Comment décrire la maturité ?


Derek A. Cuthbert


« Dieu donna à Salomon de la sagesse, une très grande intelligence, et la largesse de cœur, comme le sable qui est au bord de la mer » (1 Rois 4:29, traduction littérale de la version du roi Jacques). Sagesse, intelligence, largesse de cœur sont des signes de maturité. Quand Salomon acquit ces qualités, il ne fut plus seulement « un jeune homme ».

Cependant, ce n’est pas aussi simple d’acquérir la maturité que d’acquérir la sagesse. Le Sauveur n’a-t-il pas dit : « Si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu 18:3). Mûrir, c’est donc conserver ou reprendre certaines qualités de l’enfance que nous devons avoir et acquérir d’autres qualités que les enfants n’ont pas.

J’aimerais vous proposer dix éléments de la maturité, dont cinq relèvent de l’enfance et cinq s’acquièrent plus tard.

1. D’abord l'innocence. Peut-on nier qu’un nouveau-né ou un petit enfant soit innocent ? Le Sauveur a enseigné : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des deux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19:14). Dans la révélation des derniers jours, le Seigneur nous a expliqué davantage en proclamant : « L’esprit de tout homme était innocent au commencement, et Dieu ayant racheté l’homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (D&A 93:38). Oui, dans ces jours de tromperie et de discorde, nous avons le devoir d’être innocents, d’être loyaux.

2. Deuxièmement, l’humilité. « C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux » (Matthieu 18:4). Comme c’est merveilleux d’entendre l’humble prière ou le témoignage d’un enfant. Je pense au jeune garçon que j’ai entendu raconter en détails l’histoire de Joseph Smith et rendre témoignage dans la langue Xhosa d’Afrique du Sud lorsque nous nous sommes réunis à Cimizile dans une maison comportant une seule pièce. Nous vivons dans un monde où les hommes se sont beaucoup détournés de la justice et se recherchent en flattant leur orgueil et leurs vaines ambitions. Nous avons pour tâche de devenir humbles devant Dieu et de devenir, pour reprendre les termes du roi Benjamin, « comme un enfant, soumis, doux, humble, patient, plein d’amour, disposé à se soumettre à toutes les choses que le Seigneur jugera bon de [nous] infliger, tout comme l’enfant se soumet à son père. » (Mosiah 3:19). Dans le monde entier, des gens de toutes races et cultures surmontent des traditions pour accepter la vérité et se soumettre humblement au baptême. Comme c’est inspirant de voir ces gens surmonter les difficultés et l’affliction. Je me rappelle avoir eu un entretien avec un jeune homme de valeur, membre de l’Église à Zimbabwe, qui devait être le premier missionnaire de son pays. Bien que marchant en permanence avec des béquilles à cause de la poliomyélite, frère Peter Chaya se soumit avec joie à son appel.

3. Troisièmement, la simplicité. Un enfant est sans complication et s’exprime sans détours. L’apôtre Paul conseillait aux saints de Corinthe : « Toutefois, de même que le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos pensées ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ» (2 Corinthiens 11:3). J’ai toujours été impressionné par le fait de savoir que, bien qu’il fût très instruit, Paul déclara après sa conversion : « Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2:2). Ces pensées me vinrent à l’esprit quand, lors d ’une récente visite au Ghana, j’ai entendu le docteur Emmanuel Kissi, éminent chirurgien et maintenant président de district, enseigner les vérités simples de l’Évangile lors des réunions de conférence de district. Oui, nous devons nous efforcer d’acquérir la simplicité d’un enfant et élever nos propres enfants pour qu’ils aient un témoignage simple et inébranlable de Jésus-Christ. Alors ils ne seront pas victimes des tentations qui les détourneraient du chemin étroit et resserré. Comme Matthew Cowley avait l’habitude de le dire : « La vie devait être simple avec beauté. Elle serait alors simplement belle » («Learn to Live», discours prononcé à l’université Brigham Young, le 19 juin 1953).

4. Quatrièmement, la foi. Cela a toujours été pour ma femme et pour moi une source de joie quand l’un de nos enfants à fait preuve de foi en demandant une bénédiction de santé, de réconfort et des conseils. Les occasions n’ont pas manqué, mais celle qui me vient à l’esprit est la suivante : l’un de nos enfants souffrait beaucoup des oreilles et était très mal. Je me souviens qu’après avoir béni ma fille, elle s’apaisa et alla se coucher ; elle ne souffrit plus du tout. C’est une chose merveilleuse qu’en rétablissant la plénitude de l’Évangile, le Seigneur ait donné aux pères la possibilité de bénir leur famille de tant de manières différentes. Oh, si nous avions la foi d’un enfant, de manière à « faire cet impossible rêve » et à « atteindre l’inaccessible étoile », comme notre président nous a invité à le faire ! Sa foi puissante a déplacé bien des montagnes ; sa foi d’enfant a entraîné de nombreux miracles.

5. La cinquième qualité de l’enfance, c’est l'amour. L’amour inconditionnel, donné sans contrainte. Quel père peut résister à un petit visage levé vers lui pour dire : « Je t’aime, papa » ? Quelle mère n’est pas touchée au-dedans d’elle-même quand elle trouve un petit mot sur son oreiller : « Je t’aime, maman » ? J’ai eu l’honneur d’entendre de douces voix d’enfants répéter les paroles du Sauveur : « Comme je vous ai aimés… aimez-vous les uns les autres » (Jean 13:34).

Jésus a donné l’exemple de l’innocence, de l’humilité, de la simplicité et de la foi. Il a montré son grand amour pour nous en prenant sur lui nos péchés, en donnant sa vie précieuse et en se relevant du tombeau. « Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (1 Jean 4:16). Dans le monde entier, nos missionnaires vont par deux, ils enseignent la foi au Seigneur Jésus-Christ et le repentir. Peut-être que peu d’entre nous ont conservé les cinq qualités que j’ai citées, mais nous pouvons tous les reprendre en nous repentant et en changeant.

Quand on a fait les changements nécessaires dans sa vie, on doit ajouter à ces cinq qualités de base cinq autres qualités de manière à atteindre la maturité dans le Seigneur.
6. Sixièmement, donc, nous devons acquérir la sagesse, celle que Salomon désirait tant pour pouvoir juger en justice. Beaucoup d’entre nous ne sont pas sages, car ils sont aveuglés par le monde matériel qui nous entoure. La sagesse vient du fait de comprendre quelles sont les vraies valeurs et les vrais priorités. C’est une qualité spirituelle car elle est fondée sur le discernement et sur un cœur compréhensif. Grande est la sagesse des prophètes, et tous ceux qui l’écoutent et la suivent sont bénis. Le Seigneur nous a dit de ne pas chercher « la richesse, mais la sagesse » (D&A 6:7). Dans cette conférence générale, les perles de sagesse sont venues de ceux qui ont parlé sous l’inspiration de l’Esprit. Nous ferions tous bien d’étudier et d’appliquer les vérités qui ont été déclarées. La connaissance à elle seule peut être dangereuse, et celui qui cherche à l’acquérir doit aussi être aidé pour obtenir la sagesse. La sagesse est un signe de maturité. Elle est généralement liée à l’âge et à l’expérience, mais pas nécessairement. Lorsque j’étais président de mission en Écosse, je vis le Seigneur aviver l’intelligence de nombreux jeunes missionnaires pour qu’ils se développent au-delà des limites de leur âge. Maintenant, moins de cinq ans après, six ont été appelés évêques et deux sont dans des présidences de pieu dans les îles Britanniques ; ce sont tous d’excellents dirigeants.

7. La septième qualité dont je parlerai, c’est l’art de diriger, non seulement dans l’Église mais partout où cela est honorable. Un enfant se tourne vers ses parents pour être dirigé tant dans ses paroles que dans ses actions. Le Seigneur, s’adressant aux parents en Israël par l’intermédiaire de Moïse, a déclaré : « Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras » (Deutéronome 6:6-7). Oui, avant tout, les parents ont besoin de maturité pour diriger et instruire leurs enfants en justice. La famille est l’unité de base de la société et le fondement d’une nation. Il est sensé de comprendre que le Dieu tout-puissant lui-même a mis nos enfants sous notre responsabilité à nous, les parents. Nos fils et nos filles sont ses enfants d’esprit ; il attend de nous que nous les aimions, que nous les chérissions, que nous les instruisions et que nous les dirigions. Il est sensé que les parents et les enfants lisent et étudient régulièrement la parole de Dieu. Il est sensé que nous vivions les principes de base et que nous accomplissions ce que notre Père céleste attend de nous.

8. Nous en arrivons ainsi au huitième élément de la maturité, à savoir : la responsabilité. Un petit enfant n’est pas responsable avant l’âge de huit ans, car le Seigneur en a décidé ainsi, et la plupart des lois de notre pays sont en accord. Cependant, ce n’est pas le fait d’être responsable qui apporte la maturité. C’est le fait de s’en rendre compte, d’agir en fonction et d’être préparé à rendre compte à ceux qui détiennent l’autorité supérieure et, en fin de compte, au Seigneur en personne. Pendant son ministère, le Sauveur enseigna ce principe qui s’appliquait jusqu’aux paroles que nous prononçons : « Je vous le dis : Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée » (Matthieu 12:36). L’adversaire essaie constamment de nous écarter du droit chemin et de nous empêcher de vivre en justice et de pouvoir rendre compte d’actions justes. Nous devons être forts sans arrêt, sans un instant d’inattention ou de compromis dans les principes donnés par le Seigneur.

9. Neuvièmement, nous examinons si nous sommes dignes de confiance. Quand nous sommes enfant, nous rions tel jour et nous pleurons le lendemain. Nous changeons fréquemment d’amis et changeons de conception du monde selon les circonstances et l’environnement. À mesure que nous mûrissons, nous devenons plus digne de confiance et plus stable. L’apôtre Paul a exprimé l’espoir que « nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction » (Éphésiens 4:14). Nous devons avertir et enseigner, protéger et sauvegarder, pour que nos enfants ne soient pas emportés, soit physiquement soit spirituellement. Il y a tant de voix qui prêchent, tant de doctrines qui ne sont pas du Seigneur. Cependant, si nous avançons « avec fermeté dans le Christ… et [endurons]

jusqu’à la fin » (2 Néphi 31:20), nous atteindrons la maturité en étant dignes de confiance, persévérants et spirituellement endurants. Je suis très reconnaissant de notre président bien-aimé, le président Kimball, qui donne l’exemple de ces qualités. Il m’a beaucoup aidé personnellement et a aidé beaucoup d’entre nous dans la recherche de la maturité spirituelle, j’en suis sûr.

10. Ce fut particulièrement le cas pour la dixième qualité, la maîtrise de soi. Le prophète néphite Alma a conseillé : « Veille aussi à brider toutes tes passions, pour que tu puisses être rempli d’amour » (Alma 38:12). Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est devenu notre Sauveur et notre Rédempteur parce qu’il a surmonté le monde. Quand Satan l’a tenté, il n’a pas succombé ; quand on s’est moqué de lui et qu’on l’a contredit, il n’a pas fait de compromis ; quand il a affronté la mort, il n’a pas hésité. Sa maturité était totale.

Puissions-nous, comme lui, être innocents et humbles, simples et pleins de foi et d’amour. Puissions-nous devenir sages, responsables et dignes de confiance et diriger en commençant par être maîtres de nous-mêmes.

(Source : L'Étoile, octobre 1982, p. 112-116)