QUESTION
: Comment vraiment soutenir mon évêque ?
RÉPONSE
d'Annette Paxman Bowen
Peu
après avoir été appelé comme évêque,
Scott, mon mari, a exhorté les membres de notre paroisse à
ne pas critiquer la façon dont les gens servent dans leur
appel. Pour illustrer ce propos, il a employé comme analogie
ce qui nous est arrivé quand, ensemble, nous avons accroché
les guirlandes lumineuses de Noël sur le toit de notre maison.
Il
était perché presque au sommet d’une très
haute échelle. L’échelle était en
équilibre précaire sur la pente verglacée de
notre pelouse. D'un bras il se tenait à l’échelle
et de l’autre il accrochait la guirlande lumineuse de poutre en
poutre. Peu à l’aise à cette hauteur, il était
un peu inquiet. Moi, en bas, je tenais l’échelle. En
tendant le bras pour atteindre la poutre la plus éloignée,
il m’a crié : « Ça ne me dit rien de bon !
Je n’ai pas envie de tomber et de me casser quelque chose. »
Je me suis mise à rire et je lui ai crié : « Tu
vas y arriver ! J'ai confiance en toi ! » Il a tendu le bras et
a placé la dernière ampoule.
Après
avoir raconté l’histoire aux membres de la paroisse,
Scott a expliqué que la plupart d’entre nous, dans leurs
efforts pour servir et honorer leur appel, sont, pour ainsi dire,
perchés en haut d’échelles bancales. Nous devons,
nous aussi, surmonter nos craintes et nos inhibitions, en faisant
l’effort de, symboliquement, placer une ou deux ampoules. Quand
nous sommes là-haut, ce dont nous avons le plus besoin, c’est
de quelqu'un qui tienne l'échelle, qui donne de temps en temps
des conseils utiles, si besoin est, et qui nous crie aussi des
paroles encourageantes et rassurantes. Nous n’avons pas besoin
de quelqu'un qui reste immobile et critique la façon dont nous
faisons notre travail.
À
partir de cette analogie, j’ai réfléchi à
plusieurs façons précises dont les membres de la
paroisse peuvent soutenir les dirigeants de leur unité, en
particulier l’évêque ou le président de
branche. Voici des idées de choses à faire… et à
ne pas faire :
CE
QU'IL NE FAUT PAS FAIRE
1.
N'attendez pas des officiers de la paroisse qu'ils agissent toujours
à la perfection. Nous avons entendu dire cela souvent, mais on
peut le répéter. Tous, dans nos efforts pour devenir de
vrais saints, nous faisons des erreurs. Cela signifie qu’il
peut arriver que frère Untel oublie de transmettre un message
comme il a dit qu’il le ferait. Il peut arriver que sœur
Untel ne soit pas aussi bien préparée à
enseigner sa leçon qu’elle devrait l’être.
2.
N'attendez pas de l'Église qu'elle satisfasse tous vos
besoins. Bien qu’elle ait été créée
et organisée pour s’adresser à tous les membres
et les servir, l’organisation de l’Église ne peut
pas être tout pour tous. Il se peut qu’un membre doive
satisfaire ses besoins de relations sociales avec des voisins ou des
collègues. Il peut arriver qu’un couple ait besoin de
consulter un conseiller conjugal. Il peut arriver qu'une famille
doive louer un camion de déménagement.
3.
Ne vous jugez pas et ne vous critiquez pas les uns les autres. Les
commentaires
faits à la légère, les expressions de colère
et les suggestions dénuées de tact, outre qu’elles
blessent les gens, prennent énormément du temps et de
l’énergie des dirigeants de la paroisse. On peut perdre
des heures précieuses quand des gens appellent l’évêque
pour lui signaler quelque chose qu’a dit tel membre de la
paroisse ou lui demander de régler des désaccords entre
des familles.
4.
Ne vous plaignez pas. Peu d’entre nous se compareraient à
Laman et à Lémuel alors qu’en fait nous sommes
peut-être coupables de diffuser des propos désobligeants
ou de nourrir de mauvais sentiments qui nous portent à
formuler nos critiques auprès de notre conjoint, de nos amis
ou de quiconque veut bien écouter. Au lieu de nous plaindre de
quelqu'un, nous ferions mieux d’aller le trouver et de régler
le problème avec amour.
5.
N'allez pas exposer à l'épiscopat un problème
d'organisation sans avoir réfléchi aussi à une
solution possible. Le fait de se contenter de se plaindre que quelque
chose ne va pas dans une organisation de la paroisse risque
d’aggraver la situation et de créer un conflit. Par
contre, si vous vous portez volontaire pour rendre service,
l'organisation de la paroisse tourne rond et beaucoup de gens sont
influencés et bénis par votre exemple. En particulier,
honorez votre appel dans [le service pastoral]. En le faisant, vous
allégez considérablement le fardeau de chacun.
6.
N'appelez pas l'évêque pour lui demander des
renseignements si vous pouvez les obtenir d'une autre source. Voyez
d’abord si les personnes chargées de programmer
l’utilisation des bâtiments, ainsi que les dirigeants des
auxiliaires et des collèges disposent des listes des membres
et des calendriers de la paroisse.
7.
N'appelez les dirigeants à leur travail que s'ils vous en ont
donné la permission ou s'il s'agit véritablement d'une
urgence. Il peut arriver que certains dirigeants puissent changer
leur emploi du temps pour faire face aux besoins des membres de la
paroisse, mais certains ne le pourront peut-être pas. Du fait
de son travail, il se peut qu’un dirigeant ne puisse être
disponible pour les membres, ni même pour sa famille. Il le
regrette, mais vu ses impératifs professionnels, il fait de
son mieux.
8.
N'attendez pas de l'évêque qu'il assiste à chaque
réunion et à chaque activité. S’il ne s’y
présente pas, cela ne veut pas dire qu’il ne se soucie
pas de vous, qu’il n’a pas le sens de ses
responsabilités, ni qu’il ne vous soutient pas dans
votre appel. Son absence signifie qu’il s’était
déjà engagé par ailleurs ou qu’il a dû
traiter une urgence. La plupart du temps, si l’évêque
peut être présent, il sera là.
CE
QU'IL FAUT FAIRE
1.
Comprenez les priorités du dirigeant. Après l’appel
de mon mari comme évêque, nous avons préservé
soigneusement notre temps en famille. Nous avons chéri en
particulier nos lundis soirs ensemble.
2.
Faites part honnêtement de vos sentiments. Pendant les
entretiens personnels et les réunions, soyez francs mais
gentils. L’évêque prie tous les jours pour être
inspiré et guidé ; cependant il apprécie votre
opinion exprimée avec égards. Concernant votre
situation personnelle, tenez-le au courant de ce qui se passe dans
votre vie et dites-lui comment vous allez ; il pourra alors prendre
une décision basée sur des renseignements et
l’inspiration.
3.
Allez voir l'évêque si vous avez besoin d'aide.
Cependant, essayez de résoudre les problèmes sans
l’impliquer, s’il est possible et convenable que vous le
fassiez. Si vous pouvez résoudre un problème à
l’intérieur de votre cercle familial, faites-le. Si vous
avez besoin d'assistance, essayez d’obtenir l’aide de
ceux qui ont les rapports les plus directs avec vous : vos officiers
[du service pastoral]. S’ils ne peuvent pas vous aider, prenez
contact avec votre président de collège ou votre
présidente d’auxiliaire. Ensuite, si vous avez vraiment
besoin des conseils ou de l’aide de votre évêque,
allez le voir. N’attendez pas qu’il vous appelle. Parfois
il arrivera qu’il soit inspiré à le faire.
Cependant, il est également reconnaissant que les gens se
rendent compte qu’ils ont réellement besoin de voir
l’évêque et prennent l’initiative pour
prendre rendez-vous.
4.
Comprenez les retards à remplir tous les postes et à
prendre toutes les mesures. Maintenir occupés tous les appels
de la paroisse est un processus sans fin, au cours duquel vos
suggestions sont étudiées soigneusement. Cependant il
peut y avoir des circonstances atténuantes dont vous n’êtes
peut-être pas conscient. L’épiscopat et les autres
dirigeants de la paroisse doivent considérer l’ensemble
de l’organisation de la paroisse. Un changement à un
poste peut entraîner des changements en cascade dans toute la
paroisse. Il se peut aussi que les dirigeants soient au courant de
difficultés dans la vie d’un membre qui peuvent avoir
des répercussions sur un appel.
5.
Permettez aux dirigeants d'être humains. Ils font des erreurs.
Ils se fatiguent. Il leur arrive de ne pas pouvoir répondre à
un coup de téléphone. Parfois, il arrive que les
dirigeants oublient tout simplement de faire quelque chose. De temps
en temps, ils disent ce qu’il ne faut pas. Donnez-leur le
bénéfice du doute. Chaque dirigeant, chaque dirigeante
a ses points faibles et ses points forts.
6.
Exprimez de l'appréciation. Une parole positive ou une parole
d’appréciation font beaucoup de bien. Les dirigeants
continueront à servir, qu’ils reçoivent ou non
des compliments. Cependant, un « merci » dit avec
gentillesse ou un « J’ai apprécié la
manière dont vous avez traité la situation »
adoucissent énormément l’expérience. Et ne
vous arrêtez surtout pas aux dirigeants de la paroisse.
Exprimez votre appréciation régulièrement à
chaque membre de la paroisse qui vous sert d’une manière
ou d’une autre. De temps en temps il est nécessaire que
l’on nous rappelle que l’Église est une
organisation de bénévoles.
7.
Priez pour l'évêque, pour ses conseillers, pour les
dirigeants de la paroisse et pour toutes les familles de la paroisse.
Une fois notre paroisse a jeûné pour moi avant que je
subisse une intervention chirurgicale importante. Après
l’opération, j’ai ressenti la force des prières
faites en ma faveur. Ces prières ont facilité ma
convalescence, qui a été rapide. De même, les
évêques se sentent souvent dotés de puissance et
de force du fait des prières des membres de la paroisse.
8.
Allez au temple. Si vous avez la bénédiction d’avoir
un temple près de chez vous, vous vous apercevrez que
l’assiduité au temple augmente votre spiritualité.
Cependant, quelle que soit la distance qui vous sépare du
temple, les efforts et les sacrifices consentis pour y aller aussi
souvent que possible vous apporteront des bénédictions
et vous éclaireront.
9.
Aimez-vous les uns les autres. L’exhortation du Seigneur est
très simple, et pourtant elle englobe tout. Les membres de
notre paroisse, comme ceux des paroisses et des branches de partout,
ont répondu de manière extraordinaire à cette
invitation. Leurs gestes de gentillesse sont innombrables. Ils font
des efforts pour se pardonner, pour se témoigner de l’amour,
pour s’écouter et pour se servir les uns les autres. Le
résultat est que le cercle de la famille de notre paroisse
s’est élargi et que l’amour s’est
approfondi. Les membres sont devenus littéralement des anges
gardiens les uns pour les autres.
10.
Sachez qu'on vous aime. Si nous nous servons les uns les autres,
notre paroisse peut connaître toute la gamme des émotions
d ’une famille : notre admiration et notre déception,
notre chagrin et notre joie, et se réjouir du soutien. À
bien des égards, la paroisse est comme une famille. Quand mon
mari était évêque, parfois, avant de prier, il
consultait la liste des membres de la paroisse, en relevant les
besoins et les bénédictions. Ensuite, il priait pour
notre famille, non seulement pour nos trois jeunes fils et pour notre
famille élargie, mais aussi pour les merveilleux membres de
notre paroisse. Parfois, quand cela était approprié, je
m’agenouillais avec lui pour prier pour les membres de notre
paroisse. L’amour et l’aide des membres de notre paroisse
sont à la disposition de chacun de nous. Tous, en affrontant
les difficultés de la vie, nous acquérons de la force
quand nous sommes soutenus par nos dirigeants de paroisse et par nos
frères et sœurs dans l’Évangile. Grâce
à leur sollicitude, nous ressentons l’amour de notre
Sauveur et de notre Père céleste. Pendant les années
où Scott a été évêque, nous avons
regardé notre paroisse grandir. Surtout, nous avons éprouvé
un merveilleux sentiment d’amour en partageant notre vie avec
les autres. Cet amour nous donne le désir de tenir l’échelle
sur laquelle se tiennent les autres. À chacun des membres de
notre paroisse qui la monte, nous adressons nos encouragements : «
Tu peux y arriver ! J’ai confiance en toi ! »
(L'Étoile,
août 1995, p. 20-23)