Le
Christ est ressuscité
Samedi,
le sabbat juif, était passé, et la nuit précédant
l'aube du dimanche le plus mémorable de l'histoire était
presque terminée, tandis que les soldats romains montaient la
garde devant le sépulcre sacré où gisait le
corps du Seigneur Jésus. Tandis qu'il faisait encore noir, la
terre commença à trembler ; un ange du Seigneur
descendit en gloire, roula la pierre massive de devant l'entrée
du tombeau et s'assit dessus.
Son aspect était aussi brillant que l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige fraîche. Les soldats, paralysés de peur, tombèrent comme morts sur le sol. Lorsqu'ils se furent partiellement ressaisis de leur effroi, ils s'enfuirent terrorisés. Même la rigueur de la discipline romaine, qui décrétait l'exécution sommaire de tout soldat désertant son poste, ne put les arrêter. En outre, il ne leur restait plus rien à garder ; le sceau de l'autorité avait été brisé, le sépulcre était ouvert et vide (voir Matthieu 28:1-4, 11).
Dès
les premières lueurs de l'aube, la dévouée Marie
Madeleine et d'autres femmes fidèles se mirent en route pour
la tombe, apportant des épices et des onguents qu'elles
avaient préparés pour achever d'oindre le corps de
Jésus. Certaines d'entre elles avaient assisté à
l'ensevelissement et se rendaient compte de la nécessité
dans laquelle Joseph et Nicodème s'étaient trouvés
d'envelopper hâtivement le corps d'épices et de le
mettre au tombeau, juste avant le commencement du sabbat ; et
maintenant ces adoratrices venaient au petit matin servir leur
Seigneur avec amour en oignant et en embaumant d'une manière
plus approfondie l'extérieur du corps.
C'est en cours de route et tandis qu'elles conversaient tristement qu'elles pensèrent, apparemment pour la première fois, à la difficulté d'entrer au tombeau. « Qui nous roulera la pierre de l'entrée du tombeau ? » se demandèrent-elles les unes aux autres. De toute évidence, elles ne savaient rien du sceau ni de la garde. Au tombeau, elles virent l'ange et eurent peur ; mais il leur dit : « Pour vous, n'ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n'est pas ici ; en effet il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voici : je vous l'ai dit. »
Les femmes, quoique ayant reçu la faveur d'une visitation et d'une assurance angéliques, quittèrent le lieu étonnées et effrayées. Il semble que Marie-Madeleine ait été la première à apporter aux disciples la nouvelle que le tombeau était vide. Elle avait été incapable de comprendre le sens joyeux de la proclamation de l'ange : « Il est ressuscité, comme il l'avait dit » ; dans son amour et sa douleur, elle ne se souvenait que des mots : « Il n'est pas ici », dont la vérité lui avait été si formellement confirmée par le regard qu'elle avait hâtivement jeté à la tombe ouverte et sans occupant. « Elle courut trouver Simon Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis. »
Pierre, et « l'autre disciple » qui était certainement Jean, se mirent hâtivement en route, courant ensemble vers le sépulcre. Jean dépassa son compagnon et, en arrivant au tombeau, se pencha pour regarder à l'intérieur et entrevit ainsi le linceul posé sur le sol ; mais Pierre, hardi et impétueux, se précipita dans le sépulcre, et le jeune apôtre le suivit. Ils virent tous deux le vêtement funéraire et, gisant à part, la serviette qui avait été placée autour de la tête du cadavre. Jean affirme franchement qu'ayant vu cela il crut, et explique en son nom et en celui des autres apôtres : « Car ils n'avaient pas encore compris l'Écriture, selon laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts » (Jean 20:1-10).
Madeleine,
frappée par le chagrin, était retournée à
la suite des apôtres au jardin où le Seigneur avait été
enseveli. Il semble que dans son cœur accablé de douleur
la pensée que le Seigneur avait pu reprendre vie n'ait pas
trouvé place ; elle savait seulement que le corps de son
Maître bien-aimé avait disparu. Tandis que Pierre et
Jean se trouvaient à l'intérieur du sépulcre,
elle s'était tenue au-dehors, en pleurs.
Lorsque les hommes furent partis, elle se pencha et regarda dans la caverne creusée dans le roc. Elle y vit deux personnages, des anges en blanc, « assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds ». Ils lui demandèrent avec tendresse : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Pour toute réponse elle ne put qu'exprimer de nouveau le chagrin qui l'accablait : « Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l'a mis. » L'absence du corps, qu'elle pensait être tout ce qui restait sur terre de celui qu'elle aimait si profondément, constituait un deuil personnel. Il y a énormément de pathétique et d'affection dans ces mots : « On a enlevé mon Seigneur. »
Se détournant du tombeau qui, quoiqu'à ce moment-là illuminé par la présence des anges, était pour elle vide et désolé, elle s'avisa de la présence toute proche d'un autre personnage. Elle entendit sa question sympathisante : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Levant à peine son visage baigné de larmes pour regarder celui qui la questionnait, et pensant vaguement qu'il était le jardinier et qu'il savait peut-être ce qu'on avait fait du corps de son Seigneur, elle s'exclama : « Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. » Elle savait que Jésus avait été enterré dans une tombe empruntée ; et si le corps avait été dépossédé de ce lieu de repos, elle était prête à lui en donner un autre. « Dis-moi où tu l'as mis », supplia-t-elle.
C'était à Jésus, son Seigneur bien-aimé, qu'elle parlait, bien qu'elle ne le sût pas. Un mot des lèvres vivantes du Seigneur transforma sa douleur profonde en une joie pleine d'extase. « Jésus lui dit : Marie ! » La voix, le ton, l'accent plein de tendresse qu'elle avait entendus et aimés dans le passé la firent sortir des profondeurs du désespoir dans lesquelles elle était plongée. Elle se retourna et vit le Seigneur. Dans un transport de joie, elle tendit les bras pour l'étreindre, ne prononçant que le mot plein d'affection et d'adoration : « Rabbouni », signifiant mon Maître bien-aimé. Jésus arrêta cette manifestation impulsive d'amour respectueux, en disant : « Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père », et ajoutant : « Mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu, et votre Dieu » (Jean 20:11-17).
C'est
à une femme, à Marie-Madeleine, qu'était fait
l'honneur d'être le premier mortel à voir une âme
ressuscitée, et cette âme était le Seigneur Jésus
(voir Marc 16:9). Ensuite le Seigneur ressuscité se manifesta
à d'autres femmes favorisées, entre autres Marie, mère
de Jude, à Jeanne, et à Salomé, mère des
apôtres Jacques et Jean. Celles-ci et les autres femmes qui les
accompagnaient étaient effrayées de la présence
de l'ange au tombeau et s'étaient éloignées avec
une crainte mêlée de joie.
Elles n'étaient pas là
lorsque Pierre et Jean entrèrent dans le caveau, ni plus tard
lorsque le Seigneur se fit connaître à Marie-Madeleine.
Il se peut qu'elles y soient retournées plus tard, car
certaines d'entre elles semblent être entrées dans le
sépulcre et avoir vu que le corps du Seigneur n'y était
pas. Tandis qu'elles étaient là, pleines de perplexité
et d'étonnement, elles s'aperçurent soudain de la
présence de deux hommes en habits resplendissants ; elles «
baissèrent le visage vers la terre », mais les anges
leur dirent : Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les
morts ? Il n'est pas ici, mais il est ressuscité.
Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé,
lorsqu'il était encore en Galilée et qu'il disait : Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des
pécheurs, qu'il soit crucifié et qu'il ressuscite le
troisième jour. Et elles se souvinrent des paroles de Jésus
» (Luc 24:3-8).
Tandis qu'elles retournaient à la ville pour remettre le message aux disciples, « Jésus vint à leur rencontre et dit : je vous salue. Elles s'approchèrent pour saisir ses pieds et elles l'adorèrent. Alors Jésus leur dit : Soyez sans crainte ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : C'est là qu'ils me verront » (Matthieu 28:9-10).
On
peut se demander pourquoi Jésus avait interdit à
Marie-Madeleine de le toucher pour permettre ensuite si rapidement à
d'autres femmes de lui tenir les pieds tandis qu'elles se
prosternaient devant lui pour l'adorer. Nous pouvons supposer que
l'attitude émotionnelle de Marie avait été
provoquée plus par un sentiment d'affection personnelle
quoique sacrée que par l'impulsion d'une adoration pieuse
comme celle dont faisaient preuve les autres femmes. Bien que le
Christ ressuscité manifestât la même considération
amicale et intime qu'il avait montrée dans son état
mortel envers ceux dont il avait partagé étroitement la
compagnie, il ne faisait plus partie d'eux dans le sens littéral
du terme. Il y avait chez lui une dignité divine qui
interdisait toute familiarité intime de la part de qui que ce
fût.
Le Christ avait dit à Marie-Madeleine : « Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. » Si la deuxième proposition fut ajoutée pour expliquer la première, nous devons en déduire qu'il ne devait être permis à aucune main humaine de toucher le corps ressuscité et immortalisé du Seigneur tant qu'il ne s'était pas présenté au Père. Il semble raisonnable et probable qu'entre la tentative impulsive de Marie de toucher le Seigneur et l'action des autres femmes qui le tinrent par les pieds tout en se prosternant devant lui avec un respect adorateur, le Christ monta vers le Père, et revint plus tard sur terre poursuivre son ministère dans son état ressuscité.
Marie-Madeleine
et les autres femmes racontèrent aux disciples l'histoire
merveilleuse de leurs expériences respectives, mais les frères
ne purent ajouter foi à leurs paroles ; « ces paroles
leur apparurent comme une niaiserie et ils ne crurent pas ces femmes
» (Luc 24:9-11 ; Marc 16:9-13). Après tout ce que le
Christ avait enseigné concernant sa résurrection des
morts le troisième jour, les apôtres étaient
incapables d'accepter la réalité de l'événement
; dans leur esprit, la résurrection était un événement
mystérieux et lointain et non une possibilité actuelle.
Il n'y avait ni précédent ni analogie pour appuyer les histoires que ces femmes racontaient - d'un mort qui serait revenu à la vie, ayant un corps de chair et d'os que l'on pouvait voir et toucher - à part les cas du jeune homme de Naïn, de la fille de Jaïrus et du bien-aimé Lazare de Béthanie ; mais ils voyaient les différences essentielles qui existaient entre ces cas de restitution à un renouveau de vie mortelle et la nouvelle de la résurrection de Jésus. La douleur et le sentiment de perte irréparable qui avaient caractérisé le sabbat de la veille étaient remplacés, en ce premier jour de la semaine, par une perplexité profonde et des doutes en conflit. Mais alors que les apôtres hésitaient à croire que le Christ fût réellement ressuscité, les femmes moins sceptiques, plus confiantes, savaient, car elles l'avaient vu et avaient entendu sa voix, et certaines d'entre elles lui avaient touché les pieds.
Conspiration des chefs religieux (Matthieu 28:11-15)
Lorsque
les gardes romains se furent suffisamment remis de leur effroi pour
quitter précipitamment le tombeau, ils allèrent trouver
les principaux sacrificateurs sous les ordres desquels Pilate les
avaient placés (voir Matthieu 27:65-66) et racontèrent
les événements surnaturels dont ils avaient été
témoins. Les principaux sacrificateurs étaient des
Sadducéens, confession ou parti dont un trait caractéristique
était qu'ils niaient qu'il pût y avoir une résurrection.
On convoqua une session du sanhédrin et on examina le rapport
troublant des gardes. Conservant le même esprit dans lequel ils
avaient essayé de tuer Lazare dans le dessein d'étouffer
l'intérêt populaire pour le miracle de sa résurrection,
ces chefs trompeurs conspirèrent maintenant pour discréditer
la vérité de la résurrection du Christ en
corrompant les soldats pour qu'ils mentissent.
Ils leur ordonnèrent de dire : « Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions » ; et pour ce mensonge, ils leur offrirent de grosses sommes d'argent. Les soldats acceptèrent le pot-de-vin tentant et firent ce qui leur était commandé ; cette attitude leur semblait, en effet, être le meilleur moyen de sortir d'une situation critique. Si on prouvait qu'ils étaient coupables d'avoir dormi à leur poste, ils seraient condamnés à une mort immédiate (voir Actes 12:19) ; mais les Juifs les encouragèrent par la promesse : « Si le gouverneur l'apprend, nous userons de persuasion et nous vous tirerons d'ennui. » Il faut se souvenir que les soldats avaient été mis à la disposition des principaux sacrificateurs, et il est par conséquent probable qu'ils n'étaient pas obligés de rapporter les détails de leurs faits et gestes aux autorités romaines.
L'historien
ajoute qu'à la date où il écrivait, l'histoire
fausse que le corps du Christ avait été volé de
la tombe par les disciples était courante parmi les Juifs. Il
est clair que cette histoire mensongère est absolument
intenable. Si tous les soldats avaient été endormis -
événement extrêmement improbable, étant
donné que pareille négligence était un crime
capital - comment leur aurait-il été possible de savoir
que quelqu'un s'était approché du tombeau ? Et plus
particulièrement, comment pouvaient-ils prouver leur
déclaration, même si elle était vraie, que le
corps avait été volé et que c'était les
disciples qui étaient les pilleurs de tombes ?
Ce récit mensonger avait été inventé par les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple. Cependant le cercle ecclésiastique tout entier n'était pas impliqué. Certains d'entre eux, qui avaient peut-être compté parmi les disciples secrets de Jésus avant sa mort, ne craignirent pas de s'allier ouvertement à l'Église lorsque, grâce aux preuves de la résurrection du Seigneur, ils furent complètement convertis. Nous lisons que peu de mois après seulement, « une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » (Actes 6:7 ; Marc 16:12).
Le Christ marche et parle avec deux disciples (Luc 24:13-32 ; Marc 16:12)
Au
cours de l'après-midi de ce même dimanche, deux
disciples, qui ne faisaient pas partie des apôtres, quittèrent
le petit groupe de croyants de Jérusalem et se mirent en route
pour Emmaüs, village situé à douze ou treize
kilomètres de la ville. Il ne pouvait y avoir qu'un seul sujet
de conversation entre eux, et en ce jour-là, ils conversaient
tout en marchant, citant des incidents de la vie du Seigneur,
s'étendant tout particulièrement sur sa mort qui avait
si tristement détruit leur espoir d'un règne
messianique et s'étonnant profondément du témoignage
incompréhensible des femmes concernant sa réapparition
sous la forme d'une âme vivante.
Tandis qu'ils marchaient,
absorbés dans une conversation triste et profonde, un autre
voyageur se joignit à eux ; c'était le Seigneur Jésus,
« mais leurs yeux étaient empêchés de le
reconnaître ». Avec un intérêt courtois, il
demanda : « Quels sont ces propos que vous échangez en
marchant ? Et ils s'arrêtèrent, l'air attristé. »
L'un des disciples, nommé Cléopas, répondit avec
une surprise teintée de commisération pour l'ignorance
apparente de l'étranger : « Es-tu le seul qui séjourne
à Jérusalem et ne sache pas ce qui s'y est produit ces
jours-ci ? » Voulant obtenir des hommes un énoncé
complet de l'affaire qui les agitait si évidemment, le Christ,
qui n'avait pas été reconnu, demanda : « Quoi ? »
Ils ne pouvaient que répondre. « Ce qui s'est produit au
sujet de Jésus de Nazareth », expliquèrent-ils, «
qui était un prophète puissant en œuvres et en
paroles devant Dieu et devant tout le peuple, et comment nos
principaux sacrificateurs et nos chefs l'ont livré pour être
condamné à mort et l'ont crucifié. » Avec
tristesse ils continuèrent à lui raconter comment ils
avaient espéré que Jésus maintenant crucifié
se serait révélé être le Messie envoyé
pour racheter Israël ; mais hélas ! Il y avait trois
jours qu'il avait été mis à mort.
Puis, malgré leur perplexité, leur visage s'éclaira et ils parlèrent de certaines femmes de leur groupe qui les avaient étonnés ce matin-là en disant qu'elles s'étaient rendues au sépulcre au petit matin et avaient découvert que le corps du Seigneur n'y était pas ; des anges leur étaient apparus et leur avaient annoncés qu'il était vivant ». En outre, d'autres que les femmes étaient allés au tombeau et avaient constaté que le corps était absent mais n'avaient pas vu le Seigneur.
Alors
Jésus, réprimandant doucement ses compagnons de voyage,
les traitant d'hommes sans intelligence et lents de cœur, parce
qu'ils hésitaient à accepter ce que les prophètes
avaient dit, demanda d'une manière impressionnante : «
Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa
gloire ? » Commençant par les prédictions
inspirées de Moïse, il leur expliqua les Écritures,
s'attachant à toutes les paroles prophétiques relatives
à la mission du Sauveur. Ayant continué la route avec
les deux hommes jusqu'à leur destination, Jésus «
parut vouloir aller plus loin », mais ils l'exhortèrent
à demeurer avec eux, car le jour était déjà
avancé.
Il accepta leur invitation hospitalière ; il
entra même dans la maison et s'assit avec eux à table,
dès que leur simple repas fut préparé. Étant
l'invité d'honneur, il « prit le pain, dit la
bénédiction ; puis il le rompit et le leur donna ».
Peut-être y eut-il quelque chose dans la ferveur de la
bénédiction ou dans la manière de rompre et de
distribuer le pain qui raviva le souvenir des jours passés, ou
peut-être aperçurent-ils les mains percées ; mais
quelle qu'ait pu en être la cause immédiate, ils
regardèrent intensément leur invité, «
leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de
devant eux ».
Pleins d'un étonnement joyeux, ils se levèrent de table, surpris de ne pas l'avoir reconnu plus tôt. L'un dit à l'autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ? » Sur-le-champ ils revinrent sur leurs pas et se hâtèrent de rentrer à Jérusalem pour confirmer par leur témoignage ce que les frères avaient été auparavant lents à croire.
Le Seigneur ressuscité apparaît aux disciples à Jérusalem et mange en leur présence (Luc 24:33-48 ; Jean 20:19-23)
Lorsque
Cléopas et son compagnon parvinrent à Jérusalem
cette nuit-là, ils trouvèrent les apôtres et les
autres croyants dévots assemblés en conversation
solennelle et pieuse derrière des portes fermées. On
avait pris la précaution de faire tout en secret à
cause de la « crainte qu'ils avaient des Juifs ». Même
les apôtres avaient été dispersés par
l'arrestation, le procès et le meurtre judiciaire de leur
Maître ; cependant les disciples et eux s'étaient de
nouveau réunis à la nouvelle de sa résurrection,
noyau d'une armée qui allait bientôt balayer le monde.
À leur retour, les deux disciples furent reçus par la joyeuse nouvelle : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon. » C'est la seule allusion des évangélistes à l'apparition personnelle que le Christ accorda ce jour-là à Simon Pierre. L'entrevue entre le Seigneur et son apôtre jadis renégat mais maintenant repentant dut être pénible. La pénitence pleine de remords que Pierre avait manifestée pour son reniement du Christ dans le palais du souverain sacrificateur était profonde et pitoyable ; peut-être doutait-il que le Maître pût jamais l'appeler encore son serviteur.
Mais le message du tombeau que les femmes apportèrent dans lequel le Seigneur envoyait ses salutations aux apôtres qu'il désignait pour la première fois comme ses frères (Matthieu 28:10 ; Jean 20:17), titre honorable et affectueux dont Pierre n'avait pas été exclu, avait dû faire naître de l'espoir en lui ; en outre, dans la mission dont ils avaient chargé les femmes, les anges avaient mis Pierre en avant en le citant tout particulièrement (Marc 16:7). Le Seigneur alla trouver Pierre repentant pour lui apporter, nous n'en doutons pas, le pardon et le rassurer avec amour. L'apôtre lui-même conserve un silence respectueux au sujet de cette visite. Toutefois Paul en parle lorsqu'il cite les preuves incontestables de la résurrection du Seigneur (1 Corinthiens 5:5).
Après
le témoignage réjoui des croyants assemblés,
Cléopas et son compagnon de voyage racontèrent qu'ils
avaient voyagé en compagnie du Seigneur sur la route d'Emmaüs
et parlèrent de ce qu'il leur avait enseigné et de la
manière dont il s'était révélé à
eux lorsqu'il rompit le pain. Tandis que le petit groupe conversait,
« lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit
: Que la paix soit avec vous ! » Ils furent terrifiés,
pensant avec une crainte superstitieuse qu'un esprit s'était
introduit parmi eux. Mais le Seigneur les rassura, disant : «
Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi ces
raisonnements s'élèvent-ils dans vos cœurs ?
Voyez mes mains et mes pieds, c'est bien moi ; touchez-moi et voyez ;
un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. »
Puis il leur montra les blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté. « Dans leur joie, ils ne croyaient pas encore », ce qui veut dire qu'ils pensaient que la réalité, dont ils étaient tous témoins, était trop belle, trop merveilleuse pour être vraie. Pour leur assurer encore davantage qu'il n'était pas une ombre ni un être immatériel d'une substance intangible, mais une personne vivante avec des organes corporels internes aussi bien qu'externes, il demanda : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé et d'autres aliments, qu'il prit et mangea devant eux.
Ces preuves indubitables de la matérialité de leur visiteur calma et ramena à la raison les disciples ; maintenant qu'ils s'étaient repris et étaient réceptifs, le Seigneur leur rappela que tout ce qui lui était arrivé était conforme à ce qu'il leur avait dit tandis qu'il vivait parmi eux. En sa présence divine, leur compréhension fut vivifiée et augmentée, et ils comprirent les Écritures comme jamais auparavant - la loi de Moïse, les livres des prophètes et les psaumes - en ce qui le concernait. Il attesta aussi pleinement qu'il l'avait prédit et affirmé précédemment, que sa mort maintenant accomplie, était nécessaire. Puis il leur dit : « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour et que la repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les nations à commencer par Jérusalem. Vous en êtes témoins. »
Alors les disciples se réjouirent. Comme il était sur le point de s'en aller, le Seigneur leur donna sa bénédiction, disant : « Que la paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ce détail montre directement que les apôtres étaient envoyés par l'autorité. « Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jean 20:21-23)
Thomas incrédule (Jean 20:24-29 ; Marc 16:14)
Lorsque le Seigneur Jésus apparut au milieu des disciples le soir du dimanche de la résurrection, l'un des apôtres, Thomas, était absent. Il fut informé de ce dont les autres avaient été témoins mais ne fut pas convaincu ; même leur témoignage solennel : « Nous avons vu le Seigneur », ne put éveiller le moindre écho de foi en son cœur. Dans son scepticisme il s'exclama : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, si je ne mets mon doigt à la place des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. »
Notre
jugement doit être tempéré de prudence et de
charité dans toute conclusion que nous pourrions tirer quant à
l'attitude incrédule de cet homme. Il ne pouvait guère
douter du fait bien prouvé que le sépulcre était
vide, ni de la sincérité de Marie-Madeleine et des
autres femmes à propos de la présence d'anges et de
l'apparition du Seigneur, ni du témoignage de Pierre, ni de
celui du groupe assemblé ; mais il se peut qu'il ait considéré
les manifestations qui lui étaient rapportées comme une
série de visions subjectives ; peut-être a-t-il
considéré l'absence du corps du Seigneur comme un
résultat de la résurrection surnaturelle du Christ
suivie d'un départ corporel et final de la terre.
C'était en ce qui concernait la manifestation corporelle du Seigneur ressuscité, l'exhibition des blessures provoquées par la crucifixion, l'invitation à toucher et à sentir le corps ressuscité de chair et d'os que Thomas soulevait des objections. Sa conception de la résurrection n'était pas définie au point de lui permettre d'accepter littéralement le témoignage de ses frères et sœurs qui avaient vu, entendu et touché.
Une semaine plus tard, car c'est ainsi qu'il faut comprendre le terme juif « huit jours après », par conséquent le dimanche suivant, jour de la semaine que l'on appela plus tard dans l'Église le « jour du Seigneur » et qu'elle observa comme jour du sabbat au lieu du samedi, sabbat mosaïque (voir Apocalypse 1:10 ; Actes 20:7 ; 1 Corinthiens 16:2), les disciples étaient de nouveau assemblés et Thomas se trouvait avec eux. La réunion se tenait derrière des portes fermées et probablement gardées, car il y avait risque d'immixtion des policiers juifs. « Jésus vint, les portes étant fermées, et debout au milieu d'eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, regarde mes mains, avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois ! »
L'esprit sceptique de Thomas fut instantanément libéré, son cœur rempli de doute fut purifié, et la conviction de la vérité glorieuse envahit son âme. Avec un respect empreint de contrition, il se prosterna devant son Sauveur en s'exclamant en des termes qui reconnaissaient avec adoration la Divinité du Christ : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Son adoration fut acceptée, et le Sauveur dit : « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu et ont cru ! »
Près de la mer de Tibériade (Jean 21:1-23)
L'ange du tombeau et le Christ ressuscité lui même avaient chacun fait savoir aux apôtres qu'ils devaient aller en Galilée, où le Seigneur les rencontrerait comme il l'avait dit avant sa mort (voir Matthieu 28:10 ; 26:32 ; Marc 16:7 ; 14:28). Ils retardèrent leur départ jusqu'après la semaine qui suivit la résurrection, et une fois de retour dans leur province natale, ils attendirent la suite des événements. L'après-midi d'une de ces journées d'attente, Pierre dit à six des apôtres : « Je vais pêcher » ; et les autres répondirent : « Nous allons, nous aussi, avec toi. » Ils embarquèrent sans retard dans un bateau de pêche. Ils travaillèrent toute la nuit, mais, après chaque lancer, ils remontèrent le filet vide à bord. Comme le matin approchait, ils se dirigèrent vers la rive, déçus et découragés.
Dans
les premières lueurs de l'aube, ils furent interpellés
du rivage par quelqu'un qui demandait : « Enfants [Le terme «
enfants » dans une interpellation équivaut à nos
formules modernes « messieurs », ou « mes amis ».
C'était un terme tout à fait courant], n'avez-vous rien
à manger ? » Ils répondirent : « Non. »
C'était Jésus qui posait la question, mais aucun de
ceux qui étaient dans le bateau ne le reconnut.
Il s'adressa de nouveau à eux, disant : « Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc ; et ils n'étaient plus capables de le retirer, à cause de la grande quantité de poissons. » Ils firent comme il leur était demandé et le résultat, surprenant, leur parut miraculeux ; cela dut éveiller en eux le souvenir de cette autre pêche remarquable où leur adresse de pêcheurs avait été dépassée ; et au minimum trois témoins de l'autre miracle se trouvaient maintenant dans le bateau (voir Luc 5:4-10).
Jean, dont le discernement était rapide, dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! » et Pierre, impulsif comme toujours, noua hâtivement son vêtement de pêcheur autour de lui et se jeta dans la mer, pour parvenir plus rapidement à terre et se prosterner aux pieds de son Maître. Les autres quittèrent le bateau et entrèrent dans une petite barque qu'ils ramenèrent jusqu'au rivage, traînant le filet lourdement chargé. À terre, ils virent un feu sur lequel cuisaient des poissons et, à côté, des pains. Jésus leur dit d'amener quelques-uns des poissons qu'ils venaient de prendre. Le fidèle Pierre obéit en se précipitant dans l'eau peu profonde et en tirant le filet sur la terre ferme. Après avoir compté, on s'aperçut que la prise se composait de cent cinquante-trois grands poissons, et le narrateur prend soin de noter que « quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas ».
Alors
Jésus dit : « Venez mangez » ; étant l'hôte
du repas, il rompit et distribua le pain et les poissons. On ne nous
dit pas qu'il mangea avec ses invités. Chacun savait que
c'était le Seigneur qui servait avec tant d'hospitalité
; cependant, en cette occasion, comme en toutes les autres occasions
où il apparut dans son état ressuscité, il y
avait chez lui quelque chose d'impressionnant et d'intimidant. Ils
auraient aimé le questionner mais ne l'osaient point.
Jean nous dit que c'était « Ia troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples, depuis qu'il était ressuscité d'entre les morts » ; nous devons comprendre par là que c'était la troisième fois que le Christ se manifestait aux apôtres assemblés au complet ou en partie ; en effet, si l'on compte également l'apparition à Marie-Madeleine, aux autres femmes, à Pierre et aux disciples sur le chemin de campagne, c'était la septième apparition du Seigneur ressuscité qui nous soit rapportée.
Lorsque
le repas fut terminé, « Jésus dit à Simon
Pierre : Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que (ne le font)
ceux-ci ? » Cette question, si tendrement qu'elle ait été
posée, dut percer le cœur de Pierre, puisqu'elle
suscitait le souvenir de sa protestation hardie mais indigne de
confiance : « Quand tu serais pour tous une occasion de chute,
tu ne le seras jamais pour moi » (Matthieu 26:33 ; Marc 14:29 ;
Luc 22:33 ; Jean 13:37), après laquelle il avait nié
avoir jamais connu cet homme (voir Matthieu 26:70, 72, 74).
À la question du Seigneur, Pierre répondit humblement : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. » Jésus lui dit : « Prends soin de mes agneaux ! » La question fut répétée, et Pierre répliqua en employant des termes identiques, à quoi le Seigneur répondit : « Sois le berger de mes brebis. » Une troisième fois Jésus demanda : « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ? » Pierre fut peiné et attristé de cette répétition, pensant peut-être que le Seigneur n'avait pas confiance en lui ; mais de même qu'il avait renié trois fois, de même il avait maintenant l'occasion de faire une triple confession. À la question répétée trois fois, Pierre répondit : « Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Prends soin de mes brebis. »
Le commandement « Prends soin de mes brebis » l'assurait que le Seigneur avait confiance en lui et qu'il était réellement le président des apôtres. Il s'était formellement déclaré prêt à suivre son Maître jusqu'en prison et dans la mort. Maintenant, le Seigneur qui était mort, lui dit : « En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu attachais toi-même ton vêtement et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te l'attachera et te mènera où tu ne voudras pas. » Jean nous informe que le Seigneur parlait ainsi de la mort par laquelle Pierre prendrait sa place parmi les martyrs ; l'analogie indique la crucifixion, et l'histoire traditionnelle affirme sans aucune contradiction que ce fut la mort par laquelle Pierre scella son témoignage du Christ.
Le Seigneur dit alors à Pierre : « Suis moi. » Ce commandement avait un sens à la fois immédiat et futur. L'homme suivit Jésus sur la rive tandis qu'il s'éloignait des autres ; dans quelques années, Pierre suivrait son Seigneur sur la croix. Il ne fait aucun doute que Pierre comprit l'allusion à son martyre, comme le montrent ses écrits, des années plus tard (voir 2 Pierre 1:14). Tandis que le Christ et Pierre marchaient ensemble, ce dernier, regardant derrière lui, vit que Jean suivait, et demanda : « Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? « Pierre voulait avoir un aperçu du sort de son compagnon : Jean allait-il mourir, lui aussi, pour la foi ? Le Seigneur répliqua : « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi. » C'était un avertissement à Pierre qu'il devait s'occuper de son propre devoir et suivre le maître où que la route le conduisît.
Pour ce qui le concernait personnellement, Jean ajoute : « Là-dessus le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Pourtant, Jésus ne lui avait pas dit qu'il ne mourrait pas, mais : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? » Les révélations ultérieures attestent que Jean continue à vivre dans son corps et demeurera dans la chair jusqu'à l'avènement encore futur du Seigneur (voir D&A 7 ; 3 Néphi 28:1-12). De concert avec Pierre et Jacques, ses compagnons martyrisés et ressuscités, le « disciple que Jésus aimait » a rétabli le saint apostolat à notre époque.
Autres manifestations du Seigneur ressuscité en Galilée (Matthieu 28:16-18)
Jésus avait désigné une montagne de Galilée sur laquelle il rencontrerait les apôtres ; c'est là que les Onze se rendirent. Lorsqu'ils le virent à l'endroit fixé, ils l'adorèrent. Le document ajoute « mais quelques-uns eurent des doutes », ce qui peut sous-entendre qu'il y avait là d'autres personnes que les apôtres, parmi lesquelles s'en trouvaient quelques-unes qui n'étaient pas convaincues que le Christ ressuscité avait vraiment un corps. Il se peut que ce soit de cette occasion que Paul a parlé un quart de siècle plus tard, au sujet de laquelle il affirme que le Christ « a été vu par plus de cinq cents frères à la fois » (1 Corinthiens 15:6), dont certains étaient morts, mais dont la majorité étaient encore en vie à l'époque où Paul écrivait, témoins vivants de son témoignage.
Aux personnes qui étaient assemblées sur la montagne, Jésus déclara : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. » C'était rien moins que l'affirmation de sa Divinité absolue. Son autorité était suprême, et ceux qui étaient chargés de mission par lui devaient agir en son nom et en vertu d'un pouvoir que nul ne pouvait donner ou enlever.
Le dernier appel et l'Ascension
Pendant les quarante jours qui suivirent sa résurrection, le Seigneur se manifesta aux apôtres à intervalles, dans certains cas à des personnes isolées, dans d'autres à tous à la fois, et les instruisit « de ce qui concerne le royaume de Dieu » (Actes 1:3). Le récit ne précise pas toujours le moment et le lieu des événements ; mais il n'y a aucune possibilité de douter de l'importance des enseignements que le Seigneur donna pendant cette période. Une grande partie des choses qu'il dit et fit n'est pas écrite (voir Jean 20:30 ; 21:25), mais celles qui sont écrites, assure Jean à ses lecteurs « l'ont été afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jean 20:31).
Comme
le moment de son ascension approchait, le Seigneur dit aux apôtres
: « Allez dans le monde entier et prêchez la bonne
nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui
sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas
sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui
auront cru : En mon nom, ils chasseront les démons ; ils
parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils
boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils
imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris »
(Marc 16:15-18).
En contraste avec leur mission précédente, dans laquelle ils étaient envoyés uniquement « vers les brebis perdues de la maison d'Israël » (Matthieu 10:5-6), ils devaient maintenant aller vers le Juif et le Gentil, l'esclave et l'homme libre, l'humanité en général, quels que fussent la nation, le pays ou la langue. Le salut par la foi au Seigneur Jésus-Christ suivie du repentir et du baptême devait être offert librement à tous ; dorénavant quiconque rejetterait l'offre tomberait sous la condamnation. Il promit que des signes et des miracles « accompagneront ceux qui auront cru », confirmant ainsi leur foi en la puissance divine, mais rien ne leur permit de croire que ces manifestations devaient précéder la foi pour appâter le chercheur de miracles crédule.
Assurant de nouveau aux apôtres que la promesse du Père se réaliserait par la venue du Saint-Esprit, le Seigneur leur ordonna de rester à Jérusalem, où ils étaient maintenant retournés de Galilée, jusqu'à ce qu'ils fussent « revêtus de la puissance d'en haut » (Luc 24:49) ; et il ajouta : « Car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés d'Esprit Saint » (Actes 1:5 ; voir Luc 24:49 ; Jean 14:16-17, 26 ; 15:26 ; 16:7, 13).
Dans
cette entrevue solennelle, probablement alors que le Sauveur
ressuscité conduisait les Onze mortels de la ville vers leur
vieil endroit favori sur le mont des Oliviers, les frères,
encore imbus de leur conception que le royaume de Dieu devait être
l'établissement d'un pouvoir et d'une domination terrestres,
lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu
rétabliras le royaume pour Israël ? » Jésus
répondit : « Ce n'est pas à vous de connaître
les temps ou les moments que le Père a fixés de sa
propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, celle du
Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et
jusqu'aux extrémités de la terre » (Actes 1:7-8 ;
voir Matthieu 24:36 ; Marc 13:32).
Leur devoir fut défini et souligné de la manière suivante : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28:19-20).
Lorsque le Christ et les disciples furent allés « jusque vers Béthanie », le Seigneur leva les mains et les bénit ; et tandis qu'il parlait encore, il s'éleva du milieu d'eux, et ils le regardèrent tandis qu'il montait jusqu'à ce qu'une nuée le dérobât à leur vue. Tandis que les apôtres avaient les regards fixés vers le ciel, deux personnages vêtus de blanc apparurent à leur côté ; ils s'adressèrent aux Onze, disant : « Vous Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière dont vous l'avez vu aller au ciel » (Actes 1:19-11 ; voir aussi Luc 24:50-51).
Pleins
d'adoration et animés d'une grande joie, les apôtres
retournèrent à Jérusalem pour y attendre la
venue du Consolateur. L'ascension du Seigneur était chose
accomplie ; son départ avait été aussi
réellement le départ littéral d'un être
matériel que sa résurrection avait été le
retour véritable de son esprit dans son corps de chair,
jusqu'alors mort. Le monde avait reçu et a encore la promesse
merveilleuse que Jésus le Christ, l'être qui s'éleva
du mont des Oliviers dans son corps immortalisé de chair et
d'os reviendra, descendant des cieux dans une forme et une substance
matérielles semblables.
Considérations supplémentaires
Le
moment précis et la manière exacte dont le Christ
sortit du tombeau sont inconnus
Notre
Seigneur prédit nettement sa résurrection d'entre les
morts le troisième jour (Mt 16:21, 17:23, 20:19, Mc 9:31,
10:34, Le 9:22, 13:32, 18:33), et les anges au tombeau (Lc 24:7) et
le Seigneur ressuscité en personne (Lc 24:46) confirmèrent
l'accomplissement des prophéties ; en outre, des apôtres
témoignèrent dans ce sens au cours d'années
ultérieures (Ac 10:40, 1 Co 15:4). Il ne faut pas déduire
que le troisième jour spécifié veut dire la fin
de trois jours complets. Les Juifs commençaient à
calculer les heures quotidiennes au coucher du soleil ; par
conséquent l'heure précédant le coucher du
soleil et l'heure suivante appartenaient à des jours
différents.
Le Christ mourut et fut enterré le vendredi après-midi. Son corps demeura au tombeau, mort, pendant une partie du vendredi (premier jour), tout le samedi, ou selon notre manière de diviser les jours, du vendredi au coucher du soleil au samedi au coucher du soleil (deuxième jour), et une partie du dimanche (troisième jour). Nous ne savons pas à quelle heure entre le samedi au coucher du soleil et dimanche à l'aube il ressuscita.
Le
fait qu'un tremblement de terre se produisit et que l'ange du
Seigneur descendit et roula la pierre de devant l'entrée du
tombeau à l'aube du dimanche - c'est en effet ce que nous
pouvons déduire de Matthieu 28:1, 2 - ne prouve pas que le
Christ n'était pas déjà ressuscité. La
grande pierre fut déplacée et l'intérieur du
sépulcre exposé au regard, de sorte que ceux qui
viendraient pourraient voir par eux-mêmes que le corps du
Seigneur n'était plus là ; il n'était pas
nécessaire d'ouvrir l'entrée pour permettre au Christ
ressuscité de sortir. Dans son état immortalisé,
il apparaissait et disparaissait de pièces fermées.
Un
corps ressuscité, bien que d'une substance tangible et
possédant tous les organes du tabernacle mortel, n'est pas lié
à la terre par la gravitation ni ne peut être freiné
dans ses mouvements par des barrières matérielles. Pour
nous qui ne pouvons concevoir le mouvement que dans les sens imposés
par les trois dimensions de l'espace, le fait qu'un solide, tel qu'un
corps vivant de chair et d'os, puisse traverser les murs de pierre
est nécessairement incompréhensible. Cependant, il est
prouvé, non seulement par l'exemple du Christ ressuscité
mais par les mouvements d'autres personnages ressuscités, que
les êtres ressuscités se déplacent en vertu de
lois qui permettent pareil passage et qui sont naturelles pour eux.
C'est ainsi qu'en septembre 1823, Moroni, le prophète néphite qui était mort vers 400 après J.-C., apparut à trois reprises en une seule nuit, à Joseph Smith dans sa chambre, allant et venant sans être gêné par les murs ni le toit (voir Joseph Smith, Histoire, 43 ainsi que les Articles de foi, p. 13, 14). Moroni était un homme ressuscité comme en témoigne son état corporel, lequel se manifesta lorsqu'il manipula les plaques métalliques sur lesquelles était inscrit le document que nous appelons le Livre de Mormon. De même les êtres ressuscités peuvent se rendre visibles et invisibles aux yeux des mortels.
Les
tentatives de discréditer la résurrection par le
mensonge
Nous
avons suffisamment traité dans le texte l'affirmation absurde
que le Christ n'était pas ressuscité mais que son corps
avait été volé du tombeau par les disciples. Le
mensonge constitue sa propre réfutation. Les incrédules
d'une époque ultérieure, reconnaissant l'absurdité
évidente de cette tentative grossière de déformer
les faits, n'ont pas hésité à proposer d'autres
hypothèses, dont chacune est intenable, cela a été
prouvé d'une manière concluante. Ainsi la théorie
basée sur la supposition invraisemblable que le Christ n'était
pas mort lorsqu'on le descendit de la croix mais se trouvait dans un
état de coma ou de syncope et qu'on le ranima plus tard, se
réfute d'elle-même lorsqu'on l'examine à la
lumière des faits dont nous disposons.
Le coup de lance du
soldat romain aurait été fatal, même si la mort
ne s'était pas déjà produite. Le corps fut
descendu, manipulé, enveloppé d'un linceul et enseveli
par des membres du sanhédrin juif, dont on ne peut concevoir
qu'ils aient pu participer à l'ensevelissement d'un homme
vivant ; et pour ce qui est de la possibilité que Jésus
ait pu être ranimé plus tard, Edersheim (vol. 2, p. 626)
tranche la question comme suit : « Pour ne pas parler des
nombreuses absurdités que cette théorie entraîne,
en réalité elle transfère - si nous acquittons
les disciples de toute complicité - l'imposture sur le Christ
lui-même. » Une personne crucifiée, descendue de
croix avant sa mort et ranimée ultérieurement, aurait
été incapable de marcher les pieds percés et
mutilés le jour de son retour à la vie, comme Jésus
le fit sur la route d'Emmaüs.
Une autre théorie qui a eu son temps est que ceux qui affirmèrent avoir vu le Christ ressuscité furent trompés sans le savoir, ayant été victimes de visions subjectives mais irréelles provoquées par leur état d'excitation et d'imagination. L'indépendance et l'individualité marquées des diverses apparitions du Seigneur qui sont parvenues jusqu'à nous réfutent la théorie de la vision. Les illusions visuelles subjectives du genre de celles que propose cette hypothèse présupposent un état d'attente de la part de ceux qui pensent qu'ils voient ; mais tous les incidents relatifs aux manifestations de Jésus après sa résurrection étaient directement opposés à l'attente de ceux qui furent les témoins de son état ressuscité.
Nous citons ces théories fausses et intenables concernant la résurrection de notre Seigneur comme exemples des nombreuses tentatives manquées pour nier par le raisonnement le plus grand miracle et le fait le plus merveilleux de l'histoire. Nous avons des preuves plus concluantes pour attester la résurrection de Jésus-Christ que nous n'en avons pour les événements historiques en général que nous acceptons. Et cependant, le témoignage de la résurrection de notre Seigneur n'est pas basé sur des pages écrites. Celui qui cherche avec sincérité et foi recevra une conviction personnelle qui lui permettra de confesser pieusement comme l'apôtre éclairé d'autrefois : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Jésus, qui est dieu le Fils, n'est pas mort. « Je sais que mon Rédempteur est vivant » (Job 19:25).
Références scripturaires
Apparitions du Christ signalées entre sa résurrection et son ascension
1. À Marie-Madeleine, près du sépulcre (Mc 16:9, 10 ; Jn 20:14).
2. À d'autres femmes, quelque part entre le sépulcre et Jérusalem (Mt 28:9).
3. À deux disciples sur la route d'Emmaüs (Mc 16:12, Lc 24:13).
4. À Pierre, à ou près de Jérusalem (Lc 24:34, 1 Co 15:5).
5. À dix des apôtres et à d'autres à Jérusalem (Lc 24:36, Jn 20:19).
6. Aux onze apôtres à Jérusalem (Mc 16:14, Jn 20:26).
7. Aux apôtres à la mer de Tibériade, en Galilée (Jn 21).
8. Aux onze apôtres sur une montagne de Galilée (Mt 28:16).
9. À cinq cents frères à la fois (1 Co 15:6) ; endroit non précisé mais probablement en Galilée.
10. À Jacques (1 Co 15:7). Notez que les évangiles ne parlent pas de cette manifestation.
11. Aux onze apôtres au moment de l'ascension, au mont des Oliviers, près de Béthanie (Mc 16:19, Lc 24:50, 51).
12.
Les autres occasions où le Seigneur se manifesta aux hommes
après son ascension.
James E. Talmage, Jésus le Christ, 1915, chapitre 37