Comment aider les enfants à entendre la petite voix douce ?


C. Terry et Susan L. Warner



Comment les enfants décrivent-ils les sentiments spirituels ? « C’est magnifique. On n’a plus aucun souci » (Daniel, douze ans) ; « C’est comme si tout allait bien » (Sarah, sept ans) ; « Je n ’ai plus envie de rien faire de mal. Je veux faire le bien tout le temps » (Blaine, 16 ans) ; « Ce n’est pas seulement un sentiment. C’est plutôt l’amour de notre Père céleste et de Jésus. On éprouve de l’amour pour eux et pour notre famille » (Mitchell, dix ans) ; « Je me sens purifiée » (Julia, neuf ans).

Les enfants peuvent souvent éprouver des sentiments spirituels. Ils s’expriment souvent par une expression de joie sur leur visage. Mais à la différence des enfants cités plus haut, certains peuvent n’avoir jamais appris à reconnaître que ces sentiments sont spirituels et viennent de Dieu. Même les enfants à qui l’Évangile est enseigné par des parents aimants peuvent ne pas toujours comprendre ou assimiler ces explications de sujets spirituels.

Par exemple, après une réunion de témoignage tenue lors d’un feu de camp, Bonnie, quinze ans, a demandé à son amie Tania quelle impression cela fait de ressentir l’Esprit. Tania lui a répondu : « C’est dur à expliquer, mais c’est une sorte de sensation de trop-plein en moi. Je suis heureuse et j’ai envie de pleurer en même temps. » Bonnie a répondu, surprise : « J’ai déjà ressenti cela, mais je ne savais pas que c’était l’Esprit. »

En général, personne n’est plus à même que leurs parents d’aider les enfants à reconnaître les manifestations spirituelles qu'ils vivent, et il n’y a pas de meilleure période que l’enfance pour le faire. Le Seigneur a doté les parents d’un amour profond pour leurs tout-petits, d’une faculté spéciale de discerner leurs besoins et leurs sentiments, et leur a donné le droit de recevoir l’aide de l’Esprit à leur sujet. Les petits enfants ressentant l’amour de leurs parents et y réagissant avec une grande sensibilité, ils sont ouverts à leur influence et désireux qu’on les instruise.

Beaucoup de professeurs de langues étrangères pensent que les enfants apprennent le mieux une langue par la méthode de l’immersion, dans laquelle ils sont entourés de personnes parlant la langue et doivent parler eux-mêmes. Ils n’apprennent pas seulement à dire quelques mots, mais à parler couramment et même à penser dans la nouvelle langue. Le cadre d’immersion approprié pour l’éducation spirituelle est le foyer, où les principes spirituels peuvent former la base de la vie quotidienne. « Tu… inculqueras à tes fils (les paroles du Seigneur) et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. » (Deutéronome 6:7)

Afin d’immerger nos enfants dans l’éducation spirituelle, nous devons, nous parents, avoir la sagesse de commencer par nous-mêmes. Certains d’entre nous peuvent avoir des difficultés à parler de l’Esprit parce qu’ils ont du mal à en reconnaître les manifestations. Peut-être attendons-nous à tort des manifestations importantes, alors qu’il est plus probable que les expériences spirituelles prendront la forme d’une assurance paisible, d’une chaleur dans la poitrine (voir D&A 9:8) ou d’une impression qui nous incite silencieusement à agir ou à nous abstenir d’agir.

Le président Benson a déclaré : « Le plus souvent nous percevons les paroles du Seigneur sous la forme d’un sentiment. Si nous sommes humbles et sensibles, c’est le plus souvent par nos sentiments que le Seigneur communiquera avec nous. C’est pourquoi les communications spirituelles nous donnent parfois une grande joie, parfois nous émeuvent jusqu’aux larmes. » (The Teachings of Ezra Taft Benson, Salt Lake City, Bookcraft, 1988, page 77)

Ce sentiment peut être de la compassion pour quelqu'un dans le besoin, la volonté d’obéir aux parents ou aux dirigeants, l’envie de pardonner, le désir de réparer le tort que nous avons causé à quelqu'un, ou de la gratitude. Ces sentiments suscités par l’Esprit deviennent plus clairs et plus intenses à mesure que nous répondons à la notion de bien et de mal que le Seigneur a placée dans notre cœur (voir Moroni 7:15-17). Le président Benson a dit aux enfants de l’Église : « Quand vous faites le bien, vous vous sentez bien ; c’est le Saint-Esprit qui vous parle. » (Ensign, mai 1989, page 82)

Plus nous cultivons l’Esprit dans notre cœur, plus nous sommes en mesure de toucher d’autres cœurs grâce à l’Esprit (voir 2 Néphi 33:1). Au contraire, si nous n’avons pas l’Esprit, nos enfants peuvent percevoir un manque de sincérité, même si nous disons tous les mots justes. Ils peuvent avoir l’impression que nous essayons de les forcer à obéir, et ils peuvent nous résister. Par exemple, dans un supermarché, une petite fille de six ans exigeait des bonbons. Comme elle n’en obtenait pas, elle a fait tomber des boîtes de conserve d’un rayon. Au lieu de la reprendre gentiment, sa mère, exaspérée, l’a saisie par les épaules et lui a dit avec dureté de s’asseoir. L’enfant a répondu : « Je m’assois en dehors, mais je reste debout en dedans ! »

Quand nous enseignons selon l’Esprit – « Et l’Esprit vous sera donné par la prière de la foi » (D&A 42:14) – il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire consciemment pour aider nos enfants à apprendre à reconnaître et à rechercher leurs propres manifestations spirituelles et à être guidés par elles :

1. Les aider à apprendre à prier. Nous devons commencer quand ils sont très jeunes, en nous agenouillant avec eux matin et soir. Dans cette situation nous pouvons exprimer notre amour pour chacun d’eux et pour notre Père céleste. En participant maintes et maintes fois à cette expérience sacrée, les enfants peuvent prendre l’habitude de revenir fréquemment au recueillement, à l’amour, à la sécurité et à la paix associés à la prière.
La prière personnelle peut devenir leur havre spirituel individuel, mais la prière familiale peut aussi fournir de belles occasions de ressentir l’Esprit. Même les tout-petits peuvent ressentir son influence qui incite au recueillement, et sa paix qui porte à l’adoration.

Bien sûr, il peut parfois arriver que les enfants soient agités et que les parents s’énervent, mais l’expérience répétée de la prière en commun peut adoucir et fortifier tous ceux qui y prennent part. L’un de nos aînés a dit un jour à l’une de ses sœurs cadettes : « Quand j’entends Jenny parler à notre Père céleste, j’ai un peu l’impression de voir le ciel. » Nous avons aussi un fils qui, quand il avait trois ans, était bruyant, mais qui se calmait quand il entendait son nom prononcé pendant la prière familiale.

2. Maintenir la paix. Une atmosphère de sérénité constante est indispensable pour enseigner les choses spirituelles. Étant donné que l’Esprit parle « d’une petite voix douce » (1 Néphi 17:45), il est difficile de discerner les sentiments produits par l’Esprit parmi le vacarme, en particulier parmi les querelles. Nous, parents, nous pouvons commencer par nous améliorer nous-mêmes en ce domaine. Par le repentir et la foi, nous devons nous efforcer d’être toujours des artisans de paix dans notre famille. Nous devons parler doucement et avec respect, exprimer notre amour et notre appréciation, faire des excuses et pardonner facilement, et être joyeux.

Ces efforts peuvent ne pas être couronnés de succès rapidement, mais le foyer est l’endroit idéal pour s’exercer à faire mieux encore et toujours. Le succès viendra plus facilement si nous débarrassons notre foyer des influences du monde, notamment parmi les émissions de télévision, les cassettes vidéos, les musiques et les lectures, celles qui offensent l’Esprit du Seigneur.

3. Enseigner l’Évangile à leur niveau. La doctrine du royaume, enseignée dans sa simplicité et sa pureté, a un effet éternel sur les enfants quand l’Esprit la confirme par son témoignage. À certains égards, nos enfants sont comme des amis de l’Église : ils demandent et apprennent.

Quand, pendant la soirée familiale, ils posent des questions et font des réflexions qui ne semblent avoir qu’un lointain rapport avec le sujet, nous devons prendre leurs remarques au sérieux et les encourager à réfléchir, même si, en prenant le temps de répondre à leurs questions, on ne termine pas la leçon comme on l’avait prévu. En les soutenant ainsi, nous apprenons à nos enfants à se fier à leurs impressions.

4. Les faire participer à des activités familiales saines. Les activités choisies avec soin peuvent éloigner la famille des influences du monde et créer un cercle d’amour et de soutien mutuel. Le sentiment d’appartenir à une famille éternelle, qui est un sentiment spirituel, servira aux enfants de point de référence divin selon lequel ils évalueront les autres relations. Les bandes et autres groupes néfastes auraient beaucoup moins d’attrait si les jeunes avaient des liens spirituels avec leur famille.

L’une de nos filles nous a dit que les meilleurs moments de son enfance et de sa jeunesse étaient « quand nous étions réunis en famille, que personne n’était fâché, et que nous étions assis ensemble et que nous parlions, chantions et ressentions l'Esprit du Seigneur. » Elle a ajouté : « J’étais parfaitement heureuse. »

5. Leur parler dès que l’occasion se présente. Parmi nos plus beaux souvenirs, il y a les conversations à cœur ouvert quand nos enfants cherchaient le moyen de retarder le moment d’aller au lit. Nous écoutions, en posant juste les questions nécessaires pour encourager un enfant à raconter les joies et les déceptions de sa journée. Jamais nous n’avons trouvé de meilleure occasion de lancer une conversation sur les sentiments et de faire remarquer, en rapport avec les expériences de la journée de l’enfant, comment il avait écouté ou n’avait pas suivi l’Esprit. On peut aussi trouver des occasions de parler des sentiments spirituels avec un enfant dans des activités quotidiennes ordinaires, par exemple en travaillant au jardin, en faisant la vaisselle ou les courses.

6. Être à l’écoute des messages de l’Esprit. Nous pouvons être à l’affût des occasions d’aider nos enfants à accueillir l’influence de l’Esprit, des occasions où ils pourront exprimer de la reconnaissance, réfléchir à leurs bénédictions, recevoir de l’inspiration. Une mère de famille a raconté une histoire qui montre comment les parents peuvent guider les enfants en douceur dans ces situations.

En revenant d’une kermesse de l’école, ses deux fils cadets, Richard et Joe, étaient heureux d’avoir gagné chacun un avion en balsa d’une valeur minime. Son fils aîné, Sam, était ravi d'en avoir gagné deux. Malheureusement, en se mettant au lit, Richard s’est agenouillé sur son avion et l’a cassé en morceaux. Il était inconsolable. La mère a suggéré à Sam de donner l’un de ses avions à son frère. Il a répondu : « Maman, comment peux-tu me demander de faire quelque chose d’aussi dur ? »

Gentiment, elle lui a rappelé le don du Saint-Esprit qu’il avait reçu après son baptême, et a ajouté : « Écoute ton cœur. Tu pourras décider. » Quelques minutes plus tard, Richard séchait ses larmes en remerciant Sam de son cadeau. Sam a écrit dans son journal : « Quand j’ai donné l’avion à Richard, j’ai ressenti une grande joie et une chaleur dans mon cœur. Elle était si forte que j’avais l’impression que j’allais éclater. J’ai eu du mal à dormir cette nuit, tant j’étais heureux. » Il a dit à sa mère qu’il savait que le Saint-Esprit l’avait aidé à prendre la décision.

Enseigner selon l’Esprit semble particulièrement difficile quand les choses vont mal à la maison. Notre première réaction peut être de nous montrer sévères à l’égard de nos enfants, peut-être de critiquer, de rabaisser ou de condamner. Dans ces moments-là, il est plus important que jamais de rechercher nous-mêmes l’Esprit et de rétablir la paix grâce à son influence et à sa direction.

Quand nous réagissons ainsi à la désobéissance, à la querelle ou à la rébellion, nous permettons à la guérison de s’opérer par le Saint-Esprit, et nous enseignons à nos enfants la paix qu’il apporte.

Joseph F. Smith a dit : « Vous ne pouvez forcer vos fils ni vos filles à entrer au ciel. Vous pouvez les forcer à aller en enfer en faisant preuve d’extrême sévérité dans vos efforts pour les rendre bons, alors que vous-mêmes n’êtes pas aussi bons que vous devriez l’être… Vous ne pouvez corriger vos enfants que par l’amour, la bonté, l’amour sincère, la persuasion et la raison. » (Gospel Doctrine, Sait Lake City, Deseret Book Company, 1971, p. 317).

Pour cela, il faudra peut-être écouter patiemment les plaintes ou les expressions de découragement des enfants en résistant à l’envie de les forcer à bien se conduire. Peut-être faudra-t-il leur confesser nos faiblesses et leur demander pardon. Peut-être cela nous amènera-t-il à pleurer avec eux en parlant de ce qui s’est passé. Peut-être nous faudra-t-il abandonner ce que nous sommes en train de faire, quelle qu’en soit l’importance, et nous occuper des besoins de nos enfants.

Quand nous nous acquittons fidèlement de la tâche sacrée d’instruire nos enfants, nous ne sommes pas seuls. Dans aucun domaine nous n’avons autant besoin d'aide que pour développer la sensibilité spirituelle de nos enfants. Le Seigneur nous a promis de nous aider (voir D&A 45:57-58). Les sacrifices que nous faisons, les larmes que nous versons et les prières que nous faisons ne sont jamais vains. Le fait même d’essayer appelle l’aide des cieux. « C’est pourquoi, ne vous lassez pas de bien faire, car vous posez les fondements d’une grande oeuvre. Et c’est des petites choses que sort ce qui est grand. » (D&A 64:33)

(L'Étoile, août 1994, p. 27-31)