Pourquoi ces temples ?

 

 

 

Gordon B. Hinckley (1910-2008)

 

Assistant des Douze de 1958 à 1961

Membre du collège des Douze de 1961 à 1981

Conseiller dans la Première Présidence de 1981 à 1995

Président de l’Église de 1995 à 2008

 

 

 

 

      Qui n'a pas médité, dans un moment de calme et d'introspection, sur les mystères de la vie ?

 

      Qui ne s'est demandé alors : « d'où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je ici ? Où est-ce que je vais ? Quel rapport y a-t-il entre mon Créateur et moi ? La mort me privera-t-elle des liens avec les personnes que j'ai chéries ici-bas ? Et ma famille ? Y a-t-il une autre vie après celle-ci ? Si c'est le cas, nous connaîtrons-nous là-bas ? »

 

      La sagesse humaine ne répond pas à ces questions. Seule la révélation divine le fait.

 

      Les temples de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont des édifices sacrés où l'on répond à ces questions éternelles et à d'autres. Chacun de ces temples est consacré pour être la maison du Seigneur, lieu de sainteté et de paix, à l'abri du monde. On y enseigne des vérités et l'on y accomplit des ordonnances [sacrements, ndlr] qui apportent la connaissance de choses éternelles et incitent celui qui les accomplit à vivre conformément à sa compréhension de son héritage divin d'enfant de Dieu, et à la conscience qu'il a de son potentiel d'être éternel.

 

      Ces bâtiments, différents des milliers de lieux de culte habituels de l'Église que l'on trouve partout dans le monde, ont une raison d’être et une fonction autres que ceux de tous les autres édifices religieux, non par leur taille, ni la beauté de leur architecture, mais par l’œuvre qui s’y accomplit.

 

      Ce n’est pas la première fois que l’on réserve certains bâtiments, à la différence de lieux de cultes ordinaires, à des ordonnances particulières. Cela se faisait déjà dans l’Ancien Israël, où le culte ordinaire s’accomplissait dans les synagogues. Le lieu le plus sacré fut d'abord le tabernacle dans le désert et son lieu très saint. Ce fut par la suite une succession de temples où s’accomplissaient des ordonnances particulières auxquelles seuls ceux qui répondaient aux conditions requises pouvaient participer. Il en est ainsi à notre époque. Avant la consécration d’un temple, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours invite le public à pénétrer dans le bâtiment et à en visiter les diverses installations. Mais quand il est consacré, il devient la maison du Seigneur, revêtu d’un caractère si sacré que seuls les membres qui en sont dignes ont la permission d'y entrer. Ce n'est pas une question de secret, mais de sainteté des lieux.

 

      L'œuvre qui se déroule dans ces édifices expose les desseins éternels de Dieu pour l'homme, enfant de Dieu, et donnent une représentation de la création. Cette oeuvre se rapporte principalement à la famille, chacun d'entre nous étant membre de la famille éternelle de Dieu, chacun d'entre nous étant membre d'une famille terrestre. Cette œuvre traite du caractère sacré et éternel de l'alliance du mariage et des relations familiales.

 

      Elle affirme que tout homme et toute femme qui vient au monde est un enfant de Dieu, doté d’une part de sa nature divine. La répétition de ces enseignements fondamentaux a un effet salutaire sur ceux qui les reçoivent. En effet, comme la doctrine est énoncée dans une langue belle et impressionnante, le participant comprend que chaque homme et chaque femme étant l'enfant de notre Père céleste, chacun est membre d'une famille divine, et est donc son frère ou sa sœur.

 

      Quand le scribe lui a demandé :

 

      « Quel est le premier de tous les commandements ? » le Seigneur a répondu : « Tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force : voici le premier commandement ».

 

      «Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Marc 12:28,30-31).

 

      Les enseignements dispensés dans les temples modernes mettent fortement l'accent sur le devoir de l'homme envers son Créateur et envers son prochain. Les ordonnances sacrées appuient cette philosophie ennoblissante de la famille de Dieu. Elles enseignent que l'esprit qui est en nous est éternel, alors que le corps, lui, est mortel. Non seulement elles nous font comprendre ces grandes vérités, mais elles nous poussent à aimer Dieu et à entretenir des relations plus chaleureuses avec les autres enfants de notre Père.

 

      Si l’on considère comme un fait que l'homme est un enfant de Dieu, la vie a un dessein divin. Là encore, la vérité révélée est enseignée dans la maison du Seigneur. La vie terrestre fait partie d’un voyage éternel. Nous étions enfants d'esprit avant de venir ici-bas. Les Écritures en témoignent. C'est le cas, par exemple, des paroles adressées par le Seigneur à Jérémie : « Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t’avais établi prophète des nations » (Jérémie 1:5).

 

      Nous entrons dans cette vie, enfants de parents mortels et membres d'une famille. Les parents sont associés à Dieu pour réaliser ses desseins éternels pour ses enfants. La famille est une institution divine, la plus importante dans la condition mortelle et dans l'éternité.

 

      Une grande partie de l'œuvre qui s'accomplit dans les temples concerne la famille. Pour bien en comprendre le sens, il est essentiel de reconnaître que, de même que nous avons vécu comme enfants de Dieu avant notre naissance ici-bas, de même nous continuerons à vivre après la mort, et que les relations précieuses et heureuses de la condition mortelle, dont les plus belles et les plus importantes sont les relations familiales, peuvent continuer dans le monde à venir.

 

      Les conjoints qui viennent à la maison du Seigneur et reçoivent ses bénédictions sont unis non seulement pour la durée de leur vie ici-bas, mais également pour toute l'éternité, sous l'autorité non seulement de la loi du pays qui les unit jusqu'à ce que la mort les sépare, mais aussi de la prêtrise éternelle de Dieu, qui lie dans le ciel ce qui est lié ici-bas. Les conjoints qui sont unis de cette manière sont assurés par la révélation divine que les liens qui les unissent et ceux qui les unissent à leurs enfants ne seront pas dissous à la mort mais demeureront dans l'éternité, à condition qu’ils vivent de façon à être dignes de cette bénédiction.

 

      Se peut-il qu'un homme qui aime vraiment sa femme, ou qu'une femme qui aime vraiment son mari ne prie pas pour que leur union dure au-delà de la tombe ? Des parents peuvent-ils assister à l'enterrement d'un enfant sans aspirer à avoir l'assurance que cet être cher leur sera rendu dans un monde à venir ? Quiconque croit à la vie éternelle peut-il douter que le Dieu des cieux accorde à ses fils et filles l'un des attributs le plus précieux de la vie : l'amour, qui ne s'exprime nulle part mieux que dans les relations familiales ? La raison exige que les relations familiales continuent après la mort. Le cœur humain y aspire. Et le Dieu des cieux a révélé le moyen de l'obtenir : les ordonnances sacrées de la maison du Seigneur.

 

      Mais ceci paraîtrait vraiment injuste si les bénédictions de ces ordonnances n'étaient accessibles qu'à ceux qui sont maintenant membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le fait est que tous ceux qui acceptent l'Évangile et le baptême dans l’Église ont l'occasion de se rendre au temple et d'en recevoir les bénédictions. C'est pourquoi, l'Église accomplit une œuvre missionnaire d’envergure dans la majeure partie du monde. Elle continuera à développer cette œuvre le plus possible, car elle a la responsabilité, selon la révélation divine, d'enseigner l'Évangile à « toutes les nations, tribus, langues et peuples ».

 

      Mais des millions et des millions de gens ont vécu ici-bas sans jamais avoir eu l'occasion d'entendre l'Évangile. Les bénédictions qui sont offertes dans les temples de l'Église leur seront-elles refusées ?

 

      Par l'intermédiaire de personnes qui agissent par procuration pour les morts, les mêmes ordonnances sont offertes à ceux qui ont quitté la condition mortelle. Dans le monde des esprits, ils sont libres d'accepter ou de rejeter ces ordonnances terrestres accomplies pour eux, parmi lesquelles le baptême, le mariage et le scellement des relations familiales. Il n'y a aucune contrainte dans l'œuvre de Dieu, mais l'occasion doit être donnée à chacun.

 

      Cette œuvre par procuration constitue une oeuvre d'amour sans précédent accomplie par des vivants pour les morts. Elle nécessite d’importantes recherches généalogiques pour trouver et identifier les défunts. Pour soutenir cette recherche, l’Église coordonne un programme généalogique et dispose de locaux et de matériel sans pareil dans le monde entier. Ses archives sont ouvertes au public et ont été utilisées par beaucoup de non membres de l'Église pour rechercher leurs ancêtres. Ce programme a été l'objet des félicitations des généalogistes du monde entier et a été utilisé par divers pays pour sauvegarder leurs propres archives. Mais son but premier est de fournir aux membres de l'Église les documents nécessaires pour identifier leurs ancêtres afin qu'ils puissent leur apporter les bénédictions qu'ils ont reçues eux-mêmes. Ils se disent : « Si j'aime tant ma femme et mes enfants que je veuille les avoir avec moi pour l'éternité, mon grand-père et mon arrière-grand-père ne devraient-ils pas bénéficier de la même possibilité de recevoir ces bénédictions éternelles ? »

 

      Dans ces bâtiments sacrés se déroule, dans le calme et le recueillement, une activité très intense. Ils rappellent la question et la réponse d'un passage de l'Apocalypse de Jean : « Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ? »

 

      « Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l'agneau.


      « C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple. » (Apocalypse 7:13-15)

 

      Ceux qui viennent dans ces maisons sacrées sont vêtus de blanc quand ils y travaillent. Ils ne viennent que sur la recommandation de leurs autorités ecclésiastiques locales, qui attestent de leur dignité. Il est attendu d'eux que leurs pensées, leur corps et leurs vêtements soient purs, pour pénétrer dans le temple de Dieu. Quand ils y entrent, ils sont censés laisser le monde derrière eux et se concentrer sur les choses divines. Cette pratique, si on peut l'appeler ainsi, comporte en soi une récompense. Qui, en effet, en ces temps troublés, n’accepterait pas bien volontiers de laisser ce monde derrière lui et d'entrer dans la maison du Seigneur, pour y méditer paisiblement sur les choses éternelles de Dieu ? Ces lieux sacrés donnent l’occasion, disponible nulle part ailleurs, d’apprendre et de méditer sur les aspects vraiment importants de la vie, nos relations avec Dieu, et notre parcours éternel de la préexistence jusque dans cette vie, et vers un état futur où nous serons tous réunis, y compris les membres de notre famille et nos ancêtres qui nous ont transmis notre héritage physique, intellectuel et spirituel.

 

      Il ne fait pas de doute que ces temples sont des bâtiments uniques. Ce sont des maisons où l'on enseigne. Ce sont des lieux d'alliances et de promesses. À leurs autels, nous nous agenouillons devant Dieu, notre Créateur, et nous recevons la promesse de ses bénédictions éternelles.

 

      En ces lieux sacrés, nous communions avec lui et nous méditons à propos de son Fils, notre Sauveur et Rédempteur, le Seigneur Jésus-Christ, qui s'est sacrifié par procuration pour chacun de nous. Dans ces lieux nous oublions notre égoïsme et œuvrons pour ceux qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Dans ces lieux nous sommes unis dans la plus sacrée des relations humaines, comme conjoints, comme enfants et parents, comme familles, sous un sceau que le temps ne peut détruire et que la mort ne peut briser.

 

      Ces bâtiments sacrés ont été construits même dans les années sombres où les saints étaient persécutés et chassés sans relâche. Ils ont été construits et entretenus aux heures de pauvreté comme aux heures de prospérité. Ils sont le produit de la foi profonde d'un nombre sans cesse croissant de témoins du Dieu vivant, du Seigneur ressuscité, des prophètes et de la révélation divine, ainsi que de la paix et de l'assurance de bénédictions éternelles qu'on ne trouve que dans la maison du Seigneur. 

 


Sources :

 

Pourquoi ces temples ? Leur raison d’être dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, 1987, p. 7-11

Temples de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, 2000, p. 14-19