QUESTION : Quelle est la valeur de la question « Où serais-je sans l'Église ? »



RÉPONSE de Russell C. Taylor, des soixante-dix, Autorité générale de 1984 à 1989

Quand j'étais membre de la présidence de l'interrégion européenne, je me rendis en Irlande pour visiter une mission et participer à une conférence de district. Pendant cette conférence, le président John O'Farrell, premier conseiller dans la présidence de la mission de Dublin, prit la parole et posa une question très intéressante. Question : « Où serais-je sans l'Église ? » Il demanda à l'assemblée : « Où seriez-vous si vous n'aviez pas l'Évangile ? » « Sans l'Évangile », ajouta-t-il, « en Irlande, nous serions probablement dans un café en train de boire de la bière et de raconter des histoires salées. »

Chacun de nous ferait bien de se poser la question : « Où serais-je sans l'Église ? »

Quelle bénédiction d'avoir l'Évangile et de bénéficier de sa force salvatrice ! J'ai la conviction que l'Évangile a l'immense force de changer la vie. Ma conviction repose sur l'expérience d'autres personnes et sur mon témoignage personnel. Les Écritures sont remplies d'histoires d'hommes et de femmes dont la vie fut modifiée par son influence.

Pensez à Matthieu, ce collecteur d'impôts méprisé qui suivit le Sauveur. Où aurait-il été s'il n'avait pas rencontré le Maître et s'il avait continué à rechercher les richesses terrestres à la place de celles des cieux ? (Voir Matthieu 9:9)

Pensez à Saul, le fabricant de tentes originaire de Tarse et à sa confrontation extraordinaire avec Dieu en ce jour décisif, près de Damas. Il avait gardé les vêtements de ceux qui martyrisaient Étienne et il « respirait encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur » (Actes 9:1).

Où Saul aurait-il été, que serait-il devenu si le Seigneur n'était pas intervenu pour changer la colère et la haine en consécration ?

Pierre, André, Jacques et Jean répondirent à l'appel d'abandonner leurs filets pour devenir des « pêcheurs d'hommes » (voir Matthieu 4:18-22). Cela ne fut pas facile pour ces hommes, cela ne fut pas pratique; cela l'est rarement en termes purement matérialistes, mais ils répondirent à l'appel du Sauveur et ils ne furent plus jamais les mêmes.

Et qu'en est-il aujourd'hui ? Y a-t-il encore de telles histoires ? Absolument !

Allons à Huddlesfield, en Grande-Bretagne, pour le témoignage d'une douce sœur du nom de Mina Kreslins. Elle est née à Amsterdam, dans une famille juive. Elle a perdu ses parents, ses frères et sœurs pendant l'occupation de son pays pendant la guerre. En témoignant de sa conversion, elle explique : « J'étais amère. Je priais, mais je n'arrivais pas à pardonner. » Et puis, début octobre 1983, sa fille Karla a rencontré les missionnaires. Karla s'est intéressée à l'Évangile et s'est convertie. Elle a invité sa mère, Mina Kreslins, à son baptême.

« J'ai ressenti l'Esprit lors du baptême de Karla. Il était très fort. Je n'avais jamais rien ressenti d'aussi beau de ma vie. J'en ai été si heureuse et je me suis sentie si bien que j'ai voulu en faire partie. »

Les missionnaires ont commencé à instruire sœur Kreslins. L'Esprit lui a témoigné de la vérité de ce qu'ils lui disaient. « Quand ils m'ont parlé de Joseph Smith et du Rétablissement, l'Esprit m'a touchée très profondément, de la tête aux pieds. J'ai su alors, de tout mon cœur, que l'Église était vraie et que je devais en faire partie.

« Mon baptême a été quelque chose de très beau. Aucun mot ne peut décrire ce que j'ai éprouvé en sortant de l'eau. Je me sentais très pure, presque sainte. Cela a été merveilleux lorsque j'ai reçu le Saint-Esprit. J'avais envie de crier de joie. Je connaissais enfin le repos et le soulagement des horreurs et de la haine de ces années de guerre. « Depuis que je suis devenue membre de cette belle Église, j'ai pardonné. Je n'ai plus de rancœur. »

Où serait aujourd'hui Mina Kreslins sans l'Évangile ?

Je me suis posé une grave question : « Où serais-je sans l'Évangile ? »

C'est le témoignage de l'Évangile qui m'a aidé à dire non à mes camarades marins lors de notre première permission quand je faisais mes classes, début 1944. Mes camarades m'ont invité à prendre part à leurs activités profanes – à prouver que j'étais un « homme » en me faisant tatouer, et à aller boire et courir les filles. J'étais le seul saint des derniers jours du groupe et c'est vrai que je me suis senti un peu perdu en restant seul pour aller au foyer du soldat puis au cinéma. Le lendemain, j'ai trouvé où se tenaient les réunions de l'Église et j'ai rencontré des membres de l'Église qui ont fortifié le jeune mormon solitaire originaire de Provo que j'étais.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, je suis rentré chez moi, menant toujours une vie vertueuse, et cela m'a valu des récompenses éternelles.

Je témoigne que l'Évangile peut changer la vie et que nous avons un Père céleste aimant et attentif qui connaît chacun de nous et qui connaît nos espoirs, nos désirs, nos forces et nos faiblesses.

(L'Étoile, juin 1989, p. 45-47)