait le comprendre mieux la fois suivante, et ainsi de suite.

De même les personnes qui vont au temple s'accordent toutes pour dire que chaque fois qu'elles y retournent elles y découvrent quelque chose qui leur avait jusque-là échappé.

Par ailleurs, quiconque a lu plusieurs fois un de nos ouvrages canoniques se sera aperçu qu'il découvre de nouvelles choses. D'aucuns qui, au départ, trouvent le livre insipide, ont la surprise, une fois qu'ils le « possèdent » bien, de constater que des trésors de vérité passionnantes se sont révélés à eux.

Cette idée que la connaissance n'est qu'une sorte de « prise de conscience » graduelle qui prend beaucoup de temps est très vieille. C'est une conception favorite de la sagesse orientale, qui considérait que ce n'est que peu à peu, en passant par des prises de conscience successives que l'homme pouvait finalement arriver à « l'extase » qui était la Grande Révélation.

INSTRUCTEURS :

Mettez à profit cette perle de sagesse ! Choisissez les idées les plus importantes et burinez-les dans l'esprit de vos étudiants. À force de répétition, l'idée glissera peu à peu dans leur subconscient, pour émerger à nouveau comme partie intégrante d'eux-mêmes. Alors ils la pratiqueront tout naturellement !

N'est-ce pas là tout le secret de la publicité ? Pourquoi achetez-vous tel produit parce qu'il « vous semble »qu'il est excellent ? C'est tout simplement parce que partout où vous allez vous voyez des affiches sur ce produit, parce que vous en trouvez de la publicité dans votre boîte aux lettres, parce que vous en voyez dans les journaux, parce qu'on l'annonce au cinéma. Sans que vous puissiez rien y faire, cette publicité enfonce dans votre subconscient, aidée d'ailleurs par des slogans originaux ou de ces petites ritournelles qui ont si bien la propriété de vous « hanter » une journée entière.

Comment allez-vous appliquer ce principe ?

EN RÉPÉTANT CONSTAMMENT UN CERTAIN NOMBRE D'IDÉES QU'IL EST ESSENTIEL QUE VOTRE CLASSE RETIENNE ET APPLIQUE.

Quelle que soit la leçon que vous enseignez, il y a toujours bien l'un ou l'autre prétexte pour introduire votre « rengaine ».

Choisissez quelques principes importants que vos membres ont besoin de mettre en pratique dans leur vie, puis répétez-les à tout bout de champ. On s'en lasse ? On trouve que vous revenez toujours avec les mêmes histoires ? Cela n'a absolument aucune importance. Ne vous en souciez pas. Malgré eux les gens se laissent influencer.

Naturellement, cela ne veut pas dire que vous devez en parler à longueur de leçon, ce serait exagéré. Mais une seule phrase suffit, un simple commentaire, dit en passant, à propos d'un sujet qui a un certain rapport avec ce que vous voulez faire assimiler, c'est tout ce qu'il faut.

VOICI QUELQUES IDÉES IMPORTANTES

Apprendre à toujours formuler ses phrases avec gentillesse.

Être empressé à rendre service.

Être toujours soucieux de ne pas dire ou faire quelque chose qui pourrait froisser.

Être généreux et savoir fermer les yeux.

Donner la priorité au Seigneur.

Soutenir les autorités en tout temps.

Toujours prier.

Etc.

Prenez patience, il faut du temps pour que ce genre d'arbre-là porte des fruits ; mais ce sont les fruits les plus délicieux qui puissent réjouir l'âme de votre prochain.


LEÇON N° 12

(Note de la Rédaction : Ce dernier conseil de frère Kahne s'adresse aux instructeurs des régions du monde composées de groupes qui ont une classe unique, où tous les âges sont ensemble, comme c'était le cas dans les années 1960 lorsque ses propos ont été publiés)

Quand on lit les ouvrages canoniques, on constate les laits remarquables suivants :

Joseph Smith avait 14 ans quand il eut sa vision

Jean-Baptiste n'avait que quelques jours quand un ange le mit à part pour sa mission

Mormon avait dix ans quand il reçut une mission importante, et à quinze ans était général

Samuel était tout jeune lorsque Dieu se révéla à lui

Alma, Ammon et les fils de Mosiah furent de jeunes missionnaires brillants.

Il est également étonnant de voir le nombre de cas où le droit d'aînesse, ou en tous cas les privilèges des aînés ont été conférés aux cadets :

Ésaü perdit son droit au profit de Jacob

Reuben dut laisser sa place à Joseph

Manassé abandonna l'hégémonie à Éphraïm

David, le cadet de la famille, fut choisi par Éli

Néphi fut choisi pour diriger ses frères, dont ses aînés

Dans notre société profane, les idées nouvelles, les grands tournants dans la pensée, les révolutions dans le domaine de l'art sont généralement le fait de jeunes gens hardis et rebelles.

Aujourd'hui, on met la jeunesse sur un piédestal. Elle est devenue littéralement « le nombril du monde ». Ce culte de la jeunesse a même été poussé beaucoup trop loin. Pourquoi ces faits étranges ? Pourquoi cet accent sur la jeunesse ? Et que pouvons-nous en conclure ? Le Christ nous a donné la grande réponse à ce sujet, et ce, en des termes frappants : « Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit ; car elle emporterait une partie de l'habit, et la déchirure serait pire. On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues. » (Matthieu 9:16-17)

La raison pour laquelle tant de jeunes ont été appelés de Dieu ou se sont distingués dans le monde est donc là. Les jeunes, et particulièrement les moins de vingt ans, sont encore toujours occupés :

à acquérir une personnalité ;

à se constituer un ensemble de valeurs, une philosophie qui leur permettra de s'accepter et d'accepter la vie.

La génération montante est encore disponible, comme disait Gide. Rien ne vient lui obscurcir l'esprit, déformer son raisonnement ou son jugement ou l'aveugler. Il lui est facile de reconnaître la vérité et de jeter par-dessus bord toutes les idées erronées et périmées.

Vous devez tabler là-dessus. Pourquoi Dieu obligea-t-il Israël à séjourner quarante ans dans le désert ? Pour que la vieille génération, imprégnée de l'idolâtrie égyptienne et peu maniable (pensez au veau d'or) périsse et pour que le peuple qui entrerait dans la Terre Promise fût un peuple neuf.

Les jeunes ont l'esprit libre, et celui-ci pourra assimiler les idées dans leur pureté sans en faire un magma avec les vieilles idées.

Utilisez donc la jeunesse, tablez sur elle. OCCUPEZ-VOUS AVANT TOUT DE LA JEUNESSE.

Faites parler et participer les jeunes

Donnez-leur des tâches

Demandez leurs idées, leur avis

Faites-vous partie des instructeurs qui oublient les jeunes qui sont dans leur classe ? Là où la population de l'Église est trop réduite pour diviser les classes, les jeunes restent avec les adultes, au risque de s'ennuyer ou d'ennuyer les autres, non pas parce que la leçon, en elle-même, les dépasse, mais parce que l'instructeur les ignore et présente la leçon savamment pour un auditoire adulte. Pendant ce temps, il y a des terrains très riches qui restent en friche et qui — ce qui est grave — sont peu à peu envahis par l'ivraie.

Frères et sœurs qui avez la noble tâche d'enseigner les enfants de notre Père céleste, ne négligez pas les enfants et les adolescents. Ce faisant, vous vous réserverez d'agréables surprises.

SOUVENEZ-VOUS

Les jeunes sont avides de savoir

Les jeunes ne sont pas déformés

Les jeunes n'ont pas de préjugés

Les jeunes sont extrémistes et intransigeants : Ils vivent à fond ce qu'ils croient !

« Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25:40)

(L'Étoile, mars 1965 à mars 1966)