La première et la seconde
résurrections
Joseph
Fielding Smith
Nul ne devrait se demander si des hommes peuvent ou
non ressusciter. Cela a été fait. Cela se fera. Le
Seigneur rendra à chaque âme son corps dans la
résurrection ; l'esprit et le corps seront inséparablement
réunis pour ne plus jamais être divisés,
conformément aux plans de notre Père céleste.
Le
Seigneur pensait littéralement ce qu'il disait lorsqu'il
déclara que les morts entendraient
sa
voix et se lèveraient, que ceux qui auraient fait le bien
ressusciteraient pour la vie et que ceux qui auraient fait le mal
ressusciteraient pour la damnation (Jean 5:24-29, version du roi
Jacques).
La
résurrection sera accordée à tous les hommes,
car ils ne sont pas responsables de la mort. Le Seigneur ne les
châtiera pas pour la transgression d'Adam (voir 1 Corinthiens
15:22). Par conséquent, il a pris sur lui les péchés
de toute l'humanité, racheté toute la création
de la mort et accordé à chacun d'entre nous la
résurrection, mais pas la vie éternelle, pas le salut
total, pas l'existence en la présence de son Père dans
le royaume céleste. Ceci est le résultat de la
fidélité, de la diligence, de la persévérance
de notre part et parce que nous aurons cru, accepté et
respecté les commandements du Seigneur (voir D&A 18:10-12
; 29:43-44).
Bien
qu'il y ait eu une résurrection générale des
justes au moment où le Christ ressuscita des morts, nous
considérons habituellement la résurrection des justes
lors du second avènement du Christ comme étant la
première résurrection. C'est la première pour
nous. Le Seigneur a promis qu'au moment de son second avènement,
les tombeaux s'ouvriraient et les justes se lèveraient pour
régner avec lui sur la terre pendant mille ans.
Dans
l'Apocalypse, Jean écrit à leur sujet :
«
Et je vis des trônes ; et à ceux qui s'y assirent fut
donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux
qui avaient été décapités à cause
du témoignage de Jésus et à cause de la parole
de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni
son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front
et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent
avec Christ pendant mille ans.
«
Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu'à ce
que les mille ans fussent accomplis. C'est la première
résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la
première résurrection ! La seconde mort n'a point de
pouvoir sur eux ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de
Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. »
(Apocalypse 20:4-6)
Dans
la révélation moderne donnée à l'Église,
le Seigneur en a révélé davantage à
propos de ce glorieux événement. Il y aura au moins
deux catégories qui auront la bénédiction de
ressusciter
à ce moment-là : premièrement ceux qui «
demeureront pour toujours et à jamais dans la présence
de Dieu et de son Christ » (D&A 76:62) ; et deuxièmement
les hommes honorables, ceux qui appartiennent au royaume terrestre
ainsi que ceux du royaume céleste.
Au
moment de la venue du Christ, « ceux qui auront dormi dans
leurs tombeaux sortiront, car leurs tombeaux seront ouverts ; et ils
seront, eux aussi, enlevés à sa rencontre au milieu de
la colonne du ciel — ils sont au Christ, les prémices,
ceux qui descendront avec lui les premiers, et ceux qui, sur terre et
dans leurs tombeaux, seront les premiers enlevés à sa
rencontre ; et tout cela par la voix de la trompette de l'ange de
Dieu. » (D&A 88:97-98)
Ce
sont les justes « dont le nom est écrit dans les cieux,
où Dieu et le Christ sont les juges de tous. Ce sont les
justes rendus parfaits par l'intermédiaire de Jésus, le
médiateur de la nouvelle alliance, qui accomplit cette
expiation parfaite par l'effusion de son propre sang. » (D&A
76:68-69)
Après
ce grand événement, et lorsque le Seigneur et les
justes qui sont enlevés à sa rencontre seront descendus
sur la terre, se produira une autre résurrection. On peut la
considérer comme faisant partie de la première, bien
qu'elle se produise plus tard. Dans cette résurrection se
lèveront ceux de l'ordre terrestre, qui n'ont pas été
dignes d'être enlevés à sa rencontre, mais qui
sont dignes de venir jouir du règne millénaire.
Il
est écrit qu'un autre ange sonnera, ce qui est la deuxième
trompette : « Alors vient la rédemption de ceux qui
appartiennent au Christ à sa venue, qui ont reçu leur
part dans cette prison qui est préparée pour eux, afin
qu'ils reçoivent l'Évangile et soient jugés
selon les hommes dans la chair. » (D&A 88:99)
Cette
autre catégorie, qui aura aussi le droit à la première
résurrection, est composée de ceux qui ne sont pas
membres de l'Église du Premier-né, mais qui ont mené
une vie honorable tout en refusant d'accepter la plénitude de
l'Evangile.
Dans
cette catégorie, se trouveront aussi ceux qui sont morts sans
loi et par conséquent ne sont pas sous la condamnation pour
avoir violé les commandements du Seigneur. Il leur est promis
dans les termes suivants qu'ils seront rachetés de la mort : «
Alors les nations païennes seront rachetées et ceux qui
n'ont pas connu de loi auront part à la première
résurrection ; et elle sera supportable pour eux » (D&A
45:54). Eux aussi goûteront à la miséricorde du
Seigneur, leur esprit et leur corps seront réunis
inséparablement, devenant ainsi immortels, mais pas avec la
plénitude de la gloire de Dieu.
Tous
les menteurs, sorciers et adultères et tous ceux qui aiment et
pratiquent le mensonge ne ressusciteront pas à ce moment-là
mais seront précipités pendant mille ans en enfer où
ils subiront la colère de Dieu jusqu'à ce qu'ils aient
payé le prix de leurs péchés, si c'est possible,
par les choses qu'ils souffriront.
Ce
sont « les esprits des hommes qui doivent être jugés
et se trouvent être sous la condamnation. Ceux-là sont
le reste des morts ; et ils ne revivront pas avant que les mille ans
soient passés, et pas avant la fin de la terre » (D&A
88:100-101).
Ce
sont les multitudes du monde téleste qui sont condamnées
à subir « la colère de Dieu sur terre » et
qui sont « précipitées en enfer et qui subissent
la colère du Dieu tout-puissant, jusqu'à la plénitude
des temps quand le Christ aura mis tous ses ennemis sous ses pieds et
aura parachevé son oeuvre » (D&A 76:104-106).
Ceux-ci
ne vivent pas pendant le règne millénaire, mais passent
ce temps-là dans le tourment ou l'angoisse d'âme à
cause de leurs transgressions. Le Christ a dit qu'il a souffert pour
tous ceux qui se repentiraient, mais sa colère est allumée
contre ceux qui ne veulent pas se repentir, et ils doivent souffrir,
« et tu ne sais pas combien [ces souffrances] sont cruelles, tu
ne sais pas combien elles sont extrêmes, oui, tu ne sais pas
combien elles sont intolérâbles. Car voici, moi, Dieu,
j'ai souffert cela pour tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se
repentent. Mais s'ils ne veulent pas se repentir, ils doivent
souffrir tout comme moi. Et ces souffrances m'ont fait trembler de
douleur, moi Dieu, le plus grand de tous, et elles m'ont fait saigner
à chaque pore, m'ont torturé à la fois le corps
et l'esprit » (D&A 19:15-18).
Cette
souffrance sera un moyen de purification et, grâce à
elle, les méchants seront amenés à un état
de grâce auquel ils pourront, par la rédemption de
Jésus-Christ, obtenir l'immortalité. Leur esprit et
leur corps seront de nouveau unis et ils demeureront dans le royaume
téleste. Mais cette résurrection ne se produira qu'à
la fin du monde.
Paul
dit : « Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à
celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit
toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il
faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les
ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit,
c'est la mort. » (1 Corinthiens 15:24-26)
La
victoire de Jésus-Christ ne sera complète que quand la
mort aura été détruite, et la mort ne sera
détruite que lorsque tous les êtres vivants affectés
par la chute auront été rachetés de la mort par
la résurrection. Ceci n'assure évidemment pas une place
dans le royaume de Dieu à ceux qui ont mené une vie de
méchanceté. S'ils paient le prix de leurs péchés
et obtiennent la résurrection, néanmoins ils iront «
dans leur propre lieu pour jouir de ce qu'ils sont disposés à
recevoir, parce qu'ils n'étaient pas disposés à
jouir de ce qu'ils auraient pu recevoir » (D&A 88:32).
Ils
ne goûtent pas à la vie éternelle ni au salut en
la présence de Dieu, mais sont éfernellement exclus de
sa présence. Néanmoins, dans son infinie bonté,
notre Père céleste les bénira, dans la mesure où
c'est possible, conformément aux lois de la justice et de la
miséricorde.
Cette
doctrine, le Seigneur la révéla à Joseph Smith.
Elle ne se retrouve que chez les saints des derniers jours car même
aujourd'hui persiste l'idée fausse que si un homme n'est pas
sauvé dans le royaume de Dieu, il est damné dans les
tourments éternels de l'enfer, sans espoir de soulagement pour
ses souffrances.
Certains
pensent que la résurrection est constamment en cours
maintenant, mais ce n'est que de la spéculation sans aucune
garantie de la part des Écritures. Il est vrai que le Seigneur
a le pouvoir de ressusciter d'entre les morts tous ceux qu'il désire,
surtout s'ils ont à accomplir une mission qui exigerait leur
résurrection. Par exemple, nous avons les cas de Pierre,
Jacques et Moroni.
Il
semble bien que la première résurrection encore future,
qui signifie la résurrection des justes, aura lieu à un
moment bien déterminé, qui est celui où le
Seigneur apparaîtra dans les nuées du ciel, quand il
reviendra régner. C'est de la spéculation pure que de
nous demander si le prophète Joseph Smith, Hyrum Smith,
Brigham Young et d'autres ont été
ressuscités
ou non si l'on n'a aucune révélation du Seigneur.
Lorsque le Seigneur voudra l'un de ces hommes, il aura le pouvoir de
l'appeler, mais la première résurrection, qui est celle
qui nous intéresse dans l'avenir, commencera lorsque le Christ
viendra.
Le
Christ fut les prémices de la résurrection. Il détient
les clefs de la résurrection. La première résurrection
eut lieu immédiatement après sa résurrection. Un
malentendu s'est produit dans l'esprit de certains à cause de
ce qu'Alma dit à son fils Corianton (voir Alma 40:15-21). Ils
croient qu'Alma a dit que tous les morts, bons et mauvais, qui
vécurent avant la venue de notre Seigneur, obtiendraient la
résurrection avant tous ceux qui mourraient après sa
venue. Mais si on lit attentivement le texte d'Alma, on verra qu'il
ne voulait rien dire de la sorte. Abinadi a expliqué très
clairement la question (voir Mosiah 15:22-26).
Alma
ne veut pas dire, bien que le verset 19 du chapitre 40 l'implique,
que les méchants qui ont vécu avant le Christ
ressusciteront avant les justes qui ont vécu après la
venue du Christ ; on peut déduire cela de ce qu'il dit au
verset 19, mais au verset 20 il le modifie et dit que ce seront les
âmes et les corps des justes qui viennent au moment de la
résurrection.
Nous
voyons Abinadi enseigner que les méchants n'ont aucune part
dans la première résurrection, et la première
résurrection, pour Abinadi qui vécut avant le temps du
Christ, c'était le moment de la résurrection de notre
Sauveur (voir Matthieu 27:52-53 ; 3 Néphi 23:9-10) ; nous en
concluons que les méchants, quelle que soit l'époque où
ils aient vécu, devront attendre la résurrection finale
(voir Actes 2:29).
Les
êtres enlevés au ciel sont toujours mortels et devront
passer par l'expérience de la mort ou la séparation de
l'esprit et du corps, bien que ceci doive être instantané.
Les habitants de la ville d'Énoch, Élie et les autres
qui reçurent cette grande bénédiction de la
translation dans les temps anciens, avant la venue de notre Seigneur,
n'auraient pas pu obtenir la résurrection ou passer de la
mortalité à l'immortalité à ce moment-là,
parce que notre Seigneur n'avait pas payé la dette qui nous
libère de la mortalité et nous accorde la résurrection
et la vie immortelle.
Le
Christ est la « résurrection et la vie » (Jean
11:25) et les prémices des morts (voir 1 Corinthiens 15:23).
C'est pourquoi personne ne pouvait passer de la mortalité à
l'immortalité tant que notre Sauveur n'avait pas terminé
son oeuvre de rédemption de
l'homme
et n'avait pas acquis les clefs de la résurrection, étant
le premier à ressusciter, ayant « la vie en lui-même
» et le pouvoir de donner sa vie et de la reprendre, libérant
ainsi tous les hommes de la servitude que la chute leur avait imposée
(voir 3 Néphi 28:3-40 ; D&A 133:54-55).
(Joseph
Fielding Smith, Doctrine du salut, volume 2, chapitre 15)