Nos relations avec les juifs


Joseph Rosenblatt


Le point de rencontre principal pour les relations interconfessionnelles entre juifs et saints des derniers jours a été Salt Lake City. Il y a aussi eu un certain nombre de contacts dans l’État d’Israël aussi bien que dans des villes des États-Unis comptant des populations juives importantes, telles que Los Angeles et New York. Généralement, les relations entre les membres des deux groupes ont été caractérisées par un respect et une bonne volonté mutuels. Les exceptions sont les divergences importantes entre les mormons et certains juifs sur la question du but du Centre d’Études du Proche-Orient de l’université Brigham Young à Jérusalem (dédié en 1989 ; voir Université Brigham Young : Centre d’Études du Proche-Orient à Jérusalem). Il règne cependant des relations de travail.

L’un des contacts directs les plus anciens entre les communautés fut lancé par Orson Hyde, un apôtre de l’Église, qui, en 1841, traversa l’Europe pour atteindre la Terre sainte. À de rares exceptions, au lieu de demander audience aux dirigeants juifs européens pour faire du prosélytisme auprès d’eux, il les avertit des difficultés qu’ils rencontreraient et les exhorta à émigrer en Palestine. Orson Hyde poursuivit sa route jusqu’en Terre sainte où, le 24 octobre 1841, il pria sur le mont des Oliviers pour « dédier et consacrer cette terre… pour le rassemblement des restes dispersés de Juda » (HC 4:456-459).

Des contacts plus importants commencèrent après 1853 avec l’arrivée de la première famille juive en Utah. Quoique ayant tendance à s’aligner politiquement avec les non-mormons, les juifs jouissaient de la bonne volonté de leurs voisins mormons. Alors que certains immigrés juifs en Utah – particulièrement d’Europe de l’Est et de Russie – étaient ridiculisés à cause de leur langue et de leur manque de connaissance de la vie de frontière, ils ne trouvèrent aucune cruauté, aucune restriction dans leurs mouvements et pas d’intolérance honteuse. Il n’y eut ni aumône ni charité, mais ils ne furent l’objet d’aucune discrimination chez les saints des derniers jours.

En 1900, quand le dirigeant juif d’Utah Nathan Rosenblatt et ses collaborateurs décidèrent de construire une synagogue pour une deuxième assemblée, l’aide principale vint de la Première Présidence de l’Église. Quand le bâtiment ouvrit en 1903, Rosenblatt proclama sa gratitude pour la bénédiction et le bonheur d’habiter en Utah avec les hommes et les femmes tolérants et compréhensifs de la religion mormone. Ses collaborateurs et lui les avaient toujours trouvés dévoués à leur culte tout en étant un peuple qui respectait la Torah juive et savait ce qu’avait voulu dire le célèbre maître Hillel quand il avait enseigné : « Ne faites pas à votre voisin ce que vous ne feriez pas à vous-même. »

L’université Brigham Young à Provo propose régulièrement des cours qui portent sur la religion et l’histoire des juifs et du judaïsme. En outre, des savants juifs ont fait des conférences et donné des cours à l’université, particulièrement ces dernières années. En 1921 le président Heber J. Grant mit clairement les saints des derniers jours en garde contre l’antisémitisme : « Il ne devrait y avoir aucune mauvaise volonté… dans le cœur d’aucun vrai saint des derniers jours à l’égard du peuple juif » (dans Gospel Standards, Salt Lake City, 1941, p. 147).

Un indicateur du respect réciproque qui a existé entre les juifs d’Utah et les mormons est le nombre de fonctionnaires juifs élus pour servir l’état. Parmi ceux-ci il y a le quatrième gouverneur de l’État (Simon Bamberger, 1917-1921), un juge de district (Herbert M. Schiller, 1933-1939), un maire de Salt Lake City (Louis Marcus, 1931-1935) et plusieurs législateurs.

Bibliographie

Brooks, Juanita. History of the Jews in Utah and Idaho. Salt Lake City, 1973.

Zucker, Louis C. Mormon and Jew : A Meeting on the American Frontier. Provo, Utah, 1961.

Zucker, Louis C. "Utah." Encyclopaedia Judaica, Vol. 16, p. 33-34. Jerusalem, 1972.

Zucker, Louis C. "A Jew in Zion." Sunstone 6, sept.-oct. 1981, p. 35-44.

(Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme (Macmillan Publishing Company, 1992), traduction : Marcel Kahne, source : www.idumea.org, avec autorisation)